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Depuis le début du mois de juin, des milliers de mineurs espagnols des Asturies sont en lutte contre la perspective de la fermeture des mines de charbon de leur région, les dernières du pays. Grèves, journées d'action, marches sur Madrid, manifestations locales, et surtout blocage des routes, autoroutes, et chemin de fer qui relient Madrid au port de Gijón en passant par la ville de León. La presse internationale bourgeoise a évidemment gardé le silence sur cette lutte tout comme la presse nationale espagnole a tout fait pour minimiser la réalité et l'importance de la violence des affrontements avec la police et ainsi la signification de ce combat ouvrier. Pour plus d'informations, nous renvoyons nos lecteurs à l'article des camarades de la Tendance Communiste Internationaliste sur leur site web (en anglais : The Struggle of the Asturian Miners et en italien : La lotta dei minatori delle Asturie)1.
Cette lutte des mineurs est l'expression d'un nouveau moment dans la lutte des classes actuelle surgie de la crise. Le fait même qu'elle se développe en Espagne, coeur des mouvements « démocratiques et citoyens » des « indignados » dont nous n'avons eu de cesse de dénoncer le piège et l'utilisation par les forces bourgeoises, vient marquer la différence entre un mouvement qui refuse de se définir sur un terrain de classe et donc rejette la lutte politique entre les classes et contre l'État bourgeois et une véritable lutte ouvrière qui s'affirme et se développe qu'en opposition aux forces politiques, syndicales et étatiques du capital. La lutte des mineurs des Asturies vient marquer la fin des « indignés » et autres « Occupy Wall Street » que la bourgeoisie ne pourra plus utiliser aussi massivement qu'elle a pu le faire ces deux dernières années. La lutte des mineurs des Asturies vient manifester que seule la lutte ouvrière peut apporter une véritable perspective, une véritable voie, au combat contre le capitalisme.
Les mineurs des Asturies reprennent la voie que nous a montré le prolétariat en Grèce. La résistance et le combat contre les mesures économiques dramatiques que la bourgeoisie assène dans tous les pays ne peuvent se limiter à des occupations pacifiques de places de ville et de discours creux sur une « plus grande ou meilleure démocratie », ou voire une « nouvelle société »... "plus démocratique". C'est à partir des lieux de production, en particulier en paralysant cette dernière par la grève ou par l'occupation, que la classe ouvrière doit combattre contre les attaques qui tombent les unes après les autres. C'est à partir de ces lieux qu'elle doit se lancer dans la rue et chercher à étendre et unifier son combat.
Inévitablement, la bourgeoisie et son État sont de plus en plus contraints, du fait de la crise, de s'opposer radicalement au développement de ces ripostes ouvrières. De moins en moins, pourront-ils laisser la classe ouvrière développer sans opposition sa lutte. Pour cela, les forces politiques de gauche, gauchistes et syndicales sont en première ligne pour essayer de prendre le contrôle de ces luttes et les amener sur un terrain inoffensif pour l'État. Il y a là immédiatement un combat politique pour la direction immédiate du combat que les ouvriers les plus combatifs et les plus conscients tout comme les communistes ont pour particulière responsabilité d'assumer avec détermination . Mais aujourd'hui, l'ampleur des attaques contre la classe ouvrière et la colère et la rage qu'elles provoquent poussent les ouvriers à s'opposer directement à l'État en essayant de bloquer son fonctionnement. C'est la signification des manifestations à Athènes qui visaient à empêcher les députés à entrer au Parlement voter les plans d'austérité et de misère. C'est encore là la signification des blocages des routes et autoroutes, l'occupation des puits de mines et des petites villes de mineurs de la région. Dans les deux cas, Athènes et les Asturies, les ouvriers n'ont pas hésité à se défendre contre la répression policière qui cherchait à maintenir le fonctionnement de l'appareil d'État. Les mineurs n'ont pas hésité à s'organiser et à s'armer pour assumer cette violence de classe contre la répression étatique.
Pour toutes ces raisons, à leur tour, les mineurs des Asturies nous montrent le chemin à suivre. Ils nous montrent à quel niveau il faut aujourd'hui élever le niveau de la riposte ouvrière.
Seule la classe ouvrière est capable de mener la lutte jusqu'à bloquer une région. Seule la classe ouvrière est capable de s'opposer à l'État en en entravant le fonctionnement dans un premier temps - pour un jour le détruire. Seule la classe ouvrière est capable de déjouer les manœuvres politiques que les forces bourgeoises n'ont de cesse de mettre en place. Seule la classe ouvrière est capable de s'organiser et même de « s'armer » pour opposer sa propre violence à la violence bourgeoise. Seule la classe ouvrière est capable de se doter d'une conscience politique de classe et de l'organisation politique d'avant-garde qui va avec, armes et outils indispensables à l'orientation et à la direction de ses combats de classe.
Les mineurs des Asturies sont aujourd'hui isolés. Et pourtant, ils nous montrent la voie à suivre. Pour eux, chercher la solidarité active des autres secteurs de la classe ouvrière dans le pays et ailleurs dans le monde est une nécessité impérieuse. Ne pas les laisser isolés est un devoir pour les autres secteurs. Les rejoindre dans la lutte et suivre la voie qu'ils ont ouvert est la condition pour développer et renforcer globalement le combat ouvrier, mais aussi pour briser leur isolement.
C'est vrai dans les Asturies et en Espagne. C'est vrai dans toute l'Europe et partout ailleurs.
Solidarité avec les mineurs asturiens !
Suivons la voie qu'ils entament à leur tour à l'exemple du prolétariat en Grèce !
Contre les attaques et la misère généralisée,contre le capital, la bourgeoisie et son État, opposons le front uni des combats ouvriers !
28 juin 2012,
La Fraction de la Gauche Communiste Internationale.
1Il est particulièrement « surprenant » de constater que le CCI n'a toujours pas mentionné cette lutte, pas même sa section en Espagne à l'heure où nous écrivons. A l'exception de son noyau de nouveaux militants en... Turquie. Ne maîtrisant pas le turc, il nous est impossible de connaître le contenu politique de cette prise de position. Nous serions curieux de la connaître dans la mesure où, à l'image de la propagande bourgeoise de ces dernières années, le CCI a porté au pinacle les mouvements des « indignados » les présentant comme l'exemple à suivre en opposition aux luttes véritablement ouvrières, de classe, en lien avec les lieux de production, telle la résistance prolétarienne en Grèce. A la lumière de cet enthousiasme opportuniste, le silence actuel du CCI sur les mineurs éclaire la réalité de son mépris pour les luttes véritablement ouvrières et sa peur de la lutte des classes réelle. [note rédigée lors de la rédaction de cette prise de position en juin 2012]
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