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Nous publions ci-après un tract de Battaglia Comunista par rapport aux réactions prolétariennes qui ont lieu en Italie pour "empêcher l'embarquement des armes et des fournitures de guerre". Nous renvoyons à BC pour la connaissance de ces manifestations contre la guerre dont seule une partie est connue dans les autres pays. Comme le dit Battaglia à juste titre « c'est un phénomène nouveau et nous le saluons comme tel.» Il ne faut pas surestimer ces réactions de classe, mais elles sont nouvelles et très importantes. Nous savions qu'elles allaient nécessairement se manifester et la bourgeoisie également le savait. C'est la raison pour laquelle elle a monté une campagne pacifiste d'une ampleur sans précédente pour détourner la colère des travailleurs et tenter de leur faire croire qu'il pouvait exister un capitalisme pacifiste.
Si nous publions ce tract de Battaglia c'est pour saluer également le réflexe prolétarien de cette organisation qui a su déterminer l'importance de cet événement pour notre classe. Il manifeste l'importance de : "la re-émergence de la classe ouvrière en tant que seule force réellement ennemie de la bourgeoisie et de son système pourrissant" qui "est de plus en plus urgente". "Le prolétariat est l'unique force capable d'éviter la solution capitaliste de la crise, qui est depuis toujours la guerre. Il peut émerger des épisodes que nous saluons, et que la bourgeoise craint, un processus, peut être lent et compliqué, mais qui amènera la classe ouvrière à se représenter sur la scène et avec elle le spectre du communisme".
Ces manifestations ne sont pas isolées. Les ouvriers de l'entreprise américaine Carterpillar en Belgique près de Charleroi ont marqué leur opposition à la guerre impérialiste le lundi 24 mars en organisant une manifestation devant le site. Les délégués syndicaux ont indiqué clairement que leur action n'était pas dirigée contre leur entreprise mais contre la guerre. La direction a critiqué "une action politique". On voit bien que ces réactions sont encore dirigées par la bourgeoisie : les syndicalistes, mais d'autres fractions de cette même bourgeoisie ne s'y trompent pas et notent que c'est une "action politique". C'est ce dernier aspect que nous tenons à souligner.
Ce qui nous permet de rappeler d'autres manifestations ouvrières que nous avions signalées dans notre Bulletin n°15.
"Lors d'une Assemblée générale d'ouvriers d'EDF-GDF, à l'occasion des débats et de la mobilisation importante qui s'est faite en riposte à l'attaque contre leur régime de retraites que prépare le gouvernement, la motion suivante fut adoptée à l'unanimité d'une «centaine de présents jusque dans le couloir» [1] : «L'assemblée générale d'Arcueil se prononce contre l'envoi de troupes françaises en Irak'»".
La fraction a noté que depuis les réactions prolétariennes en Argentine, la situation commence à changer pour la classe ouvrière. Avec la guerre en Irak, nous savions que nous devions nous attendre à des réactions prolétariennes et c'est la raison pour laquelle la fraction intervient de façon déterminée dans les manifestations contre la guerre malgré ses faibles moyens. La fraction est intervenue :
- lors de la manifestation à Paris du 18/01/2003 contre la guerre, et en l'absence d'une intervention des groupes de la Gauche communiste par voie de tract, notre Fraction a décidé de faire entendre la voix internationaliste. Nous y avons diffusé environ 500 exemplaires d'un tract élaboré à partir de l'article Une nouvelle période s'ouvre paru dans notre Bulletin 14 ;
- avec le BIPR (Bilan et Perspectives), le 15 février, la Fraction a distribué 1200 exemplaires de ce même tract et a contribué à la diffusion de 2000 tracts du BIPR ;
- le 22 mars, la Fraction a distribué son tract, légèrement actualisé, à plus de 2000 exemplaires.
- au Mexique dans plusieurs manifestations et sur les lieux de traval, où nous avons distribué le tract du BIPR ainsi que notre propre tract.
La Fraction a proposé au BIPR, au PCI et au CCI d'aider à la diffusion de tout tract internationaliste, avec lequel elle serait en accord, et produit par ces derniers groupes. Elle a également appelé tous les militants internationalistes isolés à se joindre à ces groupes politiques pour faire entendre le plus fortement possible la voix prolétarienne.
Les prolétaires n'ont pas de patrie ! Vive la révolution prolétarienne !
Différentes sensibilités alternatives ont amorcé un mouvement tentant de freiner les transports ; il culmine avec l'engagement des travailleurs et leur boycott pour empêcher l'embarquement des armes et des fournitures de guerre. C'est un phénomène nouveau et nous le saluons comme tel- il indique une première manifestation de la classe, pour le moment encore entièrement à l'intérieur de la logique démocratico-bourgeoise, mais qui menace de la dépasser dans un processus de développement éventuel.
La CGIL appelle les travailleurs à cette forme de lutte pour se refaire une virginité politique sur le thème de la paix, après avoir appuyé la guerre de l'OTAN en 1999, après avoir coopéré, avec les autres centrales syndicales, aux attaques massives contre les salaires et les conditions de travail conduites par la bourgeoisie dans les 15 dernières années. Maintenant, elle utilise cette lutte pour des buts d'opposition politiques aussi bien internes au centre-gauche que contre le centre-droit, sans aucune référence au caractère impérialiste et anti-prolétarien de cette guerre. C'est sur ce terrain que se placent aussi bien de larges secteurs de l'Eglise que la gauche institutionnelle (Rifondazione Comunista, Verts, gauche de la DS) et le mouvement « no global » (anti-mondialisation) qui est en grande partie le bras mouvementiste de cette "gauche".
Mais il reste le fait que quand les travailleurs, la classe en tant que telle, entre en action, le moment arrive pour la bourgeoisie et son personnel politique de commencer à nourrir les premières vraies peurs.
La guerre n'est plus faite par des prolétaires sous l'uniforme, il y a des professionnels pour l'activité militaire et la population civile est amenée à payer en étant massacrée sous les bombes et en travaillant pour alimenter qui sert les armes. Par certains aspects, il n'est plus nécessaire, comme c'était encore le cas au cours de la deuxième guerre mondiale, que la classe ouvrière se positionne à l'intérieur des camps impérialistes. Il suffit qu'elle reste à la maison, dans les usines et les bureaux à travailler pour la guerre. Le problème se pose quand la classe commence à refuser de travailler pour la guerre et devient elle-même un obstacle sérieux au développement de la guerre. Cela et non pas les manifestations mêmes immenses de citoyens pacifistes ou les veilles de prières demandées par le Pape- est un frein à la guerre, cela peut arrêter la guerre.
Les USA attaquent l'Irak pour des raisons uniquement impérialistes : s'assurer de la rente financière parasitaire dont ils jouissent depuis des décennies grâce au monopole du dollar, fondée en particulier sur le contrôle du pétrole ; empêcher un enracinement de l'Europe et particulièrement de l'Euro dans les zones pétrolifères du Moyen-Orient et de la mer Caspienne ; disposer d'une présence militaire et politique dans une zone stratégique importante dans la perspective d'une opposition plus ferme de l'Europe. L'Europe ou plutôt cet axe franco-allemand qui d'ores et déjà tente de la construire- cherche à s'opposer à son tour au plans militaires américains qui sont en grande partie dirigés contre elle et son Euro, jouant aujourd'hui la carte du pacifisme et posant ainsi un piège idéologique dans lequel beaucoup sont déjà tombés.
Ce qui se profile de façon sinistre pour les perspectives d'émancipation du prolétariat- c'est un nouveau nationalisme… supra-national, européen, déjà sous-entendu dans les déclarations des supposés réfractaires. La référence à une Europe des droits de l'homme et des valeurs sociales opposée à l'individualisme exaspéré mêlé à une forme perverse d'autoritarisme arrogant des américains est le début d'un alignement sur les positions de la bourgeoisie européenne dans son opposition finale à celle de l'Amérique.
De l'autre côté la partie est déjà commencée. Si, au moment de la chute du bloc russe en 1989, il n'était pas clair de comprendre comment allaient être redonnées les cartes entre les différentes positions impérialistes, il est désormais clair que les USA auront affaire avec une partie consistante de l'Europe, ou avec toute la zone actuelle de l'Euro, probablement alliée avec la Russie. Restent à part des joueurs importants Chine et Japon- mais les événements en préparation les pousseront eux-aussi à un positionnement plus précis.
Les événements se précipitent avec l'accélération de la crise du cycle d'accumulation qui désormais tenaille le capitalisme depuis un quart de siècle. La ré-émergence de la classe ouvrière en tant que seule force réellement ennemie de la bourgeoisie et de son système pourrissant est de plus en plus urgente. Le prolétariat est l'unique force capable d'éviter la solution capitaliste à la crise, qui est depuis toujours la guerre.
Il peut émerger de tels épisodes que nous saluons, et que la bourgeoisie craint, un processus, peut-être lent et compliqué, mais qui amènera la classe ouvrière à se représenter sur la scène, et avec elle le spectre du communisme.
Il Partito Comunista Internazionalista
(Battaglia comunista e Prometeo)
Le 23 mars dernier, un des membres de notre fraction a été contacté par un sympathisant proche du CCI qui nous a affirmé que, sur sa demande et son insistance particulière, des "responsables" du CCI auraient concédé, et cela pour la première fois depuis le début de la crise interne[2] , aux membres de notre fraction la possibilité de diffuser le dernier tract du CCI sur les lieux de travail.
Nous rappelons que c'est une requête que notre fraction fait régulièrement auprès des 3 principales organisations - CCI compris - du "camp prolétarien", en particulier depuis l'accélération de la situation suite au 11 septembre 2001. Nous l'avons faite, encore une fois, avant la manifestation du 22 mars, auprès du BIPR et du PCI-Le Prolétaire ; si nous n'avons pas sollicité le CCI cette fois-ci, c'est uniquement du fait de l'attitude de mépris ostensible et même d'hostilité agressive que nous subissons de la part de cette organisation et d'un grand nombre de ses militants parisiens à chaque fois que nous sommes amenés à les croiser.
Pour notre fraction, il n'y a que des questions politiques ; c'est pour cela que, contrairement à ceux qui nous ont exclus, nous ne nous laissons pas dominer ni entraîner par nos sentiments (surtout quand ils sont "noirs") ; c'est aussi pour cela que notre préoccupation première (et unique), dans la situation dramatique qu'impose la bourgeoisie mondiale avec sa spirale guerrière, est de tout faire pour que les rares voix communistes internationalistes qui existent aujourd'hui (et le CCI, malgré sa dégénérescence actuelle, est encore l'une d'entre elles) soient le plus largement entendues dans la classe.
Notre fraction a évidemment et unanimement accepté de diffuser le tract du CCI, comme elle l'a fait et le fera encore pour ceux des autres groupes du camp prolétarien quand elle les jugera globalement valables et adaptés à la situation. Nous tenons à souligner que, pour cette décision, notre camarade Jonas a été en pointe ; comme toute la fraction, il n'a mis en avant pour cela que la question des intérêts fondamentaux de la classe aujourd'hui et rejeté toute considération subjective alors qu'il continue d'être, lui en particulier, l'objet des pires attaques et autres dénonciations publiques sordides et scandaleuses de la part du CCI.
Fort de l'aval officiel du CCI, plusieurs membres de notre fraction ont donc diffusé le tract du CCI sur leurs lieux de travail.
Notes
[Note 1] . Cité dans Le Prolétariat Universel n° 60 P. Hempel. 67, rue Henri Ginoux 92120 Montrouge (France)
[Note 2] Rappelons qu'en juin 2002 (cf. bulletin n° 12 de la fraction), le CCI annonçait officiellement en Réunion publique qu'il avait recommandé à tous ses militants de rompre toute relation personnelle, amicale et politique avec les membres de notre fraction ; également depuis cette date, toutes les RP à Paris sont systématiquement introduites par un rappel interdisant à tout membre de notre fraction d'intervenir oralement dans celles-ci, malgré les protestations de participants. Le CCI aurait-il modifié en catimini cette orientation ? Il est vrai que, lorsque nous nous adressons à ses militants dans les manifestations, ceux-ci répondent à nos saluts et échangent même quelques mots. Quoiqu'il en soit, il faudra bien qu'un jour le CCI fournisse des explications politiques cohérentes sur sa politique en direction de notre fraction ainsi que sur ses modifications d'attitude à notre égard.
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