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Jeudi 23 avril dernier, le gouvernement du Mexique a rendu publique l'apparition, dans la ville de Mexico et de sa zone périphérique, d'une épidémie provoquée, selon ses dires, par une "nouvelle" maladie, appelée à l'origine grippe porcine, laquelle aurait pour cause la contagion entre êtres humains d'un virus nommé A-H1N1. Ce virus provoque des symptômes comparable à d'autres types de grippe, bien que plus sévères : les personnes affectées peuvent mourir de pneumonie en quelques jours.
Le gouvernement mexicain a entamé à partir de là, une "campagne sanitaire" pour, selon ses dires, éviter l'extension de l'épidémie, campagne fondée sur des mesures d'hygiène de base et sur la suspension progressive des activités publiques (en commençant par les écoles de tous les niveaux et ensuite par les cinémas, les rencontres sportives, les restaurants, etc.). Pourtant, dans les jours qui suivirent, on dénombra de plus en plus de cas de cette grippe porcine, y compris dans d'autres régions, jusqu'à atteindre tout le pays. Selon les statistiques officielles, dans la première semaine, on comptait déjà plus de 2000 cas dont plus de 150 morts. Par la suite, sous le prétexte que l'on avait fait des analyses de laboratoire plus fiables, on en revint à parler de quelques cent cas et de 10 morts "confirmés" ; si l'on prend en compte, de plus, que l'épidémie doit avoir commencé avant la déclaration officielle (ce qui est montré par les rapports, depuis des mois, sur des "pneumonies atypiques") il est évident que le gouvernement essaie de sous-estimer les dégâts réels causés sur la population par l'épidémie. Cette manipulation statistique contredit, pourtant, l'application de mesures toujours plus restrictives pour les mouvements de la population (comme l'extension de la fermeture des écoles dans tout le pays et la fermeture de divers services étatiques) et l'avertissement du gouvernement selon lequel il est fait appel à des laboratoires adéquats, à plus de médicaments anti-viraux, à des appareils détecteurs de température pour les aéroports, toutes choses qui indiquent l'extension de l'épidémie, sans compter que le gouvernement lui-même reconnaît que les décès continuent, bien que l'information statistique officielle devienne, à ce propos, de plus en plus confuse. Au niveau international, on assiste aussi à une situation de dispersion de la "nouvelle" maladie. En une semaine, aux Etats Unis, on, est passé de quelques cas isolés à une centaine de cas confirmés, avec quelques foyers aigus comme la Californie et New York. De même, de plus en plus de pays rapportent l'apparition de cas, comme l'Espagne, la Grande Bretagne, la Nouvelle Zélande, Israël, etc. Beaucoup de pays ont commencé à prendre des mesures de tous genres pour "éviter l'entrée" du virus – depuis la suspension des vols vers le Mexique, les contrôles sanitaires spéciaux sur les voyageurs venant du Mexique et des Etats Unis, les recommandations de ne pas se rendre au Mexique, jusqu'à l'abattage de porcs. Tout cela a amené l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à porter, en une semaine, son niveau d'alerte de 3 à 5 (sur une échelle de 6) ; de même que le dit organisme a dit être sur le point de décréter "officiellement" l'existence d'une pandémie, ce qui veut dire la dissémination de la maladie à l'échelle mondiale.
Un premier aspect important que nous devons dénoncer sur la situation que nous vivons en particulier au Mexique face à l'épidémie actuelle est celui de l'intensification, de la part de l'Etat capitaliste, de ses mécanismes de contrôle politico-idéologiques de nature totalitaire. Cette situation commence avec la déclaration d' "urgence sanitaire", faite de façon surprenante, à 11 heures du soir, et qui a provoqué, le jour suivant, une énorme confusion, la peur et la paralysie au sein de la population ouvrière. Le premier souci du gouvernement fut, ensuite, d'anticiper et d'éviter tout type d'action ou de tentative d'organisation plus ou moins spontanée de la part des ouvriers pour affronter le danger (à travers des réunions de parents dans les écoles, d'initiatives de la part d'étudiants des universités ou d'organisations "civiques", y compris des institutions ou écoles de médecine comme cela est arrivé, par exemple, lors du tremblement de terre en 1985). La propagande officielle insiste non seulement sur la nécessité de ne pas voyager, d'éviter de se serrer la main, de porter des masques et, surtout, de rester enfermé chez soi – toutes choses qui ont créé une ambiance de méfiance mutuelle entre les ouvriers – mais aussi le gouvernement a profité de la situation pour mettre maintenant l'armée et la marine (sic !) dans les rues sous le prétexte de "distribuer des masques". Sans parler du fait que beaucoup d'entreprises ont profité de la situation pour supprimer tout ou partie des salaires, ou pour donner des congés obligatoires , aux ouvriers ne pouvant aller travailler.
En plus de la suspension des activités publiques, a aussi été décrétée la suspension de toute activité politique, y compris la manifestation du 1er mai. En ce sens, la situation a servi à l'Etat pour tenter de mettre en place l'instauration d'un "semi-Etat" d'urgence, - chose dont l'actuel président du pays rêve depuis qu'il occupe la fonction – pendant lequel, en même temps que les médias de diffusion propagent l a peur et la méfiance au sein de la population, l'Etat apparaît comme l'unique organisme capable de donner une cohésion à la société ; comme l'unique recours existant derrière lequel doivent se ranger les ouvriers pour tenter de solutionner leurs problèmes. Il faut ajouter à cela le contrôle par l'Etat aussi bien de l'information sur la situation que sur les médias de diffusion, en particulier sur la télévision, dans laquelle la propagande gouvernementale est devenue permanente, à travers les journalistes, des programmes spéciaux, des brèves d'information, des conférences de presse, etc. et dans lesquelles les voix de protestation sont noyées dans la moquerie et la censure officielle.
Cette situation a été accompagnée d'une campagne idéologique incisive et croissante orchestrée non seulement par le gouvernement du Mexique mais aussi par les gouvernements du monde entier, joint à l'OMS, laquelle poursuit deux objectifs liés :
Le premier, c'est de convaincre les ouvriers que "leurs gouvernements" – l'Etat capitaliste – font tout leur possible pour le bien-être de la population et se préoccupent en priorité de la santé des ouvriers, quel que soit leur statut social. Ce dont il s'agit, avant tout, c'est que n'apparaisse pas à la lumière du jour le fait que la fonction de l'Etat actuel – de tous les gouvernements – n'est pas de garantir le "bien–être de la population", mais le maintien des conditions d'exploitation des travailleurs salariés et, en conséquence, que les "systèmes de santé" n'ont pas comme principe de fonctionnement la proclamée "priorité de la santé des travailleurs" mais celui nommé "coûts-bénéfices" dans lequel c'est le froid calcul monétaire des gains et pertes qui détermine le maintien d'une quantité déterminée de forces de travail, en accord avec les besoins de la production capitaliste et, dans ce sens, un "investissement" déterminé dans la santé qui, de façon évidente, tend à diminuer de façon drastique précisément dans les périodes de crise. Du fait que dans le capitalisme il n'existe pas de véritable "prévention" ou "préparation" pour répondre aux besoins des travailleurs en cas de désastre ou d'épidémie, et encore beaucoup moins dans les pays de la "périphérie" ; beaucoup moins dans la période de crise économique dans laquelle nous vivons.
Le second objectif de cette campagne, c'est de convaincre les travailleurs que l'actuelle grippe porcine (à l'égal des autres épidémies semblables, surgies dans les décennies récentes, comme le SRAS ou la grippe aviaire) sont de simples produits de la nature et dans ce sens impossibles à prévoir et à éviter, que l'on ne peut traiter qu'une fois qu'elles ont émergé. Avec cela, ce que l'on tente d'occulter c'est la véritable origine de ces nouvelles maladies : le système de production capitaliste lui-même qui a pour objectif fondamental la création et l'accumulation de profits pour un nombre limité de capitalistes et non la satisfaction des besoins de la communauté des travailleurs. Cet objectif contribue de façon inhérente au maintien de l'existence des conditions de production qui ne prennent pas en compte les risques pour les ouvriers ni la destruction ou la contamination des ressources naturelles et – surtout dans les dernières décennies avec la frénésie de l'utilisation des technologies "modernes" pour réduire les coûts et augmenter les profits – qui ne prennent pas en compte les possibles altérations des conditions naturelles provoquées par les processus industriels qui, tôt ou tard, donnent inévitablement lieu à des créatures monstrueuses, tels que ces nouveaux virus "recombinés" qui menacent de plus en plus la vie de millions d'êtres humains. Tout cela, sans compter que dans beaucoup de pays la bourgeoisie a profité de la situation pour développer encore plus la haine nationaliste et la xénophobie, c'est à dire la peur et le rejet des "étrangers" comme forme pour le maintien des divisions entre ouvriers de différents pays (ce pour quoi la bourgeoisie s'est servi même du football).
A travers cette campagne idéologique la bourgeoisie cherche, enfin, à s'assurer que les ouvriers ne voient pas d'autre sortie à leurs conditions de vie de pire en pire (perte du travail, problèmes de logement, santé, etc.) que de continuer à se sacrifier passivement sur l'autel du capitalisme et, par dessus tout, chaque gouvernement cherche à éviter que la situation toujours plus dramatique dans laquelle se débattent les ouvriers – du fait de la crise et des tous les désastres qui l'accompagnent – se transforment en rébellion, en protestations et en luttes de classe.
Dans ce cadre, à l'intérieur du pays, il devient de jour en jour plus difficile de connaître la situation réelle de l'épidémie. Ainsi, d'un côté la propagande officielle insiste sur le fait que le système de santé "est suffisant", qu'il "est préparé" et fonctionne déjà de façon adéquate pour affronter l'épidémie. Cependant, de tous côtés "surgissent" des chiffres contradictoires. Des plaintes de patients pour le retard et la déficience dans les soins et le diagnostic, ce qui se note par la quantité de morts accumulés. Des plaintes croissantes des travailleurs du secteur de la santé (médecins, infirmières et autres personnels) parce que 'ils doivent recevoir des patients contagieux sans avoir d'équipements, de protections ou d'installations suffisants et adéquats, ce qui est confirmé par l'information qui circule dans les hôpitaux à propos de cas de personnels médicaux contaminés, face à quoi le gouvernement enjoint ces travailleurs à continuer de remplir "leurs obligations" et leur "mission de sacrifice". Découvrant, au fil des jours, qu'il n'existe pas dans le pays un seul laboratoire pour déterminer le nouveau type de virus (le gouvernement mexicain a du être informé des premiers cas par le Canada et les Etats unis). Des chiffres toujours plus élevés montrent que l'épidémie a commencé depuis des semaines et même des mois avant la déclaration officielle. C'est évident du fait que les mesures d'isolement de la population ont déjà dépassé l'objectif d'éviter la propagation de l'épidémie dans tout le pays et que, après la phase actuelle de "ralentissement", l'Etat se prépare à faire revenir la population à une situation "normale" dans les quelques jours. La manipulation croissante des statistiques, les déclarations récentes des hauts fonctionnaires du gouvernement allant dans le sens de dire : "nous devrons apprendre à vivre avec cette maladie", et même le changement de nom de la maladie (de "grippe porcine" en "grippe humaine") montrent que l'Etat bourgeois déclarera un "retour à la normal" en plein milieu de l'épidémie. Cependant, malgré le véritable battage médiatique mis en place par le gouvernement, commencent à s'exprimer des points de vue de journalistes, des opinions de chercheurs scientifiques et des études sur le sujet qui remettent en cause les véritables raisons de cette épidémie (ainsi que d'autres épidémies analogues des décennies récentes), et en particulier l'origine de l'épidémie au Mexique. Ces points de vue qui s'expriment de façon dispersée dans les éditoriaux de quelques périodiques ou sur l'Internet sont évidemment démenties par les gouvernements et l'OMS et écrasés par le bombardement idéologique de l'information "officielle", véhiculée principalement par le média de diffusion le plus important : la télévision, - sur lequel l'Etat exerce un contrôle complet.
C'est de cette façon qu'on a pu savoir, pourtant, qu'au moins depuis mars dernier – un mois avant la déclaration officielle – avait surgit un foyer épidémique de grippe au Mexique. A ce moment-là, dans un village de quelques 3000 habitants vivant dans la pire des misère et connu sous le nom de La Gloria, dans la vallée de la Perote (Etat de Vera Cruz), 400 personnes sont tombées gravement malades des voies respiratoires et il y eut au moins deux morts d'enfants. Les autorités ont établi un "cercle sanitaire" et, sans aucune étude sérieuse, ont déclaré que la maladie était d'origine "bactérienne" (cela est confirmé par les habitants qui n'ont eu que des antibiotiques comme médication). Ces faits ont été soigneusement ignorés et occultés par le gouvernement (aussi bien local que fédéral) et la situation n'est apparu à la lumière qu'un mois plus tard parce qu'il a filtré dans la presse que, après avoir envoyé des dizaines d'échantillons pris sur les habitants de La Gloria pour être analysés à l'étranger, au moins un cas a été déclaré "positif" pour la grippe de "nouveau" type. Pourtant, le Secrétaire à la Santé, face aux questions insistantes des journalistes, a nié obstinément que l'on connaissait le point d'"origine"- c'est à dire le premier cas – de l'épidémie au Mexique et même qu'on pourrait le connaître un jour. Les commentateurs de la radio et de la TV se moquent en permanence de ceux qui parlent du cas de La Gloria (parlant d'une "paranoïa de la conspiration"). Mais quel intérêt a le gouvernement à occulter le cas de La Gloria ? Il y a deux motifs liés l'un à l'autre :
* Le premier est que le fait d'avoir laissé apparaître qu'il existait des indices clairs et suffisants d'un foyer épidémique depuis au moins plusieurs semaines avant la déclaration officielle ce qui mettrait en évidence le véritable fonctionnement de l'Etat, et qui est très éloigné des discours officiels. Et, dans ce sens, il y a deux possibilités : soit les mécanismes gouvernementaux ont freiné l'enquête sur l'épidémie – que ce soit par négligence ou intentionnellement ; soit le gouvernement fédéral connaissait déjà, au moins depuis le mois de mars, l'existence du foyer épidémique ; mais il n'a rien fait pour éviter que baissent les profits des capitalistes pendant la période de vacances (tourisme, hôtels, transport aérien, etc.). En tout cas, il est logique de penser que le plein développement du virus dans tout le pays, et même dans tout le monde – comme le montrent les cas de touristes malades -, s'est produit pendant cette période de vacances.
* Le second est que, "par coïncidence", il existe depuis 1994 dans l'agglomération de La Gloria une de ces monstrueuses installations industrielles porcine modernes, propriété des Fermes Carroll, filiale d'un des plus gros producteurs de viande du monde : la Smithfield Foods. Une installation du même type que celles que, depuis de nombreuses années, les enquêteurs et les scientifiques ont liées aux foyers d'origine des nouveau virus "recombinés", comme l'actuel A-H1N1, dont il a été prouvé qu'il est précisément la combinaison des virus porcins, avicoles et humains. Pour les enquêteurs, il est de plus en plus évident que le point d'origine de l'épidémie – au moins pour ce qui est du Mexique – s'il n'y a pas d'autres foyers simultanés, se trouve dans cette agglomération, ce qui a déclenché un scandale croissant que le gouvernement mexicain, avec la complicité de celui des Etats-Unis et de l'OMS, essaie de calmer et de cacher. Les communiqués de presse des propriétaires de la ferme, assurant qu'ils ont "toujours respecté" les normes de santé établies et que les autorités dont ils dépendent "ont toujours avalisé leur bon fonctionnement", provoqueraient le rire – s'il n'y avait pas derrière, l'intention de cacher leurs responsabilités criminelles – dans un pays comme le Mexique où il est connu de tous non seulement la facilité de corrompre les fonctionnaires, mais aussi l'existence, partout, d'abattoirs insalubres et, en général, la pleine liberté dont jouissent les entreprises de tous types pour contaminer et détruire les ressources naturelles, avec la complicité des autorités.
En ce sens, le lien direct apparaît entre la production capitaliste et l'apparition d'épidémies comme celle-là. Citons un spécialiste de ce domaine qui montre clairement la situation dans laquelle, sous cet angle, vit le monde (nous soulignons) :
"Il y a six ans, Science a dédié une note importante […] pour prouver que, après des années de stabilité, le virus de la grippe porcine nord-américaine a franchi une voie rapide d'évolution. Depuis qu'elle a été identifiée, au début de la grande dépression, la grippe porcine H1N1 n'avait dévié que légèrement de son génome originel. Cependant, en 1998, les portes de l'enfer se sont ouvertes. Une source hautement pathogène a commencé à décimer les animaux des fermes industrielles porcines en Caroline du Nord et une version nouvelle et plus virulente a commencé à apparaître presque chaque année ; parmi elles, une étrange variante de H1N1 qui contenait les gènes internes du H3N2 (une autre grippe de type A qui circule parmi les êtres humains). Les enquêteurs […] étaient inquiets de ce qu'un de ces hybrides pourrait se changer en grippe humaine (ils pensent que les pandémies de 1957 et 1968 sont le produit du mélange de virus aviaires et humains dans le corps de porcs) et ils ont appelé à la création d'un système officiel d'alerte sur la grippe porcine, recommandation qui, bien sûr, est passée inaperçue à Washington. […]
"Mais, qu'est-ce qui a provoqué cette évolution accélérée de la grippe porcine ? Probablement la même chose qui a favorisé le reproduction de la grippe aviaire. […] Comme beaucoup d'auteurs l'ont montré, l'élevage des animaux a été transformé, ces dernières décennies, en quelque chose qui ressemble plus à l'industrie pétrochimique qu'au bonheur familiale des fermiers. […] Essentiellement, il s'agit de la transition de porcheries anciennes vers de vastes enfers d'excréments, de nature sans précédent, dans lesquels des dizaines voir des centaines de milliers d'animaux avec des systèmes immunitaires affaiblis suffoquent entre la chaleur et les ordures et échangent à une vitesse vertigineuse des pathogènes avec leurs compagnons de prison et leur progéniture pathétique. Celui qui a voyagé vers Tar Heel, en Caroline du Nord, ou Milford, en Utah, - où les succursales de Smithfield Foods produisent chacune plus d'un million de porcs par an, ainsi que des centaines de grandes mares pleines de merde toxique – celui-là comprendra intuitivement à quel point les agro-industries ont interféré avec les lois naturelles.
"L'année passée, une commission distinguée convoquée par le Centre d'Investigation Pew a publié un rapport sans égal sur la production animale dans les fermes industrielles, lequel soulignait le grand danger du fait que "le recyclage continuel des virus … dans les grands troupeaux et cheptels augmentera les opportunités de générations de virus nouveaux, à travers la mutation ou la survenue de recombinaisons qui pourraient favoriser une transmission plus efficace d'homme à homme." La commission a aussi alerté que l'utilisation de mélanges d'antibiotiques dans l'élevage des porcs (solution moins onéreuse que les systèmes de drainage ou les environnements plus humains) favorisait l'augmentation d'infections par staphylocoques dorés résistant aux antibiotiques, […]
"Cependant, toute tentative d'améliorer cette nouvelle écologie pathogène devrait affronter le monstrueux pouvoir exercé par des conglomérats d'éleveurs comme Smithfield Foods (porcs et bœufs) et Tyson (volaille). Les mandataires du Centre Pew, emmenés par John Carlin, ex-gouverneur du Kansas, ont rapporté des obstructions systématiques dans leurs enquêtes de la part des corporations, […] En plus il s'agit d'une industrie hautement mondialisée avec le poids politique correspondant. Ainsi, de même que le géant du poulet Charoen Pokphand, avec son siège à Bangkok, est parvenu à supprimer les enquêtes sur son rôle dans la propagation de la grippe aviaire dans toute l'Asie, il est probable que l'épidémie prévisible du foyer de la grippe porcine se brise contre la barrière corporative de l'industrie du porc."("Les porcs dangereux utilisent des déguisements". Mike Davis. Reproduit dans le périodique mexicain La Jornada, 29 avril 2009).
Dans le même sens, un autre auteur explique, de manière simple, le mécanisme de la génération, à l'intérieur de ces grandes fermes industrielles capitalistes, de ces nouveaux virus qui, avec une très grande gravité et vitesse de transmission, ont affecté les êtres humains ces dernières décennies.
"Un virus pathogène utilise l'organisme amphitryon [ou "organisme hôte", NDLT] pour se transmettre à un autre organisme. S'il le tue avant terme, il se retrouve isolé et ne peut pas se reproduire. Dans l'évolution d'une souche virale un équilibre se maintient entre le niveau de virulence et le taux de transmission (d'un amphitryon à un autre). Quand la transmission est très rapide, la souche augmente sa virulence, tuant l'amphitryon plus rapidement.
"Les mécanismes qui provoquent les mutations virales qui conduisent à plus de virulence et de vitesse de transmission sont présents dans la production de bétail, porcine ou avicole en concentration industrielle. L'entassement, l'alimentation industrielle et l'injection massive d'antibiotiques et de suppléments hormonaux (pour accélérer la croissance), sont d'excellents promoteurs d'une évolution qui conduit à des souches virales virulentes. L'entassement et les faibles systèmes immunitaires des porcs et des volailles produits dans ces conditions sont propices à générer des taux de transmission très rapides. L'accumulation de déchets est bien sûr un foyer de transmission avec de graves risques pour la santé humaine et l'intégrité des écosystèmes. La cruauté à l'égard des animaux dans ces centres de production n'est pas un problème mineur. La cerise sur le gâteau est la faible variabilité génétique dans les populations animales concentrées dans ces fermes.
"Dans ces conditions, le remplacement périodique de la population de porcs et de poulets pourvoie de nouveaux lots d'amphitryon et favorise l'évolution de souches pathogènes. Et si le remplacement s'accélère pour augmenter la rentabilité (par exemple, les poussins qui mettaient autrefois deux mois pour venir à maturité mettent maintenant 40 jours), le cycle viral s'accélère parce qu'augmente la pression pour que le virus atteigne plus vite la phase de transmission à un autre organisme. L'intensité de la virulence augmente en proportion.
"En cherchant à masquer ce que Marx appelle les pores du processus de valorisation du capital, la grande industrie porcine et aviaire a mis sur pied un système générateur de souches pathogènes de fièvres porcines et avicoles. C'est ce qui explique l'apparition d'un réseau phylogénétique de grippes qui affectent les êtres humains, précisément quand se globalise le modèle industriel de production aviaire." (Cuna de la influenza patógena [Berceau de la grippe pathogène]. Alejandro Nadal. La Jornada, 28 avril 2009).
Soulignons les points qui nous paraissent les plus significatifs dans ce qui précède :
* Il est complètement faux, comme continuent de le dire effrontément les fonctionnaires du gouvernement mexicain, que le virus actuel, nommé A-H1N1, était inconnu jusqu'à il y a à peine "quelques jours". Les scientifiques ont alerté depuis des années sur l'existence et le danger des mutations de virus qui s'opèrent dans les ambiances putrides des fermes industrielles capitalistes actuelles du monde entier, et y compris sur l'existence de ce même virus qui aujourd'hui entraîne la pandémie. Et qu'aucun gouvernement, pas seulement celui du Mexique, mais aussi celui des Etats Unis – où est apparu le virus pour la première fois -, ni même l'OMS ni personne n'a réellement rien fait pour freiner ce danger : parce que cela équivaudrait à porter atteinte à la nature même du capitalisme : la recherche du profit par tous les moyens.
Le foyer où surgissent les épidémies modernes sont les grandes industries capitalistes. Derrière les virus, la classe capitaliste est la responsable directe des massacres provoqués par les épidémies et pandémies actuelles. De plus, la classe capitaliste le sait pertinemment. Elle sait que ses processus industriels provoquent des dommages croissants à la nature et à la population mais elle ne les arrête pas, ne les modifie pas, ni n'investit dans des mécanismes de prévention de ces dommages parce que cela représenterait un coût qui, à son tour, signifierait réduire leurs bénéfices. Cette situation s'aggrave encore du fait de l'actuelle crise économique, alors que les entreprises, dans leurs tentatives désespérées pour survivre, réduisent encore plus les coûts – qui pour elles sont "secondaires" – liés à la protection et à la santé des ouvriers, aux traitement des déchets industriels, etc.
* Les organismes de l'Etat capitaliste liés à la santé, à la vigilance épidémiologique, à l'environnement (et ce, dans les gouvernements de tous les pays et pas seulement dans les pays de la périphérie du capitalisme, mais aussi dans les grandes puissances), n'ont pas, comme ils le prétendent, la fonction fondamentale de "protéger la vie humaine" mais, avant tout, le maintien des conditions de la production capitaliste. Pour cela, d'une manière ou d'une autre, ils se manifestent comme les "complices" des entreprises qui provoquent les dommages, et surtout des grandes entreprises monopolistes, faisant notamment tout leur possible pour occulter les véritables causes des maladies, empêchant toute enquête sérieuse qui tendrait à mettre en lumière la responsabilité des entreprises en question, pour justifier et "blanchir" ces entreprises et pour permettre "légalement" que les processus industriels destructeurs continuent. Il en découle que les travailleurs doivent comprendre que, tant que le capitalisme continue à exister, on ne pourra pas instaurer de mécanismes sociaux qui protègent et évitent la propagation de ce type d'épidémie mais que, au contraire, elles continueront sans doute à augmenter.
L'épidémie actuelle a ouvert de nouveau, parmi les médias, la question de la mission de l'Organisation Mondiale de la Santé” dans le combat contre les pandémies actuelles. Par exemple le gouvernement mexicain a tout fait pour se laver les mains de toute responsabilité dans l'extension de l'épidémie, répétant qu'il a suivi à la lettre les “protocoles” prévus par l'OMS. Cependant, la question reste : pourquoi l'OMS n'a-t-elle rien fait, par exemple, pour fermer ces véritables nids de recombinaison de virus que sont les fermes capitalistes actuelles ? La réponse est la même que dans le cas des organismes étatiques de “santé” : Parce que leur fonction n'est pas de protéger la vie humaine, mais de défendre les intérêts de la classe capitaliste.
En effet. L'OMS est une dépendance de l'ONU, c'est-à-dire le repaire dans lequel les bandits impérialistes – tous les Etats capitalistes-, dirigés par les plus puissants, règlent leurs conflits. Seul un naïf pourrait penser que l'OMS pourrait être tentée d'agir un seul instant contre les intérêts de ses propres maîtres, ceux qui l'ont créée et qui la subventionne : les grandes puissances capitalistes et les grandes entreprises transnationales. Pour cela l'OMS manque – comme le dénoncent quelques personnes de bonne foi – d'une politique et de moyens, que ce soit pour freiner les dommages causés par ces mêmes industries capitalistes, ou pour prévenir les épidémies ; elle n'est rien d'autre, dans les endroits où les grands laboratoires capitalistes se disputent les juteuses affaires qui surgissent de chaque épidémie, que le paravent derrière lequel se cachent les massacres et les désastres naturels provoqués par la production capitaliste.
Que faire cependant face à cette perspective d'épidémies croissantes et de désastres provoqué par le capitalisme ?
En premier lieu, il est évident que les travailleurs ne peuvent se résigner simplement à accepter les "solutions" que leurs offrent "leurs" gouvernements (ou l'OMS). Ce chemin équivaudrait à permettre que la classe capitaliste continue de menacer impunément chaque jour davantage la santé et la vie même de millions de travailleurs à travers le monde. Il faut lutter unis – en rejetant les préjugés corporatistes et nationaux, de l'extérieur et contre les institutions capitalistes, pour empêcher que nos conditions de vie et de travail continuent de se dégrader.
Mais vers où diriger la lutte ? Ce serait une fausse voie que de se fier à "l'écologisme" de type Greenpeace uniquement tourné vers l'élimination de quelques malheurs, contre quelques effets de la production capitaliste, mais sans sortir du cadre du système lui-même, ce qui ne peut que conduire à une impasse.
Par exemple, la lutte pour la fermeture d''une entreprise nuisible finit, dans le meilleur des cas, par son transfert dans une autre région - comme ce fut le cas des Fermes Carroll - et dans le pire à servir de simple instrument de la concurrence entre différents capitalistes.
La seule issue pour obtenir satisfaction sur les revendications sur les conditions de travail et de vie, y inclus la sécurité, la salubrité, les services médicaux, c'est d'intégrer ces revendications dans un seul et même mouvement de lutte générale de résistance de la classe travailleuse contre toutes les attaques du capital telles que les licenciements et la diminution des salaires, qui affectent actuellement des millions de travailleurs. C'est l'unique voie capable d'ouvrir la perspective d'une lutte internationale de la classe ouvrière pour en finir, une fois pour toutes, avec ce système décadent de production qu'est le capitalisme, lequel n'a plus rien à offrir que plus de misère et de chômage, plus de calamités de toutes sortes, plus de guerres impérialistes, enfin, une barbarie croissante, dans laquelle les épidémies, telle celle que nous vivons aujourd'hui, ne constituent qu'une partie.
Fraction interne du CCI
30 avril 2009
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