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Il nous apparaît évident que le prochain rapport d'activités qui va nous être proposé par l'organe central actuel du CCI, va se centrer, ce qui est tout à fait normal et justifié, sur la crise que l'organisation est en train de vivre, crise qui a aboutit à l'explosion du SI et à la division du BI. Mais surtout qu'il va se baser sur l'orientation, non pas du 14e congrès du CCI, mais sur "l'orientation" dégagée, ou qui devrait se dégager du rapport de la Commission d'investigation (BII 283) et du Texte d'orientation qui nous est présenté dans le BII 284.
En effet, il est clair pour nous que ces deux textes remettent en cause des principes mêmes du CCI, en particulier en matière d'organisation, de fonctionnement et de militantisme communiste.
Et ils avancent une orientation en rupture avec celle de l'organisation jusqu'alors, particulièrement défendue par le BI de 1996 à 2000, de la fin du combat de 93-96 au 14e congrès du CCI qui vient juste de se tenir. C'est cette orientation et ces principes que ce contre-rapport se propose de défendre, de maintenir et de développer.
Le Rapport intermédiaire de la Délégation (BII 283) introduit l'idée qu'il y aurait deux types de militants. Cela a déjà été relevé et dénoncé par de nombreux camarades (cf. BII 283) : "Le combat contre le clan-pavillon pour sauver l'organisation, a été un combat à la fois courageux et douloureux. Nous ne pouvons pas sous-estimer le courage et la confiance dans l'organisation que les camarades, et certains en particulier, ont dû développer. Seul le fait d'avoir forgé un esprit de parti suffisamment fort a pu armer l'organisation pour cela. Sans cela, des camarades de grande conviction et dévouement qui sont toujours dans l'organisation auraient été emportés avec les autres".
La vision politique et théorique qui tend à dégager la vision de deux types de militants, la vision de certains "militant-fil-rouge" et d'autres marqués à vie par leurs erreurs et faiblesses intrinsèques est à rejeter sans ambiguïté. Ce n'est ni la vision, ni la position du CCI. Et le rapport d'activités se doit de dénoncer de tels dérapages. Il importe que le CCI rejette une telle révision d'une de ses positions principielles.
Le Texte d'orientation pour sa part remet en cause les principes mêmes en terme de fonctionnement. L'objet de la longue logorrhée soi-disant "théorique" n'a pour but que d'introduire le point 6 du texte. Là se trouve l'essentiel. Le texte s'attaque particulièrement aux statuts du CCI et aux leçons du combat de 93-96. En voulant légitimer un certain nombre de comportements et d'attitudes "informels" – contraire à l'esprit et à la lettre des statuts et de toute règle de fonctionnement- sur lesquels ce rapport se prononcera par la suite, il ouvre la porte à l'abandon du respect strict des règles de fonctionnement de l'organisation et à l'abandon des statuts. Nous ne citerons ici qu'un court passage qui est particulièrement significatif. [Extrait supprimé] :
"Sous-jacente à cette démarche injustifiée envers la vie 'informelle' d'une organisation ouvrière réside l'utopie d'une garantie contre l'esprit de cercle (…). Une telle démarche tend à transformer les statuts en des lois rigides, le droit de regard en surveillance et la solidarité en un rituel vide".
Et bien, nous, nous nous revendiquons du combat de toujours, de Lénine à… MC pour le respect non pas "rigide" mais rigoureux des statuts. Sans le respect ferme des statuts, sans leur défense, il n'y a plus d'organisation.
"L'anarchisme de grand seigneur ne comprend pas que des statuts formels sont nécessaires précisément pour remplacer les liens limités des cercles par la large liaison du Parti. Le lien, à l'intérieur des cercles ou entre eux, ne devait ni ne pouvait revêtir une forme précise, car il était fondé sur la camaraderie ou sur une « confiance » incontrôlée et non motivée. La liaison du Parti ne peut et ne doit reposer ni sur l'une ni sur l'autre, mais sur des statuts formels, rédigés « bureaucratiquement » (du point de vue de l'intellectuel indiscipliné), dont seule la stricte observation nous prémunit contre le bon plaisir et les caprices des cercles…" (Un pas en avant, deux pas en arrière, Lénine). La stricte observation des statuts…
Il y a là une remise en cause de fait des statuts et du cadre collectif de fonctionnement. En insistant sur la vie informelle, en dehors du cadre formel de l'organisation, dont personne n'a nié la réalité et la nécessité, on affaiblit d'autant le respect du cadre formel.
De plus, le rapport de la CI et le Texte d'orientation dénaturent les vraies leçons du combat de 93-96. Ils n'y voient que la lutte contre le clanisme. Ils réduisent d'ailleurs toutes les crises organisationnelles à cette seule question. Or les leçons de 93 ne se limitent pas au clanisme. Plus même, cet aspect n'est pas le principal aspect. Le combat de 93-96 a mis en évidence en particulier deux autres aspects qui sont beaucoup plus fondamentaux : la question du mode de vie et du comportement des militants ; et la question de l'infiltration dans nos rangs d'aventuriers et d'éléments hostiles, voire provocateurs liés à l'Etat. Ces questions-là sont plus importantes encore que le seul clanisme et les deux textes tendent à nous les faire oublier derrière l'omniprésence du clanisme dans toute l'histoire du CCI, voire du mouvement ouvrier.
Cette remise en cause de l'orientation du 14e congrès et des principes organisationnels se cache honteusement derrière l'accusation qu'il y aurait un clan-pavillon bis qui aurait pris le contrôle de l'organisation, en premier lieu du BI et de son SI. Comme annexe à ce rapport, nous avons un historique du SI depuis 1996 qui se base uniquement sur les notes du SI et qui démontre l'inanité et le ridicule d'une telle assertion et, surtout, qui montre sans ambiguïté possible l'origine et la nature des problèmes dramatiques auxquels est confrontée l'organisation aujourd'hui. Cet historique ne comporte pas moins d'une trentaine de pages que nous proposons à la lecture de tout le CCI et de tous les camarades. De même, il faut savoir qu'un historique du SE existe qui va dans le même sens pour l'essentiel. Avant de faire un résumé sommaire de l'histoire du SI, il convient de revenir sur les bilans tirés et les mandats dont s'est dotée l'organisation tout au long de ces années. Nous allons ainsi voir pourquoi et sur quels bilans l'organisation, ses congrès et son organe central international ont pu dégager des orientations et une méthode pour aborder les questions de fonctionnement et de comportement militant. Ce rapport n'abordera que ces questions, militantisme et comportement, qui sont directement liées à la crise actuelle.
Cependant, il nous semble nécessaire de rappeler les bilans très positifs sur l'ensemble des aspects qui ont été tirés depuis au moins 1996 et que vient de confirmer sans aucune ambiguïté le 14e congrès du CCI. De manière plus particulière, sa résolution d'activités souligne :
"b) L'intervention du CCI ou l'orientation de «l'ouverture à l'extérieur » a été poursuivie de façon résolue. Les résultats positifs de cet effort incluent :
la croissance numérique de l'organisation dans beaucoup de sections existantes et une extension globale de notre présence politique (reconstitution d'une section territoriale au Venezuela, formation d'un noyau en Australie, développement de notre présence en Inde). Le CCI a donc renversé la dynamique d'une perte globale de militants qui a caractérisé de longues phases dans les années 1980 et 1990. En particulier, les intégrations récentes ont eu lieu sur une base saine, sans opportunisme ni précipitation, mais avec une confiance vérifiée dans la nouvelle génération de militants de l'organisation ;
la capacité du CCI à défendre la « démarche de Zimmerwald » pour une réponse commune des révolutionnaires à la guerre du Kosovo – une démarche qui, si elle a été rejetée par les autres groupes du milieu, a été comprise et saluée par un certain nombre d'éléments prolétariens en recherche. Depuis, le CCI a été capable de maintenir sa politique patiente et à long terme de défense du milieu prolétarien et de débat public sans compromis mais fraternel sur les questions fondamentales malgré le poids croissant du sectarisme et de l'opportunisme affectant d'importantes parties de la Gauche communiste ;
l'amélioration de la qualité de la presse et des réunions publiques et une présence plus grande et plus affirmée à d'autres réunions politiques à travers lesquelles le CCI tend à devenir un pôle de référence le plus important pour des secteurs grandissant du marais et un stimulant pour la formation et la vie de cercles de discussion ;
l'organisation est plus intervenue dans les luttes ouvrières et dans certaines occasions, ses militants ont catalysé le débat politique et des regroupements d'éléments combatifs sur leurs lieux de travail.
(…)
d) La poursuite de l'effort de renforcement théorique et politique par rapport auquel l'ouverture à l'extérieur a souvent servi de moteur (l'analyse de la situation mondiale, une meilleure assimilation de l'histoire de la Gauche communiste, de l'anarchisme, etc.).
Ce bilan positif s'applique également à l'organe central international, en particulier en ce qui concerne les positions prises sur la situation internationale, l'amélioration de la Revue Internationale, l'excellent travail dans l'intégration de nouveaux membres et de contacts avec de nouveaux éléments à travers la planète, la politique envers le milieu et le marais, l'homogénéisation de la tenue des finances et l'identification de l'importance de la solidarité et de la confiance aujourd'hui" (Résolution d'activités du 14e congrès du CCI).
Ainsi ce serait un clan qui aurait impulsé pendant des années cette politique dont l'organisation a toutes les raisons d'être fière. Mais peut-être le prétendu clan n'aurait-il pas exercer son influence néfaste sur tous les plans de l'activité du CCI ? Mais juste sur le fonctionnement ? Voyons cela de plus près.
Depuis le combat de 93-96, il y a une continuité et une unité dans les bilans et les orientations d'activités du CCI et des sections. Dans les différents moments et situations, la tendance à l'assainissement du tissu organisationnel se confirme, les difficultés et les confusions politiques liées au militantisme et au comportement militant sont une préoccupation constante et chaque fois plus présente, ainsi que certaines tendances au localisme et à la contestation des organes centraux (particulièrement du SE de RI vis-à-vis du SI). Face à ces difficultés, les bilans sont positifs et salués, qu'ils soient le fait du CCI comme un tout, des sections, et bien souvent du BI et du SI. Il y a donc une méthode CCI qui est mise en œuvre par les sections et surtout par le BI et le SI. Cette méthode CCI se base sur les principes organisationnels de l'organisation (en particulier le respect des statuts) et les acquis politiques du combat de 93.
1) Le 12e congrès du CCI – 1997-
Le 12e congrès du CCI de 1997 tire un bilan positif des activités de l'organisation. Celles-ci sont déterminées par le combat contre le parasitisme à l'extérieur et par la dynamique enclenchée de convalescence de l'organisation. Déjà le SI élargi de juin 1996 avait relevé la dynamique d'assainissement du tissu organisationnel. Le congrès confirme ce constat.
C'est dans ce contexte général et sur la base et les leçons du combat de 93-96, que le rapport d'activité se penche particulièrement sur des problèmes liés au militantisme. Ils sont en grande partie liée au combat qui vient de s'achever contre le clan-pavillon en notre sein.
"Les difficultés liées à la convalescence (…) se sont parfois encore manifestées par des réflexes claniques, assez peu à vrai dire et relativement localisés ; plus généralement par des doutes, des hésitations, des sentiments de culpabilité, de la méfiance entre camarades, envers l'organisation, parfois par des difficultés personnelles d'ordre sentimental, familial ou amical, par des problèmes de santé personnelle, physique, par des démoralisations et des démissions…". Ces difficultés vont continuer à se manifester tout au long de ces années jusqu'à aujourd'hui. Elles ne sont donc pas liées systématiquement et mécaniquement au clanisme. Elles ne se réduisent pas à l'existence de clanisme. Tirant les leçons du combat de 93, le rapport donne une méthode et des réponses à ces difficultés.
Le rapport insiste particulièrement sur la question de la confiance comme "arme de l'organisation" en se basant sur Un pas en avant, deux pas en arrière de Lénine. Dans la question des liens familiaux ou amicaux de militants avec les éléments hostiles et appartenant au parasitisme, "l'organisation ne peut laisser aux camarades le soin de régler leurs petites affaires privées sans exercer son devoir de regard et son devoir d'intervention".
En défense de l'engagement militant, il est souligné que "l'unité de la vie d'un militant communiste est un combat contre l'idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise qui cherche à séparer les différents aspects de la vie du militant et à les opposer (…). Ce combat quotidien pour l'unité de tous les aspects de la vie des militants ne doit pas rester un combat individuel. Il doit être collectif (…). Cette unité historique et internationale de la conception marxiste de l'engagement militant et du fonctionnement de l'organisation est matérialisée par les Statuts de l'organisation. C'est à ce titre qu'ils doivent être défendus avec une extrême vigilance non comme des garde-fous mais comme les principes qui guident notre engagement et notre fonctionnement".
Enfin, le congrès va tirer un bilan positif du travail du BI et du SI qui "ont été au premier plan du combat [et ont] assumé [leur] rôle dans la défense de l'organisation et dans la définition des orientations".
2) Le BI plénier d'avril 1998 juste avant le 13e congrès de RI
Le BI plénier d'avril 1998 tire un bilan positif des activités au plan de l'intervention en général, vis-à-vis du MPP et contre le parasitisme, envers les contacts et au plan du renforcement politique du CCI. Le rapport (BII 257, mai 1998) souligne que "le tissu organisationnel a continué à s'assainir et à se reconstituer. Les sections en difficultés ont su, une fois les difficultés identifiées, les dépasser". Pour l'essentiel, les difficultés sont liées soit au manque de confiance dans l'organisation, de camarades entre eux, et aussi en eux-mêmes, soit aux visions erronées sur le militantisme ("intégral" en particulier).
Une conclusion fondamentale est tirée. Afin d'attirer particulièrement l'attention des camarades sur ce point, elle est même écrite en gras dans le texte :
"Il faut voir que toutes ces faiblesses ont un tronc commun. Dans notre débat/combat passé [c'est-à-dire le combat de 93-96] certains aspects des questions organisationnelles ou du militantisme n'ont pas été abordés. Il faut maintenant les creuser plus. Et, par exemple, n'y a-t-il pas, ici ou là, certaines réminiscences de la « minorité positive » ? Dans la vision du super militantisme n'y a-t-il pas ces tendances qui entraînent aussi un manque de confiance en soi, dans l'organisation ou envers tel ou tel camarade ?"
C'est donc à une poursuite du combat et de la clarification politique de la question du militantisme communiste que l'organe central du CCI, son BI, appelle l'organisation dans son ensemble. Il confirme là la réalité de ces questions indépendamment de tout clanisme.
Le BI tire un bilan positif de son intervention sur ce plan, et donc du SI en son sein : le bilan du SI "est très positif car sur les questions essentielles, il a su faire face à ses responsabilités".
3) Le SI élargi de janvier 1999 en préparation du 13e congrès du CCI
Dans le BII 265, est présentée la discussion de préparation des rapports pour le 13e congrès du CCI. Le document tire un bilan positif des activités. Sa première insistance porte sur "vie individuelle et vie militante, question des couples, droit de regard de l'organisation sur la vie des camarades. Différentes questions se posent : on l'a vu par exemple dans Internationalisme et dans AP. Dans ce dernier cas, un camarade se trouvait coupé du cadre collectif, cela s'est accompagné d'une phase de démoralisation. Cela se situe dans un contexte où les camarades, en réaction au clanisme passé, développent actuellement une sorte de vision professionnelle du militantisme et tendent à vivre chacun de leur côté. Egalement, en réaction au « militantisme intégral » prôné par le clan, qui posait que dans notre vie quotidienne, amoureuse, familiale, on devait intégrer un certain militantisme, jusqu'à l'élargissement du couple (reliquats de visions soixante-huitardes) on voit parfois dans l'organisation, des attitudes du style : « je ne peux pas faire ceci ou cela à cause de la famille, des enfants… ». Il faut donc approfondir ces questions. Par rapport au fait que la vie militante reste le centre de notre vie, même si ce n'en est pas le seul aspect, il demeure des visions fausses ou à préciser".
4) Le 13e congrès du CCI
Le rapport d'activités pour le 13e congrès du CCI tire un bilan positif de l'intervention vers l'extérieur du CCI. Il tire aussi un bilan positif des activités internes, en particulier sur le plan du tissu organisationnel. Mais surtout ce rapport, en continuité avec les rapports précédents depuis le combat de 93, met au centre de ses préoccupations la question du fonctionnement et du militantisme. Il relève un certain nombre de difficultés, de même ordre que celles déjà relevées auparavant, et souligne ainsi une certaine résistance à les résoudre, voire même à les poser (cf. le bilan de Welt-Allemagne BII 266, la contribution du camarade Juan Confiance vérifiée et quelques réflexions sur le militantisme communiste dans le BII 278 qui reprend pour l'essentiel ce rapport). Contentons-nous ici de pointer ce qui est relevé dans le rapport et qui répond aux questions concrètes soulevées :
"si les problèmes n'ont pas manqué (…), ils n'ont jamais remis en cause une dynamique d'ensemble à une meilleure cohésion du tissu organisationnel (…) ;
"on a retrouvé parfois dans une moindre mesure [que dans RM au moment de sa crise en 1997] dans d'autres sections cette difficulté à comprendre comment c'est l'existence du collectif qui permet l'établissement de la confiance dans l'organisation et que fonctionne vraiment la centralisation (…)"
au moment des difficultés dans Internationalism (hiver 1997-1998), "c'est surtout les anciens camarades qui, oubliant ou n'ayant pas compris que le problème auquel ils étaient confrontés était d'abord et avant tout celui de la difficulté à construire un cadre collectif solide, sont repartis deux ou trois ans en arrière, en se lançant dans des critiques et accusations mutuelles de « gourous » et « clans », remettant en question l'orientation du CCI"
Mais c'est surtout sur l'engagement militant que le rapport insiste dans la mesure où l'organisation, les sections et le BI se sont trouvés confrontés à de nombreuses situations difficiles, délicates, de démoralisation, de méfiance, etc...
"Si l'organisation comme un tout est politiquement armée contre la décomposition, les militants peuvent se trouver individuellement confrontés à des situations personnelles difficiles, du fait de l'environnement familial ou professionnel (…). Comment un militant doit savoir faire comprendre à son entourage le sens de son engagement militant et ce que cela implique dans sa vie sociale et familiale ? Ces questions ne sont pas faciles. Il est absolument nécessaire qu'elles soient discutées dans l'organisation."
Suit alors toute une série de cas concrets que nous ne reprenons pas ici. D'autant que depuis lors, d'autres cas personnels de même type se sont encore posés. C'est donc une question centrale auquel est confronté le CCI et sans doute toute force communiste organisée aujourd'hui.
Le rapport reprend la méthode acquise lors du combat de 93-96, et réaffirmée au 12e congrès tout comme dans les autres moments de l'organisation : "nous sommes une organisation révolutionnaire et la connaissance des aspects concrets des conditions de vie de ses membres est une des bases pour faire vivre les principes de fonctionnement de l'organisation et faire que le comportement des militants puisse être en accord avec ces principes. La question du mode de vie fait partie intégrante de nos statuts". (Ce qui est en contradiction avec ce que conclut le Texte d'orientation.)
Ensuite le rapport revient sur la vision du "militantisme intégral" pour la rejeter et réaffirmer notre conception qui " ne sépare pas la « vie personnelle » de la « vie militante »" et "met au centre de la vie personnelle du membre de l'organisation son engagement militant".
Il revient en particulier sur une certaine vision du militantisme intégral qui continue à exister : "il existe un domaine où semble subsister une certaine vision du « militantisme intégral », ou plus exactement une situation où les camarades ont à l'évidence des difficultés à faire la clarté dans leur vie militante et leur comportement, c'est celui des militants qui sont aussi des couples dans la vie personnelle. (…) Dans beaucoup des situations de camarades dans ce cas, il semble que cette situation soit plutôt perçue et vécue comme un handicap ! Pire lorsque la relation sentimentale et affective entre les camarades se rompt, c'est l'engagement militant de l'un ou l'autre qui s'en trouve affectée (…). Ce cas est un cas extrême, mais les exemples sont nombreux de cette difficulté souvent plus grande qu'ont les camarades qui vivent aussi en couple de mener leur vie personnelle et familiale sans interférences majeures dans leur engagement militant. On a pu voir récemment dans RI une camarade presque sur le point de théoriser qu'il n'est pas « possible d'être tous les deux militants dans un couple » (…). La discipline qui est demandée aux camarades de savoir distinguer leur vie personnelle et leur engagement militant (…) s'applique avec la même exigence aux camarades qui vivent en couple dans l'organisation".
5) Le rapport adopté par le 14e congrès du CCI
Bien qu'écrit dans des conditions politiques qui commençaient à être confuses pour le SI, le rapport pour le 14e congrès conseille "aux camarades de relire le rapport et la résolution d'activités de ce congrès [le 13e].
Enfin ces orientations définies et développées depuis 1996 par les congrès et les BI pléniers successifs "ont été confirmées par les deux années écoulées (…). Les BI pléniers ainsi que les conférences territoriales de toutes les sections se sont également inscrits dans ces orientations en les précisant et en apportant des compléments (…). Le fonctionnement a été partout assaini et tous les camarades se sont engagés de façon convaincue et concrètement dans les orientations de l'organisation".
Le rapport s'inscrit en continuité directe avec l'orientation générale du CCI et de son BI depuis 1996. Il est adopté dans les conditions que l'on connaît, c'est-à-dire avec un pré-rapport de la Délégation d'investigation qui dit en fait exactement le contraire : un tissu non assaini à Paris avec un clan majoritaire au SI. Cette appréciation n'est pas reprise par le 14e congrès qui tire un bilan positif des activités du CCI en général, sur tous les plans, y compris sur le plan du fonctionnement avec une vision d'un tissu globalement assaini. Le 14e congrès confirme encore la validité de toute la politique du CCI depuis 1996 sur les questions de fonctionnement, de défense de l'organisation et de l'engagement militant.
Il convient donc au CCI aujourd'hui, et au BI plénier, de réaffirmer le bilan positif de toutes les activités en terme de fonctionnement et de défense de l'organisation depuis 1996, du 12e congrès, du 13e congrès jusqu'au 14e congrès du CCI pour l'ensemble de l'organisation et l'ensemble des sections territoriales. En particulier, il convient aujourd'hui de réaffirmer et de confirmer les bilans positifs et la justesse des orientations dégagées et défendues par le BI et son SI tout au long de ces années comme le montrent les différentes difficultés et crises que les sections territoriales ont pu vivre durant cette période et qu'elles ont réussi à dépasser comme en attestent les différentes conférences territoriales et les congrès.
La confusion qui résulte du 14e congrès ne vient pas des événements qui ont fait suite. Elle vient plus précisément du fait que le congrès tend à dégager une orientation qui n'est pas celle que tend à dégager le BI. Le congrès, fidèle aux orientations adoptées depuis 1996, résiste manifestement aux volontés d'infléchissement de cette politique défendue par Peter et une partie du BI, notamment sur la question de la validité de l'intervention du SI vis-à-vis de RI, et plus particulièrement, vis-à-vis des problèmes soulevés par la contestation du SI par le SE, par l'attitude de Louise et par les manquements organisationnels de Peter.
Quel était le mandat du SI là-dessus ? Quelle était l'orientation du BI vis-à-vis de Peter, de Louise et du SE ? Car le BI et le CCI avaient donné au SI un mandat pour traiter de ces problèmes, mandat clairement émis dans les résolutions adoptées sur le cas Peter de 1997 jusqu'au 13e congrès de CCI.
Résumé de l'historique du SI
Nous ne pouvons dans le cadre de ce rapport présenter l'ensemble de l'historique du SI sur la question. Il couvre une trentaine de pages et se base uniquement sur les notes du SI. Tout cela est facilement vérifiable et donc difficilement contestable. C'est le travail premier qu'aurait du faire la CI avant de tirer des conclusions sur l'existence d'un soi-disant nouveau clan-pavillon. Précisons néanmoins qu'il ne contient rien, rien de "privé" en particulier, qui ne puisse être connu de l'ensemble des militants du CCI. La méthode historique permet d'appréhender les faits dans leur continuité et processus réels. Pour faciliter la lecture de ce document, nous l'avons partagé en 14 parties bien distinctes que nous avons essayé de faire les plus courtes possibles. De même, et comme complément à cet historique du SI, nous faisons nôtre l'historique du SE qui avait été présenté comme contre-rapport au rapport de la Commission d'investigation lors du SI mensuel de juillet 2001. Le lendemain, à la demande de la CI, le camarade Olivier qui l'avait présenté l'a retiré comme rapport. Nous le reprenons à notre compte.
Il y a trois questions auxquelles le BI et le SI se sont trouvés confrontés durant cette période : les manquements organisationnels du camarade Peter ; la dynamique permanente de contestation du SE à l'égard du SI ; et les ["difficultés militantes"] de Louise. Les deux premiers problèmes apparaissent dès 1996 alors même qu'Adrien est encore dans l'organisation. En apparence, ils semblent indépendants. Pourtant, [les deux vont se rejoindre petit à petit et ne faire qu'un problème avec celui des difficultés de Louise].
[Ici suit un résumé de l'historique du SI que nous enlevons pour les raisons indiquées dans le préambule. Nous ne laissons que les parties générales de cette partie. Cette partie met en lumière le mandat que l'organisation, et particulièrement le BI et ses membres avaient donné au SI]
1997 […sur les problèmes militants du camarade Peter]
Le BI plénier d'octobre adopte une résolution sur les difficultés du camarade Peter (cf. BII 266). Un mois plus tard au SI élargi du 29/11/97, l'ensemble des membres du BI présents confirme l'orientation donnée par le BI plénier.
Krespel : "La démarche de Peter vis-à-vis de la résolution est une démarche personnelle. On pourrait penser qu'il nous donne une explication marxiste mais c'est une personnalisation du problème, c'est une démarche anarchiste, individuelle. C'est une question politique. Ce pourrait être sa contribution à la lutte contre l'esprit de cercle. Sa résistance est futile et fait perdre du temps à l'organisation". [voilà une des citations de Krespel comme celle qui suit du 31/1/99, ainsi que celle d'Elise du 30/5/00, que la CI demandait d'enlever au nom de la défense de la "vie privée".]
Krespel était-il déjà sous l'emprise du soi-disant clan-pavillon bis pour "discréditer" autant Peter ? Ou bien tout simplement s'inscrivait-il avec conviction dans l'orientation du CCI contre l'esprit de cercle et pour l'esprit de parti qu'il renie aujourd'hui ?
1998 : l'année 1998 voit un développement, incroyable aujourd'hui avec le recul, de la dynamique de contestation du SE [du SI] à propos des brochures et lors de la CE plénière de février. […].
[…]
1999 : […les difficultés du camarade Peter continuant…], le SI élargi du 31/1/99 adopte une nouvelle résolution sur Peter (BII 266). Ce sont encore une fois les membres du BI qui prennent en charge l'orientation.
Krespel :"Il faut poser le problème comme le fait la résolution. C'est-à-dire, c'est une manifestation d'un problème général dans le CCI : incompréhension de ce qu'est le militantisme (…) après le combat [de 93-96] que nous avons mené [qu'en pense Krespel aujourd'hui ?]. Mais le camarade Peter n'est pas exactement le même cas que les autres : Peter est un des camarades qui a fondé le CCI, et qui certainement a le plus d'autorité dans le CCI. Donc c'est plus difficile. Le 2e aspect est que le problème est beaucoup plus dangereux pour l'organisation que [pour] n'importe quel autre camarade : c'est le travail de l'OC qui est en jeu et c'est l'autorité de Peter qui est en jeu. C'est une menace aux acquis du combat/débat [de 93]. Et c'est dangereux pour le camarade lui-même, sa conviction, pour sa santé, pour son couple, pour sa compagne. OK avec la résolution, mais je crois qu'il faut poser le problème devant toute l'organisation. Jusqu'alors, on avait dit on garde cette question au sein du BI. Mais cette politique, justifiée alors, a échoué. Donc il faut le poser ouvertement dans le rapport d'activité pour le congrès, face à tout le CCI. Le poser avec responsabilité et avec toutes les conséquences que ça peut avoir".
Quelques réflexions s'imposent ici. D'abord, c'est bien le BI qui pousse à poser le problème devant tout le CCI. Et c'est Krespel qui le propose. Veut-il discréditer Peter ou défendre son militantisme ? Ensuite, comment les membres du BI qui se renient aujourd'hui et tournent le dos à la politique de l'organisation qu'ils ont eux-mêmes mis en avant et défendus, expliquent-ils leur virage à 180° degrés sur cette question ?
Enfin, Krespel met le doigt sur une question particulièrement cruciale. "Le camarade Peter n'est pas exactement le même cas que les autres". Effectivement. Et avec lui sa compagne Louise. De par leur autorité politique et de par leurs responsabilités et mandats dans le CCI, leurs difficultés prennent une ampleur plus importante pour l'organisation. Mais aussi de par les caractéristiques de leurs difficultés : mélange vie personnelle-vie militante, rythme social atypique, vision du militantisme intégral, habitudes de cercle entre eux, discussions informelles non rapportées, etc… Peter et Louise sont une sorte de synthèse des difficultés et des confusions sur le militantisme communiste. Ils sont d'une certaine manière à la fois au cœur du problème et la clé du problème. Leur résistance d'abord jusqu'au BII 276, et leur opposition à ce que ces problèmes soient posés devant tout le CCI comme une question politique à part entière, vont réussir à paralyser l'organisation, son BI et surtout son SI.
[…]
[En] 2000 […], Louise et Bruno vont faire paraître leurs premiers textes […] qui contiennent déjà une vision élitiste, une vision de "militant-fil-rouge".
Elise : "Dans les deux positions, de Louise et de Bruno, ça s'est absent. On a toujours dit que dans le collectif tout le monde n'est pas égal mais dans le collectif la force ne vient pas des plus expérimentés mais la force vient justement du collectif et c'est quelque chose qui dépasse les capacités de chaque individu aussi expérimenté et intelligent qu'il soit. Cela est perdu de vue dans les interventions des camarades" (30/5/00) [autre citation que la CI ne voulait pas voir publiée !].
[…].
Cet historique répond à un certain nombre de questions et pose un certain nombre de questions.
En premier lieu, il répond à la question des origines des difficultés. Elles ne sont pas dans la survie d'un clan-pavillon qui aurait continué son travail anti-organisationnel dès 1996. On voit clairement que le SI, et surtout le BI et le CCI comme un tout identifient clairement la nature petite-bourgeoise des problèmes, les visions fausses du militantisme, le mode de vie et les conceptions individualistes et anarchistes, et définissent une politique en conséquence et en continuité directe avec le combat de 93-96. C'est globalement la même méthode et la même politique que mène le BI vis-à-vis des deux militants parisiens que vis-à-vis des autres situations de difficultés personnelles et militantes. Et cette politique a été définie et approuvée par l'ensemble de l'organisation en diverses occasions. Même si le SI et le BI n'ont pas été suffisamment conséquents et déterminés, qu'ils ont fait preuve d'une peur politique et d'une hésitation particulièrement dramatique, il n'empêche que la caractérisation et l'identification des difficultés militantes ainsi que de leurs lourdes implications organisationnelles étaient justes.
Donc c'est toute la politique du BI et du SI, y compris vis-à-vis de RI, de son SE et du cas Peter-Louise, qui est valable et qu'il faut reprendre. Et ce n'est que dans le cadre de cette politique et orientation que nous pouvons mettre en évidence et critiquer les faiblesses du BI et du SI qui n'ont pas su résoudre ce problème qui se trouvait et se trouve encore au centre même de la crise du CCI.
C'est donc cette politique que ce rapport veut défendre devant l'organisation et qu'il appelle le BI à refaire sienne, à reprendre cette fois avec détermination et fermeté.
Tout au long de ce combat organisationnel, et encore plus aujourd'hui, il y a deux tendances qui apparaissent clairement.
1) les statuts comme ligne de conduite du comportement
La première est celle qui depuis 1996 veut continuer le combat de 93-96 pour l'esprit de parti et pour un militantisme communiste conséquent. Elle s'appuie d'abord et avant tout sur la défense et le respect strict et rigoureux des statuts. Elle s'appuie sur les statuts non pas comme mesure d'exception, ni même comme gardes-fous, mais comme règle permanente, guide, ligne de conduite et de comportement des militants. En cela, cette tendance se revendique des acquis du mouvement ouvrier en matière d'organisation. Tout particulièrement d'Un pas en avant, deux pas en arrière de Lénine. C'est une fois, et à la condition, que les statuts sont fermement, "strictement", "rigoureusement", respectés que les éventuelles exceptions ou "libertés" peuvent être exceptionnellement acceptées par une décision collective, c'est-à-dire par l'organisation et ses structures formelles (contrairement à ce qu'introduit le Texte d'orientation) et non décidées individuellement.
La volonté de l'organisation de mener à terme cette clarification et ce combat s'exprime dès 1995-96 avec la nomination des camarades Olivier et Jonas dans le SI au cours même du débat de 93-96. Leur "lettre de mission", leur "mandat" spécifique, est claire : en finir avec l'esprit de cercle du SI et y apporter toute la rigueur militante qui sied à l'organe central du CCI. Les prises de position des membres du BI, des BI pléniers ainsi que des congrès reprennent explicitement cette politique. C'est dans ce sens que – comme le soulignera Peter dans une de ses conversations privées avec Louise (9/9/99) – Olivier et Jonas sont les plus déterminés et les plus vigilants face à ses manquements. Et cela dès 1996. Malheureusement, et comme l'historique du SI le montre clairement, ils se laisseront gagnés par l'impuissance et l'abandon peu à peu face à la résistance de Peter. Petit à petit, le BI (cf. les interventions de Krespel par exemple) et le SI (23/9/99) tomberont dans la résignation, le découragement, le laxisme, c'est-à-dire le centrisme sur cette question. Le constat de cette impuissance et de cette faillite par Jonas n'est sans doute pas pour rien dans son découragement et sa démission.
Cette tendance a bien failli disparaître. Les faiblesses du SI et du BI, leurs hésitations et leur peur de "le poser avec responsabilité et avec toutes les conséquences que ça peut avoir" (Krespel, 31/9/99) ont ouvert la voie à la situation de crise que nous connaissons, et pire encore, à la remise en cause des acquis organisationnels du CCI.
les supermilitants porteurs du "fil-rouge" liquident l'organisation
L'autre tendance est celle représentée par Peter, Bruno, et sans doute aujourd'hui Krespel et François (voire d'autres camarades). Elle a déjà ses textes "théoriques", en particulier le Texte d'orientation et les contributions de Peter dans les BII 280 et 282. Ce qui la caractérise évidemment, ce ne sont pas en soi les seuls manquements de Peter. Bruno en est maintenant depuis 3 ou 4 ans une caricature beaucoup plus évidente encore (cf. l'ensemble de ses textes et positionnements depuis 1996). Cette tendance se fonde sur un manque de confiance dans l'organisation, dans son collectif et ses militants. C'est en cela qu'elle a déjà été comparée à la « minorité positive ».
Ce manque de confiance amène les camarades à n'envisager les discussions et les divergences politiques sur les questions d'organisation, les crises organisationnelles, qu'en terme de clanisme. Si les camarades sont en désaccord avec eux, cela ne peut être que le fait de l'affinitaire entre copains, à l'égard d'un guru ; ou bien de l'animosité ou de l'hostilité supposées envers un autre camarade. Cela amène aussi à considérer et à accuser les camarades qui changent de position de suivistes ou de girouettes, et donc à les culpabiliser, les démoraliser, et à leur ôter toute confiance. C'est très destructeur. Poussé à bout, ce manque de confiance révise l'histoire des organisations politiques du mouvement ouvrier et la réduit à l'histoire du clanisme. C'est-à-dire aussi à une lutte pour le pouvoir, une guerre des chefs.
Cette tendance s'est exprimée aussi dans l'oubli que la centralisation de l'organisation ne peut être que la centralisation de la vie politique de l'organisation, de ses parties, et donc que sans vie collective, la centralisation ne centralise que le vide :
"le débat au congrès [le 12e] et le bilan que nous pouvons en tirer aujourd'hui mettent clairement en évidence que le problème de fond n'était pas celui de la centralisation, mais bien celui de l'inexistence du collectif, de l'absence de tissu, qui faisaient que tous les appels au respect de la centralisation ne pouvaient que rester au mieux lettre morte et au pire provoquer un sentiment de subir des injonctions injustifiées (du genre « marche ou crève »), et donc une plus grande détérioration encore de l'ambiance dans la section" (rapport d'activités du 13e congrès du CCI, 1999, BII 264).
Ce passage du rapport revenait sur la crise dans RM. Mais il soulignait que cette "difficulté à comprendre comment c'est l'existence du collectif qui permet l'établissement de la confiance dans l'organisation et que fonctionne vraiment la centralisation" affecte d'autres sections. Et particulièrement comme nous le savons aujourd'hui, le SE de RI et Bruno en particulier.
Enfin cette tendance qui ne voit que du clanisme, qui manque de confiance dans l'organisation et ses membres, est amenée à se méfier, puis à remettre en cause la structure normale de l'organisation et le respect strict et prétendument "rigide" des statuts. C'est ce que fait et "théorise" le Texte d'orientation pour justifier les pratiques et la vie parallèles, et en passant le statut particulier de Louise :
"Les structures formelles de nos activités ont commencé à être considérées comme offrant, en quelque sorte, une garantie contre le retour du clanisme (...). Ce n'est pas la méfiance envers le plein développement de la vie politique et sociale en dehors des réunions de section, mais la véritable confiance dans cette tradition du mouvement ouvrier qui nous rend plus résistants au clanisme". Tout à l'opposé, le CCI sait que c'est le plein développement de la vie politique des réunions de section, donc dans le cadre formel de l'organisation, qui est la condition, et non la garantie, du fonctionnement correct de l'organisation et renforcement du tissu organisationnel.
Cette tendance fait plus confiance aux discussions particulières, parallèles, en petit cénacle, c'est-à-dire en petits cercles qu'au cadre formel, "aux structures formelles" de l'organisation. Ces cercles sont formés des "amis", d'initiés, d'éclairés, de militants "capables d'argumentation" de sauver l'organisation. Après avoir liquidé le respect "rigide" des statuts, c'est-à-dire le cadre collectif et la responsabilité collective, le Texte d'orientation y substitue la "responsabilité individuelle" face au danger unique et éternel du clanisme :
"C'est vraiment une illusion de croire qu'on peut combattre le clanisme sans la responsabilisation des membres individuels de l'organisation (…). Et ce serait paranoïaque [lapsus ?] de penser que la surveillance 'collective' pourrait se substituer à la conviction et à la vigilance individuelles de ce combat (…). Les clans se développent à cause de l'affaiblissement de la vigilance et du sens des responsabilités au niveau individuel".
Ce n'est plus le cadre formel et collectif qui arme l'organisation, mais la "responsabilité individuelle" !
Le CCI est devant ses responsabilités maintenant. Il ne peut plus les fuir "au nom de l'unité" de l'organisation. Il n'y a pas de compromis possible avec cette tendance qui mène à la liquidation de l'organisation, à l'explosion et à la disparition du CCI. Il y a là deux lignes politiques opposées et inconciliables.
Quelle orientation pour le CCI ?
Pour définir une orientation concrète et réaliste sur la base de la politique du CCI depuis 1996, il convient de prendre en compte les événements qui se sont déroulés avant et après le congrès, en particulier le rapport de force entre les deux tendances que nous avons définies. Et il faut répondre aux questions que l'historique du SI, du SE, et l'étude des événements et des comportements posent. La majorité de l'ancien SI avait par exemple proposer le transfert du SI ailleurs qu'à Paris. Pour deux raisons : une car le SI comme tel, l'équipe le composant était en train d'exploser. Deux, parce que la pression sur Paris en général et donc sur le SI en particulier devenait trop forte. Aujourd'hui cette question reste d'actualité. […]
Nous dégageons [quatre] orientations principales dans la situation de crise actuelle et de risque d'explosion du CCI.
Une défense intransigeante des principes et des acquis politiques et théoriques en matière d'organisation et de militantisme communiste. Cela passe par le rejet du rapport de la CI tel qu'il existe aujourd'hui, par une redéfinition de cette commission et son mandat, et par le rejet du Texte d'orientation proposé le SI actuel ;
Le rejet de la démarche consistant à mettre en avant le clanisme comme explication unique des difficultés organisationnelles du CCI tant au plan général que de manière immédiate ;
La mise en discussion dans tout le CCI de l'historique du SI en annexe de ce rapport afin de mettre en évidence où se situe les vraies racines de la crise actuelle et de la dérive théorico-politique qui se fait jour ;
Le transfert du SI hors de Paris.
31 Juillet 2001.
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