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Le "communiqué" que nous joignons ici nous a été envoyé par les Communistes internationalistes de Montréal. Les camarades l'ont aussi mis en ligne sur le site web d'indymedia au Québec CMAQ dès le 21 juillet et sur leur blog (http://klasbatalo.blogspot.com/) .
Suite à une attaque à l'explosif contre une caserne de l'armée canadienne et revendiquée par un mystérieux groupe qui se nomme Résistance internationaliste, nos camarades ont reçu la "visite", comme ils disent, des services de sécurité et de renseignement de la police canadienne visant, sous prétexte d'obtenir des renseignements, à les intimider et à les compromettre. Cet événement requiert de la part de tous les communistes authentiques, en particulier des groupes de la Gauche communiste, une claire réaction de solidarité et de soutien avec les CIM.
Il requiert aussi une dénonciation claire de ce type d'action terroriste qui n'a rien à voir avec le prolétariat. Si au 19e siècle, un prolétariat encore immature et en formation a pu, de façon minoritaire, utiliser et surtout se fourvoyer quelques fois dans ce type d'action suicidaire, l'histoire a très vite montré que de telles méthodes appartenaient essentiellement à des couches sociales sans perspective et exprimaient l'action d'individus désespérés. De plus, dès les premières années du 20e siècle qui marquaient l'entrée du capitalisme dans sa phase de déclin historique, avec la première Guerre mondiale et la vague révolutionnaire de 1917-1923, les actions minoritaires, en particulier celles de type terroriste, ont été définitivement rejetées dans les poubelles de l'histoire par l'exemple de la révolution russe et de l'action en masse de la classe révolutionnaire. Le terrorisme est alors devenu une arme de la bourgeoisie qu'elle a de plus en plus utilisé pour défendre ses intérêts, soit en provoquant son action par le biais de couches sociales petites-bourgeoises en révolte, soit en l'organisant directement elle-même - les États devenant de plus en plus les seuls et uniques donneurs d'ordre de ces actions. Aujourd'hui, outre les actions provocatrices à usage national "interne" pour le maintien de l'ordre bourgeois et servant en particulier de justification à la répression contre les ouvriers en lutte, le terrorisme est devenu un des moyens privilégiés utilisés dans les conflits impérialistes et même pour préparer la guerre impérialiste mondiale.
L'internationalisme prolétarien, le seul qui vaille, le seul possible, le marxisme, les intérêts et les méthodes de lutte du prolétariat n'ont rien à voir avec le terrorisme et lui sont mêmes opposés. Voilà pourquoi il convient de dénoncer ce type de "lutte", de s'opposer ensemble à l'utilisation qu'en font les États bourgeois pour défendre leurs intérêts impérialistes et, contre le prolétariat, pour provoquer, intimider et chercher à museler son avant-garde politique.
25 juillet 2010.
La Fraction de la Gauche communiste internationale.
Dans la nuit du jeudi 1er juillet 2010, un engin explosif a soufflé un centre de recrutement de l’armée canadienne, situé à Trois-Rivières. L’attentat revendiqué par un groupe obscur du nom de Résistance Internationaliste fait suite à deux autres attentats de la sorte perpétrés sur une période de 6 ans; le premier ayant été commis en 2004 sur un Pylône d’Hydro-Québec; et le deuxième, en 2006, avait fait exploser la voiture d’un porte-parole de l’industrie pétrolière.
Il y a en effet peu de groupes au Canada qui se revendiquent de l’internationalisme prolétarien, et encore moins portant l’épithète « internationaliste » – produit du marxisme le plus orthodoxe – au sein de leur nom. Les communistes internationalistes que nous sommes font donc partie de ce dernier lot. Nul besoin n’est de rappeler que deux et deux font quatre.
C’est ainsi que le 9 juillet passé, les Communistes Internationalistes (Montréal), alias Klasbatalo, ont reçu la visite de deux agents du Service Canadien de Renseignement et de Sécurité, l’agence de contre-espionnage fédérale qui est le pendant canadien de la CIA américaine. Les deux hommes sont venus expressément chez un de nos membres pour soutirer des informations concernant l’attentat perpétré par Résistance Internationaliste.
Comment se comporter dans ce genre de situations
Après avoir épluché les fichiers de la police secrète tsariste (l’Okhrana) suite à la Révolution Russe de 1917, Victor Serge avait publié son petit fascicule Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression. L’ouvrage se voulait une appréhension générale des méthodes employées par la police pour filer, intercepter, ficher, interroger, intimider, tout militant révolutionnaire susceptible de représenter une menace à l’ordre établi « car la défense capitaliste emploie partout les mêmes moyens ; car toutes les polices, d’ailleurs solidaires, se ressemblent. » (V. Serge). Il mettait ainsi à la disposition des révolutionnaires un guide pour contrer les tactiques policières.
Notre militant a su agir avec la circonspection nécessaire dans ce genre de situation : ne leur ouvrir aucune porte, ne rien laisser glisser dans la conversation, et feindre l’ignorance la plus crasse. Les deux agents du SCRS voulaient à la fois des informations concernant le groupe terroristes Résistance Internationaliste, et cherchaient également l’aide de notre militant pour identifier les groupes utilisant la violence. Un grand ménage au sein du gauchisme canadien, quoi!
Notre militant ne les a donc pas invités à rentrer chez lui, les laissant poireauter sur le seuil de la porte (seuil psychologique à laisser fermer). Les laisser entrer c’est ouvrir la porte à la discussion et à possiblement se mettre un pied dans la bouche. Il faut savoir que les enquêteurs de ce genre d’agences policières sont mieux formés que la plupart des révolutionnaires pour diriger subtilement une conversation. C’est donc tout simplement après leur avoir demandé s’ils avaient un dossier à son nom qu’il leur a clairement indiqué qu’il n’avait rien à dire et leur a refermé la porte au nez.
Même s’il s’agit d’un groupe à dénoncer, avec lequel il n’a rien en commun, qui est carrément ennemi (par exemple un groupe d’extrême-droite), un militant révolutionnaire ne doit pas collaborer avec la police. Ce n’est pas qu’une question de principe, c’est aussi sa propre sécurité personnelle qui est en cause; car ce qu’il pourra dire peut être sujet à interprétation et se retourner rapidement contre lui. La règle d’or demeure toujours le silence.
D’ailleurs, tout aussi récemment, lors des protestations entourant le G20, plusieurs jeunes militants ont fait les frais de l’intimidation policière. Pour le militant aux mains de la police, il est important de savoir qu’une méthode employée par ceux-ci est la menace : de viol, de sévices corporels, de meurtre (sic)!, vous seront aussi probablement confisqué, certains de vos effets personnels qui iront meubler les étagères de la bibliothèque d’un ou deux policiers, et donc que vous ne reverrez pas! La règle d’or demeure la même dans ces circonstances : si on vous le permet, communiquez immédiatement avec votre avocat et ne dites rien. Le moins d’interactions possible – le moins de faciès possible – face à la police vous permettra probablement de mieux vous en sortir que le militant qui jacasse, pleure, et semble terrorisé.
Tout militant devrait être prêt à faire face à ce genre de situations et savoir comment se comporter dans tel cas; car la voie révolutionnaire n’est pas un jeu : c’est un engagement de longue haleine qui se doit d’être conscient.
Concernant Résistance Internationaliste et le terrorisme en général
En premier lieu, mettons les choses en perspective : l’internationalisme est une appellation propre au mouvement révolutionnaire ouvrier issu du marxisme. L’internationalisme est une des pierres angulaires de la théorie marxiste qui reposent essentiellement sur l’unité de classe et la solidarité sans frontière… Contre les divisions nationales et corporatistes dans lesquelles le prolétariat est empêtré. Aussi, face aux conceptions bourgeoises de l’État et de la Nation, il oppose son parti de classe international et son programme internationaliste dont l’objectif est la révolution. Contre les guerres nationales, il oppose donc le défaitisme révolutionnaire et la guerre de classes.
En second lieu, précisons d’emblée que le marxisme orthodoxe a toujours rejeté le terrorisme et les intrigues politiques qui n’ont absolument rien à voir avec le défaitisme révolutionnaire et la guerre de classes : que ce soit la propagande par le fait des syndicalistes révolutionnaires du 19ème siècle, le banditisme anarchiste, ou les manipulations bakouniniennes au sein de la Première Internationale; pour les marxistes, pour les internationalistes donc, la révolution n’est pas l’affaire d’une poignée d’individus aux méthodes cryptiques qui prendraient dès lors en mains la patente révolutionnaire au nom d’une classe – dans un aventurisme fait d’intrigues et de manœuvres politiques – mais bien l’affaire d’une classe majoritaire guidée par les mots d’ordre de son parti révolutionnaire. Les internationalistes, catégorie d’individus appartenant au prolétariat dont la conscience de classe est la plus avancée, rejettent ipso facto les méthodes d’action terroristes.
Ainsi, Résistance Internationaliste, qui n’a d’internationaliste que le nom, utilise des méthodes étrangères au prolétariat. Le terrorisme est, et restera toujours, une expression de la bourgeoisie1. Le terroriste prend en otage autant les fractions de la bourgeoisie qui l’oppose que le prolétariat dans son ensemble. Son arme est la terreur, peu importe les victimes laissées derrières, toutes classes confondues.
Résistance Internationaliste utilise d’ailleurs deux termes qui s’opposent mutuellement : résistance et internationaliste. La résistance n’est pas le fait du
prolétariat révolutionnaire. En effet, celui-ci n’a aucun intérêt dans la préservation du système en place. Il n’a rien à résister puisqu’il n’a jamais connu le moindre relent de communisme (ce système n’ayant historiquement jamais vu le jour); aussi, quel régime communiste aurait-il à défendre pour opposer sa soi-disant résistance contre l’ordre capitaliste? Nada.
Par ailleurs, résistance et terrorisme ont toujours fait bon ménage au sein des fractions petite-bourgeoises et déclassées, qui cherchent à préserver leur avoir, leur propriété, leur richesse, leur capital. Il est une arme des rivalités impérialistes. Les attentats de Résistance Internationaliste ne font en rien progresser la conscience de classe du prolétariat vers l’aboutissement révolutionnaire. Au contraire! Il sème la confusion programmatique au sein de notre classe; sème la peur; et menace nos vies par des actes douteux.
Résistance Internationaliste fait tout simplement le jeu de la police et de la répression étatique. Le terrorisme ou les actions minoritaires armées ne servent en bout de ligne que les intérêts de la bourgeoisie.
Camarades prolétaires, travaillez à former votre parti de classe internationaliste!
Des Communistes Internationalistes, Montréal. Le 21 juillet 2010
1. Sur le terrorisme d’État, lire l’excellent article d’août 2005 de la Fraction Interne du Courant Communiste Internationale Terrorisme, anti-terrorisme : instruments de la bourgeoisie dans sa marche à la guerre, en particulier la partie Le terrorisme une arme de guerre de la bourgeoisie.
Fraction de la Gauche communiste internationale - Bulletin Communiste international 2
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