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Tous ensemble ! Ce célèbre slogan des grèves de 1995 est aujourd'hui d'une brûlante actualité. C'est aujourd'hui qu'il faut le reprendre et le lancer à tous.
Tous, nous sommes face à une attaque sans précédent sur nos conditions de vie et de travail. C'est la généralisation et la systématisation de la pauvreté que la classe dominante et son Etat nous préparent et veulent nous imposer. A tous les ouvriers, employés, salariés, du public, du privé, actifs, à la retraite ou au chômage.
La baisse incroyable et brutale des retraites, la multiplication des fermetures d'entreprises et des licenciements, la généralisation de la précarité, les augmentations tout aussi brutales des cotisations retraite et maladie, et donc la diminution réelle de nos salaires déjà bloqués, la remise en cause des conditions de travail spécifique (horaires atypiques, cadences, pauses, etc...), les pressions quotidiennes sur les lieux de travail (et nous en passons) que nous vivons tous, sont une attaque sans précédent. Et d'ores et déjà, on nous annonce que ce ne sont que des mesures temporaires qui devront être aggravées demain. N'annoncent-ils pas déjà le passage à 42, voire 44, annuités pour avoir une retraite à taux plein dès 2008 ? N'annoncent-ils pas de nouvelles fermetures d'entreprises et de nouveaux licenciements ? N'annoncent-ils pas la fin des remboursements de nombreux médicaments ? Et soyons sûrs que de nouveaux plans de ce genre attendent dans les tiroirs du gouvernement.
Voilà ce qu'ils essaient de faire passer en France. Voilà ce qu'ils essaient, ou ont déjà réussi à faire passer dans tous les pays.
Partout, la classe capitaliste et son Etat nous font payer leur crise économique et nous font payer leurs guerres. En France, la baisse de nos salaires et de nos retraites leur servira entre autre à payer la construction de nouveaux porte-avions, de sous-marins nucléaires et de celle d'une "armée européenne" pour rivaliser avec les Etats-Unis. En fin de compte, ils ont besoin de nos sacrifices et de notre soumission totale pour pouvoir engager l'humanité dans une nouvelle conflagration générale, seule issue à la crise économique mortelle et insoluble de leur système. Voilà la réalité du capitalisme tant en France que partout dans le monde.
Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins. Croire que nous pouvons chacun dans notre coin, comme individu, ou comme salarié de tel ou tel secteur ou entreprise, s'en sortir individuellement en espérant que ce n'est qu'un mauvais moment à passer, qu'après cela ira mieux, est une illusion catastrophique. Il n'est qu'une voie, qu'une "solution" pour les faire reculer : la lutte collective, le "tous ensemble", public et privé, toutes corporations et secteurs ensemble et unis. Il n'y en a pas d'autres.
Nous savons bien que non. Les journées d'action étalées dans le temps, et secteur par secteur, chacun dans son coin et à tour de rôle, sont déjà planifiées jusqu'à la fin mai. Déjà des mouvements sectorielles ont lieu depuis plusieurs semaines à l'Education Nationale et maintenant à La Poste, mais chez les seuls facteurs parisiens isolés. Chacun avec des revendications spécifiques et des dates différentes. Voici les journées d'action à venir que nous connaissons (il y en sûrement d'autres) :
- le 6 mai, journée d'action dans l'Education nationale ;
- le 6 mai aussi, autre journée d'action à la Banque de France ;
- le 13 mai, journée d'action de tous les secteurs sur les retraites à l'appel de tous les syndicats. Mais nous savons déjà, c'est "officiellement" prévu et annoncé, que la CFDT signera la "réforme" dès la première "concession" du gouvernement et que cette journée risque d'être sans lendemain ;
- la CGT appelle à une grève des Centres de tri de La Poste le 22 mai... quand la grève des facteurs parisiens se sera depuis longtemps épuisée ;
- enfin la CGT prévoit dès aujourd'hui une manifestation le 25 mai sur les retraites.
Les syndicats et le gouvernement ont déjà balisé le terrain et fixé les échéances espérant empêcher toute initiative réellement ouvrière. Ils se sont partagés le travail entre la CFDT qui va "accepter" la réforme, la CGT soit-disant "plus combative" qui va organiser des journées secteur par secteur, et les autres syndicats qui vont se joindre à l'une ou l'autre malgré leurs "divergences". Les syndicats d'accord et unis entre eux vont maintenir notre division public-privé, secteur par secteur, service par service. Les syndicats d'accord et unis ont déjà fixé les "dates" et les échéances qu'ils comptent bien imposer à l'ensemble de la classe ouvrière afin de nous épuiser dans des grèves et manifestations sans perspective d'unification, sans de "tous ensemble", et donc sans efficacité. Arrivera le vote au parlement sur les retraites et puis la période d'été. Nous aurons alors été incapables de mener une lutte tous ensemble, ceux d'entre nous qui auront fait plusieurs grèves seront épuisés et tous nous serons démoralisés et découragés devant notre impuissance. Et toutes les attaques passeront.
Voilà le programme que nous préparent main dans la main le gouvernement et les syndicats.
Partout sur les lieux de travail, secteur public-secteur privé, quand c'est possible, il faut tenir des assemblées et il faut entrer en lutte en cherchant à l'étendre au plus vite aux autres services, aux autres secteurs, aux autres usines, aux autres corporations et services publics.
Quand ce n'est pas possible, il ne faut pas hésiter à se réunir, même si nous sommes une petite minorité, et pousser, convaincre nos collègues de l'urgence de réagir "tous ensemble". Et même si nous sommes minoritaires, en petit groupe, en petit "comité de lutte", il faut aller prendre contact dans les autres lieux de travail, services, entreprises, secteurs et corporations afin de préparer ensemble, unis, la lutte et son extension.
A nous d'aller contacter et de tenir des assemblées communes afin de faire de nos luttes, une seule lutte. Tous, nous subissons des attaques similaires, unifions nos revendications.
Contre la baisse des retraites et, avec elle inévitablement, des salaires, contre les licenciements et les réductions d'effectifs, voilà les revendications principales sur lesquels nous pouvons tous nous unifier, privé-public, actifs-chômeurs-retraités-précaires, et imposer un nouveau rapport de force qui fasse suffisamment peur à la classe dominante et à son Etat pour qu'ils reculent.
A nous de construire le "tous ensemble". Personne ne le construira à notre place.
Tous ensemble, mobilisons-nous !
Tous ensemble, devenons des "militants" actifs de la lutte collective et unie !
Tous ensemble, rejetons les attaques du capital contre nos conditions de vie !
(30 avril 2003)
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