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Dans cette proposition de rapport d'activités pour le BI plénier de janvier 2002, la Fraction propose un bilan et des orientations d'activités pour le CCI qui sont en opposition avec le bilan et les "orientations" adoptées par la majorité du BI en septembre 2001. Le rapport qui suit, s'inscrit complètement et sans réserve en continuité avec le rapport d'activités qui avait été présenté alors par les camarades Michel, Olivier et Juan. Publié dans le bulletin n°1 de la Fraction, celle-ci l'a fait sien. Il est toujours d'actualité tant du point de vue du bilan et de la défense de la politique menée des années 1996 à 2001, que du point de vue de la critique de la nouvelle orientation – que nous qualifions de destructrice – qui s'impose chaque jour un peu plus dans le CCI.
L'orientation que nous proposons est en continuité complète avec l'orientation et la politique menée par le CCI de 1996 à 2001 en matière d'organisation. Elle est aussi en défense de cette orientation qui est aujourd'hui remise en question, certes de manière honteuse et cachée, mais néanmoins réelle, par la tendance liquidationniste prédominante dans les organes décisionnels du CCI. Rappelons que cette politique a été le produit direct du combat de 1993-96 dans la lutte contre le clan-pavillon, et surtout le produit direct et conséquent, même si incomplet, des leçons politiques de ce combat. Que les camarades n'attendent donc rien de nouveau de notre part là-dessus. La Fraction assure la défense de la politique du CCI contre ceux qui la renient honteusement et la détruisent, contre ceux qui introduisent, par la politique du fait accompli, à défaut de la proposer ouvertement et franchement, une nouvelle orientation au CCI.
Le BI d'aujourd'hui a, dans les conditions que l'on sait, - et que ses membres en soient plus ou moins conscients, peu importe - entériné une politique qui tourne le dos à la politique antérieure. Aujourd'hui donc, le rapport que nous présentons, est fondamentalement un cri d'alarme. De ce fait, il comporte un bilan critique négatif de l'activité du CCI depuis le congrès, et en particulier du BI comme organe central du CCI.
Mais il a aussi comme ambition de commencer à réfléchir sur le rapport entre l'évolution et l'accélération brutale de la situation historique actuelle et la situation de crise que connaît le CCI.
Un des acquis du CCI -acquis légué notamment par la Fraction italienne et transmis et systématisé par MC dans le CCI – a toujours été de se référer aux faits matériels et historiques que constituent les écrits, les textes, et au premier chef, les rapports, résolutions, prises de position, adoptés par l'organisation.
Pour tirer un bilan des années 1996-2001, il ne suffit pas de déclarer qu'il y a eu le clan " le plus dangereux (…) le plus honteux et le plus répugnant de l'histoire du CCI" (prise de position du SE mensuel, sans date, - d'octobre ? – publié dans notre bulletin n°4), ou de discréditer les membres de la Fraction en les traitant de tous les noms d'oiseaux – voleurs, lâches, hypocrites, bluffeurs, lumpen, voyou, girouette, haineux, revanchards, maîtres-chanteurs, etc., etc… - pour rejeter, ou ignorer ces rapports et résolutions. Encore faut-il revenir sur les rapports et les résolutions adoptés même si c'est pour les rejeter en fin de compte.
Or aujourd'hui, pèse sur le CCI un silence honteux, gêné et complet sur la politique adoptée et suivie de 1996 à 2001. Cette politique a été adoptée et saluée à l'unanimité durant toutes ces années. Aujourd'hui, qu'en pense l'organisation ? Qu'en pensent les militants du CCI ? Qu'en pensent les membres du BI actuel ? Tout le monde sent bien, à défaut peut-être de l'admettre encore consciemment, que le BI plénier de septembre a entériné une orientation qui remet lourdement en question le bilan positif de toutes ces années et l'orientation que le CCI avait dégagée à l'unanimité.
L'existence supposée d'un "clan-pavillon-bis" permet de tourner le dos à la méthode et de ne pas répondre à la seule vraie question : est-ce que cette politique était valable ? Oui ou non ? A la suite des 12e et 13e congrès du CCI, le 14e l'a encore affirmé malgré le trouble et la confusion que les liquidationnistes y ont jeté avec leurs manœuvres. La majorité actuelle du BI est silencieuse et fait le dos rond. Elle démissionne devant cette question qui lui est posée et à laquelle elle ne peut se soustraire sauf à se déconsidérer. Le BI actuel dont la composition, à une ou deux exceptions près, est exactement la même que celle du BI de l'époque, a adopté en septembre 2001 une nouvelle orientation en contradiction avec celle qu'il avait adoptée et réaffirmée auparavant durant 5 ans. Et qu'il avait défendu devant l'organisation malgré les réticences et les résistances sourdes du camarade Peter lui-même comme l'attestent les notes du SI et du BI.
Soit la politique menée de 1996 à 2001 était valable. Mais alors elle a été mise en place par "le plus dangereux (…) le plus honteux et le plus répugnant des clans" de toute l'histoire du CCI, par des militants qui sont présentés aujourd'hui comme les égaux de Simon, de Chénier et du CBG. De plus, cette politique a été mise en place par un clan déjà connu, identifié, et défait en 95-96. Et enfin, cette politique clanique a été ouverte, franche, discutée, posée, et adoptée devant toute l'organisation pour sa plus grande part, et pour une petite partie – erreur de l'ancien BI et de l'ancien SI – devant le BI seulement. Et non pas par des manœuvres, des discussions parallèles. Non par le secret et les discussions de couloir. Ni au cours de repas entre amis de la famille. Dire que cette politique était valable c'est aussi reconnaître que le soi-disant clan n'avait pas d'idéologie particulière, étrangère, au prolétariat. Enfin, cette politique a été adoptée, défendue et saluée à l'unanimité durant des années. C'est-à-dire qu'à aucun moment ne se sont exprimées des divergences, soit parce qu'elles n'existaient pas, soit parce qu'elles étaient cachées et restaient confinées à la véritable faction, secrète et clandestine celle-là, que constituaient Louise, Bruno, et par la suite Peter. Si la politique menée était valable, bonjour la cohérence ! Et courage à ceux qui devront défendre cela publiquement. Car il faudra bien s'exprimer publiquement sur la crise actuelle un jour, non ?
Soit, elle n'était pas valable. Et alors il faut revenir sur tous les bilans positifs et les avancées qu'a connues l'organisation durant ces années. Et là, c'est une boite de Pandore qu'on ouvre car inévitablement il faudra jeter à la poubelle toute la politique menée. Mais alors quel bilan tirer du travail du BI durant ces années sinon qu'il est négatif ? Que le BI a fait lamentablement faillite ? Quelle confiance "vérifiée" peut-on accorder à une telle équipe de camarades constituant le BI ? Aujourd'hui tout particulièrement ? Quelle autorité politique le BI actuel peut-il avoir, peut-il revendiquer, lui qui a défini, mis en place, voté des deux pieds, des deux mains, durant 5 ans, une politique dont le but était la destruction de l'organisation ? Lui qui en plusieurs occasions a critiqué justement les hésitations du SI pour mener cette même politique si dangereuse ? N'est-ce pas le BI qui reprochait au SI ses hésitations dans la publication de la contribution du SI sur la confiance et du BII 276 face à l'opposition et au sabotage de Peter ? Quelle perspicacité politique pour une telle équipe qui a mis en avant une politique non-valable durant toutes ces années, sans aucune critique, et qui n'a pas su voir le soi-disant "clan-pavillon-bis", clan déjà connu, identifié, combattu, défait ? Voilà l'organe central du CCI, le BI, frappé durant 5 ans d'un aveuglement politique qui augure bien mal de sa capacité à faire face à des situations autrement dramatiques, aiguës et difficiles. On comprend mieux pourquoi le Texte d'orientation et le rapport d'activités adoptés par le BI ont décrété la confiance dans les organes centraux. Elle ne va pas de soi.
Dans cette situation, s'il ne s'agissait que du sort du BI, cela ne serait pas grave. Mais malheureusement, cette situation comporte en elle, inévitablement, des conséquences et des "innovations" théoriques et politiques qui ne peuvent qu'être mortelles à terme pour le CCI.
La politique actuelle n'est pas due à un égarement momentané qui pourrait être mis sur le compte de l'oubli des principes, voire de l'urgence devant une situation particulière. Elle correspond à la logique de la politique du coup de force permanent menée par la faction liquidationniste. Celle-ci a déjà à plusieurs reprises mis en pratique cette politique d'oubli systématique des prises de position de l'organisation. Elle a même été plus loin encore en disqualifiant à l'avance toute tentative de se référer à des prises de position et aux bilans de l'organisation qui ne lui convenaient pas (1). Rien que cette question de la fuite devant le retour critique conséquent, sérieux, sur base des rapports et résolutions, montre la dérive de l'organisation.
En cohérence avec cette politique du silence sur ce qui gêne, le refus de discuter de notre rapport précédent est l'expression d'une attitude et d'une pratique qui, si elles sont nouvelles dans le CCI, ont plusieurs précédents dans l'histoire du mouvement ouvrier. L'opportunisme tend à retrouver chaque fois les mêmes armes : "Notre esprit de critique et de franche discussion fut considéré intolérable et inacceptable et en réponse à nos documents (les seuls qui avaient été soumis à la discussion à la Conférence) on a préféré, non seulement de ne pas les discuter mais en plus, on a estimé préférable de nous éliminer tout simplement de la Conférence" (Contre la conception du chef génial, MC, Internationalisme 25, août 47, repris dans la Revue international 34). N'y a-t-il pas là la même "méthode", la même dynamique opportuniste afin d'éviter la confrontation politique ouverte ?
Le BI, et avec lui le CCI tout entier, ne peut faire l'économie de revenir sur le bilan des années 96 à 2001 et de confirmer ou d'infirmer ses prises de position antérieures. Si le BI revient sur les bilans positifs qu'il avait tirés auparavant, il se doit de faire un bilan critique méthodique et sérieux afin d'argumenter et de fonder son virage à 180° degré. Pour notre part, la Fraction, nous nous revendiquons de cette politique et de sa continuité. A ceux qui aujourd'hui la rejettent, de s'expliquer. Aux "brillants" innovateurs et à la majorité du BI, de faire un bilan critique de ces années.
Outre la tendance à l'abandon de la méthode qui a toujours été celle de notre organisation, les six derniers mois – c'est-à-dire depuis le 14e congrès du CCI - ont vu une accélération de l'introduction de pratiques organisationnelles qui manifestent une dérive importante, qui tournent le dos à la tradition des fractions de gauche tout au long de l'histoire du mouvement ouvrier. Au nom de la "confiance" dans les Organes centraux, au nom de "l'unité" formelle de l'organisation, au nom du "patriotisme de parti" (comme le dit Victor Serge), on a assisté à une acceptation passive de la "politique du scandale" (comme le dit Bordiga), du coup de force permanent, de la discipline pour la discipline et des sanctions. Et cela pour essayer d'étouffer la réflexion individuelle, et surtout collective, dans le débat et dans la confrontation avec les positions nouvelles avancées par les liquidationnistes dans leurs textes et contributions (en particulier sur la nouvelle vision des militants fil-rouge) ; dans les rapports de la CI et dans le Texte d'Orientation sur la confiance ; et dans la proposition de la Commission d'Investigation permanente et autonome adoptée par le dernier BI plénier de septembre. Cette acceptation passive, au nom de l'unité, de la discipline pour la discipline et des nouvelles pratiques laisse les mains libres à la faction liquidationniste pour discréditer individuellement et éliminer les minoritaires. Cette esquive pour éviter de faire des questions de fond et de principe la priorité absolue a comme conséquence que les nouvelles et "audacieuses" positions sont déjà adoptées par l'organe central du CCI avant même la discussion - comme le reconnaît maintenant le SI à propos du Texte d'orientation et de la proposition de CI permanente et autonome. Cette passivité et cette esquive ne peuvent mener qu'à la démoralisation, qu'au déboussolement, et finalement qu'à la destruction de la conscience et de la conviction des militants.
En nous basant sur ce qui y est publié par les organes centraux actuels, nous pouvons entrevoir au niveau immédiat la situation réelle de l'organisation et la confirmation du processus de destruction des militants en cours. Voilà ce qui est rapporté lors de la CE plénière des 17 et 18 novembre :
"Déjà dans le combat contre le clan actuel des camarades ont posé leur démission : Jonas, ST et Michel, même si pour le moment celles-ci ont été refusées, il se peut qu'il y en ait d'autres dans les mois qui viennent et donc le souci de l'organisation doit être de limiter au maximum ces demandes de démission. De plus il existe au sein de l'organisation des camarades qui, tout en n'étant pas d'accord avec la fraction et condamnant celle-ci, sont déstabilisés, démoralisés notamment, par les mensonges colportés par la fraction, par le comportement parfois indigne de militants communistes de certains membres de la fraction et ne se sentent plus la force d'être partie prenante du combat contre cette attaque contre l'organisation que constitue l'existence de ce clan en notre sein et veulent poser leur démission". (Synthèse de la discussion sur les activités du CCI, BIRI 251).
Passons sur le fait que tout est de la faute du soi-disant"clan".
En tout cas, il y a déjà deux bilans à comparer : la politique menée de 1996 à 2001 avait renforcé les rangs de l'organisation et renforcé la conviction des militants. Dans ces années peu de démissions ont été posées et bien souvent elles ont été retirées après une intervention de l'organisation et de ses organes centraux (2). Il y avait une politique de l'organisation définie et défendue dans la continuité directe du combat et des leçons de 93. La tendance était plutôt, si on suit les bilans et les rapports de ces années, bilans et rapports adoptés à l'unanimité, au renforcement de l'organisation sur ce plan. Si on reprend la vision du soi-disant "clan-pavillon-bis", la politique du clan "le plus destructeur (…) le plus honteux et le plus répugnant" était positive sur ce plan –comme sur d'autres. Voilà une contradiction de plus.
Par contre, la politique actuelle semble avoir des effets contraires, démoralisateurs, pas tant vis-à-vis des répugnants personnages du soi-disant clan qui se sont constitués en Fraction, mais vis-à-vis de nombreux camarades. Sauf à mettre tout sur le dos du soi-disant clan, c'est-à-dire aujourd'hui de la Fraction, il faut bien reconnaître – au moins pour le moment – que la politique du CCI sur ce plan est négative depuis le congrès. En tout cas, qu'elle n'a pas réussi à mobiliser et à convaincre un certain nombre de camarades qui, pourtant, n'étaient pas particulièrement défaillants dans la période antérieure.
Rester dans le CCI sans rester silencieux sur les réserves ou les désaccords
D'ores et déjà, aux camarades qui seraient dans une telle phase de démoralisation et tentés par la démission, nous leur demandons de ne pas quitter le CCI. Même s'ils n'ont pas la force aujourd'hui d'y voir clair, qu'ils doutent fortement de la politique majoritaire actuelle, ou bien qu'ils soient en désaccord avec la Fraction tant sur son combat comme sur ses positions politiques, il faut qu'ils restent des militants de la classe ouvrière.
Mais nous leur disons aussi qu'ils doivent refuser de voter sans conviction quand ils doutent ou ne sont pas sûrs. C'est leur droit et c'est même leur devoir de refuser de se prononcer quand ils estiment ne pouvoir le faire en profondeur. Le CCI a toujours combattu les votes de façade et sans conviction. Cette nouvelle politique qui vise à forcer les votes des camarades dans la précipitation, sur la base d'une lecture en réunion, voire même d'une présentation non rédigée de telle ou telle résolution ou prise de position, est en totale contradiction avec la tradition et les leçons politiques du CCI. Cette nouvelle pratique qui s'est multipliée ces derniers temps, depuis le congrès et la politique du coup de force permanent, est une pratique digne du gauchisme propre au milieu estudiantin et petit-bourgeois. N'a-t-on pas vu la résolution d'activités du dernier BI plénier votée et adoptée sur la base d'une lecture sur l'écran du micro sans que les camarades puissent la lire et réfléchir, ni même l'amender et alors que de profonds désaccords existaient ? N'a-t-on pas vu les premiers brouillons du Texte d'orientation soumis au vote sur la base d'une présentation orale lors du SI mensuel de juin ? Nous rejetons cette nouvelle pratique qui est introduite aujourd'hui et qui vise à engager les camarades dans des votes et des prises de position précipités sur lesquels évidemment, il est beaucoup plus difficile de revenir par la suite. D'autant que la politique actuelle se fera fort de rappeler aux camarades leur vote antérieur et de les traiter de girouette s'ils venaient à revenir sur leur position initiale. N'est-ce pas ce qui s'est honteusement passé avec Olivier ? Nous appelons les militants du CCI à rejeter ces pratiques et ces pressions, car il s'agit bien de pressions. Nous appelons les militants à refuser et à combattre dans le CCI les nouvelles pratiques actuelles mises en avant par les organes décisionnels, le SI et le SE.
Changer de cap et reconnaître la Fraction
Rester dans le CCI à l'heure actuelle est aussi applicable à la Fraction. Bien évidemment, cela ne peut se faire au détriment des positions et des convictions politiques et principielles. Comme nous l'avons déjà montré dans nos bulletins, la question de l'unité en soi et de la discipline en soi ont été des armes dans les mains de l'opportunisme contre la Gauche. Que ce soit dans les partis socialistes comme nous le montre l'expérience des Spartakistes, dans l'IC et les PC comme nous le rappellent Bordiga (cf. nos bulletins), Victor Serge (dans Mémoires d'un révolutionnaire) et même Trotski (par exemple dans Cours nouveau, 1923), voire même dans le Pcint en 45-47 comme le rappelle MC. Entre les convictions politiques et la défense des principes politiques d'une part, et "l'unité" formelle de l'organisation d'autre part, le choix de la Gauche doit être clair. Notre choix est clair. Aujourd'hui, le salut du CCI n'est plus dans l'unité formelle de l'organisation mais dans la lutte contre la tendance liquidationniste. La défense programmatique, théorique, politique, et même organisationnelle du CCI passe par le combat - politique - contre la tendance – politique - qui liquide politiquement et organisationnellement le CCI ; par la confrontation claire entre deux lignes inconciliables et opposées. C'est déjà la réalité du CCI d'aujourd'hui au moins depuis le congrès. Son unité antérieure n'existe plus. Plus encore, quelle que soit l'issue de la crise actuelle, il n'y aura pas de retour à la situation antérieure contrairement à l'illusion que le BI a voulu garder lors et après le congrès (ne croyait-il pas, et n'appelait-il pas à la reconstitution de l'ancienne équipe du SI ?). Et c'est sans doute ce que le centrisme d'aujourd'hui ne veut pas entendre.
C'est sur la base de cette compréhension - à savoir la reconnaissance conséquente de deux lignes politiques irréconciliables et parce que le CCI a toujours fait la preuve de sa force et s'est toujours renforcé à travers ses débats collectifs et souvent contradictoires - que l'ensemble de l'organisation doit :
- rejeter l'explication de la crise actuelle par le soi-disant clan (3) ;
- combattre contre l'exclusion de la Fraction que programment les liquidationnistes.
Ce combat, car il s'agit d'un combat et d'un affrontement, passe aujourd'hui par le fait d'imposer – nous disons bien imposer au risque de choquer les bonnes âmes car il est clair qu'il y a refus, ou pour le moins résistance - aux organes décisionnels actuels la reconnaissance politique et formelle de la Fraction. Et donc aussi sa reconnaissance concrète. C'est-à-dire que doit se tenir la réunion que nous avons demandée depuis maintenant plus de trois mois pour définir les modalités pratiques et concrètes de fonctionnement du CCI avec la Fraction, et donc avec toute fraction future, afin qu'elle puisse vivre au sein de l'organisation. Le refus obstiné de cette rencontre et, en particulier, le refus obstiné d'accepter le paiement de nos cotisations, tout comme le refus de publication de nos textes dans les bulletins, marquent un pas supplémentaire dans la dérive organisationnelle qu'il faudra bien justifier et "théoriser" au mépris de l'expérience du mouvement ouvrier. Tout comme la justification et la "théorisation" d'une CI permanente et autonome. Il ne s'agit pas là que du sort de cette Fraction et de ses militants. Mais bien d'une question beaucoup plus large aux conséquences théoriques et politiques qui marqueront un pas supplémentaire dans l'abandon des principes du CCI.
La CE plénière a reconnu son ignorance sur le sujet et sa difficulté à argumenter par rapport à l'expérience du mouvement ouvrier que nous avons commencée à rappeler dans nos bulletins. "Cette situation d'ailleurs va nous obliger à approfondir ce que représente une fraction dans le mouvement ouvrier" (BIRI 251).
Dans nos contributions et la republication des textes de Bordiga parues dans nos bulletins, nous avons vu comment la Gauche, y compris MC, posait la question des fractions, de la discipline et de l'unité. Mais même le Trotski de 1923, bien après l'interdiction des fractions dans le PC russe, le Trotski qui avait voulu militariser les syndicats au nom de l'identité entre l'Etat et la classe ouvrière, continue encore à garder un esprit et une compréhension équivalente, dans le même sens, que Bordiga sur la question des divergences et des fractions :
"La décision du 10° Congrès interdisant les fractions peut avoir seulement un caractère auxiliaire ; par elle-même elle ne donne pas la clé pour la solution de toutes les difficultés intérieures. Ce serait du "fétichisme d’organisation" que de croire que, quels que soient le développement du Parti, les fautes de la direction, le conservatisme de l’appareil, les influences extérieures, etc., il suffit d’une décision pour nous préserver des groupements et des bouleversements inhérents à la formation des fractions. Comprendre ainsi les choses serait faire preuve de bureaucratisme" (Cours nouveau, Trotski, 1923).
La reconnaissance des divergences politiques est vitale pour le CCI
Le refus de la reconnaissance de la Fraction par les organes décisionnels (SI, SI mensuels, CI ?, SE) leur impose de nier les divergences politiques et l'antagonisme de l'orientation générale que défend la Fraction avec celle de la majorité actuelle. Libre à l'organisation et à ses militants de les suivre sur cette voie – typique de l'opportunisme – de refuser de reconnaître et de discuter des divergences. L'accusation de clanisme sert à masquer la réalité des divergences. Mais la réalité n'en reste pas moins là et refuser de la voir et de l'affronter aura et a des conséquences politiques.
"Les conditions politiques pour la constitution d'une fraction n'étaient pas réunies : aucun texte montrant la dégénérescence du CCI n'a été produit, aucun texte alternatif n'a été produit par les camarades de la fraction" (CE plénière des 17 et 18 novembre, BIRI 251). Ce qui est frappant, c'est le refus de reconnaître dans les faits l'existence, non seulement de la Fraction, mais aussi et pire encore des divergences politiques. Et du coup, comme pour l'histoire réelle de la crise actuelle qui remonte à 1996 comme le prouvent les notes du SI et du SE, on est obligé de déformer, voire de nier la réalité. On tombe dans l'autosuggestion et l'auto-conviction. On vous dit qu'il n'y a pas de divergences. Qu'il n'y a pas de textes, ni d'alternative proposée. C'est donc qu'il n'y a pas de textes, ni de divergences ni d'alternative proposée. En niant l'existence du fait ou en le déformant, ou bien encore en le réduisant à une expression de la catégorie abstraite "clan", on croit le résoudre. Et le problème est ainsi résolu, semble-t-il. N'est-ce pas là une application particulière, un moment particulier, de la méthode spéculative idéaliste que Marx et Engels ont critiquée dans La Sainte famille ?
Et pourtant, la réalité est là. La Fraction existe et elle le prouve avec l'important travail politique qu'elle assume à travers ses bulletins. La Fraction se revendique de toute une série de textes et de contributions que nous avons mentionnés dans le numéro 1 de notre bulletin. Mais qui n'existent pas pour nos idéalistes de service. Essayons de leur ouvrir les yeux encore une fois. Nous n'allons pas tous les mentionner à nouveau. Ni non plus tous les rapports et résolutions adoptés depuis 1996 qui sont aujourd'hui remis en cause implicitement, et qui le seront demain ouvertement, et que la Fraction entend défendre.
Nous nous revendiquons de la contribution du SI de mars 2000 et de l’ouverture à tout le CCI du débat sur les problèmes qu’elle posait avec le BII 274. Nous savons depuis l'opposition et les manœuvres de retardement des camarades Louise, Bruno et Peter, d’abord pour mettre en discussion cette contribution dans le Congrès de RI, puis pour la publication de ce bulletin et du 276, qu'il y a sur ce texte des désaccords. N'y a-t-il pas là une divergence politique ? Nous nous revendiquons du texte de Juan sur le militantisme communiste dans le BII 278 avec lequel aujourd'hui, après qu'il ait été salué par tous en son temps – à l'exception de Peter -, apparaissent maintenant des désaccords profonds semble-t-il. Ne s'agit-il pas là d'une autre divergence politique ? Nous nous revendiquons des textes de Ldo critiquant la vision fil-rouge des contributions de Peter. N'y a-t-il pas là divergence politique ? Nous nous revendiquons de nombreux autres textes, y inclus ceux de Palko et de Michael (BII 282), de Sven (BII 283), des critiques de François à la politique "d'injonction" mise en avant par le SE (BII 280). N'y a-t-il pas divergences politiques aujourd'hui ? Nous rejetons l'analyse et les conclusions des rapports de la CI. Nous avons une autre explication à la crise actuelle. N'y a-t-il pas là une divergence politique ? Nous rejetons la proposition de CI permanente et le rapport d'activités de septembre adoptés. N'est-ce pas une divergence politique ? Nous sommes en complet désaccord avec les conclusions du Texte d'orientation sur la confiance et nous dénonçons l'introduction de la méthode spéculative idéaliste qui imprègne ce texte et qui est portée et systématisée par la faction liquidationniste. N'y a-t-il pas là une divergence politique ? Nous rejetons la politique actuelle et surtout ces pratiques, en particulier les manœuvres, les provocations, les sanctions sans principe et le refus de reconnaître la Fraction. N'est-ce pas là des divergences politiques ? Enfin, nous avons la prétention de penser que notre rapport d'activités précédent, et celui-ci aussi bien sûr, défend et offre une orientation "alternative" à la "nouvelle" orientation mise en place par la faction liquidationniste. N'y a-t-il pas là une divergence politique ?
Selon une autre théorie actuelle, toutes ces divergences, qui pour certaines remontent assez loin dans le temps, seraient artificielles. Elles viseraient à masquer les ressentiments claniques, la fameuse jalousie que nous aurions éprouvée pour "l'affection particulière que MC aurait portée à Peter" (dixit le pauvre Krespel au SI d'août). Tout cela ne serait que clan et haine contre Louise et Peter. Les camarades se rendent-ils compte de l'impasse et des conséquences catastrophiques pour la vie du CCI, pour leur compréhension et leur conviction politiques d'un tel refus de voir et d'affronter la réalité ?
Même en complet désaccord avec la forme et les circonstances qui ont vu la constitution de la Fraction, même en complet désaccord avec les positions de la Fraction, l'ensemble des camarades et donc le CCI doivent reconnaître, concrètement, dans les faits, qu'il existe une Fraction. Cette reconnaissance ne peut passer que par la tenue de la réunion que nous avons demandée avec le BI, pour fixer ensemble les conditions et les modalités de fonctionnement du CCI avec l'existence de notre Fraction en son sein.
La nouvelle orientation destructrice se manifeste sur plusieurs plans – nous n'avons pas besoin d'attendre que la faction liquidationniste reconnaisse et définisse explicitement cette nouvelle orientation en rupture avec celle du CCI, pour que nous ne puissions nous, comme Fraction, la qualifier de destructrice. Nous l'avons vu sur le plan théorique avec la méthode spéculative utilisée pour justifier la vision des militants qui s'usent et des militants qui ne s'usent pas, vision qui comporte une vision particulièrement individualiste et élitiste ; et pour avancer la question de la confiance avec le Texte d'orientation. Nous l'avons vu sur le plan politique avec la remise en cause des principes organisationnels avec la proposition de CI permanente et autonome. Nous l'avons vu aussi sur le plan de la compréhension de la crise actuelle du CCI, et de la tendance à ne voir dans les crises organisationnelles du mouvement ouvrier que des questions de clans, d'affinitarisme et d'animosités personnelles, d'orgueil blessé et autres traits psychologiques marquants. Il y a une cohérence entre toutes ces dérives. Tout comme il y a une cohérence avec toutes les pratiques inadmissibles que les six derniers mois ont clairement révélées. Nous avons vu comment une pratique "d'irresponsabilisation" s'est imposée sur la question des votes, pratique qui est la négation même du sens prolétarien que nous devons donner, et défendre, de la question du vote. Il est en est ainsi sur beaucoup d'autres points.
La question de la confiance
Nous n'allons pas faire ici une nouvelle critique du Texte d'orientation sur la confiance. Nous avons l'intention d'y revenir encore dans de futures contributions dans notre bulletin. Il apparaît aujourd'hui clairement qu'il y a deux conceptions pratiques de la confiance qui se côtoyaient et s'affrontaient sourdement depuis un certain temps.
La contribution du SI de mars 2000 (BII 274) mettait en exergue la tendance qui existait au sein du SE en particulier – mais pas uniquement – à manquer de confiance dans l'ensemble des différentes parties et des camarades et à se substituer à l'ensemble de l'organisation. Cette tendance s'était manifestée par exemple dans le travers à ne considérer la CE que comme une chambre d'enregistrement, et non comme organe central. En particulier, mais pas uniquement comme nous allons le voir, il s'agissait de ne pas évoquer les problèmes aigus de militantisme que pouvait vivre le SE au risque de déstabiliser la CE. Selon la thèse des liquidationnistes, il s'agissait là d'une offensive du soi-disant clan… Nous n'avons pas peur de reconnaître que le SI, à un degré nettement moindre, a souffert du même mal en particulier vis-à-vis du BI – ce qui avait été justement critiqué à l'époque en particulier par les membres du BI en Italie si notre mémoire est bonne. Nombreux sont les textes et contributions reconnaissant et critiquant ce travers qui ne se limitait certainement pas aux deux organes mentionnés. Nous voulons citer ici des extraits d'une contribution particulièrement claire sur le sujet que nous avions saluée à l'époque et que nous continuons à saluer aujourd'hui, ce qui est la preuve que nous nous attachons bien à ce qui est dit et non à qui le dit. Critiquant la manière dont le SE était intervenu par rapport à la question de l’impulsion du cercle de Marseille, on y lit :
"Je voudrais rappeler rapidement comment les choses se sont passées car je pense que cela illustre ce qu’il faut corriger (...). Il s’agissait d’une véritable injonction accompagnée d’une date à laquelle devait commencer la première réunion du cercle. Cette façon de faire est une erreur profonde. Franchement on pouvait attendre 15 jours de plus, ce que la réalité nous a d’ailleurs obligé à faire, afin de permettre à la section d’achever sa réflexion sur cette question (...). Pourquoi cette méthode est-elle fausse ? Parce que, hors des cas d’intervention où il n’est pas toujours possible d’attendre une large homogénéité, chaque fois que cela est possible, il faut permettre à la discussion de se développer et non promouvoir une orientation sur injonction, ce qui fut le cas (…). Cela ne favorise ni la confiance, ni l’initiative politique, ni le développement des capacités politiques".
Plus loin, on y lit encore :
"... avoir le souci, chaque fois que c’est possible, de favoriser le débat le plus large, c’est cela qui est à la base d’une vraie centralisation. En effet, si le manque de confiance en soi, dans les camarades et dans l’organisation favorise la recherche de résultats immédiats, cela ne favorise pas, en retour, le développement de l’initiative politique, du débat, de la confiance dans les organes et l’organisation. Cela ne favorise pas la construction d’un corps collectif. A terme, cela risque de remettre en cause la possibilité d’une véritable centralisation, faute de vie politique. Ainsi, quand le camarade Bruno pense défendre la centralisation, je pense qu’il se trompe. Personne ne remet en cause la centralisation. Par contre, une vraie centralisation ne peut s’effectuer que sur la base d’une vie politique intense".
Voilà comment la question de la confiance était posée. Voilà quel était le débat et la divergence avec le SE. A vrai dire à ce moment-là, avec Louise et Bruno essentiellement. D'ailleurs l'auteur de ces lignes approuvent et s'appuient explicitement dans son texte sur les camarades… Jonas, Aglaé et Olivier.
Nous allions oublier de rendre à César ce qui est à César : il s'agit là de la contribution du camarade François Centralisation, confiance et travail collectif, du 6/1/01. Aujourd'hui, c'est exactement la politique qui est critiquée dans ce passage qui est mise en pratique.
Le corollaire de cette tendance avait aussi été critiqué : la passivité et l'attentisme des différentes parties de l'organisation, des sections et des militants vis-à-vis des prises de position et des décisions des organes centraux. Tout comme le manque d'initiative des sections et des militants. Aveuglés par l'explication clanique, les camarades oublient aujourd'hui cet autre volet de la critique d'alors. Loin d'aider à voir clair et à la compréhension, l'explication unilatérale du clanisme ne mène qu'à une vision partielle des problèmes et donc à l'impuissance vis-à-vis des problèmes.
Pour en arriver à poser cette question de la confiance, et encore de manière bien timide, il a fallu tout un processus long et difficile. En particulier, à cause des résistances pour aborder cette question. Et les faits sont là, n'en déplaise aux adeptes du "tout clanisme", cette résistance s'est surtout exprimée dans le SE. En particulier, plus la question de la confiance était posée telle que l'organisation la comprenait alors, et plus la résistance s'est exprimée jusqu'à l'expression et la revendication explicite, et écrite dans des textes, de la méfiance dans l'organisation par les camarades Louise et Bruno. Il y avait bien là une divergence politique qu'il aurait fallu poser de manière beaucoup plus déterminée et tranchée que celle employée par le SI, dont le manque de détermination avait été justement critiqué par le BI.
Aujourd'hui, la question de la confiance est présentée, défendue, pratiquée complètement différemment. Le problème a été renversé : on ne parle plus de confiance dans le tout, mais de confiance dans les organes centraux, dans le SI et dans le SE, dans la CI. Et surtout une confiance aveugle puisqu'elle ne peut être vérifiée ni par la critique politique, ni par les faits concrets (4). Aujourd'hui, la méfiance de Louise et de Bruno n'existe plus. Ils ont confiance car la politique qui avait été critiquée alors, est revenue et a même été poussée beaucoup plus loin puisqu'il n'y a plus de contrepoids dans les OC. Ils ont confiance parce que la méfiance et la suspicion sont en train de devenir le mode de vie du CCI. N'est-ce pas là le résultat du "tout-clanisme ? La dérive sur ce plan s'est brutalement accélérée ces derniers mois – au nom de l'unité de l'organisation contre le "le plus répugnant" des clans. Il avait été déjà très difficile de poser le problème et d'essayer de le combattre de 1996 à 2001. Aujourd'hui, les forces pour le combattre sont encore plus faibles.
Il y a déjà une autre conséquence pratique de cette vision de la "confiance", en fait de la méfiance dans l'organisation. Elle est en cohérence avec le Texte d'orientation et la proposition d'une CI permanente et autonome, c'est-à-dire qui doit se méfier de l'organisation et de ses parties. C'est la question pratique de l'usage et de la prise de notes des réunions. Dans notre bulletin n°5, notre contribution sur le sujet montre que la nouvelle pratique actuelle du CCI est en contradiction avec le principe et la pratique passés du CCI (5). Peter ne s'était-il pas largement appuyé sur les notes des réunions du SI et du SE pour élaborer et écrire le Texte d'orientation de 93 ?
Ce nouveau principe selon lequel il n'y a pas de "droit" automatique pour des camarades à avoir et à prendre des notes des réunions auxquelles ils participent, et aussi des notes des réunions de l'organisation, y compris de ses organes centraux, est la marque d'une méfiance institutionnalisée. Le principe du CCI en la matière a toujours été l'opposé : les camarades ont le droit d'utiliser les notes et de prendre des notes des réunions auxquelles ils participent, et aussi des réunions des différentes parties de l'organisation. Et ce n'est que sur la base de ce principe, que des exceptions, ou plutôt des limites et des conditions peuvent et doivent être examinées dans certains cas. Mais le CCI a toujours été partisan de la démocratie ouvrière et de la discussion la plus large possible. Le nouveau principe tourne le dos à cette vision.
La "méthode" de la CI et la réécriture de l'histoire
Nous rejetons les différents rapports de la CI et nous rejetons la méthode qu'elle a employée.
Tous les faits sont sciemment renversés et interprétés de manière particulièrement malhonnête. Le pire est que certains membres de cette CI mentent effrontément sur des faits auxquels ils ont directement participé. Nous aurons l'occasion, tôt ou tard, et quand nous le jugerons utile, de les confondre.
Un seul exemple parmi d'autres d'interprétations mensongères des faits : le rapport de la CI publié dans le BII 288 accuse "le développement d'un esprit comitard au sein du SI envers le SE de RI" alors que c'est exactement l'inverse qui s'est produit et qui avait été reconnu par tout le SI – Peter compris – et par tout le SE – Bruno et Louise compris, cette dernière insistant même sur une "dynamique clanique" du SE avec pour guru… Bruno !
De même, l'usage tronqué des notes, hors du contexte et du moment dans lequel les interventions sont faites, la confusion sciemment entretenue entre des notes prises entre 1999 et 2001 et sans référer aux problèmes concrets auxquels le SI était confronté alors, est tout aussi malhonnête. Là aussi, nous y reviendrons.
Sur ces deux plans, nous dénonçons la méthode de cette CI. Autre aspect que nous critiquons, c'est la confusion qui est faite entre le travail d'une CI et d'un organe central. Le rapport de la CI se réfère au texte La méthode marxiste, arme indispensable de la défense de l'organisation pour justifier sa "méthode". Ce faisant, elle fait comme si elle n'avait pas une tâche particulière, celle d'une CI, qui doit justement, et en tout premier lieu, enquêter sur des faits, de manière empirique – hé oui – dans le cadre d'un mandat donné – donc elle n'est pas autonome, ni libre. Elle confond son mandat avec celui d'un organe central ce qu'elle n'est pas. Mais il est vrai que les véritables rapports d'activités qui ont "orienté" le CCI depuis le congrès, ont été justement les rapports de la CI. Pourquoi pas ? Mais alors nous ne pouvons lui accorder la confiance par principe comme elle le réclame. Nous devons vérifier cette confiance.
Et cette confiance n'a pas non plus été vérifiée sur le plan de la méthode générale qu'elle emploie et qu'elle revendique. Nous avions déjà critiqué la réduction qu'elle fait des crises organisationnelles du mouvement ouvrier au clanisme posé comme catégorie abstraite. Et c'est vrai qu'elle a employé une démarche idéaliste, posant le concept du "clan-pavillon-bis" comme préalable, dans son fameux rapport préliminaire au congrès, et ensuite en choisissant les quelques faits qu'elle pouvait transfigurer et déformer pour qu'ils rentrent dans la catégorie "clan". Ce n'est pas nous qui le disons, ce sont les différents rapports de la CI dont le dernier, qui se réclament de cette méthode idéaliste : "Toutefois, ces dernières [expressions concrètes de clanisme] n'obtiennent leur pleine signification qu'au sein du cadre tracé dans le rapport préliminaire tout comme d'ailleurs ce dernier ne prend chair qu'à travers ces manifestations concrètes" (BII 288, Rapport de la CI). Autrement dit, la CI reconnaît que sans ce "cadre" défini à l'avance, par principe et sans éléments concrets dans son rapport préliminaire, comme elle le reconnaît par la suite du texte, les "expressions de clanisme" n'obtiendraient pas de signification. CQFD.
En rejetant pompeusement tout empirisme et en l'opposant à la méthode marxiste, elle retombe dans l'idéalisme philosophique en partant d'un présupposé qui n'est pas réel. Voilà comment Marx et Engels définissent la méthode que nous devons utiliser :
"A l'encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre (…) on part des hommes dans leur activité réelle (…). Cette façon de considérer les choses n'est pas dépourvue de présuppositions [cela semble donner raison à la CI qui, dans le cas qui nous occupe part de la présupposition du clanisme. Mais voyons la suite :]. Elle part des présuppositions réelles et ne les abandonne pas un seul instant [comment vérifier ces présuppositions réelles ?]. Ces présuppositions, ce sont les hommes, non pas isolés et figés de quelque manière imaginaire [Michel marqué à vie, isolé et figé à vie, par le clanisme selon les liquidationnistes], mais saisis dans leur processus de développement réel dans des conditions déterminées [dans le cas qui nous occupe, la réalité de la politique menée réellement par le soi-disant clan – c'est-à-dire par le SI, le BI et toute l'organisation -… de 1996 à 2001 et que l'on voudrait bien pouvoir oublier tranquillement. Et Marx et Engels de préciser encore plus :], développement visible empiriquement [le marxisme n'oppose pas l'utilisation de "l'empirisme", plus exactement de l'expérience empirique, à la méthode , elle en est un moment ; c'est-à-dire que la méthode de la CI annonçant l'existence d'un "clan-pavillon-bis" lors du congrès "en l'absence d'éléments concrets" comme elle n'a eu de cesse de le revendiquer dans ses rapports, et encore dans le dernier, n'est pas marxiste. Qu'est-elle alors ?]. Dès que l'on représente ce processus d'activité vitale, l'histoire cesse d'être une collection de faits sans vie, comme chez les empiristes, qui sont eux-mêmes encore abstraits, ou l'action imaginaire de sujets imaginaires, comme chez les idéalistes" (L'idéologie allemande, souligné par nous, Editions sociales, chapitre l'idéologie en général, spécialement la philosophie allemande).
Cette méthode idéaliste reprise et revendiquée par la CI ne peut mener qu'à la distorsion, à une réécriture, de la véritable histoire, dans ce cas de l'histoire de la crise du CCI :
"La Critique, qui se suffit à elle-même, qui forme un tout achevé, ne peut naturellement admettre l'histoire telle qu'elle s'est effectivement déroulée (…). L'histoire est donc affranchie de son caractère de Masse, et la Critique qui prend des libertés avec son objet crie à l'histoire : C'est de telle et telle manière que tu dois t'être déroulée ! Les lois de la Critique ont un pouvoir rétroactif total : antérieurement à ses décrets, l'histoire s'est donc passée tout autrement que depuis ses décrets. C'est pourquoi l'histoire massive, que l'on appelle réelle, diffère considérablement de l'histoire critique" (Marx et Engels, La Sainte famille, Editions sociales).
Sans que nous ayons besoin de publier notre historique du SI, la grande majorité des camarades sentent bien que les liquidationnistes, et donc les rapports de la CI, sont obligés de réécrire l'histoire de la crise. C'est certainement une des raisons du malaise, de la gêne et de la démoralisation qui touchent les camarades, comme le soulignait la CE plénière de novembre (BIRI 251 déjà cité).
Faut-il s'étonner que cette CI soit enfermée dans une méthode et des pratiques condamnables quand sa propre existence, son mandat, elle les doit aux liquidationnistes ?
Tant du point de vue de son "mandat" que de son mode de fonctionnement, cette commission tourne le dos à ce qu'a toujours fait le CCI. Par exemple, le travail de la CI nommée lors du débat de 93-96, bien qu'ayant eu à traiter des questions "délicates" et mêmes "secrètes", ne s'est jamais substitué au débat général sur les expressions et la réalité du clanisme. Ce travail avait comme tâche d'étayer, de préciser et même parfois de fournir des directions au débat général. Mais jamais d'exister en soi et surtout pas à la place du débat général. Telle qu'elle est proposée et mise en place le 20/01/01, la CI actuelle est une négation du CCI puisqu'elle dessaisit l'organisation, le SI et le BI au premier chef, du problème politique central et du débat politique avec l'argument "qu'il faut laisser la question du resurgissement des expressions de clanisme à la seule CI, le BI et l'organisation dans son ensemble ayant autre chose à faire, ayant un congrès à préparer" (cf. notes du SI mensuel de janvier 2000). La CI a donc participé pleinement à l'étouffement du débat dans le CCI et à l'échec de son congrès concernant au moins les questions d'organisation. A vrai dire elle a été l'arme principale de "l'irresponsabilisation" du CCI justement sur son propre avenir en lui interdisant, au nom de la "confiance", de poser et de discuter la question du clanisme avant le congrès et, pire encore, au congrès même. Non seulement la CI s'est substituée au SI et au BI, mais même au congrès !
L'usage destructeur du "tout-clanisme"
Un des aspects particulièrement destructeurs de l'usage systématique du clanisme comme explication des crises organisationnelles, est l'introduction de la manipulation psychologique et des sentiments de culpabilisation chez les camarades. Cette utilisation des sentiments de culpabilité, de mauvaise conscience, est dénoncée par Victor Serge en particulier, comme un élément de soumission et de destruction des militants dans les années 20 et 30 :
"Les uns capitulèrent par tactique, les autres par faiblesse ou par intérêt. Chez tous, l'attachement au vieux parti fut un facteur psychologique décisif. La démoralisation qui résulta de ces reniements finit par rendre irrespirable l'atmosphère du parti" (Victor Serge, Destin d'une révolution, ch.6 Les capitulards, Robert Laffont).
Les exemples d'un tel usage commencent à s'accumuler dans la crise actuelle. Elle passe par l'exigence répétée et systématique, comme préalable à toute discussion, de l'autocritique clanique. Tel que c'est posé aujourd'hui, c'est très destructeur des consciences et des convictions politiques. Nous allons revenir sur un exemple apparemment anodin, parmi tellement d'autres tout aussi "anodins", et pourtant si révélateur de la logique culpabilisante et psychologisante de l'usage du clanisme qu'on introduit dans le CCI.
Le camarade Pinto a "révélé" – confessé serait plus exact - lors de la réunion de Paris du 22/9/01 un échange de paroles très court lors du congrès avec le camarade Juan. Ce fait est mentionné dans un bulletin. Se croisant lors d'une session, le camarade Pinto s'adresse à Juan et lui confie que "plane sur ce congrès le fantôme de Louise". Juan lui répond que oui. Et Pinto de critiquer les propos et l'attitude que Louise a eus lors de son récent séjour à Toulouse laissant entendre qu'elle a tenu des ragots ou des calomnies contre des camarades. Sans plus. Juan lui dit alors "si tu as quelque chose à dire sur Louise, va le dire à la CI". C'est exactement ce qu'a confessé Pinto. Une première observation : Juan a eu raison de dire à Pinto d'aller voir la CI plutôt que de se confier à lui en 30 secondes au milieu du congrès. Or pourtant, aujourd'hui, cette réaction de Juan est qualifiée de clanique. Comme le dit le rapport de la CI montrant ainsi la nullité de sa méthode idéaliste, les faits pris hors de leur contexte et selon comment ils sont présentés, selon le présupposé, peuvent prendre telle ou telle signification. Et surtout peuvent être complètement retournés en dépit de l'évidence concrète. Mais là n'est pas notre propos.
La leçon politique que nous voulons souligner est ailleurs. Pourquoi le camarade Pinto a-t-il mauvaise conscience, un sentiment de culpabilité, par rapport au malaise qu'il a eu face à une attitude, un comportement de la part d'un militant ? Un tel sentiment est tout à fait normal et il n'y a pas à en avoir honte. Croire que par un simple décret, comme celui sur la confiance, on va éviter ce type de sentiments, est illusoire. Ce n'est pas le sentiment qu'il faut combattre, mais ce qui en est la cause. On rentre là dans une vision et une pratique d'auto-culpabilisation, de mauvaise conscience, qui sont particulièrement destructeurs des militants. C'était une des leçons du combat de 93 qui est ouvertement rejetée et trahie.
La vraie question que Pinto doit se poser est la suivante : est-ce que le malaise qu'il a ressenti était fondé sur un comportement politique ou sur son animosité personnelle ? C'est à cette question qu'il doit répondre et non se laisser engager dans une dynamique destructrice d'auto-flagellation et de repentir.
En fait, on a l’impression que, bien souvent, les camarades qui accusent les membres de la Fraction d’être affinitaires ou claniques, sont ceux justement qui ont manifesté et souffert de cet état d’esprit. Et qu'ils le manifestent et en souffrent encore, même si c'est de manière "renversée", c'est-à-dire en se le reprochant. Et, se sentant coupables, ils nous prêtent leurs propres sentiments. Tout comme la faction liquidationniste nous prête sa propre pratique destructrice, manœuvrière, et… clanique.
L'hétérogénéité sur la situation internationale
Une des premières conséquences de la politique du coup de force permanent de la faction liquidationniste qui trouve sa source dans une vision de l'organisation de forteresse assiégée, a été de sous-estimer gravement l'urgence et l'importance de la situation internationale suite au 11/9/01. Tant au plan de l'intervention qu'au plan de l'analyse politique. Le bilan que ce BI ne pourra manquer de faire, c'est qu'il y a eu un retard et une hétérogénéité d'intervention qui est sans doute sans précédent dans l'histoire de tout le CCI. C'est donc sur ce plan, un bilan plutôt négatif qu'il faut tirer. Mais pire encore sans doute, l'hétérogénéité dans le contenu d'une part, et d'autre part la sous-estimation politique de la gravité de la situation, sont eux-aussi sans précédent dans l'histoire du CCI. Cette hétérogénéité est apparue clairement – sans que nous puissions savoir quels ont été le débat et les positions en présence : "Dans la discussion des événements impérialistes du 11 septembre, se sont manifestés dans AP des positions très dangereuses mettant en cause nos analyses sur la guerre, la conscience et le cours historique" (Kiel, Le danger de l'opportunisme dans la présente situation historique, note 17, BII 288). Rien de moins. Encore la faute au soi-disant clan ? Il y a là une faiblesse incroyable qui est le fruit direct de la politique menée au moins depuis le congrès.
Nous renvoyons les camarades à notre prise de position et notre critique de la presse du CCI dans le bulletin n°4. Signalons juste qu'un des plans sur lequel il y a une sous-estimation, à notre sens lourde de signification pour la vitalité même du CCI, se trouve être l'incompréhension de l'attaque idéologique et politique que la bourgeoisie des pays centraux du capitalisme a décidé de mener contre le prolétariat.
Il est clair qu'il y a de plus en plus un dérapage sur cette question. Doit-on là-aussi nous accuser de créer des divergences artificielles afin de justifier la Fraction ? Dans ce cas, le camarade Kiel a la même préoccupation, lui qui estime que "une étude du PV des réunions du SI après 1999 montre que la majorité du SI [il va trouver post festum que c'était sans Peter] étaient tombée dans ces tendances (…) par un matérialisme vulgaire, par un déterminisme crétin, par un dogmatisme sournois et caché" (idem, sacré Kiel !). A part cela, il n'y a pas de divergences politiques. La cohérence et l'homogénéité de notre majorité actuelle dans le combat contre la Fraction est à la hauteur de son homogénéité face au 11 septembre. Mais au diable la cohérence et les principes, tout est bon à prendre contre le "clan".
Le dernier aspect que nous voulons mettre en avant dans ce rapport, est le rapport étroit qui existe entre la politique qui est menée vis-à-vis des minoritaires d'aujourd'hui, particulièrement de la Fraction, et la sous-estimation de la situation internationale et des responsabilités du CCI. Il y a un lien étroit qui met en valeur une cohérence et une dynamique qui tourne le dos, là-aussi à la tradition du mouvement révolutionnaire et du CCI, tant sur le plan interne qu'externe (6).
D'un côté, les minoritaires, et surtout la Fraction, sont traités comme des ennemis à abattre. Soit les membres de la Fraction se soumettent en reconnaissant leur "tort clanique", soit ils resteront "répugnants, malhonnêtes, voleurs, lumpen, girouettes" et tutti quanti. Il n'y a plus de fraternité à avoir à leur égard. Il faut les éliminer. Il est d'ailleurs particulièrement révélateur – et c'est le propre du "tout-clanisme" – que Louise, Peter et Bruno n'ont pas exprimé ouvertement leurs désaccords et leur opposition à une politique qui était menée à l'époque. Non, ils ont préféré mener une politique de discrédit contre les porteurs de cette politique qui continue encore aujourd'hui. Effectivement, il y a là toute une vision différente du débat politique. Mais cette vision où les désaccords ne sont que l'œuvre d'un clan et où les minoritaires – s'ils persistent – sont des ennemis, introduit une vision sectaire au sein de l'organisation, et bien évidemment vis-à-vis de tout le Milieu Politique Prolétarien.
Cette tendance vers le sectarisme s'est révélée au grand jour devant le refus d'avoir comme politique prioritaire face à la situation l'appel à toutes les organisations du MPP ; ou pour le moins, de reprendre au niveau international l'appel au BIPR qu'avait fait notre section aux Etats-Unis. C'est à la fois l'expression de ce glissement sectaire et d'un esprit de forteresse assiégée d'une part, et d'autre part l'expression d'une sous-estimation de la gravité de la nouvelle situation et de notre responsabilité. Est-il besoin de souligner que les deux risquent de se renforcer l'un l'autre si on n'y porte pas un coup d'arrêt rapidement ?
Un lien entre tous ces glissements et dérives qui est la marque de l'opportunisme
En soi, les erreurs grossières sur la situation internationale et l'absence d'intervention dynamique et décidée vis-à-vis du MPP, ne justifieraient pas l'existence de notre Fraction. Mais, c'est sur tous les plans, interne et externe d'une part, principiel, théorique, politique, organisationnel et pratique d'autre part, que nous assistons à une dérive de l'organisation aujourd'hui. Il s'agit bien sûr d'un processus, mais d'un processus qui est bien engagé et qui tend à affecter chaque jour un peu plus tous les volets de nos activités. Qui tend à remettre en cause et à détruire les fondements du CCI. Et dans cette bataille sur tous les plans, la question organisationnelle reste encore le terrain principal, même si pas unique. Pour nous cette bataille est une bataille de Fraction. En particulier parce que nous refusons le cadre du clanisme non seulement comme explication à la crise, mais comme terrain de bataille. Ce terrain est le terrain privilégié de l'opportunisme destructeur d'aujourd'hui comme il l'était de manière assez similaire quant aux méthodes pratiques utilisées par l'opportunisme dans la social-démocratie et, surtout au sein de la 3e Internationale, voire du Pcint en 45-47. Notre terrain est celui de la confrontation franche, ouverte, et "frontale" des divergences politiques et des lignes qui s'affrontent et s'éliminent l'une l'autre. Et le cadre que nous entendons donner à notre combat est celui de la lutte contre l'opportunisme en s'appuyant au maximum sur les expériences du passé. Et non la lutte contre le clanisme – même si nous pensons que la tendance secrète et familiale constituée de Louise, Bruno et Peter a bien constitué une organisation dans l'organisation, un clan contre le CCI. Mais ce n'est pas la question principale.
En conclusion, et pour résumer, nous nous revendiquons de la politique menée par le CCI de 1996 à 2001 qui est remise en cause aujourd'hui par la nouvelle orientation mise en pratique par les organes décisionnels du CCI. Nous nous revendiquons de la méthode de toujours du CCI qui est de faire référence aux prises de position antérieures pour pouvoir établir des bilans critiques. Cette méthode est sciemment ignorée aujourd'hui. Nous rejetons les nouvelles pratiques et les "innovations" théoriques et politiques qui ont commencé à apparaître avant le congrès plus ou moins ouvertement et sans discussion. Et qui depuis se sont gravement confirmées. Nous nous opposons et dénonçons l'introduction systématique et sur tous les plans de la méthode spéculative idéaliste qui imprègne maintenant la plupart des textes et prises de position de l'organisation. Nous nous opposons à l'isolement de la vie du CCI et à la marginalisation des membres de la Fraction, aux suspensions sans motif ad vitam eternam, qui ne visent qu'à nous décourager, à nous user et à nous faire démissionner, ou à finir par nous exclure. Nous exigeons la reconnaissance politique et formelle de la Fraction. Nous critiquons fortement la tendance croissante à la sous-estimation de la gravité de la situation internationale, à la sous-estimation du rôle du CCI vis-à-vis des autres groupes communistes, et la tendance à un certain sectarisme qui s'affirme de plus en plus. Nous affirmons qu'il y a une unité et une cohérence défaitiste entre ces trois tendances à la sous-estimation de la situation et de notre rôle. De même ces dernières tendances vont aussi de pair avec les révisions théoriques et politiques qui ont vu jour et avec la dégradation dramatique du régime intérieur de l'organisation. Il s'agit là d'une politique destructrice des acquis et principes du CCI sur les plans théorique, politique, et organisationnel. La cohérence de la nouvelle politique est la cohérence de l'opportunisme qui a pris possession des organes décisionnels du CCI.
Nos propositions d'orientation pour le CCI
Tenant en compte que nous sommes minoritaires, et sans doute pour un long moment, tenant en compte la nouvelle situation intérieure et la nouvelle situation internationale, et sur base du bilan négatif que nous tirons des activités du CCI depuis le 14e congrès, nous proposons une orientation politique générale.
Mais, en tout premier lieu, nous maintenons la nécessité de déplacer le SI hors de Paris.
D'une part sa renomination à Paris lors du congrès –contrairement à notre avis – pariait sur la reconstitution de l'ancienne équipe. Cette politique a échoué. A vrai dire, elle était illusoire et le BI a fait là aussi, une grave erreur. D'autre part, l'équipe actuelle du SI restreint est complètement inadaptée, non seulement pour assurer le travail quotidien du SI en terme de force militante, mais surtout elle manque totalement de sérénité et de confiance dans l'organisation pour pouvoir assumer les tâches de secrétariat de l'OC et garantir l'unité minimale de l'organisation. En particulier, deux des membres du SI à Paris sont les acteurs principaux de la faction liquidationniste. Celle-ci s'est particulièrement manifestée au lendemain du BI de septembre dernier, contre l'orientation qui s'était dégagée alors suite au retrait du Collectif, en poussant non à l'unité de l'organisation, mais à la poursuite de son travail de division et de discrédit des camarades minoritaires. Elle a relancé la politique des scandales et des provocations. Et elle a cherché par tous les moyens à isoler les membres de la Fraction du reste de l'organisation et à les intimider par différents types de pression jusqu'au domicile des camarades. L'expression la plus claire de cette politique ayant été l'interdiction qui nous est faite- avec la résolution de la CE du 21/9/01 - de publier nos textes dans les bulletins tant que nous n'aurions pas fait la critique du Collectif ! En conséquence, on ne peut envisager que cette équipe puisse réellement et sereinement assumer les tâches d'un SI.
Nos autres propositions sont les suivantes et devraient en toute logique rencontrer l'assentiment des membres du BI :
1) L'ouverture d'un autre débat sur la signification et les répercussions historiques de la nouvelle situation internationale ouverte avec le 11 septembre, débat dans lequel la Fraction comme telle doit participer ; (la discussion sur le cours historique dont l’ancien SI/BI voulait traiter de façon prioritaire au dernier congrès et qui n’a pu avoir lieu) ;
2) La reprise d'une politique dynamique et déterminée vis-à-vis du MPP en vue de pousser à son unité et à ce qu'il assume ses responsabilités historiques face à l'accélération brutale de la situation internationale ; (la situation actuelle impose de ne pas poser la question du MPP comme nous la posions avant le 11 septembre) ;
3) L'ouverture d'un débat argumenté et sérieux, c'est-à-dire sur la base des rapports et résolutions adoptés, dans lequel la Fraction et ses membres, bien évidemment, puissent participer comme Fraction, sur la validité de la politique menée par le CCI de 1996 à 2001 ;
4) La reconnaissance formelle et concrète de la Fraction par la tenue d'une réunion sur les modalités de fonctionnement du CCI avec une fraction en son sein, et ce sur la base de la lettre que nous avons envoyée au SI le 16/10/01 et du document « Droits et devoirs de la Fraction » (cf. nos bulletins n°2 et 3).
Enfin, dernier point, nous demandons, comme c’est la règle dans le mouvement ouvrier et dans le CCI, que ce rapport soit présenté au BI plénier et soumis formellement au vote du BI. Puis soumis à la discussion dans tout le CCI.
La Fraction, le 30/12/01
1 Quand la section de Paris adopte une résolution (16/5/01, BII 283) rappelant et citant les différentes résolutions adoptées lors des remises de mandat de la CO-Nord, résolutions en complète contradiction avec la "nouvelle" position surgie de nulle part sur un tissu pourri à Paris, les liquidationnistes dénoncent une manœuvre du clan. Par ce fait, et par le fait que l'ensemble de l'organisation accepte cette explication sans même relever la contradiction politique, le changement à 180° degré de position, de bilan, sans aucune discussion sérieuse, c'est toute la méthode du CCI en la matière qui est liquidée. L'exemple de la section de Paris fera jurisprudence à l'avenir. Il s'agit là de l'introduction d'une pratique nouvelle, contraire à la méthode du CCI, qui est facteur de confusion et de démoralisation : car les textes adoptés et votés n'ont plus aucune signification, aucune valeur. C'est l'officialisation des votes superficiels, sans conviction, puisqu'ils n'engagent pas. A quoi donc se référer dans ces conditions, même si on veut le faire de manière critique ? Sans doute à la "confiance par principe" dans les organes centraux ? Ou dans certains militants… ? De ceux qui ne s'usent pas sans doute. Il y a là inévitablement une dérive qui tourne le dos aux enseignements du mouvement ouvrier (il suffit de relire Un pas en avant, deux pas en arrière qui défend la notion de "confiance vérifiée").
2 Parmi les quelques exceptions, citons les cas du camarade JK en Allemagne, de Denise à Toulouse et de Nis en Belgique. Pour autant que nous puissions en juger encore aujourd'hui, l'organisation a fait ce qu'il convenait de faire vis-à-vis des deux premiers camarades même si toute démission est évidemment un échec pour l'organisation révolutionnaire. Nous avons déjà salué la capacité de la section en Allemagne à faire que JK continue à avoir une attitude fraternelle et positive à l'égard du CCI. Dans le cas de la camarade Nis, c'est la non-application et la non-compréhension de la politique de l'organisation, qui ont pour l'essentiel favorisé cette démission et la distanciation complète de la camarade, voire son hostilité. Un des aspects que nous n'avons pu clarifier avec elle, et sans doute aussi avec son compagnon de l'époque toujours militant du CCI et aujourd'hui grand pourfendeur du soi-disant clan, a été une vision du militantisme intégral que les deux militants du couple portaient, et qui a été fatale à Nis. Ce n'est sans doute pas un hasard si aujourd'hui la faction liquidationniste compte pour l'essentiel dans ses rangs, bien sûr à des degrés plus ou moins grands, tous les camarades frappés par le militantisme intégral. C'est aussi ce combat de 96 à 2001 contre cette vision et cette pratique du militantisme que l'on voudrait oublier et abandonner en passant sous silence le bilan de ces années.
3 Cette "explication" a largement fait faillite et ne tient pas la route. Au début, nous avions un "clan-pavillon-bis" avec un guru, Michel. Et à chaque fois, la responsabilité du guru Michel devenait plus grande : il était le grand manipulateur et le grand coupable de tous les méfaits. Puis patatras, le guru Michel n'a plus tenu ses supposés adeptes : il s'est retrouvé en complet désaccord avec la constitution de la Fraction. Le clan est devenu la Fraction mais sans le guru Michel. Alors on a essayé d'en trouver un autre : Olivier ou Juan, mais il est clair que ni l'un, ni l'autre n'ont l'étoffe d'un guru. On a bien essayé d'y mêler Pedoncule, mais ce n'est pas très convaincant. Maintenant, la dernière "tendance" est à nous ressortir Jonas de sa démission et à en faire le guru… du "clan-pavillon" ! Voilà donc un clan à géométrie variable qu'on tord dans tous les sens en fonction des besoins immédiats. C'est un autre exemple de l'opportunisme politique.
4 Toute critique au Texte d'orientation a été disqualifiée d'avance comme clanique. Les présentations des BII 283 et 288, en particulier sur les textes de Ldo sont une caricature lamentable de ce procédé visant à disqualifier d'avance toute contribution en opposition conséquente et frontale avec les thèses révisionnistes. Ce fut, et c'est toujours la même attitude avec le refus de voir les faits réels dans leurs enchaînements pour ce qui touche à l'histoire du SI et du SE.
5 Le fait que les camarades, Peter en particulier, aient dû mentir piteusement et effrontément sur les pratiques passées, en particulier avec Simon (cf. la présentation de l'entrevue d'une délégation avec Juan dans notre bulletin n°3) est une indication supplémentaire de la dérive politique et principielle dans laquelle les liquidationnistes sont obligés –ils ne peuvent plus revenir en arrière – d'entraîner l'organisation. Il en va de leur survie "politique" et même, tous adeptes du militantisme intégral, de leur vie personnelle – nous aurons l'occasion de revenir aussi sur ce thème qui montre qu'il y a véritablement deux visions du militantisme.
6 Qu'il y ait une hétérogénéité énorme dans la majorité actuelle, entre la faction liquidationniste et les camarades –eux-mêmes tellement hétérogénes - soucieux de l'unité de l'organisation, la politique menée actuellement n'en porte pas moins en elle une cohérence sur de plus en plus de plans, une cohérence qui est déterminée par "son futur", la destruction du CCI.
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