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Camarades,
Nous accusons réception de l'invitation faite aux camarades Olivier pour assister au SI mensuel et aux camarades Olivier, Aglaé et Sarah à la CE plénière. Cependant, nous tenons à vous rappeler que la Fraction attend toujours la réunion commune qu'elle a demandée au SI. La tenue de cette réunion - à propos de laquelle vous êtes, à l'évidence, sciemment silencieux - est, selon nous, une requête parfaitement légitime. C'est la seule méthode qui peut permettre de définir les règles de fonctionnement de l'organisation avec une fraction en son sein (ce que le CCI n'a jamais fait jusqu'à aujourd'hui). C'est le seul moyen pour qu'un débat politique réel puisse se développer. C'est la seule voie pour qu'une atmosphère sereine puisse être restaurée.
Nous ne pensons pas qu'il soit nécessaire de jouer plus longtemps au chat et à la souris. Aujourd'hui les questions en jeu sont trop importantes et graves. Il s'agit de questions politiques. C'est pourquoi nous rejetons totalement votre attitude "politicarde" et "tactique" qui consiste à ne pas répondre parce que vous ne voulez pas dire le fond de votre pensée. Ayez le courage de dire devant tout le monde : "Nous ne reconnaissons pas la fraction interne". En ce qui nous concerne, nous n'acceptons plus la politique actuelle des organes centraux du CCI qui consiste à jouer au plus fin, à rechercher la solution la plus efficace pour décrédibiliser, déconsidérer la position politique avec laquelle vous n'êtes pas en accord.
C'est cette attitude - que nous ne voulons plus cautionner, et puisqu'il ne s'agit pas de discuter clairement politique mais de continuer la politique des manœuvres, de "discipline pour la discipline", de "l'unité à tout prix" (comme le disait déjà Bordiga face la l'IC dégénérescente, cf. son texte publié dans le n° 2 du Bulletin interne de la Fraction) - qui vous réussit si bien dans la mesure où nombreux sont les camarades qui se disent en désaccord avec la politique globale actuelle de l'organisation et qui restent muets malgré tout.
Nous rejetons par avance les sanctions qui pourraient être prises contre les 3 camarades parce qu'ils n'assisteraient pas aux prochaines réunions de la CE et du SI (1) ; comme nous rejetons les sanctions contre les camarades de la Fraction parce qu'ils ont quitté la réunion du SI mensuel. Nous rejetons la politique actuelle des sanctions des OC du CCI qui n’est pas recevable, ainsi que la politique consistant à traiter individu par individu alors que la question posée est on ne peut plus claire et incontournable : comment s’organiser pour permettre à l’organisation de fonctionner avec une fraction en son sein, comment permettre à la fraction d’exprimer ses points de vue dans une atmosphère constructive et sereine.
Il nous a été reproché l'attitude qui consiste à quitter ou à ne pas assister à une réunion en tant que membre d'un OC qui tient sa réunion car cela ne se serait jamais vu dans l’histoire du mouvement ouvrier et, notamment, dans l'histoire de l'Opposition de gauche ou dans le courant bordiguiste. Nous regrettons de devoir rappeler aux camarades 2 faits encore plus lourds de sens et de conséquences qui se sont passés dans l'histoire de notre classe et qui n'avaient rien à voir avec une quelconque volonté d'éviter le combat politique entrepris. Trotski et Bordiga, qui en furent les principaux protagonistes, l'ont amplement montré par la suite. Nous tenons à souligner ici que ces 2 grandes figures du mouvement révolutionnaire n’ont pas été sanctionnées pour ces faits par l’IC “ bolchévisée ” :
- En 1924, Trotsky est élu au Présidium du V° Congrès de l'Internationale communiste, par le congrès lui-même ; il restera absent pendant toute la durée du congrès, il ne viendra même pas se "défendre" et développer ses positions lorsqu'il fut invité officiellement par le congrès à venir se défendre dans le conflit qui divise le PC russe. Il répondit seulement par une lettre très brève. (Cf. page 226, De Lénine à Staline, mémoires de Jules Humbert-Droz).
- En 1925 Bordiga n'assiste pas au V° Plénum de l'IC (l'équivalent d'une réunion du BI du CCI). Les "centristes" à la tête de la Centrale du PCI autour de Gramcsi tentent de faire croire, de façon mensongère, qu'il n'a pas assisté car il a fait passer des raisons familiales avant les questions politiques.
Bordiga par avance avait écrit dans une lettre personnelle du 8 novembre 1924, aux membres de la Gauche :
"L'expédient qui a été improvisé est le suivant. Amener la discussion du terrain de son contenu politique et tactique, sur le terrain personnel et disciplinaire (2), demandant au parti de se prononcer non sur les opinions de la gauche mais de récuser cette dernière tout en demandant que ses chefs participent aux tâches dirigeantes".
Il critique ensuite la campagne faite pour dénaturer son acte politique de refuser la participation sur le terrain pourri qui lui est proposé. "Toute cette crainte et phobie tendant à démontrer combien est hypocrite cette ostentation qui déplore le fait que je ne voudrais plus être assidu dans le parti ; il faut ôter toute illusion des camarades sur la signification de l'invitation de la gauche". En effet, cette invitation avait pour but d’empêcher l’expression de la Gauche et de Bordiga en tant que véritable courant politique.
Reconnaissez ce mode d'expression et de lutte que nos camarades ont utilisé dans le passé et dont nous nous réclamons tous. En ce qui nous concerne, si nous nous battons ainsi, c'est pour retrouver le régime intérieur et le mode de fonctionnement normal du CCI. Et cela passe par l'acceptation des droits de la Fraction en son sein autrement qu’en termes de principes abstraits. Cela passe par des droits réels et pratiques.
Salutations communistes. La Fraction (15/11/2001.
Camarades,
Nous nous adressons une nouvelle fois à vous pour attirer votre attention sur quelques nouveaux faits significatifs de la politique organisationnelle qui est menée actuellement par le SI et le SE de RI.
- Dans la soirée du 15/11/2001, au cours de laquelle une délégation des OC de l'organisation composée de Bruno et Peter a rencontré le camarade Olivier (membre de la Fraction), ce dernier a pu, sans que personne n'ait semble-t-il rien à redire, prendre ses propres notes de la discussion. Si nous rapportons un tel fait - qui peut paraître évident, normal et même banal pour tout militant d'une organisation communiste - c'est parce que, dans le CCI aujourd'hui, un camarade qui a des divergences et qui prend des notes dans une réunion peut être lourdement sanctionné pour cela. C'est ce qui est arrivé aux camarades Olivier et, surtout, Juan le mois dernier. Ce sont des faits que vous pouvez facilement vérifier et dont le bulletin n°1 de la Fraction a fait part. Par ailleurs, comment peut-on comprendre cette incohérence du SI et du SE de RI (le même acte est admis le 15/11 alors qu'il avait été sanctionné le mois précédent) sinon par le fait que la "politique" qu'ils mènent n'a justement rien de politique ?
- Dans le Bulletin n°2 de la Fraction, dont vous avez sûrement pris connaissance, nous avons publié les témoignages de plusieurs camarades de RM (qui ont discuté avec Juan lors de son passage à Mexico au début septembre) qui montrent clairement que :
Les "informations" rapportées du Mexique par la délégation du BI (ou, pour le moins, par le camarade Peter) sont, de façon évidente, des déformations de la réalité pour ne pas dire plus. Le camarade Juan n'a jamais accusé quiconque, dans l'organisation, d'être un agent de l'Etat ;
Cette déformation de la réalité ne serait qu'une pitoyable et honteuse pratique si elle n'avait pas été le "prétexte" d'une grave et injuste sanction (plusieurs mois de suspension) portée contre Juan ;
Le SI et la commission prétendue ad hoc pour traiter ces questions, la CI, n'ont même pas jugé nécessaire d'entendre la version de Juan avant de la condamner.
Pour nous, ces faits confirment la dérive que connaît aujourd'hui notre organisation, qui se manifeste essentiellement à travers une politique "disciplinaire" menée par les OC. Mais ils apportent également un éclairage particulier sur cette politique dans la mesure où ils révèlent clairement (sauf pour des aveugles) que celle-ci s'appuie sur des contre-vérités et sur des abus d'autorité inadmissibles que se permettent au moins certains membres des OC.
Pour toutes ces raisons, nous en appelons à votre sens des responsabilités et vous demandons d'intervenir pour que ces sanctions soient immédiatement retirées et pour que les camarades Olivier et Juan reprennent, sans délai, leur place dans l'activité de leur section.
La Fraction interne (19/11/2001)
1 Sur quelles bases les camarades Ag et Olivier pourraient-ils participer aux travaux de la CE ? Ils n’en possèdent ni l’ordre du jour, ni les textes préparatoires. Par ailleurs, les seuls courriers qu’ils aient reçus depuis plusieurs mois maintenant en provenance de la CE (ou du SE) consistent en : lettres les avisant au fur et à mesure, de sanctions les concernant, lettre informant Aglaé qu’elle était démise de ses responsabilités au sein du SE, lettres d’injonction à rendre le matériel et les sommes dont ils avaient la responsabilité au sein du SE. Par contre aucun matériel tels : LM du SE, aucun matériel concernant la vie des sections ou les correspondances et projets de textes émanant de la CE etc… Quant aux Bulletins, inutile de préciser que le camarade Olivier, suspendu, n’en reçoit plus. Sur quoi donc ces camarades auraient-ils pu travailler et accomplir au minimum leur mandat quand c’est subitement à 8 jours de la CE plénière que le SE se souvient que ces camarades sont mandatés par le Congrès ? Quant à « l’invitation » faite à Sarah au prétexte que « le SE a dû refuser ta proposition de reprendre ta place au sein du CR », nous informons qu’il ne s’agit là que d’une énième interprétation et arrangement des faits de la part du SE de RI. La camarade n’a jamais émis une telle proposition, sa seule proposition (rejetée par le SE) ayant été de reprendre les tâches qu’elle accomplissait lors du WECR sur le plan technique (en plus de la rédaction d’articles), le reste étant conditionné par les résultats de la discussion demandée par la Fraction avec l’OC du CCI. Enfin, depuis quand la CE serait compétente pour juger de « l’état de fatigue » qui avait motivé le congé militant de la camarade ? C’est pourtant un autre justificatif mis en avant par la lettre du SE pour inviter Sarah à se présenter à 21h le samedi 17/11 devant la CE ?
2 . Cessez donc avec la soi-disant réunion “ secrète ” du 20 août ! Comment voulez-vous que des camarades puissent se rencontrer et discuter politique, s'ils ne se réunissent pas. Les statuts permettraient le droit de fraction, mais ne donneraient aucun moyen pratique et réel pour l'assumer dans les faits ? Arrêtons les tartufferies et engageons enfin une réelle discussion politique.
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