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Comme nous le présentons dans notre rapport d'activités publié dans ce numéro, la dérive révisionniste et opportuniste du CCI ne peut que s'accentuer. La "résolution" formelle de la crise organisationnelle de 2001 par l'élimination et l'exclusion, ou bien par la capitulation politique des opposants, à vrai dire de la grande majorité des militants du CCI d'alors pour la plupart apeurés devant le combat politique et trop "heureux" de se réfugier derrière l'illusoire refuge de "la défense de l'organisation et de son unité", a marqué un pas définitif, un véritable Rubicon, sans retour en arrière possible sauf à reprendre le chemin de notre fraction, et marquant la mainmise du cours opportuniste et révisionniste sur notre organisation. Loin de se calmer, les trahisons et les liquidations théoriques, politiques et organisationnelles se multiplient face à chaque nouvel événement historique de la société capitaliste d'une part, et du camp révolutionnaire d'autre part.
Le dernier congrès du CCI vient encore de le marquer par l'abandon, sans aucune explication, et sans aucune réelle discussion ou débat, d'un des fondements théoriques du concept de décadence du capitalisme, la reconnaissance et la compréhension du cycle "crise-guerre-reconstruction-nouvelle crise" et par le rejet de toute perspective, de toute menace dramatique pour le prolétariat, de guerre impérialiste généralisée, de "guerre mondiale", abandonnant ainsi et liquidant une position de toujours du marxisme et du CCI.
L'extension de la gangrène révisionniste et opportuniste au sein du CCI ne se limite pas aux "grandes questions" et aux résolutions de congrès. Elle gagne chaque fois plus toutes les prises de position dans la presse et dans les discussions avec les militants. C'est encore ce que révèle la publication du CCI en Grande-Bretagne, World Revolution.
Comme nous le réaffirmons dans notre rapport d'activités, il nous appartient de dénoncer chaque liquidation des positions et du programme du CCI, chaque révision des positions du marxisme, qui apparaissent dans ses prises de position. Et ces dénonciations, nous en sommes convaincus, sont aussi à la fois un moment et un moyen de clarification politique pour l'ensemble des forces "saines", dynamiques, du camp prolétarien s'inscrivant pleinement, activement, dans la perspective de la construction du parti communiste mondial du prolétariat.
La logique dans laquelle est engagée la direction liquidationniste du CCI est implacable. Chaque tentative faite pour justifier une trahison politique antérieure ne fait que mettre plus en évidence l'abandon des positions marxistes et prolétariennes par la petite clique des liquidateurs.
Ainsi, après avoir passé par la fenêtre l'alternative guerre ou révolution avec sa conception de "la troisième voie", ouverte par la décomposition, voilà aujourd'hui que c'est le cycle crise-guerre-reconstruction que les opportunistes jettent aux orties. Nous n'inventons rien ! Nous ne faisons que rendre la honte plus honteuse en la livrant à la publicité (selon l'expression de Marx lui-même).
"C'est ainsi que depuis 1914, le capitalisme en déclin vit suivant un cycle de crises, guerre, reconstruction. C'est dans ce cycle de barbarie permanente et généralisée que nous devons replacer la crise actuelle. [….]
Quelle que soit la vitesse avec laquelle la crise se développera, elle est dès à présent la préoccupation principale de toute la société et en premier lieu de la classe ouvrière. L'intervention des révolutionnaires dans leur classe doit avoir pour objectif principal de mettre en évidence comment ce nouvel effondrement de l'économie capitaliste, en même temps qu'il met plus en évidence que jamais la NÉCESSITÉ HISTORIQUE de la révolution communiste mondiale, crée la POSSIBILITÉ de sa réalisation" (Majuscules dans l'original).
Voilà ce que disait le CCI à la fin des années 1970, dans un document essentiel et fondateur, puisqu'il s'agissait de la brochure "La décadence du Capitalisme". Ce qu'on y dit est clair et précis : la décadence du capitalisme se caractérise par le cycle crise-guerre-reconstruction et ce cycle est précisément le cadre dans lequel on doit replacer la crise.
On en tire même, à l'époque déjà, la conséquence que les révolutionnaires doivent mettre en avant, dans leur intervention au sein de leur classe, que la crise économique relance de façon pratique et immédiate l'alternative historique "guerre ou révolution" et donc ouvre la possibilité concrète de la révolution communiste.
"9. Dans la décadence, les contradictions économiques poussent le capitalisme à la guerre, mais la guerre ne résout pas ces contradictions. Au contraire, elle les approfondit. En tout cas, le cycle crise-guerre- reconstruction est fini et la crise aujourd’hui, dans l’incapacité de déboucher sur la guerre mondiale, est le facteur primordial de la décomposition du système. Elle continue donc à pousser le système vers son autodestruction."
C'est ce qu'écrit aujourd'hui le CCI opportuniste dans la Thèse 9 de sa résolution sur la situation internationale pour son 16ème congrès.
Ce CCI-là peut-il réellement donner une explication à ce petit passage selon lequel "le cycle crise-guerre-reconstruction est fini" autrement que par un sibyllin "En tout cas" 1 ?
Notre fraction, depuis des mois, ne cesse de répéter que la théorisation absolue de la notion de décomposition (c'est-à-dire vue comme totalisante et définitive) ne pouvait qu'aboutir au rejet du concept de décadence ! En voilà une preuve supplémentaire. Car personne ne peut s'y tromper : dire que le cycle crise-guerre-reconstruction "est fini" signifie très exactement que nous ne sommes plus dans la phase de décadence du capitalisme.
Quant aux conséquences immédiates de cette décomposition là, la même résolution en donne une illustration on ne peut plus explicite dans sa thèse 6 : "Ainsi, même si la guerre mondiale ne constitue pas la menace concrète pour l’humanité qu’elle a été pendant la plus grande partie du 20e siècle, l’alternative socialisme ou barbarie reste tout aussi urgente qu’elle l’était. D’une certaine façon, elle est plus urgente parce que la guerre mondiale exige la mobilisation active de la classe ouvrière, et celle-ci aujourd’hui est face au danger d’être progressivement et insidieusement enlisée par une sorte de barbarie rampante…"
Voilà bien ce que l'on peut qualifier de "pensée molle", de triomphe de l'esquive, voire de l'hypocrisie : la guerre mondiale n'est pas une menace aujourd'hui (pourquoi ne pas dire franchement qu'elle ne l'est plus puisque la décomposition triomphatrice, en accentuant chaque jour plus le "chacun pour soi" au niveau impérialiste et en amenant progressivement et rapidement à la seule multiplication de manifestations incohérentes d'une "rampante" barbarie capitaliste, ne peut que la rayer définitivement en tant que perspective historique potentielle ?) ; quant à la classe ouvrière, qui "est face au danger d’être progressivement et insidieusement enlisée", l'opportunisme ne dit rien de clair sur ce qui peut la sortir de cette situation. Comment alors peut-on alerter cette classe-là sur l'extrême urgence de "l’alternative socialisme ou barbarie" si, en tant que seule force sociale capable d'offrir une perspective viable à l'humanité, elle a de moins en moins les moyens pour cela ?
L'opportunisme d'aujourd'hui ne voit pas (ou refuse de voir) la préparation active de la guerre généralisée dans laquelle est engagée la bourgeoisie mondiale depuis plusieurs années, notamment à travers sa monstrueuse propagande anti-terroriste dont le but central est l'embrigadement du prolétariat ; il ne voit rien des affrontements entre puissances, et même entre pôles impérialistes adverses, à travers les actes terroristes ; il ne voit enfin pas grand chose de ce qui s'oppose déjà aujourd'hui à cette marche infernale, c'est-à-dire des réactions significatives du prolétariat depuis quelques années.
Ne plus voir dans la situation que les effets de la "décomposition" aboutit à rejeter, de fait, la notion de décadence. Celle-ci - qui est une des clés de voûte du programme du vrai CCI - est dépecée chaque jour un peu plus : c'est ce que l'on voit maintenant avec l'abandon du cycle crise-guerre-reconstruction. Remettre ce cycle en cause aboutit à déserter le terrain de classe et, à terme, à participer, aux côtés des forces bourgeoises, à désarmer le prolétariat.
Telle est la logique du CCI actuel ; telle est la logique de l'opportunisme !
La Fraction Interne du CCI, août 2005
Notes:
1 Nous encourageons en particulier les militants et sympathisants sincères du CCI à reprendre en parallèle ces 2 textes pour juger soit de leur continuité soit de leur éloignement politique, voire de leur opposition de plus en plus flagrante. Quoi qu'il en soit, la direction actuelle de l'organisation devrait avoir le courage de leur proposer des modifications significatives et claires au niveau des textes de base (Plateforme, brochure sur la décadence etc.) et cela, pour le moins, concernant l'alternative historique et la fin des cycles crise-guerre-reconstruction.
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