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L'échange de correspondance, qui suit, a eu lieu en juin dernier, au moment où nous dénoncions dans notre premier bulletin l'ouverture du CCI envers l'anarchisme. Nous étions loin de penser que cette ouverture allait se transformer aussi rapidement en une brèche aussi béante dans laquelle l'opportunisme allait s'enfoncer avec autant de vigueur. Depuis, comme le lecteur peut le constater dans notre article plus haut, les probabilités de sauver le CCI, ou une partie de celui-ci, se réduisent comme peau de chagrin à chaque jour qui passe. Pour autant, notre orientation politique à son égard, "viser à son redressement", n'est pas encore finie et porte en elle beaucoup plus que la simple survie de cette organisation.
De même, depuis notre échange avec les CIM et leur interrogation, leur doute sur cette politique, une offensive pour l'abandon du camp prolétarien, pour en décréter sa faillite et sa fin, pour mettre en avant la nécessité de "passer à autre chose de neuf" s'est largement développée dans un microcosme hétéroclite formé, pour l'essentiel, de "déçus" du CCI. Face aux doutes des camarades de Montréal, nous sommes donc, une fois de plus revenu sur cette question que nous avons toujours défendue et que nous défendons surtout depuis notre exclusion du CCI en 2002.
Chers camarades
(...)
De notre côté nous commençons à rencontrer un contact qui veut intégrer les CIM et des travailleurs d'un hôpital nous ont contacté pour avoir plus d'informations sur les comités de travailleurs dont nous parlions dans l'article : "Abolition du quorum lors d’une 2ième assemblée syndicale", paru sur le site CMAQ et sur notre blog. D'ailleurs vous pourriez le reproduire sur votre site.
De votre côté, avez-vous essayé de reprendre contact avec les camarades de la FICCI ? Il serait important de le faire, d'autant plus que nous sommes d'accord avec leur positions qu'aujourd'hui il est faux de poursuivre le projet de redresser le CCI sans toutefois négliger de critiquer certaines de ses positions politiques et organisationnels, critiques qui peuvent être très nécessaires pour l'ensemble de la GC.
Fraternellement
S. pour les CIM
(3 juin 2010)
Paris, le 12 juin 2010.
La FGCI aux CIM,
Chers camarades,
(...)
Nous constatons, de nouveau, avec la nouvelle du contact qui veut s'intégrer, que les CIM commencent à s'affirmer petit à petit comme une référence et un pôle dans le milieu au Canada. Cela représente le résultat patient et sans immédiatisme de plusieurs années de travail et de défense des positions communistes qui, seules, peuvent donner confiance dans une minorité d'avant-garde dans une période comme la nôtre. Nous ne pouvons que vous encourager à continuer dans ce sens.
Nous aurions pu vous écrire cela dans un mail et, vous vous en doutez, si ce courrier prend la forme d'une lettre, c'est que nous entendons développer un point en particulier que vous avez soulevé dans votre courrier sur la poursuite du "redressement" du CCI.
Nous pensons que vous faîtes une lourde erreur politique dans votre rejet d'une politique de "redressement" – nous y mettons des guillemets à dessein - du CCI. Une erreur très grave même car, si on suit sa logique et sa dynamique jusqu'à leur terme, elle mène, pour le moins, à laisser de côté, donc à abandonner, toute une part essentielle de l'histoire du mouvement ouvrier. A savoir oublier l'histoire centrale, fondamentale, inévitable et permanente de la lutte contre l'opportunisme - en passant aussi laisser de côté l'histoire de ses fractions. De Marx et Engels, en passant par Kautsky, puis Rosa Luxemburg, Lénine pour ne citer que les principaux théoriciens du mouvement ouvrier, enfin jusqu'aux Gauches des années 1920-1930, en particulier la Gauche italienne, jusqu'à nos jours, l'histoire du mouvement ouvrier et la majeure partie de ses avancées théoriques et politiques ont été marquées, définies, se sont faites notamment dans la lutte contre l'opportunisme. Certes, votre mail précise bien qu'il convient de ne pas "négliger de critiquer certaines des positions politiques et organisationnels" du CCI, "critiques qui peuvent être très nécessaires pour l'ensemble de la Gauche Communiste".
Néanmoins, en estimant que vous êtes "d'accord avec [les] positions [de la FICCI] qu'aujourd'hui, il est faux de poursuivre le projet de redressement du CCI1", vous rejoignez l'immense majorité de la Gauche communiste d'aujourd'hui qui, globalement, tend à ignorer le problème de l'opportunisme politique - hormis, et à de rares exceptions, lorsque tel ou tel groupe est directement et brutalement affecté par ce problème.
L'histoire des Gauches dans le mouvement ouvrier, en particulier au sein de la 2e Internationale - Rosa Luxemburg bien sûr – évidemment, nous entendons derrière cette figure le courant autour d'elle - et encore plus Lénine - donc les bolchéviques - est en grande partie l'histoire du combat incessant au sein de la social-démocratie contre les courants opportunistes considérés comme partie intégrante de cette social-démocratie. Il n'y a aucune équivoque là-dessus. L'opportunisme n'est pas extérieur au camp prolétarien, il représente la pénétration de l'idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise en son sein, et il est une des manifestations (sur les plans idéologiques et politiques) du combat permanent que mènent bourgeoisie et prolétariat. Cela a toujours été clair pour les révolutionnaires. De plus, l'opportunisme touche le mouvement ouvrier comme un tout, et aucune organisation, aucune de ses parties n'en est prémunie. Il n'est donc pas du seul ressort des fractions ou minorités des organisations politiques "atteintes", il est de la responsabilité de tous les composants du mouvement révolutionnaire. Lénine, pour ne citer que celui-ci, a constamment mené ce combat aussi bien quand il était minoritaire que lorsqu'il était majoritaire.
Trotsky rappelle clairement comment se pose la question de la lutte contre l'opportunisme dans un texte de 1932 pour s'opposer à Staline qui affirmait que Lénine, contrairement à Rosa Luxemburg, avait toujours été pour la scission avec les courants opportunistes2 :
"Un an et demi après, le 7 décembre 1906, Lénine écrivait dans l'article "La crise du menchevisme" :
« ...Nous avons déclaré dès le début (voir "Un pas en avant, deux pas en arrière") que nous ne créons aucun courant "bolchevique" particulier ; nous ne faisons que défendre partout et toujours le point de vue de la social-démocratie révolutionnaire. Et, jusqu'à la révolution sociale, la social-démocratie présentera inévitablement une aile opportuniste et une aile révolutionnaire. »
Parlant du menchevisme comme d'une aile opportuniste de la social-démocratie, Lénine rapprochait les mencheviks, non du kautskysme, mais du révisionnisme. Quant au bolchevisme, il le considérait comme la forme russe du kautskysme qui, à l'époque, s'identifiait, à ses yeux, avec le marxisme. La dernière citation montre, en outre, que Lénine ne fut pas, catégoriquement, partisan de la scission avec les opportunistes : non seulement il admettait mais il considérait comme "inévitable" la présence des révisionnistes au sein de la social-démocratie jusqu'à la révolution sociale." (Trotsky, 1932, Bas les pattes devant Rosa Luxemburg, nous soulignons).
Aucune innovation, aucune revendication d'un courant "original", au-dessus ou au-delà du parti - en passant aucun individualisme dans cette conception, mais au contraire une vision collective, de parti -, ni non plus de vision "pure", sans opportunisme, du parti. Aucune exclusive, aucun rempart artificielle, par décret, organisationnel, encore moins élimination formelle de l'opportunisme, aucune peur de la confrontation politique, une simple reconnaissance de la réalité de la lutte des classes historique au plan théorique et politique comme nécessité pour l'armement des communistes et du parti. Il peut sembler paradoxal - aucune injure de notre part, juste un constat politique - de constater que les opposants d'aujourd'hui à ce combat, de fait, ils sont nombreux , bien souvent apôtres de la "liberté" individuelle et de pensée et de la "culture du débat", rejoignent sur le fond la vision de Staline, en fait de l'opportunisme lui-même. Car reconnaître pleinement, de manière conséquente, que l'opportunisme n'existe qu'au sein du mouvement ouvrier, qu'il est le véhicule des idéologies étrangères au prolétariat en son sein, qu'il n'est pas un mal extérieur au mouvement ouvrier, impose son combat comme une question centrale. Sous-estimer, négliger, nier, ce combat mène à rejoindre Staline, et d'autres, sur ce point en rejetant l'opportunisme comme extérieur, ou en l'ignorant ce qui politiquement revient au même, et à prôner la scission avec lui... sans pouvoir l'affronter politiquement ; pire même, la revendication pseudo-radicale de la scission n'est bien souvent que l'expression de la fuite et de la désertion devant ce combat.
Quelle a été, après Luxemburg, après Lénine, l'attitude et la politique que la Gauche italienne a adoptées jusqu'en 1935 vis-à-vis des PC d'alors ? Qui, pourtant, étaient encore bien plus gangrénés par l'opportunisme et l'idéologie bourgeoise que le CCI d'aujourd'hui. Est-il besoin de rappeler que la situation était alors bien pire tant pour l'évolution des PC que pour la situation à laquelle se confrontaient les Gauches ? Cela n'a pas empêché cette Gauche de continuer à mener un combat pour le "redressement" de ces PC. Dans un premier temps afin de tout faire pour les sauver, pour en sauver une partie du moins, c'est-à-dire l'organisation et le drapeau du communisme ; puis une fois ce combat définitivement perdu, objectivement, historiquement, à savoir les adoptions par ces partis des bannières nationales, le PCF dressant le drapeau tricolore dans les manifestations, continuer à mener ce combat pour arracher de ces organisations des militants et de les gagner, ou regagner au communisme. Cela avait pour implication que cette Gauche se revendiquait de l'Internationale et des PC au point de s'appeler Fraction de ces PC et de rejeter leurs exclusions. Que l'issue de ce combat ait été "de manière immédiate" négative, les PC ont été perdus et très peu, sinon aucun militant, n'a été "sauvé", n'enlève rien à sa validité et son "efficacité" historiques. C'est dans ce combat que la Gauche, la "fraction italienne" – dont les membres n'étaient pas qu'italiens bien sûr - pour l'essentiel, a pu sauver le drapeau et le programme communiste.
La lutte contre l'opportunisme n'est pas une question éthique, ou d'une quelconque fierté, ni non plus une approche dogmatique de fidélité aveugle au passé. Elle est fondamentale pour rester solidement ancré sur le terrain des principes et des positions de classe, sur le terrain du communisme militant. Elle oblige, et pas uniquement dans la situation d'une "Fraction de...", à se référer au programme original de l'organisation, à ses avancées théoriques et politiques, à son expérience organisationnelle. En ce sens, ni les courants de gauche – ni leurs militants d'ailleurs - ne sont libres vis-à-vis de leur propre histoire. Ils sont obligés de revenir sur celle-ci de manière critique, à savoir d'en assumer la continuité historique qui est rompue justement par l'opportunisme et, si besoin est, d'en tirer le bilan "de l'intérieur". Elle maintient la continuité, certes de manière critique, historique, le "fil rouge" indispensable, du parti, ou bien elle constitue "le pont entre l'ancien et le nouveau partis" dans le cas de la fraction. Ceci est politiquement, théoriquement, organisationnellement, fondamental. C'est la boussole, indispensable, qui va permettre de tirer un bilan critique tout en restant fidèle aux principes et au programme passé. Certes, si nous prenons l'expérience des Gauches des années 1930, on voit que la Gauche italienne est beaucoup plus "prudente", et donc parfois plus "tardive", dans ses jugements et ses leçons politiques que d'autres courants. Par rapport à d'autres, elle met plus de temps pour déclarer que le régime en place en URSS est du capitalisme d'Etat, ou bien encore que les syndicats sont définitivement passés comme tels au service de l'Etat bourgeois, etc. Pourtant, à l'heure du bilan de toutes ces Gauches, c'est elle qui, non seulement a réussi à survivre, mais aussi celle qui a été capable de tirer le bilan historique le plus complet et le plus cohérent, celui-là même qui est le Programme de classe aujourd'hui, alors que les autres ont disparu, organiquement, et n'ont laissé, au mieux, que des programmes inachevés, voire dépassés, quand ils ne sont pas devenus des chevaux de Troie de l'idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise comme le conseillisme par exemple. C'est dans ce sens que la "lutte permanente contre l'opportunisme" n'est, pour le dire le vrai, qu'une des principales dimensions et réalisation de la "méthode marxiste".
Aujourd'hui l'opportunisme continue à représenter un danger pour le camp prolétarien, tout particulièrement dans la situation historique actuelle - nous ne revenons pas ici sur ses enjeux et sur l'extraordinaire faiblesse des forces communistes face à cette situation historique. Aujourd'hui toujours, à l'heure actuelle, l'expression la plus dangereuse de cet opportuniste se trouve dans le CCI actuel. En particulier parce que ce dernier dispose encore du crédit politique de la Gauche communiste comme un tout et du crédit de sa propre histoire et tradition – nous ne développons pas non plus ce point.
Qu'on le veuille ou non, que cela nous plaise ou non, le CCI appartient encore au camp du prolétariat quelles que soient ses faiblesses et ses dérives théoriques et politiques. S'il était passé dans le camp bourgeois, la question de combattre son opportunisme ne se poserait pas. Mais si l'on considère qu'il n'a pas "franchi le Rubicon" de classe, alors on ne peut l'ignorer, et surtout on ne peut ignorer ses prises de position politiques. Qu'elles soient valables ou pas. A fortiori, si on partage les positions de sa plateforme politique, il faut le rejoindre, militer et lutter en son sein. Pour notre part, ce n'est que contraints et forcés, puisque iniquement exclus, que nous sommes "à l'extérieur". Notre combat serait encore plus efficace si nous étions une fraction interne au sein du CCI. Nous disons bien "plus efficace". Car nous considérons que notre combat a été efficace et a remporté un certain nombre de succès, de batailles, ralentissant sérieusement la dérive opportuniste. Nombreux sont et seront les sceptiques et, sans doute, encore plus en-dehors du CCI lui-même qu'en son sein. Pourtant...
Nombreuses ont été les questions politiques de fond, fondamentales, pouvant fonder demain justement, au plan théorique et politique, la trahison dans le camp bourgeois, que nous avons critiquées pour avoir été trahies et qui sont maintenant, sans doute momentanément, passées sous silence. Quid aujourd'hui de la Décomposition qui, cependant, véritable poison, imprégnait presque tous les articles du CCI ? Quid de la troisième voie de la décomposition sociale qui éliminait l'alternative historique Guerre ou révolution ? Quid des conflits impérialistes locaux produits de la décomposition qui amenait les grandes puissances, Etats-Unis en tête à être les garants de la paix et de l'ordre face au chaos ? Quid de la grève devenue obsolète comme arme de lutte du prolétariat ? Quid de la solidarité avec les policiers blessés dans les manifestations qu'ils répriment ? Et tant et tant d'autres questions... Certes, le CCI n'est pas revenu formellement, publiquement non plus ce qui est un signe, sur ces gravissimes dérives et ces abandons et elles peuvent ressurgir à tout moment. Néanmoins, elles sont pour l'essentiel mises au second plan, voire absentes des prises de position actuelles de cette organisation. Qu'est-ce qui a pu provoquer cet arrêt, ce ralentissement de la dérive politique ? Nous n'en sommes pas les seuls responsables. Il y a d'abord l'évolution de la situation internationale et la poussée, certes peu visible, du prolétariat international qui tend à répondre aux attaques massives et violentes qu'il subit avec l'aggravation brutale de la crise. Cela joue un rôle et vient démontrer, s'il en était besoin, que le CCI n'est pas mort pour le prolétariat, que la "vie" et l'énergie de ce dernier continuent à pénétrer et à alimenter son corps. Mais il est tout aussi clair que les critiques violentes, politiquement violentes, qui sont portées à ses dérives ont joué, directement et indirectement - l'écho de ses critiques parvenant toujours par un biais ou un autre, les sympathisants et contacts par exemple, à revenir frapper en son sein - pour freiner cette dérive. Nous avons la prétention de croire, nous en sommes convaincus, que nos critiques de ces années ont eu leur effet "positif" et ont grandement joué dans ce ralentissement – ne sommes-nous pas pratiquement les seuls, malheureusement, à suivre régulièrement et à prendre régulièrement position sur les écrits du CCI ? Ne serait-ce que par la crainte que toute grossière stupidité politique – du genre de l'expression de la solidarité avec le flics pour ne citer qu'une des plus grossières - ne soit clairement relevée et ridiculisée aux yeux de tous. Ne serait-ce que parce que tout rédacteur dans le CCI sait qu'il est "sous surveillance" et qu'il s'oblige ainsi à faire "attention".
Quiconque a suivi sérieusement la presse du CCI tout au long des années 2000 et a en mémoire l'évolution de ses prises de position face à la lutte des classes, ne peut qu'être heureusement surpris du tract Aux cures d'austérité, répondons par la lutte ! qu'il a produit et qu'il diffuse actuellement face aux réponses que le prolétariat international tente d'apporter aux attaques qu'il subit. Pour notre part, nous saluons ce tract – qui va dans le même sens que celui que, vous et nous, diffusons - et pensons qu'il répond, globalement, aux nécessités de l'heure3. Non seulement, il appelle de manière correcte les ouvriers à rejoindre leur frères de classe en Grèce dans la lutte, mais il n'y a aucune référence, explicite ou implicite, à la décomposition, au désespoir et au fatalisme qu'elle engendre, au "chacun pour soi" qu'elle provoque, ni à la recherche quasi "mystique", pour le moins abstraite, de "l'identité de classe" ; bref aucune ouverture directe ou indirecte à la fameuse "troisième voie" du 15e congrès du CCI de 2003. Alors, oui camarades, nous pensons que notre combat contre la dérive opportuniste du CCI, même si le sauvetage, nous le répétons, de cette organisation comme telle est peu probable, est efficace aussi de manière immédiate, directe, c'est-à-dire vis-à-vis du CCI et du milieu qui l'entoure et qu'il influence.
Mais le combat contre le CCI n'est pas que notre seule affaire. La perte du CCI serait une perte pour le camp tout comme la perte du PCI au début des années 1980 a été un affaiblissement très important du camp prolétarien. Le CCI d'alors n'avait de cesse de mener le combat pour "la défense du PCI" justement dans la critique systématique et "violente" de ses positions opportunistes, en particulier sur la question nationale.
Le combat d'aujourd'hui aurait encore plus d'efficacité, d'impact, si l'ensemble du camp y participait activement ; en premier lieu, selon nous, la Tendance Communiste Internationaliste. Et surtout, c'est en grande partie, pas uniquement, dans cette lutte, que la TCI se positionnerait de manière croissante et dynamique comme le pôle de regroupement international autour duquel le camp et les éléments s'en rapprochant s'articuleraient. La bataille contre l'opportunisme au sein du camp est aussi un moment de la bataille pour l'unité de celui-ci. La première ne peut que renforcer la deuxième qui, à son tour, ne peut qu'aider à la première. Pour notre part, notre propre histoire, notre propre expérience, nous a placé en première ligne de cette bataille contre la dérive du CCI. Mais très vite, nous avons compris que nous ne pouvions l'assumer seuls et qu'il appartenait à l'ensemble du camp de s'y joindre. C'est la raison pour laquelle nous avons rapidement ouvert notre bulletin, qui était interne au CCI, à tout le camp et que nous avons centré nos orientations sur le regroupement et le renforcement global de ce camp4. Il est regrettable et illustratif d'une grande faiblesse que les générations actuelles de révolutionnaires aient autant de mal à comprendre l'importance de la lutte contre l'opportunisme, où qu'il puisse s'exprimer, qui était pourtant un acquis du mouvement ouvrier - et en passant c'est aussi une manifestation du degré de sectarisme qui règne aujourd'hui parmi les forces communistes.
Rajoutons enfin que ce serait une erreur de limiter la lutte contre l'opportunisme aujourd'hui au seul opportunisme du CCI. Son danger est permanent et affecte toutes les organisations. Aucune ne peut se prévaloir d'une immunité qui la préserverait du mal - pas même notre propre fraction évidemment.
En conclusion donc, rejeter ou simplement sous-estimer en la reléguant au deuxième plan, la lutte contre l'opportunisme, concrètement aujourd'hui la lutte contre l'opportunisme au sein du CCI, et proposer de "passer à autre chose", signifie laisser de côté une dimension fondamentale du combat pour la confrontation et la clarification des positions politiques, c'est-à-dire du combat pour le regroupement des révolutionnaires, du combat pour la constitution du parti mondial du prolétariat.
Voilà camarades les réflexions que votre mail nous a provoquées et la réponse surtout que nous tenions à vous apporter. Nous pensons publier dans notre bulletin votre mail et notre réponse. Evidemment, si vous désirez, comme nous vous invitons à le faire, rédiger un texte plus conséquent sur le sujet, nous pensons que cela serait du plus grand intérêt et permettrait de clarifier encore plus cette question aux yeux de tous.
Fraternellement,
La FGCI.
1. Vous nous accorderez qu'il y a une certaine incohérence de la part de ces camarades à vouloir absolument garder le nom de Fraction interne du CCI alors même qu'ils rejettent maintenant la "politique de redressement du CCI"... Si ils étaient politiquement conséquents, ils devraient changer de nom ou bien dissoudre la Fraction interne...
2http://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/09/baslespattes.htm
3. Au-delà de son retard, relatif, il est daté du 24 mai, à savoir qu'il n'a pas anticipé la situation – pour notre part, notre tract est daté du 9 mars -, nous aurions quelques critiques, secondaires, à porter à cette intervention qui montre, pour l'essentiel que le CCI d'aujourd'hui, même quand il retrouve ses réflexes d'antan, a perdu une grande partie des avancées politiques qu'il avait acquises lors des années 1980 - ici, sur le rapport et la lutte contre le sabotage des syndicats, sur la question de l'organisation des luttes, et sur la dimension immédiate des luttes ouvrières, en particulier comment la solidarité est présentée, etc. Néanmoins, globalement ce tract présente des orientations politiques que nous partageons et que nous appuyons et, comme tel, il est le bienvenu. Nous n'aurions pas notre propre tract – qui est encore d'actualité nous semble-t-il -, nous proposerions à l'actuel CCI de nous associer à sa diffusion... ce qu'il refuserait certainement. Mais ceci est une autre histoire.
4. De ce point de vue, notre nouvelle appellation, Fraction de la Gauche communiste internationale, correspond plus à ce que nous sommes et à ce que nous entendons développer.
Fraction de la Gauche communiste internationale - Bulletin communiste international 2
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