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Quand les camarades liront ce bulletin, la conférence extraordinaire et le congrès de RI auront eu lieu et auront très certainement avalisé l'exclusion des membres de notre fraction. En effet, malgré nos ultimes courriers exigeant notre participation comme fraction à la conférence, l'envoi rapide des documents du congrès et de la conférence – depuis le BI de janvier nous n'avons reçu aucun document interne, pas même le bulletin -, nous n'avons aucune réponse. A ce jour le SI confirme par son silence qu'il maintient son exclusion de fait comme nous l'avons dénoncé dans notre tract –repris dans ce numéro – distribué à la RP de Paris et envoyé aux contacts. Nous publions aussi nos dernières lettres qui sont un démenti flagrant aux accusations passées et à venir selon lesquelles les membres de la fraction veulent quitter le CCI.
Avec Jonas, c'est donc 9 militants qui sont exclus du CCI. C'est une première, dramatique, dans l'histoire du CCI qui en dit long sur la dérive. Qui ne se souvient des efforts désespérés que la majorité du CCI avait déployés pour essayer de retenir les membres de la tendance qui allaient constituer la FECCI ? Non seulement, les militants avaient été mobilisés pour essayer de retenir les camarades qui partaient du congrès, mais de plus des coups de téléphone et une résolution avaient été adressés à ces camarades pour qu'ils reviennent sur leur décision. Les portes du congrès leur étaient restées ouvertes pour qu'ils reviennent y participer. Quelle différence avec la politique d'aujourd'hui ! Ce simple rappel est éloquent. Sauf à reconnaître ses "torts claniques" et à accepter le "cadre du clanisme", il est impossible aujourd'hui pour tout camarade ayant des désaccords et qui veut être conséquent avec ses désaccords, de défendre ceux-ci dans le CCI. Il est aujourd'hui impossible à toute minorité conséquente et organisée de présenter et de développer devant toute l'organisation et tous les militants un point de vue minoritaire et alternatif – en particulier sur les questions organisationnelles -… puisqu'elle est forcément une manifestation de clanisme. Voilà un autre démenti flagrant aux déclarations lénifiantes telles que "le CCI n'a jamais exclu des militants pour désaccord politique, ni n'a peur de la confrontation politique" (cf. les déclarations du présidium à la RP de Paris).
C'est donc 9 militants, plus ceux qui ont été poussés à la démission car ils refusaient de trahir leurs convictions, de se soumettre et de capituler devant la politique liquidationniste, qui sont exclus. 9 militants virés parce que constituant "le pire des clans" et surtout "une secte fanatique aux méthodes nazis et staliniennes".
Mais c'est aussi 9 militants qui sont déjà traités officiellement "de gens"en RP. C'est-à-dire comme des ennemis même devant l'extérieur. Pire même, certains militants du CCI se refusent déjà à les saluer – voire font des provocations physiques comme Bruno. C'est d'ores et déjà un premier résultat de la politique de "l'indignation". Et gare à l'avenir à ceux qui garderont, ou voudraient garder des rapports fraternels vis-à-vis des militants de la fraction. Ils seront suspects comme la camarade TP étaient suspectées de complicité vis-à-vis d'Adrien (cf. notre bulletin n°7). Ce sont là des phénomènes de sectarisation dans lesquels on cherche à entraîner l'ensemble des militants. Et à les détruire un peu plus.
Pour le CCI et ses militants, il ne fait aucun doute qu'un pas, qu'une frontière, vient d'être franchi dont il sera impossible de revenir sauf à rompre ouvertement avec toute une politique et toute une pratique qui ont été développées et théorisées ces derniers mois. Inutile de revenir là-dessus dans cette présentation, nous l'avons déjà amplement développé dans nos textes et nos bulletins depuis maintenant plusieurs mois. Ce que nous dénonçions alors comme le début d'un processus, et qui laissait la majorité des camarades incrédules, s'est déroulé jusqu'à ses ultimes conséquences sans véritable résistance en-dehors de notre fraction. Par exemple, qui aurait cru qu'on en arriverait jusqu'à vouloir faire signer des engagements individuels –que nous reproduisons dans ce bulletin - à rester silencieux durant 5 ans sur les raisons de la crise même du CCI ? Voilà le nouveau régime intérieur du CCI. Voilà la nouvelle conception du débat et de la confrontation politique.
Nous revenons dans ce bulletin sur la question de la discipline et du régime intérieur de l'organisation révolutionnaire. En particulier, pour qui se donne la peine d'étudier l'histoire du mouvement ouvrier, et particulièrement des années 1920 et 1930, les parallèles sont particulièrement clairs. La simple connaissance du processus de bolchévisation, puis de stalinisation, des PC met en lumière les mêmes méthodes utilisées maintenant dans le CCI – évidemment en beaucoup moins dramatique d'un point de vue personnel – et dénoncent les liquidationnistes d'aujourd'hui.
Une des conséquences que nous avions déjà soulignée, est le retour en grand triomphateur de la politique du clan-pavillon sur plusieurs plans. En particulier, les liquidateurs reprennent la politique des pressions familiales (l'utilisation de la mère de Ldo, cf. notre bulletin n°7), sentimentales, psychologisantes. L'utilisation de la sympathisante Cl. – ancienne militante des années 70-80 - pour intervenir auprès du camarade Olivier, et pire encore auprès de sa compagne, sont à dégueuler. Tous les moyens sont bons pour mettre la pression sur des camarades, y inclus leurs proches qui ne sont pas militants. Ce fut le cas avec la mère du camarade Ldo et d'Aurora. Ce fut aussi le cas avec les pressions au domicile du camarade Jonas dont ont souffert sa compagne et son fils. C'est aujourd'hui de manière particulièrement scandaleuse et ignoble le cas avec la famille du camarade Olivier. Quel but aux différentes pressions sur le camarade Olivier sinon essayer de le briser politiquement et personnellement d'une part, et diviser la fraction ? Voilà le grand retour des méthodes que la politique précédente issue directement des leçons de 93, aujourd'hui rejetée, avait proscrites dans le CCI. La multiplication de ces pratiques – dont personne ne peut croire qu'elles sont le fait d'initiatives personnelles -, qu'elles soient directement ou indirectement suggérées, est bien la preuve qu'une porte que le combat de 93 avait condamnée, a été réouverte par les liquidationnistes. Est-il besoin de souligner que la systématisation de ces pratiques se rapproche des pratiques sectaires ?
Voilà un pan de la politique liquidationniste et destructrice dont malheureusement les militants du CCI sont rendus complices par leur silence et leur acceptation passive de la dérive actuelle.
Un dernier mot sur cette question. C'est un avertissement que nous lançons.
Nous ne laisserons pas faire et nous dénoncerons ces tentatives d'intimidation (à l'image des intimidations physiques d'un Bruno sans doute déjà bien atteint par la maladie de "l'indignation"). Et nous saurons défendre nos militants et leurs familles contre tout type d'intimidation. Camarades, militants du CCI, au moins sur ce plan, intervenez et faites cesser ces pratiques qui, même si vous n'y participez pas directement, et même si vous êtes tenus dans l'ignorance de celles-ci, vous déhonorent et vous discréditent devant le Milieu Politique Prolétarien et, de fait, devant la classe ouvrière.
Au-delà des faits immédiats, il faudra revenir sur les leçons politiques et la signification historique d'un tel phénomène, d'une telle crise, pour l'ensemble du Milieu Politique Prolétarien.
Aujourd'hui, le CCI est incapable de donner une explication cohérente à la crise actuelle vis-à-vis de l'extérieur, du MPP, et même vis-à-vis de ses propres contacts. Il est assez significatif que la lettre adressée aux groupes du MPP ne parle pas de clan. Et évidemment encore moins de "clan-pavillon-bis". Tout aussi significatif est la gêne manifeste – comme on a pu le voir lors de la RP de Paris – à traiter publiquement de cette question. Lorsque nous avions évoqué l'impasse dans laquelle les liquidationnistes entraînaient le CCI, et posé la question de comment allaient-ils pouvoir présenter cette question vers l'extérieur, la seule réponse avait été que nous faisions du chantage. C'était déjà révélateur du développement d'une vision de forteresse assiégée, d'un esprit de chapelle sectaire, sans aucun souci de l'ensemble du milieu politique, sans aucun souci du crédit politique de la Gauche communiste, sans aucun souci de la classe ouvrière.
Tout comme le rappel de la politique du CCI vis-à-vis de l'abandon du congrès par les militants de la FECCI, nous pouvons rappeler la politique du CCI vis-à-vis du véritable "clan-pavillon" en 93-96 : il n'y avait aucune honte, ni gêne, pour poser la question du clanisme et des leçons politiques du combat devant toute la classe ouvrière. Maintenant ce n'est plus la même chose. Et pour cause, aujourd'hui le CCI se ridiculise et son crédit politique fond à vitesse grand V. Il est vrai, comme l'a prouvé la RP à Paris, que le "patriotisme de parti" et la "confiance" par principe dans les OC du CCI, ne jouent pas auprès des militants et sympathisants extérieurs à l'organisation. Il faut donc les convaincre et là c'est beaucoup plus difficile. Mais il est vrai que les liquidationnistes ne se préoccupent guère du crédit politique du CCI, ni des risques d'isolement qui le menacent. C'est aussi en cela que leur politique est destructrice (et sectaire).
D'ailleurs, le moindre des paradoxes sans doute pour l'ensemble des militants qui pensent, ou plutôt acceptent, que "nous sommes une secte fanatique qui veut détruire le CCI" est justement que nous sommes déjà amenés à défendre non seulement les acquis et les principes du CCI en matière d'organisation vis-à-vis du MPP, mais même à défendre le CCI devant le rejet et la méfiance instinctifs et croissants qu'il provoque. C'est aussi comme cela que nous concevons notre rôle de fraction. Car si les liquidationnistes ont engagé une entreprise de destruction du CCI sur tous les plans, nous entendons bien le défendre au maximum, même étant exclus.
Comme nous l'avons déjà affirmé en plusieurs occasions, les liquidationnistes avec leur clanisme et leur théorie sur la jalousie et la haine des militants comme explication de la crise alimentent le conseillisme et l'a-politisme. Et surtout ils rejoignent le parasitisme en réintroduisant l'idée de guerre de chefs –contenu dans l'explication du clanisme. C'est donc une attaque terrible qui est portée à la notion même d'organisation communiste et de parti communiste. Face à cela, face aux liquidationnistes du CCI, au conseillisme, et au parasitisme, il y a d'ores et déjà un combat à mener pour défendre les acquis du mouvement ouvrier, de la Gauche communiste, et en son sein plus particulièrement du CCI sur la question organisationnelle.
Si notre fraction aspire à – et doit – jouer un rôle central, d'impulsion, dynamique, dans le processus pour tirer les leçons politiques et la signification historique de la crise du CCI, elle ne pourra le faire seule. Il appartiendra au Milieu Politique Prolétarien, les groupes qui le constituent, et les éléments qui sympathisent avec ce milieu, d'y participer. Nous oeuvrons déjà dans ce sens et nous comptons bien continuer à nous adresser à tous, y compris aux militants du CCI. Nous sommes conscients que nous engageons maintenant un combat de longue haleine. Même si on peut espèrer des "résultats immédiats" – outre de nous permettre de rompre avec l'isolement qu'on a voulu nous imposer , les premières réactions suite aux courriers et rencontres sont positives -, ce nouveau combat ne portera pleinement ses fruits qu'à long terme. Il doit donc s'inscrire sur le long terme. En attendant, et comme méthode de travail, nous continuons à nous revendiquer du CCI, de ses acquis et positions politiques, et nous continuons à le défendre contre la politique actuelle et l'utilisation qui en sera faite par le parasitisme. C'est dans ce sens que nous continuons à être une fraction interne du CCI qui s'adresse de manière prioritaire aux groupes du MPP (CCI compris) et aux militants et sympathisants du MPP (militants du CCI compris).
Mais s'inscrire dans le long terme, ne doit pas nous détourner de certains combats particuliers. Le fait du jour reste l'exclusion de 9 militants. C'est honteux pour le CCI. Et, en passant, pour ses militants (nous nous interrogeons sur l'enthousiasme de ces derniers pour diffuser les numéros de la presse contenant le communiqué dégueulasse sur l'exclusion du camarade Jonas). 9 militants exclus : c'est aussi la manifestation et la confirmation de la justesse de notre appréciation depuis le 14e congrès du CCI – ce que nous avions dit et dénoncé, s'est réalisé. C'est une grande tristesse sans doute pour beaucoup de militants et de sympathisants. Pour notre part, nous avons dépassé depuis un certain temps déjà cette tristesse. Nous n'avons jamais douté de la validité de nos positions, ni de nos convictions –même si nous avons vécu individuellement des moments difficiles. Aujourd'hui, les liquidationnistes nous donnent – malheureusement et au-delà de ce que nous pouvions imaginer – raison. Ils ne font que renforcer notre conviction dans la validité de notre combat et notre détermination à le mener jusqu'au bout.
La Fraction, le 26/03/2002
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