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PRESENTATION DU BULLETIN n°6

Pour démarrer cette présentation, il nous paraît indispensable de faire une remarque préliminaire qui nous afflige : un grand nombre de militants du CCI semble aujourd'hui adopter une "politique" qui consiste à :

ne pas lire volontairement les documents de la fraction ;

refuser nos bulletins en cherchant à nous les rendre.

Bravo, camarades ! Doit-on croire que votre attitude ressemble de plus en plus à ce que le CCI a maintes fois dénoncé chez les staliniens qui déchiraient nos tracts sans les lire à la porte des usines ? Ou qu'elle se rapproche de l'attitude des gauchistes qui refusent de lire nos publications ? Une chose est sure : c'est une attitude qui a toujours été totalement étrangère aux militants de la Gauche communiste. Jamais ils n'auraient méprisé et refusé de lire les textes de leurs propres camarades.

Laissez nous croire, donc, que ce sont les OD actuels du CCI qui vous ont fait ces "recommandations". Il ne serait, en effet, pas étonnant que ce soit des mesures organisationnelles secrètes qu'ils vous ont susurrées en évitant de les mettre en avant ouvertement, clairement et franchement. Que craignent-ils ? Que les militants se posent des questions ? Qu'ils puissent subir l'influence de la fraction ? Mais alors leurs convictions sont-elles si faibles ?

Camarades ! Nous faut-il conclure ce point en vous appelant à vous ressaisir ?

Nous dédions le passage suivant du Bulletin Communiste n° 13 (janvier 1926) à tous ceux qui nous ont renvoyé le Bulletin de la fraction et à tous ceux qui refusent de fournir les notes des réunions des organes centraux nécessaires pour travailler.

« « Laissons donc les aboyeurs à leurs laides besognes. Ils ont fait à peu près tout le mal qu'ils pouvaient faire. Quant aux pauvres diables fanatisés contre l'Opposition, nous leur ferons simplement cadeau, à l'occasion du nouvel an, d'une citation de Lénine, à la mode en période de bolchévisation.

A l'époque des discussions avec l'opposition ouvrière de son parti (car dans le parti "monolithique" par excellence, il y a toujours eu des oppositions et des discussions) Lénine déclara que le Parti avait la fièvre, était malade , et voici ce qu'il préconisa pour sortir de la crise :

"Il faut que tous les membres du Parti, avec un plein sang-froid et la plus grande honnêteté, se mettent A ÉTUDIER (souligné par Lénine) d'abord le fond des désaccords et ensuite le développement de la lutte du Parti. L'un et l'autre sont indispensables, car l'essence des désaccords se développe s'éclaircit, se concrétise (et de toutes parts à vue d'œil) au cours de la lutte qui, passant par diverses étapes, nous montre toujours à chaque étape une composition et une quantité différentes de combattants, leurs positions différentes dans la lutte, etc. Il faut ÉTUDIER. Cela exige absolument les documents imprimés les plus précis, permettant la vérification de tous côtés. Celui qui croit sur parole est un incurable idiot. » (Lénine : Oeuvres complètes, t. XVIII, p. 27)

Entendez-vous bien, chers camarades ? " Incurable idiot », voilà comment Lénine traite celui qui, dans une crise du Parti, « croit sur parole » les affirmations intéressées, sans vérifier les textes.

« Incurable idiot », celui qui n'étudie pas les questions comme il sied.

« Incurable idiot », celui qui ne prend pas la peine de lire avant de condamner.

Et maintenant, si vous ne voulez pas être tenus pour d'incurables idiots (Lénine dixit), lisez le Bulletin communiste et la Révolution Prolétarienne avant de pousser des cris de putois sur un signe d'un rouage d'appareil… » »

***

Ce bulletin contient trois grandes rubriques : les activités du CCI ; la situation internationale ; et nos correspondances avec l'organisation comme un tout et avec le Milieu Politique Prolétarien.

1. Les activités du CCI

En premier lieu, nous publions ici le rapport d'activités (en français et en anglais) que la Fraction a proposé au BI plénier de janvier 2002. A la suite, les camarades pourront lire notre critique du rapport d'activités proposé et adopté par la majorité actuelle.

Cela fait déjà deux BI pléniers de suite, que nous présentons un rapport d'activités alternatif avec une analyse et une orientation contradictoires et opposées à celles "avancées" par la majorité qui vient une nouvelle fois confirmer qu'il y existe des divergences politiques. Malheureusement, tout comme pour le rapport précédent en septembre, aucune réelle discussion n'a eu lieu sur les deux orientations. Dans la mesure où, selon la majorité, et surtout selon la faction liquidationniste, nous sommes le pire clan que le CCI ait jamais connu, que nous sommes "une secte fanatique aux méthodes comparables au stalinisme et au nazisme", les divergences politiques n'existent pas. Ou alors si elles existent – il devient de plus en plus difficile de le nier maintenant -, elles ne sont pas discutables puisqu'il faut d'abord que les membres de la Fraction s'auto-critiquent sur leurs comportements claniques et anti-organisation, paient entièrement leurs cotisations et remettent l'historique du SI. Bref, que la Fraction se dissolve.

Il ne peut être question de réellement discuter notre orientation et notre bilan. Mais d'accord ou pas avec nos positions et nos orientations, la négation et l'ignorance de cette opposition politique est catastrophique car elle désarme complètement les camarades et l'organisation face aux problèmes qu'elle a confrontés durant des années. Pire même, le rejet conscient, volontaire, de ne pas reconnaître ni les divergences, ni les problèmes concrets posés dans le passé (militantisme intégral, comportements individuels, difficultés militantes de tout ordre, difficultés personnelles, unité –et distinction- entre vie militante et vie personnelle, la lutte contre la "politique d'injonction", de minorité positive, la remise en cause implicite, sans méthode, sans bilan critique concret des bilans positifs adoptés durant toutes ces années, etc…), ni la véritable histoire du SI, du SE et de l'organisation, font pire que désarmer l'organisation et les camarades : elles les poussent au nom de l'unité de l'organisation et de l'anti-clanisme à remettre en cause les fragiles, mais néanmoins réelles, avancées que le CCI avait connues à la suite du combat de 93-96.

Les conséquences se font déjà sentir. Le BI plénier de septembre 2001 n'avait dégagé qu'une seule orientation d'activités : l'institutionnalisation d'une Commission d'Investigation permanente et autonome adoptée par ce même BI. Le BI plénier de janvier 2002 n'a dégagé qu'une seule réelle orientation : formellement, l'ultimatum à la Fraction pour qu'elle se dissolve. Concrètement, l'élimination de ce "corps parasitaire à l'intérieur du CCI" que constitue "la secte fanatique aux méthodes comparables aux méthodes staliniennes et nazies". Comment s'étonner que de plus en plus de camarades soient démoralisés et ne s'enthousiasment pas vraiment devant une telle orientation ?

C'est donc un bilan particulièrement négatif que nous tirons de ce BI plénier de janvier 2002 incapable de donner une explication un tant soit peu "rationnelle", un tant soit peu politique, à la situation de crise du CCI ; incapable de donner une orientation d'activités "positive" et cohérente reprenant l'orientation d'ouverture que le CCI avait mené avec un certain succès ces dernières années et s'attaquant aux problèmes réels du militantisme et de la construction de l'organisation communiste.

A la place, outre l'élimination de la Fraction à la prochaine conférence, le BI s'est vautré dans les pires manœuvres et mensonges pour piéger les militants de la Fraction présents et pour finalement faire voter de manière honteuse et hypocrite l'exclusion du camarade Jonas, démissionnaire depuis mai dernier, militant depuis 1968, gravement malade, le mettant sur le même plan que Chénier et Simon.

Qui aurait cru, il y a encore six mois que de telles magouilles et de tels mensonges seraient possibles et acceptés dans le CCI ? Quand nous dénoncions dès le SI mensuel de juin la dérive en terme de pratiques organisationnelles qui s'emparait de l'organisation, qui croyait que nous en arriverions là ? Le camarade Michel cassé à jamais sans doute comme militant, Stanley aussi sans doute, Jonas démissionnaire depuis mai dernier et exclu 9 mois plus tard pour indignité (!); exclusion hors la lettre et l'esprit des statuts, Juan suspendu à vie alors que l'accusation contre lui était complètement fausse – comme cela a été encore confirmé au BI plénier de janvier -, Olivier, Sarah, Aglaé, eux aussi suspendus de fait. N'a-t-on pas vu Olivier et Juan suspendus pour prise de note dans les réunions ? Qui aurait cru que ces camarades avaient constitué une "secte fanatique aux mœurs staliniennes et nazies" depuis… combien de temps au fait ?

Et le pire, c'est que nous savons – directement ou indirectement - que la majorité des camarades n'est pas convaincue de toutes ces ridicules accusations. Mais qu'ils les laissent passer au nom des "dérapages inévitables" dans un combat organisationnel. Malheureusement ces dérapages sont l'expression, à la fois le produit et facteur actif, aggravant, d'une dramatique dérive organisationnelle, politique et aussi théorique. Et les camarades qui ne sont pas réellement convaincus, qui se contentent par facilité de croire à la réalité du clan-pavillon-bis en espérant que c'était un mauvais moment à passer, mais qu'ensuite, une fois les torts claniques reconnus, tout reviendrait à la normale, vont finir par se démoraliser et être écœurés du militantisme. Ce processus est déjà à l'œuvre alors que nous sommes en plein combat.

Qu'en sera-t-il demain lorsque la Fraction aura été éliminée et que la fumée du combat se sera dissipée ? Il ne restera plus alors que la « faction des militants intégraux et mystiques » dont toute critique sera immédiatement irrecevable - puisque ces militants sont maintenant "intouchables" à l'image caricaturale de Louise - et taxée de clanique – puisque ces critiques seront du même ordre que celles du clan-pavillon-bis.

Un dernier mot sur le sujet. Une des manifestations de la dérive organisationnelle et de la spirale dans laquelle les camarades s'enfoncent, est bien la question des notes. La nouvelle pratique est à l'interdiction de la prise de notes car elles seraient la propriété de l'organisation. C'est une innovation qui n'a rien à voir avec la tradition du mouvement ouvrier et du CCI. Il suffit de voir qu' Un pas en avant, deux pas en arrière est écrit sur la base de notes de congrès, qu'une grande partie des notes de l'Internationale Communiste ont été publiées, y compris par les oppositions de gauche (il suffit de voir le contenu du journal Contre le Courant (reprint Feltrinelli) publié par l'Opposition Communiste à la fin des années 20 dont une grande partie du contenu est constitué des notes de l'Internationale et du PC russe encore dans les années 1927). Comment les camarades qui défendent sincèrement cette nouvelle pratique vont-ils se sortir de cette situation quand ils vont réaliser ce à quoi ils se sont prêtés au nom de l'unité et de la discipline ?

2. La situation internationale

Notre fraction poursuit son travail et elle considère que la prise de position sur la situation mondiale et ses implications pour les révolutionnaires en font pleinement partie.

Constituer une fraction ce n’est pas seulement assumer la défense du point de vue minoritaire sur la base duquel elle s’est formée. C’est aussi s’engager à assumer l’ensemble des responsabilités des révolutionnaires, et cela passe tant par la poursuite d’un travail de réflexion et d’élaboration sur les racines de la crise interne que par la tâche permanente d’appréhension de la situation et des tâches qui en découlent pour l’avant-garde de la classe ouvrière.

Notre fraction s’est constituée en défense de nos principes en matière d’organisation et contre une dérive brutale qui les remet en cause et les piétine chaque jour un peu plus. Pour autant si la défense des principes organisationnels est une question politique et programmatique à part entière, distincte des autres tâches, elle n’en est pas pour autant totalement séparée et encore moins on ne saurait la considérer comme s’opposant à elles. Il existe au contraire des rapports étroits entre la capacité à assumer ce pour quoi l’organisation existe, à savoir ses tâches d’orientation et d’intervention au sein de notre classe dans une situation donnée et celle de la défense de son existence présente et future.

Le rapport d’activités présenté au BI plénier de janvier semble avoir soudain découvert que les révolutionnaires doivent savoir assumer « la bataille sur les deux fronts » et se gargarise de cette soudaine révélation, effectivement largement contredite par la manière dont les OD ont considéré jusqu’à présent avec le plus grand mépris les préoccupations existant en notre sein et autour de nous sur les questions posées par la situation. Notre fraction, elle, n’avait pas attendu le dernier BI plénier, pour savoir qu’elle se devait également de mener le combat sur ce front là. En témoignent nos précédentes prises de position dans le bulletin et celle que nous publions dans ce numéro.

3. Nos courriers

Nous n'allons pas tous les énumérer mais nous souhaitons dire 2 mots sur deux questions : nos courriers au MPP et sur le cas Jonas.

* Au MPP.

Contrairement à ce qu’affirme la prise de position du SI et le SE « sur les dénigrements du CCI auprès du MPP» du 3 février 02, si nous avons écrit au MPP c’est parce que nous attendons sa réaction positive. Et nous savons quelle aura lieu car nous n’avons pas la même conception ni le même état d'esprit concernant le MPP que les OD actuels du CCI. Comme nous l’avions défendu antérieurement et encore au dernier congrès, « quelque chose est en train de bouger dans le MPP ». Nous n’avons pas la vision du CCI seul au monde ou « forteresse assiégée ». Nous considérons le MPP comme un tout et le CCI comme une de ses composantes. Et, nous avons confiance dans le MPP (contrairement à ceux qui ont écrit un texte d’orientation sur la « confiance » et qui, dès la première application le remettent en cause, comme nous l’avons déjà démontré sur d’autres questions).

Nous avons même la faiblesse de croire qu’il va se passer quelque chose du fait même de notre action.

* Le cas Jonas.

Les camarades liront notre déclaration, elle est suffisante pour montrer l’attitude de magouille inqualifiable des OD actuels du CCI. Mais, une chose "extraordinaire" mérite d’être soulignée ! Sur « l’escalade parasitaire de la fraction » du 5 février 2002, non seulement le BI a essayé de nous faire voter à la va-vite une résolution sans nous donner tous les termes du vote. Il s’agissait soi-disant de « voter le principe de l’exclusion » alors qu’on allait encore entendre le camarade Jonas. Pourquoi l’entendre alors qu’on a déjà voté l’exclusion ? C’est surréaliste ! Mais encore, on fait voter sur une mesure concrète qui n’existe pas puisque c’est un principe. Jusqu’à présent on connaissait le fait de faire voter les camarades sur des résolutions et textes dont la rédaction n’était pas achevée, comme on a pu faire voter en juin 2001 sur le texte d’orientation non encore écrit (ce que nous avions déjà dénoncé). Maintenant on fait voter sur une mesure "abstraite". Quand est-ce que les militants sauront ce sur quoi ils votent ? En attendant, les portes sont ouvertes à toutes les manipulations et autres magouilles de la part de la "faction liquidatrice".

4. La fraction se renforce

Nous sommes heureux de compter un nouveau camarade, le camarade Sergio de RM. Nous publierons sa lettre d’adhésion à la fraction dans le prochain bulletin. Quant au camarade Jonas, il a exprimé son accord politique avec la fraction et le souhait de nous aider dans la mesure de ses moyens physiques. Nous accueillons son soutien et sa volonté militante avec intérêt, chaleur et fierté alors qu'il mène depuis plusieurs années un combat éprouvant contre une grave maladie.

La Fraction (16/02/2002)


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