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Nous voulons répondre ici à un certain nombre de critiques – qui révèlent bien souvent des questionnements politiques et des doutes sur la situation actuelle du CCI – qui nous ont été adressées par un certain nombre de camarades. Certains nous ont écrit directement, s'adressant à la Fraction ou à ses militants, ou indirectement. Certains de ces textes expriment une réelle volonté de discuter des questions politiques et, aussi, une véritable préoccupation et souci pour ce qu'ils estiment être l'impasse et le suicide politique dans lequel nous nous serions mis. Même si nous ne sommes pas d'accord avec eux, nous saluons l'état d'esprit fraternel et la volonté de recherche de la discussion politique, et strictement politique, qui animent ces lettres. En particulier la volonté de nous convaincre afin de "nous sauver". Nous les distinguons des "prises de position" sur la Fraction qui se contentent de se réfugier derrière les accusations de clanisme, reprenant sans sourciller toutes les accusations contre nous, afin de se rassurer à bon compte et d'éviter la réflexion politique. Et qui se sont déjà résignées à notre exclusion, ou suspension ad vitam eternam, que les liquidationnistes ont préparée ou sont en train de préparer.
Nous avions l'intention de répondre au premier type de textes, en particulier à ceux de Jack (Internationalism) et de Bertrand (RI). Mais faute de temps, et en fonction des priorités que nous nous sommes données, nous nous contenterons de nous baser que sur le texte de Bertrand (BII 288). Néanmoins, le texte qui suit se veut une réponse à l'ensemble des critiques – fraternelles – qui nous sont faites.
Insister sur la discussion politique et la critique fraternelle entre communistes peut paraître une banalité, mais par les temps qui courent c’est quelque chose de particulièrement rare. Dans le même sens, nous partageons le souci et la conscience que "nous sommes un groupe politique qui doit avoir le souci de ses militants, denrée plutôt rare et malheureusement périssable" (Bertrand, BII 288). Le camarade Bertrand nous fait savoir qu'il maintient ses désaccords avec le Texte d'orientation comme avec la constitution d’une CI permanente et qu'il peut "parfois partager nos questionnements sur ces questions". Très bien, mais ce camarade aurait aussi bien pu affirmer son plein accord avec l’un et l’autre dans sa lettre, nous le respecterions tout autant, car cela ne changerait rien au fait que c’est l’état d’esprit de fraternité et de discussion qui l’anime qui nous paraît politiquement le plus important à relever, parce qu’il se distingue nettement de celui que nous voyons en général s’exprimer à notre égard, que ce soit de la part des prises de position officielles des OC ou des camarades individuellement, notamment dans les réunions de section (RS) à Paris. Dans ce sens, nous sommes les premiers à regretter que ce camarade n’ait finalement pas pu participer à la réunion de section Nord du 21 novembre. Ce fut d'ailleurs la dernière où il ait été donné aux membres de notre Fraction de participer puisque depuis le 28 novembre nous sommes chassés des réunions de la cellule de base de l’organisation, malgré nos protestations et sans qu’on nous laisse même le droit de prendre la parole pour défendre notre point de vue. Et que, depuis le 19 décembre, la réunion de section se tient apparemment ailleurs que dans le lieu habituel sans que les membres de la fraction n’en aient été informés, manière particulièrement « pusillanime » de se « débarrasser » de notre présence – le mot n’est pas de nous, mais bien de Peter qui, le 5/12, a ponctué d’un sonore « bon débarras ! » notre expulsion de la salle (cf. bulletin n°4 de la fraction)
Quant aux critiques que Bertrand et d'autres camarades nous adressent, pour l’essentiel il nous semble que les derniers numéros de notre bulletin ont déjà répondu entre-temps à nombre d'entre elles et qu'ils devraient y trouver des éléments pour nourrir leur réflexion. Nous allons néanmoins revenir sur certaines de ces critiques et clarifier, démentir bien souvent, quelques faits.
Ainsi Bertrand nous conjure dans ces termes "maintenant il faut que les camarades comprennent qu’avec le bulletin n°2, leur refus de rendre le matériel politique interne aux OC et leurs réticences à payer leurs cotisations, ils sont en train de couper tous les ponts qui les rattachaient encore à l’organisation et à un authentique combat de classe". Qu'en est-il exactement ?
Notre prise de position sur la demande de remise au SI de « L’historique du SI » ainsi que celle sur la résolution adoptée par la CE plénière (bulletin n°3 de la Fraction) montrent que l’accusation de « vol » ou de « refus de restituer du matériel » est totalement fondée sur du sable, en tout cas sur une ambiguïté volontairement entretenue. Ajoutons seulement que, l’existence de ce texte, qui est à la base une contribution rédigée par un camarade il y a maintenant 5 mois était parfaitement connue des OC depuis cette date. A l’époque, la publication des premières parties de ce texte avait explicitement été demandée par le camarade Michel lors d’un SI mensuel (juillet 2001 sauf erreur de notre part, puis par la suite) : "Il y a un historique du SI de 50 pages. Nous le soumettons au BI. Il est nécessaire de le publier. Il faut voir avec la CI comment il peut être publié". Nous n’inventons pas. Ces propos sont reproduits dans le BII 288, mais les OC ont alors fait le mort sur cette demande). Si cette contribution s’appuie en effet sur « du matériel » qui n’est autre que les archives de l’organisation (1), elle n’est pas l’intégralité de ce matériel, comme les OC tentent de le faire croire, induisant l’idée d’un « vol de matériel » de notre part, pour tenter ainsi de nous assimiler à Chénier. En aucun cas donc notre Fraction aurait en quoi que ce soit privé de leurs propres archives l’organisation et ses OC qui n’ont jamais cessé de les avoir à leur disposition, au-delà de l’existence ou non de cette contribution. Nous ne voyons donc pas en quoi nous aurions à « restituer » quoi que ce soit. Quant à l’accusation que c’est dans l’utilisation de ce matériel d’archives qu’il y aurait « vol », nous attirons également l'attention sur notre prise de position sur la résolution de la CE qui rappelle, tout simplement, que jusqu’à présent, et conformément à nos statuts, le matériel d’un organe central dissout par le Congrès n’était pas considéré –comme cela semble malheureusement être un nouveau principe récent- comme le « saint des saints » auquel les membres « profanes » de l’organisation ne sauraient jamais avoir accès, mais au contraire étaient versées aux archives de l’organisation, et comme telles, étaient accessibles à tout camarade désireux d’en prendre connaissance (2). Enfin, on ne reprendra pas ici les raisons, largement développées dans notre bulletin n°3, pour lesquelles nous estimons que ce n’est pas le moment de rendre publique cette contribution.
Sur nos prétendues « réticences à payer les cotisations », nous renvoyons au n°4 où nous nous expliquons là dessus. En tout cas il est clair qu’il n’y a de notre part aucune « réticence » à payer nos cotisations. Par contre les exécutifs parisiens ont un réticence absolue à les accepter. Ainsi, un des mensonges par omission répandu aujourd’hui consiste à cacher à la majorité des militants que ceux-ci ont refusé d’encaisser l’argent que nous avons apporté à chaque réunion depuis le mois d’octobre et qu’ils l’ont fait à chaque fois en se justifiant par des « nous n’acceptons pas les cotisations fractionnistes » ou encore « ni 33%, ni 50%, ni même 90%, nous exigeons 100% ou rien, et il en sera ainsi quoiqu’il arrive parce que ce sont nos statuts ».
Une telle attitude est en contradiction totale avec ce qui a toujours été la pratique du CCI. Les organes centraux locaux ont toujours eu pour politique d’accepter les versements volontaires des camarades, même s’ils estiment que ces versements ne sont pas suffisants, et à plus forte raison lorsqu’ils estiment qu’ils révèlent un problème politique et donc nécessitent qu’une discussion soit organisée avec le camarade. Autrement dit, si un camarade individuellement propose de baisser sa cotisation, quelle que soit la raison qu’il invoque immédiatement, depuis quand le CCI réagirait-il en refusant d’encaisser tout versement, en refusant au camarade de s’expliquer, en opposant une fin de non recevoir à toute proposition de rencontre pour en discuter, puis finalement en le sanctionnant et en le chassant de la réunion ? Jusqu’à présent, devant de telles situations, les CO ont toujours eu pour réflexe de s’appuyer au moins sur ce que le camarade est prêt à donner, comme manifestation de son engagement, et cherché à favoriser la discussion avec lui et non la sanction. A moins qu’on considère que ce qui est valable pour le cas d’un militant individuel ne le serait plus dans le cas de membres d’une fraction ? Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on assiste là à une violation flagrante de la lettre et de l’esprit de nos statuts et notamment au principe du rejet de toute réponse disciplinaire de la part de la majorité vis-à-vis des tendances ou fractions.
Nous pensons que ces camarades sont conscients qu’il y a bien là un problème, notamment lorsque Bertrand dit dans sa note 2 "c’est une véritable question politique – discutons-en !" Cela c’est exactement ce que demande la Fraction depuis trois mois, et c’est ce que nous refusent les OC. Il ajoute "Mais tant que ce n’est pas tranché, les camarades paient leur cotisation".Mais il faut savoir que pour les OC à Paris cette question est considérée comme «définitivement tranchée », à tel point qu’on nous refuse même la parole sur cette question. Or, il faut ouvrir les yeux : il n’y a qu’une seule explication à la politique menée à Paris vis-à-vis des cotisations des membres de la Fraction : obtenir au plus vite un état de fait où les OC pourront se targuer de ce que les membres de la Fraction à Paris n’ont pas versé un sou à l’organisation depuis plus de trois mois, pour pouvoir mettre en application le point 45 des statuts et justifier leur exclusion, ou de nouvelles suspensions sans fin accompagnées de nouvelles mesures d'isolement, c'est-à-dire leur exclusion déguisée. Mais, nous dira t-on, pourquoi alors ne payez vous pas l’intégralité de vos cotisations afin d’éviter cette situation ? Pour la simple et bonne raison que nous sommes en même temps des militants du CCI et des militants de la Fraction, que celle-ci a besoin de moyens pour remplir ses tâches, pour publier, pour travailler, pour voyager (par exemple, la Fraction n’est pas « parisienne », elle est une fraction internationale, elle a également trois camarades au Mexique).
Nous nous acharnerions à mettre la question Louise sur la table. Que l'on ressente ainsi les choses nous éclaire sur la manière dont, par un subtil effet d’optique, « on » nous prête la volonté de répandre des accusations extrêmement graves, alors que ce ne sont pas les membres de notre fraction, mais bien le SI, et notamment Peter, qui ne cesse de le faire depuis le 22 septembre. Car le « scandale » du 22 septembre (qui a valu à Juan sa première suspension) est fait encore une fois d’un gros mensonge par omission –auquel nombre de camarades veulent croire, mais qui est faux. Nous invitons à relire le BIRI 250 où sont publiées les notes de cette réunion.
Et, l'on verra que tout d’abord ce n’est pas Juan qui « met la question Louise sur la table », mais la présentation générale qui a ouvert la discussion, laquelle évoquait explicitement le fait que le BI avait adopté la résolution sur Louise, en « oubliant » tout simplement de dire que celle-ci n’avait pas été adoptée à l’unanimité, mais que certains membres du BI avaient voté contre ou s’étaient abstenus. Dans une telle situation, où l’OC n’est pas unanime sur une question aussi délicate, qu’est-ce qui pouvait justifier d’évoquer ce problème en introduction d’une réunion de section, d’autant plus en laissant croire à l’auditoire qu’il avait été unanime alors qu’on sait parfaitement que ce n’est pas le cas ? Seule une politique qui cherche à provoquer le scandale peut expliquer une telle décision.
Or, c’est bien uniquement parce que la présentation a soulevé la question de la résolution sur Louise que Juan se trouve contraint de l’évoquer dans son intervention, tout simplement pour rectifier le fait que ce vote n’était pas unanime et pour en donner les raisons essentielles : à savoir que, pour lui, les problèmes posés par les comportements de la camarade et le rôle qu’ils ont joué dans la genèse de la crise actuelle restaient entiers. Il emploie explicitement le terme de « comportements indignes » (termes utilisés -soit dit en passant- à tout bout de champ en ce moment contre les membres de notre fraction), et c’est tout. C’est-à-dire qu’il ne lance absolument pas la moindre accusation comme quoi ces comportements s’expliqueraient par un lien avec l’Etat. Par contre, Peter lui le fait immédiatement. Si on lit les notes, on s’aperçoit que ce n’est pas l’intervention de Juan qui scandalise les différents camarades qui sont intervenus ensuite, mais bel et bien les propos de Peter qui accuse Juan et son rapport d’activités d’avoir accusé Louise d’être un agent de l’Etat, ce qui est totalement faux (3).
Face à l’acharnement de Peter et de la CI à vouloir à tout prix mettre la question Louise sur la table, ce qui est une manière de chercher à scandaliser les militants du CCI contre notre Fraction et d’éviter ainsi –encore et toujours- la discussion de fond, nous avons –pour notre part- décidé lorsque nous avons publié notre rapport d’activités d’éliminer les passages qui pourraient être utilisés pour tenter de faire passer notre Fraction pour un rassemblement d’ennemis personnels d’un militant particulier (cf la présentation du rapport dans notre bulletin n°1). Et c’est encore le SI, encore lui, qui vient de publier dans le BII 288 les passages supprimés. Pourquoi ? Qui s’acharne à mettre la question Louise sur la table ? Qui le fait encore et encore en montant tout un scandale autour de la contribution de Juan sur l’histoire du SI, que nous avons, pour notre part, décidé de ne pas publier pour le moment, exactement pour les mêmes raisons que nous avons supprimé certains passages du rapport d’activités. Qui encore a fait faire à Aurora un témoignage dans lequel elle prête à Juan des paroles qu’il n’a pas prononcées, et à propos desquelles elle a ensuite avoué elle même que c’était elle qui avait interprété ses paroles (cf la lettre d’Aurora). On se scandalise de ce que d’autres camarades de notre section au Mexique, qui ont vécu eux aussi la réunion de Mexico avec Juan, aient protesté contre les mensonges d’Aurora, d’autant plus que c’est sur la base de ces mensonges que Juan a été à nouveau sanctionné fin octobre avec une suspension de 4 mois ! Recourir au mensonge pour justifier des sanctions contre des militants (cette denrée rare et périssable) est quelque chose d’indigne et gravissime pour notre organisation. Que reproche-t-on à Vicente et Alberto ? D’avoir exprimé leur indignation ?
Ainsi, où qu’on regarde, la question qui est devant le CCI est bien celle posée en titre du premier paragraphe de la lettre de Bertand "reconnaître ou pas la fraction ?", mais à laquelle on évite de répondre. Or la réponse est dans nos statuts. Chacun dans le CCI, et la majorité du CCI, peut parfaitement considérer que la constitution en fraction n’est pas justifiée aujourd’hui ou encore qu’elle est précipitée. Cela n’autorise pas ses organes centraux à lui refuser le droit d’existence, comme ils le font ouvertement aujourd’hui, sauf à violer nos statuts, et notamment le point 48. Faut-il réciter le texte de 82 concernant non seulement le droit, mais le devoir de se constituer en fraction pour des camarades convaincus que des positions bourgeoises ont pénétré l’organisation au point de déterminer la politique menée par ses organes centraux ?
D’ailleurs réfléchissez bien à ceci camarades : il est logiquement IMPOSSIBLE que les OC d’une organisation prolétarienne jugent justifiée la constitution d’une fraction (alors que c’est possible pour une tendance) car, pour qu’ils l’estiment justifiée il faudrait qu’ils considèrent qu’ils sont eux-mêmes l’expression de la pénétration de l’idéologie bourgeoise au sein de l’organisation et que leur politique est celle de l’opportunisme, ce qui est évidemment inimaginable de leur point de vue. Cela ne s’est d’ailleurs pas souvent rencontré au sein du mouvement ouvrier excepté dans le parti bolchévik (4) : au contraire, toutes les oppositions tendant à s’organiser, toutes les fractions ont été constamment en butte aux pires infamies, aux mensonges, aux dénigrements de leurs militants, allant même jusqu’à la suppression physique de ces militants trop persistants à défendre leur point de vue contre les directions dégénérescentes. Dès lors, l’acharnement de la direction du parti à faire taire les fractions et à sanctionner ses membres est effectivement un révélateur qu’elles sont bien la manifestation d’un problème réel et non pas une pure fantaisie. Car si c’était le cas, la direction, même si elle la juge à priori injustifiée, n’aurait aucune crainte à avoir dans l’acceptation de son existence formelle et concrète. Elle aurait au contraire tout intérêt à le faire comme elle aurait tout intérêt à l’ouverture du débat politique le plus large sur les problèmes qu’elle pose, laissant justement à ce débat la charge de trancher réellement : y a t-il oui ou non deux positions inconciliables en présence comme le dit la Fraction ou bien les désaccords sont ils purement fantaisistes ou du moins tout à fait dépassables par le débat interne comme le pense la majorité ? Si elle le pense, qu’elle le démontre donc en favorisant le débat et qu’elle se donne les moyens de convaincre les membres de la Fraction au lieu de chercher à les pousser dehors ! Cette politique c’est celle qu’a eu le CCI au moment de la tendance future FECCI (qui ne se considérait d’ailleurs pas comme une fraction interne, mais comme une tendance) : elle a reconnu son existence et c’est bien ce que voulait dire MC lorsqu’il a dit « on ne peut pas empêcher Napoléon de se prendre pour Napoléon, mais pour notre part nous jugeons qu’ils ne sont pas Napoléon » : autrement dit, nous jugeons certes, et nous en avons le droit, mais par contre nous ne saurions nous octroyer le droit de les empêcher de se constituer en tendance. C’est bien de cela qu’il s’agit dans nos statuts, comme dans le texte de 82, qui prévoient les garde-fous contre les abus d’autorité de la majorité, qui rejettent les réponses disciplinaires et considèrent qu’elle "n’a pas à juger/décider quand un tel organisme doit se constituer et se dissoudre".(5).
Qui décide alors ? Sinon les militants qui constituent la fraction ? Appeller cela "toute puissance divine du verbe", décrèter encore que cette constitution "se résume à des déclarations d’intention", ce jugement est, peut être, logique de la part de Bertrand car s'il partageait notre conviction que nous ne faisons que remplir notre devoir de communistes, il nous aurait nécessairement déjà rejoints. Quant aux « déclarations d’intention », on peut dire que « oui, nous avons des intentions », « oui nous les déclarons ouvertement » : celles de redresser le CCI, celles de convaincre le maximum de militants du CCI, et certainement pas de nous sauver nous même dans notre coin et encore moins de « couper les ponts qui nous rattachent à l’organisation ». Sinon, nous n’aurions pas constitué une fraction interne, sinon nous aurions cédé à la tentation de la démission les uns derrière les autres. Nous avons au contraire choisi de mener le combat jusqu’au bout et c’est à ces fins que nous nous sommes regroupés en fraction.
Sous le titre "Le collectif prime sur la responsabilité individuelle ?", on nous fait le procès d’avoir "oublié la dimension internationale du CCI" et de nous être constitués "même pas sur une base nationale mais… parisienne". Pourquoi est-il venu à l’idée de certains camarades que la dimension internationale de notre combat n'était pas notre préoccupation du premier jour ? A t-on remarqué que l’Adresse à tous les militants du CCI du 24 août s’adressait… à tous les militants du CCI, ce qui veut dire tout autant à des Toulousains qu’à des camarades des USA, de Suéde, d’Espagne, d’Italie, d'Inde, d'Allemagne ou de Paris ? Que nous nous donnions explicitement pour tâche de « briser l’enfermement parisien », dans lequel la politique des OC cherchait à confiner les militants du CCI à Paris, notamment en désignant partout la section Nord comme une section « clanique », une section « qui s’autonomisait », en présentant partout les désaccords qui s’exprimaient à Paris comme la « preuve » d’un « tissu dégradé », et d’un prétendu « clanisme » ?. On a l’impression que l'on nous reproche d’avoir préféré mener une réflexion avec des « Parisiens » plutôt qu’avec d'autres, comme si c’était là un « choix » possible à ce moment là et, ensuite, comme si cela s’excluait.
On s’insurge de ce que nous nous soyons regroupés alors que "pas la moindre synthèse de discussion du TO n’était encore parue", on s’indigne : "Qu’en est-il sorti (des réunions du collectif) comme contribution qui puisse prétendre sérieusement être une argumentation sur le TO ? Rien".
Ce raisonnement révèle à quel point la gravité de la crise était ignorée en dehors de Paris. Le problème qui se pose au mois d’août est loin d’être uniquement un problème de contenu théorique erroné dans un « texte d’orientation » qui n’aurait aucune implication pratique et aucun lien avec ce qui se passe sur le plan de la politique immédiate. Nous sommes en train de voir à l’œuvre, sous nos yeux, une politique qui, depuis le Congrès, en piétinant nos principes organisationnels, détruit à vitesse grand V le cadre unitaire de fonctionnement et de débat au sein du CCI. Dans ce cadre, le TO, à la suite des contributions de Peter, ne fait qu’essayer de donner un fondement théorique à une pratique qui est déjà à l’œuvre, qui est déjà celle des nouveaux organes exécutifs et de la CI. Pour l’illustrer, on se contentera de rappeler ce qui figurait déjà dans l’Adresse du collectif et dans notre bulletin n°1, à savoir qu’à l’époque où se regroupent ces quelques camarades à Paris, l’accusation de clanisme « pavillonnaire » portée aux membres de l’ancien SI, une partie de l’ancien SE et toute la section Nord a déjà réussi à étouffer, à faire taire tout le débat sur les problèmes très réels dans notre activité que la contribution du SI de mars 2000 avait posés. Soudain, ces problèmes n’existent plus ! Ils ont disparu comme par enchantement. C’était des « faux problèmes », pire même, des « inventions du clan ».
Cette pratique que théorisent Peter, le TO et le « cadre théorique » proposé par la CI est basée sur la méfiance généralisée vis-à-vis des militants. Elle remet activement en cause, et désormais au quotidien, la conception qui a toujours été celle du CCI concernant la vie et le débat internes, les rapports entre les différentes parties de l’organisation et la conception de la centralisation comme le noyau d’une cellule vivante. Cette remise en cause de nos principes organisationnels, identifiée comme une tendance par la contribution du SI de mars 2000, comme un risque contre lequel elle met en garde, est devenue réelle, quotidienne, elle est en train de triompher à travers la politique des nouveaux organes exécutifs (SI, SE, CI). Si cette politique prétend se réclamer de la « confiance », c’est uniquement de la confiance en certains « élus », ou de la confiance dans les OC et dans la CI. Celle-ci, au nom de la « confidentialité », n’a pas besoin de rendre des comptes à personne et s’autorise tout bonnement à faire taire, à censurer tout témoignage ou prise de position n’allant pas dans le sens de sa thèse du « clan pavillon bis » , à moins qu’elle ne s’empresse, après l’avoir déformée, d’y voir une preuve de clanisme ! Tout ce qui exprime un désaccord avec la politique menée ne peut être que motivé par des intentions destructrices.
Nous sommes témoins à Paris d’une politique de mensonges et de petites manœuvres qui est systématique et qui interdit au reste du CCI de réagir, parce qu’on le maintient dans l’ignorance. Le clanisme est, enfin, le moyen tout trouvé de dépolitiser les questions, d’éviter que n’apparaisse clairement les désaccords de fond et de substituer aux questions politiques des questions de personnes, dans une vision où les rapports entre militants sont considérés à priori comme conflictuels et les positionnements politiques comme forcément motivés par des intérêts personnels. L’indigne, ignominieuse, présentation du BII 283 est la manifestation caricaturale de cette dérive. En ce début août enfin la section Nord a été privée, depuis plus de deux mois, de toute souveraineté, de tout pouvoir de décision sur sa propre activité : présidence, ordre du jour, plannings sont décidés hors de sa propre assemblée par une poignée de militants individuels qui se sont autoproclamés depuis fin mai « le tout » qui « prime sur la partie » et qui ne rendent des comptes à personne..
Que veulent ceux qui se regroupent alors début août ? Rédiger d’abord une contribution théorique ? Ou commencer par alerter le CCI ? Faire savoir avant tout, même s’il va nous falloir du temps pour démontrer, pour convaincre patiemment, qu’il existe une autre compréhension de la crise, une autre « histoire » que celle qui est répandue unilatéralement dans le CCI. Car, même cela -à savoir qu’existe un rapport d’activités alternatif présenté par Juan au SI mensuel d’août et un « historique du SI » basé sur les faits réels qui contredit les conclusions de la CI - n’est pas dit aux militants du CCI (ce rapport qui, si la Fraction ne s’était pas constituée, serait encore aujourd’hui caché à l’énorme majorité des militants et dont l’existence a justifié les premières sanctions prises en août contre Juan, alors qu’on a tout fait pour cacher son contenu !).
"Avant même toute contribution internationale, les clairvoyants esprits du collectif sont déjà à pied d’œuvre pour savoir… comment s’appeler et sauvegarder les apparences".
Est-ce que l'on mesure qu’entre le 7 août, date de la première rencontre et le 24 août, date de publication de l’Adresse, il se passe à peine plus de deux semaines ?
Combien de temps de discussion faut-il à un ensemble X de camarades,
qui sont convaincus que le CCI vit une crise gravissime et notamment que le problème n’est pas « parisien » comme on veut le faire croire au reste du CCI, mais constitue une crise majeure dans son organe central international et donc pour l’ensemble de l’organisation
qui savent, parce que tel est leur vécu concret, que l’histoire du « clan pavillon bis » n’est qu’un grossier montage qui n’a rien à voir avec ce qui s’est passé réellement à Paris, avec les graves problèmes qui se sont posés d’abord en restant confinés dans le SE et le SI avant d’être traités par la CE et le BI, pour finir au moment du congrès par retomber sur la section comme un coup de massue,
qui ont déjà fait l’expérience concrète de la partialité de la CI et de la politique systématique d’occultation des faits -et de l’existence d’un autre point de vue sur les faits- qui est menée par les nouveaux organes exécutifs,
Combien leur faut-il de temps donc pour d’abord ressentir le besoin de se rassembler et oser tout simplement le faire, alors qu’ils savent parfaitement qu’ils seront immédiatement taxés de « fomenter des réunions secrètes » ? Combien de temps pour discuter de la nécessité et des moyens de se faire entendre du reste du CCI, et notamment de lui faire savoir (puisque les OC s’y refusent ouvertement par toutes sortes de manœuvres qu’il existe un autre son de cloche, une autre compréhension de la genèse de la crise, compréhension qui leur est occultée ? Combien de temps pour comprendre eux-mêmes ce qu’ils sont en train de faire, autrement dit ce qu’EST la nécessité qu’ils ressentent de se regrouper pour réagir et pour se donner les moyens de s’adresser aux militants du CCI, c’est-à-dire d’engager le combat pour la défense de l’organisation contre une politique qui est en train de la détruire sous nos yeux ?
Nous ne cherchons pas "comment nous appeler pour sauvegarder les apparences", nous cherchons à comprendre ce que nous sommes en train de faire, quelle est la signification politique de la nécessité que nous ressentons, et cela en relation avec les acquis de l’histoire du mouvement ouvrier et les principes du CCI en matière de fonctionnement centralisé et de constitutions d’oppositions organisées. Et c’est encore au cours de ces deux semaines là que la nécessité ressentie, celle de s’adresser, d’alerter les militants du CCI, va devoir s’affronter au centrisme, à savoir à une tendance politique parmi ces X camarades qui, bien qu’elle se dise d’accord sur le diagnostic et qu’elle se dise d’accord pour agir, freine à chaque instant des quatre fers, propose d’attendre, craint les réactions des OC, redoute le combat, joue la montre finalement (consciemment ou non) en retardant la rédaction de l’Adresse. Ce centrisme tentera même de proposer qu’au lieu de s’adresser aux militants du CCI, c’est-à-dire à l'ensemble des militants, nous nous limitions à faire des rapports à la CI pour la prévenir que « on discute entre nous», se justifiant de cela au nom du fait que les liquidationnistes eux mêmes nous en ont donné l’autorisation en disant « nous discutons entre nous, vous pouvez en faire autant, à condition que vous rendiez des comptes à la CI » (cf., entre autres, l'intervention de Bruno au SI mensuel de juin 2001). Cette politique, cette pratique de réunions secrètes des liquidationnistes que nous dénonçons alors parce que, effectivement, elle se mène dans le dos de l’organisation (laquelle n’est pas la CI qui s’en est complètement autonomisée, mais n’est autre que l’ensemble des militants), cette politique de la droite, les centristes finiront par proposer de l’adopter dans notre propre pratique, par proposer « il n’y a qu’à faire comme eux », (c’est-à-dire comme la droite, les liquidationnistes), sous prétexte de « rester dans les clous », en oubliant que ces fameux « clous » sont ceux choisis par la droite et qu’ils sont déjà étrangers aux principes de toujours du CCI et en « oubliant » la raison d’être de notre regroupement qui était d’alerter au plus vite le CCI, c’est-à-dire d’engager le combat, ouvertement, devant tous les militants et non pas dans l’ombre, comme le fait la droite et comme elle se revendique même de le faire (6).
S’il a fallu plus de deux semaines à notre Adresse pour voir enfin le jour (le grand jour) alors que c’est depuis le premier instant, en ce 7 aout 2001, que nous nous sommes rassemblés POUR nous adresser à tout le CCI, c’est parce que ces deux semaines ont été ce qui a été nécessaire pour vaincre la résistance du centrisme en notre sein. Et encore, il nous a fallu faire des concessions, car notre intention initiale n’était pas de publier cette seule adresse, mais en même temps le rapport d’activités présenté par Juan et Michel au SI mensuel et le fameux « historique du SI » (7) D’ailleurs les liquidateurs, qui ont tout fait pour attirer l’attention des militants du CCI sur les fameuses notes du 20/8(8), l’ont fait uniquement pour la détourner de l’essentiel : notre Adresse aux militants, car, une fois de plus, ils ne voulaient surtout pas que son contenu soit ouvertement discuté dans l‘organisation. Mais en réalité, c’est bien PARCE QUE nous nous sommes adressés, ouvertement, à tous les militants, que les liquidateurs ont jugé notre regroupement insupportable, et non , en soi, parce que nous nous sommes réunis. En effet, il est absolument exact que ces derniers nous avaient « royalement » donné l’autorisation de discuter entre nous, cela ne les dérangeait pas, tant que cela restait une affaire confidentielle et « parisienne ». Décidément l’opportunisme déteste la lumière, et le centrisme, qui veut ménager la chèvre et le chou, a beau clamer qu’il veut la faire, au moment de le faire, il recule, tergiverse, hésite, invente mille raisons pour respecter les exigences de l’ombre voulues par l’opportunisme. Cela aussi fait partie des leçons de l’histoire de notre collectif.
Le combat contre l’opportunisme implique donc aussi le combat contre le centrisme. On aura trouvé dans le n° 4 de notre bulletin, notre texte sur les leçons concernant le danger mortel du centrisme qui peuvent être tirées de l’expérience des Spartakistes. Leur actualité est particulièrement brûlante concernant la crise actuelle et nous ne pouvons qu’inviter les camarades à y réfléchir très sérieusement, car la tentation de tomber dans le centrisme est très forte face à une crise d’une telle gravité.
La Fraction, 9/1/02.
1 L'internationale, c'est tout à son honneur, a publié l'intégralité de ses PV, de ses textes, déclarations de Congrès, de réunions et de conférences comme matériel de propagande. Ce matériel politique était utilisable par tous.
2 La vision qui sous-tend ce nouveau scandale semble avoir oublié que l’organe souverain de l’organisation est le Congrès, que le Congrès dissout l’ancien BI et son SI, lesquels sont censés rendre à ce moment leurs comptes –et donc y compris leurs archives-, avant de nommer un nouveau BI responsable devant lui. Nous assistons en ce moment à un glissement vers la vision d’un organe central permanent, qui aurait le pouvoir, supérieur à celui des Congrès, de garder indéfiniment par devers lui le « secret » de sa propre activité, comme si cette activité n’était pas autre chose qu’une tâche que lui a confié le Congrès pour deux ans consistant à mettre en œuvre les orientations décidées par ce congrès, et dont il se doit de rendre compte lorsqu’il rend son mandat et se dissout devant le congrès suivant. Hélas, la manière dont s’est déroulé le 14e congrès du CCI a créé un grave précédent dans le sens d’un tel glissement, car la situation où se trouvait le CCI a effectivement conduit à ceci que le 14e Congrès a souverainement décidé… de renoncer à sa souveraineté, en renonçant à dissoudre le BI, en acceptant de rester dans l’ignorance des graves problèmes posés au sein de ce BI, et prenant, toujours « souverainement », une décision dont il n’avait pas même les moyens de mesurer les conséquences, puisqu’il était resté dans l’ignorance de ce dont il s’agissait. Un souverain fantoche, en quelque sorte.
3 Croit-on donc que nous ne mesurerions pas la gravité d’une telle accusation ? Croit-on que nous ne soyons pas d’accord avec ce que dit Victor Serge à ce sujet ? Bien sûr que si, et si nous souhaitons de toutes nos forces que ces comportements trouvent un jour une explication devant l’organisation, ce n’est nullement « dans le but d’accuser Louise », mais simplement pour que le CCI comprenne un jour ce qui lui est arrivé et comment ces comportements ont-ils pu avoir lieu sans qu’il n’ait réagi plus tôt, afin non seulement de se défendre immédiatement mais d’en tirer des leçons pour l’avenir. Voilà de quoi parlait Juan le 22/9, et ce qui est évoqué dans les parties supprimées de notre rapport, ainsi que dans l’historique du SI. Louise n’est pas nécessairement un agent de l’Etat. La CI a acquis la conviction qu’elle ne l’est pas. Très bien. Mais les conclusions de la CI ne nous ont pas pour autant donné de réponse au problème de ses comportements et des effets dévastateurs qu’ils ont eus sur les rapports au sein du CCI. Voilà pourquoi Juan et d’autres camarades ne pouvaient pas voter pour la « résolution Louise » au BI plénier, parce que cela aurait voulu dire accepter que le problème politique posé par ses comportements et leurs conséquences dramatiques ne puisse plus jamais être posés sur la table, ce qui est pourtant une question vitale pour la défense de l’organisation. Cette résolution est tournée de telle sorte qu’en blanchissant un camarade d’une accusation qui ne lui a pourtant pas été portée, elle le blanchit du même coup de toute autre critique, elle interdit-sous peine de sanctions- à quiconque de lui porter dorénavant la moindre observation, elle fait de ce membre de l’organisation un « intouchable » qui n’aurait définitivement aucun compte à rendre devant elle.
4 Au sein du parti bolchevik où la discussion était un mode normal de fonctionnement, chaque fois qu'il y a eu des fractions les désaccords ont pu se résoudre de la meilleure des façons L'exemple le plus éclairant est celui de la discussion sur Brest-litovsk qui a failli aboutir à la division du parti en deux ainsi que son CC. La discussion politique a pu résoudre cette grave crise. C'est la seule façon de résoudre le problème actuel du CCI ce que les organes décisionnels actuels liquidationnistes ne veulent surtout pas.
5 La formule des statuts dit « si l’organisation n’a pas à juger… », mais les « Commentaires sur les statuts » précisent à juste titre qu’il aurait été préférable d’utiliser le verbe « décider » plutôt que « juger », car c’est effectivement un droit et même un devoir, pour la majorité, de porter un jugement sur la signification de constitution d’une opposition organisée en son sein. Par contre ce jugement ne saurait en aucun cas lui donner le droit de « décider » de son existence ou non .
6 C’est elle (en la personne de Bruno) qui s’est vantée de ce que les réunions Peter-Bruno-Louise, loin de se limiter ponctuellement à la rédaction commune d’amendements à une résolution d’activités existaient bien avant et continuaient de se tenir régulièrement depuis)
7 Il faudra donc attendre la fraction pour voir publié le rapport, quant à l’historique, nous nous sommes déjà expliqués des raisons pour lesquelles ce n’est plus pour l’instant le moment, alors que c’était encore possible au mois d’août.
8 Sait-on que la CI (le SI ?) dispose maintenant depuis au moins trois mois des notes de TOUTES les réunions du collectif. Pourquoi ne les publient-ils pas alors qu’ils font grand cas de celles du 20/8 ? Sinon parce que ces notes racontent cette histoire et permettent de comprendre ce qui était en jeu le 20/8 où les deux tendances s’y affrontent.
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