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Lettre ouverte aux militants du CCI
L'élan du CCI actuel vers la CNT-AIT aboutit à
l'abandon de sa plateforme politique et à la "révision" du marxisme

Camarades,

Bien que nous n'ayons jamais cessé, toutes ces dernières années, de surveiller de près et de dénoncer la dérive opportuniste de notre organisation, aujourd'hui nous sommes consternés par le processus de rapprochement accéléré vers l'anarchisme qu'a entamé le CCI avec l'abandon, qui en découle, des principes de l'organisation et, en général, du marxisme.

Dans nos deux bulletins précédents, nous avons déjà alerté par rapport à cette "pente mortelle"1. Malheureusement nous observons que, depuis, le virage du CCI vers l'anarchisme se prolonge et se manifeste même publiquement, et cela avec une autorité telle qu'il semble ne plus rencontrer aucune résistance interne de la part des militants (si tant est qu'il y ait eu à un moment une quelconque résistance) bien que les arguments qui sont utilisés pour justifier ce virage soient d'un caractère si contradictoire et si stupide - nous ne trouvons pas d'autres mots pour les qualifier - et bien qu'ils s'opposent si ouvertement et si clairement à la plateforme et aux principes du CCI lui-même.

Existent-ils des syndicats révolutionnaires aujourd'hui ?

En lisant le rapport sur le récent 19ème congrès de Révolution internationale (RI 415), nous voyons que le CCI a établi des relations politiques de "fraternité et de confiance mutuelle" avec l'organisation anarchiste CNT-AIT qu'il définit comme faisant partie du "milieu internationaliste révolutionnaire", et cela, semble-t-il, sans que cela soulève le moindre rejet, la moindre réticence ou contestation, sans qu'il y ait eu le moindre débat interne sur les relations du CCI avec cette organisation. Comme c'est bizarre ! Pourtant, nous trouvons, dans le rapport-bilan fait sur ce congrès, une prise de position appuyée sur les obstacles que rencontre actuellement la classe ouvrière pour développer sa lutte qui dit notamment : "La discussion a permis également de mieux cerner l’impact actuel de l’encadrement syndical sur la classe ouvrière. Bien que cette dernière ne soit pas encore en mesure de se dégager de l’emprise des syndicats et de l’idéologie syndicaliste pour prendre elle-même ses luttes en main, le débat à fait ressortir qu’il existe, dans les rangs ouvriers, peu d’illusions sur le rôle et l’efficacité des méthodes de luttes préconisées par les syndicats. Si, malgré cette désillusion, la classe ouvrière n’est pas encore à même aujourd’hui de se mobiliser en dehors et contre les syndicats, c’est essentiel­lement du fait de sa difficulté à retrouver confiance en ses propres forces. La classe ouvrière ressent de plus en plus le besoin de se battre contre les attaques du gouvernement et du patronat, mais ne sait pas comment lutter sans passer par les syndicats. (...) La question syndicale constitue donc un enjeu majeur dans la dynamique future vers les affrontements de classe massifs" (CCI, 19ème Congrès de RI, nous soulignons).

Donc, selon cette présentation du congrès, la question syndicale, l'idéologie syndicaliste, les syndicats continuent d'être un des obstacles principaux que la bourgeoisie utilise contre le prolétariat pour parer ou, pour le moins, freiner le développement de ses luttes. Mais, juste quelques lignes plus loin, sans aucune explication, on a droit à un salut à la nouvelle collaboration fraternelle du CCI avec... une organisation syndicale ! Le syndicalisme n'est-il pas autre chose que le fondement, le principe et le but de la CNT-AIT ? Pour cet organisme, le syndicat n'est pas seulement une forme d'organisation propre à la classe ouvrière, c'est la seule forme d'organisation tant dans le passé que dans le présent ; et tout autant dans le futur, au point que, selon ses principes politiques, les syndicats seront la forme d'organisation de la future société anarchiste :

"Le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de la réorganisation sociale, (…). Le Congrès affirme que le syndicalisme, expression naturelle et concrète du mouvement des producteurs, contient à l’état latent et organique toutes les activités d’exécution et de direction capables d’assurer la vie nouvelle (…)" (CNT-AIT, La Charte du syndicalisme révolutionnaire2, Congrès constitutif de la CNT, 1946).

Faut-il rappeler aux militants du CCI quelle est la position de notre organisation sur les syndicats telle qu'elle est énoncée dans notre plateforme politique ?

"Ayant perdu toute possibilité d'exercer leur fonction initiale de défenseurs efficaces des intérêts prolétariens [dans la décadence du capitalisme,] et confrontés à une situation historique où seule l'abolition du salariat, et donc leur propre disparition, les syndicats sont devenus, comme condition de leur propre survie, d'authentiques défenseurs du capitalisme, des agences de l'Etat bourgeois en milieu ouvrier (...). Le caractère capitaliste de ces organes s'étend à toutes les « nouvelles » organisations qui se donnent des fonctions similaires et ceci quel que soit leur modèle organisatif et les intentions qu'elles proclament. Il en est ainsi des « syndicats révolutionnaires » ou des « shop stewards » comme de l'ensemble des organes (comités ou noyaux ouvriers, commissions ouvrières) qui peuvent subsister à l'issue d'une lutte, même opposée aux syndicats, et qui tentent de reconstituer un « pôle authentique » de défense des intérêts immédiats des travailleurs. Sur cette base, ces organisations ne peuvent échapper à l'engrenage de l'intégration effective dans l'appareil d'Etat bourgeois, même à titre d'organes non officiels ou illégaux. (...) Après plus d'un demi-siècle d'expérience jamais démentie du rôle anti-ouvrier de ces organisations, les courants qui préconisent encore de telles politiques se trouvent sur le terrain de la contre-révolution". (Plateforme du CCI, pt. 7 sur les syndicats - toutes les parties de la plateforme qui sont soulignées dans les citations reproduites le sont par nous en 2010).


Comme si cela ne suffisait pas, la CNT-AIT se caractérise aussi par la revendication de la "gestion syndicale" des entreprises "tant que le capitalisme subsiste" :

"Considérant que dans la période pré-révolutionnaire le rôle du syndicalisme est de dresser une opposition constante aux forces capitalistes, de diminuer le pouvoir patronal en augmentant celui du syndicat, le Congrès estime que ces résultats ne peuvent être obtenus que par l’introduction du contrôle syndical dans les entreprises capitalistes, par la création des comités et des conseils d’ateliers, d’usines, de bureaux, (...). En même temps que sera menée à bien la besogne de documentation, d’éducation technique et professionnelle en vue de la réorganisation sociale, sera enfin réalisé, dans les meilleures conditions, l’apprentissage de classe de la gestion" (CNT-AIT, Charte du syndicalisme révolutionnaire).

Faut-il rappeler aux militants du CCI quelle est la position de notre organisation sur la "gestion ouvrière des entreprises dans le capitalisme" telle qu'elle est énoncée dans sa plateforme politique ?

"L'autogestion, c'est-à-dire la gestion des entreprises par les ouvriers au sein d'une société qui reste capitaliste, si elle était déjà une utopie petite-bourgeoise au siècle dernier quand elle était préconisée par les courants proudhoniens, est aujourd'hui une pure mystification capitaliste :

- arme économique du capital, elle a pour finalité de faire accepter par les travailleurs le poids des difficultés des entreprises frappées par la crise en leur faisant organiser les modalités de leur propre exploitation.

- arme politique de la contre-révolution, elle a pour fonction : de diviser la classe ouvrière en l'enfermant et l'isolant usine par usine, quartier par quartier, secteur par secteur ; d'attacher les travailleurs aux préoccupations de l'économie capitaliste qu'ils ont au contraire pour tâche de détruire ; de détourner le prolétariat de la première tâche qui conditionne son émancipation : la destruction de l'appareil politique du capital et l'instauration de sa propre dictature au niveau mondial.

Toutes les positions politiques qui, même au nom de "l'expérience prolétarienne" ou de "l'établissement de nouveaux rapports entre travailleurs", défendent l'autogestion, participent, en fait, à la défense objective des rapports de production capitalistes" (point 11 de la plateforme du CCI).

"Cette mystification qui avait trouvé son point culminant avec l'expérience "autogestionnaire" et la défaite des ouvriers de LIP en 1974-75 en France, s'est aujourd'hui épuisée. Cependant, il n'est pas à exclure qu'elle connaisse dans le futur un certain regain avec le renouveau de l'anarchisme. En effet, dans les luttes de 1936 en Espagne, ce sont les courants anarchistes et anarcho-syndicalistes qui avaient été les porte-drapeaux du mythe de l'autogestion, présentée comme une mesure économique « révolutionnaire »" (note 3 dans la version française).

Ainsi donc, la plateforme du CCI établit que la "gestion ouvrière dans le capitalisme" est une mystification, une tromperie capitaliste, une arme de la contre-révolution ; et les organisations qui la défendent, telles celles de l'anarchisme et de l'anarcho-syndicalisme, sont des défenseurs objectifs de l'ordre capitaliste.

Pourtant le CCI actuel, en contradiction flagrante avec cette position de principe, déclare qu'une organisation de ce type est aujourd'hui... révolutionnaire !

Faut-il aussi rappeler aux militants du CCI que, toujours selon la plateforme, le rôle spécifique des syndicats "non officiels", "révolutionnaires" ou "de base" est justement d'être le dernier rabatteur des ouvriers vers le syndicalisme et les syndicats, organes de l'État bourgeois en milieu prolétarien, et cela pour faire que les ouvriers reprennent confiance dans ces mêmes syndicats ? Le CCI actuel, en contradiction complète avec ses principes et sa politique et sa pratique des décennies antérieures, prétend avoir rencontré aujourd'hui des organismes syndicaux, telle la CNT-AIT, qui ne sont pas "fatalement sur le terrain de la contre-révolution" ; ces organismes feraient même partie du "camp prolétarien révolutionnaire".

L'histoire de l'anarchisme "revue et corrigée"

Dans notre précédent bulletin (Cf. Le CCI et sa fraternisation avec l'anarchisme : S'acoquiner avec l'anarchisme, c'est trahir le prolétariat), nous avons dénoncé les principaux aspects de la soit-disant argumentation "théorique" avec laquelle le CCI d'aujourd'hui prétend justifier sa collaboration avec le syndicalisme anarchiste. Dans cet article, nous n'avons fait que rappeler les principes qui fondent l'existence du CCI et dénoncer la trahison qui leur est faite chaque fois plus ouvertement. Nous renvoyons nos lecteurs, et les militants du CCI, à ce bulletin.

Mais, pour évaluer le degré d'aberration et de niaiserie que les militants du CCI cautionnent actuellement par leur silence, jetons un oeil à la "nouvelle histoire" de l'anarchisme concoctée par l'actuel CCI.

Ces derniers temps, le CCI a publié quelques articles sur l'anarchisme dans lesquels, petit à petit, il a introduit une nouvelle interprétation sur l'histoire de ce courant ; une histoire inventée précisément pour justifier sa collaboration avec l'anarchisme. Selon celle-ci, il existerait, à la base et tout au long de l'histoire, deux courants dissemblables dans l'anarchisme : l'un serait réactionnaire ou réformiste et l'autre révolutionnaire et internationaliste ; ce dernier tendant constamment à collaborer et à se rapprocher du communisme marxiste. Une fois cette "thèse" établie, et dans le plus pur style spéculatif - que nous avons déjà relevé dans d'autres élucubrations "théoriques" de la faction liquidationniste du CCI depuis 2001 -, notre "défaiseur" de l'histoire se risque à chercher des "exemples" pour "prouver" sa thèse... Le "truc" de cette nouvelle histoire de l'anarchisme est très simple : faire abstraction du fait que, si quelques éléments ou groupes anarchistes se sont rapprochés du communisme marxiste, ils l'ont fait dans la mesure même où ils ont abandonné leurs propres conceptions anarchistes ; et cet abandon n'a été que le résultat de l'influence du mouvement révolutionnaire du prolétariat inspiré par le marxisme, notamment lors de la vague révolutionnaire de 1917-1923.

Mais acceptons, pour un moment, le point de vue de cette "nouvelle histoire de l'anarchisme", avec les "deux courants", élaborée par le CCI pour voir jusqu'où il mène :

"Aujourd’hui, en France par exemple, la même dénomination « CNT » recouvre deux organisations anarchistes, une aux positions authentiquement révolutionnaires (CNT-AIT) et une autre purement “réformiste” et réactionnaire (CNT Vignoles) (CCI, Gauche communiste et anarchisme internationaliste : ce que nous avons en commun, nous soulignons).

Est-ce que les militants du CCI se sont demandés sur quels fondements cette distinction si tranchée entre les deux « CNT » est-elle basée ? Est-ce sur l'histoire de chacune d'elles qui serait différente ? Non, car toutes les deux proviennent (et se revendiquent) de la CNT espagnole qui, en 1936, a entraîné le prolétariat dans la guerre inter-bourgeoise entre la démocratie et le fascisme. Est-ce sur leur programme et leurs principes ? Non plus, puisque les deux CNT continuent à se revendiquer de la même Charte syndicale de fondation de 1946. Est-ce parce que la CNT-AIT tend à se rapprocher des positions communistes marxistes ? La dite-Charte rejette d'entrée tout parti politique (y compris du prolétariat) ainsi que la dictature des conseils ouvriers (elle défend par contre, à ce niveau, une organisation fédérative de syndicats). Voyons maintenant ce que cette organisation pense du marxisme :

"La première A.I.T. naît à Londres en 1864. (...) Dès le départ, le mouvement va être déchiré entre deux tendances : les socialistes autoritaires regroupés autour de Karl Marx, et les anti-autoritaires - ou fédéralistes - autour de Michel Bakounine. Pour les anti-autoritaires, ce sont le pouvoir, la domination, l’autorité qui sont le fondement même de cette société, et rien ne changera vraiment si le mouvement qui prétend révolutionner le monde s’organise lui-même de façon hiérarchique, centralisatrice, autoritaire. On sait maintenant à quelle monstruosités le socialisme autoritaire a conduit et conduit encore. Les "libertaires" d’alors avaient très bien perçu les dangers et les dérives sanglantes possibles de cette doctrine (…)la méthode marxiste-léniniste a échoué en faisant couler beaucoup de sang, au point que l’idée même de révolution est devenue extrêmement suspecte à beaucoup et très intimement liée à l’idée de terreur" (CNT-AIT. L’anarcho-syndicalisme, c'est quoi?).

Ainsi, pour la CNT-AIT, le marxisme est autoritaire, dangereux et n'a pu que conduire et conduit encore à d'énormes et sanglantes monstruosités.

En fin de compte, est-ce la scission au sein de la CNT en 1993 (qui a donné naissance à la CNT-AIT et à la CNT-Vignoles) qui aurait miraculeusement donné naissance à un courant "authentiquement révolutionnaire", comme le CCI l'affirme ? Cédons la parole aux protagonistes de la CNT eux-mêmes :

"Deux lignes cependant se dessinait, qui se sont encore affirmées par la suite : d’une part, une ligne dogmatique dure, s’opposant radicalement aux élections du personnel et donc à la stratégie de développement des sections syndicales, se repliant de fait sur une ligne propagandiste anarchiste/anarchosyndicaliste ; d’autre part, une ligne cherchant à développer un syndicalisme de lutte, acceptant la participation ponctuelle aux élections pour protéger ses sections syndicales, refusant la référence idéologique unique à l’anarchisme, défendue par notre organisation (souvent appelée CNT Vignolles). Des distinctions à relativiser : il est arrivé par la suite que des syndicats de la CNT-AIT se présentent aux élections de DP et effectuent un excellent travail syndical ; ceux de la CNT ne s’y présentent par ailleurs que très ponctuellement. Soulignons enfin que, localement, lorsque les vieilles rivalités de personnes sont absentes, d’excellentes relations existent, ainsi qu’un travail commun fructueux" (CNT-F. Petite histoire de la CNT-F - http://www.cnt-f.org/spip.php?article712).

Les militants de la CNT eux-mêmes reconnaissent non seulement que la scission était basée sur des divergences secondaires (personnelles ou relatives) et non de principes mais même que les deux parties effectuent toujours aujourd'hui le même type d"excellent travail syndical", qu'elles participent aux élections syndicales, qu'elles ont l'habitude d'avoir" d'excellentes relations" au-delà des rivalités personnelles et même un "travail commun fructueux". Comme nous le voyons, la distinction entre une CNT "authentiquement révolutionnaire" et une autre "réactionnaire" n'est qu'une falsification de la réalité. Vous rendez-vous compte, camarades du CCI, où vous mettez les pieds ? Que pensez-vous, camarades, de "l'alliance fraternelle" qu'est en train de forger le CCI avec une organisation syndicale et autogestionnaire qui ne représente que le dernier wagon des campagnes bourgeoises contre le communisme et, plus globalement, contre la conscience de classe du prolétariat ?

Rupture avec les positions de principes du CCI

Le processus opportuniste de rapprochement et de fraternisation avec l'anarchisme s'accompagne d'un processus évident et accéléré "d'involution" théorique de la part de cette organisation. Il apparaît clairement que ce rapprochement n'est pas dû au fait que les anarchistes aient rejoint les positions marxistes, mais au fait que le CCI actuel, lui, s'éloigne du marxisme, qu'il abandonne de plus en plus ses positions de principe.

Dans ce sens, le CCI a publié dernièrement une série de trois articles intitulés Gauche communiste et anarchisme internationaliste : ce que nous avons en commun"3. La série est signée : CCI, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas simplement de l'opinion d'un militant ou d'une section, mais d'une prise de position officielle de l'organisation. Cela confirme qu'il n'existe aucun débat interne, ni sur la fraternisation avec l'anarchisme, ni sur la "nouvelle" argumentation "théorique" qui s'essaie à la justifier. Les trois articles nous donnent une idée beaucoup plus complète et précise du saut que le CCI a effectué dans la révision tant de ses principes de base que du marxisme en général. Voilà pourquoi il est de notre devoir de vous avertir, camarades, sur ce que vous êtes en train d'avaliser par votre silence : le sabordage du CCI comme organisation marxiste, comme organisation de la Gauche communiste, comme organisation révolutionnaire du prolétariat. Vous pouvez ignorer ou rire de notre avertissement. Ce seront les anarchistes - et finalement la bourgeoisie - qui vous applaudiront.

Camarades du CCI, vous rendez-vous compte que cette nouvelle série sur l'anarchisme est avant tout en rupture ouverte et officielle avec toutes les prises de position sur l'anarchisme que le CCI a défendues durant plus de 30 ans, depuis sa fondation en 1975 jusqu'au début des années 2000 ? Le vieux CCI, notre CCI, avait la position suivante sur le courant politique anarchiste et anarcho-syndicaliste :

"Un courant politique, l'anarcho-syndicalisme, qui se vautra toujours plus dans les eaux pourries de la contre-révolution, malgré son « horreur » de la dictature, de tout Etat et tout gouvernement. L'irresponsabilité, l'incohérence historique de l'anarcho-syndicalisme est restée patente dans ce jeu tragique de balancier dans la duplicité permanente des « autorités », de l'« anti-autoritaire » CNT manifestant un manque criminel de vision historique et de claire théorie révolutionnaire que payèrent de leur vie nombre de ses militants engagés dans la cause de leur classe... La CNT-FAI, par son idéologie apolitique et son incompréhension de la nature de classe de l'Etat qui lui interdit d'exercer tout type d'action pour le détruire, fut l'ultime défense du capitalisme contre la classe ouvrière" (CCI, España 1936, 1977, souligné et traduit de l'espagnol par nous4).

Conscient du danger que représentent le courant anarchiste comme un tout et son idéologie pour les nouvelles génération d'ouvriers et de révolutionnaires, le "vieux" CCI n'a jamais cessé d'en dénoncer le caractère historiquement et objectivement contre-révolutionnaire.

Comme nous l'avons déjà signalé en d'autres occasions, encore dans les années 2000, le CCI était conscient du lien direct qui existait entre la campagne de la bourgeoisie mondiale sur la "mort du communisme" et la renaissance de l'anarchisme :

"Dans les années 1990, nous avons assisté à la fois à la campagne anticommuniste qui a suivi la chute du Mur de Berlin dans laquelle le communisme a été dénigré en l'assimilant au stalinisme (quand la réalité historique nous montre que ce fut le fossoyeur de la révolution d'octobre 1917) et à une promotion de l'anarchisme comme véritable mouvement révolutionnaire face aux bolchéviques et à Lénine qui seraient que de simples conspirateurs qui ont instauré leur dictature par un coup d'Etat. Présenter l'anarchisme comme « avant-garde » de l'impulsion révolutionnaire et l'Espagne 1936 comme « modèle » de révolution sociale, ne représente aucune contradiction avec la campagne anti-communiste. En réalité, c'est sa continuation et son renforcement. (…) Le capitalisme est très conscient de telles musiques celestes[« le triomphe de la démocratie et du capitalisme »] nécessitent le contrepoint critique d'idéologies et de modèles apparemment très radicaux mais qui dans le fond défendent l'ordre capitaliste par d'autres moyens" (Prologue à la troisième édition de la brochure du CCI España 1936 en espagnol, traduit par nos soins, disponible sur le web du CCI).

C'est-à-dire que le développement de l'anarchisme était analysé et compris par le "vieux" CCI comme un complément et un renforcement logique de l'offensive idéologique de la bourgeoisie contre le marxisme et le communisme. L'anarchisme se caractérise, en effet, précisément par sa bataille permanente contre le communisme marxiste, l'assimilant volontairement au stalinisme, à une dictature effrayante et sanguinaire, que le prolétariat doit proscrire. Deux décennies après la chute du bloc impérialiste russe et du stalinisme, l'anarchisme continue à utiliser la campagne sur la "mort du communisme". C'est ce qu'on peut voir pratiquement dans toutes les pages web et publications anarchistes quand elles "rappellent" constamment les "monstruosités des bolchéviques marxistes".

Qu'en dit aujourd'hui le "nouveau" CCI ?

"L’attitude de la majorité du Parti bolchevik dans les années 1918-1924 (l’interdiction de toute presse anarchiste sans distinction, l’affrontement à l’armée de Makhno, l’écrasement dans le sang des marins insurgés de Cronstadt…) a creusé un fossé entre les révolutionnaires marxistes et anarchistes" (CCI, 2010. Gauche communiste et anarchisme internationaliste, partie 3).

Autrement dit, le CCI d'aujourd'hui participe, à sa manière, à la campagne bourgeoise soutenue par l'anarchisme sur les "crimes et les horreurs des bolchéviques communistes" !

Nous pourrions évoquer d'autres exemples qui montrent que cette "nouvelle" série d'articles du CCI sur l'anarchisme rompt avec sa position sur l'anarchisme, qu'elle dit exactement le contraire de ce qu'il avait soutenu depuis sa fondation. Il suffit de relever que, dans cette série, il n'y a aucune référence, aucune citation de textes anciens du CCI sur l'anarchisme pour étayer les nouvelles affirmations. Au contraire, ici le CCI se renie et va jusqu'à "présenter des excuses" pour avoir critiqué et dénoncé l'anarchisme, jusqu'à "reconnaître des exagérations et des erreurs" antérieures sur ce qui avait été dit sur ce courant. Finalement, dans une note de bas de page, on trouve, exprimé avec netteté, le dessein essentiel de cette série d'articles :

"Cela dit, au cours du débat qui a eu lieu ces derniers mois, des camarades (compagnons) anarchistes ont à juste titre protesté contre des formules outrancières prononçant une sentence définitive et injustifiée à l’égard de l’anarchisme. En nous replongeant à nouveau dans certains de nos anciens textes, nous avons trouvé à notre tour des passages que nous n’écririons plus aujourd’hui. Par exemple  :

– “Des éléments ouvriers peuvent penser adhérer à la révolution à partir de l’anarchisme, mais pour adhérer à un programme révolutionnaire il faut rompre avec l’anarchisme(http://fr.internationalism.org/rinte102/anar.htm).

– “C’est pour cela que le prolétariat doit se détourner résolument de ces marchands d’illusions que sont les anarchistes(http://fr.internationalism.org/ri321/anarchisme.htm). (…) CCI, 2010. Gauche communiste et anarchisme internationaliste, 3e partie).

Ainsi, dans une note de bas de page, le CCI actuel a trouvé "des passages" de ses vieilles publications "qu'il n'écrirait plus aujourd'hui".

Camarades du CCI, avez-vous honte aujourd'hui d'avoir appelé, durant trois décennies, les ouvriers à se défaire des pièges contre-révolutionnaires de l'anarchisme ? Ne devons-nous plus appeler le prolétariat et les éléments en recherche de cohérence révolutionnaire à se défaire de ses délires utopiques et réactionnaires ? N'y-a-t-il plus nécessité pour le prolétariat de "rompre résolument avec l'anarchisme" ?

Imaginez un moment - pardon pour la digression - que le CCI actuel se retrouve en Espagne en 1936 et qu'il défende, face à la classe ouvrière, son "nouveau" mot d'ordre : ouvriers, il ne faut pas rompre avec la CNT-AIT, car celle-ci est "authentiquement révolutionnaire" ! Vous rendez-vous compte que vous vous seriez opposés à la "majorité" de Bilan, que vous auriez été aux côtés du POUM et des anarchistes et qu'en fin de compte le CCI, à son niveau, aurait participé à la défaite du prolétariat en Espagne puis à son massacre dans la boucherie impérialiste mondiale ?

Rupture de plus en plus ouverte avec la plateforme du CCI et le marxisme

La nouvelle série d'articles prise dans son ensemble, nous donne un panorama beaucoup plus clair sur la tendance de l'actuel CCI à laisser de côté, à enterrer de manière globale, sa propre plateforme politique.

Selon elle, "des points d'accord fondamentaux rapprochaient les anarchistes internationalistes et la Gauche communiste. Pour le CCI, sans nier que des divergences importantes existent, l'aspect crucial est que nous défendions tous de façon déterminée l'autonomie ouvrière en refusant "d'apporter [un] soutien, de quelque manière que ce soit (…), à un secteur de la bourgeoisie : ni à la bourgeoisie “démocratique” contre la bourgeoisie “fasciste”  [Oublions le rôle de la CNT en 1936 !]; ni à la gauche contre la droite ; ni à la bourgeoisie palestinienne contre la bourgeoisie israélienne ; etc." Plus concrètement, il s'agit :

1) de refuser tout soutien électoral, toute collaboration, avec des partis gérants du système capitaliste ou défenseurs de telle ou telle forme de celui-ci (social-démocratie, stalinisme, “chavisme”, etc.) ;

2) de maintenir un internationalisme intransigeant, en refusant de choisir entre tel ou tel camp impérialiste lors de chaque guerre.

Tous ceux qui défendent théoriquement et pratiquement ces positions essentielles doivent avoir conscience d'appartenir à un même camp : celui de la classe ouvrière, celui de la révolution" (CCI, 2010, op cit, 2e partie).

En somme, pour le "nouveau" CCI, il suffit de claironner "l'autonomie ouvrière", "le rejet des élections" et un "internationalisme «intransigeant» (?)" pour trouver grâce à ses yeux.

De fait, ce CCI-là tire ces "point fondamentaux" non pas de sa plateforme politique mais de la "bouillasse principielle" dans laquelle pataugent un ensemble de groupes et d'éléments "approximatifs", marqués par le diletantisme, le radicalisme verbal, la confusion et qui se définissent comme "antibolchéviques", "autonomistes","conseillisto-anarchistes", "situationnistes", "pro-révolutionnaires", etc. Jetons un regard sur les positions d'un groupe de ce type qui se dénomme Cercle international de communistes antibolchéviques :

"1) Le communisme n'est pas une philosophie ou un programme politique auquel on puisse ajuster la pensée et l'action de la classe ouvrière. C'est l'action de la classe ouvrière elle-même (…) [ou comme le dit le CCI actuel "le marxisme n'est qu'une étiquette"] ;

2) nous défendons le développement de l'autonomie des prolétaires en lutte (…) ;

3) nous sommes pour l'internationalisme révolutionnaire conséquent, (…) [et intransigeant !... ajouterait l'actuel CCI] ;

4) nous luttons pour l'auto-libération radicale et intégrale des prolétaires ;

5) nous défendons la centralité du prolétariat comme classe révolutionnaire, (…) la centralilté du prolétariat comme classe révolutionnaire signifie en outre que l'émancipation des prolétaires ne dépend que de leurs propres efforts" 5 (traduit par nos soins de l'espagnol).


Comme on peut aisément s'en apercevoir, il n'existe aucune différence avec les points considérés comme "fondamentaux" par le CCI. Avec ces généralités approximatives, le CCI met ainsi de côté son programme politique marxiste.

La liste même des "divergences importantes" que le CCI actuel dit rencontrer avec l'anarchisme est significative de sa "nouvelle" politique :

"Il y a en effet des divergences très importantes qui les séparent :

– centralisation/fédéralisme ;

– matérialisme/idéalisme ;

– “période de transition” ou “abolition immédiate de l’Etat”  ;

– reconnaissance ou dénonciation de la révolution d’Octobre 1917 et du Parti bolchevique" (CCI, 2010, op cit, 1e partie).

L'affirmation de certaines divergences (certes importantes) lui permet d'éviter avec soin des questions, comme la question syndicale, qui ne peuvent mener qu'à une confrontation intransigeante avec la politique-pratique des anarchistes et autres anarcho-syndicalistes (avec lesquels il fraternise aujourd'hui). Il en fait de même à propos de 2 autres questions fondamentales qui ont marqué historiquement l'antagonisme entre le marxisme et l'anarchisme :

- la nécessité du parti politique du prolétariat : pour le marxisme, "l'existence du parti et son activité constituent une condition indispensable pour la victoire finale du prolétariat " (pt 16 de la plateforme du CCI), alors que pour l'anarchisme, le parti politique est le pire mal dont puisse souffrir la classe ouvrière. Le communisme marxiste lutte donc pour la construction du parti, pour l'organisation d'avant-garde du prolétariat, alors que l'anarchisme (dont la CNT-AIT est un des fleurons) fait tout son possible pour empêcher la classe ouvrière de s'en doter ;

- la question de la dictature du prolétariat qui révèle clairement à quel point le CCI actuel abandonne non seulement sa propre plateforme politique mais aussi le marxisme en général.

Ainsi, cette nouvelle série d'articles du CCI sur l'anarchisme est significative non seulement pour ce qu'elle dit, mais aussi pour ce qu'elle oublie de dire. Il est notable que l'axe fondamental de l'opposition entre le marxisme et l'anarchisme, c'est-à-dire la dictature du prolétariat, n'est même pas mentionné dans les trois articles dédiés à l'exposition des "points d'accord et de divergence" entre les deux courants ! Le CCI actuel a "oublié" ce concept fondamental du marxisme révolutionnaire, historiquement capital et vérifié dans la pratique de notre classe (la Commune de Paris et surtout la Révolution russe en1917) ; ce concept est pourtant clairement posé et défendu dans sa propre plateforme, mais il préfère aujourd'hui en parler avec pudeur, peut-être pour ne pas blesser les oreilles sensibles des "amis" anarchistes.

En opposition à ce principe fondamental du marxisme, le courant anarchiste défend comme principe fondamental "l'abolition immédiate de l'Etat". C'est la raison pour laquelle, de manière conséquente, il rejette violemment la lutte du prolétariat pour le pouvoir politique, c'est-à-dire qu'il rejette et combat la dictature du prolétariat. Cette opposition fondamentale, de principe, est claire autant pour les communistes que pour les anarchistes, et cela depuis Marx et Bakounine eux-mêmes. Voyons, par exemple, comme s'exprimait la plus grande figure de l'anarchisme - qu'à ce jour aucun anarchiste conséquent ne renie :

"Ce point sépare fondamentalement les collectivistes ou socialistes révolutionnaires des communistes autoritaires partisans de l'action absolue de l'Etat. Le but des deux partis est identique (…). Mais les communistes imaginent que cela peut s'obtenir au moyen du développement et de l'organisation du pouvoir politique des classes travailleuses menées par le prolétariat de la ville (…) ; alors que les socialistes révolutionnaires, ennemis de toute alliance ambigüe, croient que cet objectif commun ne peut pas être atteint au travers de l'organisation politique mais au moyen de l'organisation sociale (et, pour autant, anti-politique) et le pouvoir des masses travailleuses des villes et des villages (…). De là l'existence de deux méthodes différentes. Les communistes croient qu'il est nécessaire d'organiser les forces des travailleurs pour prendre possession du pouvoir politique étatique. Les socialistes révolutionnaires les organisent afin de détruire, ou si l'on préfère une expression plus raffinée, de liquider l'Etat. Les communistes sont partisans du principe et de la pratique de l'autorité alors que les socialistes révolutionnaires n'ont foi qu'en la liberté (…)" (M. Bakounine, Socialismo sin Estado : Anarquismo, traduit par nos soins d'une version espagnole).

Pour le communisme au contraire - et cela depuis Marx -, la destruction de l'Etat bourgeois et l'instauration de la dictature du prolétariat est, ni plus ni moins, l'objectif historique immédiat de la révolution prolétarienne. C'est ce qui donne un sens (totalement différent à celui que donne l'anarchisme) à "l'autonomie ouvrière", à "l'internationalisme intransigeant" et à tout le combat du prolétariat contre le capitalisme ; c'est le point de départ de la révolution communiste, de la lutte pour l'abolition de l'exploitation salariée et de la division de la société en classes. Est-il nécessaire de rappeler aux camarades du CCI l'abc de la théorie de Marx ?

"Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l'évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l'anatomie économique. Ce que j'ai apporté de nouveau, c'est : 1) de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases historiques déterminées du développement de la production ; 2) que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ; 3) que cette dictature elle-­même ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société sans classes" (Lettre de Marx à Weydemeyer, 5 mars 1852).

"La dictature du prolétariat n'est pas seulement absolument légitime, en tant qu'instrument propre au renversement des exploiteurs et à l'écrasement de leur résistance, mais encore absolument indispensable pour toute la masse laborieuse, comme le seul moyen de défense contre la dictature de la bourgeoisie qui a causé la guerre et qui prépare de nouvelles guerres. (…) Dans la société capitaliste, dès que s'aggrave la lutte des classes qui est à sa base, il n'y a pas de milieu entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat. Tous les rêves d'une solution intermédiaire ne sont que lamentations réactionnaires de petits bourgeois. La preuve en est apportée par l'expérience du développement de la démocratie bourgeoise et du mouvement ouvrier depuis plus d'un siècle dans tous les pays civilisés et en particulier par l'expérience des cinq dernières années" (Lénine, Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature du prolétariat, 1919).

Et dans le même sens, la plateforme du CCI affirme que :

"La prise du pouvoir politique par le prolétariat à l'échelle mondiale, condition préliminaire et première étape de la transformation révolutionnaire de la société capitaliste, signifie, en premier lieu, la destruction de fond en comble de l'appareil d'Etat bourgeois. (…) Levier de la transformation économique de la société, la dictature du prolétariat, c'est-à-dire l'exercice exclusif du pouvoir politique par celui-ci, aura pour tâche fondamentale d'exproprier la classe exploiteuse en socialisant ses moyens de production (…) Fort de son pouvoir politique, le prolétariat devra s'attaquer à l'économie politique bourgeoise en menant une politique économique dans le sens de l'abolition du salariat et de la production marchande, dans celui de la satisfaction des besoins de l'Humanité" (Plateforme du CCI, pt. 15).

C'est cette opposition fondamentale (et non une simple "divergence") entre marxisme et anarchisme que le CCI d'aujourd'hui oublie volontairement. Voilà pourquoi, en fin de compte, tous les supposés "accords fondamentaux", qu'il présente dans la série d'articles, ne sont que du pur charlatanisme, un rideau de fumée pour essayer de cacher un fait politique majeur, à savoir que le CCI fraternise avec l'anarchisme à partir de l'abandon de sa propre plateforme de principes politiques et du marxisme en général. N'est-ce pas là l'expression la plus pure de l'opportunisme politique ? Malheureusement, cette opposition fondamentale n'est pas que "théorique" : l'histoire a déjà tranché et permet de voir où mène le combat quand il est basé sur l'un ou l'autre de ces principes ; dans le premier cas à la Russie de 1917, dans le second à l'Espagne de 1936 ; dans le premier cas au triomphe de la révolution prolétarienne, dans le second à la défaite sanglante du prolétariat et à son enrôlement derrière une fraction de la bourgeoisie. Comme dit Lénine : il ne peut y avoir de "solution intermédiaire".

Camarades du CCI : vous rappelez-vous de la formule d'Internationalisme dont le CCI est l'héritier politique ? "Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire !" Est-il nécessaire de vous rappeler le premier point de notre plateforme politique sur la théorie de la révolution communiste ?

"Le marxisme est l'acquis théorique fondamental de la lutte prolétarienne, c'est sur sa base que l'ensemble des acquis du prolétariat s'intègre dans un tout cohérent. En expliquant la marche de l'histoire par le développement de la lutte de classe, c'est-à-dire de la lutte basée sur la défense des intérêts économiques dans un cadre donné du développement des forces productives, et en reconnaissant dans le prolétariat la classe sujet de la révolution qui abolira le capitalisme, il est la seule conception du monde qui se place réellement du point de vue de cette classe. Loin de constituer une spéculation abstraite sur le monde il est donc, et avant tout, une arme de combat de la classe. Et c'est parce que le prolétariat est la première et seule classe de l'histoire dont l'émancipation s'accompagne nécessairement de l'émancipation de toute l'humanité, dont la domination sur la société n'implique pas une nouvelle forme d'exploitation mais l'abolition de toute exploitation, que le marxisme est seul capable d'appréhender la réalité sociale de façon objective et scientifique, sans préjugés ni mystifications d'aucune sorte. Par conséquent, bien qu'il ne soit pas un système ni un corps de doctrine fermé, mais au contraire une théorie en élaboration constante, en liaison directe et vivante avec la lutte de classe, et bien qu'il ait bénéficié des manifestations théoriques de la vie de la classe qui l'ont précédé, il constitue, depuis le moment où ses bases ont été jetées, le seul cadre à partir et au sein duquel la théorie révolutionnaire peut se développer".

Camarades du CCI, nous demandons et exigeons une réponse claire : est-ce que "le marxisme est l'acquis théorique fondamental de la lutte prolétarienne" ? Oui ou non ? Oui ou non, est-il " la seule conception du monde qui se place réellement du point de vue de cette classe" ? Est-ce que le marxisme est une arme indispensable du combat de la classe ouvrière ? Oui ou non ? Est-il le seul cadre à partir duquel on puisse développer la théorie révolutionnaire ? Oui ou non ? Ou bien... "faut-il aller au-delà des étiquettes marxiste et anarchiste" ?

Nous demandons et exigeons une réponse claire : y-a-t-il au sein du CCI actuel un seul militant qui défende encore le marxisme et s'oppose à l'idéologie anarchiste et anarcho-syndicaliste ? Alors qu'il se lève et combatte avant que le révisionnisme termine par étouffer définitivement le CCI, avant de le rendre complice de la liquidation du CCI comme organisation de la Gauche communiste, comme organisation marxiste, comme organisation du prolétariat !

Octobre 2010.


Dernière minute : en cette fin d'octobre 2010, il apparaît que le processus de "liquidation interne" du CCI soit en train de connaître une forte accélération. Après avoir politiquement ouvert la porte du Camp prolétarien à l'anarchisme, voilà que le CCI lui ouvre carrément les colonnes de sa presse : 2 articles de la CNT ("Comment lutter ? Par une résistance populaire autonome" et "Qu'est-ce qu'une assemblée générale"), à forte tonalité "libertaire", ont trouvé place sur son site ; et cela ne semble être qu'une première.

En tant que militants exclus (de force) du CCI, nous sommes en droit de nous demander si tous les membres de cette organisation - qui est, en principe, encore marxiste - ont été "informés préalablement", s'ils ont eu la possibilité de débattre et décider collectivement de cette incroyable initiative, ou s'ils ont tout simplement été mis devant le fait accompli ? Quoi qu'il en soit, jusqu'où laisseront-ils aller le dérapage du CCI ? Jusqu'à sa mort pour le prolétariat ?

Octobre 2010

La Fraction de la Gauche communiste internationale



"Centrisme et anarchisme, en rejoignant la social-démocratie, ont, en Espagne, atteint le terme de leur évolution, comme ce fut le cas en 1914 lorsque la guerre réduisit la Deuxième Internationale à l'état de cadavre". (Bilan 41, 1937, Plomb, mitraille, prison....

"Dirigée en apparence contre un principe du socialisme scientifique - le principe politique de la dictature du prolétariat - la critique anarchiste l'est en réalité contre toute la nouvelle conception défendue dès sa naissance par le socialisme, et qui est la conception matérialiste de l'histoire" (Programme communiste, Bilan d'une révolution, ch. La leçon anarchiste).


1. Bulletin n° 1 de la FGCI, Lettre au Grupo socialista libertario et bulletin n° 2, Le CCI et sa nouvelle politique de fraternisation avec l'anarchisme (cf. notre site web http://www. fractioncommuniste.org).

2. Reproduite sur le forum du site de la CNT-AIT de Caen : http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?f=8&t=4564&start=20

3. Gauche communiste et anarchisme internationaliste : ce que nous avons en commun ; Gauche communiste et anar­chisme internationaliste (2eme partie) : Sur nos difficultés à débattre et les moyens de les dépasser ; Gauche com­muniste et anarchisme internationaliste (3) : quel état d’esprit doit animer le débat ?. On peut les lire dans la presse du CCI et aussi sur son site web en différentes langues (www.world.internationalism.org).

4.http://es.internationalism.org/libros/1936/intro/2_BILAN

5. Círculo Internacional de Comunistas Antibolcheviques. Le texte complet peut être consulté sur http://cai.xtreemhost.com/orientacion.htm ; sur le site de ce "cercle", on trouve aussi une liste de liens avec des pages de groupes et de personnes proches parmi lesquels nous trouvons le GSL de México, un des groupes anarchistes avec lesquels le CCI collabore actuellement.


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