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La section en France du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (BIPR, http://ibrp.org) qui publie la Revue Bilan et Perspectives, organisait une réunion publique à Paris le 2 octobre dernier sur le thème de la guerre en Irak. Cette réunion était l'occasion pour le BIPR de présenter son analyse et ses positions et, pour la "vie politique prolétarienne" à Paris, de revivre un peu puisque le PCI-Le Prolétaire ne peut tenir que des permanences et que le CCI interdit l'accès à ses réunions publiques à ses opposants et contradicteurs politiques conséquents. Cette réunion présentait donc aussi l'opportunité de rompre avec une dynamique sectaire et d'apporter l'air frais du débat politique et fraternel qui tend à disparaître sur Paris. Bien évidemment, le CCI des liquidationnistes ne pouvait laisser cette initiative se dérouler sans essayer de la dénaturer et de la saboter. Et il pouvait encore moins y participer "honnêtement". Nous commencerons donc par dénoncer cette nouvelle manifestation sectaire de notre organisation avant d'essayer d'aborder le contenu de la discussion à proprement parler politique.
La prestation du CCI dans cette réunion doit donc encore une fois être relevée tant les méthodes qu'il a employées pour tenter de saboter cette réunion sont étrangères au prolétariat et à sa propre tradition
Plus de 20 militants, accompagnés d'une dizaine de sympathisants acquis à la politique actuelle du liquidationnisme, venus de toute l'Europe et mobilisés pour occuper les ¾ de la salle : de toute évidence il s'agissait d'essayer d'impressionner, de "montrer ses muscles", pour prouver qu'à Paris rien ne se fait sans le CCI, "qu'il est ici chez lui", au point que les salutations de bienvenue qui débutaient systématiquement chaque intervention des membres de cette organisation ne pouvaient correspondre qu'aux saluts de bienvenue de "l'hôte des lieux" qui accueille son invité.
D'entrée de jeu, les conditions d'arrivée de la "délégation massive" indiquaient bien d'ailleurs la nature de cet "accueil". Dans un premier temps, un "éclaireur" est apparu subrepticement pour sans doute voir et informer sur les présents, dont nous étions. Attendant dans un lieu de rendez-vous "secondaire" - visiblement tout avait été pensé et "soigneusement" préparé -, la vingtaine de militants et de sympathisants est arrivée, presque en manifestation, en tout cas d'une allure vive et décidée, dans la salle avec à sa tête ses militants les plus costauds, aux machoires serrées et aux traits crispés. Des vrais durs. Un véritable commando. Pour nous qui connaissons "personnellement" ces militants - depuis quelques décennies pour certains - et leur, comment dire..., parcours individuel, cela nous a donné plutôt envie de rire. Mais, l'arrivée du "commando", l'attitude de ces militants sur laquelle nous ne nous étendrons pas ici, visaient d'entrée à instaurer un climat de "tension", voire de "violence latente" qui ne pouvait qu'inquiéter et rebuter des participants venant pour la première fois, ou sans expérience de ce type, en particulier des nouvelles pratiques du CCI liquidationniste, telle l'"Indignation Révolutionnaire" (1). Certains des participants d'ailleurs sont même rapidement repartis après la première intervention du CCI qui a fait suite à l'exposé du BIPR. Comme le montre l'article de RI sur cette réunion, article qui se réjouit de ce qu'il présente comme un "fiasco", c'était là un des objectifs de l'invasion massive et de l'attitude pour le moins provocatrice et intimidante.
Et puis le nombre avait aussi pour but d'imposer, objectif final de l'opération "commando", son petit scandale, d'un nouveau procès de notre fraction et finalement celui de la dénonciation du BIPR pour être complice de nos soi-disant vols. Sur ce sujet, nous renvoyons à la réponse du BIPR à l'article du CCI paru sur cette réunion (2).
La "délégation massive" du CCI somma aussi le BIPR à la fin de la réunion de se prononcer "par oui ou par non" sur un questionnaire soigneusement numéroté basé sur une caricature grossière des positions de cette organisation. Pas question d'affronter des points de vue, il s'agissait d'essayer de déstabiliser et de noyer l'auditeur dans un interrogatoire et des ultimatums sans logique.
Un dernier point là-dessus : la présence de plus de vingt militants et sympathisants alors que le liquidationnisme savait très bien que notre fraction allait être présente à cette réunion, révèle clairement que notre interdiction d'assistance aux réunions publiques du CCI sous prétexte que nous sommes des mouchards de la police représentant un danger n'est qu'un prétexte auquel ils ne croient pas eux-mêmes. Et le fait qu'ils aient été obligés d'essayer de répondre à notre critique et dénonciation de l'abandon de l'alternative "guerre ou révolution" par le 15e congrès du CCI, en "argumentant" stupidement que nous avions voté des rapports introduisant une telle position, montre bien que la véritable raison à notre exclusion du CCI, puis de ses réunions publiques, était bien son refus d'accepter le combat politique et la confrontation de leurs nouvelles positions avec la défense de notre part des positions de toujours de notre organisation.
Une fois de plus (3) le liquidationnisme à l'œuvre dans le CCI a fait la preuve de son incapacité et de son refus de confronter les analyses et positions politiques. Ne pouvant imposer dès le début de la réunion ses ultimatums qui auraient révélés au grand jour sa volonté d'empêcher la tenue de la réunion et surtout de la discussion des positions du BIPR, sa tentative a en partie échoué : le BIPR a présenté ses analyses, la réunion s'est tenue avec des réflexions souvent pertinentes ; la fraction a participé au débat ; d'autres intervenants ont pu développer aussi leur point de vue ; et le CCI s'est ridiculisé à chaque fois qu'il a dû intervenir sur le sujet de la réunion et défendre, présenter, son analyse et ses orientations, par des interventions contradictoires, les unes essayant de corriger les autres, et souvent remplies de bourdes d'un point de vue marxiste et de stupidités du point de vue... de la réalité historique.
Avant de faire un rapide compte rendu de la discussion au cours de cette réunion, il nous semble important d'en dégager la signification politique ; de mettre en évidence pourquoi, objectivement, elle marque un pas dans la clarification et la démarcation politique sur les questions qui se posent de façon prioritaire sinon dans une fraction significative de la classe ouvrière, du moins au sein de minorités de celle-ci.
1- Cette réunion s'inscrit dans la politique actuelle du BIPR d'œuvrer concrètement au regroupement des forces révolutionnaires. Elle se situe dans la continuité des réunions que ce groupe a organisées dernièrement en Allemagne (voir notre dernier bulletin). C'est la confirmation que cet organisme constitue le pôle essentiel de référence pour les éléments qui développent une réflexion communiste, un pôle de regroupement et d'orientation pour cette réflexion. C'est un effort pour que soit combattue la dispersion des énergies révolutionnaires qui malheureusement est encore une réalité dominante largement sous-estimée parmi les groupes constitués du milieu révolutionnaire.
2- C'est la première réunion publique qu'organise ce groupe à Paris, la première d'un cycle devant permettre de contrecarrer efficacement la disparition de tels lieux de débat. Ce type de réunion ouverte et publique, à côté des réunions organisées par le PCI-Le Prolétaire -toutefois limitées par le fait qu'elle sont réservées aux lecteurs de ce courant-, est donc appelé à pallier dans l'avenir le désert politique qui tendait à s'instituer dans cette ville.
Le thème proposé pour cette réunion était "Pourquoi la guerre en Irak ?".
L'introduction consistait en une présentation de l'analyse que défend le BIPR dans la situation actuelle. Cet exposé est publié en français et donc disponible sur le site web du BIPR (www.ibrp.org). Nous invitons nos lecteurs à en prendre connaissance.
Elle mettait en évidence les manifestations les plus aiguës d'une accélération de la crise économique en leur donnant un sens politique. Ainsi les causes de la guerre en Irak sont à rechercher dans l'accélération brutale de la crise économique dont la dette faramineuse des USA est une des manifestation les plus sensible. La nécessité vitale pour les USA de préserver, maintenir, voir élargir, leur leadership économique aiguise leur détermination à s'affirmer sur la scène internationale en employant pour cela la force militaire. L'effondrement puis la disparition du bloc de l'Est à la fin des années 80 avait ouvert un champ d'action pour une offensive impérialiste des USA. Dans ce cadre d'analyse rapidement résumé ici, le BIPR a fourni un approfondissement plus particulier sur la place qu'occupe la course pour le contrôle des énergies, le pétrole en particulier, ou encore sur celle qu'occupe la concurrence euro-dollar dans les raisons fondant l'intervention militaire en Irak et plus largement dans le pas franchi vers la recrudescence des conflits impérialistes sur la planète.
"Pourquoi la guerre en Irak ?" cette question s'inscrit dans un questionnement plus vaste et auquel les révolutionnaires actuels doivent répondre : dans quelle situation nous trouvons-nous, quelle est l'alternative historique aujourd'hui, et par voie de conséquence, quelle doit être l'intervention des révolutionnaires à l'heure actuelle ?
Malheureusement, la discussion autour des positions du BIPR a été en grande partie occultée, court-circuitée, par une dizaine, au moins, de longues interventions de militants du CCI dont l'objet n'était pas de laisser le débat contradictoire se développer, mais bel et bien d'occuper le terrain et d'entraîner dans la polémique stérile et confuse. Que dans ces conditions, les interventions du CCI aient été contradictoires, incohérentes, et souvent contredites presque explicitement par l'intervenant du CCI qui suivait, qu'elles aient révèlés clairement l'incapacité de cette organisation à avoir une analyse, une compréhension et une orientation d'intervention cohérente dans la situation historique actuelle, qu'elles aient enfin révèlé clairement à ceux qui en doutaient le révisionnisme politique qui affecte maintenant notre organisation, n'a que peu d'importance. L'objet était d'éviter que puisse se dérouler un débat clair, polarisé, et contradictoire sur les véritables positions des uns et des autres. De ce fait, par l'occupation du terrain et du temps, une grande partie du débat contradictoire s'est centrée autour des positions opportunistes du CCI qui ont été critiquées. D'un coté donc le révisionnisme du CCI, de l'autre la quasi totalité des autres intervenants derrière l'analyse et les orientations du BIPR.
A la suite du BIPR, plusieurs intervenants, en particulier notre fraction, confirmaient et complétaient l'analyse selon laquelle la guerre en Irak, était bien une guerre impérialiste dont les mobiles premiers doivent être recherchés dans la crise de l'économie capitaliste. Le CCI, lui, défendait que ce n'est pas la crise ou l'explosion des contradictions capitalistes qui engendrent la guerre, mais la décomposition du système qui engendre à son tour le chaos. En vérité, selon lui, cette guerre est irrationnelle, il n'y aurait donc pas de "raison" à rechercher à cette guerre. De quand date ce caractère irrationnel de la guerre ? La réponse varie selon les intervenants du CCI : 1914, la période d'entre-deux guerres, voir la guerre du Viet Nam ont pu comprendre certains participants.
Alors que plusieurs participants analysaient et faisaient ressortir le lien de plus en plus criant entre crise et guerre, de l'autre côté, le CCI déconnectait les deux phénomènes.
Quant à préciser les contours de la situation dans laquelle on se trouve du point de vue de l'avancée vers la solution guerrière de la bourgeoisie, le CCI expliquait à peu près en ces termes "on est encore dans une période où les pays tentent de s'échapper de la tutelle USA ou russe ; on est encore dans la situation de désintégration des anciens blocs." Les autres intervenants développaient que c'est exactement la réalité inverse qui saute aux yeux, à savoir une tendance en cours à la bipolarisation des impérialismes autour de deux axes : USA d'un côté, Allemagne-France, de l'autre. Malheureusement du fait de la véritable déferlante d'interventions des militants du CCI cherchant à détourner le débat, les différentes appréciations sur cette tendance à la bipolarisation n'ont pu être approfondies (4).
Conséquence logique inévitable, mais centrale par l'importance qu'elle revêt au plan de l'orientation de l'intervention : alors que le BIPR et l'ensemble des interventions défendaient la validité de l'alternative guerre ou révolution aujourd'hui, avec toutes les implications que cela recèle quant à l'intervention des révolutionnaires, le CCI lui, tout seul, a défendu et revendiqué ouvertement et publiquement l'existence d'une troisième voie par la bouche du liquidationniste en chef : la décomposition et la menace de disparition de l'humanité via cette voie ; dès lors, selon lui, l'intervention des révolutionnaires se résume essentiellement à "dire la vérité aux prolétaires" (citation approximative). C'est la confirmation que le CCI, ou plutôt sa faction liquidationniste, revendique ouvertement cette troisième voie, véritable révision d'une des positions centrales du marxisme. C'est aussi la confirmation, là où d'autres militants et publications du CCI s'essaient à éviter l'utilisation de ce terme de 3e voie, que la faction liquidationniste... liquide consciemment et malgré les réticences, passives, au sein de notre organisation les positions politiques de celle-ci.
Cette réunion, malgré le sabotage en partie réussi par la liquidation, a démontré plusieurs choses centrales, de notre point de vue, et dont il importe de tirer les enseignements :
- tout d'abord elle a permis de vérifier concrètement qu'existent bien deux dynamiques au sein du milieu révolutionnaire qui tendent de plus en plus à se distinguer l'une de l'autre sur les questions cruciales de l'heure; deux tendances qui se sont plus précisément délimitées au cours de cette réunion sur le terrain de l'analyse politique d'une situation : une tendance en prise avec la situation concrète, analysant celle-ci avec précision, qui utilise les acquis théoriques, qui utilise une méthode, la méthode marxiste et l'applique à la réalité des faits qui se succèdent ; l'autre qui plane dans l'idéalisme qui abandonne voir trahit ces concepts fondamentaux au profit d'un seul, la décomposition comme critère par lequel on mesure tout événement. Cette réunion a été une occasion supplémentaire de confirmer l'abandon et la trahison des positions de la Gauche communiste par le CCI, sans parler ici de l'image pitoyable de saboteur en chef qu'il a donnée aux participants à cette réunion comme à ses propres sympathisants ;
- elle a permis de mesurer concrètement le positionnement de ces deux dynamiques face à la question essentielle du regroupement des forces révolutionnaires : l'une qui va résolument vers le regroupement des énergies révolutionnaires, l'autre qui s'y oppose de plus en plus ouvertement et frontalement ;
- enfin cette réunion a fait la preuve des capacités du BIPR à prendre ses responsabilités dans l'impulsion et la prise en charge de ce pôle de regroupement. Elle a montré les capacités de cette organisation à cerner les questionnements principaux qui s'expriment au sein de la classe ouvrière et à y apporter des réponses, à présenter une analyse cohérente de la situation à intervenir dans celle-ci. Au-delà, le BIPR a également contribué à orienter la réflexion quand, vers la fin de cette réunion, il évoquait les sujets qui auraient pu donner matière à une discussion plus approfondie : le terrorisme, le pacifisme, l'intervention spécifique des révolutionnaires sur ces questions.
En parvenant à faire respecter l'ordre du jour de cette réunion, en refusant de se laisser intimider par la "démonstration de force massive", en rejetant les diktats et les ultimatums lancés par les liquidateurs, c'est-à-dire malgré le contexte destructeur que le CCI tentait d'imposer, le BIPR a démontré sa capacité et sa volonté de faire face aux sabotages du CCI actuel. Il lui appartient dorénavant, selon nous, d'animer et de pousser à l'établissement d'un espace politique prolétarien, véritable lieu de débat et de confrontation des positions, à Paris... en sachant qu'il rencontrera l'opposition ouverte et déclarée de la liquidation en cours.
31 octobre 2004.
Notes:
1. Cette pratique militante a même fait l'objet d'un texte "théorique" interne dont nous avons déjà cité quelques passages dans notre bulletin et qui, on ne sait pourquoi et nous le regrettons sincèrement, n'a jamais été publié dans la presse. Pour résumer, disons qu'elle a été élaborée pour justifier "théoriquement" les attitudes de certains militants, le noyau de la faction familiale liquidationniste, attitudes faites de cris, d'interruptions de parole, d'insultes, de scandales, d'ultimatums et de mises au pied du mur, bref d'Indignation, au mépris de toute règle organisationnelle et de tenue des réunions. Elle a servi de justification "théorique" au coup de force permanent vis-à-vis des opposants politiques conséquents et aux trahisons des régles organisationnelles élémentaires, dont celles des débats.
2. "Nous ne cautionnons aucun “vol” car il n’y a pas eu de vol réel. Si des camarades dirigeants du CCI – qui comme tels disposaient des fichiers d’adresses de leur organisation – rompent avec l’organisation, déclarant de plus vouloir regagner des camarades à la “ juste voie”, gardent le fichier des adresses, il ne s’agit pas d’un vol. Le faux moralisme du CCI pue donc l’hypocrisie quand il lance des accusations de tout genre à qui l’abandonne" (BIPR, 15/10/2004). Juste une précision vis-à-vis de ce que dit le BIPR : nous n'avons pas rompu, nous avons été exclus...
3. Lors d'une réunion de lecteur du PCI-Le Prolétaire (15/02/03) qui traitait également de la situation internationale , le CCI avait également fait pression sur le PCI pour qu'il condamne les "comportements de la fraction" et prenne position sur le verdict CCIesque d'exclusion de Jonas. Le CCI fut alors fraternellement mais fermement éconduit dans sa quête, d'abord par le PCI, puis par tous les participants dont la délégation présente du BIPR. En fait le CCI avait non seulement été contraint de renoncer à son objectif mais il avait encore dû côtoyer jusqu'à la fin de la réunion les membres de la fraction dont… le camarade Jonas. Et plus que cela, il avait été contraint de s'inscrire dans le débat politique y compris en réponse aux membres de la fraction (Bulletin 18) Depuis cette réunion, c'est-à-dire depuis plus d'un an, le CCI n'a renouvelé qu'une seule fois sa présence dans les réunions du PCI-Le Prolétaire : voilà bien qui confirme toute la tromperie de ses interventions dans la RP du BIPR prétendant qu'il se fait un devoir de participer régulièrement à toutes les réunions du milieu révolutionnaire, esbroufe répétée dans l'article de Révolution Internationale et son bilan honteux de cette même réunion.
4. Pour ces mêmes raisons, un certain nombre de remarques émises par certains participants n'ont pu être débattues : y-a-t-il encore accumulation du capital dans la période actuelle et comment le capital parvient ou non à se restructurer ?
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