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LES CIK ET LA LUTTE ÉTUDIANTE AU QUÉBEC

Nous avons toujours considéré notre bulletin, aussi bien celui de notre fraction actuelle que celui de l'ex-Fraction interne du CCI, comme “ouvert” au débat et aux contributions d'autres groupes ou individus. Ce numéro laisse une place importante au groupe du Canada, les CIK. Présenté par un court texte d'analyse de la situation au Québec écrit par ces camarades, nous reproduisons ci-après le tract qu'ils ont distribué lors de la mobilisation étudiante au Québec contre l'incroyable et dramatique augmentation des frais universitaires – barrant ainsi l'accès aux études pour les enfants de la plupart des familles ouvrières. Par ailleurs, nous publions dans une autre “rubrique de ce bulletin”, leur nouvelle prise de position sur l'état de la Gauche communiste qui revient et critique leur prise de position initiale (cf. Bulletin n°4 de février 2011) suite à des discussions en leur sein et avec notre fraction.

Le Québec vit actuellement la plus grosse et la plus longue grève étudiante de son histoire. Des milliers d’étudiants sont encore en grève malgré tous les efforts du gouvernement pour mater ce mouvement. Les vacances d'Été marquent certainement un petit ralentissement des mobilisations et des activités, mais la rentrée scolaire prochaine, au début du mois d'août, reposera encore plus fermement la question d'un règlement du conflit social. Du côté gouvernemental, la solution à ce conflit passe par deux aspects : répression policière et judiciaire (par exemple la loi 78 et les injonctions données par la Cour qui rendent toute manifestation ou ligne de piquetage illégale, plus les "quelques" 3000 arrestations depuis février) ou dévoiement de la lutte pour la faire mourir à petit feu (élections, négociations bidons). Du côté étudiant, là encore, il existe deux solutions à la crise sociale : négociations syndicales qui donnent des ententes au rabais (comme celle du 11 mai 2012 où le gouvernement Charest fit appel aux trois chefs des centrales syndicales pour embobiner les représentants étudiants ; d’ailleurs les étudiants rejetèrent massivement cette entente à rabais) ou bien élargissement de la lutte à d’autres secteurs de la société, particulièrement aux travailleurs et travailleuses, autant du privé que du public, dans le but de transformer de fond en comble la société actuelle.

La lutte étudiante au Québec s’inscrit parfaitement dans les différentes luttes, de par le monde, contre les plans d’austérité que les différentes classes dirigeantes nationales imposent à leur population en général et aux travailleurs et travailleuses en particulier. La solution à la crise du capitalisme, pour la bourgeoisie, reste l'augmentation de l'exploitation et la baisse des conditions de vie pour nous prolétaires. Il est évident qu'une hausse des frais de scolarité de 82% pour les étudiants du Québec représente une attaque féroce contre leur niveau de vie, particulièrement contre ceux et celles qui viennent des classes laborieuses.

Le mouvement étudiant est actuellement prit entre deux chaises. D'un côté, le mouvement est encore très corporatiste, "réformiste" et même nationaliste. Les syndicats étudiants appuient et défendent évidemment ce genre de positions. Il n'est pas rare de voir de grands cortèges de drapeaux québécois dans les manifestations et d'entendre parler d'une lutte "pour un Québec meilleur". Évidemment, le Parti Québécois et Québec Solidaire récupèrent une large partie de ces étudiants nationalistes et espèrent ainsi se faire élire aux prochaines élections. On verra même le président sortant de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, vouloir se porter candidat, pour le PQ, aux prochaines élections ! De l'autre côté, beaucoup d'étudiants sont très radicaux, tout en gardant, malheureusement, bien des illusions politiques pour l’instant1. Beaucoup d’étudiants portent consciemment leur lutte au niveau international. Beaucoup ont très peu confiance en leurs syndicats (même la CLASSE). Certains ont même essayé, sans succès malheureusement, d'aller manifester leur solidarité avec les travailleurs et travailleuses de l'usine AVEOS qui venaient d'apprendre qu'ils perdraient leur emploi prochainement à la suite d'un plan de restructuration de l'entreprise. De plus, à la suite des "manifestations de casseroles" qui avaient lieux tous les soirs, des assemblées ont été mises en place dans plusieurs quartiers de Montréal et dans quelques autres villes. Ces assemblées ont comme principes de base la solidarité avec le mouvement étudiant dans sa lutte contre la hausse des frais de scolarité, la lutte contre la loi 78 et contre la répression policière. C'est par le développement de ces dernières initiatives - internationalisme et lien avec le prolétariat -, qu'une solution pourra commencer à se dessiner, une solution révolutionnaire cette fois-ci.

Ci-après le tract distribué lors de plusieurs manifestations étudiantes. Une première édition de ce tract a été diffusée le 10 novembre 2011

Pour en finir avec le réformisme étudiant! Vers une solution révolutionnaire!

La crise économique fait ses ravages aux quatre coins de la planète. La bourgeoisie mondiale tente évidemment d’instaurer des plans d’austérité afin de tenter de rétablir ses taux de profits et ainsi réactiver l’accumulation du capital. Ces plans crasseux sont voués à l’échec tellement le capitalisme est aujourd’hui en complète décrépitude. Mais la bourgeoisie reste toujours maîtresse absolue de la société, tant au niveau social que politique, et se débat violemment pour maintenir sa domination. Les plans d’austérité, souvent dernier souffle de la bourgeoisie, créent un processus intense de paupérisation chez de nombreuses couches sociales. Le prolétariat voit ses conditions de travail et de vie se dégrader et ses salaires stagner, sinon diminuer. La petite-bourgeoisie est flouée et les couches moyennes se voient nettement se prolétariser. C’est cet effet de paupérisation au niveau international qui est à la base des divers mouvements des indignés de la Tunisie à l’Espagne en passant par Montréal. Cependant, dans les divers mouvements des indignées, ce sont les couches moyennes et la petite-bourgeoisie qui mènent le bal politiquement, ce qui explique leurs revendications illusoires : la gauche caviar (genre Québec Solidaire) nous ressasse invariablement son « capitalisme à visage humain », comme si le problème n’était que la « finance amorale » et non pas le capitalisme comme tel.

Les étudiants sont aussi du lot des victimes des plans d’austérité capitaliste. En effet, avec la hausse des frais de scolarité, leurs conditions de vie vont se dégrader. Ils auront encore plus besoin de se trouver des jobs à temps partiel pour un salaire ridicule. Bref, les étudiants venant des milieux modestes seront, et c’est déjà largement le cas, de plus en plus des prolétaires à temps partiel!

La lutte pour la gratuité scolaire est légitime aux premiers abords. Les étudiants doivent cependant dépasser cette revendication qui vise en réalité la mobilité sociale et diriger leur lutte contre la société de classe, le capitalisme. Les syndicats, que ce soit l’ASSÉ ou la FECQ/FEUQ, veulent les entraîner dans une lutte illusoire, soit pour la gratuité scolaire, soit pour un autre gel des frais de scolarité. Cette lutte est vaine, une voie de garage, puisqu’elle n’est pas une lutte dirigée contre le capital, mais une lutte pour une autre forme de capitalisme, un « capitalisme à visage humain » et une « éducation humaniste » réactionnaire. Que l’éducation soit gratuite et publique ou privée et chère, le capitalisme, lui, est toujours debout. On essaie de faire croire que la hausse entraînera une commercialisation de l‘université la rendant dépendant du capital. Mais, l’université est déjà bourgeoise et a déjà comme fonction la reproduction des classes sociales. En effet, l’université n’est en rien indépendante du capital, elle fut historiquement constituée et financée par l’État bourgeois pour le maintien de sa domination tant au niveau technique qu’intellectuel.

Plusieurs étudiants constatent que ce ne sont pas les libéraux avec leur hausse des frais de scolarité qui sont seulement à condamner mais le système capitaliste entier. Plusieurs manifestants constatent aussi que la police est là pour défendre l’état et la propriété privée des capitalistes. Un étudiant qui manifestait pour la première fois a eu un œil crevé par les forces policières à Montréal,une dame agée s’est faite matraquer parce qu’elle défendait, lors d’un encerclement policier à l’université du Québec en Outaouais, une étudiante qui avait osé uriner dans un coin. Pendant ce temps la ministre de l’éducation dénonce la « violence » de manifestants qui brisent les vitres de grosses banques. La réponse de l’État depuis les 2 mois de grève a été le poivre de cayenne, les gaz lacrymogènes et les coups de matraque pour finir par offrir  la même augmentation  des frais de scolarité sur 7 ans au lieu de 5 ans. C’est une génération perdue pour le capitalisme car il n’a rien à leur offrir. Mais les étudiants résistent en attaquant un poste de police au centre ville de Montréal et comme dans plusieurs villes, ce sont  les pires symboles du capitalisme qui sont la cible des manifestants comme les banques, les chambres de commerce et les bureaux des ministres et députés.

Cependant, il faut que le mouvement étudiant rompe avec les attitudes corporatistes et carriéristes du mouvement étudiant officiel. La prolétarisation les oblige à faire de l’agitation autant à l’université, au cégep que sur leurs lieux de travail. Les étudiants restent encore cantonnés sur leur propre lutte, ils n’ont pas fait le lien avec la classe ouvrière. À part une manifestation avec les travailleurs d’Aveos, rien de concret n’a été fait. Ce ne sont pas les lieux de travail qui manquent. Plusieurs prolétaires ont perdu ou perdront leur emploi ou sont en lock out chez MABE Canada, Merch, Rio Tinto, Electrolux, Rocktenn, Papiers White Birch et bien d’autres. Le mouvement étudiant doit faire le lien et manifester son soutien à la lutte des travailleurs, c’est seulement la classe ouvrière qui peut mettre fin à la crise. Il faut aussi que celui-ci sorte du cadre nationaliste dans lequel les syndicats et les partis politiques bourgeois veulent maintenir tous ceux qui sont en lutte contre le système capitaliste en crise.

Les étudiants doivent faire leurs les revendications historiques du prolétariat qui commencent à peine à surgir : la destruction du capitalisme pour sauver l'humanité et édifier une nouvelle société sans classe, sans État et sans frontière, donc sans exploitation et sans guerre.

Nous invitons les étudiants à nous contacter pour renforcer les forces révolutionnaires internationalistes.

Les Communistes Internationalistes – Klasbatalo


Courriel : cim_icm@yahoo.com

1 Voir notre correspondance avec le groupe Force Étudiante Critique : http://klasbatalo.blogspot.ca/2011/11/appel-aux-revolutionnaires-ou-appel-la.html


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