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La crise économique du capitalisme ne cesse de s'approfondir, de s'étendre, d'affecter de proche en proche tous les secteurs de la société. Et, bien sûr, ce sont d'abord le prolétariat et les populations paysannes ou sans ressources qui en paient les frais.
On n'en finirait pas d'énumérer les entreprises – hier prétendument florissantes – qui licencient, qui mettent la clef sous la porte, qui jettent à la rue des centaines et des milliers de personnes. On n'en finirait pas de citer les "plans de licenciements", les "restructurations" qui se traduisent par la mise au chômage de proportions toujours croissantes d'ouvriers. On n'en finirait pas de faire la liste des secteurs touchés de plein fouet par la crise ; en fait, aucun secteur n'y échappe.
Du secteur bancaire à celui de l'automobile et de ses sous-traitants, de l'industrie chimique à l'industrie agroalimentaire, du secteur des services (services postaux, distribution de gaz et d'électricité, etc.) aux services hospitaliers en passant par les transports aériens ou ferroviaires, partout et dans tous les pays du monde l'heure est à la fermeture d'entreprises, à la réduction drastique des effectifs quand ce n'est pas simplement à l'effondrement pur et simple.
Partout dans le monde la classe ouvrière subit le raz de marée de la crise capitaliste.
A ces attaques, que l'on pourrait qualifier de "directes", s'en ajoutent d'autres plus insidieuses, plus sournoises et, cependant, tout aussi brutales.
Allongement de la durée du travail par l'amplitude de la journée ou de la semaine de travail ; report de l'âge de départ à la retraite ; détérioration et baisse des pensions quand elles existent encore ; augmentation des cotisations sociales (maladie et autre) en même temps que baisse des remboursements ; hausse des cotisations d'assurance chômage en même temps que baisse des indemnités, etc.
Toutes ces attaques moins visibles n'en constituent pas moins des aggravations considérables des conditions de vie des ouvriers, attaques dont les effets déjà sensibles ne pourront qu'empirer avec le temps. Des plans sont déjà en cours, d'autres en prévision, dans tous les pays du monde.
Et les différents plans de licenciements, de "restructuration", les "plans sociaux" qui partout dans le monde sont en cours ou en préparation signifient d'un côté le chômage, la misère, la descente aux enfers vers l'exclusion et la clochardisation pour ceux qui sont mis dehors et, de l'autre côté, l'accroissement des cadences, l'allongement de la journée de travail, la baisse du salaire réel ainsi que du salaire différé (prestations sociales plus coûteuses en cotisations, pensions et remboursements des soins médicaux et autres plus médiocres encore) pour ceux qui auront échappé (pour cette fois) à la mise à la rue, qui seront passés entre les mailles du filet. Et tous, nous savons que notre tour risque fort de venir bientôt.
On peut constater chaque jour, à travers les maigres informations qui passent le barrage du black-out des médias, que notre classe résiste à ces attaques. Et qu'elle exprime très souvent une colère et une combativité exemplaires. Les cas de luttes ne manquent pas ces derniers mois à travers le monde. Depuis les luttes du début d'année dans les Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique) aux luttes en Espagne, en Angleterre, etc. les ouvriers ont démontré qu'ils ne sont pas décidés à se laisser faire. Si les réactions n'ont pas manqué il faut pourtant constater qu'elles sont encore dispersées et que la bourgeoisie continue de mener la danse. Les coups portés sont pourtant très violents et incessants mais grâce à des manœuvres de diversion, grâce à ses syndicats qui parviennent à enfermer les ouvriers dans "leur secteur", dans "leur" entreprise, dans leur région, les réponses bien que combatives ont été jusqu'à aujourd'hui insuffisantes pour, ne serait-ce, que ralentir les attaques.
Les perspectives qui se dessinent pour les mois et les semaines à venir vont sans doute être décisives pour notre classe. En même temps que la bourgeoisie sera dans l'obligation d'accentuer encore ses attaques sur tous les fronts, en même temps que les taux de chômage vont continuer d'exploser et que les conditions de ceux qui se sont retrouvés à la rue ces derniers mois vont subir de plus en plus fortement les effets de la misère, tandis que ceux qui sont encore dans les entreprises vont voir se cumuler les attaques, les conditions objectives de la réaction ouvrière vont se trouver toujours plus réunies.
Il faudra rapidement tirer les leçons des luttes du début de l'année et se donner les moyens de faire reculer la classe bourgeoise, de stopper les attaques, d'imposer par la force de la lutte la défense de nos intérêts de classe.
Ce sont là les enjeux des semaines qui viennent.
Dans cette situation, particulièrement difficile pour notre classe, nous ne pouvons que constater et déplorer non seulement la faiblesse des minorités communistes mais surtout l'enfermement sectaire que les groupes et organisations du camp prolétarien subissent et entretiennent.
Ce dont la classe a besoin – et que seules ses avant-gardes communistes sont en mesure de lui apporter, et c'est d'ailleurs leur responsabilité propre – c'est d'une orientation, de repères politiques clairs, d'objectifs définis lui indiquant le sens de son combat et la réalité des enjeux.
Pour entrer en lutte, se mettre en grève, la masse des ouvriers n'a pas essentiellement besoin de ses minorités communistes ; elle peut le faire d'elle-même et elle le fait. Par contre, pour mener la lutte dans un sens tel que le rapport de forces puisse tourner en sa faveur ; pour déjouer les pièges et les embûches que la bourgeoisie, son appareil de gauche et ses syndicats, ne manquent pas de lui tendre ; pour saisir l'ampleur de la situation et la profondeur des enjeux, les minorités communistes sont indispensables et c'est pour cette tâche spécifique que la classe les a fait naître, historiquement.
C'est à cela que les minorités communistes doivent (ou devraient !) se consacrer aujourd'hui.
À regarder ce que les groupes politiques authentiquement communistes (BIPR, CCI, PCI-Le Prolétaire, notamment) font aujourd'hui on ne peut que constater un écart avec les besoins de notre classe.
Ce que les minorités communistes doivent faire aujourd'hui - en plus d'être autant que possible présents dans les luttes et de s'efforcer de les pousser au maximum de leurs potentialités – c'est de travailler à regrouper leurs forces, de lancer le débat entre elles pour définir les enjeux de la situation, les objectifs immédiats et à moyen terme que posent les luttes en cours et à venir.
Il ne s'agit pas, bien sûr, d'aller vers on ne sait quel « front uni » ou autre rassemblement sans principe. Il s'agit d'engager, sur les enjeux de la situation, un débat réel entre les révolutionnaires afin de délimiter où sont les points d'accord et de désaccord dans le but, notamment, de présenter à notre classe un cadre auquel elle puisse se référer.
Sans négliger un seul instant, sans oublier ou « mettre de côté » les divergences, nous devons nous fonder sur ce qui est commun à la Gauche communiste pour présenter à la classe une alternative politique.
C'est, selon nous, une des tâches de l'heure.
18 juillet 2009
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