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Après les luttes ouvrières du printemps dernier, en France, le prolétariat a été amené à engager le combat dans de nombreux pays (Grande-Bretagne, Italie, etc.). Les questions qui se posent à la classe, les défis auxquels elle est confrontée exigent, de la part des minorités révolutionnaires :
- d’analyser le plus clairement possible les tendances générales qui se manifestent dans les luttes.
- de dégager une analyse claire de ce que sont les perspectives à mettre en avant dans la lutte ;
- d’en être partie prenante quand les conditions le permettent ;
- de contribuer à ce que le mouvement atteigne le point le plus avancé possible, du point de vue prolétarien ;
Si, dès les luttes en Argentine 2001-2002, notre fraction avait perçu les signes d'une potentielle reprise, les combats engagés en France au printemps dernier et dans de nombreux pays du coeur du capitalisme depuis lors montrent que nous sommes bel et bien engagés dans cette phase de reprise prolétarienne.
Les questions qui se posent – et se poseront toujours plus – à notre classe méritent toute notre attention, toute notre énergie. Et s’il est nécessaire d’analyser le plus précisément possible les divers épisodes des luttes, les questions et problèmes concrets qu’a posé leur déroulement, cela ne suffit certainement pas. Il est encore indispensable de comprendre ces luttes dans leur contexte, de faire régulièrement le bilan des affrontements pour être en mesure de dégager des orientations générales pour la classe – et mettre en œuvre ces orientations quand et où nous pouvons être présents physiquement.
Au moins deux des groupes importants du camp prolétarien – le BIPR et le PCI-Le Prolétaire – se sont engagés dans cette voie et nous saluons le travail indispensable que ces camarades ont accompli ; travail qui est, au demeurant, une responsabilité essentielle des avant-gardes communistes.
Ces organisations ont entrepris une analyse de ces luttes, chacune avec ses propres conceptions, son propre cadre politique, avec lesquels nous ne sommes pas, inutile de le dire, en accord total. Il n’empêche que, sur la base de ces analyses, elles se sont efforcées de donner des orientations générales à la classe et, quand les conditions leur permettaient, de s’impliquer directement dans ces luttes.
En rendant publiques ces orientations générales et en donnant des informations sur le déroulement de ces luttes – quand ils ont pu y intervenir directement – ces deux groupes ont, en outre, donné la possibilité aux autres groupes et aux ouvriers combatifs non organisés d’abord de s’informer sur ces luttes mais aussi et surtout de s’inscrire dans un débat sur les leçons à en tirer, sur le rôle et la responsabilité des minorités révolutionnaires (et des ‘ouvriers conscients’ pour reprendre l’expression de Lénine) dans la classe ouvrière.
C’est avec l’objectif de s’inscrire dans ce débat que notre fraction prend position sur la dynamique actuelle des luttes et sur l’intervention et l’analyse des groupes du camp prolétarien (voir nos textes sur la reprise internationale des luttes et sur la question de la forme d'organisation des luttes ouvrières ).
C’est, selon nous, une des vertus des phases de luttes de notre classe que de mettre les minorités révolutionnaires face à leurs responsabilités. Les groupes communistes ne sont ni de simples commentateurs de la lutte, ni des activistes à tout crin : ils ont aussi et surtout un rôle d’orientation, de direction politique à assumer dans leur classe. Et cela passe, notamment et qu’on le veuille ou pas, par la confrontation des analyses et des conceptions différentes existant nécessairement entre groupes révolutionnaires (pourquoi constitueraient-ils des organisations différentes s’il n’y avait des conceptions et bases politiques différentes ?). Développer et exposer ces analyses et conceptions est le premier pas. Prendre en compte, critiquer éventuellement, le point de vue et l’activité des autres groupes sur la base de leurs positions réelles et dans un esprit de fraternité communiste (1), c’est le second pas et nous nous y engageons à travers nos prises de position par rapport au PCI et au BIPR. Nous sommes convaincus que les camarades de ces organisations prendront en compte et critiqueront, à leur tour, nos prises de position.
Il arrive aussi que les analyses, prises de position et attitudes d’un groupe politique ne requièrent pas la critique mais bel et bien la dénonciation, le rejet. Il s’agit alors d’un combat politique de première importance que les minorités communistes ont la responsabilité de mener contre la pénétration de l’idéologie ennemie dans notre camp. Le CCI est aujourd’hui la parfaite illustration de ces groupes politiques dont les analyses, les attitudes et la désertion des luttes ouvrières nécessitent que les organisations communistes les rappellent aux conditions minimum de ce qu’est le rôle des organisations communistes. C’est ce qu’est amené à faire le PCI, après que notre fraction l’ai fait depuis plus de deux ans.
Pour contribuer à éclaircir les cerveaux passablement embrumés des camarades de notre organisation (le CCI, s’entend !) nous publions un texte sur les incohérences des prises de position du CCI sur les luttes ouvrières de ces derniers mois ainsi qu’une critique (rapide, mais cela valait-il plus ? !) de l’éditorial de la Revue internationale n°116. Les camarades pourront se faire une idée, s’ils ne peuvent lire tous les organes de presse du CCI, à quel point la maladie opportuniste est déjà avancée dans cette organisation.
Le lecteur trouvera aussi un texte sur la conception du regroupement tel que l’entend le vrai CCI. Basé essentiellement sur des citations de cette organisation depuis ses origines jusqu’aux années 80, ce texte montre ce qu’a toujours été sa véritable conception du regroupement, du débat entre et au sein des groupes révolutionnaires. Notre fraction reprend le flambeau de cette conception aujourd’hui rejetée par le CCI, non seulement au plan théorique mais surtout au plan le plus pratique et le plus concret.
7/2/04
En post-scriptum de cette présentation, nous voulons encore une fois nous adresser directement aux membres du CCI. Nous savons que vous ne pouvez pas ne pas avoir vu l’incohérence qui gagne notre organisation. Le CCI qui, pendant tant d’années, a été à la pointe de la compréhension des phases de luttes ouvrières en est aujourd’hui à publier presqu’autant d’analyses qu’il y a de sections. L’organe théorique de notre organisation, la Revue internationale, n’a absolument rien à dire sur les formidables luttes qui se mènent actuellement. Rien sur les grèves en Grande-Bretagne, ni même, plus grave encore, sur les grèves encore plus importantes en Italie. Indépendamment de ce qu'on vous a fait voter sur nous, indépendamment de ce que vous pouvez penser sur notre supposée indiscipline, indépendamment donc de ce qui nous "sépare" aujourd'hui sur le plan organisationnel, vous ne pouvez pas ne pas voir l'incohérence des orientations sur la situation internationale, et en particulier sur les luttes importantes que mène aujourd'hui notre classe. Certains d'entre vous sont d'ailleurs tout à fait conscients de la dérive sur ce plan-là. Pour notre part, nous sommes prêts à lutter avec vous, comme fraction du CCI que ce soit au sein du CCI ou en dehors. Si vous êtes honnêtes avec vous-mêmes, camarades, vous savez que les orientations sur la situation, en particulier sur les luttes ouvrières, que défend la fraction sont celles du CCI. Les défendre dans le même sens est un devoir face à leur abandon chaque jour plus évident. Dans un premier temps, on a assisté à une trahison de la part de la faction liquidationniste de nos principes organisationnels qui a mené à une politique d'élimination des militants en divergence. Dans un second temps, on assiste à un enfoncement dans le sectarisme le plus crasse, indigne d'une organisation communiste, qui ne cesse de se manifester surtout par une politique sciemment destructrice vis-à-vis des groupes sérieux du camp prolétarien. Aujourd'hui, face aux formidables luttes ouvrières qui se développent depuis des mois, notamment en Europe, et qui sont de plus en plus ouvertement des manifestations d'une reprise ouvrière tant attendue depuis 15 ans, c'est une politique de mépris, et même de trahison que votre direction actuelle vous impose. La volonté destructrice du liquidationnisme s'est d'abord affirmée contre les militants, puis contre les groupes du camp prolétarien, et maintenant contre les ouvriers qui combattent. Aux camarades qui sont conscients de la dérive politique, nous posons la question : allez vous laisser sans réagir le processus de liquidation des acquis politiques et théoriques du CCI aller à son terme ? Allez-vous laisser sans réagir, ne serait-ce qu'une seule fois, le processus de destruction des convictions et de la conscience des militants et des sympathisants aller à son terme ? Allez-vous laisser, sans n'avoir rien fait, disparaître l'organisation que nous avons construit pendant plus de 30 ans ensemble ? 07/02/04 |
1. Signalons au passage que, sans partager certaines des idées qui y sont développées, nous considérons la ‘Réponse à une polémique’ du PCI, parue dans le n°470 du journal Le Prolétaire comme une expression de débat sain et fraternel. Le Prolétaire ne fait que constater certaines dérives gravissimes et les dénoncer pour telles. A l’inverse, la ‘polémique’ du CCI à laquelle répondent les camarades est non seulement vide de tout contenu politique mais surtout injurieuse et scandaleusement malhonnête. En fait, comme la fraction l’avait prédit, les liquidationnistes appliquent maintenant les mêmes méthodes de’ petites frappes’ aux groupes du camp prolétarien après les avoir appliquées à notre fraction.
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