Robert Couthier n’est plus ! (1914-2004)
"Pour affronter un tel
désastre (la contre–révolution et la guerre),
il fallait aux militants une loyauté envers le prolétariat,
un désintéressement, un mépris de la popularité
et même, devant les méthodes de voyou de l'adversaire,
un courage absolument sans limites."
C’est par ces mots que le
Parti Communiste International saluait en 1957, dans le n°1 de
Programme Communiste, sa revue théorique, la mémoire
du camarade O. Perrone qui venait de disparaître.
Sans doute le camarade Robert
Couthier, qui vient de nous quitter, n’a pas eu un rôle
aussi marqué dans le combat pour la préservation des
leçons et des acquis de la Gauche durant cette période
de désastre, que des ‘grandes figures’ telles que
O. Perrone !
Il n’en était pas
moins du nombre de ces combattants discrets et anonymes qui ont
contribué à faire vivre les positions authentiquement
communistes dans le plus noir de la contre-révolution.
Robert a rejoint la Gauche
communiste italienne à Marseille pendant la deuxième
guerre mondiale et il est resté internationaliste dans la
tourmente guerrière. Pendant les années de guerre, il a
participé à la création de la Gauche communiste
de France. A la fin de la guerre, de retour à Bruxelles, il a
adhéré à la Gauche communiste belge où il
a milité notamment aux côtés de O. Perrone dans
les années 50-60.
Durant toutes ces années,
il a gardé également le contact avec Marc Chiric (MC)
qui avait émigré au Venezuela. C’est lui qui lui
faisait le service de presse de tous les journaux internationalistes
qui étaient publiés en Europe. Il lui a permis de se
tenir au courant des évolutions du milieu politique
prolétarien. A la création de Révolution
Internationale puis du CCI, il s’est rapproché
de nous, il nous accompagnait et il participait régulièrement
à nos congrès encore il y a une dizaine d’années
avant d’être atteint d’une grave maladie qui le
handicapait.
Nous garderons en mémoire
le militant expérimenté, attentif et à l’écoute
notamment en direction des jeunes militants que nous étions à
l’époque. Nous retiendrons la leçon de cette
constance avec laquelle, comme les quelques rares militants
révolutionnaires de sa génération, il mettait
les intérêts globaux de la classe ouvrière
au-dessus de la ‘renommée’ – la sienne ou
celle de quelque ‘grand dirigeant’-, au-delà des
hauts et des bas, des succès et des échecs de la lutte.
Robert, c’est en partie
grâce à toi, à ta conviction profonde, sans
faille et loin des préoccupations de reconnaissance, que le
fil n’a pas été rompu entre les militants de la
Gauche communiste, comme ceux qui étaient éparpillés
à travers le monde au moment de la disparition
d’Internationalisme en 1952.
C’est aussi en partie à
travers quelques militants de ta trempe que le fil rouge a été
transmis de la génération des anciens aux militants de
la génération qui en 1968, à leur tour, ont été
acquis aux positions de la Gauche communiste.
Robert, nous continuons ton
combat !
Le 28 janvier 2004
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