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Nous publions deux documents parus dans l’Étincelle
en 1932 qui apportent une clarification quant à la méthode
qu’une organisation révolutionnaire digne de ce nom se
doit d’utiliser quand elle cherche à se prémunir
contre les dangers que peuvent lui faire courir des agents
provocateurs infiltrés en son sein.
L’Étincelle
a été l’organe politique de la Fraction de Gauche
dans laquelle militaient Treint, Nelly Rousseau, Barré, MC,
Sarah Saphir-Lichnevsky, etc.. après leur exclusion de la
Ligue communiste (en voie de trotskisation).
Les deux documents
ont été publiés dans ce journal en exergue l’un
de l’autre afin de montrer que les méthodes staliniennes
peuvent être très facilement reprises par ceux-là
même qui en ont souffert et s'adressaient, par exemple, à
l’Opposition de Gauche Internationale qui, si elle n’y
prenait pas garde, pouvait se retrouver dans ce type de situation.
Le premier document décrit la méthode stalinienne au
moment de l’ “ affaire Barbé-Ceylor ”
(1).
“La
méthode de la fraction staliniste, qui, elle, se soustrait au
contrôle de la base du parti et de la classe ouvrière,
qui trompe journellement, qui falsifie les documents, qui emploie la
lutte physique, qui recourt à la politique d’extermination
des vrais communistes, qui les calomnie et les fusille, cette
méthode-là ouvre largement la porte à tous les
éléments malhonnêtes, arrivistes, bureaucrates et
aussi policiers. Le bon militant n’est pas celui qui dit toute
sa pensée à son parti, à sa classe, mais celui
qui répète docilement, sans comprendre, et qui souvent
défend les opinions qu’il ne partage pas. Le policier
n’a qu’à crier plus fort que les autres contre le
‘trotskisme’ pour qu’une entière confiance
lui soit faite. ” (Sarah)
Le deuxième revient sur la méthode du mouvement ouvrier pour confronter les déviations et notamment pour ne pas céder aux querelles de personnes en cas de problèmes ou crises politiques au sein d’une organisation révolutionnaire.
“La méthode staliniste consiste à inventer des divergences pour ne pas avoir à répondre sur les divergences réelles et pour transformer le débat politique en querelles de personnes où l’adversaire défend ‘des intérêts purement personnels’. (souligné par nous) Ces méthodes sont universellement connues. L’opposition de gauche en est la victime constante et, avec juste raison, les dénonce vigoureusement. Mais ces pratiques se retournent toujours contre ceux qui les emploient et c’est par milliers que les ouvriers révoltés par ces méthodes se sont détournés des centristes. ( …) Dans la mesure où se manifestent de telles tares, héritage du centrisme dans ses rangs, l’opposition de gauche a le devoir urgent de les combattre publiquement avec la dernière énergie afin d’extirper la lèpre des méthodes staliniennes. L’article de la Vérité sur Mill nous a incités à faire une fois de plus ce petit rappel ” (Marc).
Ce retour sur la méthode du mouvement ouvrier est d’autant
plus important que MC (rédacteur de l’article en 1932) a
rédigé, dans les années 1980, le passage
rappelant l’histoire de Mill dans la brochure du CCI sur
l’histoire de la Gauche communiste dans laquelle il considère
Mill (2)
comme agent stalinien. Et malgré tout cela il rappelle la
seule méthode qui consiste à ne pas réduire les
problèmes à des questions de querelles personnelles.
Ce
rappel est d’autant plus urgent que les lecteurs vont pouvoir
mesurer l’énorme écart qui existe entre
l’attitude du CCI actuel contre notre fraction et les méthodes
du mouvement ouvrier, en particulier celles défendues par MC
dont le CCI nouvelle manière ose se réclamer. Ce
dernier a traité et accusé publiquement le camarade
Jonas, militant de la première heure de l'organisation,
aujourd'hui membre de notre Fraction, de flic, sans être
capable d'en fournir la moindre preuve et a exclu les autres membres
de celle-ci sous prétexte, entre autre, qu'ils seraient des
agents indirects de la police.
Le “liquidateur en chef”
(CG) ne cesse de se revendiquer des "confidences"
(politiques, bien sur !) que lui faisait MC. Nous nous sommes
déjà prononcés sur cette ridicule fatuité
dans un dernier texte de la fraction publié dans un Bulletin
interne du CCI en disant que c’était la méthode
du “MC-m’a-dit ”…. à l’oreille !
Nous, nous nous contentons de la méthode du “MC-a-écrit”
qui est autrement plus fiable et plus politique.
Le CCI se cache
derrière “la défense de l’organisation”.
Croit-il défendre l’organisation par une méthode
empruntée à Staline ? Il fait grandement fausse
route en continuant sur cette voie. Par contre, en ce qui nous
concerne, nous appuyons la seule méthode possible qui est la
méthode politique de discussion ouverte. Et, à force de
crier au loup comme il le fait constamment depuis 2001, c’est
au résultat inverse qu'aboutit le CCI d'aujourd'hui.
“La
lutte contre la provocation fait partie intégrante de la lutte
de la classe ouvrière contre la bourgeoisie. Elle n’est
efficace que dans la mesure où toute la politique et les
méthodes sont justes. Le centrisme, sur ce domaine aussi, par
sa politique et ses méthodes fausses, affaiblit l’action
du prolétariat au bénéfice de la bourgeoisie.”
Et Sarah de nous rappeler enfin que ce sont souvent “ les
policiers (qui) crient (au loup) pour gagner la confiance et, plus
encore, pour satisfaire leur haine réelle et profonde contre
l’opposition de gauche, foyer du communisme.”
La
fraction, août 2003
On a chassé du parti un flic à
100% mangeur de ‘Trotskisme’; Un nouveau provocateur
vient d’être chassé du parti : Ceylor. Le
parti est content de son geste et il dit : Le parti se défend
et la classe ouvrière peut être fière et avoir
confiance en lui. Malheureusement, la classe ouvrière, ou en
tout cas son élite, commence à s’apercevoir que
le parti lutte très mal contre l’infiltration de la
police. Les vieux militants surtout se souviennent que du temps où
le parti défendait la politique juste de Lénine, la
police avait beaucoup plus de difficultés à tromper le
parti…
Aujourd’hui il est facile à quiconque
de devenir secrétaire de cellule, de rayon ou même
d’occuper un poste important à la direction, les
meilleurs militants ayant été exclus ou l’ayant
quitté découragés.
Les ouvriers voient que
pour remplacer les camarades qui par leur longue activité sont
connus et ont gagné la confiance des masses, on choisit ceux
qui se soumettent docilement à l’appareil dirigeant.
Ainsi se sélectionne une direction d’ignorants,
d’incapables et de bureaucrates arrivistes… Quoi
d’étonnant à ce que la Tour Pointue parvienne
plus facilement à faire pénétrer ses hommes.
La
direction centriste fut tellement frappée par l’affaire
Ceylor qu’elle a senti le besoin de s’expliquer et de se
justifier devant les masses ouvrières et les militants. As
après as, chacun fit son petit réquisitoire. Pour cette
besogne, on repêcha même Barbé. Pour couvrir sa
responsabilité écrasante, la direction eu recours à
des diversions infamantes. C’est la faute aux fractions
(sous-entendu à la fraction de gauche), disent-ils l’un
après l’autre, répétant leur maître
Staline. Alors la trahison policière de Bessédovsky,
homme de confiance de Staline, qui remplace le
‘contre-révolutionnaire’ Rakovsky, à qui
donc en incombe la responsabilité ? Et la trahison policière
d’un Agabekov, autre homme de confiance qui remplace Blumkine
fusillé sur ordre de Staline ?
Tous les révolutionnaires
savent que la provocation fut toujours l’une des armes
employées par la bourgeoisie contre le mouvement
révolutionnaire. L’histoire est pleine de ces exemples.
La spéculation du Populaire voulant faire une campagne
de dénigrement contre le communisme est l’une des tâches
de la social-démocratie. En effet, le parti S.F.I.O., en tant
que parti défenseur des intérêts de la
bourgeoisie, n’a pas à souffrir de la provocation
policière, la bourgeoisie ne se provoque pas elle-même ;
et si la police se trouve dans les rangs des S.F.I.O., c’est à
titre de membres amis et honorés. Dans le parti S.F.I.O., les
Noske n’ont pas besoin de se masquer. La lutte contre la
provocation appartient aux révolutionnaires et les fidèles
serviteurs de la bourgeoisie n’ont qu’à se taire.
Mais, entre révolutionnaires, nous avons le devoir de montrer
quelle politique et quelle méthode facilite la pénétration
policière ; et les faits sont là pour prouver.
La
méthode de la fraction staliniste, qui, elle, se soustrait au
contrôle de la base du parti et de la classe ouvrière,
qui trompe journellement, qui falsifie les documents, qui emploie la
lutte physique, qui recourt à la politique d’extermination
des vrais communistes, qui les calomnie et les fusille, cette
méthode-là ouvre largement la porte à tous les
éléments malhonnêtes, arrivistes, bureaucrates et
aussi policiers. Le bon militant n’est pas celui qui dit toute
sa pensée à son parti, à sa classe, mais celui
qui répète docilement, sans comprendre, et qui souvent
défend les opinions qu’il ne partage pas. Le policier
n’a qu’à crier plus fort que les autres contre le
‘Trotskisme’ pour qu’une entière confiance
lui soit faite. Le seul mérite d’un Ceylor, d’un
Bessédovsky, d’un Agabekov était leur haine
farouche de l’opposition de gauche. Et cela suffisait au
centrisme pour les appeler à des postes importants sans
s’occuper un instant de leur passé sombre et louche. Les
policiers crient pour gagner la confiance et, plus encore, pour
satisfaire leur haine réelle et profonde contre l’opposition
de gauche, foyer du communisme.
La lutte contre la provocation
fait partie intégrante de la lutte de la classe ouvrière
contre la bourgeoisie. Elle n’est efficace que dans la mesure
où toute la politique et les méthodes sont justes. Le
centrisme, sur ce domaine aussi, par sa politique et ses méthodes
fausses, affaiblit l’action du prolétariat au bénéfice
de la bourgeoisie.
Sarah
La Vérité du 20
octobre revient sur l’exclusion de Mill de la Ligue. En effet,
le cas Mill, comme celui de Gourget, mérite qu’on s’y
arrête sérieusement pour en tirer les enseignements.
La
Vérité se plaît à mener une
campagne contre Mill en tant qu’individu et explique sa
capitulation par ses ‘intérêts purement
personnels’, cachant ainsi le cratère politique de la
capitulation de Mill, et le caractère de la capitulation en
général en tant que manifestation politique.
La
méthode staliniste consiste à inventer des divergences
pour ne pas avoir à répondre sur les divergences
réelles et pour transformer le débat politique en
querelles de personnes où l’adversaire défend
‘des intérêts purement personnels’. Ces
méthodes sont universellement connues. L’opposition de
gauche en est la victime constante et, avec juste raison, les dénonce
vigoureusement.
Mais ces pratiques se retournent toujours contre
ceux qui les emploient et c’est par milliers que les ouvriers
révoltés par ces méthodes se sont détournés
des centristes.
L’opposition de gauche qui connaît les méfaits causés par ces méthodes, qu’elle a dénoncées la première, doit bien se garder de les employer, même partiellement.
Dans la mesure où se manifestent de
telles tares, héritage du centrisme dans ses rangs,
l’opposition de gauche a le devoir urgent de les combattre
publiquement avec la dernière énergie afin d’extirper
la lèpre des méthodes staliniennes.
L’article
de La Vérité sur Mill nous a incités à
faire une fois de plus ce petit rappel.
Mill est venu à
l’opposition de gauche en 1929 pendant le crochet
‘ultra-gauche’ de la ‘Troisième période’.
Mill retourne au centrisme au moment où s’effectue le
crochet de droite. C’est clair. C’est simple. Le côté
psychologique de la capitulation de Mill n’a aucun intérêt
pour nous et ne constitue rien d’important ni de décisif
dans cette affaire. Nous laissons à La Vérité
cette noble tâche de fouiller dans l’âme de Mill et
d’analyser son caractère. Nous voyons, nous, le
capitulard politique et sommes parfaitement à l’aise
pour en parler…
Mill, dès son entrée dans
l’opposition, défendait des positions politiques
pro-centristes et ceci dura deux ans en plein accord politique avec
les dirigeants de la Ligue. Il est ridicule d’écrire
comme le fait La Vérité qu’il fut appelé
au poste responsable de secrétaire permanent de l’opposition
internationale seulement à cause de sa connaissance de la
langue russe. On ne fait ainsi que ridiculiser l’opposition
internationale et rien de plus. Le poste responsable attribué
à Mill était la résultante des positions
politiques défendues par ses amis et lui. Quelles étaient
ces positions ? C’était la politique du soutien
enthousiaste du tournant de la bureaucratie centriste de 1930.
C’était la politique de l’atténuation de la
critique envers le centrisme, c’était la politique des
liquidateurs.
Oui, la Vérité a raison de parler
d’erreurs commises par les sections et, en premier lieu par la
section russe. Mais il ne s’agit pas d’erreurs
d’appréciation personnelle mais exclusivement
d’appréciation politique. Les sections qui ont soutenu
politiquement Mill - comme la Ligue – ou qui n’ont pas
accordé assez d’attention à ses positions
politiques – comme la section russe – portent une lourde
responsabilité. Il s’agit bien plus que d’une
légèreté dans le choix d’une personne, il
s’agit d’une grande légèreté
politique.
Mill fut évincé du secrétariat
dans les mêmes conditions. Aucune explication politique mais
des reproches d’ordre moral et personnel. On a ainsi permis, on
a couvert le glissement dangereux de Mill vers la capitulation sans
dénoncer Mill, sans l’obliger à s’expliquer
publiquement. Il n’y a rien de si nuisible que le monolithisme
apparent et superficiel. La crainte d’une discussion publique,
au cours de laquelle apparaîtraient les divergences qui se font
jour à l’intérieur, amène à
l’étouffement de toute discussion sérieuse. On
trompe les sympathisants par un faux monolithisme et ils ne
comprennent plus rien quand surviennent des séparations, des
départs, des capitulations, des exclusions. Ainsi, la vie
intérieure politique de l’organisation se trouve
stérilisée. Ainsi l’organisation va de surprises
en surprises, d’aventures en aventures. C’est ce qui se
passe sous nos yeux dans la Ligue.
A notre départ de la
Ligue, nous avons dénoncé de toutes nos forces le germe
de capitulation qui existait en la personne de Gourget, en celle de
Mill et dans tout le groupe liquidateur. L’opposition
internationale s’est complaisamment tue ; la section russe et
le camarade Trotski également ; seule la fraction de gauche
italienne a montré sa compréhension en défendant
une position proche de la nôtre ; tandis que la direction
de la Ligue soutenait politiquement Mill et ses camarades, dénonçant
avec eux ‘notre tendance au deuxième parti’, nous
traitant de contre-révolutionnaires parce que nous avions osé
parler et écrire sur les difficultés en U.R.S.S. sans
falsifier notre pensée comme la Ligue falsifia la Lettre de
Moscou, sans atténuer notre pensée pour éveiller
un plus large écho.
C’est d’accord avec Mill et
ses camarades que la direction de la Ligue a votés contre les
contre-thèses opposées aux thèses du 7e
congrès du parti français et c’est en prenant la
défense des liquidateurs dont l’un vient de capituler
que Frank nous disait à la commission exécutive : "Vous
êtes plus dangereux qu’eux" et que Blasco
renchérissait : "C’est plutôt vous qu’il
faut exclure".
Ainsi le tableau est net : La position
inconsistante de la Ligue en ce qui concerne l’appréciation
du centrisme, la position de critique atténuée traduite
dans la formule : le parti c’est quand même le parti
(Frank), la lutte contre ceux qui veulent vraiment combattre le
centrisme à fond sans rien taire ni atténuer, le tout
accompagné d’un faux monolithisme et d’un régime
bureaucratique intolérable font de la Ligue un terrain où
germe la capitulation présente et future, où le chef
d’hier devient subitement le capitulard
d’aujourd’hui.
L’opposition doit se débarrasser
au plus vite des courants qui préparent la capitulation. Elle
ne peut le faire qu’en donnant une appréciation exacte
du centrisme et des rapports entre la fraction de gauche et le
centrisme qui domine le parti.
Faire cela, ce serait un grand pas
en avant qui permettrait de rallier et d’unifier nationalement
et internationalement toute l’opposition sur une plateforme
juste et précise. Ne pas le faire, c’est courir aux
pires catastrophes. Il s’agit de vie ou de mort pour
l’opposition internationale.
Marc
Notes:
1 “L’affaire”, montée de toute pièce en parfait procès stalinien, éclate au printemps 1931, il s’agit de renouveler la direction du PCF et d’éliminer des “brebis galeuses”. A la suite de cette affaire, la direction qui émerge sera celle qui fera le Front populaire et trois de ses membres seront encore à la tête du parti à la mort de Staline. Après un véritable procès en sorcellerie, les dirigeants de l’Internationale font basculer l’affaire dans le domaine policier : exit Barbé et Ceylor de la direction du parti. (pages 349 et suivantes du tome 1, Histoire intérieure du PCF, P. Robrieux).
2 “d’abord l’opposition pense que Mill ‘capitule’ devant le stalinisme puis il s’avère être un agent stalinien infiltré.” (page 283 de la brochure du CCI, La gauche communiste d’Italie – complément). Ce dernier a fait avec Mill route, dans les années 20, depuis la Palestine jusqu’à Paris. Tous les deux avaient quitté la Russie du fait des pogroms des armées blanches contre les Juifs de l’ex empire russe. Marc déclarait, en outre, que Mill était ensuite retourné tranquillement en URSS où il n’avait nullement été inquiété. Il nous avait indiqué qu’il avait encore était vu vivant dans ce pays après la guerre dans les années 40.
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