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Nous publions ci-dessous une série de textes et correspondances relative aux périodes situées avant et après le BI plénier des 26 et 27 janvier 2002.
Les camarades Ol, Aglaé et Sarah reçoivent chacun une lettre personnalisée datée du 16/01/02 de la part du SI les « invitant » à répondre, dans la RINT, à l’article sur les Fractions. Ce qui pourrait être compris comme une « ouverture des colonnes de la RINT à la Fraction » n’est qu’un piège grossier. Cette "proposition" faite par écrit, c'est à dire officielle, pouvait donner à penser aux militants du CCI et surtout aux autres groupes du MPP (quand il s'agira de dénoncer publiquement notre fraction, comme certaines interventions internes l'envisagent clairement) que le CCI, lui, était disposé à reconnaître l'existence de divergences en son sein, en accordant quelques colonnes dans la RINT à ceux qui les portent. Hormis le fait que c'est, à l’évidence, les OD qui dictent les conditions de la publication de ce type d'article, cette manœuvre grossière n'avait pour but essentiel que d'esquiver la question de la reconnaissance de notre fraction, avec ses droits et devoirs et avec toutes ses possibilités d'expression. Le fait même que la lettre du SI était adressée à chacun des membres de la fraction pris séparément donnait déjà une indication sur la manœuvre. Par notre réponse collective (lettre de la Fraction du 24/01), nous avons quand même donné notre accord de principe concernant un article de la fraction dans la RINT, mais, en même temps, nous invitions les OD à cesser leur politique manoeuvrière et à prendre leurs responsabilités politiques concernant la fraction. La preuve que tout cela n'était que mascarade et magouille ne s'est pas faite attendre : le BI plénier qui s'est tenu 3 jours après notre réponse n'a même pas jugé bon d'évoquer et, encore moins, d'aborder la question.
Contre la politique catastrophique menée par les OD, politique faite uniquement de sanctions des militants (en vue de leur exclusion), nous alertions à nouveau les membres du BI (comme nous l’avons fait à plusieurs reprises –cf. nos précédents bulletins-) sur la gravité de la situation pour le CCI mais également pour l’ensemble du MPP. Nous l’informions que, sans réponse au BI plénier de janvier, nous prendrions la responsabilité d'alerter le MPP (lettre de la Fraction à tous les membres du BI du 17/01). Cette alerte fut traitée avec le plus grand mépris : aucune référence à notre lettre ne fut faite dans le BI plénier. Ou plutôt si, le BI et la CE qui suivra se montraient offusqués, révoltés… qu’on puisse avoir seulement l’idée d’informer le MPP de la crise majeure que rencontre l’une de ses principales composantes Faut-il comprendre que les OD actuels penchent plutôt pour cette pratique : « Gardons cela entre nous, réglons nos problèmes entre 4 yeux, lavons notre linge sale en famille, ne livrons pas nos « secrets » aux étrangers ! ». Bref, l’ennemi ce n’est pas seulement la Fraction à l’intérieur mais également le MPP. Cela aussi montre qu’il existe dans ce domaine également, une autre conception du MPP. En ce qui nous concerne, nous avons une vision plus positive que ne l’ont les OD du CCI.
Au BI plénier, le piège se referme : on ne discutera ni du rapport d’activités de la Fraction (publié dans ce bulletin), ni de la fameuse proposition de colonnes dans la RINT, ni de l’attitude à avoir vis à vis du MPP.
Par contre le BI plénier se vautre dans un nouveau « montage d’affaire » avec l’exclusion de Jonas derrière laquelle on essayera de mouiller, de manière honteuse, les membres de la Fraction présents au BI, puis tous les militants du CCI dans la foulée.
Précisons toutefois que cette nouvelle manœuvre a été préparée quelques jours avant par l’envoi d’une lettre personnelle immonde de Louise à Jonas, avec les applaudissements de tous les membres du BI, par laquelle elle assigne celui-ci à se plier à « une confrontation » avec elle. Nous ne publions pas cette lettre et en laissons la responsabilité au BI qui a soutenu la démarche et le contenu de ce qu’on peut considérer comme une vulgaire attitude revencharde de Louise à l’égard des militants qui ont « osé » avancer des critiques à son propre comportement destructeur durant des années au sein : du SE, de la section nord de RI et auprès de camarades bienveillants à ses propos. Louise a toujours préféré les petites confrontations en tête à tête de ce type, où elle a tout loisir de se présenter en victime, plutôt que d’assumer la confrontation politique ouverte concernant les comportements militants, la question de l’engagement militant, l’attitude des militants dans un corps collectif de travail. L’organisation a tort de se soumettre à cette nouvelle méthode de travail qui tourne le dos à la politique d’ouverture qu’a toujours été celle du CCI pour traiter de ses difficultés. C’est un choix que nous rejetons.
Quoi qu’il en soit, cette prétendue « confrontation Jonas-Louise » à laquelle Louise personnellement assignait un militant démissionnaire depuis 9 mois (dont la lettre de démission a fait l’objet de toutes les interprétations possibles, mais qui n’a jamais été publiée d’ailleurs) a été transformée en « demande officielle d’une discussion avec Jonas ». En effet, suite à cette lettre de menace de Louise, nous avons appris que Jonas avait fait savoir qu’il acceptait (en fonction de son état de santé qui l’oblige à certains impératifs), non un tête à tête avec une camarade, mais un entretien pour répéter à nouveau ce qu’il avait déjà avancé devant la CI plusieurs mois auparavant. Qu’à cela ne tienne, le principe de la discussion est acceptée par le BI plénier qui improvise un coup de téléphone à Jonas pour l’informer que « toutes ses conditions à la discussion sont acceptées », non sans avoir auparavant, fait voter l’exclusion du camarade (et sans l’en informer bien entendu). Dès lors, quel but assignait-on à cette rencontre ?
Suite à ce BI plénier, nous étions contraints de prendre acte de ce nouveau pas dans la dérive gravissime de la part des OD actuels du CCI, et de son silence face aux différentes alertes que nous lancions. Nous avions confirmation du fait que non seulement il était hors de question de reconnaître notre Fraction, mais qui plus est, il était plus que jamais question de poursuivre la politique de sanctions et d’exclusion.
Nous étions, quant à nous, contraints de poursuivre et d’assumer nos responsabilités politiques :
- en nous adressant au MPP (lettre au MPP du 29/01), comme nous en avions informé le BI et en l’absence de réponse officielle de sa part ; nous informions le CCI de notre démarche (lettre du 29/01)
- nous rédigions et adressions notre « Déclaration de la Fraction au CCI » du 31/01, puis l’adressions au BIPR précédée de la lettre du 6/02.
- nous adressions une lettre à la CE (31/01) accompagnée de notre « Déclaration », invitant la CE de RI à prendre ses responsabilités dans la mise en œuvre de la discussion sur les modalités de fonctionnement de la Fraction, discussion demandée en… octobre dernier et toujours refusée à ce jour.
Tous les textes figurant en gras sont publiés ci-dessous.
Le SI
à (Olivier, Sarah ou Aglaé)
Camarade,
Comme tu peux le constater dans le numéro 108 de la Revue Internationale, nous avons publié la première partie d'un article sur les fractions de gauche dans l'histoire du mouvement ouvrier. Cet article développe une analyse des conditions historiques de dégénérescence des organisations révolutionnaires et de constitution des fractions de gauche mettant en évidence qu'il s'agit d'un processus s'étendant sur une longue période, avec la nécessité de toute une série de débats approfondis dans l'organisation avant que puisse se constituer formellement une fraction de gauche. Compte tenu des circonstances dans lesquelles tu as décidé, avec d'autres camarades, de constituer une fraction, tu ne pourras, bien entendu, qu'être en désaccord avec ce cadre d'analyse.
Nous proposons donc de laisser une place dans le prochain numéro de la Revue afin que puissent s'exprimer les critiques de la position du CCI que tu rejettes et que puisse être défendu, face à l'extérieur, le cadre d'analyse que tu partages.
Au cas où il existerait entre les différents membres de la "fraction" plusieurs positions, il est - évident que nous ne pourrons accepter de publier, dans un premier temps, que l'une d'entre elles. Il appartiendra aux membres de la "fraction" de juger, selon leurs propres critères, de celle qu'il faudra publier de façon prioritaire. Nous laisserons aux membres de la "fraction", bien évidemment, toute latitude pour signer cette critique à notre article comme bon il leur semblera (du nom de son rédacteur ou signé de la "fraction").
Comme tu le sais, le CCI a toujours été intéressé à la confrontation politique en vue de faire la plus grande clarté sur des questions fondamentales pour l'ensemble du milieu politique prolétarien et de la classe ouvrière. C'est le sens de cette proposition.
Nous te demandons de donner une réponse à notre proposition au plus tard au prochain BI plénier afin que nous puissions dès à présent organiser le sommaire du prochain numéro de la Revue Internationale.
Salutations communistes,
Le SI (16 janvier 2002)
La Fraction interne du CCI Paris le 24/01/2002
Au BI,
Aux militants du CCI
Chers camarades,
Chacun des membres de notre Fraction (à l’exception de Juan), a reçu une lettre émanant du SI, en date du 16/01/2002) proposant « de laisser une place dans le prochain numéro de la Revue afin que puissent s’exprimer les critiques de la position du CCI que tu rejettes et que puisse être défendu, face à l’extérieur, le cadre d’analyse que tu partages » (souligné par nous 1).
C’est, bien entendu, en tant que Fraction que nous enregistrons cette « proposition » du SI, et c’est en tant que Fraction que nous répondrons à celle-ci. Vous en conviendrez, la RINT n’est pas un bulletin où chaque camarade peut exprimer ses opinions personnelles, à plus forte raison sur une question (celle des Fractions) à propos de laquelle il n’y a eu, à ce jour, aucune discussion collective au sein du CCI ; ce serait donner la fausse image qu’un débat réel se mène actuellement au sein du CCI sur cette question, ce qui est loin d’être le cas, vous ne pourrez pas le contester.
Nous ne pouvons qu’être étonnés de cette proposition qui est en contradiction flagrante avec l’appréciation et la pratique en direction de notre Fraction. En effet à peine 15 jours après notre déclaration de constitution en Fraction interne au CCI, le SI mensuel du 20/10 fait ce diagnostic « Le SI mensuel n’a pas de temps à perdre en réfutant chacune des déformations, chacun des mensonges, de répondre à chacune des attaques et des insultes contre l’organisation qui se trouvent dans la déclaration du 9 octobre mais il constate que celle-ci constitue une véritable déclaration de guerre de ses signataires contre le CCI qui fait de cette ‘fraction’ un véritable groupe parasitaire au sein de notre organisation. Le parasitisme constitue l’aboutissement logique, maintes fois vérifié par notre organisation, du type de dynamique clanique dans lesquels se sont engagés ces militants. Leur comportement actuel en constitue une nouvelle illustration. En conséquence, le SI mensuel considère que la prétendue « fraction » n’est même pas une caricature de fraction comme il en a existé dans le mouvement ouvrier, mais un simple regroupement de militants mécontents, frustrés, animés par le ressentiment et l’orgueil blessé, et ayant perdu toute notion de ce que veut dire une organisation communiste. » Peut-on, plus clairement que ça entériner le fait qu’il n’est pas question d’envisager une quelconque discussion sur les divergences politiques posées par notre Fraction ?
Quinze jours après, l’appréciation n’a pas changé comme on peut le vérifier dans votre réponse à notre demande d’une discussion autour des propositions concernant les droits et devoirs de la fraction interne du CCI, dans votre « Prise de position du SI sur les comportements des membres de la prétendue « fraction » du 06/11/2001 : « pt 6 Concernant l’expression des positions de la prétendue « fraction » à l’extérieur, le SI relève que celle-ci considère que ‘pour l’instant cela ne se pose pas’. Il est d’accord avec les signataires de ce document sur le fait que, pour le moment, ils n’ont pas produit le moindre texte, ou même la moindre position, présentant un intérêt pour la classe ouvrière (puisque c’est cela le critère déterminant dans la publication des textes minoritaires vers l’extérieur). » Le SI aurait-il modifié son jugement sans nous en informer et reconnaîtrait-il qu’aujourd’hui « la fraction aurait produit des textes intéressant la classe ouvrière » ? Et pourquoi la question des fractions « intéresserait-elle plus la classe ouvrière » que, par exemple les prises de position contradictoires de notre Fraction sur la situation internationale (guerre, Argentine) ou celles sur le centrisme et ses dangers pour le mouvement ouvrier ?
A notre connaissance, aucune prise de position de la part du SI, du BI ou de quelque partie du CCI n’est venue, à ce jour, remettre en cause cette appréciation (2). Bien au contraire, celle-ci s’est encore « affinée » notamment à travers l’évaluation encore plus catégorique que propose le document « La défense de l’organisation, le danger de l’opportunisme et la période historique » pour le BI plénier de janvier 2002. On peut y lire : «Aujourd'hui, le comportement du noyau dur du clan actuel dissout cette distinction dans la fusion des comportements les pires à la fois de la petite-bourgeoisie et des éléments déclassés et criminels de la société. Là, le clan lui-même est devenu l'aventurier collectif soumis à la discipline de fer caractéristique des sectes. (traduit approximativement et souligné par nous)
Aujourd'hui, l'emploi systématique des mensonges et des dénigrements par le clan (…)ne rappelle pas seulement les méthodes des sectes sataniques, mais aussi celles du nazisme et du stalinisme. Soyons clair : nous ne disons pas que les membres de la "fraction" sont staliniens et nazis, qu'ils sont à l'heure actuelle prêts à envoyer leurs "bouc-émissaires" dans des camps de concentration ; mais nous devons reconnaître que leur comportement et leur sentiment irrationnels et fanatiques ont quelque chose de similaire avec ceux des stalinistes et même des nazis.». Il s’agit ni plus ni moins d’une technique visant à insinuer que la Fraction et ses membres ne seraient qu’une vulgaire « secte satanique », des « staliniens » et des « nazis ».
Et dans le rapport d’activités pour ce même BI plénier, :
«En annonçant la publication de "la vraie histoire de l'organe central du CCI" qui a été caché à l'organisation, il [le clan] a été au-delà du rejet pas Bérard de la centralisation, de la correspondance secrète de Chénier, des dénonciations traîtres des membres des organes centraux vers l'extérieur comme Juan McIver. Cette "révélation annoncée" est totalement étrangère aux coutumes du prolétariat. Elle représente la pire attaque contre l'organisation prolétarienne. Le mouvement révolutionnaire n'avait pas vu une telle menace de publication de documents internes. En fait dans sa rage destructrice, l'auto-proclamée fraction a commencé à faire le travail de la police».
Là, il ne s’agit même plus de suggérer quoi que ce soit : c’est le rapport d’activités de l’organe central du CCI (et non pas un camarade qui ferait un dérapage, pas quelques militants, pas non plus une petite provocation isolée d’un camarade déboussolé ou hargneux, non il s’agit du RAPPORT D’ACTIVITE de l’ORGANE CENTRAL DU CCI, mûrement réfléchi, pesé, collectivement axé…) qui affirme et accuse : la Fraction se résume à une bande de flics.
C’est donc aujourd’hui à des camarades dépeints comme des fanatiques, comparables à une secte satanique, au nazisme et au stalinisme et qui font le travail de la police que l’organe central responsable de telles « analyses », veut donner des colonnes dans le prochain numéro de la RINT ? Sans révision de celles-ci, sans plus d’explication sur ce revirement soudain ? Avez-vous donc à ce point perdu la boussole ?
Et le rapport poursuit : :
«Pour résumer : le CCI ne peut accepter leur revendication comme fraction. En réalité, ils sont la pire distorsion d'une réelle fraction (…). Vu leur politique continuelle de sabotage du travail de l'organisation, l'organisation doit mettre fin à leur sabotage de l'intérieur. La future conférence du CCI doit être le moment jusqu'où ils peuvent prendre une décision. Ou abandonner leurs violations des statuts et des attaques contre l'organisation ou en supporter les conséquences. Ils doivent :
- payer leur cotisation en entier ;
- remettre le texte avec les notes des organes centraux ;
- s'engager à ne pas publier de documents sur la vie interne des OC pour les cinq prochaines années.»
Il est totalement incohérent que, d’un côté vous refusiez de reconnaître notre Fraction tout en nous proposant, d’un autre côté, un article dans la Revue Internationale. Ce contraste évident entre votre « analyse » de notre Fraction et la proposition de nous donner des colonnes dans la RINT ne fait que confirmer une absence totale d’orientation et de cadre de fonctionnement clair de votre part.
Pour notre part, il est clair que nous acceptons cette proposition de défendre nos divergences politiques dans la presse du CCI. Nous avons toujours revendiqué notre volonté de rester dans le CCI, volonté partagée par chacun d’entre nous, nous avons toujours montré notre réelle volonté de débattre et de défendre nos convictions dans le cadre du CCI, comme le montre, sans contestation possible, la publication de 5 bulletins adressés à tous les membres du CCI.
Toutefois, la réalisation de cette proposition présuppose un cadre cohérent et clair qui ne peut être improvisé. Voilà pourquoi nous croyons utile que cette proposition soit précédée de :
la reconnaissance formelle et écrite de la Fraction. Ce qui implique concrètement la tenue rapide de la rencontre que nous avions demandée le 16/10 avec l’organe central du CCI, « afin de discuter et définir les modalités devant nous permettre de coexister au sein du CCI dans la plus grande clarté organisationnelle et politique », c’est à dire afin que puissent être établis clairement l’ensemble des droits et devoirs des membres de la fraction, que tant la majorité que la minorité s’engageront à respecter. Cette rencontre que vous avez jusqu’à ce jour, toujours écartée ;
la levée des sanctions en cours à l’égard de tous les membres de la Fraction et l’arrêt immédiat de la politique de discrédit, de mesures disciplinaires à leur égard ; ce qui implique forcément le rejet de l’explication de « clanisme » concernant la politique de notre Fraction ;
la réintégration immédiate de tous les camarades de la Fraction dans l’organisation, et notamment leur participation aux réunions de section ainsi qu’à toutes les activités de l’organisation ;
le rejet de toute demande de dissolution de la Fraction tant qu’il y a des divergences politiques et des questions non résolues.
Par ailleurs, il est urgent de réviser sur des bases sérieuses et claires les orientations (ou plutôt l’absence d’orientation) des discussions actuelles, ce qui passe notamment :
par une remise en question de l’explication du clanisme comme cause de la crise actuelle. Une discussion politique doit être mise en œuvre dans l’ensemble du CCI en vue d’examiner et d’analyser les causes réelles de la crise du CCI ;
et surtout par un rejet clair de l’utilisation de cette explication pour ignorer les divergences et étouffer tout débat ;
par l’ouverture d’une discussion sérieuse sur la question des CI, afin de définir une orientation et une pratique claire, en conformité avec les leçons, la pratique et l’expérience des organisations du passé. Avec notamment la prise en compte sur cette question, des critiques de MC par rapport à la Commission Centrale de Contrôle de l’IC.
Dans l’attente que le BI plénier du 27 janvier prenne ses responsabilités et mette enfin en œuvre les moyens d’une confrontation claire, ouverte, des désaccords sur un terrain politique comme seul moyen vraiment conséquent de poser et résoudre la crise que connaît le CCI, et comme Lénine a su le faire en posant les questions en termes politiques ce qui a permis de :
reconstituer l’unité du POSDR en 1906 et 1910-1911,
d’éviter l’éclatement du Parti bolchévik en 1918 au moment de la paix de Brest-Litrovsk.
Salutations communistes,
La Fraction.
A tous les membres du BI Le 17/01/2002
Camarades,
C’est avec une colère extrême que nous nous adressons à vous. En effet, jusqu'à aujourd'hui notre fraction et chacun de ses membres sont traités avec le plus grand mépris par les organes décisionnels (OD) du CCI, ce qui ne s'était jamais produit dans notre organisation depuis sa fondation (accusations mensongères, sanctions diverses, mise au ban de l'organisation, refus de nous entendre, etc.). De plus, en continuité logique avec la politique qui est menée contre nous et selon des informations inquiétantes qui nous parviennent (3), il est de plus en plus évident que les OD ont décidé notre exclusion, sanction ultime et injustifiée qu'ils vont essayer de masquer en faisant croire que "les membres de la Fraction se sont mis, eux-mêmes, en dehors de l'organisation"
Il vous appartient de mettre un terme à l’attitude des OD. Il est déjà suffisamment insupportable de voir liquider tous les acquis du CCI en matière organisationnelle mais ce qui est encore plus insupportable, c’est qu’à travers leurs pratiques, ils massacrent pour longtemps (plusieurs dizaines d'années) l’image des organisations révolutionnaires, leur nécessité et leur fonction dans la lutte de classe.
C’est d'abord du grain à moudre qu’ils vont offrir aux anti-partis de toutes sortes et aux parasites.
Nous accusons ces Messieurs des OD d'être les vrais parasites car ils ont même capté à leur profit les structures de l’organisation. Pourquoi disons-nous cela ?
Parce qu'ils remettent en cause :
le combat des fractions dans le mouvement ouvrier ;
le combat des Oppositions dans l’IC contre les mesures d’interdiction des fractions suite au X° Congrès du PCUS et contre la bolchévisation des PC ;
le bilan tiré par la gauche communiste sur les droits et le rôle des fractions dans l’histoire; mais également cela remet en cause tout le bilan tiré de la dégénérescence de la révolution russe et la vague révolutionnaire des années 20 par la GCI ;
les leçons tirées par la GCF en 1945 suite à la politique de la GCI contre des militants oppositionnels, politique qui s'exprimait par des faits similaires à ceux qui se passent aujourd’hui : accusation d'indignité politique contre MC et Mousso, non reconnaissance de l’existence d’une fraction qui publie, non reconnaissance des divergences politiques, établissement d’un mur entre l’organisation et la fraction française et enfin exclusion de la GCF de la GCI.
Mais il y a plus grave : c’est tout le combat de la gauche communiste qui est remis en cause, notamment le combat politique contre le stalinisme et la bolchévisation et pour la restauration du marxisme. Les pratiques actuelles des OD du CCI sont en train de fournir des arguments supplémentaires à la bourgeoisie dans sa campagne visant à mettre sur le même plan le stalinisme et le communisme.
Pour toutes ces raisons, et parce que jusqu'à maintenant aucune voix, dans le CCI, ne s'est élevée pour mettre cette politique en question sinon en discussion, nous pensons qu'il est de notre devoir de communistes d'en appeler au MPP (pour le moins, aux groupes issus, comme nous, de la Gauche italienne) et d'attirer son attention sur ce phénomène gravissime qui marque actuellement le CCI, phénomène qui attaque aussi l'honneur de la GCI, elle qui a su échapper à la dégénérescence de l'IC et qui a fait un extraordinaire et inestimable bilan critique de la dernière vague révolutionnaire sans lequel le communisme aurait failli et ce courant n'existerait plus aujourd'hui.
Il est de notre devoir de défendre, avec toute la Gauche communiste, le marxisme et le communisme de l’époque révolutionnaire de l’IC.
Voilà camarades ce à quoi nous vous demandons de réfléchir avant qu’il ne soit trop tard. Nous espérons que vous saurez réagir et mettre un terme à l'inadmissible.
Sans une réponse claire de votre part, au plus tard au prochain BI plénier, les groupes du MPP seront informés et sollicités par tous les moyens nécessaires.
Salutations communistes
La Fraction
La fraction interne du CCI
à la CWO, à Battaglia Comunista, au PCI "Prolétaire" et aux « Cahiers Internationalistes »
au BI du CCI
Paris, le 27/01/2002
Camarades,
Nous vous demandons, pour l'instant, de ne pas faire état à l'extérieur de ce courrier, il s'agit d'une lettre strictement confidentielle et réservée aux groupes indiqués dans l'en-tête de cette lettre.
Aujourd'hui nous ne voyons plus qu'une seule solution : nous adresser à vous pour que vous demandiez à notre organisation d'ouvrir les yeux et de retrouver le sens de ses responsabilités. Nous tenons à rester des militants du CCI même si nous avons des divergences importantes avec les orientations qui sont défendues majoritairement depuis notre dernier congrès (mai 2001). Parce que nous sommes en désaccord, aujourd'hui le CCI fait tout pour nous marginaliser et nous démolir moralement et politiquement. Et, nous ne voyons pas l'intérêt de créer un groupe politique supplémentaire, ce qui irait dans le sens de déconsidérer la Gauche communiste. A la rigueur notre départ du CCI, s'il devait un jour intervenir, nous pousserait à avoir une discussion avec vous pour déterminer les conditions d'une association politique.
Qui sommes-nous?
Actuellement et depuis le mois d'octobre 2001, nous sommes une minorité de militants qui s'est constituée en fraction interne du CCI. Nous ne sommes pas de jeunes militants; certains d'entre nous militent depuis la fondation de RI, c'est-à-dire depuis plus de 30 ans. Trois camarades de la fraction sont membres du Bureau International du CCI, deux d’entre eux appartenaient –depuis plusieurs années et jusqu’en mai dernier-- au SI (secrétariat international du CCI, organe exécutif nommé par le BI) tandis que le troisième est délégué de notre section mexicaine. Un autre camarade de la fraction appartenait, jusqu’en septembre dernier au secrétariat de RI (organe exécutif de notre plus grosse section territoriale). Vous connaissez fort bien certains d'entre nous parce qu'ils ont eu de nombreuses discussions avec vous dans le cadre de leurs responsabilités. Les implications de cette crise que connaît actuellement le CCI ne se limite pas à la formation de notre fraction puisque notamment son précédent organe central a volé en éclats. Sur les 6 camarades qui composaient le SI à Paris jusqu’au dernier congrès, 2 ont démissionné et 2 sont membres de notre fraction.
Quelques faits.
Nous ne voulons pas entrer ici dans le détail des questions sur lesquelles sont apparus des désaccords au sein du CCI depuis maintenant presque deux ans (désaccords qui ont d’abord porté sur la conception de la vie interne et des rapports entre les différentes parties de l’organisation avant de prendre la forme de ce que nous considérons comme de gravissimes abandons des principes du mouvement ouvrier et du marxisme)., nous aurons l’occasion d’y revenir. Nous voulons essentiellement vous alerter en vous donnant quelques faits significatifs de la période récente.
Depuis 9 mois, les organes décisionnels (OD) actuels du CCI refusent de prendre en compte nos prises de positions politiques et les dénoncent dans l'organisation en les qualifiant de positions "claniques". - Comme vous le savez, cette notion n'a rien à voir avec le marxisme et l'expérience du mouvement révolutionnaire, c'est une vision purement bourgeoise pour laquelle il n'y a pas, dans les organisations du prolétariat, de combats politiques, parfois rudes, entre la droite, le centre opportuniste et la gauche, il n'y a que de sordides luttes de pouvoir. Cette vision ramène tous les combats à des affaires d'individus, comme cela s'est vu dans la troisième internationale dégénérescente notamment où l'on a fait croire qu'il existait des "cliques" et des clans qui cherchaient à prendre le pouvoir et qu'on accusait de tous les maux. On les considérait comme des bandes réunies autour de certaines grandes figures comme Bordiga, Trotsky, et autre Zinoviev. C'était si vrai qu'on a fini par parler de "zinoviévisme", de "bordiguisme" et de "trotskisme" ce contre quoi s'est élevé d'abord l'Opposition de gauche et ensuite la Gauche Communiste.
- Mais surtout cette notion est très destructrice car elle sclérose tout débat, elle étouffe les positions politiques que la direction ne partage pas et détruit les militants puisqu'elle ne tend à poser les questions qu'en termes d'individus, à expliquer les prises de positions par des subjectivités personnelles et les désaccords par des conflits de personnes et non en termes de divergences politiques.
Cette démarche, aujourd'hui, permet à la direction actuelle du CCI de ne pas reconnaître notre fraction, de lui refuser les moyens de fonctionner dans l'organisation, de nous bloquer complètement dans notre vie politique, afin d'en arriver soit à notre élimination par des méthodes administratives et des exclusions déguisées, soit à notre épuisement ce qui serait plus "profitable" pour les OD du CCI.
Dans un premier temps, nous avons naïvement fait confiance aux capacités de réaction de l'organisation en pensant que le débat allait permettre de clarifier les choses. En fait, la mise en avant constante d'une vision non politique et "rassurante" des faits, par les OD actuels, n'a fait qu'étouffer la conscience de la plupart des camarades. Devant cette réalité et le jeu des OD consistant à monter des situations de "coup d'état permanent dans l'organisation" et à utiliser, contre nous, une politique de "scandale pour le scandale", comme le disait Bordiga, nous avons dû nous résoudre à créer un « collectif » qui a tenté de s’adresser à tous les militants du CCI (nous vous passons tous les faits), puis une fraction interne. Nous vous faisons parvenir ci-joint un certain nombre de textes pour vous permettre de comprendre.
Pourquoi nous vous écrivons ?
Nous sommes très inquiets sur le futur retentissement de cette situation et sur les résultats auxquels semblent vouloir aboutir les OD actuels du CCI.
Cette situation va aboutir à jeter le trouble parmi les éléments avancés de notre classe ; par contre le milieu anti-organisation ne va pas manquer de l'utiliser pour faire une nouvelle campagne contre la Gauche communiste et la nécessité des organisations révolutionnaires au sein de la classe ouvrière. Au bout du compte, cela redonnera des arguments supplémentaires à tous les anti-partis.
La non-reconnaissance des fractions politiques remet en cause tout le combat des oppositions en 1924-25-26 au sein de l'IC. Nous nous reconnaissons évidemment dans le combat de la Gauche italienne de cette période dans le Comité d'entente en 1925 ; "Riposte du Comité d'entente à l'offensive de la centrale" (juin 1925) et des textes importants de Bordiga dans cette période :
"Organisation et discipline communiste" (mai 1924)
"Discours" de Bordiga au Vème congrès de l'IC (juin 1924)
"Le danger d'opportunisme dans la classe" juillet 1925
"Discours" de Bordiga à la Ve séance – 23 février 1926 de la sixième session de l'exécutif élargi de l'IC.
"Plateforme de la gauche" in Unità 1925.
les méthodes actuelles du CCI remettent en cause le combat des fractions de gauche et celui de Bilan qui ont permis de tirer les enseignements de l'expérience révolutionnaire des années 20 et de l'Octobre russe. Ce travail a été un travail inestimable, c'est celui qui nous a permis d'exister mais surtout il a été inestimable pour le mouvement ouvrier.
C'est ce combat qui est à l'honneur du marxisme et du véritable communisme ; il nous permet de continuer le combat contre toutes les campagnes de calomnies que la bourgeoisie développe aujourd'hui contre le marxisme et le communisme. A tous ceux qui essaient d'établir la continuité entre Marx, Lénine et … Staline, le combat de la Gauche communiste est un éclatant démenti.
Voilà pourquoi l'attitude du CCI aujourd'hui est très dangereuse. Elle va accréditer l'idée selon laquelle la nature des organisations communistes est bien la même de Marx à Staline en passant par Mao et autres F. Castro : un combat sectaire à l'intérieur dont le but est d'empêcher tout débat, la formation de fractions, donc d'éliminer tous les oppositionnels. C'est la raison pour laquelle nous faisons appel à vous.
C'est parce que nous nous revendiquons de la même filiation historique et donc parce que nous défendons ensemble un grand nombre de principes fondamentaux du communisme, que nous vous demandons aujourd'hui d'intervenir auprès du CCI.
La défense de ces principes n'est sûrement pas, comme le fait le CCI actuellement, d'aller dans le sens de la dispersion, voire de l'éclatement des forces révolutionnaires. Il le fait tant à l'intérieur que vis-à-vis de l'extérieur. D'où la vision et les pratiques de "forteresse assiégée" qu'il s'est imposées ces dernières années, ainsi qu’une tendance vers une politique quelque peu sectaire qu'il a développée progressivement vis-à-vis des autres groupes du milieu prolétarien.
Cette dérive générale est d'autant plus dramatique que la situation, notamment depuis le 11 septembre dernier, exigerait que les quelques forces révolutionnaires qui existent aujourd'hui débattent ouvertement de celle-ci, qu'elles s'adressent haut et fort et si possible dans le même sens, sinon ensembles, à leur classe. C'est ce qu'attend de nous le prolétariat.
En attendant, camarades, soyez assurés que c'est de votre action que dépend probablement l'existence de notre fraction si ce n'est, à terme, l'existence même du CCI. La disparition de forces révolutionnaires, et à plus forte raison celle d'un groupe politique ne peut être qu'un affaiblissement pour tous.
Sincères salutations communistes.
La fraction interne du CCI.
La Fraction au SI, au BI
Paris, le 29/01/2002
Camarades,
Par notre lettre du 17/01/2002, nous vous faisions part de notre intention d’informer le MPP de la situation dans laquelle se trouve le CCI et notre Fraction en son sein. Nous vous demandions de réfléchir de manière urgente et attendions une réponse de votre part au plus tard, au prochain BI plénier.
Malheureusement ce BI plénier, non seulement ne s’est pas prononcé, mais encore a traité cette demande par le mépris le plus total comme si elle n'avait pas existé. Par contre, le BI en a rajouté une couche en reconduisant sa politique de non-reconnaissance de l’existence de la Fraction, de sanctions contre les membres de celle-ci (alors que les supposés motifs de celles-ci, notamment concernant le camarade Juan, ont été démentis au sein même du BI plénier par plusieurs interventions). Bref, le BI a reconduit, sans sourciller, la même politique visant clairement à nous exclure, de fait, les uns derrière les autres.
Ces faits sont une nouvelle manifestation de la dérive dramatique et autodestructrice dans laquelle est engagé le CCI. Ils confirment donc, s’il en était besoin, l’impuissance du BI à prendre en charge des orientations sérieuses visant à ouvrir un réel débat, comme nous l’avons demandé avec insistance. Ainsi, parce que le CCI fait la preuve de son incapacité totale à traiter sereinement, en son sein, des divergences qui le traversent, nous estimons qu'il est de notre responsabilité de communistes de faire tout ce qui est possible pour débloquer cette situation, notamment en ouvrant ce débat au MPP.
Vous trouverez ci-joint copie de la lettre que nous leur avons adressée.
La Fraction
La Fraction interne du CCI au BIPR,
Chers camarades,
Nous vous envoyons une prise de position de notre Fraction adressée à tous les militants du CCI après la réunion plénière du 26/27 janvier de l'organe central du Courant, son Bureau International [BI dans le texte]. Au cours de cette réunion, et alors que nous présentions, en tant que fraction, un rapport d'activités alternatif, le BI a continué sa politique de sanctions et de manœuvres contre la Fraction, politique qui s'oppose totalement aux règles organisationnelles et aux principes mêmes du CCI. Bien sûr, il doit être difficile pour vous de lire et de comprendre tous ces événements. De même, vous devez avoir des difficultés à être intéressés dans de telles "sales" questions. Cependant, et même si ces questions ne sont pas l'explication de base pour la crise actuelle, nous considérons que ce type de lutte interne, avec toutes ses "pratiques", sont des questions politiques comme la question organisationnelle est une question politique à part entière. Et nous sommes prêts a répondre à toute question que vous auriez là-dessus.
Comme nous le pensions auparavant (cf. notre première lettre) la décision du BI de janvier a été d'expulser un camarade –pas celui auquel nous pensions-, Jonas, ancien membre du Secrétariat International [SI] pour indignité – nous ne connaissons pas le texte ou la résolution qui a été adopté. Il a été demandé aux deux membres de la fraction, également membres du BI, qui ont participé à quelques parties de la réunion, de rester silencieux là-dessus. Cette exigence fait partie d'une autre manœuvre (cf. notre Déclaration qui suit). C'est la raison pour laquelle nous ne respectons pas cette "discipline" qui, entre nous, s'apparente surtout à de la "discipline de Mafia".
Le camarade Jonas, militant dans RI depuis 1968, a démissionné en mai 2001. En désaccord avec la nouvelle orientation et particulièrement clair sur quelques manœuvres et abandons politiques depuis au moins janvier 2001, le camarade qui souffre d'une grave maladie, a déclaré qu'il ne pouvait continuer le combat dans ces conditions. Quand l'organisation qui a refusé sa démission, lui a envoyé des délégations pour discuter avec lui, le camarade a défendu son point de vue ; et, en particulier, il a critiqué quelques comportements militants basés sur des calomnies secrètes, des manœuvres secrètes, des réunions et des discussions secrètes non reportées au sein de l'organisation, sur des désaccords non défendus ouvertement. Il s'est aussi opposé à la constitution d'une délégation d'enquête – janvier 2001 – qui s'est transformée quelques mois plus tard en Commission d'Investigation [CI] appelée et "préparée" par les camarades dont les comportements commençaient à être critiqués ; il a aussi critiqué le "centrisme" du SI et du BI sur cette question. Cette CI a interdit la discussion ouverte sur ces questions puisqu'elle était mandatée pour faire la lumière autour de ces questions. Elle a rapidement déclaré qu'il y avait un "clan" dans le SI, dans le SE [secrétariat de l'organe central de RI, la CE] dont l'objectif était soi-disant de déconsidérer certains camarades. Alors, a commencé une théorie d'un "clan destructeur" qui avait pris le pouvoir dans tout le CCI avec des explications psychologiques telles que les 5 membres du SI étaient jaloux de l'affection que le camarade MC qui est mort depuis dix ans (!) avait pour le 6e membres du SI ! Toute proportion gardée, ce sont des méthodes et des pratiques de même nature qui ont été utilisées par Staline dans le PCR, après la mort de Lénine, afin de se débarrasser des "vieux bolchéviques".
Pour être clair, il faut préciser que les trois militants "critiqués" sont un couple (P et L° et un ami proche B – les deux derniers étant membres du SE.
Et la théorie du clan l'a décrit avec un guru destructeur, manœuvrier et fier, etc… dont le nom est Michel que beaucoup de camarades du BIPR connaissent bien. Depuis septembre, honteusement attaqué au plan personnel, sur son intégrité personnelle et militante, dénigré et déconsidéré face à toute l'organisation, le camarade Michel a démissionné. Il était et reste d'accord avec nos positions et notre compréhension de la crise actuelle. Jusqu'au BI de septembre, il a fait partie de notre bataille. Mais il a été en désaccord avec la constitution d'une fraction et ses conséquences politiques, organisationnelles et militantes.
Puis le camarade Juan qui a été un des deux autres ancien membres du SI, et après qu'il ait déclaré ouvertement après le congrès – mai 2001 – qu'il y avait deux positions politiques opposées et antagonistes, a commencé à subir des attaques personnelles et "disciplinaires". Il a reçu une première sanction au mois d'août dernier pour avoir présenté un premier rapport d'activités en opposition à celui proposé par la nouvelle majorité. Ce rapport a été accusé de bluff. Juan de chantage et d'être un lumpen. Puis en septembre, il a été suspendu avec le camarade Olivier – l'autre ancien membre du SI – pour avoir voulu prendre des notes des réunions, et spécialement dans les entrevues avec la CI auxquelles ils participaient, et avoir voulu les garder. Et finalement, nous ne mentionnons pas tout, il a été suspendu jusqu'au BI plénier de janvier 2002 pour une accusation mensongère selon laquelle il aurait défendu devant des camarades de l'organisation que L, la compagne de P, est un agent de l'Etat (souvenez-vous comment le Comité d’Entente à réagi en 1925 à l’expulsion d’Ugo Girone du PCI sans avoir pu s’expliquer). Malgré toute une série de preuves flagrantes et incontestables du mensonge, les sanctions (en particulier suspension de toute activité interne et externe) ont été maintenues et même prolongées.
D'autres sanctions de même type ont été prises contre les membres de la Fraction, et bien sûr jamais contre la Fraction comme telle car les statuts du CCI affirment la possibilité de l'existence d'une fraction ou d'une tendance. Entre autres, nous avons été interdits de publication de tout texte dans les bulletins internes jusqu'à ce que nous fassions une auto-critique du "collectif" que nous avions créé en août avant la constitution de la Fraction. Cette décision, sans précédent dans l'histoire du CCI, a rendu notre volonté de publication d'un bulletin interne de la Fraction – ce qu'affirment les Statuts du CCI – plus urgente.
Précisons que toutes ces pratiques – notes, sanctions inconsidérées, discrédit des camarades, manœuvres et pressions auprès d'un grand nombre de militants pour avoir des "témoignages" (la direction va jusqu'à faire appel à la délation), interdiction d'accès aux bulletins, etc… - sont nouvelles dans le CCI. Et surtout qu'elle ne sont pas de simples glissements dus à une bataille interne, mais qu'elles sont théorisées maintenant : par exemple, le BI de septembre 2001 a adopté la proposition de création d'une Commission d'Investigation permanente et autonome, sans mandat (c'est-à-dire une commission qui échappe au contrôle de l'organisation : ce qui rappelle la tristement célèbre Commission Centrale de Contrôle de l’IC dégénérescente). Au dernier BI de janvier 2002, il y a eu la proposition d'une commission spéciale chargée de vérifier les notes personnelles des participants afin de décider lesquelles pouvaient être gardées. Cela a été adopté à l'unanimité sauf par les deux membres de la fraction et a été retiré juste parce que ces derniers ont menacé de ne pas participer plus longtemps à la réunion. Puis est arrivé ce que notre Déclaration qui suit, mentionne.
Toute cette "politique du scandale" comme disait Bordiga, est vraiment démoralisante pour beaucoup de militants du CCI même s'ils restent silencieux et passifs, et continuent à s'en remettre aux organes centraux actuels – une attitude de sourds, muets et aveugles puisque tous les éléments concrets sont cachés par la CI et le SI. Il y a un parallèle, en terme de dynamique et de "méthode" – bien sûr pas en terme de drames historiques et personnels même si c'est très dur à supporter comme vous pouvez l'imaginer – avec les années 20 et 30, particulièrement avec la bolchévisation et la tendance des militants des PC à rester "prisonniers" de l'"unité" formelle et de la "discipline" de l'organisation, du "patriotisme de parti" comme le disait Victor Serge, du "fétichisme d'organisation" comme l'appelait Trotsky dans Cours nouveau (1923).
Soyons clairs, toute cette pagaille et toutes ces manœuvres "dégueulasses", ni les comportements incorrects, ne peuvent être l'explication de base de la crise actuelle. Ils peuvent devenir facteurs actifs à certains moments car il y a des faiblesses ou des erreurs plus profondes, politiques, organisationnelles, théoriques, ou même programmatiques. Nous savons que vous avez une explication que nous ne partageons pas – au moins pour le moment – même si certains aspects peuvent être corrects et que nous les étudierons. Mais nous sommes sûrs qu'il y au moins des explications politiques, tout comme historiques, voire théoriques, - nous ne pensons pas qu'elles soient programmatiques. En particulier, nous pensons qu'il y a eu depuis un certain temps un dérapage idéaliste et spéculatif à travers l'explication de "la décomposition sociale" par exemple, qui s'est exprimée dans les dernières prises de position sur la situation internationale depuis le 11 septembre et la révolte sociale en Argentine. De toute manière, que nous puissions rester dans le CCI ce qui semble maintenant illusoire, ou bien que nous soyons exclus, nous tirerons les leçons politiques de cette crise. L'explication des difficultés organisationnelles par le "clanisme" déconsidère la position même sur l'organisation révolutionnaire et le Parti. Elle ouvre la porte à l'explication des crises, et de toutes les crises du CCI, de l'existence des fractions dans l'histoire du mouvement révolutionnaire, comme étant surtout une compétition entre chefs et de rivalités de personnes. Elle empêche de tirer les leçons des crises des organisations politiques en termes politiques, c'est-à-dire de ne plus rien comprendre aux divergences qui s’expriment dans une organisation révolutionnaire. En clair les crises politiques se traduisent en termes d’individus et de lutte d’individus. Comme dans la troisième Internationale l’on pourrait créer de nouveaux « isme » comme Zinoviev la fait pour le « trotskisme » et comme cela l’a été fait pour le « bordiguisme » [1]. Pour notre part, notre intention première est de s'opposer à cette explication, de la dénoncer, et de défendre la position sur le Parti et les organisations révolutionnaires. Les leçons que nous tirons déjà, sont qu'il y a eu un manque de fermeté et de vigilance théoriques, politiques et organisationnelles à différents niveaux, en particulier aux niveaux organisationnels et militants. Et certainement, un manque dramatique de "réappropriation" des acquis du mouvement ouvrier sur ces points.
Communist greetings.
The internal Fraction of the ICC, 6/2/2002.
[1] On sait combien la fraction italienne s’est élevée contre cette théorie, exemple de l’article de Bilan : «Pas de bordiguisme».
1 Pour nous, il est clair que c’est nous qui défendons la position du CCI concernant les Fractions. Par contre, les organes dirigeants actuels, par leur politique à notre encontre, montrent que ce sont eux qui rejettent et même trahissent la position du CCI sur cette question.
2 Nous passons ici sur les prises de positions intermédiaires émettant l’avis qu’il « faut pouvoir assumer si nécessaire des sanctions en terme d’exclusion : cela peut être envisagé dès maintenant » (dès le SE mensuel du 21/10/2001)… « Très concrètement, Juan est suspendu jusqu’au BI plénier, rien ne nous empêche si nécessaire de prononcer son exclusion à ce BI » (idem). En d’autres termes, la préoccupation prioritaire des organes centraux était à ce moment là : comment justifier l’exclusion des membres de la Fraction, et nullement, comment se donner un cadre de discussion sur les divergences politiques de celle-ci.
3 Entre autres, Louise, dont l'avis est aujourd'hui particulièrement apprécié dans les OD, n'a-t-elle pas dit clairement qu'"il faut envisager dès maintenant des exclusions" et, concernant Juan, que "rien ne doit empêcher son exclusion, si nécessaire, au prochain BI plénier"?
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