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DEBAT AU SEIN DU CAMP PROLETARIEN

Nous publions une prise de position sur la situation et les perspectives de lutte du prolétariat dans les pays de la périphérie du monde capitaliste. Ce texte est du Cercle de communistes internationalistes d'Argentine, l'ex-NCI, qui publie Revolución Comunista (http://www.geocities.com/cci_1917/). Nous avons décidé de la publier afin de souligner, de mettre en évidence, les questions politiques que les camarades posent et contribuer à ce qu'elles puissent être discutées ouvertement, publiquement, devant tout le monde, et en particulier devant et avec la participation de tout le camp prolétarien actuel. Comme le lecteur pourra s'en rendre compte, les camarades du Círculo s'éloignent des positions du CCI liquidationniste qu'ils avaient pourtant adoptées dans un premier temps. Aujourd'hui, après avoir été tenus "au secret", et surtout avoir été isolés au niveau international, par les liquidateurs du CCI officiel, les camarades de l'ex-NCI rompent avec les pratiques liquidationnistes en matière de regroupement des révolutionnaires (1). Ils ont décidé de "s'ouvrir" et d'engager un processus de discussion politique avec le BIPR et avec notre fraction reconnaissant à leur tour que la dynamique vers le regroupement révolutionnaire tournait autour de l'axe du BIPR.

Après le document des camarades, nous présentons quelques commentaires de notre part sur cette prise de position et sur sa signification politique dans le processus contradictoire actuel au sein du camp prolétarien.

La fraction interne du CCI, 24/10/2004

PERSPECTIVE DU PROLETARIAT EN ARGENTINE ET DANS LES NATIONS PERIPHERIQUES POUR LA PERIODE PRESENTE

1 - Avec la chute du Mur de Berlin, et la disparition du bloc de l'Est dominé par l'Union soviétique qui l'a suivi, et avec l'instauration du "nouvel ordre mondial" proclamé par la bourgeoise, s'est développée une attaque furieuse contre le Communisme de la part des idéologues du capitalisme. Ceux-ci affirmaient que le capitalisme était supérieur au communisme et que le capitalisme d'Etat existant dans le soi-disant "monde socialiste" était le véritable visage du communisme. Ils en profitaient en outre pour établir de fausses analogies entre le marxisme et le stalinisme.

2 - Profitant de cette situation, au début de la décennie 1990 s'est développée une attaque contre les conditions de vie de la classe ouvrière de la part du capital dans les nations périphériques, spécialement dans celles avec une forte présence du prolétariat industriel.

C'est ainsi qu'outre la réduction réelle et nominale des salaires, on s'est attaqué aussi aux conditions de la vente de la force de travail en introduisant de nouvelles formes de contrat - comme la location de services, les contrats à durée déterminée, les stages et toute une gamme de contrats pourris.

Cette situation signifiait aussi que les nouvelles générations de travailleurs qui intégraient le marché du travail, le faisaient dans des conditions bien pires que leurs prédécesseurs et sans aucun des "droits" que la classe ouvrière avaient obtenus au travers des luttes prolétariennes des 19e et 20e siècles.

3 - Les attaques menées par la classe dominante contre le prolétariat ont aussi été contre sa conscience, tendant à ce que les travailleurs perdent leur identité, ou leur sentiment d'appartenance, comme ouvriers. Ces attaques se sont développées dans les années 1990 au travers de campagnes idéologiques qui étaient destinées à faire croire à la classe ouvrière qu'elle n'existait plus comme classe sociale, que la seule distinction existante était entre "les gagnants et les perdants", que le prolétariat était co-responsable du succès ou non de l'entreprise, et toute une gamme de mensonges qui ont amené les travailleurs à perdre cette identité.

4 - De même, la décennie 1990, comme paradigme de la globalisation, a signifié que les partis bourgeois d'autrefois qui brandissaient les bannières du "nationalisme populiste" adoptèrent les politiques qu'on leur imposait depuis le centre capitaliste, comme les privatisations, les réductions de dépenses publiques, les réformes de l'Etat, la libéralisation du commerce et des finances, etc...

Nous avons pu voir que les politiciens de la bourgeoisie qui assumèrent le pouvoir dans cette décennie avec des discours populistes se rangèrent aux mesures que leur "conseillaient" les puissances impérialistes les plus importantes et les organismes financiers internationaux comme le FMI ou la Banque Mondiale. Nous pouvons voir des exemples de ces politiques avec [l'ex-Président, NDT] Menem et ses successeurs en Argentine, avec Fujimori et Toledo au Pérou, avec Collor de Mello et Cardoso au Brésil, etc...

5 - Dans les années 1990, nous pouvons observer dans les nations périphériques des politiques de privatisation des grandes entreprises étatiques de service public et industrielles aux capitaux internationaux. Ces politiques ont pu être menées à bien par deux facteurs fondamentaux : défaite partielle de la classe ouvrière qui fit reculer la résistance à ces privatisations, et complicité des syndicats qui furent l'arme adéquate pour vaincre la résistance ouvrière et qui dans quelques cas reçut les dépouilles de ces ventes d'entreprises publiques comme ce fut le cas en Argentine avec les syndicats des chemins de fer qui, en échange d'un tronçon de voie ferrée, se sont rendus non seulement à la privatisation des chemins de fer mais aussi au licenciement sauvage de 80% des travailleurs, ou du syndicat de Luz y Fuerza qui possède un pourcentage des actions des entreprises qui fournissent l'énergie électrique, etc.

La lutte ouvrière se rapporte purement et exclusivement à la défense des postes de travail contre les licenciements et contre la disparition des conditions de vie des ouvriers.

6 - Face aux tentatives de privatisations, les luttes ouvrières avaient deux voies différentes : l'une proposée par les syndicats qui les a menés à une voie sans issue et qui fut une défaite absolue, avec la démoralisation prolétarienne qui s'en suivit ; l'autre, celle des grèves sauvages réalisées par la classe ouvrière comme dans le cas des chemins de fer avec une lutte qui a duré plus de 40 jours au niveau national et qui fut défaite à cause de l'isolement dont elle a souffert dans les centres urbains les plus importants malgré une certaine sympathie dont elle jouissait dans les villages et petites villes qui "disparaissaient" avec la fermeture définitive de voies ferrées prévue par les nouveaux propriétaires.

Les luttes des travailleurs de l'Etat ont été les combats prolétariens les plus importants menés dans la première moitié de la décennie 1990. Après la défaite de la résistance ouvrière, l'Etat a pu appliquer presque sans résistance tous les plans d'ajustement qui s'imposaient à lui.

8- L'autre élément significatif de cette décennie a été l'extrême libéralisation de l'économie et des finances dans les différentes nations. C'est ainsi que nous avons pu observer comment en Argentine, avec l'appui explicite des puissances impérialistes les plus importantes et des organismes de crédit international, a été lancé le plan de convertibilité [du peso argentin avec le dollar, NDT] qui signifiait non seulement la réduction de la dépense publique par rapport au PIB mais aussi la dépendance de la politique monétaire du pays à celle des Etats-Unis, et aux différents aléas de cette dernière. Mais aussi, elle a impliqué la rentrée massive de capitaux parasitaires dans le pays, attirés par les hauts taux d'intérêt qui étaient payés. Si ce plan a représenté la réduction notable de l'inflation annuelle qui touchait l'Argentine, il a aussi signifié la destruction de l'appareil productif et un endettement qui est passé de 34% du PIB avant la signature du Plan Brady à 134% aujourd'hui.

Ce plan a eu un effet anesthésiant en faisant croire à l'"existence" d'un bien-être inexistant car dans le même temps, on mettait des milliers de prolétaires à la rue qui allaient grossir l'armée de chômeurs pour ne jamais réintégrer l'appareil productif.

Dans toutes les nations périphériques, ces politiques étaient menées. Bien qu'avec des différences ponctuelles, l'objectif central était le même, celui que nous soulignons dans le point 4 de ce texte.

9 - Ainsi, la centralisation du capital qu'on appelle "globalisation" et qui était en réalité la mondialisation du capital dont l'objectif central était la fuite en avant du capitalisme face à la crise énorme qui le frappe, a représenté pour les nations périphériques, et en particulier pour le prolétariat de ces pays, l'importation des crises économiques financières des pays centraux. Mais, comme on l'a dit auparavant, l'injection massive de capitaux parasitaires attirés par les hauts taux d'intérêt et l'endettement massif des nations périphériques ont provoqué qu'à la fin des années 1990, les soi-disants marchés émergeants ont commencé à s'écrouler puisque leur économie s'était pulvérisée.

10 - Face à la crise qui le frappe, produite par la crise d'accumulation et la tendance à la chute de ses taux de profit, le capitalisme occidental a résisté et a pu ainsi éviter l'écroulement total du capitalisme. Cela a été possible au moyen d'une série de facteurs qui se sont additionnés pour que le capitalisme puisse sortir de ce pas au travers de sa transformation. Cela ne veut pas dire qu'il ait résolu ses contradictions, ni qu'il soit sorti de sa banqueroute totale.

Ces politiques se réduisaient à : la réduction des dépenses publiques, la libéralisation des finances et de l'échange commercial, aux privatisations, aux réformes de l'Etat et aux modifications dans l'appareil productif qui a changé le panorama industriel radicalement avec l'introduction de l'ordinateur dans les processus productifs. Cela a provoqué :

Une modification du processus productif en réduisant le travail.

Une plus grande flexibilité du travail.

La réduction du travail vivant.

La création de la division et de la spécialisation du travail.

La modification de la hiérarchie du travail rendant obsolète l'organisation fordiste.

La délocalisation des entreprises en divers points de la planète.

L'introduction de l'informatique dans les procès productifs a provoqué le remplacement de la politique keynésienne par celle appelée "néolibérale", tout comme aussi l'intervention directe de l'Etat dans l'économie est une attaque directe au salaire indirect car elle se traduit par la disparition et/ou la réduction dans les pensions de retraite, dans la santé publique, dans l'éducation, etc... comme aussi une attaque au salaire direct. Cela démontre la grave crise d'accumulation que traverse le capitalisme, produite par la chute du taux moyen de profit de la bourgeoisie. C'est ainsi que dans les nations centrales et périphériques, la portion correspondant au salaire direct constitue un aspect minime du total de la masse salariale. Cela est perceptible dans la pression fiscale qui transfère les fonds des pauvres aux riches au moyen de la réduction fiscale dont l'Etat fait bénéficier la bourgeoisie "punissant" la classe ouvrière au moyen d'impôts croissants sur la consommation.

11 - Les bourgeoisies des nations impérialistes centrales transfèrent leurs usines et leurs entreprises du centre vers la périphérie en profitant des bas salaires pour baisser les coûts de production. Mais ces entreprises, exigeant fondamentalement par leurs caractéristiques de plus grandes quantités de travail vivant, continuent à être sous le contrôle des maisons mères dans les capitales impérialistes.

12 - La transformation capitaliste dans les nations périphériques mentionnée plus haut s'est accompagnée de luttes ouvrières, spécialement dans ces entreprises de services publiques aux mains de l'Etat. Si la lutte "contre la privatisation" pouvait parfois prendre des allures de caractère nationaliste et contre l'invasion "étrangère", la majorité des détachements ouvriers luttaient pour leurs emplois et leurs salaires. Ce fut le cas exemplaire en Argentine, non seulement dans la lutte des chemins de fer qui a duré plus de 40 jours, dont le niveau de licenciement atteignit 80% des effectifs, ou des travailleurs du téléphone appartenant à l'Etat, etc... Mais il est aussi intéressant de relever l'accompagnement qu'a réalisé le syndicat comme organe de l'Etat dans les politiques de stabilisation et dans les politiques appelées "néolibérales" de l'Etat ; dans de nombreux cas, il s'est transformé en quote-part des patrons en recevant des pourcentages d'actions des entreprises jusqu'alors étatiques - l'électricité, les chemins de fer, les téléphones, etc.

Après les défaites de toutes ces luttes et la perte de chacune des réformes obtenues dans un passé récent, dans les nations périphériques, sauf cas isolés, la classe ouvrière a été prisonnière de plus grandes attaques du capital. Après la défaite, cela fut mis en évidence avec les pics les plus hauts de chômage après la chute les uns après les autres des marchés émergeants tout autour de la planète.

13 - Ainsi, face à cette situation, et inégalement, les travailleurs commencent à reprendre les luttes de manière embryonnaire. Fondamentalement, il s'agit des travailleurs de l'Etat et de l'Education alors que la classe ouvrière industrielle continue à être écrasée non seulement à cause de la défaite subie dans un passé récent mais aussi du fait des méthodes d'organisation de la production qui ont remplacé le fordisme [le taylorisme, NDT], et qui ont signifié une atteinte à l'organisation et à la solidarité prolétarienne car l'extrême enrégimentation des entreprises empêche l'auto-organisation ouvrière.

C'est la raison pour laquelle, comme produit de toutes ces circonstances, le prolétariat industriel s'est éloigné des luttes ouvrières pour une longue période dans les grands centres urbains et industriels d'Argentine. C'est ainsi que les luttes ont commencé dans les secteurs les plus à l'écart - les chômeurs - et dans les zones les plus périphériques du pays - Norte de Salta, Neuquén - où les licenciements dus aux privatisations dans les entreprises pétrolières, métallurgiques, etc. ont durement frappé jetant dans la misère des milliers d'ouvriers au chômage et où la lutte de classe atteint de grands niveaux de violence ouvrière.

Mais à partir du début 2001, les luttes ouvrières ont acquis un autre visage. Les luttes du prolétariat industriel ont timidement commencé, avec un grand développement des luttes des chômeurs, détournées dans la majorité des cas par les directions des partis gauchistes. [Des entreprises comme, NDT] Zanón, Alimentación, Lácteos, tout comme des entreprises étatiques, les enseignants, etc. recommencent une période de lutte de classes qui n'a pas encore atteint son apogée, ni des niveaux de grands conflits et qui a été retenue par l'élection de Kirchner et l'espoir que celui-ci a suscité dans de nombreux secteurs de la classe ouvrière industrielle. Cette perspective épuisée, la lutte de classes recommence.

14 - Il faudrait analyser toutes et chacune des luttes ouvrières pour la richesse des leçons et des enseignements qu'elles nous laissent. Mais il ne faut pas les analyser individuellement. Mais plutôt : quelle sera la tendance de la lutte des classes ? A quelle question se confronte le prolétariat pour cette période ?

La classe ouvrière, tant dans les nations périphériques que dans les nations centrales, se trouve dans une situation vraiment difficile malgré le renouveau des luttes ouvrières. Il faut donc par conséquent :

- récupérer la conscience qu'elle n'est pas seulement une classe différente de la bourgeoisie mais aussi des tentatives pour la diluer dans la soi-disant "société civile" ;

- récupérer la confiance en soi, dans sa force, dans la solidarité de classe ;

- commencer à se réorganiser pour sa propre défense contre les attaques du capital, comme préparation à la contre-attaque révolutionnaire.

L'attaque idéologique du capital contre le prolétariat a été dramatique. La bourgeoisie a lancé des campagnes idéologiques dans lesquelles elle essayait de disqualifier le communisme en établissant de fausses analogies entre le marxisme et le stalinisme. Il ne sera pas facile de se relever de ces attaques dont les effets ont été dévastateurs dans la conscience du prolétariat. Il faudra du temps pour neutraliser cette campagne idéologique, parvenue à son maximum avec l'implosion de l'Union soviétique, que les propagandistes bourgeois utilisaient pour montrer la "fausseté" de la lutte de classes, qu'il n'y avait pas de classes sociales antagoniques, etc. Ce renouveau dans les luttes ouvrières dans le monde a servi à montrer les mensonges et les faussetés de la bourgeoisie.

15 - La transformation qu'a vécue le capitalisme pour essayer de survivre dans le temps, a été globale. Les attaques contre la classe ouvrière ont été globales. Les campagnes idéologiques de la bourgeoisie ont été globales. C'est pour cela que la réponse du prolétariat doit être globale et internationale. Il n'existe pas de différence entre le prolétariat des nations impérialistes et celui des périphéries. Il n'existe pas de nations perdues pour la révolution. Les nations sous-développées ont une riche histoire prolétarienne dans de nombreux pays comme l'Argentine avec une classe ouvrière vieille de plus de 150 ans, comme le Brésil, le Mexique, la Corée, l'Inde, etc.

[Le prolétariat] des nations périphériques, tout comme des nations centrales, a comme ennemi non seulement l'Etat capitaliste et la classe dominante - la bourgeoisie - mais aussi tous ces appareils étatiques au service du capital comme le sont les syndicats.

La classe ouvrière a souffert de grands changements dans son organisation du travail. C'est pour cela que l'auto-organisation ouvrière qui part seulement des concentrations prolétariennes sur les lieux de travail n'est pas suffisante. Il faut lui agréger la lutte et l'auto-organisation ouvrière sur la base territoriale et les secteurs du prolétariat qui ont été expulsés de la production, les chômeurs.

Il en est ainsi car les luttes des travailleurs ne doivent pas rester isolées contrairement à ce qu'essaie toujours de faire les appareils contre-révolutionnaires syndicaux. Mais ils doivent rechercher l'unité de la classe sur le terrain de lutte du prolétariat, soit avec les chômeurs, soit avec les quartiers ouvriers en lutte, etc.

L'arme fondamentale pour une telle auto-organisation est l'assemblée. Nous devons tirer les leçons des premières assemblées de piqueteros qui ont eu lieu en Argentine, leurs forces et leurs faiblesses pour pouvoir en dégager les enseignements nécessaires.

Mais de telles assemblées, que ce soit clair, ne sont pas le parti. Leur existence est indépendante du parti révolutionnaire même si celui-ci doit participer activement à celles-là. Il est certain que ces assemblées ouvrières ont une limite qui est la limite revendicative. C'est pour cela que le parti doit agir en leur sein afin qu'elles puissent dépasser cette barrière sans que cela signifie participer dans les syndicats.

Les révolutionnaires doivent détruire tout type de mystification sur les différentes institutions de la bourgeoisie que cette classe peut développer dans le prolétariat : que ce soit sur les syndicats, les élections parlementaires bourgeoisies, que se soit sur la justice, ou la possibilité de réformes ou d'amélioration au sein de ce système.

C'est ainsi que la bourgeoisie crée de nouveau mécanismes de domination, qu'ils soient politiques, syndicaux, etc., avec comme objectif central de diviser la classe ouvrière. Un exemple en est donné en Amérique Latine dans les nations les plus importantes où existe un prolétariat fort et de grandes concentrations industrielles et où la bourgeoisie a commencé à impulser des solutions bourgeoises face à la haine que provoque la "bureaucratie syndicale". C'est le cas des regroupements syndicaux de gauche, des syndicats dominés par les courants gauchistes, et même des centrales ouvrières dissidentes ou gauchistes comme la CTA argentine, la CUT au Brésil, sans compter les courants politiques bourgeois réformistes comme le Frente Grande (Argentine) , le PT de Lula ou le Frente Amplio uruguayen, pour donner quelques exemples.

Ces centrales ouvrières et/ou syndicats qui furent "arrachés" à la bureaucratie ne défendent absolument rien de nouveau. Leurs défaites frappent plus durement le prolétariat. Ils n'essaient que de vendre dans de meilleures conditions la force de travail. Mais c'est impossible car la période réformiste dans laquelle il était possible que la bourgeoisie fasse des concessions au prolétariat, est terminée. Les actions de tels instruments contre-révolutionnaires ne sont que des médiations en faveur du capital.

Le syndicat, soit "récupéré", soit les centrales dissidentes ou "rouges" ne sont pas des armes valables de lutte. Elles n'ont pour fonction que de diviser, disperser la classe ouvrière et générer en son sein des expectatives sur des changements dans le cadre de la légalité bourgeoise.

C'est pour cela que nous devons reprendre les exemples des assemblées ouvrières et territoriales avant qu'elles ne soient récupérées par la bourgeoisie au travers de ses agents de gauche.

16 - Comme on l'a dit plus haut, le capitalisme est un système international et par conséquent la classe ouvrière doit donner des réponses au niveau international. Ainsi, il est faux, et typique des positions de la gauche bourgeoise, de considérer que la classe ouvrière dans les pays périphériques ait d'autres tâches différentes de celle des nations centrales comme les tâches démocratiques, de libération nationale, etc. La classe ouvrière des nations périphériques qui souffre à divers degré des mêmes conséquences d'exploitation, de chômage, etc. que ses frères de classe des pays métropolitains, a la même tâche : celle de détruire par des moyens révolutionnaires ce système et d'instaurer la dictature du prolétariat.

Pour arriver à cet objectif stratégique du prolétariat mondial, il faut commencer à s'engager non seulement dans le chemin de la construction du PARTI COMMUNISTE MONDIAL, mais aussi mener la bataille au sein de la classe ouvrière contre tout type de mystification bourgeoise. Les révolutionnaires ne peuvent se contenter de donner des leçons. Ils doivent participer au mouvement réel de la lutte des classes qui a commencé avec l'approfondissement de la crise du capitalisme.

Comment ? Non seulement en participant à la lutte des classes mais aussi en étant un pôle de référence pour la classe ouvrière, en combattant dans les assemblées de lutte dont se dote la classe, en conquérant la direction politique et en l'orientant vers d'autres limites qui ne sont pas simplement revendicatives mais politiques.

C'est pour cela que la constitution de groupes ouvriers et territoriaux est fondamentale pour les communistes pour y attirer l'avant-garde ouvrière - en activité ou au chômage - sans que cela implique une adhésion politique à un groupe politique déterminé puisque c'est la minorité révolutionnaire regroupée dans le parti mondial qui guidera la classe ouvrière à la révolution et à la pleine conscience de classe.

C'est ainsi que, face au renouveau de la lutte de classes, le prolétariat devra constituer ces groupes ouvriers en vue de :

- dénoncer les agissements des courants de la fausse gauche bourgeoise en lui opposant les positions authentiquement prolétariennes et révolutionnaires ;

- clarifier la réalité de la société bourgeoise et de ses attaques contre le prolétariat afin que la classe perde les illusions et les expectatives que l'idéologie bourgeoise lui fait constamment miroiter ;

- clarifier que toute lutte revendicative a comme objectif central de dépasser le cadre purement économique pour la conquête du pouvoir par les voies révolutionnaires ;

- clarifier que la classe ouvrière est une seule classe sans distinction entre actifs et chômeurs et que la lutte est une seule lutte sans division, ni distinction, de quelconque ordre ;

- l'unité internationale de la classe ouvrière car il n'y a pas de prolétaires perdus pour la révolution puisqu'ils sont une seule classe et que leur lutte est la même, que ce soit dans les nations centrales ou périphériques ;

- la nécessité du parti révolutionnaire ou du Parti Communiste Mondial comme direction politique du mouvement révolutionnaire de la classe pour que celle-ci puisse remplir sa mission historique de destruction du système capitaliste.

Cercle de Communistes Internationalistes (Argentine) Septembre 2004.


Notes:

1. La réaction du CCI liquidationniste face au surgissement des désaccords politiques exprimés par les camarades du NCI ne s'est pas fait attendre : le 1e octobre, juste avant la réunion publique du BIPR à Paris, ils ont subitement publié une prise de position de ce groupe datée du 22 mai 2004 qui dénonçait notre fraction comme flics et provocateurs au service de l'Etat bourgeois et multiplié les publications de prises de position du NCI reprenant les positions liquidationnistes à la fois sur la situation et la décomposition et leurs attaques contre le BIPR et le reste du camp prolétarien. Il s'agissait d'enfermer le groupe sur ses "anciennes positions" et de saper dès son début toute tentative de "rapprochement" politique entre l'ex-NCI et la dynamique de regroupement autour du BIPR. Le lecteur peut lire dans ce numéro de notre bulletin les deux premières déclarations du Cercle qui répondent aux provocations publiques du liquidationnisme et notre prise de position sur cette situation au sein du camp prolétarien. Il peut aussi lire la troisième déclaration disponible en espagnol sur le site du Círculo.


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