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Le BI s'est réuni à nouveau le soir du 5 jusque tard dans la nuit. Michel, Olivier et Juan ont proposé le transfert du SI à Toulouse, en tout cas, en-dehors de Paris, puisque le SI y est bloqué, afin d'assurer la continuité du travail du BI et l'unité de l'organisation. Les tenants du soi-disant clanisme de ce SI parisien, Peter et sa CI, vont tout faire pour s'y opposer. Ils proposent même de renommer exactement la même équipe ! Cela peut paraître contradictoire. En fait, il y a une explication : il s'agit pour Peter (et Louise) de garder toute la mainmise sur l'organisation et ses organes centraux et donc il leur est inacceptable que le SI ne soit pas sous leur contrôle, c'est-à-dire pas à Paris.
Face à la proposition de transfert de son secrétariat, le BI est divisé et indécis. Finalement, dans la confusion générale du BI et encore plus du congrès, c’est pratiquement le même BI - avec tous les anciens du SI – qui va être renommé. Mais dans les faits, le SI n'existera plus : seul un SI "technique" subsistera et une réunion mensuelle, le "SI mensuel", fera office d'organe central. Telle est la décision du... BI dont le congrès sera tenu aussi dans l'ignorance !
Le BI se réunit à nouveau le deuxième soir, le dimanche 6 mai. Le lendemain, le congrès se termine. Cette réunion revient sur la discussion de la veille qui n'a pas été tranchée, à savoir quelle équipe pour le SI et où ? Mais au travers de cette réunion, un certain nombre de questions vont être soulevées explicitement, dans le cadre formel de la réunion du BI. Dont celle des comportements troubles et surtout de la "pression extérieure" sur Paris. La tension va atteindre son maximum durant cette réunion.
Au cours de la discussion sur le transfert du SI qui n'est toujours pas tranchée, Olivier pose une question cruciale, La question que tout le monde ou, pour le moins beaucoup, a en tête mais n'ose pas poser.
Olivier : "Je n'étais pas là hier en fin de réunion [il n'est pas encore complètement remis d'une intervention chirurgicale et il se fatigue très vite. Il est donc allé se coucher avant la fin de la réunion de la nuit précédente]. Nous serions irresponsables de renommer le même SI.
Il y a un autre point : (...) comment se fait-il que si souvent il y a des problèmes sur Paris ? Il n'y a pas que les problèmes soulevés. Il y a trop de pression sur Paris. Il y a peut-être une pression qui vient d'ailleurs. Nous serions irresponsables si nous ne réfléchissions pas à cela aussi. Pour cela, il est important de reporter la pression ailleurs [en déplaçant le Secrétariat international de Paris] et quand la section [de Paris] sera plus solide, qu'on saura s'il n'y a pas d'autres questions en jeu, on pourra revenir"
[Cette intervention et les réponses à cette intervention sont extrêmement importantes. Il est alors clair pour tous les membres du BI qui veulent bien se poser la question, qu'Olivier pose la question de pressions téléguidées de l’"extérieur" que subit le CCI à Paris, ce qui ne peut que faire le lien avec des comportements militants pour le moins troubles en notre sein.
Les réactions des membres du BI qui interviennent à la suite ne laissent aucun doute sur leur compréhension de ce qu'Olivier a développé. En effet, non seulement, ils ne sont pas "surpris", et encore moins choqués ou scandalisés, mais de plus ils reconnaissent la légitimité du questionnement. Par contre, ils évacuent la question pour l'heure. S'ils ne savaient de qui et de quoi il s'agit, ou s'ils ne se doutaient de qui et de quoi il s'agit, ils poseraient la question explicitement car le questionnement d'Olivier est très grave et très lourd de sens. Mais on assiste à rien de tout cela car tout le monde se pose, à un degré ou à un autre, des questions sur les comportements de Louise. Le questionnement ne peut être que sur elle et sur personne d’autre : n'oublions pas que, la veille, Krespel, au nom de la CI, a réaffirmer haut et fort la conviction de la CI et de tout le CCI concernant l'honnêteté et le dévouement des membres du SI (1). Il n'y a donc aucune ambiguïté possible sur la personne qui est visée]
Kiel : "C'est une question à réfléchir. Mais dans la mesure où le premier point [à l'ordre du jour] est justement d'éviter ou d'atténuer une telle pression, il faut se concentrer sur ce point".
Olivier insiste dans la foulée : "comment se fait-il que sur Paris, il y ait une telle pression ?"
A son tour, François essaie consciemment d'évacuer la question qui brûle : "Je suis d'accord avec l'ordre du jour. La priorité des priorités, c'est d'abord d'aborder ces questions. C'est la première fois en 25 ans d'existence du CCI que le problème se pose. Il faut mesurer la gravité de ce que ça représente. Je ne comprendrais pas que notre premier souci soit d'abord d'aborder cela (...).
Par rapport au souci d'Olivier, la délégation [la CI] se pose la question depuis longtemps, n'y a-t-il pas autre chose ?"
[C'est-à-dire autre chose que le supposé clanisme, soit une intervention "extérieure", voire une infiltration ? Rappelons à nouveau que la veille Krespel a clairement affirmé devant le BI, que la CI n'avait aucun doute sur l'honnêteté, le dévouement, des membres du SI accusés de clanisme, Michel, Olivier, Jonas et Juan :"La délégation n'a aucun doute sur chaque camarade" du SI. On sait aujourd’hui que l'affirmation de François est mensongère (dans les semaines qui ont suivi, la CI s’est empressée de "blanchir" la seule personne "douteuse") ; elle ne vise qu'à détourner l’attention du BI de ce sujet sous le prétexte que la CI "s'en occupe". Mais elle est en même temps révélatrice du sentiment de danger que ressent la faction familiale liquidationniste ; elle manifeste la conscience que des Krespel, François, et autre Peter ont de la nature pour le moins condamnable et indigne des comportements de Louise].
Par la suite (septembre 2001), en effet, la CI fera adopter - d'abord au nom de la "confiance", puis par force quand la confiance ne suffira pas à "convaincre" - une résolution blanchissant complètement Louise sans l’étayer concrètement, sans aucune réelle réponse aux multiples faits et gestes, connus de la plupart des militants et pour le moins indignes, de la compagne de Peter. Les militants - surtout les parisiens qui connaissent Louise au quotidien - qui refuseront de donner leur blanc-seing seront soit condamnés, soit soumis à des pressions jusqu'à ce qu'ils capitulent. Les camarades Michel et Stanley refuseront de voter cette résolution et, écoeurés et démoralisés, démissionneront à cette occasion. Ce sera aussi le prétexte à la première suspension de Juan qui se refusera à capituler. Pire, il "aura l'audace" d'argumenter son refus de voter la résolution ainsi que sa condamnation du comportement indigne - ce sont ses propos exacts - de Louise, en les appuyant sur des faits et particulièrement sur les notes du SI (2).
Par la suite, Olivier repose à nouveau sa question en lien avec la nécessité de déplacer le SI : "la situation n'est pas saine [il se réfère là encore aux problèmes et difficultés troublants que connaît le CCI dans sa plus importante section]. Nous ne pouvons raisonner que dans le cadre du SI. Comment se fait-il que ça [ces difficultés] se cristallise depuis des années à Paris ? Il existe beaucoup de sections, mais c'est toujours à Paris. Ce n'est pas que le problème du SI. Cela affecte le SE de RI, la CO de Paris. Est-ce qu'on veut que la section-Nord disparaisse ? Vous dîtes : continuez [comme avant avec la même équipe du SI à Paris], nous allons vous aider. Mais il faut prendre une résolution [décision veut-il dire alors] à froid avant que cela ne soit trop grave. Il faut trouver le moyen d'enlever la pression qui s'exerce sur Paris, même si ce n'est pas vrai [il envisage même que cette pression n'existe pas]. Si nous ne le faisons pas, nous sommes relativement irresponsables (...)".
Marca à son tour enregistre tout à fait la préoccupation d'Olivier : "par rapport à ce que dit Olivier, nous n'avons pas le temps de discuter ici. Nous le prenons en considération (...)".
Ce passage des notes du BI est un démenti flagrant aux accusations qui seront portées ultérieurement contre le camarade Jonas. Non seulement, ce camarade avait posé ouvertement la question des comportements de Louise dans le cadre formel de l’organisation, auprès de la CI, en présentant et argumentant ses doutes très graves, mais on voit clairement ici qu’il n'était pas le seul à l'avoir fait. La question a été posée devant tout le BI lors du congrès du CCI. Et beaucoup de camarades du CCI se la posaient, comme par exemple la camarade Aurora au Mexique qui, par la suite, "travaillée" par Peter, retournera l’accusation contre Juan.
Cette question reste aujourd'hui entière. Que l’organisation n’ait jamais pu donner d’explications valables à certains faits troublants et à des comportements scandaleux de Louise, que le compagnon de celle-ci, Peter, se soit évertué à la couvrir chaque fois que des questions se posaient à son sujet (ce qui, ces dernières années du moins, atteste de sa complicité) et enfin que la CI ait décrété le « non-lieu », tout cela ne fait que valider la question et renforcer encore plus le doute.
Quelque que soit sa nature véritable (malade psychologique, aventurière, agent d’une quelconque officine de la bourgeoisie infiltré dans l’organisation, etc...) dont nous n'aurons sans doute jamais l'explication, ce qui est sûr, c'est que Louise, ex-Avril, n'a rien à faire dans une organisation communiste au même titre que Simon dont elle partage en partie l’itinéraire. Un parallèle étroit les unit, malgré leur apparente opposition finale en 1993, tant avant leur adhésion au CCI que durant leur parcours au sein du CCI. Louise présente les mêmes "caractéristiques" et le même type d'histoire personnelle avant et après son adhésion au CCI. Les deux laissent beaucoup de zones d'ombre sur leur passé - avant d'intégrer le CCI - sur lesquelles ils restent toujours très vagues. Pour notre part, et après étude de divers documents, nous avons des questions très précises à poser à Louise sur cette période de sa vie, questions qu'elle a toujours réussi à éviter ou à faire "oublier".
Les organisations communistes seront toujours confrontées à des individus de ce genre. Mais il doit être clair que ces derniers ne peuvent agir "efficacement" que si les conditions, dans ce cas l'affaiblissement politique et militant du CCI et de ses membres, le permettent.
Louise n'est pas la cause profonde, historique, de la crise du CCI. Mais elle en est une dimension qu'il faut savoir situer et qu'il faut savoir ne pas négliger. Dans une situation d'affaiblissement théorique, politique, organisationnel du CCI, Louise, par son action, a servi de catalyseur, d’accélérateur de la crise. Il y a donc bien une question Louise-Avril que le camarade Jonas n’a pas été le seul à poser, loin de là, et à laquelle la moindre des réponses est qu’elle n'a rien à faire dans une organisation communiste.
Notes:
1 . "En ce qui concerne les camarades du SI : ils sont tous dévoués, honnêtes, convaincus qu'ils agissent dans l'intérêt de l'organisation (...). La délégation n'a aucun doute sur chaque camarade" (Krespel). Il s'agit là de Michel (présenté par la suite comme le guru manipulateur et revanchard), d'Olivier (membre de la "secte fanatique aux méthodes nazis"), de Juan (le voyou violent, hargneux et qui a failli devenir L'Agent provocateur), et de Jonas (présenté finalement, et après bien des vicissitudes, comme L'Agent provocateur). Au moment où Krespel "défend" cela devant le BI, la CI a déjà développé en son sein l'analyse que les quatre membres du SI sont jaloux de Peter, revanchards, envieux de son brillant et de ses capacités théorico-politiques, et qu'ils veulent lui faire la peau.
2 . A cette occasion, initiateur de la nouvelle théorie de l'"indignation révolutionnaire", Peter fera de grandes et longues déclamations scandalisées, posant sa compagne et lui-même en victime de calomnies. Ses talents de comédien abuseront les nombreux militants présents de province et des autres sections du CCI complètement affolés et perdant tout sens politique qui "s'indigneront" - sincèrement nous n'en doutons pas - du drame que les méchants du supposé clan lui font subir. Leur panique et leur vote précipité sur des décisions extrêmement graves en cette occasion - c'est en fait l'exclusion de Juan qui est décidée alors, c'est la démission de Michel et de St, et la capitulation politique de certains camarades - ne feront que précipiter encore plus leur désarroi et la destruction de leur conscience de militant communiste responsable. Le fait même que Peter ne se soit pas scandalisé lors du congrès - alors que les doutes portés sont beaucoup plus graves que la critique de Louise exprimée par Juan - en dit long sur sa complicité avec Louise, sa duplicité et son hypocrisie et sur son usage de la politique du scandale par la suite en septembre 2001.
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