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LE REGROUPEMENT DES REVOLUTIONNAIRES
Comment le CCI actuel détruit 30 années de combat
pour le regroupement des révolutionnaires
(2ème partie)

Dans un premier article nous avons montré comment le CCI s’est construit et a mené un combat permanent en vue de regrouper les énergies révolutionnaires, groupes ou éléments isolés, autour des positions communistes.

Aux premiers signes d’accélération brutale de la crise économique (1967-68) le petit groupe qui donnera naissance à Internacionalismo (Venezuela) puis à Révolution Internationale analyse qu’un changement de période est en cours et les premières luttes ouvrières qui démarrent en France en 1968 inaugurent un bouleversement dans le rapport des forces entre bourgeoisie et prolétariat.

Cette situation exige qu’un processus se mette en place permettant d’initier la discussion, de confronter les positions et désaccords autour des questions fondamentales qui surgissent à la faveur de cette situation et qui nécessitent un positionnement clair notamment de la part des groupes ayant survécu sur un terrain révolutionnaire à la longue période de contre-révolution. Ces questions sont multiples : nature de la Révolution de 1917, nature des pays de l’Est, nature de la crise économique, responsabilités des révolutionnaires, nécessité du Parti. Mais leur dénominateur commun est celui-ci : nous sommes entrés dans une nouvelle période où l’alternative, guerre ou révolution revient au devant de la scène.

De plus cette situation implique un combat déterminé contre toutes les vieilles déviations que la bourgeoisie remet au goût du jour et derrière lesquelles elle cherchera à entraîner le prolétariat : luttes de « libérations nationales », luttes « parcellaires » (libération des femmes, des mœurs… ), voie pacifiste et réformiste (parlementarisme) comme seule possibilité de passer du système capitaliste à un communisme, d’ailleurs dénaturé.

Enfin et surtout, le combat contre les conceptions anti-parti et anti-organisation qui se multiplient prétendant assurer une rupture radicale avec le stalinisme.

Dès lors Révolution internationale s’attachera à nouer ou renouer des contacts au niveau international avec pour objectif premier de lancer cette discussion, d'intégrer et d'impliquer les énergies révolutionnaires dans ce processus, pour permettre par ce biais que se fasse une sélection des forces authentiquement révolutionnaires, que se démarquent ainsi clairement les différents courants permettant de créer un véritable pôle de référence des positions de la Gauche communiste.

Et effectivement, les années 1970-80 voient se développer les débats les plus riches entre les organisations révolutionnaires et en leur sein : sous le double effet de l’évolution de la situation générale et du développement du débat (rencontres, conférences, polémiques par voie de presse, réunions publiques communes), le milieu politique évolue. Les organisations se reliant à la tradition politique et organisationnelle de la Gauche communiste affermissent leurs positions et parviennent à constituer un réel pôle de référence sur les positions essentielles et vitales tout en maintenant leurs diversités. Malgré leurs différences et des discussions âpres et souvent virulentes, ils n’en constituent pas moins un point d’appui essentiel pour l’orientation politique de la réflexion, un point de repère vital pour toutes les énergies qui surgissent du sein de la classe, à la recherche des positions communistes.

Parallèlement, une décantation se fait au fil du temps. Ainsi progressivement, les groupes et éléments fortement marqués par la rupture organique liée à 50 ans de contre-révolution ainsi que par le milieu étudiant duquel ils sont souvent issus, véhiculant la plus terrible confusion sur les questions de l’heure, prônant le plus souvent la dispersion au nom de l’originalité, se faisant les promoteurs du non-débat en arguant que « tout cela ne fera pas avancer l’histoire », tous ceux-là disparaissent les uns après les autres. La première partie de notre article évoque ainsi une multitude de groupes et groupuscules surgis dans cette période et qui n’ont pas résisté au vent de l’histoire.

En s’inscrivant dans ce processus de regroupement, en usant pour ce faire des moyens et méthodes qu’il allait puiser dans l’histoire, toute l’histoire du mouvement ouvrier, le CCI ne s’illusionnait pas pour autant sur un résultat immédiat. C’est bien dans un processus qu’il s’engageait, dans un combat qui ne pouvait se décliner que sur le long terme. Et si d’aventure ce processus pouvait se traduire par un gain immédiat de forces militantes (élargissement du CCI à plusieurs continents) c’était un plus non négligeable mais néanmoins relativement secondaire au regard de la priorité que constituait la création et la systématisation d’un lieu de débat de confrontation et de défense des positions communistes et la constitution d’un véritable pôle international de la Gauche communiste.

C’est une toute autre politique que poursuit l’actuel CCI presque exclusivement tournée vers un rejet de la discussion, un mépris total à l’égard des positions et analyses mises en avant par les autres groupes du camp prolétarien tel que celui-ci s’affirme aujourd’hui. Le danger de sectarisme qu’il a combattu pendant 30 ans, voilà qu’il s’y immerge à son tour et, pire que cela, l’élève en moyen de supposée résistance, en supposé remède, en recette toute faite, face aux crises internes que rencontrent nécessairement toute organisation révolutionnaire.

Toute sa pratique passée, ses analyses, ses positions programmatiques sont aujourd’hui revisitées une à une à la lumière de sa nouvelle vision de la période dans laquelle la décomposition est devenue l’axe déterminant dans la situation, celui-là même qui va dans le sens d'enterrer définitivement l’alternative historique mise en avant et défendue par les révolutionnaires : celle de guerre ou révolution.

Logique dans sa dérive, mais terriblement gangrené par sa soumission à cette nouvelle théorie destructrice et a-historique, il en vient à renoncer à sa pratique passée, voire à la condamner sans toutefois juger nécessaire de défendre publiquement et sérieusement sa nouvelle orientation, malgré les interpellations constantes qui lui sont faites (lecteurs, groupes révolutionnaires, sans oublier notre fraction). Etape décisive dans cette trajectoire la renonciation, revendiquée comme preuve de lucidité politique, à l’intervention sur et dans la situation qui se déroule sous nos yeux : sur la guerre et ses préparatifs par la bourgeoisie, sur la reprise des luttes ouvrières. Et signe tout aussi significatif, le CCI actuel a fini par abandonner toute politique de regroupement des forces révolutionnaires autour des positions communistes. C’est ce que nous illustrerons dans ce texte.

II.- Le CCI actuel ou comment le liquidationnisme fait œuvre de destruction

Pour la première fois de toute son histoire, on voit le CCI accumuler subitement, en quelques années, tout un ensemble de pratiques en contradiction complète avec les principes et pratiques défendues pendant plus de 30 ans, sans que jamais n’apparaisse l’ébauche d’une explication politique sérieuse.

Ecartons d’abord le faux procès (un de plus) que l’on pourrait nous faire selon lequel nous aurions une conception purement démocratique du programme communiste. Loin de nous l’idée que toute question, toute idée démangeant la tête du premier venu doivent faire sans délai l’objet d’une mobilisation de tout le milieu prolétarien ; encore moins que toute question tranchée par l’histoire de la classe ouvrière elle-même doive systématiquement, impérativement et toutes affaires cessantes, faire l’objet d’une remise en cause. Cette méthode relevant de l’immédiatisme petit–bourgeois, nous la laissons à tous les novateurs et innovateurs si souvent et impitoyablement combattus par les marxistes et dont le devenir nous est indiqué dans la faillite pitoyable de tous les groupuscules et individus qui, pour avoir prôné ce type de méthode, se sont eux-mêmes asphyxiés dans les années 1970–80.

Mais les questions portées par une période donnée, qui nécessitent un décryptage des événements saillants dans une situation donnée, la tendance dominante, déterminante qu’ils indiquent et pour parler plus concrètement, des événements tels qu’une succession de luttes ouvrières au niveau international, ou encore une succession de situations de crise dans une organisation révolutionnaire, toutes ces questions doivent être prises à bras le corps, examinées, investies des armes de la critique par l’ensemble des forces révolutionnaires.

1. Nouvelle méthode : Exclure les points de vue différents

Pendant plus de 30 ans, le CCI a développé un effort constant et obstiné pour organiser des lieux de discussion ouverts à tous, groupes prolétariens et éléments isolés. Les extraits de presse témoignent de l’effort constant pour encourager la confrontation des positions dans ses propres réunions publiques. De même le CCI s’est toujours fait un point d’honneur à participer activement aux réunions organisées par les autres groupes, comme cela a toujours été la tradition dans le mouvement ouvrier.

Nous avons vu que, jusqu’à récemment, face à ses oppositionnels et en particulier ceux qui désertaient le terrain du combat à l’intérieur, le CCI a toujours eu comme politique de chercher par tout moyen à poursuivre (ou engager) le débat ouvertement et si possible publiquement pour que toutes les questions politiques en divergence soient posées, clarifiées jusqu'au bout et finalement tranchées organisationnellement dans un sens ou dans un autre, pour empêcher que les griefs personnels ne viennent polluer la discussion strictement politique. Les exemples significatifs de cette volonté sont multiples mais le plus patent est celui de l’invitation faite au PIC (Pour une Intervention Communiste), fraîchement et hâtivement constitué, de venir débattre publiquement des divergences l’opposant au CCI (1).Le PIC refusait à l’époque ce champ d’expressionfaisant appel, pour la cause, aux motifs les plus stupides.Aujourd’hui, c’est le CCI actuel qui se retrouve dans lapeau du PIC, c’est lui qui adopte et met en musique la fuitedevant le débat. Est-ce parce qu’il est conscient denotre détermination que le CCI ne s’est pas aventuréà réitérer cette proposition ? Non. Lesimple exposé chronologique du comportement du nouveau CCI cesdernières années suffit à vérifier qu’il s’agit bien là d’une autre ligne politique qui a fini par vaincre, mettant un terme à l’orientation vers l’ouverture et le débat politique.

- Lors de la réunion publique à Paris du 19/01/2002 chacun d’entre nous (futurs membres de la fraction) reçoit discrètement un petit message sur un papier chiffonné nous intimant l’ordre de « communiquer au présidium notre éventuelle intention d’intervenir ainsi que les axes de cette intervention ». A l’époque, soulignons-le, nous étions encore militants du CCI et ne faisions alors l’objet d’aucune interdiction officielle d’intervenir publiquement. Ce petit fait peut paraître bénin mais une telle pratique n’avait jamais eu droit de cité dans le CCI jusque-là ; de plus elle était déjà significative du degré de renoncement au combat politique qui allait s’installer rapidement.

- Quelques mois plus tard, une réunion publique au Mexique est purement et simplement annulée par la section locale parce que des militants de notre fraction sont présents et comptent bien défendre leur point de vue sur le thème de la réunion. A la couardise politique s'ajoutent, dans ce cas, l'irresponsabilité et le mépris pour tout élément isolé qui aurait l'idée (saugrenue ?) de chercher un lieu de discussion et de réflexion politique auprès du CCI actuel.

- A Paris encore, on tente (16/03/2002) de nous interdire de parole et ce n’est que sur insistance de plusieurs sympathisants que nous parvenons à exposer notre point de vue sur la situation internationale et les préparatifs guerriers (Cf. notre compte-rendu de cette réunion dans le bulletin 8). Notre intervention et les points de vue différents que nous opposons à l’analyse développée par le CCI, tout cela sera volontairement ignoré, manifestement sur ordre de la direction "liquidatrice", et peu importe la gravité de la situation et l'importance des questions soulevées.

- Un pas décisif est franchi lors de la Réunion publique à Paris le 29/06/02 lorsque le CCI nous interdit de parole se référant à une prétendue « motion » (bien entendu jamais publiée et qui ne nous a jamais été communiquée !) émanant d’on ne sait qui, vaguement ânonnée par le présidium de cette réunion et « mandatant » le CCI et ses militants, non seulement de nous interdire la parole dans les réunions publiques mais encore de « rompre toute relation politique, personnelle, amicale… avec les membres de notre fraction ». (voir notre texte « Jusqu’où ira le ‘nouveau’ CCI dans l’abandon de ses principes » dans le bulletin 12). Face à cette attitude qui confirmait la dérive sectaire que nous avions identifiée depuis un moment déjà, nous écrivions dans le même texte : « Nous lançons cet appel à tous les groupes, à tous les militants (y compris et surtout à ceux du CCI) et à tous les sympathisants de la Gauche communiste : n'ignorez pas ce qui se passe avec le CCI aujourd'hui ! Intervenez dans vos publications, dans les rencontres que vous pouvez avoir, avec des contacts, etc...

Un nombre important – à l'échelle des faibles forces révolutionnaires d'aujourd'hui - de militants sont entraînés dans une impasse politique et, à terme, dans le désespoir et l'abandon du combat de classe. La dérive actuelle du CCI – quels que soient nos désaccords politiques – ne peut que porter préjudice et discrédit à l'ensemble de la tradition de la Gauche communiste. De pôle de regroupement et de référence politique, le CCI est en train de devenir – c'est inéluctable si le processus actuel va à son terme – un obstacle au regroupement, regroupement compris au sens de discussion et clarification politiques, des forces révolutionnaires. Il devient le parasite de la Gauche communiste. Son repoussoir ». (souligné par nous). Le processus ne pouvait qu’être poussé plus loin, en direction des groupes du camp prolétarien sur lesquels le CCI fera des pressions insistantes afin qu’ils rompent à leur tour toute relation avec notre fraction. L’objectif est simple : il consiste moins, en vérité, à isoler notre fraction, qu’à tenter par tous les moyens d’impulser au sein des groupes de la Gauche communiste, une ambiance de méfiance réciproque, d’enfermement, de sectarisme. Echec. Parce que les groupes du camp prolétarien font preuve sur ce plan d’une maturité et d’une expérience que le nouveau CCI ne pouvait envisager : dorénavant ce sont les enjeux de la situation qui orientent leur intervention et non les manœuvres grossières et mesquines d’un CCI paranoïaque.

- Un camarade de la fraction (militant du CCI jusqu’en 1995) a encore la possibilité d’intervenir puisque aucun fait ne lui est reproché. Qu’à cela ne tienne, on invente une nouvelle règle : avant de pouvoir intervenir sur le thème à l’ordre du jour, on le somme de se prononcer au préalable et publiquement « sur le cas Jonas », et comme il refuse de cautionner les infamies que le CCI déverse sur ce camarade, alors il lui est signifié que dorénavant, il devra se taire.

- Quelques réunions plus tard, comme nous persistons à être présents et à vouloir défendre nos points de vue sur des questions d’analyse politique (voir dans nos bulletins les différents comptes-rendus et projets d’intervention), nous sommes publiquement et « sans discussion possible » (sic !) interdits de présence et déclarés tout aussi publiquement « persona non grata ».

Là où le véritable CCI aurait encouragé, provoqué la discussion publique sur un terrain politique, le CCI actuel fait appel aux plus pitoyables motifs pour justifier sa fuite devant le débat et la confrontation des désaccords.

2. Un pas de plus : fuir les points de vue différents

Le CCI a toujours défendu cet autre principe consistant à rendre compte de ces réunions dans sa presse afin d'informer les lecteurs, de rendre compte des positions qui s'y étaient confrontées, de les commenter, les enrichir ou les critiquer. Ce n'est pas un hasard si les différentes presses territoriales du CCI consacraient une rubrique spécifique, souvent étoffée à ces comptes-rendus de réunions. Cette orientation ressort également clairement des extraits de presse que nous avons reproduits.

Le CCI actuel a fini par renoncer également à la défense de ce principe là. Pire que cela, il affirme au contraire aujourd’hui, que cette pratique est contraire à la tradition communiste. C'est ainsi que la publication de tels comptes-rendus est assimilée à un "acte d'espionnage", "un travail digne des agents des Renseignements généraux !", "une illustration irréfutable d'une démarche policière" et les militants qui "viennent dans nos réunions en remplissant leurs calepins de copieuses notes" sont dénoncés comme des "mouchards ouverts et avérés" qui "mouchardent gratis et de leur plein gré". (RI 338 – septembre 2003 Les réunions publiques du CCI interdites aux mouchards).

Quant aux réunions publiques des autres groupes du milieu, le CCI, sur ce plan aussi, tourne radicalement le dos à la politique qui a toujours été la sienne. Tandis qu’il a toujours combattu dans le passé, y compris dans ses propres rangs, contre les hésitations à affirmer une présence politique régulière dans tous les lieux de discussion et en particulier dans les réunions tenues par les groupes du camp prolétarien, il déserte aujourd’hui ces mêmes réunions, tout aussi « régulièrement », en particulier là où sa nouvelle politique risque d'être dénoncée concrètement... au nom des principes mêmes du CCI et là où la mise en évidence de la trahison de ces derniers ne pourra être démentie par ses membres actuels.

Ces différents exemples, par leur répétition systématique, sont symptomatiques d’une politique consciente et délibérée, d’une orientation visant à évacuer le combat pour la défense de ses positions politiques, le B-A BA pour une organisation révolutionnaire. L’intervention dans les réunions publiques constitue une dimension particulière de l’intervention dans la classe ouvrière. L’abandon de ce terrain d’intervention va de pair avec la politique d’ignorance délibérée et de mépris affiché par le CCI notamment face aux dernières luttes ouvrières en France, en Grande-Bretagne ou en Italie.

Quant aux prétextes mis en avant par le CCI pour justifier sa nouvelle politique, ils apparaissent pour ce qu’ils sont : des arguments fabriqués, ridicules et profondément anti communistes. Le CCI aurait un nouveau principe : le refus de se retrouver face à la fraction. Nous avons, en de multiples occasions (et nous le ferons encore chaque fois que nécessaire), combattus cette attitude justifiée par les pires calomnies, en particulier celle d'être des agents de l'Etat. Mais au-delà de ces discours relevant plus de la paranoïa que d’une saine confrontation politique, une question évidente appelle réponse de la part du CCI : est-ce la seule présence de représentants patentés et avérés de l’Etat bourgeois, comme le sont par exemple les syndicats dans les luttes et manifestations qui explique aussi la nature de l’intervention (ou plutôt de non-intervention !) qu’a choisi d’adopter le CCI ? Est-ce que la seule présence d’indicateurs de la police dans les manifestations interdit au CCI d’être présent dans celles-ci et d’y défendre haut et fort ses positions ? A quand des réunions publiques « secrètes » dans lesquelles le non-débat serait vu comme un signe de haute vitalité. Et le jugement unilatéral -jamais assis sur des faits concrets et d’ailleurs contesté par l’ensemble du milieu prolétarien- du CCI à notre égard suffit-il à justifier l’interdiction faite à notre fraction d’intervenir dans les réunions publiques alors que nous n’avons jamais fait que nous y exprimer lorsque nous le pouvions encore, sur un terrain strictement politique, en respectant le cadre de celles-ci et sans que jamais le CCI ne puisse nous accuser d’avoir tenté de les saboter.

De telles pratiques tournent résolument le dos à la politique de regroupement des forces révolutionnaires telle que le CCI l’a défendue et mise en œuvre pendant ses 30 années d’existence.

3. Encore un pas : prôner la violence contre les points de vue différents

Et lorsque le CCI a l’outrecuidance d’invoquer l’Histoire pour justifier ses contorsions actuelles : « Aujourd'hui comme hier, les organisations révolutionnaires se doivent d'appliquer quelques règles élémentaires d'"hygiène politique" si on peut dire. Et l'une de ces règles consiste justement à chasser les mouchards de leurs lieux de réunion." (RI 338 déjà cité), nous dénonçons violemment la falsification scandaleuse de l'histoire du mouvement ouvrier qui est faite. Il est totalement faux de prétendre que de telles conceptions feraient partie du patrimoine du mouvement ouvrier et des organisations révolutionnaires. Par contre, c’est Staline qui proposait une "médecine de prévention" à base d'interdiction musclée d'oppositionnels aux réunions publiques du Parti.

En totale opposition à de telles pratiques, on trouve au contraire un combat permanent et la dénonciation de telles pratiques comme étant significatives d’une dégénérescence des organisations de la classe ouvrière. Citons Trotsky qui, en réponse à une lettre de Rosmer l’informant qu’un groupe d'oppositionnels hongrois s’est fait copieusement rosser par les staliniens dans une de leur réunion, alors qu’ils étaient venus distribuer un tract pour faire connaître leur existence, propose en décembre 1929 : « Il faudrait commencer une campagne contre les procédés brutaux qu'emploie le parti officiel, non seulement envers les communistes de l'opposition mais même envers les réunions ouvrières socialistes.

Pendantles années de l'émigration, la lutte entre les bolcheviks, les mencheviks et les SR était implacable, mais en même temps on n'a jamais empêché les réunions par la force, ni chassé les vendeurs de la presse adverse, en somme on n'a jamais appliqué les procédés physiques….. il faut gagner le droit sur la violence. On ne peut gagner cette majorité que par la persuasion, non par les pierres, par les poings, les bâtons » (Correspondance Trotsky-A et M Rosmer 1929-1939, collection Témoins-Gallimard).

Assumer le combat politique, ouvertement, publiquement et sans concession en vue d’emporter la conviction, et non pas fuir (et cette désertion peut prendre différentes formes) devant les difficultés du débat, voilà la seule vraie règle élémentaire qui ait jamais été défendue au sein du mouvement ouvrier.

4. Une conception du milieu révolutionnaire étrangère au prolétariat

Aux critères politiques, historiques, "objectifs" de « frontières de classe » et de « milieu prolétarien » fondées historiquement sur une tradition, un programme et des positions politiques, sur une intervention et une expérience, critères que le CCI a contribué à développer et faire vivre pendant plus de 30 années, l’actuel CCI substitue les critères, combien subjectifs et clairement empruntés à la petite-bourgeoisie, de clanisme, de parasitisme, concepts réduits à des caractéristiques et à des capacités personnelles, individuelles, psychologiques telle l'ambition, la jalousie, la haine personnelle ou collective pour déterminer qui est "digne" à ses yeux d'appartenir ou non au camp prolétarien.

Encohérence avec cette démarche, au débat et à la confrontation des critiques politiques, le CCI oppose les condamnations individuelles. Il se lie ainsi les mains et s'ôte toute possibilité de réelle défense politique, celle qui vaut vraiment pour les communistes, tant au plan de la clarification politique, car il n'y a pire réponse que l'ignorance et le silence devant les critiques politiques (2),qu'an plan militant où les membres du CCI se retrouventobligés d'ignorer et de rejeter les rares internationalistesen-dehors d'eux-mêmes (cela améne à dessituations qui seraient cocasses si elles n'étaient,historiquement, dramatiques) comme par exemple dans lesmanifestations de rue au milieu de milliers de pacifistes et denationalistes.

De même, les groupes jusque-là reconnus comme partie du camp prolétarien, de la Gauche communiste, tels le BIPR et le PCI-Le Prolétaire sont subitement assimilés de façon aussi grossière que gratuite à la mouvance altermondialiste (3).

La réalisation concrète, immédiate, de cette politique, fait que le nouveau et principal "critère", celui qui détermine l'appartenance ou non au milieu politique prolétarien, et même l'adhésion au CCI, est devenu le positionnement politique contre notre fraction. Tout élément ou groupe, pour être reconnu par le CCI et admis à sa table de discussion doit impérativement participer activement à l'édification d'un mur de calomnies élevé contre la fraction (4).Tel est le message insinué mais non moins clairement indiquédans les colonnes de ses publications : "Le CCI a pris ladécision d'interdire la présence à sesréunions publiques et à ses permanences des membresde la prétendue 'Fraction interne' du CCI". Onavait bien compris, il est interdit (aux militants, sympathisants….) de se trouver en présence de membres de la Fraction. Cette mise en demeure est suivie d'une note précisant qu'"il s'agit des éléments suivants (….) et éventuellement d'autres, membres de la FICCI qui auraient adhéré récemment et qui soutiennent les comportements des précédents." Quid de tous ceux qui se risqueraient à défendre une quelconque position défendue par notre fraction, ou seraient tentés de remettre en question ou de vouloir contester la politique du CCI à l'encontre de notre fraction depuis plus de deux ans ? C'est ainsi que le CCI fait une publicité internationale, dans ses colonnes, aux courriers de sympathisants dénonçant la fraction sur la seule foi de ce que le CCI actuel veut bien leur en dire, ces « sympathisants politiques » poussant le ridicule jusqu'à reconnaître fièrement qu'ils n'ont jamais lu une ligne de nos bulletins !

Ce sont ces conceptions et cet état d'esprit que divulgue autour de lui le CCI aujourd'hui et qui sont typiques du sectarisme le plus abject dans lequel il s'enfonce. Ces conceptions et cet état d'esprit se manifestent enfin dans sa politique globale qui vise à encourager activement la dispersion, la division et, par conséquent, le discrédit du camp prolétarien alors que la période actuelle appelle plus que jamais à un effort dans le sens du regroupement et de l'unité des forces révolutionnaires.

III. Préserver et défendre une expérience, des principes et une pratique en vue du regroupement au sein du camp prolétarien

Désertion du débat et de la confrontation des positions politiques et par conséquent désertion face à la nécessité d’enrichir, faire vivre et défendre les positions et analyses communistes, refus de traiter des divergences (au plan interne comme à l’extérieur de l’organisation), refus du débat avec les organisations du camp prolétarien, désertion face aux questionnements posés par ses propres lecteurs et sympathisants, sabotage des quelques rares lieux réguliers de débat encore existants (y compris les siens propres), voilà quelles sont les caractéristiques majeures qui ont fini par s’imposer au sein de l’actuel CCI. En ce sens, il constitue le principal instrument de destruction de sa propre histoire, en particulier celle qu’il a contribuée à mettre en œuvre en vue de regrouper les forces révolutionnaires.

Mais c’est aussi et surtout à une véritable trahison des principes et des règles élémentaires du mouvement ouvrier à laquelle se livre aujourd’hui le CCI.

Cette œuvre destructrice, il la développe dans une période qui appelle justement les révolutionnaires à prendre toutes leurs responsabilités et les incite à concentrer leur activité et ramasser leurs forces au service de la classe ouvrière.

A l’heure où les enjeux historiques se précisent, où l’alternative guerre ou révolution devient plus palpable de jour en jour, l’intervention des révolutionnaires, leur combat sont des facteurs déterminants pour que puisse l’emporter la perspective communiste.

La question du regroupement des forces révolutionnaires n’a jamais été aussi actuelle, non pas dans le sens de regrouper dans un même cadre organisationnel toutes les énergies se revendiquant du communisme, mais comme un processus visant :

- à combattre les effets pernicieux de la contre révolution et l’impact de l’effondrement des pays de l’Est qui perdurent encore sous la forme d’idéologies et de campagnes idéologiques orchestrées par la bourgeoisie et qui obscurcissent encore de nos jours la perspective révolutionnaire ;

- à combattre la dispersion des énergies militantes en répondant aux questions qui resurgissent sous l’effet de l’accélération de la situation ;

- à faire réémerger au premier plan toutes les questions vitales auxquelles sera et est déjà confronté le prolétariat, parmi lesquelles : dictature du prolétariat, question du Parti et sa fonction…

- à renouer pour cela avec une expérience pratique de débat, de confrontation permanente des positions et analyses, en développant de vraies polémiques constructives, en établissant clairement une hiérarchie entre les questions prioritaires et celles plus secondaires et en focalisant le débat plus particulièrement sur les premières ;

- à mener le nécessaire combat contre tout ce qui tend à s’opposer, dénaturer ou entraver le caractère nécessairement collectif de la réflexion communiste et notamment toutes les formes d’individualisme petit-bourgeois et de comportements individualistes s’opposant à la construction de véritables organes politiques prolétariens.

C’est donc en premier lieu le contexte objectif de la situation qui impose une politique résolument tournée vers le regroupement. Et c’est dans ce moment là que le CCI actuel a pris l’option non seulement de déserter le combat qui s’impose, mais de tourner le dos à toute la politique et l’expérience de regroupement qu’il a défendue inlassablement jusque-là, et de saboter les efforts qui vont dans ce sens.

Mais c’est aussi, fait aggravant, dans un contexte où ce combat commence à porter ses fruits qu’il choisit de changer de cap. En même temps que s’est opérée la « sélection » des forces révolutionnaires durant les années 1970-80 que nous avons évoquée dans ce qui précède –sans que cela signifie mécaniquement la disparition des idéologies et positions qu’ils véhiculaient- , les positions politiques défendues par les groupes constitutifs de la Gauche communiste ont tendu à s’imposer comme référence centrale.

Phénomène plus positif encore, les groupes du camp prolétarien, et principalement les groupes de la Gauche communiste ont commencé à se réapproprier le besoin de regroupement, à s’inscrire de façon plus conséquente dans ce processus. Ce constat, le CCI l’avait fait lui-même dès septembre 1991. Ainsi, au moment de la guerre du Golfe, le CCI dans un « Appel au milieu politique prolétarien » affirmait : "A la place du total isolement sectaire, nous trouvons aujourd'hui dans les différents groupes une plus grande disposition à exposer leurs critiques réciproques dans la presse ou dans les réunions publiques. Il existe en plus un appel explicite des camarades de "Battaglia Comunista" à surmonter la dispersion actuelle, appel dont nous partageons en grande partie les arguments et les buts. Il existe enfin –et cela doit être encouragé au maximum- une poussée contre l'isolement sectaire, qui vient d'une nouvelle génération d'éléments que le tremblement de terre de ces deux dernières années pousse vers les positions de la gauche communiste et qui restent pantois devant l'extrême dispersion dont ils n'arrivent pas à comprendre les raisons politiques. Nous savons bien que les difficultés sont énormes, et que, pour le moment, la disposition à la discussion –quand elle existe- est très limitée…. Les racines du sectarisme sont trop profondes pour qu'il soit aujourd'hui possible de faire des propositions trop ambitieuses, tant dans leur contenu (travail à la reconstruction du parti) que dans leur forme (par exemple une conférence internationale). Que faire alors pour dépasser concrètement cet état actuel de dispersion ? Il faut favoriser tout ce qui va dans le sens de la multiplication des contacts et des débats entre internationalistes (5).Il ne s'agit pas de cacher les divergences pour rendre possible un"mariage" entre groupes, mais de commencer à exposeret à discuter ouvertement des divergences qui sont àl'origine de l'existence des différents groupes.

Lepoint de départ, c'est de systématiser la critique réciproque des positions dans la presse…. Un autre pas qui peut être fait immédiatement c'est de systématiser la présence et l'intervention aux réunions publiques des autres groupes. Un pas plus important est la confrontation des positions dans des réunions publiques, convoquées conjointement par plusieurs groupes, face à des événements d'une importance particulière comme la guerre du Golfe. Il est clair que tout cela, et en particulier ce dernier point, ne sera pas immédiatement réalisable partout et entre tous les groupes. Même si il n'y a que deux organisations qui réussissent à discuter publiquement de leurs accords et de leurs divergences, ce sera déjà un pas en avant pour le milieu politique internationaliste tout entier, et le CCI appuiera avec conviction de telles initiatives, même s'il n'est pas parmi les participants directs de cette discussion particulière.

Nos propositions peuvent paraître modestes, et en fait elles le sont. Face à des décennies de sectarisme débridé, il est déjà ambitieux de vouloir seulement contribuer à enclencher un processus de confrontation et de regroupement entre internationalistes, mais c'est le seul chemin pour que se fasse le processus de décantation politique et de démarcation programmatique qui conduira les minorités communistes à jouer pleinement leur rôle essentiel dans les batailles de classe qui se préparent. " (Révolution internationale n° 204 – septembre 1991).

Tels étaient les propos défendus par le CCI il y a un peu plus de 10 ans. Ces propos, notre fraction les revendique totalement. Elle en soutien l’analyse, elle défend la validité de l’état d’esprit qui les sous-tend, les principes sur lesquels ils sont fondés. Elle mène le combat dans ce sens y compris et surtout contre la trahison évidente qu’en fait le CCI actuel. Relevons brièvement les signes patents de cette trahison :

- Il y a dix ans seulement, le CCI faisait le constat d’une plus grande maturité des groupes du milieu prolétarien d’« une plus grande disposition à exposer leurs critiques réciproques dans la presse ou dans les réunions publiques ». Aujourd’hui le CCI ne voit dans la presse des autres organisations que flirt avec la bourgeoisie tandis qu’il méprise les analyses qu’ils avancent.

- Il y a dix ans seulement, le CCI s’engageait « Même si il n'y a que deux organisations qui réussissent à discuter publiquement de leurs accords et de leurs divergences, ce sera déjà un pas en avant pour le milieu politique internationaliste tout entier, et le CCI appuiera avec conviction de telles initiatives, même s'il n'est pas parmi les participants directs de cette discussion particulière. ». Mais lorsque notre fraction décidait, en janvier 2002, de s’adresser aux groupes du milieu prolétarien pour les alerter sur la situation de crise que dissimulait le CCI, (non sans avoir, au préalable, avisé les organes décisionnels du CCI par une lettre restée sans réponse) (6) cette démarche fut assimilée à une trahison etfut motif à de nouvelles sanctions à notre encontre. Cen’était d’ailleurs là que le préludeà une nouvelle politique qui allait se déployer, dèslors, tous azimuts. Aujourd’hui le CCI fuit régulièrementles réunions organisées par les groupes du milieu, l’essentiel de ses efforts se concentrant sur l’orchestration de coups spectaculaires destinés à donner des semblants de justificatifs à sa désertion. Il annule ses propres réunions quand les participants ne lui conviennent pas plutôt que d’affronter la discussion.

Sur tous ces plans le CCI a tourné casaque face à ces engagements, il tend à devenir un obstacle à la politique de regroupement.

IV. Conclusion : les tâches de l’heure

Nous avons voulu montrer, dans ce texte, que le CCI actuel est non seulement en train d'abandonner les positions et la politique qui le caractérisaient depuis plus de 30 ans sur la question des relations entre organisations communistes, mais aussi que, en tournant le dos à cette pratique, il est entraîné dans une spirale tendant à le transformer en une lourde entrave au nécessaire débat entre groupes révolutionnaires.

La dérive opportuniste, qui s’est d’abord manifestée ‘en interne’ contre les militants et avant tout contre ceux qui constitueront plus tard la fraction, ne pouvait aboutir (comme notre fraction l’a signalé dès le début) qu'à couper cette organisation de ses fondements politiques.

Il est, pour nous, primordial de sauver de ce désastre les bases politiques qui ont présidé à la constitution du CCI, à son développement qui est passé – et ne pouvait que passer – par le débat et la confrontation politique avec les autres groupes et éléments du camp prolétarien.

Ainsi, c’est la forme transitoire de l’organisation ‘CCI’ qui se ‘décompose’ aujourd’hui et menace ruine, pas le corpus politique qui l’a sous-tendue, même si celui-ci doit être corrigé là où il a été écorné et distordu ou trahi.

Dans un contexte historique qui montre à l’évidence la nécessité des minorités communistes, notre fraction entend bien reprendre à son compte les fondements politiques et les orientations originelles que la direction opportuniste du CCI jette aux orties, ces fondements et orientations qui lui ont permis de travailler utilement et efficacement, pendant plusieurs décennies, au regroupement des forces communistes. Et une chose nous semble plus qu’évidente, c’est que mener cette tâche à bien ne peut se faire justement qu’en lien avec les groupes de la Gauche communiste, dans le débat et la confrontation avec les groupes et éléments isolés du camp prolétarien.

La fraction, dès son émergence, s’est adressée aux groupes de la Gauche communiste parce qu’elle savait qu’une crise de l’ampleur de celle que connaît notre organisation ne peut qu’avoir un impact sur l’ensemble du camp prolétarien, parce qu’elle l’implique, l’engage et risque bien de l’entraver dans sa dynamique pour se hisser à la hauteur de ses responsabilités historiques. Nous continuerons dans cette voie !

Révolution internationale et le "tournant dans la lutte de classe internationale" (WR 269, nov.2003)

Dans le numéro précédent de ce bulletin, nous avons relevé l'incroyable silence des publications du CCI en langue française, Révolution internationale et Revue internationale, sur les luttes ouvrières. Finalement, face aux critiques internes et externes, RI a bien été obligé d'en faire mention dans son numéro d'avril, c'est-à-dire trois mois après les luttes en Italie. Le journal français a donc repris un article de World Revolution et un autre de Rivoluzione Internazionale. Mais visiblement à contrecœur et sans enthousiasme. Le premier touche une série de luttes en Grande-Bretagne mais ne fait pas mention de la grève la plus significative : celle des postiers anglais d'octobre (cf. notre bulletin 23). Le lecteur français de RI n'en sait toujours rien et n'en saura sans doute jamais rien. S'agit-il là d'une erreur ? Ou bien d'une volonté délibérée de sous-estimer, voire de cacher, la valeur des luttes ouvrières actuelles ? Sans nul doute d'une politique consciente comme le montre la reprise par RI de l'article de Rivoluzione.

Cette dernière offre des changements et des suppressions par rapport à la rédaction initiale en italien qui ont une grande signification politique sur la réalité interne de l'actuel CCI et sur les contradictions politiques qui le déchirent. D'une part le titre italien, Une lutte significative, une lutte pleine de leçons, est remplacé par Le syndicalisme de base sabote la lutte. Le premier titre tend à présenter les forces et la dynamique positive des luttes italiennes. Le deuxième souligne les "faiblesses" et l'impuissance des ouvriers. Il y a là deux insistances politiques différentes, deux choix politiques contradictoires. La faction liquidationniste parisienne a consciemment décidé de modifier le titre qui n'était pas à son goût. Sinon pourquoi l'avoir changé ? Mais surtout, c'est la suppression opérée par rapport à la version d'origine qui est significative et qui confirme la volonté de la faction liquidationniste parisienne de sous-estimer les luttes et de nier toute dynamique de reprise internationale des luttes ouvrières. Voici le passage supprimé : "Avant tout, l'importance de ce mouvement est d'un côté dans la combativité qui s'est exprimée, une combativité qui montre que la classe ouvrière est en train de sortir de cette période de reflux de la combativité qui avait suivi l'effondrement du stalinisme et la campagne qui avait suivi sur la fin du communisme" (Rivoluzione Internazionale 134, fév. 2004, traduit et souligné par nous). Sans prononcer le mot "reprise" qui fait réagir violemment la faction liquidationniste, Rivoluzione affirme la "sortie de la période précédente", c'est-à-dire la fin du recul des luttes ouvrières consécutif à 1989. Et c'est exactement avec cela que la faction liquidationniste "est en désaccord". En soi, qu'il y ait des divergences politiques, rien de grave. Mais à condition qu'elles soient clairement posées et discutées, tant en interne que publiquement. Et c'est exactement à cela que la faction liquidationniste s'oppose de toutes ses forces depuis maintenant plusieurs années, même depuis qu'elle est devenue "majoritaire" dans le CCI. C'est pour cela qu'elle ignore, passe sous silence, les luttes ouvrières tant qu'elle le peut, ou qu'elle les déforme. C'est pour cela que RI n'a toujours pas repris non plus l'article de WR 269 de novembre sur Le tournant dans la lutte de classe qui défend, timidement certes, l'existence d'un début de "reprise" internationale des luttes ouvrières.

Ce refus de poser ouvertement, sans crainte, les divergences et les questionnements politiques, légitimes, sont catastrophiques, politiquement catastrophiques. Et quelle illusion de croire qu'en les ignorant, en refusant de les discuter, elles vont disparaître ou bien être dépassées ! Mais n'est-ce pas là la politique menée depuis maintenant près de trois ans tant vis-à-vis de notre fraction que des autres opposants ? Que les militants qui restent fidèles à leurs convictions et aux positions du CCI ouvrent les yeux. Ce n'est que dans la mise sur la table, franche, ouverte, des divergences - qui crèvent les yeux de tout lecteur sérieux et dont les militants sont conscients - et dans la confrontation aux critiques politiques, en particulier celles que notre fraction n'a de cesse de porter, que le CCI pourra arrêter la spirale dans laquelle il est dramatiquement entraîné.

La politique de l'autruche, se cacher la tête sous terre en attendant que "ça" passe, est la pire des politiques.


Notes:

1 Nous avons évoqué cette démarche du CCI qui, àl’époque, n’hésitait pas à mettre en œuvre tous les moyenspour favoriser l’expression publique et ouverte de divergences et provoquer la confrontationdes positions. Démarche qu’il appliquait tout particulièrement aux éléments qui avaient rompu prématurément avec notre organisation. Cf. Bulletin 23, p.20.

2 Contrairement à ce dont essaient de s'auto-convaincre les militants du CCI que nous avons l'occasion de rencontrer, l'ignorance et le silence sont des réponses politiques, tout comme notre exclusion du CCI et notre interdiction de participer à ses réunions publiques. Mais outre qu'elles bâillonnent le CCI et ses militants sur le plan politique, ce type de réponses ne fait qu'accélérer à son tour la dérive opportuniste et l'impuissance politique... du point de vue prolétarien et communiste.

3 Le nombre élevé d'allusions visant à assimiler ces deux groupes à l'altermondialisme fait frémir : "Ainsi, le BIPRpréfère abandonner le concept clef de décadence qui fondait ses propres positions pour lui substituer les concepts en vogue dans le milieu altermondialiste…", "En reprenant des pans entiers de l'argumentation altermondialiste, ces deux groupes de la Gauche Communiste laissent la porte grande ouverte à l'opportunisme théorique envers les analyses gauchistes.", "Malheureusement, à regarder les analyses de la crise proposées par les groupes du milieu politique prolétarien comme le PCInt - Programme Communiste ou le BIPR, force est de constater qu'ils sont loin d'une telle réaffirmation et notamment d'être capables de se démarquer de l'idéologie ambiante véhiculée par l'altermondialisme. Certes, ces deux groupes appartiennent incontestablement au camp prolétarien et se distinguent fondamentalement de la mouvance altermondialiste par leurs dénonciations des illusions réformistes et par la défense de la perspective de la révolution communiste. Cependant, leur propre analyse de la crise est largement empruntée au gauchisme défroqué de cette mouvance."
Citant Programme Communiste n°98 cela inspire encore au CCI cette réflexion lourde de sens : "Voici à nouveau une dénonciation sans appel du capital financier parasitaire qui pourrait plaire au plus radical des altermondialistes" (Revue internationale 115)
On pourrait, ce n'est pas l'objet, rallonger la collection des petites piques visant à caricaturer pour les disqualifier, les positions authentiques et réellement défendues par ces deux groupes.

4 Pour illustrer ces propos nous renvoyons le lecteur à la lettreenvoyée par le CCI au camarade LL (Bulletin 22, lettre du 1/10/03) par laquelle il adresse une fin de non recevoir à ce camarade qui a osé faire allusion aux positions politiques défendues par notre fraction.

5 "Il est évident que les groupes résidus etorganisations de type gauchiste (trotskistes, maoïstes, anarchistes) ne sont pas pour nous des internationalistes. Quant à la myriade de groupuscules qui gravitent en parasites autour des principaux courants du milieu prolétarien, par la dispersion militante et la confusion qu'ils alimentent, ils ne peuvent en rien contribuer dans un tel débat" (note de l'article de 1991 de la Revue internationale). Posons la question : qui, aujourd’hui, organise la dispersion militante et la confusion, si ce n’est le CCI lui-même ?

6 Voir les échanges de courrier à ce propos dans le bulletin 6 de la fraction.


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