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Ce numéro du bulletin de la fraction est un peu particulier, puisqu’il est entièrement consacré à la publication du fameux Historique du SI. Nous le faisons précéder de la présentation qui avait été déjà rédigée en septembre 2001 en vue de sa publication dans le CCI qui finalement n'a pas vu le jour alors. Précisons que cet historique est envoyé uniquement aux militants du CCI.
Ce document, l'histoire du SI, couvre la période qui va de 1996 à janvier 2001. Pourquoi janvier 2001 ? Parce que c'est justement le 20 janvier 2001 que la "Commission d'Investigation" (CI), appelée pudiquement dans un premier temps "délégation", est constituée pour examiner les accusations de clanisme contre l'ensemble du SI. C'est sur la base des accusations et des dizaines de pages de Peter, de Louise et de Bruno remises alors et déjà rédigées, avant même que la CI soit constituée, que celle-ci va déterminer qu'il y a un soi-disant clan-pavillon-bis dans le SI et à Paris. Et dont le guru est alors le camarade Michel.
Notre document remet les événements dans leur contexte et leur chronologie mettant en lumière ainsi le processus réel tel qu'il s'est effectivement déroulé. Il est accablant pour les "accusateurs" et pour la CI qui les a suivis par a priori. Contrairement au marxisme, une des "méthodes" de la faction liquidationniste a toujours été de mélanger les événements, de les sortir de leur contexte réel, de leur enchaînement chronologique et de les abstraire du processus réel qui s'est déroulé tout au long de ces années et de leur donner un éclairage et une explication pour les besoins immédiats de sa "cause".
Aucune des explications de la CI ne tient la route et ne résiste à l'examen des faits. La preuve en est qu'aujourd'hui, le CCI est obligé de présenter et de dater, au moins publiquement, l'origine de la crise au lendemain du 14e congrès du CCI alors que les racines de celle-ci remontent au moins à 1996.
Peu importe, et peu importait, que les accusations ne correspondent en rien à la réalité et à la dynamique des faits. La preuve en est qu'aujourd'hui, après la conférence extraordinaire et notre exclusion, l'explication de la crise n'est plus l'existence d'un clan-pavillon-bis avec le guru Michel, de fait abandonnée aujourd'hui, mais une secte fanatique avec le provocateur Jonas (1). La thèse de l'accusation a du changer de guru en cours de route : Michel ne faisant pas vraiment l'affaire. Elle a bien cherché à un moment à le remplacer par Juan ou Olivier. Mais ces camarades n'ont pas "l'envergure" d'un guru de clan. En désespoir de cause, l'accusation a été ressortir de sa retraite le camarade Jonas – d'autant plus facilement qu'elle le savait isolé et très gravement malade, donc peu apte physiquement à assumer un combat âpre et sordide.
Inévitablement, et comme nous l'avions annoncé dès le SI mensuel de juin 2001, l'explication de la crise par le clanisme du SI et de Paris mène aux contradictions et à l'impasse politique tant au plan interne qu'externe, tant au plan organisationnel que principiel. Inévitablement elle ouvre la porte à un processus de liquidation de l'histoire réelle, des positions et des acquis organisationnels du CCI pour justifier… ce qui n'a pas existé. Et surtout, inévitablement la méthode tombe dans la spéculation idéaliste que K.Marx et Engels ont si bien critiqué dans La Sainte famille.
"La Critique [Marx critique là la "critique critique", c'est-à-dire l'idéalisme], qui se suffit à elle-même, qui forme un tout achevé, ne peut naturellement admettre l'histoire telle qu'elle s'est effectivement déroulée ; ce serait en effet admettre la méchante Masse dans l'intégralité de son caractère massif de Masse, alors qu'il s'agit précisément de délivrer la Masse de son caractère de Masse. L'histoire est donc affranchie de son caractère de Masse, et la Critique qui prend des libertés avec son objet crie à l'histoire : ‘C'est de telle et telle manière que tu dois t'être déroulée !’ Les lois de la Critique ont un pouvoir rétroactif total : antérieurement à ses décrets, l'histoire s'est donc passée tout autrement que depuis ses décrets. C'est pourquoi l'histoire massive, que l'on appelle réelle, diffère considérablement de l'histoire critique, telle qu'elle se déroule.
"Dans l'histoire de la masse, il n'y avait pas de villes industrielles avant qu'il n'existât de fabriques ; mais dans l'histoire critique, où le fils engendre son père, comme on le voit chez Hegel, Manchester, Bolton et Preston étaient de florissantes villes industrielles avant même qu'on imaginât des fabriques (…). Dans la réalité, l'invention de la machine à vapeur a précédé toutes les inventions dont nous venons de parler ; dans la Critique, elle constitue le couronnement de l'ensemble, donc son terme" (Marx et Engels, La Sainte famille, Editions sociales).
Les notes et l'historique du SI montrent clairement l'inanité de la thèse du clan-pavillon-bis en janvier 2001. Quels sont au moment du 14e congrès du CCI les arguments pour justifier l'existence d'un clan-pavillon au sein du SI ? Les seuls arguments concrets donnés alors, empiriquement vérifiables –mais non vérifiés -, sont les suivants :
- le SI a voulu la séparation du couple Peter-Louise ;
- le SI a voulu clore le débat en janvier 2001.
Les autres éléments donnés à charge contre l'ancien SI et contre la section de Paris ne sont que des traits de caractères des uns et des autres, des explications psychologiques dont la quintessence se trouve être la supposée jalousie de tous les membres de l'ancien SI – moyenne d'âge plus de 50 ans - pour l'affection privilégiée que MC – décédé dix ans auparavant -aurait porté à Peter. Celui-ci a fourni à l'époque aux membres de l'ancien-SI un exemplaire "expurgé" de son "dossier" à charge que nous avons gardé, bien évidemment, et qui vaut son "pesant de cacahuètes". Nous nous réservons le droit de le publier à l'occasion. Que des militants communistes puissent prendre en considération ce type d'arguments est à la fois du plus haut ridicule – quelle leçon historique ! – et à la fois l'expression d'une régression politique dramatique collective et individuelle qui en dit long sur l'affaiblissement du CCI et de ses militants – nous compris bien sûr - tout au long des années 90. Il y a quelques années encore, combien de camarades auraient pu croire un seul instant que la majorité du CCI et qu'eux-mêmes pourraient adopter une telle "position", "une telle histoire à dormir debout" ? Et dans quelques temps, combien de camarades se retourneront avec dégoût et honte sur ce qu'on leur a fait adopter et qu'ils ont accepté au nom de l'unité de l'organisation et par "patriotisme de parti" ? Combien après le combat de 93 auraient pu croire que l'usage de la psychologie de cuisine l'emporterait finalement dans le CCI et rendrait gloire et succès à Simon-JJ ?
C'est uniquement sur les deux accusations, la séparation du couple à l'été 99 et la clôture du débat en janvier 2001, faits présentés comme réels, que la thèse du clan-pavillon-bis a été adoptée par la CI et par le CCI après le 14e congrès. Or les notes du SI montrent que ces deux accusations sont complètement fausses. Nous renvoyons les camarades à la 6e et 7e partie de cet historique pour vérifier l'invalidité de l'accusation d'un SI et d'un Michel voulant la séparation du couple. Nous renvoyons les camarades à la 14e partie pour vérifier la fausseté de l'accusation sur la clôture du débat. On voit pourquoi il fallait croire la CI sur parole, lui faire confiance sans qu'elle donne de preuve et d'élément concret au moment du 14e congrès. Comme nous l'avons déjà largement dénoncé depuis cet été, la CI a alors fait faillite car sa première tâche était de reprendre justement l'histoire réelle – donc les notes du SI – pour les comparer et voir si elles corroboraient les accusations de Louise, Peter et Bruno. Elle ne l'a pas fait. Ou alors si elle l'a fait, elle a menti sciemment et a falsifié les faits tout aussi sciemment à toute l'organisation et à tous ses membres. Les faits, les notes du SI, ne corroborent en rien la thèse clanique de la CI. Bien au contraire. Qui plus est, les notes montrent clairement l'implication des principaux membres de la CI (Krespel et François) dans ces faits et les discréditent à jamais comme menteurs et falsificateurs. Quand nous avons averti et appelé la CI à étudier sérieusement les notes du SI, quand nous avons fourni au SI mensuel de juillet ce qui est devenu la 6e partie de l'historique et qui montre clairement que c'est Louise et François qui poussaient alors à la séparation du couple (et non le SI), la CI nous a interdit d'utiliser ces notes et s'est opposée à toute publication bien évidemment. Bien que ce premier chapitre démentait déjà sa thèse (2), elle s'est bien gardée de répondre et de donner une explication cohérente à ce que rapportent les notes. Dans le même temps, elle-même et Bruno utilisaient de manière partiale et partielle des extraits de notes dans les bulletins…
Mais plus grave encore, ce travestissement de l'histoire et son acceptation par les militants sans vérification a inévitablement des conséquences politiques catastrophiques tout comme la suppression par Staline des vieux militants bolcheviks sur les photos au fur et à mesure qu'ils étaient éliminés. Car il faut après coup élaborer une nouvelle histoire fictive et de nouvelles théories et positions politiques pour justifier ce qui est en contradiction avec la réalité, la méthode et les principes du CCI et du marxisme et pour justifier les pratiques et les méthodes faites de mensonges et de provocations de tout type. "Les lois de la Critique ont un pouvoir rétroactif total : antérieurement à ses décrets, l'histoire s'est donc passée tout autrement que depuis ses décrets" (La Sainte famille).
D'ailleurs pour la critique idéaliste, nos liquidationnistes, les manquements et la contestation n'ont jamais existé. Et ce qui, malgré tout, ne peut être complètement ignoré, est justifié "théoriquement" dans le Texte d'orientation sur la Confiance. Finalement, comme "dans l'histoire critique [idéaliste], où le fils engendre son père," (idem), c'est le méchant SI au main du guru Michel qui ont engendré les manquements individuels, y compris les plus grossiers et le plus pitoyables (3), et la contestation du SI par le SE.
Mais ce document ne se limite pas à ridiculiser devant l'histoire la fable du clan-pavillon-bis ; ni à condamner ceux qui s'en sont fait les porteurs ; ni à souligner la capitulation politique des militants qui n'ont pas eu la volonté et le courage politiques, voire la clairvoyance politique, de vérifier, ou d'exiger la vérification, les accusations qui brisaient de fait déjà l'unité de l'organisation au profit d'une faction. Notre historique du SI pose un certain nombre de questions politiques et défend un certain nombre de questions et de principes organisationnels.
D'abord il ne s’agit pas là d’une "enquête parallèle". En aucun cas, ce travail n’a consisté à s’intéresser à des faits occultes, ou à rechercher, dans la vie privée des militants -ou dans leurs activités personnelles en dehors du cadre de fonctionnement organisé-, s’il n’y a pas eu d’éventuelles actions néfastes à l’organisation. Les seuls faits sur lesquels s’appuie ce document sont des faits, des actes, des prises de position, non pas privés mais publics. Oui, publics, car il s’agit des notes du SI, et uniquement des notes du SI, c’est-à-dire d’un travail accompli par l’organisation, pour l’organisation, par une équipe mandatée par elle et responsable devant elle.
Ce document donc n’est pas un travail de "commission d’enquête-bis". Il est plutôt l’occasion, pour quatre camarades de l’ancien SI (quatre sur six, Michel, Jonas, Olivier et Juan) de rendre, en quelque sorte, devant tous les militants leur mandat, et de leur dire : voilà camarades comment nous avons tenté pendant toutes ces années de remplir la tâche que les Congrès nous ont confiée, voilà comment nous avons voulu mettre en œuvre leurs orientations, voilà comment nous avons lutté pour les défendre, voilà à quels obstacles nous nous sommes heurtés, voilà ce qu’a été notre politique pour faire face aux problèmes qui ont lentement couvé pendant des années pour finir par éclater au grand jour sous la forme de la crise actuelle, voilà comment nous avons tenté de résister, voilà enfin comment, hélas, nous avons échoué.
Ensuite et pour les mêmes raisons, ce n’est pas un "vol", ni une "infraction". Nous avons déjà répondu à cette accusation de "vol" dans notre bulletin (en particulier, les n°5 et 9) et montré que la mise au secret des documents internes, leur "fétichisation", telle qu’elle est théorisée aujourd’hui dans le CCI, est complètement étrangère à la tradition du mouvement ouvrier. Nous pouvons ajouter l’exemple de « Un pas en avant, deux pas en arrière » qui est une prise de position publique (non seulement interne au parti, mais face à l’ensemble de la classe) qui est entièrement basée sur les procès verbaux du congrès du POSDR. Si nous avons toujours considéré que les militants n’ont pas besoin de "regarder par le trou de la serrure" à chaque instant, pour juger du travail des OC, c’est parce que notre mode de fonctionnement prévoit que ceux-ci travaillent par mandats et remises de mandat, qu’ils rendent régulièrement des comptes dans leurs prises de positions et circulaires et que ce sont là les occasions de vérifier la confiance que le tout met dans ces organes mandatés. Cela c’est notre fonctionnement normal. Mais cela n’a jamais voulu dire qu’il y aurait là un "interdit", un "tabou" absolu, qui ferait des activités des OC ou de leurs secrétariats une "propriété privée", un "saint du saint" inaccessible aux profanes, et cela d’autant moins lorsque ces OC ont depuis longtemps rendu leurs mandats et ont été dissous par les Congrès (ce qui est le cas des notes citées dans ce texte, qui toutes sont antérieures au dernier Congrès du CCI). Dès lors, ce qu’a été leur travail n’a plus rien à voir avec le "trou de la serrure", il revient au tout, à l’ensemble, parce qu’il fait partie de sa propre histoire. Et, notamment lorsque notre organisation connaît une crise aussi grave, lorsqu’elle se déchire comme c’est le cas aujourd’hui, alors seule la mise au grand jour des problèmes peut lui donner les moyens de résoudre la crise : là il s’agit moins que jamais de "faire confiance" (car à qui faire confiance, lorsque l’OC est déchiré et se divise non seulement sur l’interprétation mais sur les faits eux-mêmes ?) mais de vérifier la confiance qu’on a donnée en exigeant la mise à plat des faits et des problèmes rencontrés. Ainsi a toujours agi le mouvement ouvrier.
Enfin last but not least, ce document est-il un "acte d’accusation" contre Tartempion ou Bidule – contre des militants -dont le but serait, comme nous l’avons également lu et entendu ici ou là, de fonder notre fraction sur on ne sait quelle commune antipathie "clanique" à l’égard d’un militant particulier ? S’il est beaucoup question de Tartempion ou de Bidule dans ce texte, c’est parce tel est ce qui s’est passé ; c’est parce que, effectivement, le SI a été confronté, et de plus en plus depuis 1996, aux questions éminemment politiques posées par des difficultés militantes et des problèmes de comportements de membres de l’organisation. C’est parce que, lorsqu’il a voulu les traiter comme des problèmes politiques à part entière, en s’appuyant sur les leçons du combat de 93-96 et sur les orientations des Congrès et en ayant toujours pour seule préoccupation la défense de l’organisation et de l’engagement militant des camarades concernés, il a rencontré des résistances toujours plus fortes. Ceci est un fait objectif, un fait de l’histoire réelle.
Alors, oui, ce texte accuse. Nous ne cherchons pas à le cacher. Mais ce n’est pas nous, c’est l’histoire réelle qui est ici accablante.
Ceux qui nous prêtent la démarche consistant à avoir voulu monter un "acte d’accusation" pour justifier à posteriori une hostilité existant au préalable contre tel ou tel, ne font que nous prêter leur propre méthode. Cette méthode, que nous rejetons, est en effet celle de la CI, celle dont elle se revendique sans sourciller. Ainsi, se justifiant de ce que son premier "rapport intermédiaire" présenté au Congrès ne s’appuyait sur aucun fait de l’histoire réelle, elle prétend avoir fait là preuve de "méthode marxiste", laquelle - selon elle - consisterait à partir d’une thèse, d’une idée à priori et d’en chercher ensuite des manifestations dans l’histoire : « Ces dernières [les manifestations concrètes du clanisme] n’obtiennent leur pleine signification qu’au sein du cadre tracé dans le rapport préliminaire, tout comme d’ailleurs ce dernier ne prend chair qu’à travers ces manifestations concrètes » (Rapport de la CI, BII 288, p.8). L’histoire "massive" vue comme "manifestation" de l’Idée, conçue au préalable dans le cerveau du penseur, est exactement la démarche spéculative et idéaliste ridiculisée par Marx et Engels dans La Sainte Famille. La CI nous dit encore "La démarche devait donc éviter le piège de l’immédiatisme et de l’empirisme, de la dissolution dans la multitude des faits et des interprétations subjectives". Mais cette "Idée" elle-même, exposée dans le rapport intermédiaire, ne faisait que découler d’un a-priori parfaitement subjectif : les accusations portées par Peter, Louise et Bruno contre l’ancien SI, la section Nord, le SE et la CE et leur "sentiment" d’être les victimes d’un prétendu clan. C’est uniquement à partir de cette unique "interprétation subjective" que la CI a bâti sa théorie, et c’est ensuite seulement qu’elle s’est évertuée à chercher dans les faits des "manifestations" de celle-ci.
Rédigé en juillet 2001, ce texte comme le dit sa présentation, avait pour but de rapporter cette histoire réelle afin de montrer que l’explication par le clanisme ne tient pas la route devant les faits tels qu’ils se sont déroulés. Dès la formation du «Collectif», "ancêtre" de la fraction, début août 2001, la mise à la connaissance de ce document à tous les militants était pour nous la première tâche à se donner. Il s’agissait de permettre à l’organisation comme un tout de prendre la mesure du fait qu’il existait une autre cohérence que celle avancée, sans preuve ni faits, par la CI. Si cela ne s’est pas fait alors, c’est essentiellement parce que nous avons été trop hésitants, trop mous, essentiellement parce que nous avons accepté de faire des concessions au centrisme au sein du «Collectif» qui craignait la bataille et voulait encore croire qu’il serait possible de se faire entendre par les moyens habituels du débat. En fait, ce centrisme ne voulait pas voir que la CI avait réussi à se substituer à ces moyens habituels, qu’elles les avaient d’ores et déjà pervertis et que, désormais, elle avait obtenu le pouvoir (et elle ne s’est pas privée de l’utiliser) de faire taire tout ce qui n’allait pas dans le sens de sa thèse – en particulier par l'interdiction d'utiliser les notes du SI et du SE.
Lorsqu’au mois d’octobre, nous fondons la fraction, nous ne sommes déjà plus au même moment de la bataille qu’au mois d’août. Il ne s’agit plus seulement de "rectifier" les falsifications opérées sur l’histoire réelle et concrète par la CI. Il s’agit de se battre contre la remise en cause, à vitesse grand V, de nos principes en matière de vie interne et de conception du fonctionnement d’une organisation prolétarienne et contre les nouvelles "théories", étrangères au marxisme, qui l’accompagne et la justifie. C’est alors la défense intransigeante de ces principes et du marxisme qui fondent notre fraction, c’est elle qui détermine son action.
Dès lors, porter à la connaissance des militants l’historique du SI n’est plus qu’un des aspects, secondaire, de notre combat, il n’est plus prioritaire. C’est autour de la défense de nos principes qu’il s’agit de mener la bataille. En outre, la tendance liquidationniste, qui ne veut surtout pas mener le combat autour des questions programmatiques de fond qui sont posées, est en train de tout faire pour y substituer une polarisation sur des questions de personnes. Elle ne veut surtout pas qu’on parle politique, elle veut qu’on parle Tartempion ou Bidule. Et elle réussit cet exploit de faire croire que ce qui se passe dans le CCI se réduit à "la question Louise", et du coup à faire passer notre fraction pour une question de règlements de comptes personnels. La théorie du "clan pavillon bis" avait déjà eu pour but d’empêcher de poser les problèmes en termes de désaccords politiques, la focalisation systématique sur la "question Louise" par la faction liquidationniste, au premier chef par Peter, poursuit exactement le même but. Les deux servent à faire taire les camarades minoritaires, par des moyens toujours plus indignes et violents.
Dès lors la publication de l’Historique nous paraît encore moins la tâche de l’heure, car la politique liquidationniste, qui a fait triompher une méthode selon laquelle tout s’explique par des conflits d’intérêts personnels, fait que, malheureusement, les camarades risquent de tomber dans le piège et de ne pas savoir lire ce texte. Raison de plus pour mener la bataille sur le fond, ce qui veut dire commencer par rétablir d’abord la bonne méthode, par défendre nos principes de fonctionnement et révéler comment la politique actuelle des OD du CCI les trahit.
Aujourd'hui, nous sommes exclus du CCI et la thèse du "clan" – même si on ne sait plus de quel clan il s'agit – a été définitivement adoptée et il sera difficile, sinon impossible, de la remettre en question au sein du CCI tel qu'il existe formellement aujourd'hui. Cette mise en question ouverte ne pourrait se faire qu'au prix immédiat d'une division et d'une explosion de l'organisation formelle après sa division et son implosion politiques et principielles qu'elle est en train de vivre. Les intérêts personnels, familiaux et "politiques" des principaux membres de la faction liquidationniste seraient alors tellement mis en question qu'on peut s'attendre de leur part à une lutte à mort avec une répétition encore plus grave et scandaleuse des manœuvres et des magouilles que nous venons de vivre. Et aussi tout éventuel questionnement conséquent de la thèse du clan ne pourra se faire qu'au prix d'une critique politique des pratiques organisationnelles et militantes qui sont apparues depuis le 14e congrès et d'une remise en question individuelle, du fait même qu'ils ont dû dans la précipitation et sur la base d'une confiance aveugle, par principe, voter toutes les prises de position sanctionnant le supposé "clan-pavillon-bis" et… l'absolution "par principe" de Louise. Néanmoins, il y a encore une vie prolétarienne au sein du CCI et des militants communistes pour lesquels nous avons le plus profond respect et des sentiments de fraternité militante (4). Nous leur laissons donc cet historique en legs. Pour que ceux, qui n'ont pas peur de la confrontation politique et qui acceptent celle-ci comme le quotidien des communistes, puissent s'y référer. Et qu'éventuellement, si non aujourd'hui demain peut-être, ils puissent revenir sur cette crise et comprendre ce qui s'est réellement passé quand l'ivresse de la lutte contre "la secte fanatique aux méthodes nazies et staliniennes" laissera la place à la gueule de bois.
Ensuite, ce texte révèle effectivement l’existence de comportements particulièrement troublants de la part d’un membre de l’organisation et des effets désastreux que ceux-ci ont eu sur la vie collective de l’organisation. En particulier, l'objectif absolu recherché frénétiquement, à grand cri et à coup de scandale et de provocation – qui ont permis l'isolement et le discrédit du camarade Juan et l'exclusion du camarade Jonas - par la faction liquidationniste d'absoudre, de "blanchir", de toute critique sur son comportement militant, la militante Louise est plus que troublant et pose un certain nombre de questions de la plus extrême gravité.
L'absolution, complète et "définitive", "à jamais", de Louise comme militante - c'est-à-dire le rejet de toute explication de sa part ou bien de ceux qui la "défendent" à tout prix, sur ses comportements et sur les questions qu'ils posent, qu'on le veuille ou non -, son refus d'explication sur des faits, des propos, des attitudes, réels – c'est-à-dire qui ne peuvent être gommés - ouvre la porte à toutes les supputations et à tous les doutes. Inévitablement et par défaut, peut-on dire. Sauf à nous donner une explication "alternative" à ses comportements –y inclus tout un tas de questions laissées de côté au nom du combat contre Simon et restées en suspens depuis 93 -, nous ne pouvons écarter le doute qui existe sur la nature des comportements indignes d'un militant communiste de la part de Louise. La politique du "blanchiment" et de l'absolution totale et définitive adoptée par les liquidationnistes est soit criminelle vis-à-vis de la "militante" Louise si elle existe, soit criminelle vis-à-vis de l'organisation et du MPP. En tout cas, toute la publicité et la politique du scandale menées par la faction liquidationniste sur le sujet répandant partout les soupçons que certains – beaucoup à vrai dire comme l'a prouvé la camarade Aurora au Mexique - militants ont pu, et peuvent avoir, sur Louise ont peut-être donné un résultat immédiat : la victoire définitive du liquidationnisme putschiste au sein de l'organisation à travers le discrédit de la fraction et les suspensions et exclusions de ses membres (5). Mais ils ont définitivement jeté un doute public et sérieux sur la militante Louise, doute que le "blanchiment" de la CI et les conditions d'adoption dans le CCI pour ce blanchiment renforce encore plus. A moyen et long terme, Peter a condamné Louise – sauf à fournir une explication cohérente et vérifiable aux faits que les notes et l'Historique du SI révèlent sans aucune ambiguïté.
Par ailleurs, L'historique du SI est pour nous un document historique. Au sens où les leçons et les faits de cette crise resteront dans l'histoire. Même si les faits relatés ne sont pas la racine politique de fond, la cause historique, de la crise du CCI, il n'en reste pas moins qu'ils montrent concrètement comment un processus de destruction ou d'implosion d'une organisation révolutionnaire peut se produire. Nous avons toujours regretté que les anciens militants du PCInt-Programme Communiste n'aient pu accomplir ce type de travail à l'issue de l'implosion de leur organisation en 1982. On peut penser qu'une telle expérience aurait pu nous armer contre ce qui est arrivé.
L'ensemble de l'Historique et des notes du SI révèle clairement trois phénomènes qui vont très rapidement s'unifier et ne plus faire qu'un :
- les difficultés militantes croissantes posées devant toute l'organisation de Peter ;
- la dynamique permanente de contestation du SE vis-à-vis du SI dans laquelle Bruno et Louise ont joué un rôle de premier plan et qu'ils ont eux-mêmes reconnu ;
- et les comportements militants, personnels et familiaux de Louise clairement en contradiction et indignes d'un militant communiste.
L'Historique montre aussi sans aucune ambiguïté l'unanimité de tout le BI autour des orientations de lutte contre ces trois dynamiques tout au long de ces années. Ce même BI et ces mêmes membres du BI se sont reniés par la suite, à partir du 14e congrès, adoptant un virage à 180° du jour au lendemain au nom de la lutte contre le clanisme, sans aucun bilan critique, sans aucune référence – même critique - au combat qu'ils avaient mené auparavant comme l'attestent les rapports d'activités adoptés en septembre 2001 et en janvier 2002. Ils ont honteusement liquidé ainsi la méthode de toujours du CCI en matière de bilan et d'adoption d'orientations. Les militants qui ont cru que l'abandon de la méthode sur ce plan et en cette occasion ne pourrait être qu'une parenthèse sans conséquence, ont fait une lourde faute politique. Ce type d'abandon, de révision, même si on le croit ponctuel, occasionnel, a et aura nécessairement et inévitablement des implications et des conséquences politiques. Il y a là-aussi "un avant et un après" le 14e congrès constitué d'un oubli et d'une rupture sans principe et sans "continuité". C'est une des marques de l'opportunisme.
Les premières parties de l'Historique traitent des années 96 et 97 durant lesquelles les deux premières dynamiques sont posées et combattues par tous. Une politique à leur égard avait été adoptée à l'unanimité du BI et du CCI. Etaient-elles valables ? Voilà une question à laquelle la politique actuelle ne peut répondre sauf à… liquider toute la politique passée ou à remettre en cause la théorie du supposé "clan-pavillon-bis".
Les parties suivantes, 3e et 4e, 1998, montrent clairement la dynamique de contestation du SI par le SE, la responsabilité particulière, mais pas unique, de Louise et Bruno – d'ailleurs reconnue par eux-mêmes par la suite – dans cette dynamique. Elles montrent aussi comment une vision défaitiste du militantisme sous couvert de la "décomposition" a été introduite dans le rapport d'activité pour le 13e congrès de RI, comment l'ensemble du SI, du BI, et de l'organisation ont repoussé cette vision, et surtout comment Louise a refusé de mener cette discussion contradictoire ouvertement, dans le cadre organisationnel, en assumant le débat. Ces deux parties montrent aussi la mollesse, l'indécision et le centrisme croissants du SI par "souci" de l'unité face à ces problèmes politiques.
La 5e partie montre comment la question des manquements de Peter est prise en charge par le BI et le CCI comme un tout et comment le 13e congrès du CCI pose la question générale du militantisme communiste face aux multiples problèmes concrets que rencontre le CCI dans toutes ses sections (cf. nos rapports d'activités, en particulier celui pour le BI extraordinaire de septembre 2001 publié dans le bulletin n°1).
Les parties suivantes traitent de l'année 1999 et du sujet qui prend la majeure partie du temps de réunion du SI : la crise du couple Peter-Louise. En particulier, la 6e et la 7e partie, été 1999, montrent clairement et sans contestation possible que c'est Louise, et son confident François, qui posent la question de la séparation du couple et essaient de l'imposer au SI et à… Peter. La 8e partie met en évidence la dynamique croissante de contestation du SE vis-à-vis du SI, et surtout l'hostilité croissante vis-à-vis du camarade Michel. A cette occasion apparaît clairement la dérive politique du SE qui substitue à la vie politique et collective de l'organisation, à sa véritable centralisation, la politique que François dénoncera comme la "politique d'injonction" et qui révèle des visions élitistes du militantisme et une fausse vision de la centralisation et qui nous amènera à poser la question de la confiance.
Les parties suivantes, année 2000, montrent clairement comment le SI, et surtout les membres du BI en particulier lors des SI mensuels, Krespel, Mélanie, François, Marca, Ben, Krashen, pour ne citer que les plus réguliers, défendent les orientations du CCI contre les résistances de Peter et les hésitations du SI. En particulier, c'est l'ensemble du BI qui s'oppose au sabotage par Louise, Bruno, et surtout par Peter, de l'ouverture du débat sur "la confiance" et les difficultés du SE. Ce sont ces mêmes membres du BI qui critiquent les visions élitistes qui commencent à apparaître chez Louise et Bruno.
Enfin, la 14e partie traite de la période qui précède et décide de la constitution de la CI et de la supposée "clôture" du débat. Les notes, l'ensemble des notes, démentent ce mensonge tout comme les interventions de Mélanie, de François et même de Krespel. Elle montre surtout comment Krespel, Peter, et certainement Louise, se sont consultés et se sont mis d'accord la veille au cours d'une réunion "privée" pour faire accepter la constitution de la CI afin de pouvoir faire avaliser leur accusation de clanisme sans que le SI, le BI, et l'ensemble du CCI, ne puissent discuter ouvertement la question. Question pourtant fondamentale puisqu'elle va remettre en cause toute l'orientation passée. Le CCI tout comme son 14e congrès est dessaisi du débat et de la clarification politique.
Mais l'intérêt de cet Historique va bien au-delà du combat immédiat contre la faction liquidationniste et son analyse clanique. Il va aussi au-delà d'un simple témoignage même si celui-ci, nous en sommes convaincus, apportera une expérience concrète pour les générations futures face à ce type de situation. Il pose un grand nombre de questions politiques. Entre autres :
- la question du comportement militant ;
- la question du "militantisme intégral", ou de la confusion-fusion entre les dimensions personnelles-privées et la dimension politique-militante du communiste ;
- la question de la confiance, de la vie et du travail collectifs et, par opposition, de la méfiance et de l'élitisme, ou du rapport entre vie politique et centralisation ;
- les questions de méthode pour poser et, éventuellement, remettre en cause les orientations passées ;
- la question du centrisme et la question de "l'unité" de l'organisation - quelle unité ? Sur quel plan ? A quelle condition ? -, et la question de la discipline.
Il y en a d'autres encore sur lesquelles nous aurons aussi l'occasion de revenir.
Ces questions à débattre ne seront pas débattues dans le CCI. Elles lui feront défaut et reviendront se poser avec violence tel un boomerang. On ne peut pas tricher avec l'histoire, ni mettre entre parenthèse, ignorer, des questions concrètes de la lutte de classes. C'est dans ce sens que nous avions présenté cet historique comme une annexe à notre rapport d'activités présenté au BI extraordinaire de septembre 2001. Le refus de fait de la discussion – critique - de ces textes est une erreur politique profonde qui ne peut qu'accélérer la dérive du CCI.
Pour notre part, nous l'avons dit et redit : nous ne laisserons pas cette crise organisationnelle sans réponse de classe, sans leçons politiques, avec comme seule "explication" la jalousie des uns vis-à-vis des autres ce qui revient à donner du poids à l'argument d'une guerre de chefs et de lutte pour le pouvoir -–même si ce "sentiment" n'est certainement pas non plus complètement étranger à la faction liquidationniste comme le prouve sa vision élitiste et surtout sa réaction de panique quand l'ancien SI, le supposé "clan-pavillon", a proposé lors du 14e congrès de nommer un autre SI hors de Paris. Mais cela renvoie aussi à des questions politiques plus générales. La faction liquidationniste a déjà compromis pour une large part tous les acquis du CCI, sa crédibilité, et a réduit à néant tout son combat organisationnel. La "défense de l'organisation" prônée et mise en pratique par la faction liquidationniste va alimenter, elle alimente déjà, et va renforcer le poids du conseillisme et le parasitisme anti-CCI. En fait, elle parasite déjà les acquis et la tradition de toute la Gauche communiste, tout particulièrement de la Gauche italienne, et toute l'histoire du CCI lui-même.
La fraction interne du CCI, 12 mai 2002.
Notes:
1 Aujourd'hui, c'est publiquement qu'on commence à insinuer, sans le dire ouvertement, toujours la même méthode, que le camarade Jonas aurait été un agent provocateur depuis… 1968 ! Le 4 mai 2002, lors de la Réunion Publique à Paris sur la "défense de l'organisation", l'exposé introductif a rappelé qu'un sympathisant de RI avait à l'époque avoué être un indicateur de police finalement convaincu par les positions communistes que nous défendions. Le présentateur a alors rappelé que les indicateurs de police infiltrés dans les organisations révolutionnaires étaient rarement seuls, souvent au moins deux, et de manière particulièrement rapide, mais d'autant plus insidieuse et ignoble, il s'est interrogé sur qui pouvait être le deuxième élément. Est-il utile ici de rappeler que l'allusion à Jonas, à Toulouse en 1968, était explicite ? Ca nous donne la nausée et envie de vomir.
2 La CI n'a jamais travaillé sur des faits concrets, mais sur des "croyances" et au service du présupposé, de l'apriori, et de la catégorie "clanisme".
3 dixit le brillantissime et exemplaire militant Saint Marca au SI mensuel de juillet 2001 qui justifiaient les manquements de Peter, ses retards et ses oublis militants, familiaux et professionnels, par la vie infernale et l'hostilité que lui aurait imposées le soi-disant clan.
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Même si aujourd'hui nombreux
sont ceux qui, quand ils nous rencontrent en particulier lors des
réunions publiques, prennent un air offensé en nous
voyant et refusent de nous saluer. Cela aussi serait plutôt
risible et comique s'il ne s'agissait d'une atteinte à la
conscience politique de militants communistes, militants sans doute
mal à l'aise et manquant de confiance en eux-mêmes et
dans les positions qu'ils défendent. Ce type d'attitude et de
comportement est à rapprocher des attitudes des gauchistes et
des staliniens quand nous intervenions et leur distribuons des
tracts par exemple. N'est-ce pas là aussi une marque d'une
dynamique sectaire ? Et d'un type d'attitude qui n'ont rien à
voir avec celle dont a toujours fait preuve, et défendu
politiquement bien évidemment, MC et les membres "fondateurs"
du CCI, à commencer par Peter d'ailleurs ?
Pour
notre part, nous n'avons pas de ressentiments, ni de haine,
personnels à leur égard contrairement aux portraits
psychologiques qu'on a faits de nous et qu'on a répandus dans
le CCI. Aucun d'entre nous ne regrette d'avoir été
militant du CCI. Bien au contraire, nous en sommes fiers et,
conscients que "tous
les militants peuvent s'user",
nous savons que notre capacité, aussi faible soit-elle, de
lutter pour nos convictions politiques nous a été
donnée par nos 25-30 ans, voire plus, d'appartenance au CCI.
Nous ne sommes habités ni par l'amertume, ni par la rancœur,
ni par l'esprit de revanche. Juste par nos convictions politiques.
Et armés de notre confiance dans le prolétariat, nous
ne désespérons pas de nous retrouver ensemble, avec le
plus grand nombre de militants du CCI, dans le combat de classe.
C'est aussi pour cela que nous continuons d'exiger notre
réintégration comme fraction interne au sein du CCI.
5 Tout spécialement du camarade Juan qui pour sa part n'avait jamais évoqué, ni même pensé, à cette hypothèse, contrairement aux mensonges et aux provocations éhontées à son endroit.
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