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INTERVENTION DES REVOLUTIONNAIRES
Intervention de la Fraction dans les manifestations au Mexique

Ces derniers mois, au Mexique, toute une série d'événements sociaux ont eu lieu qui, pour notre fraction, en appellent à la grande responsabilité des révolutionnaires d'aujourd'hui. Comme partout ailleurs dans le monde entier, la classe ouvrière y subit, de la part de la bourgeoisie, des attaques énormes contre ses conditions de vie : en ce moment, ce sont les employés de l'ISSSTE (Institut de Sécurité Sociale au Service des Travailleurs de l'Etat) qui doivent subir une attaque systématique sur leurs retraites ; on a introduit une réforme légale en vue d'élargir le temps de travail de chacun jusqu'à 60 ans. Auparavant, il fallait avoir travaillé 30 ans pour avoir droit à la retraite avec pension ; ainsi quand le travailleur avait commencé à travailler à 18 ans, il pouvait s'arrêter à 48 ans.

Il y a quelques années, ce sont les travailleurs de l'Institut Mexicain de la Sécurité Sociale (IMSS) qui ont dû subir cela. Aujourd'hui, la bourgeoisie a cherché le moment et l'heure propices pour asséner ce coup à tous les ouvriers du secteur public. Elle s'y est préparée en déchaînant, à l'avance, un climat de répression et de militarisation de la vie sociale. L'exemple de Oaxaca - où de grandes mobilisations sociales ont eu lieu ces derniers temps, et bien qu'elles aient été déviées sur des revendications opposées aux intérêts de la classe ouvrière - met en évidence le message que la bourgeoisie a essayé de transmettre à l'ensemble du prolétariat et qui, de son point de vue de classe, continue d'être en vigueur aujourd'hui. Elle a mis en place des moyens de répression comme les véhicules anti-émeutes - qui n'étaient plus employés depuis des lustres - pour détruire les barricades. Et depuis un an, les médias se sont précipités pour en montrer les images afin d'asséner l'idée qu'on ne peut rien faire contre l'Etat. La répression brutale a d'abord été menée par le gouvernement de Fox ; aujourd'hui elle est poursuivie par son successeur. Car, en réalité, quelle que soit la fraction bourgeoise qui est au pouvoir, elle ne fait que représenter et défendre les intérêts de la classe exploiteuse en général contre ceux des travailleurs.

C'est dans ce climat qu'on a assisté, ces derniers mois, aux mobilisations des travailleurs de l'Education, particulièrement en avril, mai et juin. Ce climat a été renforcé par l'état de guerre imposé par l'Etat bourgeois contre le trafic de drogue ; et, peu après, en juillet 2007, suite aux "fameux" attentats terroristes contre les installations de la PEMEX (la compagnie nationale de pétrole, NDT). Il ne fait aucun doute que ces deux dernières campagnes, qu'elles aient été montées de toutes pièces par l'Etat ou non, ont été utiles à celui-ci pour faire preuve de la plus grande fermeté non contre les terroristes ou les trafiquants de drogue mais contre la classe ouvrière, pour montrer clairement à cette dernière qu'il n'hésitera pas un seul instant à déchaîner contre elle toutes les forces et les armes dont il dispose et cela sans céder le moindre pouce.

Cela nous montre une fois de plus que rien n'est joué et que la lutte de classes reste d'actualité aujourd'hui plus que jamais. Alors que d'un côté la classe ouvrière essaie de résister à la dégradation chaque fois plus évidente de ses conditions de vie, la bourgeoisie du Mexique (et du monde entier) révèle, par son attitude, que son ennemi mortel n'est pas tant la bourgeoisie du pays voisin que le prolétariat qu'elle exploite et dont elle tire sa propre existence. Jour après jour, on vit cette bataille entre les deux classes historiques du capitalisme, l'une pour s'émanciper (et émanciter l'humanité toute entière) et l'autre pour maintenir l'ordre existant et sa barbarie sans cesse agravée. Cette alternative que nous vivons d'ores et déjà ne peut se régler de manière pacifique. Le prolétariat doit être conscient qu'il va devoir employer sa violence de classe contre les moyens employés par la bourgeoisie.

Dans le cadre de la lutte du prolétariat pour la défense de ses conditions d'existence, les derniers mois qui viennent de s'écouler ont été marqués par des manifestations et des piquets [les "plantones", NDT] de travailleurs de l'Education dans la ville de Mexico et sa banlieue. Notre fraction a eu l'opportunité d'y participer à plusieurs reprises, ressentant chez les travailleurs une très forte volonté de se battre, la recherche consciente d'une orientation et d'une perspective différentes de celles qui ont été imposées jusque là par les organisations syndicales et leurs leaders, de plus en plus clairement perçus comme étant au service du capital.

Parce que ce que nous vivons actuellement fait partie du combat de notre classe qui s'oppose aux intérêts fondamentaux de la classe dominante, il est clair que cette dernière ne peut accepter de laisser un tant soit peu le terrain libre aux prolétaires pour qu'ils le prennent en main et l'organisent. C'est pour cela qu'à tout moment, elle met en travers de leur chemin différents types d'organismes pour les contrôler et les dévoyer. Dans le cas qui nous occupe, il y a les syndicats appelés "indépendants", comme celui des électriciens, qui ont brandi leur "rejet" à la réforme de l'ISSSTE d'autant plus fortement qu'ils leur fallait assurer leur contrôle des ouvriers en lutte tout en les enfermant dans le nationalisme ; il y a aussi le PRD [le principal parti de gauche, NDT] qui agit de même mais de façon plus "tiède". Cependant, il y a surtout des organismes plus radicaux comme l'APPO (Assemblée Populaire des Peuples d'Oaxaca) qui, grâce à un langage radical et à son action au sein même des mobilisations, réussit à entraîner derrière elle un grand nombre de prolétaires, se faisant passer pour les grands défenseurs des intérêts immédiats des ouvriers ainsi que des positions révolutionnaires. Ce sont là les types de pièges que la bourgeoisie peut tendre à tout moment à la classe ouvrière.

Malgré cela, les ouvriers luttent et manifestent dans les rues. Beaucoup ont dû passer par le supplice des longues marches, depuis les provinces jusqu'à la capitale, afin de réaliser des concentrations massives dans la ville de Mexico sous le contrôle des bonzes syndicaux, un piège dans lequel l'APPO, notamment, les a fait tomber. D'autres, venant de plus loin et par leurs propres moyens, ont rejoint les "plantones" de plus en plus nombreux où ils ont pu prendre conscience de leur force même si, aujourd'hui, celle-ci reste encore maîtrisée et contrôlée par les faux leaders que la bourgeoisie leur a "fourni". Mais leur combativité, leur ferme volonté d'agir dans le sens de l'élargissement de la lutte ainsi que la présence de notre fraction qu'ils ont ressentie comme un soutien politique d'importance ont fait que nos militants ont été largement et très efficacement soutenus pour la diffusion de notre presse et la distribution de nos tracts. Certains ouvriers, avec lequels nous avons eu des discussions plus directes, nous ont fait part de leur besoin d'orientations et ont clairement exprimé la nécessité, pour le combat de la classe ouvrière, de la présence d'une organisation révolutionnaire qui remplisse son rôle de direction politique. Certains nous ont invité à venir dans leur région afin de les aider à poursuivre la clarification politique. Certains ont même reproduit nos tracts pour les distribuer et les discuter autour d'eux.

Tout cela en dit long sur la combativité et sur la volonté de clarification politique qui se forgent au sein de la classe ouvrière en vue de trouver les moyens de développer son combat, des moyens qui tournent le dos à ceux que leur imposent les organismes "connus". Parmi les ouvriers commencent à s'exprimer un rejet clair de la politique "opportunistes" (selon leurs propres termes) de l'EPR (Ejército Popular Revolucionario, Armée Populaire Révolutionnaire, groupe de guérilla mexicain, NDT) et même un rejet de l'APPO. Ce sont des éléments qui surgissent au sein de notre classe en recherche d'une cohérence politique ; des éléments qui, malgré la présence permanente et affichée de l'appareil répressif de la bourgeoisie et celle de son complément politique, comme les partis politiques de gauche et les organismes gauchistes de tout type, ne flanchent pas et maintiennent haut la bannière de la lutte ouvrière.


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