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De nouveau, nous avons reçu un certain nombre de courriers de camarades et de lecteurs de différents horizons politiques et de différents pays nous demandant des explications sur notre exclusion de cette organisation. Ne se satisfaisant pas des explications du CCI actuel et n'arrivant pas à cerner les racines politiques de la crise organisationnelle, ces camarades s'interrogent à juste raison. Le CCI d'aujourd'hui prétend, et répand autour de lui, qu'il n'y avait aucune divergence politique et qu'il n'y avait aucune raison pour la constitution d'une fraction au sein de l'organisation. Il explique que les opposants d'alors, dont certains ont formé notre fraction, étaient seulement animés par le "clanisme" et leur hostilité, leur "haine personnelle", "leur haine clanique et satanique" au point qu'elle "ne rappelle pas seulement les méthodes des sectes sataniques mais aussi celles du nazisme et du stalinisme" (Texte sur La défense de l'organisation adopté en janvier 2002)- incroyable non (1) ? -, contre d'autres militants. La seule explication soi-disant "politique" à cette caractérisation psychologique est que la domination de ces (bas) sentiments que nous n'aurions pas su repousser, est le produit du poids de la décomposition sur les militants communistes après 25 à 30 ans d'appartenance au CCI. Comme explication politique, c'est un peu court.
Laissant de côté les calomnies ayant motivé "officiellement" (2) cette exclusion, nous voulons revenir sur la question politique de fond : y avait-il des divergences politiques dès l'été 2001 ? Et si oui lesquelles ? Pour quelles raisons politiques nous sommes-nous constitués en fraction ? Etait-ce justifié politiquement, d'un point de vue communiste et militant ? En quoi - bien avant nos prétendues fautes organisationnelles et militantes, notre soi-disant indiscipline, qui n'ont servi qu'après coup à "légitimer" notre exclusion – y avait-il dès l'été 2001 un processus d'abandon de principes politiques au plan organisationnel et une rupture avec l'esprit et la lettre des statuts du CCI qui justifiait déjà la constitution d'une minorité organisée, d'une fraction interne tel que le prévoient les statuts du CCI ?
Le texte qui suit et qui constitue l'Epilogue de l'Historique du SI, sa dernière partie, répond très précisément à ces questions en retraçant toute la période qui va du 14e congrès du CCI, où la crise éclate ouvertement, jusqu'à notre exclusion 10 mois plus tard en mars 2002. Le lecteur pourra donc constater, qu'il soit d'accord ou non avec les principes et les positions du CCI en matière d'organisation, la trahison des principes et des Statuts mêmes de cette organisation.
Nous ne doutons pas non plus, qu'au-delà de la réponse à des questions et interrogations immédiates de nos lecteurs et correspondants, cette expérience servira de leçon pour le futur. En tout cas, elle le doit. En effet, le processus qui mène à la constitution du futur parti communiste rencontrera inévitablement, sous une forme ou sous une autre, ce type de "difficultés" organisationnelles et militantes, voire de crise organisationnelle. C'est aussi dans ce sens qu'il nous semble important de donner publiquement les éléments de cette crise et d'en tirer publiquement les leçons politiques. La question de l'organisation communiste et la question du militantisme communiste sont pour nous des questions politiques fondamentales car elles touchent directement aux principes généraux et à la conception de la classe ouvrière comme classe révolutionnaire. Certes, les prises de position opportunistes du nouveau Courant sur la situation internationale - défaitisme et indifférentisme devant les luttes ouvrières, concessions opportunistes sur la question de la guerre impérialiste - et sa révision de positions fondamentales du marxisme - tel la remise en cause de l'alternative historique "socialisme ou barbarie" - trouvent leurs racines dans notre CCI, celui d'hier, et en particulier dans la théorie de la décomposition comme caractérisation de la "période finale" du capitalisme. Mais il n'en reste pas moins que la trahison et la liquidation des principes organisationnels, et en particulier la liquidation de la possibilité de toute confrontation politique interne politiquement et organisationellement conséquente - c'est-à-dire y inclus jusqu'à la conformation de minorités organisées, tendance ou fraction - qui s'est produite à l'été 2001, sont venues renforcer et rendre sans doute définitivement dominante la dérive opportuniste et révisionniste aussi sur le plan des positions générales dans le CCI d'aujourd'hui. Il y a un lien dynamique entre les deux. La crise organisationnelle, la trahison des principes et la substitution de la discipline communiste par une nouvelle discipline contraire aux principes vient accélérer la dérive sur le plan des positions générales, ne serait-ce que par le simple fait qu'il n'est plus possible, non pas d'exprimer un point de vue individuel opposé, mais d'assumer une véritable confrontation politique et militante conséquente... sauf à reprendre le chemin que notre fraction a dû prendre.
Pour aider à la compréhension du texte qui suit, nous voulons donner un rapide résumé, une courte présentation, de la situation interne qui a précédé le 14e congrès tel que notre Historique du SI l'a clairement mis en lumière, mais qui est aussi vérifiable à partir des rapports d'activités présentés et adoptés à l'unanimité tout au long de ces années.
A partir de 1996, au lendemain même de la crise organisationnelle précédente de notre organisation (1993-1995), des difficultés militantes, politiques, et même personnelles de différents ordres - mettant souvent en péril, directement ou indirectement, l'engagement communiste des militants qui en étaient affectés - se sont développées dans différentes parties du CCI jusqu'à la crise de 2001 (3). Elles se sont cristallisées tout particulièrement sur un couple de militants parisiens aux responsabilités centrales dans l'organisation, Peter et Louise. Mélangeant et "fusionnant" vie personnelle et vie militante, ces militants, parmi d'autres, ont développé et particulièrement illustré une vision et une pratique politique erronée, petite-bourgeoise, individualiste et élitiste, voire carriériste, du militantisme communiste. Ce militantisme, que le CCI avait défini et critiqué comme "militantisme intégral", traîne depuis les origines de l'organisation et celle-ci n'a jamais réussi complètement à s'en débarrasser malgré les clarifications politiques réalisées sur le sujet tout au long de son histoire. En lien avec leur vision petite-bourgeoise du militantisme, les deux ont réussi, Louise particulièrement, à imposer leurs "problèmes familiaux et sentimentaux" comme des problèmes politiques de l'organisation. Au fil du temps, et particulièrement à partir de 1999, ils ont pris en otage et "utilisé" les organes centraux - illustration de la faiblesse politique de ceux-ci - dont ils faisaient partie, Secrétariat International (SI) et Secrétariat (SE) de l'organe central (CE) de la section française, pour régler leurs "différends" sentimentaux et familiaux au milieu d'un psychodrame permanent et croissant.
Pour l'essentiel, ces difficultés ne furent connues que par les deux secrétariats et, à un degré moindre, par le Bureau International (BI) qui décida et adopta à l'unanimité durant toutes ces années une politique que le SI essaya de mettre en place. Devant l'aggravation continue de la situation au plan "familial" et militant, des délégations du BI furent constituées pour discuter avec ces militants de leurs problèmes personnels. Ceux-ci se perpétuant, du moins "officiellement", ces délégations furent transformées, par un tour de passe-passe, en une "Commission d'Investigation" (CI) en janvier 2001 sur demande de Peter et Louise pour voir s'il n'y avait pas des restes de... clanisme dirigés contre eux qui auraient provoqué leurs difficultés personnelles et militantes (4).
Dès lors cette CI se substitua - première rupture avec les principes organisationnels du CCI et l'esprit des statuts - aux organes centraux mandatés par l'organisation, SI et BI ; elle produisit un rapport (dicté par le couple Peter-Louise) et le présenta à la veille même du congrès qui conclut d'un côté à l'inexistence de désaccord politique mais, par contre, à l'existence d'un clan, sorti du chapeau, formé par 5 membres du SI contre le 6e, Peter, du fait de leur "jalousie" vis-à-vis de ce dernier - les 5 dont la moyenne d'âge dépassait les 50 ans, auraient été jaloux de l'affection que le vieux militant MC, décédé depuis plus dix ans, aurait porté à Peter ! Tout un chacun peut voir clairement ici comment la théorie du clanisme remplace, élimine le terrain politique et militant et le substitue par le terrain psychologique, terrain particulièrement propice aux manipulations et à la destruction des consciences politiques. Il y a là une liquidation politique, opportuniste, de la compréhension marxiste et de la position communiste du militantisme communiste (5).
Au cours du congrès de mai 2001, le BI qui n'existe plus puisqu'il est censé à ce moment-là remettre son mandat, continue à se réunir à côté et en dehors du congrès, dans d'interminables réunions particulières de nuit, et adopte ce rapport "au nom de la confiance", dans la confusion politique la plus totale, et malgré notre opposition. Il décide que ce rapport et les accusations qu'il porte contre la majorité du SI doivent rester secrets, ne soient pas présentés au congrès et donc pas discutés par celui-ci qui est pourtant l'organe souverain - deuxième rupture avec les principes du CCI et l'expérience de toute l'histoire du mouvement ouvrier - au prétexte que ni lui-même (le BI) ni encore moins le congrès n'ont les éléments concrets pour le discuter et avoir un avis (!). Le congrès est donc sciemment maintenu dans l'ignorance complète des graves accusations qui sont portées contre des militants... qu'il est appelé à renommer (cela sera fait à l'unanimité) comme membres du nouveau SI, après avoir "salué et approuvé" le travail positif qu'ils ont accompli durant les deux années précédentes. Et cela, alors même que ce travail est déjà rejeté par le rapport qui dégage réellement les orientations d'activités de l'organisation pour les années qui viennent, celui de la CI qui est, à ce moment-là, l'illégitime mais véritable organe central !
Les deux seuls éléments concrets apportés à l'appui de la thèse du rapport "d'accusation" sont le fait que le SI aurait voulu clore prématurément, "enterrer" un débat sur la confiance et qu'il a voulu que le couple Peter-Louise se sépare, qu'il divorce. C'est en voulant répondre à ces deux seuls arguments donnés et acceptés sans aucune "vérification" - autre révision des principes d'organisation - qui établissent la thèse du clanisme, que les membres de l'ancien SI reprennent les notes de ces réunions pour vérifier la réalité des accusations. Ils rédigent ce qui va devenir le 6e chapitre de l'Historique du SI en faisant de larges extraits des notes de réunions. Celles-ci démentent sans équivoque possible ces deux accusations mais les organes centraux, sur ordre de la CI, refuseront de les prendre en compte et nous interdiront d'utiliser les notes du SI.
L'Epilogue qui est reproduit ici, vient donc juste relater l'enchaînement des faits et l'incroyable accélération de la liquidation des principes organisationnels les uns après les autres juste après ce congrès à partir de mai 2001 jusqu'à notre exclusion en mars 2002. Il continue à s'appuyer sur les notes de réunions ou des extraits de bulletins internes mais il n'est plus articulé autour. Néanmoins la réalité des faits mentionnés est irréfutable et on peut se référer à nos premiers bulletins, en particulier pour la période qui s'ouvre à partir d'octobre 2001.
Le lecteur "non averti" doit donc, pour s'y retrouver, garder en mémoire que les derniers chapitres de l'Historique du SI montrent comment la Commission d'Investigation s'est substituée aux organes centraux mandatés par l'organisation, y compris au 14e congrès international du CCI ; il doit savoir que l'ensemble de l'Historique montre la genèse de la crise depuis 1996, met à bas le rapport de la CI et la thèse du clanisme, et met en évidence les manoeuvres, manipulations, ragots, calomnies, dans les couloirs et lors de repas familiaux et amicaux d'une véritable clique regroupée autour du couple Peter-Louise ; il révèle aussi, sans contestation possible, les comportements "indignes d'un militant communiste", pour ne pas dire plus, de Louise, en particulier son utilisation systématique des difficultés sentimentales de couples, en particulier de leurs difficultés et parfois maladies psychologiques, pour manipuler, détruire, à la fois des relations personnelles, familiales, sentimentales, amicales, et des militants... Autant de faits et incidents concrets, réels, vérifiés auxquels ni Louise bien sûr, ni la CI, ni le CCI actuel n'ont jamais répondu.
Il y a donc bien alors, au lendemain du 14e congrès du CCI, deux analyses opposées et contradictoires de la crise organisationnelle du CCI et deux orientations politiques divergentes exigeant une confrontation politique par le débat que nous n'avons pas réussi à imposer dans notre organisation. Pour vérifier qu'il existait bien deux orientations politiques opposées, le lecteur et les militants ont à leur disposition le Texte d'orientation sur la confiance publié dans la Revue internationale 111 et 112 qui représente alors le point de vue "théorique" du liquidationnisme en marche et notre rapport d'activité disponible sur notre site internet et qui a été publié dans notre bulletin n°1. L'Epilogue montre comment, en s'opposant à ce débat, en essayant de l'étouffer, en refusant que l'ensemble de l'organisation et des militants discute de manière prioritaire et centrale le bilan du SI et sa crise, la faction liquidationniste va entraîner inéluctablement l'ensemble du CCI et des militants qui vont soutenir la thèse du clanisme au nom de "l'unité de l'organisation", dans la liquidation des principes organisationnels afin de nous faire taire par tous les moyens. Comme l'expérience du mouvement ouvrier l'indique, la forme organisationnelle qui correspond à la défense de principes qui sont sur le point d'être trahis est celle de fraction.
Pour conclure, et même s'il nous semble indispensable de donner des éléments politiques concrets, il ne s'agit pas pour nous de pousser les lecteurs, quels qu'ils soient, à prendre position sur les faits, les accusations, voire même sur la justesse politique ou non de notre combat interne. Nous savons que nous sommes les seuls à pouvoir mener ce combat contre la dérive opportuniste de notre organisation à ce niveau-là, c'est-à-dire au niveau interne - que nous soyons formellement exclus n'y change rien, nous sommes la continuité du CCI et nous continuons à exiger notre réintégration formelle.
Par contre, comme l'ont déjà fait des organisations comme le BIPR et le PCI-Le Prolétaire, il importe de rappeler la tradition de la Gauche communiste dans ces situations de crise organisationnelle. Et en particulier, il est essentiel de comprendre comment au nom de l'unité - formelle - d'une organisation déjà politiquement divisée, c'est-à-dire réellement divisée, on a trahi puis liquidé les principes organisationnels. Car, même en admettant que les accusations contre nous eussent été valables, même en admettant qu'il n'y eût aucune raison politique pour constituer une minorité organisée, même en considérant que nous aurions dû respecter la nouvelle discipline - rien à voir avec la discipline telle que l'a toujours considérée le vrai CCI - qui nous était imposée (6), même du point de vue du militant "honnête" qui pensait alors sauver l'organisation en "sauvant son unité" - unité, répétons-le, qui n'était plus que formelle -, le remède est pire que le supposé mal "clanique" dont nous, et d'autres (en fait tous les militants parisiens et une grande majorité des militants du CCI dont le BI, selon la thèse de la CI), étions censés être les porteurs. C'était pourtant là une leçon tirée par la Gauche communiste, particulièrement la Gauche italienne, dans les années 1920 et 1930. C'est ce que les militants du CCI ont oublié, voire qu'ils ignoraient. C'est ce qu'illustre une nouvelle fois l'Epilogue de la crise organisationnelle du CCI de 2001.
Mai 2004.
Avertissement : le lecteur est déjà familiarisé avec les sigles des organes centraux, SI et BI, SE et CE. Les premiers sont le secrétariat permanent des organes centraux international (BI) et de la section en France (CE). Ces organes centraux ont des réunions plénières. Et le SI, outre ses réunions hebdomadaires, tient durant l'été 2001 des réunions élargies auxquelles participent des membres européens du BI d'où les "SI de juin, de juillet" etc... Il trouvera aussi dans l'Epilogue les sigles BII et BIRI. Il s'agit du Bulletin Interne International et du Bulletin Interne de RI. Enfin le sigle CI est celui de la fameuse Commission d'Investigation chargée de prouver qu'existait un clan au sein du SI.
Notre Historique du SI s'est terminé avec le dernier chapitre sur le 14ème congrès, le chapitre 24, et la fin de l'ancien SI du CCI. Dans cet épilogue, nous revenons juste sur une série d'événements qui y fait suite afin que le lecteur puisse saisir les conséquences dramatiques et irréversibles de la faillite de l'ancien SI et de l'ancien BI pour défendre le CCI, ses règles et ses principes organisationnels et militants.
Le 9 mai 2001, soit 2 jours après le congrès, se tient à Paris une réunion de section qui marque le début d'une nouvelle phase du combat entre les deux orientations politiques antagoniques, lesquelles existent maintenant clairement et ouvertement au sein de l'organisation. A partir de ce jour-là, les tenants de l'orientation "liquidationniste" vont tout faire pour exploiter l'avantage qu'ils ont "obtenu" au congrès et pour faire plier ou éliminer tous leurs opposants.
Il est hautement significatif que le SI nommé après le congrès soit un SI réduit et dit "technique", c'est-à-dire un SI pour régler quelques affaires courantes, un SI sans responsabilité politique. La responsabilité politique du SI est assumée dans les faits par la CI. C'est là une première rupture avec la tradition, les principes et les règles organisationnelles du CCI.
Cette nouvelle phase voit aussi l'ouverture immédiate d'un processus disciplinaire de sanctions contre toute expression de l'opposition politique à la nouvelle analyse et à la nouvelle orientation, lesquelles sont portées par la seule CI qui est l'outil des "liquidationnistes". Ce processus s'apparente tout à fait, dans sa "mécanique", en moins dramatique évidemment et dans d'autres circonstances historiques, au processus de bolchévisation qu'ont vécu les Partis communistes dès 1924-1925 et qui tendait à imposer la discipline pour la discipline, à étouffer toute vie politique, à imposer les reniements, les autocritiques et la capitulation politique chez les opposants ; puis pour ceux qui ne cèdent pas à les discréditer, les calomnier, à leur monter des "pièges" et à inventer de toute pièce des accusations et des procès jusqu'à obtenir leur suspension sans limite et finalement leur exclusion.
Nous allons revenir plus particulièrement sur la période qui va du congrès au BI plénier de septembre 2001 dans la mesure où c'est sans doute cette période qui est la moins connue des militants. A partir de septembre, les faits apparaissent plus clairement et on peut se référer à nos bulletins pour voir l'engrenage irréversible de sanctions visant à faire taire toute opposition conséquente et à exclure ceux qui se refusent à capituler. Durant cette période, et sur la base de la confiance sans limite et "par principe" que le BI et le congrès lui ont accordée, c'est la Commission d'Investigation qui est le véritable organe central du CCI. Bien évidemment, et nous avons pu le vérifier concrètement en plusieurs occasions, Peter, Louise et Bruno, qui ne sont pas membres de la CI, sont au courant de tous ses travaux, bien souvent avant même certains des membres de cette CI. Olivier, qui en est formellement membre depuis le congrès, est mis à l'écart d'une grande partie de ses travaux et de ses discussions. Les réunions auxquelles il participe ont souvent déjà été "préparées" par François, Krespel (membres de la CI), Peter, Louise, et Bruno. Ecoeuré et conscient que tout est manipulé et contrôlé, Olivier démissionne de cette CI en juillet, non sans avoir néanmoins constaté et vérifié la partialité de la "méthode" de travail de celle-ci et ses "oublis" fréquents concernant des faits concrets et irréfutables qui remettent en question les liquidationnistes, leurs agissements souterrains et leur "politique"...
Il est intéressant de constater à l'étude de cette période que les sanctions s'appliquent, pour l'essentiel, aux remises en cause politiques de la CI ainsi qu'aux questionnements (de nature politique et exprimés dans le cadre organisationnel) sur les comportements militants de Louise. Alors que les nouveaux minoritaires posent les questions de principes (la reconnaissance de la minorité organisée et le débat politique ouvert), de méthode (le rejet de la méthode de la CI), de théorie (la critique du Texte d'orientation), et de pratiques organisationnelles (le rejet du coup de force permanent, des magouilles, au nom de la lutte contre un supposé clanisme), ce qui est significatif c'est que la faction liquidationniste ne prend en considération que (et réagit de manière hystérique et brutale contre) les remises en cause de la CI (l'outil de sa politique) et de Louise.
La réunion du 9 mai et l'étouffement de l'opposition (encore majoritaire) à Paris.
Le 9 mai, deux jours après le congrès, se tient donc à Paris la réunion qui doit présenter les travaux du congrès. Ayant été un congrès par délégation, un certain nombre de camarades parisiens n'y ont donc pas participé. Une preuve supplémentaire de la mainmise des liquidationnistes sur l'organisation : c'est Bruno qui introduit cette discussion.
Que dit sa présentation des travaux du congrès ? Elle évoque "de très grosses difficultés au sein du secrétariat de l'OC du CCI" [donc à Paris] et l'existence d'une commission d'investigation "sur proposition du camarade Peter" qui a remis au congrès un rapport préliminaire. La présentation cite même des extraits de ce rapport qui mentionne que si "des divergences (...) se traduisent par des tensions, des problèmes de fonctionnement touchant le tissu organisationnel, cela est le signe d'autres problèmes [cela laisse entendre que les divergences politiques n'ont, pour le moins, pas grande importance et que les problèmes sont, en fait, liés au clanisme] qu'il faut immédiatement identifier et traiter (...) que quelque part, la conception de l'organisation a été perdue". Les extraits donnés précisent même que l'organisation "peut tout à fait connaître des rechutes" en terme de crise et de difficultés, mais que "nous devons clairement combattre toute démoralisation qui surgirait sur la base de “ça recommence” [allusion explicite au renouveau d'un clan à Paris]. La présentation se termine d'ailleurs par une conclusion du rapport de la délégation d'investigation qui dit : "nous pensons qu'il y a une manifestation d'esprit clanique qu'il faudra investiguer et préciser".
A moins de prendre les camarades de Paris pour des imbéciles, cette présentation reprend clairement les accusations de Peter sur l'existence d'un clan-pavillon bis à Paris. Ces accusations entendues jusqu'alors dans les couloirs et que les militants de la section ne partagent pas – à l'exception alors de Bruno, Peter et Louise – sont particulièrement démoralisantes, destructrices pour les camarades et pour le tissu organisationnel de la section car elles sont présentées ici comme reprises par le BI et le congrès. L'effet destructeur de ces accusations est d'autant plus redoutable que celles-ci n'étant pas précises, n'étant que des insinuations vagues dans la forme, elles déboussolent les militants parisiens qui sont incapables d'en saisir la teneur réelle (les faits concrets qui leur sont reprochés) et donc incapables d'y répondre. Et même, comme ils vont rapidement le découvrir, il leur est interdit de les évoquer et de les contester !
Juan estime impérieux de répondre à cette présentation qui reprend totalement à son compte la thèse de la CI, c'est-à-dire des liquidationnistes, que le CCI ne doit surtout pas discuter (???). Que dit-il ?
"Depuis le mois de janvier en particulier, on le sait à Paris, la situation s'est accélérée, et particulièrement dans les derniers 15 jours. Etaient en jeu dans ce congrès l'unité de l'organisation. Il y avait le risque que les problèmes de fonctionnement explosent. Sur ce plan, le congrès est un succès dans le sens où il a pu maintenir l'unité de l'organisation mais il ne faut pas se cacher la situation. Le congrès a été traversé par un véritable combat politique qui s'est déroulé frontalement au sein du BI et implicitement, en partie de manière cachée au sein du Congrès (...). On va mettre les cartes sur la table : ce rapport [de la CI] disait (...) que la section de Paris, le SI, étaient noyautés par des clans. Ce rapport, sans donner aucun élément concret, reprenait cette accusation (d') un clan-pavillon (...). (...) Le BI comme tel n'a pas repris l'idée qu'il y avait un clan dans la section de Paris, que c'était contre Peter, Bruno et Louise et donc que le tissu organisationnel dans la section de Paris était à la base des difficultés actuelles".
Il termine son intervention ainsi : "les termes d'un débat et d'un combat politique sur des positions politiques divergentes en matière d'organisation, de fonctionnement et de militantisme et d'engagement militant, sont posés et ne pourront plus être mis sous la table, cachés, ni même esquivés" (cette intervention est publiée dans le bulletin de RI 244 daté du 16 mai).
De nombreux délégués d'autres sections sont encore présents à Paris et participent à la réunion. La très grande majorité des participants ne s'offusque pas de l'intervention de Juan. Plusieurs même viennent le voir à la fin de la réunion en approuvant son intervention et en exprimant un soulagement par rapport au malaise qui s'est développée ces dernières semaines et durant le congrès. Par contre, tous sont surpris de la réaction de Peter qui, coupant la parole à Juan à plusieurs reprises, crée un véritable scandale en appelant le présidium de la réunion à interrompre celui-ci car il enfreindrait les décisions du congrès.
Peter, Louise et Bruno ne peuvent accepter que la thèse du supposé clan adoptée par la seule CI, soit mise en discussion dans l'organisation et qu'elle soit débattue ouvertement. Si l'ensemble de l'organisation s'empare de la question du clan, et surtout si l'organisation reprend l'idée qu'il y a bien deux orientations politiques contradictoires, ils ne pourront éviter la discussion et le débat sur le terrain politique. C'est donc au nom de la discipline, du respect de la "décision" du BI et du congrès (décision qui a été prise dans la confusion la plus totale, décision qui n'apparaît même pas dans les notes du congrès et qui tourne le dos au débat ouvert), que Peter et la CI vont interdire de poser ouvertement la question et donc d'ouvrir un débat sur l'existence ou non d'un "clan-pavillon-bis". Pour Peter, l'intervention de Juan est une remise en cause insupportable de la politique de la faction liquidationniste, de la CI, des conclusions et de la "méthode" de celle-ci.
Dans les jours qui suivent, Peter essaie alors - et réussit - à créer une fantastique panique et un affolement incroyable dans tout le CCI en présentant la section de Paris au bord de l'explosion. Son but est de faire adopter une résolution condamnant Juan qui aurait enfreint, par son intervention dans la section nord, la "décision" du congrès de ne pas évoquer les discussions du BI. Mais il se heurte à un refus argumenté. Aucun des militants, et en particulier aucun membre du BI présent lors de cette réunion à Paris, n’adhère à la vision catastrophique qu’il tente de faire passer, encore moins à sa résolution anti-Juan. Dès lors, Peter utilise tous les moyens, organise un véritable coup de force pour faire passer sa décision : trois jours après la réunion, il tente de forcer la main au secrétariat de la section en France qui refuse cette résolution par 5 voix contre 3 (Peter, Bruno et Elise qui émet des réserves toutefois). Qu’à cela ne tienne, Peter continue son forcing, dans les discussions privées, par téléphone et par mail en tenant à l'écart tous les "opposants" à sa politique. Il décide d’outrepasser toutes les recommandations et décisions prises collectivement (notamment celle de fournir aux membres des organes centraux tous les documents indispensables pour qu’ils puissent établir sereinement leur positionnement politique) ; il multiplie également les contacts téléphoniques, mails avec les membres du BI en Europe et à Paris afin de faire prévaloir "sa" version des choses et de convoquer d’urgence, sur cette base, une réunion extraordinaire de l’organe central en France (avec une forte délégation des membres du BI préalablement "travaillés" et tous acquis à la cause de Peter). C'est une politique qui va devenir systématique dans les semaines qui suivent tant au niveau du BI que de la CE de RI. Mais surtout, cette vision rompt avec l'esprit et la lettre des statuts du CCI (cf. les derniers chapitres de notre historique).
Il n'y a alors plus de règles et toutes les magouilles sont possibles. Ne sont-ils pas assurés du soutien de la CI ?
Il en va de même au niveau du BI. Voilà comment Juan - membre du BI comme Michel, lequel est aussi convoqué dans les mêmes conditions – rapporte les faits :
"Je suis cordialement invité à une CE extraordinaire dont je ne connais pas l'existence, à la fin de la Réunion Publique à Paris, par un tout petit mot (7). Je ne connais rien de l'existence d'une délégation du BI. Par contre, je sais que le camarade Peter a présenté en plusieurs occasions de manière particulièrement unilatérale ses contacts téléphoniques avec les membres du BI en Europe et à Paris. En particulier, lors du SE du 11/5/01, il présente les avis et prises de position des quelques membres du BI qui lui ont répondu comme une prise de position du BI [comme si le BI l'avait adopté formellement]. A cette occasion, il ne mentionne pas que les camarades Michel, Olivier et Pedro, présents à la réunion de section de Paris, ont refusé – à tort ou à raison, là n'est pas mon propos ici - d'adopter la résolution qu'il propose. Il ne mentionne pas que Jonas, Leonardo (encore présent) et moi-même n'avons pas été avertis. Ca fait 6 membres du BI quand même. Et je ne sais pas ce que transmet le camarade Peter alors que j'estime – à tort ou à raison – que la situation à Paris n'est pas celle que semblent comprendre les quelques membres du BI contactés. Les camarades m'accorderont, je l'espère, que les maladresses de Peter n'ont pas aidé à établir une ambiance de confiance. Je ne rentre pas dans tous les détails.
Par ailleurs, je m'étonne de ma mise à l'écart. J'étais de ceux qui ont proposé au BI de ne pas renommer le même SI (ce qui, de fait, impliquait que je ne sois pas renommé comme membre du BI). Le BI en a décidé autrement. Soit. Mais visiblement, il ne me fait pas confiance. Ca ne me choque pas en soi. Mais je ne trouve pas cela cohérent. Et j'aime bien qu'on me dise les choses en face.
C'est donc dans l'ignorance des discussions au sein du BI, ou d'une partie du BI, et comme membre du BI, que je dénie alors dans un premier temps aux camarades présents dont je ne connais pas individuellement les positions, de parler au nom du BI. Mais visiblement, le souci du camarade Peter lorsqu'il me remet l'invitation, et alors qu'il nous reste une petite heure avant la CE, n'est pas de m'avertir, ni de me convaincre, ni même de m'éviter une éventuelle erreur de son point de vue. J'ai le sentiment qu'il préfère me pousser à la faute. Et sans doute Michel aussi. Je n'ose croire qu'il s'agit d'une attitude revancharde." (BII 283, Ebauche "personnelle" d'historique de la crise actuelle).
Avec tout le poids supposé du BI dans la balance, la CE se laisse impressionner, accepte l'explication clanique et condamne l'intervention de Juan du 9 mai. A ce moment-là, prise dans la même logique d'abandon qu'a eu le congrès en s'en remettant aveuglément à la CI, paniquée devant la dramatisation à outrance qu'entretient Peter, la CE à son tour tombe dans l'abandon des principes du CCI au nom de "la défense de l'organisation et de son unité".
La résolution adoptée par cette "CE" condamne Juan, mais surtout elle donne son aval aux liquidationnistes et dissout de fait la CO de la section de Paris qui avait laissé s'exprimer Juan à la réunion du 9 mai.
"Après la lecture de la présentation, le camarade Juan a fait une intervention donnant des informations sur les réunions du BI que celui-ci avait décidé de ne pas communiquer pour le moment à l'ensemble de l'organisation (...). Il s'agit là d'une remise en cause caractérisée de nos principes de centralisation et d'un manquement très grave à la discipline organisationnelle. En conséquence, le SE [la CE reprend la résolution proposée à la réunion du SE du 11 mai] condamne le comportement totalement irresponsable du camarade Juan (...).
Par ailleurs, le présidium de la réunion, qui avait pourtant pris connaissance de la présentation du congrès et qui a été saisi à deux reprises d'une demande de point d'ordre par un membre du BI [Peter], non seulement a laissé le camarade Juan poursuivre son intervention, mais il a fait des critiques à l'intervention du membre du BI ayant demandé un point d'ordre. En conséquence, le SE (...) demande à la section Nord de RI de se doter pour la période qui vient d'un présidium capable de faire respecter les décisions de l'organisation".
Cette dernière mesure décide la fin de la Commission d'organisation de Paris sans en référer à la section qui l'a pourtant élue et mandatée. Dorénavant, le présidium des réunions de cette section sera tenu alternativement par Peter et Bruno. Durant plusieurs mois, situation pour le moins cocasse, les réunions de Paris vont voir deux militants, parfois même un seul, imposer des ordres du jour, des conclusions et des orientations au nom d'une "discipline" que l'ensemble de la section ne partage pas. C'est là aussi une rupture complète avec la conception du CCI de la... centralisation. En effet, il n'est pas inutile de rappeler qu'à ce sujet un débat avait eu lieu en 1983, lors de la constitution de la tendance qui allait former la FECCI. Un délégué du BI nommé directement par une section territoriale, et non par le congrès, défendait les positions de la tendance ; il avait été maintenu à son poste tant que les positions minoritaires au sein du CCI restaient majoritaires dans sa section. Et ce n'est que lorsque la majorité avait changé dans cette section, que le délégué nommé par la section avait été changé. C'est MC lui-même qui avait défendu cette conception.
Mais il est clair que dans la lutte pour le pouvoir qu'elle a engagée alors, la faction liquidationniste a décidé de passer à l'offensive la plus violente et la plus rapide soi-disant au nom de la "défense" de l'organisation, sans s'encombrer du respect des règles organisationnelles et des statuts. Elle "détient" maintenant la CI, le SI, le BI, la CE et déjà le SE où Bruno fait la pluie et le beau temps et où les opposants (ST et Aglaé) sont mis à l'écart des décisions. Peter ira même jusqu'à se permettre d'affirmer en réunion que si la section de Paris ne se soumet pas, le "CCI" n'hésiterait pas à la dissoudre.
Après cet épisode, le combat entre les deux lignes politiques opposées se centre sur deux fronts essentiels : d'une part la mise au pas de la section de Paris qui est la seule à pouvoir et à vouloir aussi s'opposer à l'analyse du clanisme ; et d'autre part autour de la discussion du Texte d'Orientation sur La confiance mis en avant par la faction liquidationniste qui cherche à "fonder" théoriquement les "nouvelles" pratiques militantes et organisationnelles. Le but est de faire accepter la nouvelle politique à la grande majorité des militants des sections qui restent interloqués et incrédules devant la situation et les accusations croissantes contre des militants en qui ils ont fait confiance durant des années, militants qui viennent d'être renommés, à l'unanimité du congrès, au BI ainsi que pour faire partie, à nouveau, du SI.
Le SI mensuel (auquel participent plusieurs membres européens du BI) qui se tient en juin entérine la vision du supposé clanisme qui gangrenait l'ancien SI présentée à nouveau par la CI, et dont la manifestation la plus évidente est maintenant devenue l'intervention de Juan du 9 mai et les réactions du SE et de la section de Paris refusant de le condamner. C'est ce SI mensuel qui va inaugurer une nouvelle pratique sans précédent dans le CCI : il va adopter sur la base de sa présentation orale le Texte sur La confiance (8). Pour notre part, c'est à ce SI mensuel que nous avertissons, devant la majorité des participants incrédules, que l'adoption de l'analyse du clanisme rompt inévitablement avec toute la politique du BI depuis 1996.
Le SI mensuel de juillet voit Olivier, encore membre de la CI, présenter un rapport alternatif au rapport de celle-ci, rapport qui remet en cause son analyse du supposé clan et qui resitue les faits sur la base des notes du SE en particulier. Ce rapport d'Olivier pose de nouveau la question du comportement de Louise. Pour sa part, Juan présente le premier chapitre de l'historique, le chapitre 6, rédigé à partir des notes du SI qui montre, sans aucune équivoque possible, que le principal argument de la CI, à savoir la volonté du SI de faire rompre le couple Peter-Louise, est un mensonge délibéré et conscient. Cependant, il s'avère que la riposte de ces 2 camarades est trop tardive ; ainsi, malgré les évidences, le BI décide de ne pas tenir compte de ces éléments concrets et, suivant les recommandations de la CI, interdit de faire usage des notes du SI sans l'avis de la... CI.
Le fait d'ignorer consciemment la réalité des faits, d'écarter tout ce qui permet de la mettre en avant, en l'occurrence les notes du SI, et cela sous couvert d'une prétendue "raison supérieure" telle que la "défense de l'organisation" à la sauce liquidationniste, ouvre inévitablement la porte à un processus de réécriture de l'histoire aux conséquences politiques catastrophiques à terme.
Toute utilisation des notes pour fonder et argumenter l'opposition politique à l'analyse du supposé clan et qui démonte les "rapports" de la CI, doit être d'abord soumise à l'autorisation de la CI... qui va s'empresser de l'interdire.
Mais, les enjeux ne se situent plus vraiment au niveau du BI. Ils se situent dans les sections, et d'abord en section de Paris, en premier sur le texte d'orientation sur La confiance. Jamais dans l'histoire du CCI, un texte présenté par l'organe central n'a été aussi minoritaire et n'a rencontré une telle opposition. Mais la question du clanisme va réussir à étouffer toute opposition politique.
Dans le bulletin de RI n° 247, est publié le compte-rendu de la discussion de ce texte en section de Paris. Tour à tour, Juan, ST, Sarah, Aglaé, Hector, Fausto, se prononcent en désaccord avec lui (9). Nous faisons grâce au lecteur du contenu de leurs interventions et leurs différents arguments politiques. Peter et Bruno sont en vacances et seule Elise s'essaie à répondre sur le terrain politique aux arguments donnés contre le texte. Des militants "sûrs" d'autres sections de RI ont été convoqués à Paris pour assurer le présidium par intérim. Leurs interventions sont particulièrement significatives de l'état d'esprit et de la dérive provoquée par l'adoption de la vision clanique et la réduction de toute position politique à celle-ci.
Ainsi, suite à l'intervention de Juan, ce présidium lance : "On interpelle le camarade Juan sur le fait qu'il rejette de bout en bout un texte émanant du BI, c'est grave pour l'organisation. On n'a jamais vu une telle prise de position".
Cette attitude de rejet, cette peur de la confrontation politique se manifeste aussi dans une des premières prises de position du SE sur les discussions sur ce texte : "La discussion sur le texte d'orientation a surtout été l'occasion, pour une partie des camarades de la section Nord présents, de manifester de la contestation [et non un désaccord politique] vis-à-vis de ce texte et donc vis-à-vis des organes centraux" (le SE, 22/8/01, BIRI 247, souligné). Tout désaccord politique est immédiatement dénoncé comme de la contestation des organes centraux et, en fait, comme une manifestation de clanisme.
La présentation du bulletin interne international n° 283 (juin 2001) a déjà catalogué les contributions de Leonardo, de Juan, de Sven et de Sarah de "polarisation anti-Peter-Louise", de "frénésie anti-organisationnelle", "d'acharnement anti-Peter", "de hargne" au lieu de répondre aux arguments politiques contenus dans ces textes. La présentation du bulletin 286 (octobre 2001) va aller dans le même sens pour qualifier les critiques au Texte d'orientation (TO) sur La confiance et la solidarité (publié dans la Revue internationale 111 et 112) : "l’expression des désaccords, dans certaines parties de cette section, s’est souvent superposée à une attitude clanique, contestataire ou, dans le meilleur des cas, insuffisamment responsable (pour s’en convaincre, il suffit de parcourir le BIRI 245)." Il suffit alors de cataloguer un texte comme clanique pour qu'il soit déconsidéré et qu'il ne soit donc pas discuté.
Pendant les discussions du mois de juillet sur le Texte d'orientation, Juan - le seul membre de la "minorité du BI " qui n'est pas en vacances, rédige une proposition de rapport d'activités pour le BI extraordinaire prévu en septembre 2001 (cf. notre bulletin n°1). Ce rapport veut présenter une analyse et une orientation alternatives à celles données déjà par les rapports de la CI et le Texte d'orientation sur La confiance, lesquels vont nécessairement déterminer le rapport d'activités de la majorité. C'est à la réunion du SI mensuel du 4/8/01 qu'est présenté le projet de rapport de la nouvelle majorité qui, outre l'analyse du clanisme, met en avant la proposition de changement des statuts afin de créer une Commission d'investigation permanente. Par contre, le "contre-rapport", en s'opposant à l'explication de la crise organisationnelle par le supposé clanisme, défend la politique menée par l'organisation de 1996 à 2001 et développe une autre orientation (cf. le bulletin n° 1 de la fraction). En présentant une analyse alternative sur la crise organisationnelle, il remet en cause explicitement et s'oppose politiquement et ouvertement à la CI, à ses conclusions et à sa "méthode" et, de plus, il critique les comportements de Louise. Normalement, dans une organisation du prolétariat, le fait qu'un militant, ou un groupe de militants, en désaccord avec l'analyse, le bilan et les orientations générales de l'organisation, fasse l'effort de proposer une analyse et une orientation alternatives, qui plus est un mois avant la réunion qui doit discuter ce bilan et ces orientations, devrait être salué même si on est en désaccord avec. Avec la vision clanique, tout autre est la réaction. Voici comment réagissent les autres membres du BI présents.
Krespel : "Sur cette histoire de contre-rapport : clair que tous les membres du BI sont libres de donner leur point de vue sur l’activité du CCI et de donner le titre qu’ils veulent. S’ils veulent écrire ‘contre-rapport’, ils le peuvent. Moi, je pense que c’est une manoeuvre. Pas parce qu’il est malhonnête, mais parce qu’il est pris dans dynamique clanique. (Juan : manoeuvre devant toute l’organisation ?). Le camarade dit : “Contre-rapport” alors qu’il n’a pas lu le rapport ! C’est pour impressionner les camarades dans le CCI. C’est un bluff. S’il pense que le rapport du 14e congrès est valable, pas la peine de l’appeler “Contre-rapport”. C’est un bluff (...).
Du point de vue méthode, le camarade doit prendre position sur la résolution d’activités du 14e congrès.
(Stanley : en quoi c’est une manoeuvre ?)
Krespel : C’est un bluff ! C’est de ne pas prendre position sur le Rapport de la Délégation, ou autre.
(Altercation entre Juan et Krespel) [au cours de laquelle Krespel menacera Juan dans les termes suivants : "tu feras comme Olivier [pour son contre-rapport de la CI en juillet], tu retireras ce rapport !"].
On commence à voir là la panique et l'hystérie qui s'emparent des liquidationnistes, ici Krespel, dès que la CI et son "cadre" sont remis en cause et ne sont pas respectés. Ce désaccord politique sur le cadre que la CI veut imposer, et donc l'opposition à la CI, vont devenir très vite une marque... d'indiscipline, de "clanisme haineux" et de "folie irrationnelle" comme Juan va en être accusé 7 jours plus tard.
Le 11 août (Juan est absent de Paris, Olivier est encore en vacances et Michel refuse de participer), une réunion extraordinaire des délégués européens du BI est convoquée. Durant cette réunion, une nouvelle fois, tous les désaccords sont présentés comme l'expression des faiblesses claniques des uns et des autres et surtout de leurs supposés travers psychologiques (Olivier, Aglaé, Michel, Juan, etc...).
"Pourquoi une convocation extraordinaire aujourd'hui ? Les membres du BI en Allemagne (...) sont arrivés à la conclusion qu'on se trouve dans une situation très dangereuse. Pourquoi ? Le comportement du camarade Juan est hors de contrôle (...), il ne se maîtrise plus (...). Le camarade ne se montre plus capable, et probablement il n'en a plus la volonté, de respecter les règles de fonctionnement de l'organisation : sa proposition de contre-rapport s'opposant au projet de rapport pour le BI extraordinaire [de septembre](...). Le camarade est porteur d'un phénomène irrationnel, pas de sens de débat fraternel, de critique fraternelle, mais une haine aveugle (...)".
Suivent alors toute une série de considérations psychologiques sur Juan et sur le poids de la décomposition (10). Finalement, tous, sauf un camarade, se prononcent pour l'adoption d'une sanction, hésitant entre la suspension et un blâme. Pour quel motif ?
Krashen : "le contre-rapport amène à une mesure telle qu'une suspension, mais dans ce contexte [il évoque le cas où ce ne serait pas compris par l'ensemble des militants de l'organisation] nous devons lui adresser un blâme (11).".
Apparaît clairement là la raison de la sanction contre Juan : sa proposition de contre-rapport. C'est donc bien pour cause de désaccord politique, ou plutôt d'expression ouverte de désaccord politique, que la faction liquidationniste déclenche ouvertement une politique disciplinaire et de sanction. Peter le confirmera par ailleurs en de multiples occasions : "Peter : rapidement, je veux dire un petit mot sur le début de la présentation que faisait tout à l'heure Aglaé qui parle du Collectif basé sur le contre-rapport d'activités rédigé par Juan au mois d'août. Ce texte a valu un blâme au camarade [Juan]" (Bulletin de RI 251, notes de la réunion de section de Paris du 14/11/01).
De même, La prise de position sur le comportement du camarade Juan du SI du 30/9/01 (bulletin international 287) : "En réalité, le fait que, lors de ce BI plénier [celui de septembre], le camarade Juan ait soumis à nouveau à la discussion le contre-rapport qui lui avait valu un blâme le 11 août aurait dû être sanctionné comme tel, une sanction qui aurait dû également s'appliquer aux deux autres membres du BI [Michel et Olivier] qui ont apporté leur soutien à ce rapport".
C'est, sans aucun doute, une première dans l'histoire du CCI : un militant est officiellement sanctionné pour avoir proposé un contre-rapport !
A aucun moment dans cette réunion, le contenu du contre-rapport ne sera discuté. Mais ce n'est pas seulement pour le fait d'avoir présenté un rapport alternatif que Juan est sanctionné. C'est surtout pour avoir présenté un rapport qui rejette la CI, qui pointe les racines organisationnelles et politiques de la crise et qui ose soulever, dans le cadre organisationnel et devant tout le monde (pas dans les couloirs), la question Louise.
Toute raison politique disparaît dans une panique et une hystérie qui vont aller croissantes chaque fois que ces questions (la CI et Louise) sont remises en cause. Cette panique s'était déjà révélée lorsqu'Olivier avait annoncé à la seule CI, juste la veille du SI mensuel de juillet, qu'il proposait un rapport alternatif de la CI. Il avait alors subi de très fortes pressions et intimidations pour qu'il retire ce rapport. Et c'est à ce moment-là qu'il s'était aperçu définitivement et concrètement que Peter, Bruno, et Louise étaient tenus au courant de tous les travaux de la CI et qu'ils la contrôlaient.
L'adoption du blâme contre Juan ouvre la porte à la politique de sanctions systématiques contre les opposants. Elle initie l'abandon de la tradition de la Gauche communiste et du mouvement ouvrier qui privilégie toujours le débat et la discussion des positions politiques. Le processus est alors engagé ouvertement. Il n'y aura plus de résistance en dehors des militants minoritaires qui vont de plus en plus ressentir le besoin de se regrouper au sein du CCI. Ils vont le faire d'abord à travers un "Collectif" au mois d'août 2001, puis en tant que fraction à partir d'octobre. Ces faits et ces trahisons des principes et des pratiques du CCI sont largement suffisants pour justifier politiquement et "historiquement" la constitution d'une fraction. On voit bien là qu'il ne s'agit pas de divergences secondaires, ni de divergences d'orientation sur un point particulier. L'opposition politique porte sur la défense de principes organisationnels qui sont ouvertement trahis.
Tout désaccord politique avec la CI devient alors une marque de méfiance et de "déloyauté" vis-à-vis de l'organisation, une marque de clanisme
La suite des événements est beaucoup plus connue dans le CCI et en dehors du CCI. Nous nous contenterons de rappeler les différents moments qui marquent le processus qui a amené à notre exclusion à partir de septembre. Tout lecteur ou militant intéressé peut, à partir de nos bulletins et prises de position d'une part, et des prises de position du CCI dans sa presse, reconstruire le fil des événements et les leçons politiques à en tirer.
C'est après la présentation par Juan de son contre-rapport d'activités et autour des orientations défendues dans celui-ci que les minoritaires parisiens vont commencer à discuter et décider de se regrouper. D'accord pour rejeter l'analyse du clanisme défendue par la CI et pour défendre l'orientation politique adoptée de 1996 à 2001, se constitue au mois d'août un Collectif de travail qui se déclare ouvertement le 24 août 2001 par une Adresse (cf. notre bulletin n°1) à tous les militants du CCI, c'est-à-dire ouvertement et devant toute l'organisation et non pas secrètement comme le CCI actuel le présente.
Début septembre, le BI plénier extraordinaire a lieu et sa grande majorité bascule définitivement du côté des liquidationnistes au nom de la lutte contre le clanisme et contre le Collectif et ses prétendues "réunions secrètes". C'est ce même BI qui adopte le principe du changement de statut afin de créer une Commission d'investigation permanente et autonome.
De la même manière que l'expression ouverte et frontale des divergences politiques a été vécue par nombre de camarades - voir les chapitres sur les séances du BI lors du 14e congrès - comme une catastrophe, de même la constitution du Collectif est vécue immédiatement comme une entrave à l'unité de l'organisation et comme un danger scissionniste. Il y a là une faiblesse politique particulièrement aiguë et qui reflète l'état réel du CCI et de ses militants, sur laquelle la faction liquidationniste a su jouer avec efficacité.
Devant les réactions d'incompréhension de nombreux militants face à la constitution d'une minorité, militants qui sont aveuglés par la vision du "tout-clanisme" et pour qui toute minorité est nécessairement une menace pour l'unité de l'organisation, le collectif décide de se dissoudre lors de ce BI en croyant ainsi enlever tout obstacle "subjectif" à l'ouverture d'un véritable débat sur l'analyse de la CI concernant le supposé clan, sur le Texte d'orientation, sur le rapport d'activités de la majorité et la proposition d'une CI permanente et autonome. C'est avec soulagement et un espoir illusoire – deux sentiments qui révèlent la peur de la confrontation des positions - que la grande majorité des militants présents (beaucoup de non-membres du BI ont été invités) accueille la dissolution du collectif et salue même les minoritaires.
Pourtant, dès la fin de cette réunion, la faction liquidationniste, Peter le premier, referme la porte au débat, enlève tout espoir de discussion sur les questions politiques générales, en exigeant que les participants du collectif fassent leur autocritique individuelle comme préalable à toute discussion et donc qu'ils renient leur conviction politique. C'est-à-dire qu'ils doivent se situer dans (et donc accepter) le nouveau cadre organisationnel et la nouvelle analyse politique imposés par la CI au nom de la "discipline", de la "confiance et de la loyauté". Le désaccord avec la CI et le rejet politique de sa méthode et de ses conclusions, et donc le refus de l'autocritique individuelle, deviennent la marque de l'indiscipline, de la méfiance et de la déloyauté envers l'organisation !
La mort d'un débat ouvert et fraternel est définitivement entérinée le 21 septembre alors que le collectif est dissous et que la fraction ne s'est pas encore constituée. La CE de RI adopte une résolution qui prend une mesure inédite de censure contre les militants en opposition :
"La CE de RI décide de ne publier ou de ne laisser publier dans les bulletins internes aucune contribution sur les questions organisationnelles émanant d'un participant au "collectif" tant que celui-ci n'a pas fait par écrit une telle critique. En effet, l'organisation ne saurait tolérer que ses bulletins internes soient utilisés contre elle par des militants qui se comportent en ennemis du CCI ou qui, après s'être comportés comme tels, n'ont pas fait une critique sérieuse de leur attitude" (souligné dans le texte adopté, Bulletin interne 287). C'est la première fois dans l'histoire du CCI que des militants sont interdits de publication dans les bulletins internes.
Cette "orientation" vise soit à faire taire et à démoraliser les militants individuellement, soit à les pousser à faire une autocritique personnelle en reconnaissant leurs supposés torts claniques, et cela contre leur conviction politique. C'est extrêmement destructeur des consciences et des convictions militantes. La démoralisation et le désespoir de ces militants ne vont pas tarder à s'exprimer. Elles vont en emporter certains et, reconnaissons-le, elles ont bien failli nous (les futurs membres de la fraction) emporter aussi les uns après les autres. Cette volonté d'éliminer des énergies, des expériences et des consciences militantes sera par la suite publiquement revendiquée dans Révolution internationale n°324 (12).
Dès le lendemain, le 22 septembre, lors d'une réunion extraordinaire de la section de Paris à laquelle participent un grand nombre de militants d'autres sections territoriales, le refus, par certains militants, de voter une résolution de la CI blanchissant Louise de tous ses comportements (sans chercher à en expliquer aucun) va être l'occasion de pressions incroyables contre ceux-ci, pressions qui vont provoquer la démission de Michel et de Stanley et la capitulation politique de quelques autres militants parisiens. Pour sa part Juan (13) qui avait déjà voté contre cette résolution lors du BI de septembre, ose justifier et fonder son vote sur la base de son étude des notes du SI et affirme - pour justifier politiquement son vote - qu'il est convaincu que le comportement de Louise est indigne d'un militant communiste. Après cette intervention, Peter devient complètement hystérique et ses "arguments" sont totalement irrationnels. Jouant de "l'indignation révolutionnaire" (cf. présentation de notre bulletin 13), il accuse Juan de présenter Louise comme un flic (un agent de la police). Il fait voter sa suspension pour 15 jours (14) devant un parterre de militants affolés, paniqués, et culpabilisés par... leur propre méfiance et doutes passés sur les comportements de Louise. Beaucoup, trop malheureusement, commencent à se vautrer sans retenue et sans pudeur dans des déclarations d'indignation contre ceux qui refusent de voter la résolution d'une part ; et d'autre part de "solidarité" à Louise et Peter devant le "calvaire", "l'enfer", que l'ancien SI leur aurait fait subir durant toutes ces années. Avec le recul, c'est du plus haut ridicule. Sur l'instant, il est particulièrement navrant et désespérant de voir nos propres camarades de combat abandonner les uns après les autres toute raison politique et sombrer dans l'autocritique individuelle et la culpabilisation psychologique. Nous ne sommes plus dans une réunion politique d'une organisation communiste mais dans un psychodrame des plus lamentables. Commence alors aussi pour certains - d'autres ont déjà commencé depuis quelques temps - une surenchère pour montrer qu'ils sont au premier rang de la lutte contre le clanisme...
Alors que sa suspension s'achevait le lendemain, Juan reçoit le samedi 6 octobre vers 21h un coup de téléphone de François mandaté par le SE lui signifiant qu'il est à nouveau suspendu puisqu'il continue à vouloir prendre des notes des réunions auxquelles il participe et qu'il, de ce fait, ne respecte pas la discipline - la nouvelle discipline - de l'organisation. Le dimanche 7, Olivier est suspendu à son tour pour avoir pris des notes lors d'une rencontre avec une délégation (cf. bulletin 1). La litanie des sanctions continue tout au long du mois d'octobre (bulletin 2), blâmes pour Aglaé et Sarah, 4 semaines de suspension pour Olivier et Juan, pour avoir refusé de participer à un simulacre de procès lors d'une réunion du SI mensuel (20/10/02). De plus, Juan est suspendu sans limite de temps, - c'est-à-dire jusqu'à son exclusion qui est programmée au moins depuis août et la présentation de son rapport d'activités - après un grossier montage de Peter selon lequel Juan aurait accusé Louise d'être un agent de l'Etat - toujours le même procédé - auprès des militants du Mexique lors de ses vacances - ce qui est faux et démenti par tous les participants à la rencontre, y inclus par la principale "accusatrice" dont Peter a provoqué les "confidences". La sanction est prise avant que Juan n'ait été entendu par quiconque. Avant même d'être "invité" à rencontrer des délégations, il est accusé par Peter en section de Paris et condamné sans qu'il ne puisse se défendre (cf. notre bulletin 2) en rupture complète avec les statuts. Il est alors interdit aux militants du CCI d'avoir aucun contact avec Juan. Il s'agit de l'isoler complètement de ses camarades et amis. Là aussi, il y a une rupture complète avec la tradition du CCI dans ce type de situation : jusqu'alors le CCI favorisait systématiquement les contacts de camarades avec les militants qu'il estimait en "perdition". Mais il est vrai alors que le CCI et les militants étaient convaincus des positions et de la politique que le CCI adoptait. Là on a trop peur que les "délégués" subissent l'influence des arguments de Juan... basés sur les notes du SI.
Le mois de novembre voit la faction liquidationniste tout faire pour que les membres de la fraction lui remette la première partie de cet Historique du SI (cf. bulletin 3) qui les dénonce sans réfutation possible. On essaie même déjà de leur faire signer un papier dans lequel ils s'engagent à ne rien publier sur la crise du CCI durant... 5 ans (15). Le 28 novembre, les derniers membres parisiens de la fraction encore présents en réunion, Sarah et Aglaé, sont mises en demeure de quitter la réunion de section de Paris sous prétexte qu'elles refusent "de payer leurs cotisations" sans qu'elles puissent argumenter et défendre leur point de vue (cf. bulletin 4). Même chose le 5 décembre. Au nom de "l'indignation révolutionnaire", c'est un véritable rapport de violence "orale" et physique que Peter et Bruno imposent "courageusement" dans les réunions de section (cf. le bulletin 4) vis-à-vis d'Aglaé et Sarah et devant le silence gêné et honteux des autres camarades. Ils essaient d'imposer aussi ce rapport de violence en dehors des réunions jusqu'au domicile des camarades et au vu et su des familles de ces derniers. On peut imaginer la violence des insultes orales en réunion à la simple lecture de la résolution du SE mensuel du 21 novembre (le document n'est pas daté donc nous supposons qu'il a été rédigé le 21). Ce document "dénonce" "la duplicité et l'hypocrisie des militants (...) dont le seul but est de foutre la merde dans l'organisation (...), leurs répugnantes magouilles, leur sale petite cuisine, leur basse mesquinerie de clique (...) il est particulièrement crapuleux d'accuser l'organisation (...) la fraction ne fait par son hypocrisie, sa lâcheté et sa duplicité"... (idem).
Il est particulièrement instructif et significatif que Louise remet les pieds en section de Paris le jour où les derniers membres de la fraction en sont finalement éjectés. Un an après son "congé militant". Plus de deux ans après sa sortie du SE pour cause de "maladie". Tous les militants qui ont, à un moment ou un autre, posé dans le cadre organisationnel la question des comportements de Louise sont devenus des pestiférés et des voyous. Pour ceux-là, tous les moyens (mensonges, discrédit, provocations, montage policier, insultes) sont bons pour les exclure de l'organisation :
- Jonas a posé devant une délégation de la CI ses accusations contre Louise et, ensuite, quand des militants venaient le voir et lui demander pourquoi il avait démissionné ;
- Olivier a soulevé la question dans des séances du BI lors du 14e congrès (cf. Chapitre 23) ; ensuite, dans le cadre de sa participation à la CI ; et enfin dans une confrontation avec Louise - très significative de l'embarras de celle-ci et de la CI quand il s'est agi de répondre à des questions et faits précis et concrets - organisée pourtant par la CI ;
- Juan l'a fait dans le chapitre 6 qu'il a présenté lors du SI mensuel de juillet et qu'il a remis à la CI ; il vote contre la résolution de la CI blanchissant Louise lors du BI plénier de septembre ; et justifie devant l'organisation son vote lors de la réunion de Paris du 22 septembre et y maintient sa dénonciation de Louise pour comportement indigne d'un militant ;
- Aglaé avait posé ses questions et doutes lors d'une entrevue avec la CI... en avril 2001 - elle avait, à cette occasion, fourni à la CI des notes du SE mettant en évidence les propos et l'attitude de Louise ;
- Michel et Stanley refusent de voter la résolution sur Louise et sont alors méthodiquement détruits et poussés vers la démission (16).
Il convient ici de relever qu'aucun de ces militants n'a jamais caché à l'organisation sa position sur Louise. Ils ont toujours posé leur questionnement dans le cadre formel de l'organisation. C'est par les scandales et les provocations de Peter, d'abord dans l'organisation, puis dans la presse du CCI, que la question des comportements de Louise et des doutes qui l'accompagnent, est devenue "publique".
Olivier et Juan, suspendus ad vitam aeternam, sont "invités" au BI plénier de janvier 2002 dans lequel ils présentent et défendent un rapport d'activités alternatif et une prise de position sur la situation internationale qui est en opposition à la prise de position du CCI tant sur la signification historique des attentats du 11 septembre que sur les luttes ouvrières en Argentine. Nombre de participants à cette réunion tendent à partager en grande partie leur point de vue sur la situation internationale, en particulier sur les luttes en Argentine. Mais aucun d'entre eux ne va oser se prononcer ouvertement dans le même sens de peur d'être accusé de faiblesse, voire de connivence, vis-à-vis de notre "supposé" clanisme. Encore une fois, la "logique" destructrice du tout-clanisme dénature et étouffe le débat et la clarification politiques. Par contre, d'autres membres du BI se sentant obligés de montrer les dérives claniques sur le plan des positions politiques et de montrer qu'ils sont à l'avant-garde de ce combat, prennent le contre-pied de notre position et vont, par exemple, jusqu'à nier l'existence de tendances à la constitution de blocs impérialistes dans la période historique actuelle.
Mais le véritable objet de l'invitation d'Olivier et Juan à ce BI n'est pas d'écouter, ni de discuter des positions politiques qu'ils présentent. C'est l'occasion d'essayer de les "mouiller" dans l'exclusion de Jonas comme "agent provocateur" (cf. notre bulletin n°6). Cette réunion voit des manoeuvres et une tactique digne des pires magouilles gauchistes. En particulier, sont présentées les unes après les autres toute une série de résolutions qu'il faut voter dans l'urgence, immédiatement, sans pouvoir demander un temps de réflexion au risque de recevoir des sommations et des insultes, et qui ne visent qu'à piéger les deux membres de la fraction et les amener à voter la condamnation de Jonas. Il n'y a là que tactique et manoeuvre et aucun principe (cf. Déclaration de la fraction au CCI et à tous ses militants, bulletin 6). Outre le fait qu'elles ont pour but de chercher à compromettre les deux membres de la fraction présents dans une ignominie, l'exclusion et la dénonciation publique de Jonas essaient désespérément de couper court aux questionnements sur le comportement de Louise.
Pourquoi cette fixation et obsession sur Louise de la part de Peter (son mari) et de la faction liquidationniste ? Pourquoi cette véritable hystérie et panique quand ses comportements sont posés sur la table et mis en question ?
Et pourquoi ramener toujours tout à cette question alors qu'elle n'était pour nous, et continue à n'être pour nous, qu'un élément parmi d'autres de la crise actuelle du CCI ? Quelle que soit la nature des comportements de Louise, et même s'ils sont devenus à un moment donné un élément déclenchant de la crise, ils n'en sont, en aucune manière, une des raisons de fond. C'est une question qui est parfaitement claire pour nous : le contenu de nos bulletins, depuis le début, en fait foi.
La seule réponse que l'on peut donner à ces interrogations légitimes est que Louise est avant tout un problème pour les liquidationnistes ; et c'est un problème dont la solution contient leur propre remise en cause.
Finalement, se tient la conférence extraordinaire de mars 2002 qui, le rapport d'activités adopté en janvier l'annonce à l'avance, doit décider de l'exclusion définitive des membres de la fraction sous le "motif" qu'ils se sont mis en dehors. Les conditions exigées individuellement aux membres de la fraction pour participer à la conférence sont inacceptables sauf à renier leur conviction politique (cf. le bulletin n°8) et bien évidemment aucune reconnaissance de la fraction n'est envisagée.
L'exclusion de notre fraction à cette conférence signe la fin de tout un processus opportuniste qui a fait franchir au CCI tout un tas de pas desquels on a peu de chances de revenir. Elle marque l'ouverture d'une autre phase du combat historique pour la construction du parti mondial du prolétariat duquel le CCI actuel tend à s'exclure, chaque fois plus enfermé dans sa dérive sectaire et opportuniste. Tôt ou tard mais inévitablement, sauf à rompre complètement avec la politique actuelle sur la base d'une critique radicale, le CCI actuel disparaîtra étouffé par l'opportunisme et le sectarisme. Un seuil a déjà été franchi malgré nos multiples avertissements : la faction liquidationniste a gagné et, à l'évidence, elle n'a plus d'opposition dans l'organisation. Ses membres éminents, son noyau d'origine, la clique familiale, qui aspirent à reprendre le fil-rouge de Marx, Lénine, Rosa Luxemburg, MC... sont effectivement rentrés dans l'histoire du mouvement ouvrier et de ses organisations, comme les liquidateurs d'une de ses plus belles et exaltantes expériences organisationnelles.
Janvier 2003
Notes:
1 Il faudrait un jour, si nous en avons le temps, que nous ramassions ensemble tous les qualificatifs psychologiques et toutes les insultes, qui nous ont été adressés par écrit, dans des textes adoptés par l'actuel CCI et ses militants durant toute cette période. Cela illustrerait le niveau où est tombée cette organisation et ne manquerait pas d'offrir un parallèle saisissant avec les pratiques staliniennes en la matière.
2
Contrairement à ce que prétend le CCI aujourd'hui,
l'accusation que nous serions des flics ne remonte pas à
notre présence à la Réunion publique de
juin 2003. Dès 2001, nous étions déjà
accusés en interne d'être des flics et des voleurs (ce
qui aurait dû déjà motiver notre exclusion alors
si le... CCI lui-même et ses militants croyaient vraiment à
ce qu'ils écrivaient et votaient : "En annonçant
la publication d'un document “La réelle histoire de
l'Organe central du CCI” (...) [Le clan, c'est-à-dire
la fraction] a été plus loin que (...) Chénier
(...). En fait, dans sa rage destructrice, l'auto-proclamée
fraction a commencé à faire le travail de la police"
(Rapport d'activités adoptés au BI plénier
de janvier 2002). "Avec leur révélation
annoncée de la publication de l'histoire secrète des
organes centraux, ils ne font pas que copier les pratiques typiques
du gauchisme, ils font juste le travail de la police. Mais
même la police ne fournirait pas une telle information au
hasard. Elle ne fait cela que pour lancer une campagne contre un
groupe ou un courant" (note 2 de ce rapport). "Nous
sommes les témoins d'un nouveau phénomène :
un clan dont les activités sont essentiellement dédiées
à faire le travail d'un agent provocateur (...);
Aujourd'hui l'attitude du noyau dur de ce clan [La fraction]
dissout cette distinction dans une fusion du pire comportement à
la fois de la petite-bourgeoisie et des éléments
déclassés et criminels de la société
bourgeoise" (Texte sur La défense de
l'organisation, adopté en janvier 2002).
C'est
en fait dès l'été 2001 que notre "sort"
était scellé et que les accusations les plus sordides
étaient portées. Pour les rendre publiques et les
faire "accepter" par un minimum de sympathisants et
surtout... par les militants, il fallait attendre "l'occasion"
qui puisse avoir un peu de crédibilité aux yeux des
"convaincus" ou des naïfs bien disposés.
3 Sur ces difficultés générales, nous renvoyons le lecteur au rapport d'activités (notre bulletin n°1) que nous avons proposé et à notre prise de position sur le rapport adopté par la majorité à la réunion plénière du Bureau International de septembre 2001.
4 L'ensemble de l'organisation et de ses militants sont tenus dans l'ignorance de l'existence de la CI jusqu'au lendemain du congrès. Elle va "travailler" dans son coin, indépendamment du BI et du SI, auxquels elle ne remettra un "rapport" qu'à la veille du congrès. Mais si elle travaille "indépendamment" des organes mandatés par l'organisation, elle travaille... sur la base des dizaines et dizaines de pages de véritables dossiers d'accusations personnelles et psychologiques qui lui sont fournies par Peter, Louise et leur complice Bruno et qui sont au courant de tous ses travaux. Selon le "Témoignage" de Peter par exemple, la raison de la haine clanique des membres du SI, surtout celle du "guru" Michel, est leur "complexe d'infériorité à mon égard"... C'est martelé et répété à maintes reprises. Malheureusement, nous n'inventons rien même si, encore aujourd'hui, nous nous frottons les yeux quand nous relisons tous ces documents. Que ces galimatias aient pu être "acceptés", adoptés, aussi facilement par les militants, en dit long, très long, à la fois sur l'état "militant" et psychologique de leurs auteurs - et leurs méthodes de manipulation psychologique - et surtout, beaucoup plus important, sur le degré d'affaiblissement politique qui gangrenait déjà auparavant, et depuis un certain temps, notre organisation et ses militants.
5 Il est intéressant de relever ce que défendait le camarade MC lui-même sur ce sujet, lorsqu'il était membre d'Internationalisme dans les années 1940 et 1950. De plus en plus souvent, les écrits de MC viennent s'opposer aux positions actuelles du CCI. Nous aurons l'occasion d'y revenir et de dénoncer les déformations conscientes et mensongères des citations de ce militant dont le liquidationnisme, en mal de "légitimité" politique, revendique l'héritage. Il en va ainsi sur la question de la lutte de Marx contre Bakounine dans la 1e Internationale que l'actuel CCI a réduit... au "clanisme" de Bakounine et aux ambitions personnelles. Voilà ce que rappelait Internationalisme sous la plume de MC en 1946 : "C'est à la fois lui [Marx] faire injure gratuite et lui attribuer une force démoniaque que de voir dans la dissolution de la première Internationale le simple effet d'une manœuvre, d'une intrigue personnelle. Il faut vraiment être aussi borné qu'un James Guillaume pour voir dans les événements d'une importance historique le simple produit de la volonté des individus. Au delà de la légende anarchiste, il faut voir et saisir la signification de la dissolution de la première Internationale" (Internationalisme n°12, août 1946, signé Marco). Au-delà de la réfutation de la nouvelle théorie du CCI sur les crises organisationnelles dans l'histoire du mouvement ouvrier réduite au clanisme et aux questions de personnes, nous invitons le lecteur, et particulièrement les militants du CCI actuel, à méditer sur le parallèle, la rencontre, entre la "légende anarchiste", sa vision, sa méthode, son idéologie et les "légendes" du CCI actuel, sa vision et ses méthodes, son idéologie, sur l'histoire des crises organisationnelles.
6 Cette nouvelle discipline, comme le lecteur va le voir dans l'Epilogue, revenait à nous interdire de constituer une fraction, à nous interdire de présenter des rapports d'activités, à nous interdire de présenter et argumenter nos divergences sur le clanisme, à nous interdire de publication dans les bulletins, à nous interdire de voter contre des résolutions (!), à nous interdire de prendre des notes, à nous interdire de payer nos cotisations, à nous interdire d'intervenir publiquement et de diffuser la presse et les tracts de notre organisation, à nous interdire tout contact personnel avec les autres militants, etc....
7 "La délégation du BI mandatée pour le représenter à la CE plénière souhaite que les camarades du BI à Paris participent à cette CE plénière. Elle pense que cela serait positif pour le débat. De même, elle souhaite que les camarades de la CO et du CR puissent participer au travail du dimanche de cette CE" (La délégation du BI, 19/05/2001). La réunion a lieu le 19/05/01. Ce petit mot est remis en même temps à Michel à la fin de la Réunion publique, une demi-heure avant !
8
La confusion sur ce qui a été votée est
incroyable. Encore au mois d'août, la plus grande confusion
perdure.
"Aglaé :
dans l’introduction du BII 284, on dit que le Texte
d’orientation a été formellement adopté
par le SI mensuel, alors que cela n’apparaît pas comme
ça dans les notes.
Krespel :
dans les grandes lignes, le Texte a été voté.
Mélanie :
mais on est revenu en arrière et ce n’est pas clair
dans les notes, car votes sur la publication et sur le Texte
lui-même." (notes du SI mensuel du 4/8/02).
Krespel, le rédacteur du texte, est particulièrement
précis, "dans les grandes lignes" dit-il. En fait,
c'est sur base d'une vague présentation orale et dans la
confusion la plus totale que ce texte est voté et adopté.
9 C'est à l'issue de cette discussion que les camarades vont éprouver le besoin de discuter de l'éventualité de former une minorité organisée au sein du CCI.
10 Dans le désordre :"lumpenisation, attitude anarchiste, haine, forte attaque contre l'orientation, mensonges monstrueux, comportements typiques du gauchisme et du parasitisme, attaque démocratiste (sic), noyautage du BI par leurs textes, même tactique que Chénier, son état d'esprit est le résultat du comportement clanique, menaces, chantage, destruction, suicide politique, comportement irrationnel, voyou, dissolution de l'organisation,..."
11 Le vote de la sanction et d'une résolution sera adopté par 6 pour et une abstention. Vu comment Juan est présenté, voyou, lumpen, maître-chanteur, bluffeur, etc... voici comment D. justifie alors son abstention : "Je ne peux pas comprendre l'attitude des camarades. Je suis allé avec Juan au Mexique, il ne se mettait jamais en avant, respectait scrupuleusement les mandats, etc...".Le "etc." de la prise de notes laisse à entendre que Dario donne d'autres exemples qui s'opposent au portrait psychologique et politique que l'on s'essaie à dresser de Juan depuis maintenant plusieurs mois. Cette "méthode psychologique" pour discréditer des militants (Michel, Jonas, Aglaé, etc...) systématiquement utilisée depuis plusieurs mois dans les conversations privées, a maintenant droit de cité dans les réunions formelles sans que quiconque ne s'en offusque.
12 "A ces ex-militants, un de nos abonnés a adressé dans une lettre au CCI le conseil suivant : "s'ils sont fatigués, qu'ils aillent se coucher". Nous pouvons ajouter : c'est le meilleur service qu'ils puissent rendre au prolétariat" (RI 324, CR de la réunion publique du 4 mai 2001).
13 Epuisés et en partie démoralisés, Olivier, Sarah et Aglaé sont incapables alors de participer aux réunions. Ils ne participent pas aux réunions du mois de septembre.
14 Durant 24 heures, Juan à son tour sera désespéré et sur le point de démissionner.
15 "Je soussigné (...), militant du CCI, atteste sur mon honneur de militant communiste que, au cas où je quitterais le CCI, je m'interdirais de publier pendant une période de 5 ans des textes contenant des éléments sensibles concernant le fonctionnement de l'organisation, et notamment des éléments basés sur les procès-verbaux des organes centraux" [c'est-à-dire au premier chef cet Historique]. Autrement dit, une fois dehors, les militants auraient pu s'exprimer sur tous les sujets, y compris la pluie et le beau temps, sauf sur les raisons de leur expulsion et de la constitution de la fraction.
16 Jusqu'au mois de décembre 2001, plusieurs délégations rencontrent Michel. Et alors que les délégués lui demandent de retirer sa démission, Peter qui participe, n'hésite pas à couper la parole aux autres pour couper court à cette possibilité et pour détruire le militant : "si tu veux garder ton honneur de militant passé, il ne te reste qu'une seule chose à faire : reprendre le paiement de tes cotisations à l'organisation et dénoncer par écrit la fraction". Pour Peter, il est hors de question qu'il reste militant dans ou hors du CCI. Il s 'agit de le détruire à jamais.
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