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Le CCI et sa nouvelle politique de fraternisation avec l'anarchisme
S'acoquiner avec l'anarchisme, c'est trahir le prolétariat

Ecoeurement, nausée, voilà ce que nous avons éprouvé dans un premier temps en prenant connaissance des dernières innovations du CCI opportuniste concernant l'anarchisme. Jugeons-en aux titres de 2 de ses articles paru dans RI 213 et 214 : Gauche communiste et anarchisme internationaliste : ce que nous avons en commun1 ; et Réunion CNT-AIT de Toulouse du 15 avril 2010 : vers un creuset de la réflexion internationaliste. Deux titres qui viennent, ô combien, vérifier la justesse de l'avertissement que nous lancions dans le bulletin 48 de la Fraction interne du CCI : L'anarchisme cherche à infiltrer le camp prolétarien et le CCI actuel lui ouvre la porte.

Ecoeurement, nausée, mais aussi maintenant colère et rage ! Il n'est pas question de laisser sans réaction, sans lutte l'issue fatale que cette nouvelle étape annonce, issue fatale qui est en voie de se réaliser "tranquillement". S'il y a encore des militants et des sympathisants sincères du CCI qui cherchent à résister et à sauver ce qui peut encore l'être, il nous appartient de les aider au maximum de nos forces tout comme il nous appartient de sauver l'honneur communiste et l'héritage politique du CCI.

Nous avions déjà dénoncé ce qui semblait n'être que de périlleux dérapages du CCI d'aujourd'hui vis-à-vis de l'anarchisme2. N'avait-il pas diffusé un tract commun avec deux groupes ouvertement anarchistes au Mexique ? Mais maintenant, avec son ouverture "fraternelle" à l'anarchisme, le CCI amorce sa rupture avec le camp du prolétariat, avec le marxisme, avec l'histoire du mouvement ouvrier, en particulier avec celle de la Gauche communiste, donc avec sa propre histoire ! C'est un pas important vers la prévisible disparition de cette organisation comme organisation du prolétariat qui se profile, dans la rupture avec sa propre plateforme, dans la perte ou, pire, la dissolution de ses dernières forces militantes communistes dans l'afflux d'éléments gauchisants, en d'autres termes dans sa désagrégation tant théorico-politique que militante ! Est-il encore temps de sauver quelque chose de cette organisation ? Est-il encore temps que des militants finissent, enfin, par réagir et par s'organiser en conséquence en son sein pour lutter contre "la mort annoncée", et sur le point de se réaliser, du CCI en tant qu'organisation politique du prolétariat ? Car on en est là ! N'est-elle pas en train de fraterniser ouvertement avec l'anarchisme, courant que la Gauche communiste a définitivement classé comme contre-révolutionnaire et que le véritable CCI n'a eu de cesse de dénoncer comme une composante de l'extrême-gauche du capital ?

Exagération de notre part ? Jugeons-en :

"Concrètement, notre organisation, qui est marxiste, considère qu'elle lutte pour le prolétariat aux côtés [souligné dans l'article] des militants anarchistes internationalistes et face aux Partis « communistes » et maoïstes (se proclamant eux-aussi marxistes). Pourquoi ? Au sein de la société capitaliste, il existe deux camps fondamentaux : celui de la bourgeoisie et celui de la classe ouvrière. Nous dénonçons et combattons toutes les organisations politiques appartenant au premier. Nous discutons, parfois vivement mais toujours fraternellement, et nous essayons de collaborer avec tous les membres du second. Or, sous la même étiquette « marxiste », se cachent des organisations authentiquement bourgeoises et réactionnaires. Il en est de même sous l'étiquette « anarchistes »".

Comment les camarades du CCI qui gardent encore un tout petit peu de mémoire et de conviction communiste, peuvent-ils avaler cette couleuvre selon laquelle il existe aujourd'hui des organisations anarchistes qui appartiennent au camp de la classe ouvrière ? Ils acceptent donc de trahir et de rompre avec les positions de classe, avec notre plateforme ! La trahison s'accompagne d'ailleurs, quelques lignes plus bas, d'une collaboration de classe ouvertement revendiquée :

"Aujourd'hui, en France par exemple, la même dénomination « CNT » recouvre deux organisations anarchistes, une aux positions authentiquement révolutionnaires (CNT-AIT) et une autre « réformiste » et réactionnaire (CNT-Vignolles)".

Ces camarades du CCI qui gardent encore un tout petit peu de réflexe communiste, sont-ils allés jeter un coup d'oeil sur le site de la CNT-AIT et ses documents ? Savent-il que cette organisation continue de se réclamer ouvertement de l'anarcho-syndicalisme ? De l'autogestion ? De la politique de la CNT durant la guerre d'Espagne (donc de Monseny et des siens qui ont activement participé au Frente popular, mortel pour notre classe) et de la lutte anti-fasciste ? Des décennies de combat du CCI contre le danger anarchiste sont-elles ainsi balancées par la fenêtre sans aucun débat, sans aucune confrontation... sans aucune réticence ni opposition ?

Les camarades du CCI, qui conservent encore quelques "notions de classe", peuvent-ils accepter qu'en leur nom soient prononcées des phrases aussi proches du gauchisme racoleur que : "Les militants communistes sont aujourd'hui encore peu nombreux et il n'y a rien de plus néfaste que l'isolement. Il faut donc aussi lutter contre la tendance encore trop grande à la défense de « sa chapelle », de « sa famille » (anarchiste ou marxiste) et contre l'esprit de boutiquier qui n'a rien à faire dans le camp de la classe ouvrière". La lutte historique du marxisme contre l'idéologie petite-bourgeoise anarchiste est ainsi ravalée à une rivalité de boutiquier ! Il y a de quoi s'étrangler de rage face à de tels propos.

Et alors que dire, que dîtes-vous camarades du CCI, de l'article écrit en langue espagnole ¿ Cuál es nuestra actitud ante compañeros que se reclaman del anarquismo ? (Quelle est notre attitude vis-à-vis des camarades qui se réclament de l'anarchisme ?). Cet article s'essaie à répondre aux réactions indignées de sympathisants - et, à l'évidence, à des "réticences internes" de militants -3 et à justifier la nouvelle position. Il a le toupet d'affirmer que la position du CCI par rapport à l'anarchisme "n'a pas changé"4. Pire encore, ce dernier article en vient même à dire que "l'idéologie anarchiste [exprime] une volonté de lutte contre l'exploitation et l'oppression et, donc, elle se situe sans équivoque sur un terrain de combat contre le capitalisme. Partageant clairement ce terrain, les divergences que nous avons se situent au niveau de la méthode". Les camarades de langue espagnole du CCI ont toujours eu la "qualité" de foncer dans les nouvelles orientations, surtout les plus confuses et opportunistes, et de s'en faire les porte-paroles outranciers, au prix parfois de grosses désillusions. Ainsi, camarades du CCI, de notre CCI (s'il en reste), entre le marxisme et "l'idéologie anarchiste" il n'y a, selon ceux qui vous représentent, qu'une différence de méthode ? Le camarade MC, principal fondateur du CCI, dont vous brandissez l'icône, doit se retourner dans sa tombe !

Et pour finir cette nauséabonde littérature, cerise sur le gâteau, si nous pouvons dire s'agissant d'une telle merde gauchiste, l'article "Ce que nous avons en commun..." conclut en clamant haut et fort, brandissant sa déclaration comme un drapeau, que "le CCI appartient au même camp que ces anarchistes internationalistes qui défendent réellement l'autonomie ouvrière ! Oui, nous les considérons comme des camarades avec qui nous souhaitons débattre et collaborer ! Oui, nous pensons également que ces militants anarchistes ont bien plus en commun avec la Gauche communiste qu'avec ceux qui, sous la même étiquette anarchiste, défendent en réalité des positions nationalistes ou « réformistes » et qui sont donc, en fait, des défenseurs du capitalisme, des réactionnaires !".

Les communistes dans le même camp que les anarchistes ? Mais comment les derniers militants du CCI qui ont gardé un minimum de mémoire et de souci de cohérence avec les positions programmatiques de cette organisation peuvent-ils accepter cela ? Les deux arguments avancés pour une telle révision, une telle trahison ? Ce sont la sincérité des "bons" militants anarchistes (en opposition aux "mauvais") et leur supposé internationalisme. Il y a longtemps que le CCI, notre CCI, a rejeté aux poubelles l'argument de la sincérité des militants :

"Lorsque nous mettons en question la nature de classe d'une organisation politique qui se dit « ouvrière » ou « révolutionnaire », on nous répond avec l'argument de « la sincérité des militants » (surtout celle de la base5). L'absurdité de cet argument repose sur une séparation métaphysique entre l'organisation et ses membres, entre « les bons militants » et les « mauvais dirigeants » (...). De deux choses l'une : ou bien on raisonne en termes de classe et on fonde la nature politique d'une organisation sur des critères de classe ; et, dès lors, la seule attitude révolutionnaire face aux illusions qui surgissent inévitablement parmi les éléments en rupture avec la société actuelle, est celle de la dénonciation sans fard de leurs illusions et du rôle qu'objectivement celles-ci les amènent à jouer. Ou bien on s'embourbe dans le terrain individualiste pour patauger inévitablement dans les métaphysiques moralisantes des « motivations individuelles ». On commence par affirmer le « droit à l'erreur » et on finit toujours par confondre le respect de l'individu qui se trompe avec le respect de son erreur (...).Toute cette attitude « non-sectaire » a sa source dans la confusion et ne peut servir que la confusion ; elle se nie d'avance tous les moyens pour aborder la question de la nature de classe d'une organisation politique puisqu'elle quitte dès le départ la problématique de classe.

Une telle façon d'envisager le problème serait une simple confusion (...) si cette confusion n'était pas une force contre-révolutionnaire, si son résultat concret n'était pas, encore une fois, de permettre la défense des organisations de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier" (La dernière partie est soulignée par nous, Sommes-nous sectaires ? Révolution internationale n°8, 1974, signé RV).

Pour ce qui est du supposé internationalisme de certains anarchistes, nous nous contenterons de renvoyer à notre article du bulletin 48 de la Fraction interne du CCI, notamment quand il dit : "Nous pouvons voir ici en quoi consiste le "véritable internationalisme" de Marx et Engels : dans la défense intransigeante de l'Internationale comme "organisation réelle et militante de la classe ouvrière de tous les pays" qui lutte pour le renversement de tous les États capitalistes et l'instauration du pouvoir politique de la classe ouvrière (la dictature du prolétariat), en opposition aux "créateurs de sectes", les anarchistes en premier lieu, qui tendent à la minorer. C'est-à-dire que, pour le marxisme révolutionnaire, l'internationalisme prolétarien n'a jamais été un principe abstrait, ni même une simple déclaration d'être "contre tous les États, nations et guerres impérialistes". Pour le marxisme, l'internationalisme implique un effort concret de la classe ouvrière pour s'organiser à échelle internationale, pour agir de manière unie et centralisée aussi à échelle internationale, en vue de la révolution communiste mondiale. Ces deux expressions concrètes de l'internationalisme prolétarien - l'organisation centralisée de la classe ouvrière et la lutte pour la révolution communiste mondiale - au travers de l'instauration de la dictature prolétarienne - sont antagoniques, sont opposées aux fondements de l'anarchisme (de là que le CCI, essayant de rechercher la collaboration avec les anarchistes, doive réduire l'"internationalisme à l'attitude face à la guerre)". Sans doute faut-il rappeler brièvement aux derniers militants du CCI qui gardent discrètement, sans s'exposer au sein de leur organisation - secrètement et en cachette ? Honteusement ? - quelques restes politiques du passé, que les anarchistes qui sont devenus réellement internationalistes, en particulier au cours de la 1ère Guerre mondiale, n'ont réussi à le faire qu'en adhérant à la révolution russe, à la dictature du prolétariat, au communisme et en devenant des militants bolchéviques, c'est-à-dire en rompant avec leur anarchisme d'origine. Le cas le plus connu étant celui de Victor Serge. Mais il en est tant d'autres.

Alors l'anarchisme et le communisme dans le même camp ? La faction liquidationniste qui a pris le contrôle du CCI en 2001, et qui était "obligée" de nous éliminer et de nous exclure pour pouvoir faire son sale boulot de liquidation de notre organisation arrive à ses fins. Le CCI "officiel" est en passe de s'autodétruire en s'acoquinant avec des ennemis de classe, en rejetant tout le combat du marxisme contre l'anarchisme. Il n'est pas un moment de l'histoire du mouvement ouvrier où le combat contre l'anarchisme n'ait été présent. Marx, évidemment le premier, qui, dans Misère de la philosophie, tranche déjà la question du rapport de l'anarchisme au communisme en réglant son compte à son éminent "théoricien" : "Mr. Proudhon veut planer en homme de science au-dessus des bourgeois et des prolétaires ; il n'est que le petit-bourgeois, ballotté constamment entre le Capital et le Travail, entre l'économie politique et le communisme.(...) En résumé, Mr. Proudhon n'est pas allé au-delà de l'idéal du petit-bourgeois".

Depuis lors, le marxisme a toujours combattu l'idéologie anarchiste comme une idéologie étrangère au prolétariat et particulièrement dangereuse pour ce dernier. Les citations de révolutionnaires marxistes critiquant et même dénonçant l'anarchisme comme étranger au prolétariat sont légion - nous en avons reproduit quelques unes dans nos articles du bulletin 48 de la fraction interne et dans le premier numéro de ce Bulletin communiste international. Si dans un premier temps, dans les premiers temps du capitalisme, l'idéologie petite-bourgeoise anarchiste pouvait encore représenter une idéologie indépendante du capital, de nos jours, le capitalisme étant devenu le mode de production universel, cette idéologie ne peut même plus revendiquer une quelconque "autonomie" et est utilisée par le capital comme un instrument direct contre le prolétariat et sa théorie révolutionnaire. Le combat de Marx et Engels au sein de la Première internationale contre Bakounine a marqué des moments importants et des avancées théorico-politiques fondamentales, en particulier sur la dimension politique de la lutte du prolétariat et sur la question de l'Etat. Ce combat contre l'idéologie anarchiste s'est poursuivi au sein de la 2ème Internationale - par exemple avec Anarchisme et socialisme de Plekhanov : "les anarchistes sont des utopistes. Leur point de vue n'a rien de commun avec le socialisme scientifique moderne".

Lénine, pourtant dans son livre le plus "favorable" aux anarchistes, si l'on peut dire, l'Etat et la révolution, revient sans aucune équivoque sur le rapport de l'anarchisme au communisme : "Ce qu'il y a de plus remarquable dans ce passage d'Engels [dit-il en se basant sur le texte de celui-ci A propos de l'autorité (1872)], c'est encore la façon dont il pose la question contre les anarchistes.(...) L'idée de l'abolition de l'Etat est, chez les anarchistes, confuse et non révolutionnaire, voilà comment Engels posait la question. C'est précisément la révolution que les anarchistes se refusent à voir, sa naissance et son développement, ses tâches spécifiques en ce qui concerne la violence, l'autorité, le pouvoir et l'Etat" (c'est Lénine qui souligne).

Sauf à croire que les questions de violence de classe, de pouvoir et d'Etat ne sont que des questions "de méthode" et non des questions de principe, de classe, il est clair que c'est un fossé de classe qui sépare l'anarchisme du marxisme. C'est justement un des apports de la Gauche communiste italienne que d'avoir mis en évidence le caractère, non pas tactique, non pas de simple "méthode", mais principiel concernant ces questions. C'est avec cette conception qu'elle n'a eu de cesse de dénoncer l'anarchisme : "L'anarchisme s'oppose profondément aux conceptions communistes" (Thèses de la Fraction communiste abstentionnistes du Parti socialiste italien, mai 1920). "Le parti (...) condamne (...) l'anarchisme, qui nie la nécessité historique de l'Etat et de la dictature prolétarienne pour transformer l'organisation sociale et supprimer la division de la société en classe" (Projet de Thèses présenté par la Fraction de gauche au 3e Congrès du Parti communiste d'Italie, Lyon 1926). A la suite, Bilan, la revue de la fraction de gauche du PC d'Italie, est particulièrement claire sur la nature de classe de l'anarchisme et ne cesse de dénoncer l'anarchisme en Espagne :

"Le 4 mai 1937, ces mêmes prolétaires, munis d'armes, laissent sur le pavé bien plus de victimes qu'en juillet, lorsqu'ils doivent repousser Franco et c'est le gouvernement anti-fasciste - comprenant jusqu'aux anarchistes et dont le POUM est indirectement solidaire - qui déchaîne la racaille des forces répressives contre les ouvriers. (...) Pour réaliser son plan contre-révolutionnaire, la bourgeoisie peut faire appel au Centristes, aux Socialistes, à la CNT, à la FAI, au POUM, qui, tous, font croire aux ouvriers que l'Etat change de nature lorsque le personnel qui le gère change de couleur. (...) Les derniers événements de Barcelone confirment lugubrement notre thèse initiale et ils découvrent que c'est avec une cruauté égalant celle de Franco que le front populaire, flanqué des anarchistes et du POUM, s'est jeté sur les ouvriers insurgés du 4 mai" (Bilan 41, mai-juin 1937).

Mais ce n'est pas qu'avec l'ensemble de l'histoire du mouvement ouvrier que le CCI actuel est en train de rompre le fil, mais aussi avec sa propre histoire qui ne faisait justement que s'inscrire dans la continuité du marxisme dans son combat contre l'anarchisme. Nous avons rappelé, là aussi dans les textes de nos précédents bulletins déjà mentionnés plus haut, plusieurs passages de nos écrits du CCI. Dans les années 1990 encore, et contrairement à ce qu'il déclare maintenant, il défendait clairement que l'idéologie anarchiste représentait "la pénétration, dans les rangs du prolétariat, de points de vue étrangers à la classe" (Le communisme n'est pas un bel idéal..., anarchisme ou communisme, Revue internationale 79, 1994).

S'il ne s'élève pas une réaction politique déterminée et forte au sein de notre organisation, suffisamment forte pour mettre un point d'arrêt à la dynamique catastrophique actuelle, celle-ci ne tardera pas à exploser par l'accumulation des contradictions politiques et de classes qui s'accumulent en son sein et à disparaitre pour le prolétariat.

Les points 7, Les syndicats, organe du prolétariat hier, instruments du capital aujourd'hui, 9, Le frontisme, stratégie de dévoiement du prolétariat, 11, l'autogestion, auto-exploitation du prolétariat, 12, les luttes parcellaires impasse réactionnaire, de notre plate-forme politique, de la plate-forme politique et principielle du CCI, pour ne citer que ces points s'opposent directement à l'anarchisme. Ils se terminent tous dans presque les mêmes termes : "Toutes les positions politiques qui, même au nom de "l'expérience prolétarienne" ou de "l'établissement de nouveaux rapports entre travailleurs", défendent l'autogestion [ou le syndicalisme, ou le frontisme], participent, en fait, à la défense objective des rapports de production capitalistes [...et servent] directement les intérêts de la bourgeoisie".

Ces point successifs de notre plateforme permettent à celle-ci de conclure et de tirer un enseignement politique d'extrême importance qui est en contradiction avec ce que développe maintenant le CCI "officiel" :

"L'ensemble des courants, soi-disant révolutionnaires, tels que le maoïsme - qui est une simple variante des partis définitivement passés à la bourgeoisie -, le trotskisme - qui après avoir constitué une réaction prolétarienne contre la trahison des partis communistes, a été happé dans un processus similaire de dégénérescence - ou l'anarchisme traditionnel - qui se situe aujourd'hui dans le cadre d'une même démarche politique en défendant un certain nombre de positions des partis socialistes et des partis communistes, comme, par exemple, les alliances antifascistes -, appartiennent au même camp que celui du capital. Le fait qu'ils aient moins d'influence ou qu'ils utilisent un langage plus radical n'enlève rien au fond bourgeois de leur programme et de leur nature, mais en fait d'utiles rabatteurs ou suppléants de ces partis".

Notre organisation, le Courant communiste international, et ses militants... "sincères" se retrouvent devant une contradiction dramatique ; dramatique de par ses conséquences politiques, et d'autant plus dramatique que l'échéance et le règlement de compte final de toutes ces dix dernières années de fuite devant le combat contre l'opportunisme ne pourront être longtemps différés. L'organisation CNT-AIT, dont les positions nous sont présentées par les liquidateurs du CCI comme "authentiquement révolutionnaires", a, depuis fort longtemps, prouvé sa nature anti-prolétarienne et nous le savons tous ! Ou la plateforme du CCI est à jeter aux orties ou elle est toujours valable et alors la dynamique politique - et la faction liquidationniste qui s'en est fait l'acteur principal et qui semble elle-même dépassée par le bâtard qu'elle a enfanté - qui a mené notre organisation là où elle en est aujourd'hui, c'est-à-dire à défendre comme prolétarienne une organisation ennemie du prolétariat, est à combattre et à éliminer du CCI !

Combattre encore et encore ; et dans votre cas, militants sincères du CCI, c'est combattre finalement malgré toutes les couleuvres avalées et les humiliations subies, c'est reprendre la bannière du CCI, de ses positions, de ses luttes passées ; voilà le seul moyen de retrouver conviction et énergie communistes. Levez-vous et battez-vous !

2 août 2010.

La Fraction de la Gauche communiste internationale.


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La tradition marxiste contre l'anarchisme


"Enfant de la bourgeoisie, l'anarchisme n'aura jamais une influence sérieuse sur le prolétariat. Si, parmi les anarchistes, il y a des ouvriers qui veulent sincèrement le bien de leur classe et qui se sacrifient à ce qu'ils croient être la bonne cause, ce n'est que grâce à un malentendu qu'ils se trouvent dans ce camp. Ils ne connaissent la lutte pour l'émancipation du prolétariat que sous la forme que s'efforcent de lui donner les anarchistes." (Georges Plekhanov - "Anarchisme et socialisme")


"Entre le socialisme et l'anarchisme il y a tout un abime que les agents provocateurs de la police criminelle et les journaux à la solde des gouvernements réactionnaires essaient vainement de présenter comme inexistant." (Article de Lénine paru le 25 novembre 1905 dans la Novaïa Jizn n° 21)


"L'anarchisme a été souvent une sorte de châtiment pour les déviations opportunistes du mouvement ouvrier. Ces deux aberrations se complétaient mutuellement." (Lénine - La maladie infantile du communisme)


1. À la lecture de ce titre, on ne peut s'empêcher de penser à Lénine et de le paraphraser pour dire à ceux qui "liquide" le CCI aujourd'hui : "Bas les pattes sur la Gauche communiste !" En effet, ces messieurs ont le culot de se réclamer et de parler au nom de la Gauche communiste alors qu'ils la trahissent de façon éhontée, en fraternisant avec l'anarchisme que celle-ci a toujours combattue, et qu'ils s'évertuent une fois de plus à la salir.

2. cf. le bulletin 48 de la Fraction interne du CCI, L'anarchisme cherche à infiltrer le camp prolétarien et le CCI actuel lui ouvre la porte, http://www.fractioncommuniste.org/ficci_fra/b48/b48_8.php et le Bulletin communiste international n°1 de notre FGCI, lettre au Grupo Socialista Libertario, http://www.fractioncommuniste.org/fra/bci01/bci01_10.php

3. Les liquidateurs du CCI le reconnaissent du bout des lèvres quand ils disent : "Pourtant, notre intention n’a pas été bien perçue. Cette série a même jeté momentanément un certain froid. D’un côté, des anarchistes y ont vu une attaque en règle contre leur mouvance. De l’autre, des sympathisants de la Gauche communiste et du CCI n’ont pas compris notre volonté de nous « rapprocher des anarchistes »" (GC et anarchisme internationaliste : ce que nous avons en commun, CCI).

4. "La première question que nous voulons aborder et qui semble être un de tes soucis es la « nouvelle » attitude du CCI envers l'anarchisme. Notre position là-dessus est qu'elle n' a pas changé" ["La primera cuestión que queremos abordar y que parece ser una de tus preocupaciones es la "nueva" actitud de la CCI hacia el anarquismo. Nuestra posición al respecto no ha cambiado"] (nous soulignons).

5. C'est exactement l'argument utilisé par l'article du CCI : "L’erreur la plus gênante (et que personne jusqu’à présent n’a soulevée) commise dans cet article concerne l’insurrection de Barcelone en mai 1937. Nous écrivons en effet : « les anarchistes se font complices de la répression par le Front populaire et le gouvernement de Catalogne ». En réalité, ce sont au contraire les militants de la CNT ou de la FAI qui ont constitué la majeure partie des ouvriers insurgés de Barcelone et qui ont été les principales victimes de la répression organisée par les hordes staliniennes ! Il eut été bien plus juste de dénoncer la collaboration à ce massacre de la direction de la CNT plutôt que “des anarchistes” (Note 5 de Ce que nous avons en commun).

Fraction de la Gauche communiste internationale - Bulletin Communiste international 2


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