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Le tract qui suit, signé conjointement de la Fraction et des Communistes internationalistes de Montréal (Canada) a été distribué dans plusieurs manifestations sociales au Canada, au Mexique ainsi qu'en France à partir d'octobre 2008 |
Des faillites retentissantes de grandes banques, la chute des bourses, la raréfaction du crédit aux entreprises et aux particuliers, des nationalisations en catastrophe de banques et de compagnies d'assurances afin d'éviter un effondrement brutal de tout le système financier international, et maintenant la récession mondiale qui s'installe et qui va s'approfondir ; tout cela provoque une panique réelle parmi les gouvernements et les capitalistes de la planète. Cela provoque aussi une lourde inquiétude dans l'ensemble de la population et en particulier dans tout le prolétariat. Chaque ouvrier, employé, salarié, sait très bien qu'il va devoir payer la facture. A commencer par le coût des nationalisations des grands établissements financiers américains, européens et autres.
Selon les gouvernements, les politiciens, les médias et autres bonimenteurs de la bourgeoisie, cette crise serait due à l'irresponsabilité de mauvais agents de bourse, de traders qui ont joué avec le feu en bourse. Mensonge ! A l'immoralité de financiers rapaces. Mensonge ! A la folie de l'immobilier et de ses "subprimes". Encore un mensonge ! A la dérégulation des marchés. Ils ne cessent de mentir ! Il aurait suffit, nous disent-ils, de "moraliser" le capitalisme financier et d'imposer des règles plus contraignantes pour éviter cette catastrophe. A chaque fois, à chaque nouvelle crise, on nous ressort le même baratin : le capitalisme n'est pas en cause ; ce sont juste ses excès.
Mais il n'y a personne pour nous expliquer pourquoi les capitaux préfèrent se diriger vers la spéculation plutôt que vers les secteurs de la production. Pourtant c'est simple : les profits dégagés par des investissements dans les secteurs de la production sont trop faibles. Et ils sont trop faibles parce que le marché mondial est incapable d'absorber toutes les marchandises que les forces productives peuvent créer. Il y a longtemps que le capitalisme développe, par l'exploitation de la classe ouvrière de tous les pays, une telle capacité de forces productives mais que celle-ci ne trouve pas les débouchés commerciaux pour l'écoulement de toutes les marchandises produites. Il y a donc une contradiction historique dans le capitalisme : il y a trop de forces productives alors même que des milliards d'êtres humains sont dans la misère, incapables d'acheter l'immense masse de biens produits. C'est ce qui signe la faillite historique du mode de production capitaliste et la terrible crise actuelle n'en est que la manifestation.
Un des moyens qu'utilise le capitalisme, depuis des lustres, pour surmonter la surproduction de marchandises est de créer artificiellement un marché par l'endettement massif et généralisé, en premier lieu celui des Etats. Mais, même s'il retarde l'explosion de la maladie, le remède ne fait qu'aggraver le mal. Aujourd'hui le monde capitaliste se retrouve devant une montagne de dettes que personne - et surtout pas les Etats ni la classe dominante - ne va rembourser... et que le prolétariat international va devoir payer de sa sueur et de son sang. Tout comme les nationalisations des banques en faillite, le fardeau de l'injection massive de "liquidités" des banques centrales pour empêcher la pénurie de crédit - et donc la paralysie de l'économie - et la création de fonds de sauvetage des banques va être supporté par la classe ouvrière à coup de sacrifices, de misère, d'exploitation accrue, de chômage et de répression.
Mais, pas plus que l'endettement généralisé, cela ne va suffire. Devant les faillites et le manque de marché solvable - et même si, aujourd'hui, en cette fin d'année 2008, prise de panique devant le risque d'effondrement général, la bourgeoisie mondiale fait momentanément taire ses rivalités afin de trouver une réponse d'ensemble -, la concurrence économique et commerciale, déjà aiguë, va devenir demain encore plus sauvage et brutale ; et en tout premier lieu entre les Etats capitalistes, qui sont les expressions de chaque capital national et les principaux défenseurs de ses intérêts. Tout cela ne peut déboucher, outre une exploitation accrue de la classe ouvrière dans tous les pays, que sur des rivalités commerciales et économiques exacerbées, au point de se transformer en rivalités politiques, militaires et impérialistes dans lesquelles les principales puissances capitalistes du monde jouent les premiers rôles, les unes contre les autres.
Aucune illusion à avoir ! Il n'y a pas de réforme possible et encore moins de solution dans le capitalisme d'aujourd'hui. Pour ce dernier, il n'y a qu'une issue à la crise économique et à la faillite globale et définitive qu'elle représente : ce sont des destructions massives et des charniers gigantesques par le moyen d'une guerre mondiale. C'est ce que ce système a prouvé par deux fois au 20ème siècle. La crise de 1929 - à laquelle tous les économistes et autres se réfèrent aujourd'hui, avec angoisse, pour décrire l'ampleur de la crise actuelle - a débouché sur la 2ème guerre mondiale. Il en fût de même des difficultés économiques - exprimées par la crise financière de 1907 - du début du 20e siècle qui précipitèrent le monde capitaliste dans la 1ère guerre mondiale. D'ores et déjà, la brutale récession internationale qui vient à peine de commencer ne peut qu'exacerber encore plus les rivalités impérialistes entre les grandes puissances. Les guerres locales se multiplient sur tous les continents, mettant de plus en plus directement face à face les principales puissances impérialistes comme vient de le manifester la guerre entre la Russie et la Géorgie. Loin de se calmer, ce conflit, qui a mis directement face à face la flotte russe et la flotte américaine en mer Noire, a pour conséquence une accélération de la mise en place de dispositifs militaires partout dans le monde et surtout en Europe même. Tout un chacun peut le constater, se manifestent clairement des préparatifs d'affrontements militaires entre les principales puissances impérialistes de la planète.
Aucune illusion ! Le capitalisme en faillite se prépare à des affrontements décisifs, massifs, brutaux et sanglants contre la classe ouvrière internationale afin de lui imposer une soumission complète et totale. Car seul le prolétariat international - la principale classe productrice, la classe salariée -, représente un obstacle, pour la classe dominante, dans sa marche à la guerre généralisée. Seul, il peut réellement combattre, détruire le capitalisme, sauver l'humanité et édifier une nouvelle société sans classe, donc sans exploitation et sans guerre.
Combattre le capitalisme ? La classe ouvrière le fait déjà actuellement à travers ses luttes et grèves, aussi limitées qu'elles soient, contre les politiques capitalistes de tous ordres. Les médias exercent sur ce plan une véritable censure et, quand ils ne peuvent plus cacher la réalité de ces combats, ils la travestissent. Qui, ces derniers jours, a entendu parler de la grève générale en Belgique ? Qui, ces derniers jours, a entendu parler de la grève générale en Grèce ? Qui a entendu parler des grèves et manifestations dans l'automobile en Europe, à Volkswagen, à Renault etc. ? Qui a entendu parler de la grève des ouvriers de Boeing aux Etats-Unis ? Et combien d'autres encore, sur tous les continents ?
Ces luttes, bien que souvent insuffisantes encore pour faire reculer la bourgeoisie dans ses attaques immédiates, expriment le fait que la classe ouvrière refuse de soumettre ses intérêts à ceux de la classe exploiteuse, qu'elle n'est pas prête à accepter de nouveaux sacrifices encore plus lourds et brutaux : le chômage massif, une baisse drastique des salaires, des prestations sociales, des retraites, en gros des politiques intolérables que la bourgeoisie, au prise avec la récession, commence déjà à vouloir lui imposer. Et, encore moins, le sacrifice ultime de la vie dans une guerre généralisée.
Détruire le capitalisme ? C'est dans ces luttes d'aujourd'hui, dans leur développement, dans leur extension et dans leur unification, que le prolétariat international développe sa détermination et sa confiance dans sa capacité à lutter, à résister. C'est dans ces luttes qu'il développe surtout son expérience et sa conscience, donc sa capacité à détruire le capitalisme et à édifier une autre société, exempte de guerres, de famines et de misère, sans classes ni exploitation. C'est aussi dans la capacité des groupes authentiquement communistes d'aujourd'hui - aussi faibles, dispersés, isolés soient-ils - à intervenir dans ces luttes de manière décidée et déterminante, en mettant en avant des orientations politiques de lutte claires, que ce combat de la classe ouvrière pourra prendre toute sa dimension. Et c'est dans la capacité de ces minorités politiques à s'unir et constituer un véritable Parti communiste mondial, que le prolétariat international pourra réellement et efficacement s'approprier le programme de la révolution, le programme communiste.
Il faut en finir avec les illusions : avec la faillite du capitalisme, l'heure est à des affrontements massifs et frontaux entre la bourgeoisie et le prolétariat. Ce dernier ne peut se permettre de rater ce rendez-vous. Le sort de l'humanité en dépend.
13 octobre 2008.
La Fraction interne du Courant Communiste International
Des communistes internationalistes de Montréal (Canada)
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