Home | Bulletin Communiste FICCI 18 | 

Introduction au bulletin 18 de la fraction interne du CCI

Ce bulletin porte le numéro 18. Les 16 et 17 ont été envoyés aux militants du CCI. Le 16 est un bulletin de préparation du congrès du CCI qui regroupe nos textes préparatoires pour cette échéance - indépendamment du fait que le CCI ait refusé de nous réintégrer pour que nous puissions y participer confirmant ainsi notre exclusion (cf. l'échange de correspondance publié dans ce bulletin) - dont notre "rapport d'activité", en fait la présentation du numéro 13 du bulletin, et notre "rapport sur la situation internationale" qui est le texte « Une nouvelle période s'ouvre » paru dans le bulletin 14.

Notre bulletin 17 est la deuxième partie de l'Historique du SI qui, à partir des notes du Secrétariat international de 1996 jusqu'au 14e congrès de mai 2001, met à bas les théories fumeuses sur l'existence d'un "clan aux méthodes nazis et staliniennes dont les membres étaient jaloux du militant Peter-CG" et retrace concrètement, sur la base de faits vérifiables et vérifiés - sauf à remettre en cause la réalité de ces notes ce que le CCI se garde bien de faire -, la genèse de la crise. Cette deuxième partie commence aussi à tirer quelques leçons politiques organisationnelles sur lesquelles nous aurons sans doute l'occasion de revenir. Pour l'instant, nous continuons à estimer qu'il ne convient toujours pas de rendre ce texte disponible pour tous. Nous ne tenons pas à ce qu'il soit repris par toute la mouvance "anti-parti" et conseilliste pour jeter un discrédit supplémentaire à la Gauche communiste. Le CCI actuel a fait, et continue à faire, suffisamment de dégâts comme cela.


Depuis une semaine, la guerre en Irak a éclaté après plusieurs mois d'un violent affrontement diplomatique entre les grandes puissances impérialistes et le développement d'une immense campagne pacifiste internationale. La tâche de l'heure consiste à répondre à la situation de guerre impérialiste que nous impose la bourgeoisie. La question est cruciale du fait de l'importance qu'y accorde la bourgeoisie elle-même. Tout le monde a pu noter l'immense battage "pour la paix" relayé par tous les médias.

La question que les authentiques forces révolutionnaires doivent se poser aujourd'hui est la suivante : pourquoi la classe dominante fait-elle ce battage assourdissant ? Pour nous, la réponse est évidente. Elle sait, par expérience, que toute situation de guerre est potentiellement dangereuse pour sa domination de classe. C'est pourquoi elle se doit de prendre ses précautions et de mettre en place des pare-feu efficaces comme cela a déjà été fait au cours des 2 premières guerres mondiales.[1] Rappelons-nous que les campagnes pacifistes ont joué un rôle déterminant dans le désarmement idéologique de la classe ouvrière avant chacune des deux guerres mondiales :

- avant 1914, avec tout le débat autour de la "grève générale" dans les partis sociaux-démocrates et, en France, avec le pacifisme illusoire de Jaurès ;

- et avant 1939, à travers la confrontation entre les "munichois" et les "anti-munichois" qui, comme aujourd'hui, opposait les "défenseurs de la paix" et les "fauteurs de guerre". Cette offensive idéologique a si bien réussi que la majeure partie de la Fraction italienne s'est laissée berner et a théorisé, avec Ottorino Perrone (Vercesi), l'idée que la guerre mondiale n'était plus à l'ordre du jour depuis 1937-38 (il n'y avait eu que des conflits locaux : Abyssinie, Mandchoukuo, etc..) et que la bourgeoisie avait réussi à solutionner sa crise économique sans avoir recours à la guerre généralisée. Le pacifisme a montré là son efficacité redoutable puisqu'il a réussi à désarmer la partie la plus consciente et aguerrie de notre classe : la Gauche Communiste Internationale (GCI).

Face à la situation de guerre impérialiste que nous vivons actuellement, les révolutionnaires doivent faire de la dénonciation des campagnes pacifistes une de leurs tâches essentielles. Ces campagnes sont organisées et téléguidées par la classe ennemie à travers le monde, et elles s'adressent particulièrement à la seule force qui est réellement en travers de sa route, c'est-à-dire la classe capable de mettre fin à la guerre et au système qui l'engendre, le prolétariat. Aujourd'hui, le pacifisme joue sur deux tableaux en apparence contradictoires : pour désarmer le prolétariat, partout il entretient l'illusion que la paix est possible dans le capitalisme décadent et, en même temps, dans chacun des "camps" en présence actuellement, il montre du doigt l'ennemi qui est, dans un cas, les Etats-Unis parce que "fauteurs de guerre", dans l'autre, la "vieille Europe" parce que "soutien des dictatures" et donc "responsable de la barbarie". Cela montre que le pacifisme non seulement cherche à affaiblir la seule force capable d'empêcher la guerre, mais aussi il se prépare à appeler à la mobilisation belliciste.

Ne nous laissons pas désarmer comme nos prédécesseurs !

En relisant les documents produits par les 2 Fractions de la GCI de l'époque, les Gauches italienne et belge, on constate que le débat sur la question de la guerre a commencé en 1936 et n'a pas cessé jusqu'à 1940. Cependant, la mauvaise compréhension qu'elles avaient de la période a entraîné l'annulation de la parution d'Octobre pendant 1 an et a abouti à la division par la création de deux tendances d'égale importance (5 contre 4) au sein de la Gauche belge (cf. Communisme n° 24 - mars 1939). Voilà pourquoi nous estimons qu'aujourd'hui le débat autour de la question de la guerre est crucial pour les organisations et énergies révolutionnaires du camp prolétarien. Cela doit leur permettre d'évaluer pleinement la gravité de la situation qui est ouverte depuis le 11 septembre 2001.

Cette discussion est déjà engagée et montre que le camp révolutionnaire est partagé entre ceux qui, comme le Prolétariat Universel, pensent que nous dramatisons la poussée de la bourgeoisie mondiale vers une guerre généralisée, ceux qui hésitent sur l'ampleur à donner à cette dynamique, la sous-estiment ou même l'ignorent comme le CCI actuel, etc…. Il semble, par contre, que le BIPR et le PCI-Le Prolétaire saisissent, au moins en partie, l'ampleur et la gravité de cette nouvelle dynamique qui s'est créée après le 11 septembre.

Nous saluons particulièrement le tract diffusé par Battaglia Comunista reproduit dans ce bulletin, dans la tradition de la gauche italienne, sur les luttes ouvrières en Italie et notamment celles des dockers et cheminots qui ont refusé de transporter des armes US pour la guerre.

Face à cette situation, ce bulletin fait une large place à la question de la guerre et au débat qui est engagé dessus avec notamment la publication d'une lettre de AN. (sympathisant au Mexique des organisations du camp prolétarien) adressée à la Fraction et la republication d'un texte de Communisme de 1937.

Dans cette situation, les dernières magouilles du CCI autour de la question de notre participation au prochain Congrès international sont dérisoires et chacun verra aisément l'inanité de ses petites escarmouches.

Honte au CCI actuel !

Mais quoi qu'il fasse, ces petites magouilles ont déjà fait long feu ; les lecteurs peuvent s'en rendre compte et comprendre le caractère ridicule et trompeur des derniers courriers qui ont été envoyés à chacun d'entre nous (comme si nous n'étions que des individus et pas une réelle fraction qui lutte depuis plus d'un an de façon organisée). Pour ceux qui auraient encore des doutes, nous les appelons à prendre connaissance des événements qui se sont déroulées à la permanence des lecteurs du PCI à Paris. Chacun verra ce que valent les dires du CCI.

Cette réunion a montré que c'est notre Fraction qui est la véritable continuatrice du programme et du combat qu'a mené le CCI depuis plus de 30 ans. A cette réunion de lecteurs du PCI, une fois écarté le stérile baroud d'honneur du CCI sur les questions de "discipline", c'est entre la Fraction et le PCI, par exemple, que s'est engagée une discussion de fond sur la validité de la position sur la "décadence", notre Fraction rappelant notamment que c'était la Gauche italienne, dans les années 1930, qui avait développé cette vision politique. Le CCI, quant à lui, ne s'intéressait déjà plus à ce véritable débat politique avant que ses vaillants membres ne quittent prématurément la réunion.

Camarades du CCI, c'est avec une extrême gravité que nous nous adressons à vous en particulier

La Fraction est donc bien la continuatrice des positions politiques du CCI contrairement aux "liquidationnistes" qui dirigent aujourd'hui l'organisation. C'est la raison pour laquelle nous appelons tous les militants de cette organisation soit à rejoindre la fraction pour continuer leur combat politique soit à le mener dans le CCI sur les positions politiques de la Fraction.

La Fraction met le doigt, chaque jour un peu plus, sur ce qui a entraîné les dérapages du CCI et commence à comprendre la racine des problèmes du CCI qui entraînent sa dégénérescence.

Deux graves déficiences politiques commencent à apparaître clairement : l'idéalisme d'une part (déjà mis en évidence dès le début de notre combat) et l'individualisme anarchiste ou conseilliste d'autre part (qui est la continuation d'un débat initié dans le CCI, au début des années 1980, à propos du "centrisme vis-à-vis du conseillisme" qui handicapait l'organisation ; mais nous y reviendrons plus amplement). Nous appelons tous les militants à lire attentivement notre texte de critique à l'article Le combat pour la défense des principes organisationnels de la Revue internationale n°110 et de la première partie du fameux Texte d'orientation sur la confiance parue dans la Revue 111 (qui prétend être une avancée théorique du CCI) sur la question du congrès de La Haye de l'AIT et le combat de Marx contre l'anarchisme. Nous avons droit, dans ce cas, à la quintessence de la "pensée" actuelle du CCI en matière organisationnelle. Elle montre que le CCI quitte le terrain du marxisme pour rejoindre celui de l'anarchisme qu'il prétend combattre. En contre point, nous estimons fondamental de défendre la vision de la Gauche communiste sur le sujet en nous appuyant sur un texte écrit par Bordiga dès le début des années 1920, (voir notre texte dans ce bulletin : La discipline et l'homogénéité politique dans une organisation révolutionnaire).

Au jour d'aujourd'hui, nos critiques de fond par rapport au CCI portent sur les points suivants. Nous les pointons, ci-après, pour nourrir la réflexion des camarades du CCI.

1- l'idéalisme :

- dans l'analyse des situations et notamment à travers un tordage de barre de plus en plus évident sur l'aspect décomposition ;

- par rapport à la conception de l'organisation ;

- par rapport à la méthode et à la conception théorique du marxisme en général.

2- la conception anarchiste :

- à travers le rôle de l'individu dans le mouvement ouvrier en général et dans l'organisation en particulier ;

- à travers le "clanisme" ; mettre le clanisme à toutes les sauces et le voir comme un danger constant dans les organisations révolutionnaires c'est aussi établir un trait d'égalité entre les organisations révolutionnaires et les organisations bourgeoises.

- à travers un formalisme organisationnel marqué par la "discipline pour la discipline" ;

- à travers une tendance accélérée au sectarisme, non seulement au niveau de la forme mais aussi au niveau de l'esprit ; c'est ce qui se manifeste de plus en plus notamment par rapport aux autres parties du camp prolétarien, c'est-à-dire à ne les voir que comme des "parasites" et même des "ennemis" (vision de la forteresse assiégée).

27 mars 2003


Notes:

[Note 1] Pour éviter toute fausse interprétation, nous voulons dire immédiatement qu'en mettant le doigt sur la dynamique d'une situation à risque, nous ne disons pas que le cours s'est inversé et que nous nous trouvons inéluctablement dans un cours vers un nouveau conflit mondial.


Home | Bulletin Communiste FICCI 18 |