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Depuis maintenant 6 mois, s’est constituée une fraction interne au CCI qui regroupe aujourd’hui des militants à Paris et au Mexique en opposition aux orientations majoritaires après le 14e congrès qui s’est déroulé en mai 2001. La constitution de cette fraction a fait suite à une situation de crise organisationnelle au sein du CCI qui a vu le débat sur les divergences politiques être étouffé et remplacé par des accusations sur l’existence d’un clan, “ d’une secte fanatique aux méthodes nazis et staliniennes ” et qui a vu la démission d’un certain nombre de militants de l’organisation.
Aujourd’hui, après toute une politique de sanctions (1), de calomnies, de discrédit des militants en opposition, dont ceux de notre Fraction, nous sommes en voie d’être formellement exclus du CCI.
Nous avons reçu une lettre de l’organe central du CCI qui annonce, de fait, notre exclusion pour le 22 mars prochain. En nous posant des conditions qu’il nous est impossible d’accepter, comme il le serait à toute minorité organisée ou non - sauf à se dissoudre et à renoncer à la défense de ses convictions politiques -, les organes centraux du CCI essaient de masquer notre exclusion en disant que “ nous nous mettons nous-mêmes en dehors du CCI”.
“Tu te mets toi-même en dehors du CCI. A toi de décider, au moment de la Conférence, si tu maintiens cette décision de quitter l’organisation ”. Dire que nous voulons quitter le CCI est un mensonge. Nous avons toujours affirmé notre volonté de mener notre combat au sein du CCI et nous la réaffirmons aujourd’hui encore. Depuis 6 mois, nous avons publié 7 bulletins à destination de tous les militants du CCI qui réaffirment à chaque fois notre volonté de rester défendre nos convictions dans le CCI. Et qui n’ont eu de cesse que d’appeler à l’arrêt de la politique de provocation et de sanctions et à l’ouverture d’un débat politique sur les questions en divergence.
En fait, les conditions qui nous sont imposées pour pouvoir “ rester dans le CCI ” révèlent clairement l’objectif de notre exclusion : nous faire taire à l’intérieur du CCI comme à l’extérieur. Quelles sont ces conditions ?
“ C’est donc la date limite pour nous faire parvenir :
- l’intégralité de tes cotisations en retard ;
- le document d’engagement à ne pas publier à l’extérieur [des documents internes de l’organisation pendant une période de 5 ans] (il suffit de signer et de renvoyer le papier que tu as déjà reçu à cet effet) ;
- le rejet écrit de la déclaration de manque de loyauté envers le CCI contenue dans le bulletin n°6 de la “Fraction” ;
- le rejet écrit de la déclaration de solidarité politique avec Jonas, également contenue dans le bulletin n°6 de la “Fraction ” (lettre du 3/3/02 de l’organe central du CCI adressée aux membres de la Fraction à Paris).
Une fraction et des militants impuissants car sans moyens matériels.
Nous avons toujours voulu payer nos cotisations. Si nous avons demandé de ne pas en payer l’intégralité, c’était pour avoir les moyens matériels de faire fonctionner la fraction et notamment de publier notre bulletin. D’autant qu’il nous avait été interdit de faire paraître nos textes dans les bulletins officiels de l’organisation. La non reconnaissance formelle - en violation des statuts du CCI - de la fraction et le refus qu’elle ait les moyens, y compris financiers, pour fonctionner, sont les expressions les plus claires de la volonté d’étranglement de notre fraction et de censure de l’expression de nos divergences.
Une fraction qui devrait renoncer à ses convictions
Ce que la direction du CCI nous demande de rejeter, c’est le passage suivant de notre bulletin qui se réfère à l’ignominieuse exclusion du camarade Jonas : “ Devant une telle situation, devant un tel régime intérieur dans l'organisation, devant l'abdication et la capitulation de la grande majorité des militants face aux magouilles et aux mensonges, notre loyauté n'est plus dans l'organisation telle qu'elle est aujourd'hui, c'est-à-dire en rupture avec ses pratiques passées et ses principes organisationnels. Notre loyauté est dans nos convictions, nos consciences et les positions politiques du CCI ”. Autrement dit la “ loyauté ” qui nous est demandée, c’est celle consistant à renoncer à nos convictions et à notre combat pour défendre le CCI dont nous nous réclamons.
En exigeant de nous faire signer un papier - procédé qui rappelle les heures les plus sombres du mouvement ouvrier - nous engageant à ne pas intervenir sur la crise du CCI, on essaie de nous imposer un silence politique sur justement ce qui fonde l’origine de la crise, de nos divergences, et de la constitution de notre fraction. Il ne nous resterait plus que le droit de parler de la pluie et du beau temps. Les organes décisionnels du CCI ne se contentent pas de vouloir nous faire taire aujourd’hui, ils veulent encore nous faire taire pour 5 ans.
Accepter ces conditions, c’est dissoudre la fraction et taire nos divergences. C’est renoncer à défendre nos convictions, c’est-à-dire, pour des militants communistes, renoncer à nos convictions. C’est exactement - dans des conditions plus dramatiques bien sûr - ce qu’exigeait et obtenait souvent Staline en faisant “ capituler ” les vieux bolcheviks au nom de la loyauté dans le “ Parti ”.
Toutes ces exigences et cette politique sont une trahison des statuts du CCI.
Pour pouvoir imposer de telles décisions, les organes centraux trahissent la lettre et l’esprit des statuts du CCI. Sur la base de l’expérience historique du mouvement ouvrier, les statuts garantissent l’existence de minorités organisées au sein du CCI, en particulier de tendance et de fraction, et insistent sur la nécessité du débat le plus ouvert possible pour résoudre les divergences politiques. En particulier, ils garantissent aux militants qui sont exclus la possibilité de faire appel devant les Congrès de l’organisation. Nous n’aurons même pas droit à cela. Dans notre cas, la sanction est déjà annoncée et nous sommes déjà interdits de participation au congrès. C’est-à-dire que les organes centraux du CCI poussent même la trahison des principes et des statuts de l’organisation jusqu’au point de nous retirer toute possibilité de recours devant le congrès.
Il doit être clair pour tous les militants et les sympathisants du milieu politique prolétarien que nous ne céderons pas sur des questions qui sont pour nous des questions de principe -principes en matière d’organisation communiste. Il doit être clair que nous continuerons notre combat comme fraction interne, c’est-à-dire en défense des acquis principiels, théoriques, politiques, organisationnels du CCI qui sont aujourd’hui de plus en plus trahis par les organes centraux actuels. Face à ces trahisons, notre fraction défend les acquis et les principes du CCI, particulièrement en matière de règle et de fonctionnement de l’organisation révolutionnaire.
Elle est la véritable continuité du CCI.
La Fraction, le 15/3/02
1 Une manifestation ignominieuse de cette politique a été l’exclusion récente du camarade Jonas qui avait démissionné depuis presqu’un an, et sa dénonciation publique dans la presse.
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