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Poursuivons la réflexion suite à mes 2 précédentes contributions sur l'organisation et la classe ouvrière.
Toutes les classes sociales subissent la même aliénation.
Depuis la fin du communisme primitif, toutes les classes sociales ont subi l’aliénation. Et, dans le système capitaliste, elles connaissent toujours cette même aliénation :
“ La classe possédante et la classe du prolétariat représentent la même aliénation de la personne humaine. Toutefois, la première se complaît dans cet état et s’y sent reconnue ; elle conçoit l’aliénation comme sa propre puissance et y possède l’apparence d’une existence humaine. La seconde se sent anéantie dans l’aliénation, elle y perçoit son impuissance et la réalité d’une existence inhumaine. Pour employer une expression de Hegel : elle est, dans sa déchéance, la révolte contre cette déchéance, révolte vers laquelle elle est poussée nécessairement par le conflit entre sa nature humaine et sa situation dans la vie qui est négation franche, absolue, totale de cette nature ” (souligné par Marx dans La sainte famille, Werke, II, page 37).
Mais dans les conditions d’existence du prolétariat se trouve résumée la condition inhumaine de toute la société. Il ne s'agit pas d'une question secondaire mais du point central qui détermine la nature particulière mais antagonique du prolétariat à toutes les autres classes sociales.
En effet, pour Marx, le prolétariat résume toutes les tares de la société ; son état représente celui du scandale général de toute la société ; il confirme le crime notoire de cette dernière ; son être profond est chargé de toutes les chaînes ; il représente la dissolution de tous les états d’aliénation de la société bourgeoise ; sa révolte possède un caractère universel, parce que ses souffrances sont universelles, et comme il subit non un tort particulier, mais le tort absolu et sa vie dans le capitalisme est “ la négation franche, absolue, totale ” de sa nature humaine, sa libération sera celle de l’humanité. Telle est l’image pathétique et dramatique du prolétariat qui court à travers toute l’œuvre de Marx. Et pourtant c’est ce même prolétariat qui transformera le monde au travers de la négation de sa situation c’est à dire à travers la négation de la négation de sa nature humaine.
C'est la raison pour laquelle Marx décrit, tout au long de nombreuses pages du Capital, l'état catastrophique de la classe ouvrière anglaise et du travail des enfants au 19ème siècle, en période d’ascendance du capitalisme. Mais cette misère qui dépasse largement le cadre de la simple vie sociale s'accroît encore plus dans la période de décadence du capitalisme, y compris dans sa phase de décomposition.
Bien sûr, c’est cette même classe sociale qui subit le poids de cette misère qui est porteuse de la transformation du monde.
Marx l’indique très clairement dans La Sainte famille :
“ Peu importe ce que tel ou tel prolétaire ou même ce que le prolétariat tout entier s’imagine être son but, momentanément. Ce qui importe, c’est ce qu’il est réellement et ce qu’il sera historiquement contraint de faire conformément à son être. Son but et son action historique lui sont tracés visiblement et irrévocablement dans les circonstances mêmes de sa vie, comme dans toute l’organisation de la société bourgeoisie actuelle. ” (souligné par Marx dans Werke, II, p.38).
Il est clair que c'est bien cette classe sociale totalement aliénée qui est capable de l'acte radical et total que représente la négation de sa négation qui est “ irrévocablement ” poussée à le commettre.
C'est la nature radicalement différente entre la bourgeoisie et le prolétariat qui détermine ce qu'ils sont et leur devenir historique.
A la différence de la bourgeoisie, dont la genèse et le développement historique en tant que classe sociale obéissent à un automatisme aveugle, inhérent au fonctionnement même du mode de production capitaliste, le prolétariat connaît au cours de son développement une métamorphose structurelle : à l’origine, masse inerte “ vis-à-vis du capital ”, il finit à travers ses luttes à se “ constituer ” en “ classe pour lui-même ” (Marx, Misère de la philosophie, La Pléiade, économie, I, p. 135).
C’est dans le Manifeste communiste que Marx donne la description la plus profonde et la plus claire des luttes du prolétariat et de son “ auto-constitution ” sociale en classe. Marx y traite de l’ “ organisation des prolétaires en une classe ”, et il ajoute aussitôt : “ et, par suite, en un parti politique ” (j’y reviendrai). Mais, l'on peut d'ores et déjà affirmer que la classe ouvrière et son parti ne possèdent pas et ne peuvent pas posséder une nature différente.
Et là encore, la vocation révolutionnaire du prolétariat est soulignée dans sa spécificité historique : seule classe “ vraiment révolutionnaire ”, le prolétariat “ porte l’avenir (de l’humanité) dans ses mains ”, puisque son mouvement, à la différence de tous les mouvements sociaux du passé, (Spartacus, Jacqueries, révolutions bourgeoises) est celui de l’ “ immense majorité dans l’intérêt de l’immense majorité ”.
Ainsi, la bourgeoisie, en développant la grande industrie et en concentrant les richesses entre les mains d’une minorité sape elle-même les bases sociales de son existence : elle “ produit avant tout ses propres “ fossoyeurs ” ”. (Manifeste communiste).
Lorsque Marx parle de misère ouvrière, il l’envisage sous ses 2 aspects : sociale et humaine.
La misère sociale de l’ouvrier est quelque peu curable (par les combats politiques de la classe) parce que relative (du domaine du politique), historiquement déterminée. La misère humaine ne l'est pas, elle est seulement du domaine de la transformation radicale de la société.
Mais, c’est bien cette misère qui engendre la force du prolétariat et qui représente sa négation car dans ses conditions d’existence se trouvent condensées toutes les conditions inhumaines de la société moderne. A ce degré de misère, le prolétariat prend conscience de sa situation et de sa détresse extrême ce qui le pousse à choisir la solution extrême : pour se libérer, il doit libérer la société toute entière car c’est seulement en abolissant les conditions d’existence inhumaines de la société qu’il peut réintégrer sa propre humanité, dont il était dépossédé.
Nature du prolétariat.
C’est cela qui fonde l’ETRE, la NATURE profonde du prolétariat et qui les rend radicalement différents et opposés à ceux de la bourgeoisie et des autres classes et couches de la société. Cette conception de Marx est résumée dans l’Adresse inaugurale de L’Internationale où il écrit que : “ l’émancipation de la classe ouvrière sera l’œuvre de la classe ouvrière elle-même. ” Le prolétariat moderne devient le porteur et le sujet historique de la révolution. Classe qui concentre toutes les tares de la société et qui en incarne le crime notoire, le prolétariat possède un caractère universel par suite de sa misère universelle. Il ne peut s’émanciper sans émanciper toutes les sphères de la société. Et c’est en réalisant cela (la négation de la négation) qu’il s’abolit aussi en tant que prolétariat.
La révolution prolétarienne sera une entreprise universelle, menée de concert par l’immense majorité des membres de la société ayant pris conscience de la nécessité et de la possibilité d’une émancipation totale de l’humanité. Par contrecoup doivent apparaître une conscience et une volonté de masse toutes deux tendues vers un changement profond et universel des relations humaines et des institutions sociales.
Soulignons, dès lors, et qu'il est évident que l’être du prolétariat est la négation de celui de la bourgeoisie : l’individualisme, les intérêts sordides, la corruption, le crime, etc.. Dans ce mouvement, “ la classe ouvrière est révolutionnaire ou elle n’est rien du tout. ” (lettre de Marx à J.B. Schweitzer, 1865).
C’est pourquoi le prolétariat doit se constituer consciemment en force matérielle pour défendre ses droits et son projet de transformation de la société tout en réalisant progressivement la communauté humaine.
En luttant pour ses propres intérêts, il s’affirme comme force d’abolition et de création. Ce faisant, la conscience la plus achevée au sein de la classe se trouve concentrer dans une partie d'elle-même : son parti de classe.
“ Art. 7al. Dans sa lutte contre le pouvoir collectif des classes possédantes, le prolétariat ne peut agir comme classe qu'en se constituant lui-même en parti politique opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes. (souligné par moi)
Cette constitution du prolétariat en parti politique est indispensable pour assurer le triomphe de la révolution sociale et de son but suprême : l'abolition des classes ”. (Statuts de l’AIT)
Nature du parti de classe du prolétariat.
Rappelons d’abord la phrase de Marx qui insiste dans le Manifeste communiste sur l' “ organisation des prolétaires en classe, et par là même en parti politique ” c'est pourquoi il est bien clair qu’il n’existe aucune différence de nature entre la classe et son parti politique.
Le parti de classe comme partie de l’Etre conscient de la classe, ne possède pas une autre nature que celle du prolétariat. Il est “ opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes ” et cela n’est pas seulement valable par rapport à ses positions politiques, c’est aussi valable par rapport à son Etre profond. Il ne peut être porteur : de l’individualisme(1), des intérêts sordides (2), de la corruption, du crime, etc.. Il est la négation de tout ce que peut être la nature de la bourgeoisie ; en tant que partie de la classe porteuse du devenir et de l’émancipation totale de l’humanité toute entière.
Lénine ne dit pas autre chose quand il parle du communiste, du bolchevik qui a fait la révolution et qui en fait n’est pas différent que n’importe quel membre de sa classe :
“ Ce communiste, ce révolutionnaire qui a fait la plus grande révolution qu’on n’ait jamais vue dans le monde, ce révolutionnaire que contemplent sinon quarante siècles du haut des pyramides, du moins quarante pays européens avec l’espoir de s’affranchir du capitalisme – ce communiste, ce révolutionnaire doit prendre des leçons auprès du vulgaire commis qui a trimé dix ans dans une épicerie, qui connaît son affaire tandis que ce communiste responsable, ce révolutionnaire dévoué, non seulement ne la connaît pas, mais ignore même qu’il ne la connaît pas. ” ( Lénine, rapport politique “ le ‘socialisme’ comme apprentissage des ruses du bon épicier ! ”.) (3)
Et Marx en parlant des communistes réaffirme cette idée de la nature des membres du parti dans le Manifeste, il écrit : “ ils n’ont point d’intérêts qui divergent des intérêts du prolétariat. Ils n’établissent pas de principes particuliers [relevant d’un esprit de secte (édition anglaise de 1888)] sur lesquels ils voudraient modeler le mouvement prolétarien. (…) Ils représentent toujours les intérêts du mouvement dans sa totalité ”. (souligné par moi).
Mais qu'en est-il dans les phases de recul de la classe voire de contre-révolution ?
L'histoire du mouvement ouvrier est celle de la discontinuité (4) au sens où l'histoire de la lutte de classe est celle de ses avancées et de ses reculs à travers une succession de phases de révolution et de contre révolution. Durant toutes ces phases, l'organisation demeure l'expression, l'affirmation parfois modeste (la fraction durant la 2ème guerre mondiale) mais toujours essentielle du caractère communiste de la classe. ("Le côté théorique est pour le moment notre seule force" lettre d'Engels à Marx du 26 novembre 1847 Correspondance, I, Costes, p.141) . Dès lors c'est dans de petits groupes que se concentre la véritable nature du prolétariat et cela même dans les périodes de contre-révolution. "Mais la rupture de l'existence organisationnelle du Parti ne signifie pas une rupture dans le développement de l'idéologie de la classe" Internationalisme, in BED N° 6, page 20.
Le parti demeure le meilleur antidote de la pénétration de l'idéologie de la bourgeoisie et le lieu où ce combat a lieu et reste victorieux tant qu'il ne dégénère pas. "Le Parti restera le facteur conscient de l'action de classe. Il est la force motrice idéologique indispensable à l'action révolutionnaire du prolétariat. (...) La reconstruction de cet organisme de classe est à la fois conditionnée par une tendance se faisant jour dans la classe ouvrière de rupture avec l'idéologie capitaliste et s'engageant pratiquement dans une lutte contre le régime existant..." (Internationalisme, in BED N° 6, page 21).
C'est pourquoi, "aucune organisation, aucun parti ne peut se substituer à la classe elle-même... Le parti qui est la cristallisation de la conscience de la classe n'est ni différent ni synonyme de la classe. (souligné par moi) … A aucun moment il ne peut ni se séparer, ni remplacer l'action vivante de la classe." (Internationalisme, in BED N° 6, page 25).
Et, Internationalisme (page 27) poursuit l'explication de sa vision sur la nature du parti : "Tant que le parti reste le creuset où s'élabore et s'approfondit l'idéologie de la classe, il a pour règle, non seulement la liberté la plus grande des idées et des divergences dans le cadre de ses principes programmatiques, mais a pour fondement le souci de favoriser et d'entretenir sans cesse la combustion de la pensée, en fournissant les moyens pour la discussion et la confrontation des idées et des tendances en son sein.
Vu son cet angle, la conception du Parti ; rien ne lui est aussi étranger que cette monstrueuse conception d'un parti homogène, monolithique et monopoliste.
L'existence de tendance et de fraction au sein du Parti n'est pas une tolérance, un droit pouvant être accordé, donc sujet à discussion.
Au contraire, l'existence de courants dans le Parti – dans le cadre des principes acquis et vérifiés - est une des manifestations d'une conception saine de la notion de Parti."
On notera l'importance de ce parti en tant que creuset pour le développement de la théorie prolétarienne et donc de la lutte contre la pénétration de l'idéologie de la bourgeoisie. (5) Mais aussi on notera que “ la combustion de la pensée ” ne peut se faire sans “ la liberté la plus grande ” accordée aux idées, aux divergences et même à “ l’existence de courants dans le parti ”.
Ce que Internationalisme a toujours défendu comme une “ conception saine ” du parti, la “ tendance révisionniste ”, avec sa vision des clans, la rejette en tant que “ danger mortel ”...
Et alors ?
Après avoir fait ce détour par nos principes et fondements politiques, ceux du marxisme, on constate aisément combien nous sommes à cent lieux des positions de notre “ tendance révisionniste ”.
Au début (en 1999) était la méfiance exprimée par Bruno et Louise par rapport au SE, par rapport au SI ou la majorité du SI pour être plus précis ; la méfiance de Bruno exprimée par rapport aux capacités du CR de RI en janvier 2000. C’est cela qui avait nécessité la contribution du SI en 2000 sur la “ Confiance et la centralisation ”, qui a permis que notre débat se développe jusqu'à aujourd'hui.
Depuis lors, c’est la méfiance généralisée qui a pris le dessus dans l'organisation. (Cf. : Texte d’orientation qualifié “ d’historique ” au SI mensuel du début juillet 2001 et qui, en fait, ne parle que de “ surveillance ” et de “ vigilance ” ; le rapport d’activités rédigé pour le BI de septembre 2001 par la “ tendance révisionniste ” qui souhaite officialiser et pérenniser la CI : y a-t-il donc tant de dangers dans l’organisation ?).
Et, c’est la vision bourgeoise qui se développe dans le CCI avec : l’individualisme (ce qui n’a rien à voir avec l’“ homme ” défini par Marx) et l'existence d'intérêts sordides. Et, par-dessus tout, on nous explique que dans une organisation porteuse du communisme (!) et du devenir de l’humanité (!), ce sont des luttes de clans et de cliques qui auraient lieu ? Drôle d’organisation de la classe qui est sa partie la plus consciente mais qui, par contre, concentre et développe pour ne pas dire secrète en son sein tout ce qu’elle exècre au plus haut point et lui est antagonique.
Nous avons déjà dit que la période historique, la décadence et sa phase de décomposition, ne modifie pas la nature du prolétariat et ce qu’il sera obligé d'accomplir : la négation de sa négation par la révolution communiste. Il en est de même pour son parti politique qui en est son creuset, sa conscience de classe la plus achevée et qui, par son combat, lutte contre les effets néfastes de la société. Si le prolétariat n’arrive à lutter véritablement contre les effets néfastes de la décomposition que dans sa lutte révolutionnaire, le parti prolétarien, par sa lutte révolutionnaire au jour le jour le fait sans cesse, tant qu'il ne dégénère pas. Il est le principal et le véritable antidote contre les effets néfastes de la décomposition. En clair, il est la négation des effets de l'idéologie de la bourgeoisie.
D’après la vision bourgeoise que la "tendance révisionniste" prête au parti de classe, Cardan et les autres parasito-modernistes auraient bien raison de défendre l’idée que les organisations politiques sont “ toujours pourries ” et ne peuvent donner naissance qu’à des affrontements entre individus, des luttes de cliques et de clans et que le "militantisme est l'aliénation suprême". (6)
Non ! Messieurs les "nouveaux ou anciens conseillistes", vos conceptions sont fausses, vos dires ne sont pas vrais ! "Il suffit de regarder la vie de beaucoup de groupes, les rapports de beaucoup de camarades pour voir que subsiste beaucoup, sous des formes diverses, de ses rapports hiérarchiques, depuis la pensée du spécialiste jusqu'à la destruction de toute pensée individuelle en passant par le langage ésotérique". (Henri Simon in L'Anti-mythes N°6 - octobre 1975).
Les modernistes et les parasites mélangent toutes les organisations politiques bourgeoises et prolétariennes sans distinction et n’ont pas compris que la nature des organisations révolutionnaires est tout autre. (il est bien évident que je ne traite pas, ici dans cette contribution, de la période de dégénérescence des partis prolétariens).
C'est pourquoi, il est de plus en plus clair que ceux qui accusent des communistes de mener une politique de clans dans une organisation prolétarienne :
soit ne savent pas ce qu’ils disent et font, soit accomplissent un acte de forfaiture et ne sont plus eux-mêmes dignes de porter un tel nom : de communiste ;
soit doivent prouver que ceux là ont effectivement mené une politique consciente, délibérée et sont indignes de porter le nom magnifique de communiste et surtout que l'organisation à laquelle ils appartiennent est en train de dégénérer.
Mais surtout, avec ce point de vue extrêmement grave, il y a une remise en cause profonde de la conception marxiste de la classe et de son parti. Il n’y a plus d’organisation politique prolétarienne possible. Celle ci a une nature différente de celle de la classe qu’elle est censée défendre, voire même elle a des intérêts antagoniques à celle-ci, comme l’affirment les conseillistes.
Nous avons souvent dit que le bordiguisme et le conseillisme se rejoignaient, au fond, sur une même conception du parti, il est assez intéressant de constater que notre tendance “ révisionniste ”, a cette même conception du parti. D'un côté, elle porte des accusations de "démocratisme" contre la politique de l'ancien SI, de "clanisme" contre toute expression de désaccords, ne comprenant pas qu'il faut que l'organisation soit "le creuset où s'élabore l'idéologie de classe" …avec "la liberté la plus grande". D'un autre côté, elle donne raison à la vision conseilliste qui ne voit dans le parti qu'un champ de bataille entre "clans", "factions" et autres "individualités". Elle ne comprend pas que l'organisation a la même nature que la classe ouvrière et qu'elle est totalement antagoniste à tous les partis bourgeois
Et le MPP en tant que partie de la conscience de classe?
Mauro Jr. comme gourou ? C'est une grossière erreur que d'avoir traité Mauro Jr. du BIPR de gourou. On voit où les déviations du combat de 93 (on a vu des gourous et des clans partout), nous ont entraînés. Mais le CCI a toujours tendance à tordre la barre pour bien comprendre une idée. Malheureusement, voilà où nous ont amenés nos erreurs politiques en pensant que tout le MPP était gangrené par l'idéologie de la bourgeoisie. Il faut rapidement faire une réévaluation de notre vision du MPP. Nous ne pouvons défendre l'idée que les organisations composant le MPP, comme partie la plus consciente de la classe ouvrière, possèdent la même nature que les organisations de la bourgeoisie. C'est très certainement ces déviations, qui doivent se sentir à l'extérieur, qui ont amené le BIPR a son repli actuel en particulier vis à vis du CCI. Il faudra y réfléchir plus profondément et y être attentif.
Que peut-on conclure ?
Voilà pourquoi la généralisation de la théorie des clans, amène à la destruction des organisations révolutionnaires car elle est antagonique à ces dernières. C'est un fait, une réalité. "La preuve du pudding, c'est qu'on le mange", disent nos amis anglais et bien il suffit de regarder le CCI pour se faire une idée du massacre. C'est ce qui est arrivé au CCI, ses organes centraux SI/SE ont été détruits. Et maintenant nous allons vers la destruction de tout le tissu organisationnel du CCI.
Il n'est pas possible de militer dans la suspicion permanente et la méfiance généralisée comme le contenu du dernier texte d'orientation en est la concrétisation la plus flagrante. Pour moi, c'est actuellement au-dessus de mes forces. Nous avons milité et créé le CCI pour faire de la politique et non pas dans un autre but. Le CCI que nous aimons est une organisation politique de la classe !
Par ailleurs, aujourd'hui, c'est le fonctionnement de circuits parallèles qui se développe en son sein et qui est même magnifié comme c'est présenté également dans le texte d'orientation.
On a dit que j'étais déloyal par la création du Collectif de travail. Mais, je suis déloyal par rapport à quoi ? En luttant contre la "psychologie de cuisine" et les circuits parallèles? Au lieu de faire des réunions en cachette nous avons créé ouvertement un collectif, au vu et au su de tous.
Je suis fier d'avoir fait ce que j'ai fait, des derniers combats que j'ai menés. J'aurai pu mieux faire. OK. Mais justement je ne suis pas un spécialiste de la "magouille". Tout a été fait en toute clarté. Il fallait ce cri d'alarme pour alerter le CCI et arrêter ce que j'estime être un jeu de massacre. Nous y reviendrons….
Olivier (16/09/01)
Notes:
1 . Revendiqué et même magnifié aujourd'hui par la "tendance révisionniste" du CCI. De ce fait, d'après la "tendance révisionniste", on rencontre plusieurs types de militants : les grands, les petits, les copains, les jeunes, les vieux, les affinitaires, ceux qui sont porteurs de l'esprit de parti, les malades, les fatigués, les vivifiés, les jaloux, ceux qui sont porteurs de cicatrices, les sauveurs suprêmes.
2 . Le mobbing, comme cela est expliqué dans le rapport intermédiaire de la CI.
3 . L’histoire du parti bolchevik a été l’histoire des tendances. Maintes fois Lénine a été mis en minorité dans son parti (avant son arrivée en Russie et avant l’adoption des thèses d’avril, sur Brest-Litovsk au début, sur le débat autour des syndicats). Jamais il n’a fait appel à la notion de cliques et de clans. Il a fallu attendre sa maladie et la montée de Staline dans le parti pour que l’on parle de “ factions ”, terme et notion pas si éloignée de celle de “ clan ”. Cela fait penser à “ factieux ”, individus qui utilisent des moyens sordides pour arriver à leurs fins. Est-ce cela le parti, la partie la plus consciente du prolétariat ? Que les camarades réfléchissent à ce qu’ils défendent comme idée et vision du parti!
4 . Cf. : Internationalisme n° 38, octobre 48, in Bulletin d'Etudes et de discussion (BED) de RI - N° 6 page 19.
5 . Ceci ne veut pas dire qu’il ne puisse pas y avoir de “ tendances ”, par exemple, à l’affinitaire ou à des manifestations de clanisme. Mais il y a une différence entre des tendances à quelque chose et la réalité de ce quelque chose ou d’un phénomène. Ce qu’il faut garder bien clair en tête, c’est la lutte perpétuelle au sein des organisations prolétariennes contre les manifestations de l’idéologie de la bourgeoisie. En ce qui concerne les effets de la décomposition, la position du CCI est que la lutte de classe est le seul moyen de lutter contre ses effets néfastes, ce que fait en permanence l’organisation des révolutionnaires. C’est pourquoi, on assiste aujourd’hui dans le CCI à une vision radicalement différente de la nature du parti et de la classe entre ceux qui disent : il y a existence d’un phénomène, l’affinitaire et sa cristallisation dans le clanisme en tant que danger permanent dans les organisations de la classe. Pour ces derniers, c’est une fatalité, ce qui est plus grave. Et ceux qui disent que ce phénomène peut exister à l’état de manifestations (comme d’autres tentatives de pénétration d’un corps étranger) qui sont combattues victorieusement par ces mêmes organisations tant qu’elles possèdent une nature prolétarienne autrement dit tant qu’elles ne connaissent pas un processus de dégénérescence.
6. Il est clair que les développements politiques et théoriques que nous faisons ici vont nous permettre de mieux répondre et plus en profondeur aux critiques conseillistes contre le CCI.
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