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BILAN ET PRISE DE POSITION SUR LA REUNION
DU SI MENSUEL DU SAMEDI 22/10/2001

Avant même que la réunion du SI mensuel ne commence et en guise de mise en condition, les camarades Sarah et Aglaé étaient personnellement interpellées et accusées scandaleusement de manquements organisationnels face à l’ensemble des participants (cf. la brève sur "De nouvelles manifestations de provocations…" dans ce bulletin).

Le mercredi 16/10 précédant cette réunion, nous avions fait parvenir une lettre au SI lui faisant part de notre souhait de “ rencontrer formellement l’organe central du CCI … afin de discuter et définir les modalités devant nous permettre de coexister au sein du CCI dans la plus grande clarté organisationnelle et politique…. ” (Lettre publiée dans le Bulletin n° 1 de la Fraction, p. 21).

Le vendredi 18/10, un membre du SE de RI informait par téléphone la camarade Aglaé que les 4 camarades de la Fraction étaient invités à se rendre à 13h sur les lieux de la réunion du SI mensuel afin de discuter à partir de cette lettre.

Nous avons répondu à cette invitation et nous nous sommes présentés à la réunion où nous avons, d'emblée, demandé de lire une « Déclaration préliminaire de la Fraction » (publiée ci-dessous).

Au vu de l’ordre du jour de la réunion, et constatant que toute référence à notre demande de réunion commune avait totalement disparu, le seul point pouvant faire allusion (si l’on peut dire) à notre demande étant prévu, par le présidium, à ….. 19h45 (point sur les “ Problèmes posés par la déclaration de constitution d’une "‘fraction’ ”), nous avons demandé la parole afin d’informer l’assemblée du motif de notre présence et de donner lecture de notre « Déclaration préliminaire ».

Après avoir lu la déclaration, le camarade Olivier, au nom de la Fraction, faisait notamment les commentaires suivants (reproduction approchante) :

“ Nous ne faisons pas cette proposition sans une profonde réflexion et un retour à l’histoire des fractions dans le mouvement ouvrier. Il faut mettre notre fonctionnement en tant que Fraction au sein du CCI dans un cadre, avant de pouvoir travailler.

Nous avons étudié deux périodes dans l’histoire du mouvement ouvrier : les Spartakistes et la Gauche italienne de 1924 à 1928 ; mais cela ne donne pas une réponse à toutes les questions et il faut donc en discuter entre nous au sein du CCI.

En ce qui concerne les Spartakistes, je répondrai déjà sur leur nombre au départ : ils se trouvaient 7 dans la chambre de R. Luxemburg au soir du vote des crédits de guerre le 4 août 1914 ; pour toute la social démocratie allemande, ils n'étaient que 7 militants fractionnistes. Ils ont envoyé 300 télégrammes à tous les éléments qui leur semblaient être à la gauche du Parti. Il n’y aura qu’une seule réponse, celle de Clara Zetkin. Aussi, notre Fraction actuelle ne se fait pas d’illusion sur le nombre de camarades susceptibles de nous rejoindre.

Les Spartakistes s'organiseront malgré tout et assumeront un travail considérable, dans l'opposition au sein du SPD puis en tant que tendance dans l'USPD, mais resteront toujours très minoritaires.

Concernant les cotisations, au sein du groupe Spartakus, la proposition a oscillé entre ne rien payer et verser les 20 % réglementaires des cotisations au SPD. Et certaines sections comme Brême ont très tôt refusé de payer leurs cotisations.

Concernant la Gauche italienne, j’enjoins les camarades à lire le texte de Bordiga de 1924 “ Organisation et discipline communiste ”et à se pencher sur son travail au sein du PCI de 1924 à 1928, sans oublier la formation du Comité d’Entente. Tout cela doit servir de base à notre réflexion.”

Pour toute réponse, le présidium de la réunion ignorait ouvertement cette déclaration et engageait manifestement les hostilités contre les militants de la Fraction :

- Bruno rappelait vertement que “ les camarades Juan et Olivier devaient payer leurs cotisations ”;

- puis Bernard (membre du SE) demandait à trois camarades ayant des comptes bancaires pour l’organisation de solder ceux-ci dans un délai de 8 jours;

- enfin, le camarade Peter indiquait les motifs qui, selon lui, nécessitaient la participation des 4 camarades à cette réunion : deux sont membres du BI, un membre de la CE, tous nommés par le Congrès ; par ailleurs, la mise à l’ordre du jour du suivi de la situation internationale intéressait tous les membres de l’organisation et c’est à ce titre que les 4 camarades, mais également d’autres (Keff) avaient été invités.

Manifestement, ce qui est exigé des membres de la Fraction en termes de discipline, de loyauté et de confiance, ne l'est pas pour d'autres parties et militants de l'organisation.

Par ailleurs, l’ordre du jour proposé, non seulement laissait à penser que l’examen de notre demande avait bel et bien été mis de côté par les instances ayant convoqué cette réunion, mais encore le point prévu (seule référence à l’existence de la Fraction : “ Problèmes posés par la déclaration de constitution d’une “ fraction ”)

- était précédé d’une série de points et dispositions pratiques, laissant ouverte la perspective d’une série de nouvelles sanctions : “ Politique de fermeté du SI ”, “ Prise de position du SI sur manquement de Juan en réunion de Paris ”, “ Prise de position du SI sur deux nouvelles sanctions ” ;

- et immédiatement suivi par… 1 h consacrée à la “ Situation de Juan (manquements) ”….

On nous faisait également savoir que “ l’ordre du jour devait être maintenu comme tel ”, que la réunion “ ne devait pas accepter de pression ou de prise en otage de la part de la Fraction ”, qu’enfin, nous “ étions minoritaires ” et que, à ce titre nous devions respecter les décisions de la majorité présente.

En d’autres termes, nous devions découvrir que le motif de notre "invitation" à cette réunion ne consistait pas en la mise en discussion des questions que nous soulevions dans notre lettre au BI (contrairement à ce qui avait été affirmé au téléphone), qu’il n’était pas question d’accéder à cette demande, ni de se prononcer sur la déclaration préliminaire que nous venions de lire. Il s’agissait bien plutôt de poursuivre la politique des organes centraux actuels visant à disqualifier les camarades, de rejeter la constitution d’une Fraction au sein du CCI et finalement d'écarter toute élaboration d’un cadre destiné à permettre qu’un débat réel puisse se développer.

Et tout cela en utilisant des méthodes peu avouables, en termes d'honnêteté politique, consistant à piéger la Fraction dans une réunion-procés en lui faisant croire préalablement qu'on va accéder à ses demandes.

Nous avons affirmé pourtant que notre volonté n’était pas de poser un ultimatum à la réunion, que nous étions pleinement conscients du manque d’expérience dans le CCI sur la constitution de véritables Fractions, que nous comprenions la difficulté, pour l'organisation, de trancher immédiatement sur des questions de fonctionnement destinées à permettre à la Fraction de travailler au sein du CCI. Toutefois, ayant déjà fourni un travail de réflexion sur ce sujet, nous nous proposions de donner des pistes et éléments susceptibles de servir de base à la réflexion sur ces questions. Nous proposions de les exposer afin de permettre au CCI comme un tout de discuter et de trancher en toute connaissance de cause en tirant profit de la présence de délégations de tous les OC du CCI (BI, SI, CE, SE..).

Cependant le présidium du SI mensuel s’est obstiné à ne pas vouloir entendre notre intervention. Par contre il a conclu que “ si les camarades refusent de participer à cette réunion, ils se mettent hors statut ”, discours qui est, à l'évidence, uniquement réservé aux membres de la Fraction.

Dans cette situation, le présidium et les OC nous plaçaient devant un choix-piège :

- soit nous soumettre à la décision, à priori majoritaire, et participer à l’intégralité de la réunion, ce qui nous amenait à renoncer à faire valoir notre point de vue et à abandonner notre légitime demande. Nous venions de faire une expérience similaire le mercredi précédent, en RS de Paris, où la motion que nous proposions à la discussion a été reléguée en dernier point de l’ordre du jour et n’a finalement pas été discutée

- soit nous attacher à défendre avant tout nos convictions militantes, justement en pleine conformité avec nos statuts et, dans le contexte de cette réunion, refuser de cautionner la politique actuelle des organes centraux et prendre alors nos responsabilités en tant que Fraction du CCI face à l’ensemble des militants.

Nous avons tranché en faveur de la deuxième solution et quitté la réunion.

Conclusions :

Il est clair que la politique engagée par les OC en direction des camarades en désaccord n’a jamais été animée par une volonté de débattre, contrairement à ce qui est pompeusement affirmé dans les bulletins et déclarations “ officielles ”, comme en témoignait déjà la résolution de la CE de RI décidant de ne pas publier les textes des camarades en désaccord tant que ceux-ci n’avaient pas fait leur “ autocritique ”.

Il est tout aussi clair que les dernières provocations orchestrées par le SI et le SE contre les membres de la Fraction s’inscrivent dans la continuité de cette politique. La volonté des OC n’est toujours pas de mener le débat dans un cadre adéquat et collectivement déterminé, comme en témoignent :

- le refus clairement assumé par les organes centraux d’une discussion commune proposée par la Fraction ;

- la suppression des responsabilités militantes pour les camarades de la Fraction vis-à-vis de tâches dont ils avaient la charge jusqu’à présent et notamment l’exigence qu’ils soldent immédiatement et sans discussion les comptes bancaires dont ils avaient la responsabilité pour l’organisation, au mépris du danger d’exposer, et eux et le CCI comme un tout, aux soupçons de la bourgeoisie (surveillance renforcée des mouvements bancaires liée au événements actuels et au passage à l’Euro) ;

- les suspensions et sanctions répétées et notamment celles au motif que certains camarades de la Fraction se “ sont rendus coupables ” de vouloir prendre des notes personnelles des réunions avec des délégations auxquelles ils étaient convoqués. (1) Alors que chacun sait qu’une telle politique est totalement étrangère à la tradition du mouvement ouvrier et même s’y oppose ouvertement : souvenons-nous que même la machine stalinienne n'avait pas empêché Trotsky de récupérer et faire transiter ses archives à travers toute la Russie et à travers l’Europe. Et c’est grâce à ces précieux et nombreux documents qu’il a pu servir l’histoire du mouvement ouvrier, poursuivre son combat et léguer son expérience et ses leçons aux générations révolutionnaires actuelles.

Au contraire, la politique des OC traduit une volonté (que certains de ses membres commencent à exprimer de plus en plus ouvertement) d’exclure un à un les militants qui émettent des désaccords, et particulièrement ceux de la Fraction, en cherchant à leur faire porter l’entière responsabilité de la destruction du CCI qu’ils sont, eux, en train d’organiser.

- Considérant que l’organe central du CCI n’a pas respecté l’engagement pris au téléphone de discuter des modalités de fonctionnement, des droits et devoirs de la Fraction au sein du CCI, mais qu’il poursuit sa pratique consistant à provoquer et piéger les camarades afin de pouvoir ensuite accumuler de nouvelles mesures disciplinaires contre chacun d'eux pris individuellement ;

- que cet organe central confirme ainsi son refus d’entendre et de prendre en compte l’existence de la Fraction, au mépris des statuts et règles de fonctionnement du CCI ;

- compte tenu de la politique de sabotage qui semble se dessiner à l’encontre de la Fraction et de ses membres : mesures disciplinaires, interprétation et déformation de l’activité militante de la Fraction ou de ses membres au sein du CCI etc…,

la Fraction attire l’attention de l’ensemble du CCI face aux agissements des actuels organes centraux.

Elle réitère sa volonté de mener le débat au sein du CCI.


Elle confirme la volonté de chacun de ses membres de poursuivre leur activité militante au sein du CCI.

Elle rappelle que la discipline et le respect des statuts ne s’appliquent pas seulement aux membres d’une Fraction ou aux positions minoritaires, mais à l’ensemble de l’organisation et à ses organes centraux : le respect des statuts implique le respect de la Fraction et en premier lieu nécessite d’accéder à la demande émise d’une réunion commune afin de déterminer des modalités de fonctionnement collectif. (RINT 33, point 9 : “ - rejet de toute mesure disciplinaire ou administrative de la part de l’organisation à l’égard de ses membres qui soulèvent des désaccords : de même que la minorité doit savoir être une minorité au sein de l’organisation, la majorité doit savoir être une majorité et, en particulier, ne pas abuser du fait que sa position est devenue celle de l’organisation pour annihiler le débat par quelque moyen que ce soit… » .

Enfin, elle appelle chaque militant, chaque membre du CCI à mener une réflexion en profondeur sur la situation immédiate et ses conséquences sur la vie même du CCI. Et comme matériel pour cette réflexion, nous encourageons chacun d’eux à relire le texte d’Internationalisme n° 25 (août 1947) ‘Problèmes actuels du mouvement ouvrier ”, écrit par le camarade MC, réédité dans la RINT 34 et qui conclut : “ Ce qui nous fait douter de la possibilité du redressement du PCI d’Italie, plus que ses erreurs proprement politiques, ce sont ses conceptions de l’organisation, et de ses rapports avec l’ensemble de la classe. Les idées par lesquelles s’est manifestée la fin de la vie révolutionnaire du parti bolchevik et qui marquèrent le début de la déchéance : l’interdiction de fraction, la suppression de la liberté d’expression dans le parti et dans la classe, le culte de la discipline, l’exaltation du chef infaillible, servent aujourd’hui de fondement, de base au PCI d’Italie et à la GCI. Persistant dans cette voie, le PCI ne pourra jamais servir la cause du socialisme. C’est avec pleine conscience et mesurant toute la gravité que nous leur crions : ‘Halte là. Il faut rebrousser chemin, car ici la pente est fatale ”.

La Fraction, le 23/10/2001


Notes:

1 Que penser du refus obstiné de remettre une copie des notes d’une réunion du SE à laquelle il participait au camarade ST (membre du SE à ce moment là) sous prétexte qu’il venait de poser sa démission, tandis que dans le même temps, le SE refusait d’accepter cette dernière ? ?


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