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Cette prise de position critique ne va pas reprendre tous les éléments du rapport d'activités proposé par la majorité du BI et qui a été finalement adopté. Nous renvoyons les camarades à notre propre proposition de rapport d'activités pour ce qui est du bilan et de l'orientation que nous défendons, bilan et orientation en complète opposition à ce que défend aujourd'hui le BI.
Le rapport qui nous est présenté, reprend la thèse du clanisme, du "clan-pavillon-bis", pour expliquer la crise actuelle. Inutile ici de revenir sur cette pseudo "analyse" qui fonde le cadre des orientations des activités du CCI depuis le 14e congrès et qui avait été déjà explicitement adoptée lors du BI extraordinaire de septembre. Comme est obligé de le reconnaître le rapport lui-même –comme d'autres prises de position d'organes centraux telle la CE de RI-, la politique mise en place dans les conditions scandaleuses que tout un chacun perçoit au plus profond de lui-même, a déjà des effets particulièrement négatifs, en fait catastrophiques, sur le CCI et ses militants. La seule orientation concrète que donnait le rapport d'activités voté en septembre était "l'institutionalisation" d'une Commission d'Investigation permanente et autonome. Depuis aucune réelle discussion sérieuse ne s'est engagée sur le sujet et l'idée, adoptée, est restée pour l'instant dans l'air.
Le rapport d'aujourd'hui, pour le BI de janvier 2002, revient donc sur le clan. Puis il dédie une partie au camarade Michel qui, sur un ton ironique, est assez ignoble, insultante et lamentable : "Après avoir ressenti une si grande responsabilité sur ses épaules pour défendre l'organisation au travers du clan, aussitôt qu'il est sous la critique, notre 'monument', notre 'héros' devient un déserteur ! (…) Michel, celui qui se voyait et se présentait lui-même comme un petit 'monument', 'un homme d'organisation', ne montre aucune loyauté à la classe et à son organisation, mais juste une loyauté à lui-même" [les extraits du rapports sont traduits par nos soins et nous espérons que la nouvelle pratique qui consiste à présenter des brouillons de rapports et textes, à les discuter tel quels, puis ensuite à les corriger, en général, leur partie les plus caricaturales et de nous accuser de falsifications, ne se renouvellera pas. Bien évidemment nous gardons la version que le SI nous a fournie]. Quelle honte et quel ridicule que d'écrire de telles choses sur un des camarades qui a sans doute le plus donné de son énergie, de son temps, de sa vie personnelle et familiale, et aussi de son argent, pour le CCI ! Même si nous avons été en désaccord avec lui sur ce qu'il fallait faire depuis un certain temps au sein même de l'ancien SI, même si nous sommes en désaccord avec lui sur ce qu'il faut faire aujourd'hui, notre respect et notre fraternité, communistes, militants, et personnels, restent entiers envers Michel. Quelle honte doivent ressentir grands nombre de camarades, sans oser exprimer leur désaccord avec cela, quand il se sentent obligés d'accepter cela et de voter cela au nom de l'unité de l'organisation ! Comment pourront-ils regarder le camarade Michel dans les yeux sans un sentiment de couardise et de lâcheté politiques ? Cela aussi est destructeur.
Un aveu d'impuissance et de faillite
En désaccord donc avec l'explication du clanisme, nous avons cherché dans le rapport des éléments d'orientation, de discussion, de clarification, voire d'accord, dans lesquels nous pourrions nous reconnaître, ou en tout cas nous inscrire. C'est donc avec un grand intérêt et une grande curiosité que nous avons abordé le passage qui s'intitule "Une analyse des racines les plus profondes des difficultés" [An analysis of the deeper rooted difficulties]. D'autant qu'il commence par affirmer qu'ayant "placé la question du clanisme au centre de nos activités, il serait profondèment erroné de réduire toute chose à l'existence du clanisme". Sans doute s'agit-il là d'essayer de répondre à notre critique qui dénonce la réduction de tout problème organisationnel au clanisme. Très bien. Le souci est juste. Voyons donc jusqu'où la majorité actuelle armée de son explication, réussit-elle à aller dans cette voie.
Le rapport affirme que "le rapport de septembre 2001 développe sur d'autres faiblesses reposant au-delà de la question du clanisme". Reconnaissons que cela ne nous avait pas particulièrement frappé. Mais, prenons acte de l'intention malgrè "notre supposée haine clanique et satanique" comme le dit le nouveau texte d'orientation sur La défense de l'organisation. Pourtant très vite, l'ambition affichée est revue à la baisse : "le but de cette partie du rapport n'est pas de donner une réponse détaillée" [a comprehensive answer : nous ne savons pas si l'auteur voulait dire détaillée ou bien compréhensible. Considérons la "meilleure" option].
Suit alors toute une série de question : pourquoi l'amendement de Peter sur la pauvreté du débat a-t-il été repoussé au congrès ? Pourquoi aussi peu de critiques à la publication du BII 276 ? Comment était-il possible que le rapport pour le 14e congrès ait pu parler de tissu assaini à Paris ? [incroyable que l'on puisse s'étonner qu'un rapport d'activités général se réfèrent à plusieurs années de rapports, de résolutions, de bilans, en particulier lors des mandats de la CORN, adoptés par tout le monde quant à l'état de la section de Paris et de son tissu assaini ! Mais apparemment cela n'étonne plus personne]. "Pourquoi une si profonde distortion de la réalité et une telle surprise de voir la section exploser ?" Pourquoi un tel empirisme devant le clan ? "Comment a-t-il été possible que durant une si incroyablement longue période, des dénigrements d'une camarade ont-ils pu être diffusés sans que personne ne proteste et ne le rapporte à l'organe central ?" [que les dénigrements sur Louise, parce que c'est d'elle dont il s'agit n'est-ce pas, n'aient étonné personne n'a rien de surprenant puisque les seuls dénigrements qui aient réellement existé étaient ceux de… Louise sur beaucoup de camarades comme l'attestent sans aucune équivoque les notes du SI et du SE]. Pourquoi un tel retard dans la prise de sanctions contre l'indiscipline ? "Pourquoi autant de subjectivisme et de sentimentalisme" vis-à-vis des camarades constituant l'ancien SI ? Pourquoi l'opinion que nous n'avions pas besoin d'un débat sur la solidarité ?
Tout le monde pourra reconnaître que ces questions sont particulièrement "orientées", et surtout très partielles ; qu'elles ne participent pas vraiment d'aller "aux racines les plus profondes des difficultés". Les questions de fond sont évidemment ailleurs. Mais pas de préjugés "subjectifs" et "claniques". Vadre retro satanas. Jouons le jeu et observons… objectivement quelles sont les réponses apportées à ces questions par le rapport.
La première réponse est "la rupture organique" qui a donné les illusions démocratiques et donc l'absence de réflexe face aux dénigrements : "pénétrés par les illusions démocratiques, nous n'avons pas vu le réel danger venant des calomnies". D'abord c'est faux, c'est bien sur la base du combat de 93 que nous avons essayé de combattre les dénigrements et les comportements de Louise (même si l'organisation, et au premier chef le BI et le SI, a manqué de détermination). Mais nous savons que le rapport parle des supposés dénigrements sur Louise. Et là, il apporte lui-même la réponse à la réalité de ces dénigrements dans la même partie : "Donc nous devons explorer pourquoi aussi peu de camarades dans RI ont apporté des témoignages sur ces pratiques". Ah bon, il n'y a pas assez de témoignages (c'est d'ailleurs ce que les différents rapports de la CI et d'autres textes regrettent en appelant desespérement à plus de témoignages, et surtout en culpabilisant les camarades comme Pinto ou Aurora – allons camarades, un effort, il faut témoigner, que chacun y aille de sa contrition ou de sa dénonciation honteuse). Mais peut-être que si les témoignages n'arrivent pas, est-ce du au fait qu'il n'y a rien à témoigner ?
En tout cas, les camarades nous accorderons que cette première réponse… réduit de nouveau tout au clanisme malgrè les intentions louables du début.
La deuxième réponse est "la perte des acquis historiques" qui provoque la démoralisation des militants. Mais tel que c'est développé dans cette partie, ça reste une généralité et une abstraction. Ca n'explique rien. Sinon que ça sert à culpabiliser les camarades qui sont hésitants, mous, timides en les responsabilisant comme individus : "comment cette leçon a-t-elle été oubliée ? Comment avons-nous pu oublier comment les organisations précédentes ont soit failli, soit dégénéré ?". Tout le monde reconnaîtra avec nous que si cette réponse ne renvoit pas au clanisme, elle n'apporte rien de vraiment concret. Elle n'est qu'une plate généralité.
La troisième réponse est particuliculièrement brillante et incisive : "le poison de la décomposition" qui a affecté l'organisation, s'est exprimé, entre autres, dans "cette tendance [réapparue] avec le clan-pavillon-2 par exemple dans la critique faite à la résolution d'activités du 14e congrès de RI, accusé d'adopter une position pessimiste au travers de l'insistance sur les dangers de la décomposition". Est-il besoin de revenir ici sur les termes du débat qui aurait du avoir lieu, à savoir une vision particulièrement noire et capitularde des conditions du militantisme communiste aujourd'hui développée dans ce rapport ? Est-il besoin de rappeler ici quelle a été l'attitude du rapporteur, Louise pour ne pas la nommer, qui s'est refusé sous divers prétextes particulièrement fallacieux à présenter le rapport et, donc, à poser ouvertement, devant l'organisation, les divergences qui étaient posées ?
Mais au-delà de ce rappel particulièrement tendancieux – un de plus – de l'histoire réelle du CCI, et qui renvoie encore au clanisme et non à des questions politiques à clarifier, quelle réponse concrète apporte la conclusion de cette partie du rapport aux difficultés ? "La décomposition tend à détruire notre vigilance et à "nous envoyer dormir" ["decomposition tends to destroy our vigilance and "sends us to sleep"]. Autrement dit, le poison de la décomposition tend à nous faire sous-estimer la décomposition. Profond, non ?
La quatrième réponse insiste sur le fléau du subjectivisme et le fait que de "nombreux camarades ont admis qu'ils se sont sentis entravés dans leur conscience [awareness] et leur détermination pour se précipiter dans la défense de l'organisation à cause de leur attitude affinitaire envers des camarades qui ont agis contre les intérêts de l'organisation (…). Dans ce sens, les camarades qui ont été victimes de leur subjectivisme doivent tirer un bilan politique et comprendre leurs hésitations comme un pas dangereux vers l'abandon de ces leçons du mouvement ouvrier". C'est-à-dire que le bilan qu'ils doivent tirer est celui de leur affinitarisme et non de leur positionnement politique à tel ou tel moment. D'autant que tous les militants du CCI, à l'unanimité, ont défendu une politique menée par le supposé clanisme qu'ils n'ont pas vu parce qu'ils étaient affinitaires – et non pour des questions politiques. C'est donc tous les militants du CCI qui "doivent tirer un bilan politique et comprendre leurs hésitations comme un pas dangereux vers l'abandon de ces leçons du mouvement ouvrier". Nous sommes d'accord avec ce constat sauf que les hésitations des camarades ne sont pas dûes à leur sentiments affinitaire ou autres, mais à des questions de compréhension et d'engagement politiques. Bref, cette quatrième réponse se réduit encore et toujours au clanisme et à l'affinitaire.
La tentative pour ne pas expliquer toute chose par le clanisme, pour ne pas réduire toutes les difficultés au clanisme, se solde par un lamentable échec. Le rapport lui-même le reconnaît dans la conclusion de cette partie : "donc le véritable pas pour comprendre les faiblesses les plus profondes est encore devant nous…" ["Thus the real step for understanding the more profound weaknesses still lies behind of us…"]. Il suffit de rapprocher cette conclusion du passage avec son introduction déjà citée - "le but de cette partie du rapport n'est pas de donner une réponse détaillée" – pour se rendre compte de l'impuissance et de la capitulation en rase campagne pour essayer d'aller aux racines des difficultés et pouvoir les poser et les combattre. La réponse n'est pourtant pas loin : elle est dans les rapports d'activités des 12e et 13e congrès du CCI et dans les orientations qui en découlaient et qui étaient appliquées. Mais évidemment, y revenir met à bas tout l'échaffaudage spéculatif sur l'existence du clan-pavillon-2. Ne reste donc, même quand on essaie d'en sortir, que l'explication du clanisme qui substitue à l'analyse et la discussion politiques, la psychologie individuelle et collective, l'individualisme et l'affinitarisme clanique… et qui tourne le dos inévitablement à toute la politique menée par le CCI auparavant. En particulier sa lutte de 93-96 contre l'affinitarisme, contre la vie politique parallèle, contre le militantisme intégral – au même titre que le diletantisme -, pour la réelle fraternité et solidarité entre camarades, pour la confiance vérifiée dans l'organisation et dans les camarades, pour le devoir de regard de l'organisation afin de défendre l'organisation et ses militants, etc…
Nous ne revenons pas sur l'état des sections tel que présenté dans le rapport, qui manifestent le déboussolement, la désorientation, la démoralisation de nombreux camarades, l'hétérogénéité sans doute comme jamais dans l'histoire du CCI, y inclus sur les questions d'analyse de la situation et d'intervention. Malgrè la volonté manifeste, et pour cause, de tirer un bilan positif, le rapport est bien obligé de reconnaître une partie, une toute petite partie des faits et de l'échec de la politique menée depuis le 14e congrès.
Aucune orientation réelle n'est donnée
Nous étions en droit d'attendre des perspectives d'activités concrètes qui aillent au-delà de la seule qui ait été en mise en avant jusqu'à présent : l'institutionalisation dans les statuts de la Commission d'investigation permanente et autonome. Mais là tous les camarades vont rester dans le flou car hormis l'ultimatum à la Fraction, c'est-à-dire le refus concret de la reconnaître, d'accepter qu'elle existe au sein du CCI, et donc l'exclusion de ses militants, il n'y a aucune orientation sérieuse, concrète, d'avancée.
Le rapport le dit lui-même : il ne donne que des perspectives. Et effectivement elles sont très vagues.
1) "aller aux racines les plus profondes des faiblesses" – ce qui ne veut rien dire en soi comme le rapport lui-même en apporte la preuve ;
2) "mobilisation de tout le CCI autour de la conférence" – voilà une orientation très générale qui ne dit pas grand chose ;
3) "continuer la lutte contre le clanisme et les parasites, nous defendre contre la Fraction interne [avec] l'ultimatum [qui lui est adressé]- décision à la conférence de fin mars". Ce point est une répétition du point 2 en plus concret. Voilà la seule orientation concrète : en finir avec la Fraction et l'exclure d'une manière ou d'une autre. Quelle ambition ! Ou plutôt quel aveu d'impuissance ! Quelle capitulation ! Une de plus.
4) "réétablir la centralisation au plus haut niveau". Quel constat du résultat de la situation engendrée par la politique menée depuis le 14e congrès !
Au BI plénier de septembre, la seule orientation d'activités concréte qu'avait pu proposer la faction liquidationniste au CCI était une Commission d'Investigation permanente et autonome. Au BI de janvier, la seule orientation – "complémentaire" de celle de septembre – d'activités concrète que la faction liquidationniste est capable d'avancer est un ultimatum à la Fraction qui vise à l'exclure. C'est particulièrement positif. Si les camarades en voient d'autres, qu'ils nous avertissent. Parce qu'elles ne sont pas mentionnées dans les rapports d'activités adoptés à l'unanimité – sauf par les membres de la Fraction. Mais il est vrai que les règles de débat et de fonctionnement ont subi de tels bouleversements ces derniers temps, qu'il est possible qu'il y ait encore des orientations cachées au commun des militants, et que la direction liquidationniste a en tête. A vrai dire, nous en doutons fortement… Hormis notre exclusion et le sectarisme, ils n'ont plus rien à proposer. Ils ne sont pas pour quelque chose, ils sont contre.
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