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Adresse à tous les militants du CCI

Déclaration de constitution d'un collectif de travail sur les problèmes actuels dans le CCI

Nous sommes plusieurs militants du CCI qui prenons l'initiative de publier cette déclaration à l'adresse de l’ensemble de l'organisation. Plusieurs d'entre nous sont membres du BI ou de la CE de RI, instances dans lesquelles ils ont été nommés, respectivement, par le 14e congrès du CCI en mai 2001 et par le 14e congrès de RI en avril 2000, d'autres n'ont reçu mandat d'aucun congrès, ils sont seulement membres de leur section locale.

Qu'est-ce qui nous rassemble ?

Une commune opposition à la politique qui est développée depuis le 14e Congrès, sous la responsabilité des organes exécutifs mandatés par le BI à l'issue de ce congrès. Et, surtout, une commune conviction que si cette politique se maintient, et notamment si elle devait être validée et confirmée par le prochain BI plénier et si les militants du CCI ne réagissent pas pour permettre que l'organisation redresse le cap, elle ne peut que mener le CCI à l'éclatement d'abord et à sa disparition en fin de compte.

Quelles sont les éléments, sur lesquels nous nous retrouvons pour porter un tel diagnostic et qui nous amènent à nous regrouper ?

- le constat que, sous couvert d'un prétendu nouveau combat contre le clanisme, cette politique aboutit de fait à une déstabilisation de l'organisation, à sa division et à la destruction de son cadre unitaire de fonctionnement, que nous avons mis tant d'années à forger ;

- un total désaccord avec la volonté -maintenant reconnue- de la part de ces organes exécutifs, de remettre en question la politique qui a été menée par l'organisation et son organe central depuis 1996, et notamment les orientations et mandats donnés par les 12e et 13e congrès (en 97 et 99), en particulier sur le plan du fonctionnement et de la conception de l'engagement militant, orientations qui ne faisaient que mettre en application des leçons du combat engagé en 93; 1

- le rejet de la tendance manifeste, sur le plan théorique général, à l'abandon de certains principes et fondements organisationnels, à travers, notamment, la remise en cause de nos statuts ; 2

- le rejet de la tendance -également manifeste- à l'abandon de la méthode marxiste, tant pour comprendre l'histoire du mouvement ouvrier que pour comprendre les événements récents dans le CCI,. Tendance consistant notamment à aborder les questions par une approche idéaliste et non plus matérialiste 3. Tendance consistant également à adopter une démarche statique et a-historique (en considérant éventuellement des faits, mais chacun d'eux étant pris "en soi") à l'exclusion de toute réelle méthode historique (consistant à aborder les faits -tous les faits- dans leur contexte et dans leur succession chronologique réelle et concrète).

Comment et pourquoi nous nous sommes réunis ?

A la suite de la réunion de section Nord consacrée à la discussion du texte d'orientation sur la confiance, chacun de nous a pu faire le constat d'une convergence de points de vue chez la majorité des membres de la section présents à cette réunion, autour d'un commun rejet tant de la démarche que des conclusions du texte d'orientation. Cette convergence venait s'ajouter au précédent constat d'un commun désaccord avec la manière dont est considérée, expliquée et présentée au reste du CCI la récente dégradation des relations au sein de la section Nord 4.

Nous nous sommes retrouvés à quelques camarades en dehors de la RS, avec le sentiment commun qu'il est impossible aujourd'hui d'exprimer des désaccords politiques (avec le texte d'orientation, avec les textes émis par la commission d'investigation, ou avec certaines contributions dans le BII), sans se voir renvoyer une "réponse" qui nous emmène immédiatement sur un terrain non politique, sur un terrain personnalisant et psychologisant. Ainsi tout ce qui a été défendu (oralement ou sous forme de contribution écrite) comme désaccord politique par des camarades, s'est trouvé immédiatement dénigré, qualifié le plus souvent "d'attitude clanique" ou "d'état d'esprit anti-untel" 5, ou encore s'est vu renvoyer tout de sorte d'"explications" d'ordre personnel ou psychologique ou de considérations sur la "jeunesse" 6 du camarade porteur du désaccord, plutôt que de répondre au contenu politique de sa prise de position. Ceci ne peut que confirmer le constat que le cadre unitaire de fonctionnement qui permet aux débats d'aller au fond des choses et à l'organisation -comme un tout- de se renforcer politiquement par la confrontation argumentée des points de vue politiques, ce cadre unitaire est grippé, sinon détruit. En tout cas il ne fonctionne plus aujourd'hui. Autrement dit, les moyens mêmes dont s'est dotée l'organisation pour lutter contre la pénétration d'idéologies étrangères au prolétariat - en particulier celui consistant à favoriser l'expression des doutes, désaccords et points de vue minoritaires dans le débat politique le plus large, ces moyens sont aujourd'hui sinon ouvertement piétinés, au moins dévoyés. C'est ce constat qui nous détermine aujourd'hui à nous regrouper formellement.

Que voulons-nous ? Quelles tâches nous donnons-nous ?

Nous ne voulons qu'une chose : nous donner les moyens de défendre le CCI qui court en ce moment un très grand danger. Nous ne faisons en cela que faire nôtre le point 3 du " "Rapport sur la structure et le fonctionnement de l'organisation des révolutionnaires", (Rint 33, p.24) : "Si l'organisation fait fausse route, la responsabilité des membres qui estiment défendre une position correcte n'est pas de se sauver eux-mêmes dans leur coin, mais de mener une lutte au sein de l'organisation afin de contribuer à la remettre dans le "droit chemin""

Nous ne sommes pas -comme on va certainement chercher nous faire passer- une somme "d'individus mécontents", ni une "bande de vieux copains", ni un "clan", nous sommes un collectif de camarades convaincu qu'une autre alternative doit être opposée à la politique actuellement menée par le SI mensuel et la CI, c'est à dire notamment une autre compréhension de la crise actuelle que celle qu'on nous propose, un autre approche théorique des problèmes de manque de confiance tels qu'ils se sont concrètement posés à nous ces dernières années (notamment dans l'OC de RI mais pas seulement) et une mise en perspective de ce que sont les tâches de l'heure et les responsabilités du CCI dans la période actuelle. C'est seulement, selon nous, autour d'une telle orientation alternative que pourra être reconstruite et défendue l'unité de l'organisation

. Pour cela, nous pensons qu'il est d'abord nécessaire et fondamental de défendre les acquis et mandats des précédents congrès du CCI. En même temps, nous sommes conscients que cela n'est plus suffisant dans la nouvelle situation qui s'est créée. Le combat n'est plus au même niveau qu'il y a encore 4 ans, 2 ans ou un an. Depuis lors, la réalité, l'histoire nous a apporté des nouvelles questions auxquelles nous nous devons d'apporter une réponse alternative, cohérente et positive. Cela ne se fait pas en un jour. C'est pourquoi, ce que nous nous sommes donné pour tâches pour le moment est :

- Travailler ! Aller au fond des questions. Aller rechercher des réponses, des expériences et des leçons sur les problèmes actuels du CCI dans l'histoire de notre classe, dans l'histoire du mouvement ouvrier. Revenir aux sources et notamment au marxisme comme méthode, car nous avons le sentiment que le marxisme est hélas devenu un mot bien souvent vide de sens dans le CCI, ou du moins que toutes les parties du CCI n'y mettent pas toutes le même sens. 7 Ainsi sur le plan théorique, nous pensons qu'il faut travailler et inviter tous les camarades du CCI à travailler et réfléchir sur les questions suivantes:

* La vision collective et unitaire de l'organisation, pourquoi elle n'est pas celle d'une somme d'individualités. Le pourquoi de la supériorité du collectif sur la somme des individus (il n'y a pas de sauveur suprême). L'importance des questions d'engagement et de comportement militant dans ce cadre. Défense et développement des acquis du mouvement ouvrier et du CCI sur ce plan.

* Confiance et solidarité mutuelles dans les rapports entre parties de l'organisation ne sont que la manifestation de l'existence d'un corps collectif vivant, d'une organisation de combat pour l'émancipation de la classe ouvrière. Mais ce dont dépend cette existence, et par suite cette confiance et cette solidarité, c'est fondamentalement de la capacité et de la volonté de l'organisation à développer la conscience la plus claire de ce qu'elle est et de ses tâches dans la période qui l'a fait naître et de sa détermination à défendre avec rigueur les règles organisationnelles acquises de haute lutte par l'histoire du mouvement ouvrier. Il n'y a pas de combat "pour la confiance et la solidarité" qui ne soit pas tout simplement le combat pour la conscience et pour l'organisation, les deux seules armes du prolétariat.

* Le poids de l'idéologie dominante dans la situation actuelle : culte de l'individualisme et négation du collectif ; "no future", "no past" et fixation sur le présent immédiat au détriment de toute vision dynamique, historique, de la période ; idéalisme et mysticisme au détriment de toute démarche scientifique. Comment ce poids touche-t-il la classe ouvrière ? Peut-il se manifester au sein de l'organisation révolutionnaire ? Si oui comment ?

* Méthode marxiste contre idéalisme.

* Clans et clanisme : des notions qu'on retrouve dans l'histoire des sectes et de la franc-maçonnerie, mais pas (ou très peu, sinon comme expression de la sectarisation d'un organisme degénérescent) dans l'histoire du mouvement ouvrier du passé. Pourquoi ? L'alpha et l'oméga des questions organisationnelles se réduit-il au "danger du clanisme" ? Pourquoi alors le mouvement ouvrier du passé n'a pas eu besoin de tels concepts pour lutter -avec succès et en nous laissant des leçons irremplaçables- pour la construction de l'organisation révolutionnaire, mais qu'il avait par contre identifié clairement le danger de l'esprit de cercle, celui de "l'anarchisme de grand seigneur" qui refuse de se plier aux règles du collectif et celui de l'activité particulièrement destructrice -parce que secrète et souterraine- que peut être celle d'aventuriers tels que Bakounine ?

- Travailler à cette réflexion théorique et historique, mais non pas chacun dans son coin, mais en tant que collectif. Notamment nous sommes convaincus que nous ne sommes rien individuellement sans un tel cadre collectif et que ce n'est pas la seule force de "nos arguments", de "nos intelligences" et de "nos honnêtetés" personnelles qui peut renverser le cours des choses, mais notre capacité à créer un pôle collectif de référence au sein du CCI. Depuis le congrès plusieurs d'entre nous n'ont eu de cesse d'essayer de trouver dans le cadre de fonctionnement du CCI ce cadre collectif de confrontations des points de vue et d'élaboration. Nous n'y renonçons pas, bien au contraire, nous comptons bien continuer à défendre notre point de vue dans tous les lieux et instances du CCI où il nous sera possible de le faire, même si nous savons d'avance qu'on nous y traitera de tous les noms (puisque c'est déjà ce qui se passe avant même que nous ne nous soyons regroupés). Cependant, puisque ce cadre est grippé, puisqu'il ne fonctionne plus normalement mais qu'il agit objectivement au contraire dans le sens de laminer et de décourager les expressions individuelles de doutes et de désaccords avec l'orientation actuelle, il est de notre devoir de nous regrouper aujourd'hui en commençant par constituer ce collectif de travail 8

- Sortir de l'enfermement parisien. Nous ne faisons pas des réunions secrètes. La présente déclaration en est la preuve. Nous existons, nous voulons que tous les militants du CCI en soient informés et prennent leurs responsabilités. C'est pourquoi nous lançons un appel à tous les militants du CCI qui partagent nos préoccupations à se joindre à la présente déclaration et à participer, même si c'est de loin, à notre travail.

- Enfin, il nous faut déterminer ce que représente notre groupe en perspective au sein du CCI, notamment du point de vue de l'expérience du mouvement ouvrier et des statuts du CCI, qui défendent -comme un acquis de l'histoire- le droit de tendance et de fraction. Compte-tenu de l'extrême gravité de la crise actuelle, crise que nous diagnostiquons effectivement aujourd'hui comme la manifestation de "l'apparition d'un processus de dégénérescence en son sein et de capitulation face au poids de l'idéologie bourgeoise" (texte de 82, point 10, Rint 33 p. 27), notre opposition, si elle reste minoritaire, devra prendre la forme d'une fraction, luttant au sein de l'organisation pour son redressement. Pour le moment, nous pensons qu'il est encore trop tôt pour la déclarer comme telle, d'abord parce que la politique actuelle n'a pas encore été confirmée ni par le BI plénier ni par un congrès du CCI, ensuite parce qu'il nous faut encore élaborer et rassembler des textes plus développés en tant qu'orientation alternative à la politique actuelle

Déclaration signée et assumée à ce jour (24 août 2001 ) par les camarades suivants (par ordre alphabétique) :

Aglae, Fausto, Hector, Michel, Olivier, Sarah, Stanley.


DECLARATION DE FORMATION D'UNE FRACTION INTERNE

Cette déclaration se veut d'abord et avant tout un cri d’alarme que nous adressons à tous nos camarades du CCI. Nous l'écrivons en toute responsabilité et après mûre réflexion mais nous ne pouvons plus attendre du fait de l’aggravation accélérée que connaît la situation interne de l'organisation. Certains d’entre nous ont pu croire, au dernier BI plénier, qu’il y avait encore une possibilité de mener réellement un débat dans le cadre normal de l'organisation. A l'évidence ils se sont trompés : les derniers événements (cf. les pressions diverses et insoutenables sur des camarades qui ont des doutes concernant la politique des OC, les mesures disciplinaires contre ceux qui refusent de taire leurs divergences, le refus de publier les textes des oppositionnels, etc.) viennent infirmer cette analyse. En ce sens, nous sommes aujourd’hui totalement persuadés que nous avons fait une erreur en dissolvant le Collectif et nous continuons à nous revendiquer du contenu de son Adresse (9). De plus, contrairement à ce qui est dit, il n’y a eu aucune déloyauté dans la création de ce Collectif. Notre loyauté, nous l'avons toujours accordée et nous continuons à l'accorder au CCI en tant qu’organisation politique, en tant que manifestation historique du resurgissement du prolétariat à partir de 1968. Elle ne procède pas de la "conception" qui prévaut aujourd'hui consistant à exiger une soumission disciplinée à la politique "révisionniste" défendue par la majorité de l’organisation (10). Si l'on nous accuse de déloyauté, alors nous sommes "déloyaux" et même "indignes" comme MC l'a été, à la fin de la guerre, vis à vis de la Fraction italienne.

En faisant cette déclaration, nous sommes évidemment déchirés car le CCI représente l’essentiel de notre combat et, pour certains d’entre nous, depuis plus de 30 ans. Mais il en va de notre responsabilité d'exprimer haut et fort notre opposition du fait que nous n’acceptons plus le fonctionnement actuel du CCI. Quand nous voyons les méthodes utilisées aujourd'hui et les conceptions défendues par la majorité, nous avons le sentiment, voire la certitude, que ce n'est plus la même organisation, celle que nous avons construite et défendue depuis le début.

De notre point de vue, il est plus que temps de créer une fraction interne avec pour objectif de redresser notre Courant (11). Cette décision n'est en aucun cas la marque d'une hostilité vis à vis du CCI. Nous ne souhaitons absolument pas l'affaiblir. Au contraire, nous voulons le défendre, c'est-à-dire défendre ses principes, sa filiation et ses apports au mouvement de notre classe, comme nous voulons également défendre ses forces militantes. C’est en ce sens que nous nous adressons à tous les militants du CCI, quelle que soit leur position dans la crise que nous vivons actuellement, pour leur demander de poursuivre le combat au sein de l'organisation. Le drame serait de céder au découragement et, pire, à la démoralisation. Une telle situation ferait le jeu des ennemis de l'organisation et irait dans le sens des intérêts de la bourgeoisie. Les forces militantes communistes sont trop précieuses pour les laisser se disperser et se perdre. En ce qui concerne notre fraction, elle se veut justement le moyen d’éviter la dispersion et le découragement individuel de camarades qui ressentent des difficultés à militer dans les conditions actuelles. Ce que nous nous trouvons en droit de dire à tous nos camarades, c'est de réfléchir profondément et d'aller au-delà de ce qu’ils ressentent actuellement, au-delà des apparences et de l'immédiat. Si par malheur, certains donnaient leur démission, il faut à tout prix qu'ils ne se perdent pas dans la nature et qu’ils essaient de rester groupés, en lien les uns avec les autres, qu'ils demeurent des compagnons de route du CCI et du milieu politique prolétarien comme un tout. Nous sommes conscients du fait qu’être obligés de prendre la décision de former une fraction aujourd'hui est le signe qu'il y a 'une crise grave au sein de l'organisation. Cette situation est d'autant plus dramatique que la situation internationale - avec la guerre et la grave récession qui s’ouvre - nécessite que les organisations révolutionnaires, notamment le CCI, soient mobilisées et en bon ordre de marche.

Ce qui est le plus insupportable c'est que l'organisation se cache derrière les mesures organisationnelles et surtout disciplinaires pour éviter un débat qui est essentiel et même vital. C'est cette dérive que nous voulons empêcher d'autant qu'elle est une trahison de ce qu'ont toujours été les principes et les pratiques du CCI :

1/ Jamais l'on avait pris des mesures de suspension contre un camarade qui fait part courageusement de ses désaccords. Nous avons toujours défendu la nécessité de pousser la discussion jusqu'au bout. Même dans le cas où il s'est avéré que des intérêts d'ordre personnel interféraient dans les positionnements politiques, le CCI a maintenu pour principe de privilégier le débat sur le fond. C'est ce que MC, par exemple, avait fait par rapport à Bérard lorsque celui-ci, dans les couloirs, lui avait proposé d'abandonner ses critiques contre la centralisation à condition qu'il soit lui-même nommé dans l'organe central. Jamais MC n'a fait part de cette demande de Bérard avant que le débat n’ait eu lieu ; il a d'abord poussé à la discussion sur les questions de fond. C'est une fois que celles-ci furent tranchées qu'il a fait part de cette attitude à l'organisation alors qu'il y avait mille raisons de sanctionner Bérard pour son attitude. MC aurait pu immédiatement exploiter ce comportement peu reluisant pour enfoncer Bérard devant le reste de l'organisation et faire ainsi aisément triompher son point de vue. Au lieu de cela, il a préféré taire le sordide marchandage que Bérard lui avait proposé tant que n'avait pas eu lieu le débat sur le fond (12).

2/ Jamais l'on avait fait pression sur des camarades pour leur faire voter une résolution avec laquelle ils n'étaient pas d'accord. C'est ce que l'on a fait notamment avec certains camarades qui ont été contraints, par loyauté envers le CCI, de "donner leur accord" après de longues heures de "discussion". C'est ce type de "discussions" que le camarade Stanley n'a pas accepté, ce qui l'a contraint à donner sa démission avant. Ici, nous tenons à attirer l'attention de tous les militants du CCI sur les méthodes utilisées par les "majoritaires" actuels consistant à "entreprendre" un par un, de façon isolée, les camarades qui ont le moindre doute ou questionnement comme cela a été fait à Paris. Le débat ouvert tel que nous l'avons toujours défendu et pratiqué dans l'organisation, avec une confrontation claire des idées, et surtout mené dans le cadre collectif (réunions plénières avec prises de notes permettant à tout militant d'intervenir dans la discussion) est de plus en plus relégué au second plan. De plus, jusqu'à aujourd'hui, le CCI a toujours défendu qu'il était important que les camarades ne votent pas pour un texte ou une résolution s'ils éprouvaient le moindre doute ; qu'au contraire, il était de leur devoir d’exprimer leur doute et cela dans l'intérêt de l'organisation (13). C'est pourquoi nous avions critiqué, à juste raison, l'attitude de ceux qu'on a appelé les "réservistes" en 1984, qui mettaient en avant des "réserves" pour ne pas se prononcer clairement sur le débat.

3/ La CE de RI dans sa dernière résolution du 21/9/01va au bout de cette logique en décidant "de ne publier ou laisser publier dans les bulletins internes aucune contribution sur les questions organisationnelles émanant d'un participant au collectif tant que celui-ci n'a pas fait par écrit une telle critique." C'est une politique inadmissible qui trahit complètement et les principes et l'esprit qu'a toujours défendus le CCI. Il est clair que la majorité actuelle dans les OC n'est absolument pas “ intéressée à la poursuite et à l’approfondissement de ce débat ” et que son seul souci est de faire taire tous les camarades qui ont des désaccords(14). Elle cherche non pas à convaincre mais à soumettre Jusqu'à aujourd'hui, l'organisation a constamment privilégié l'expression des positions minoritaires pour permettre que la discussion se développe car, pour elle, aucune position politique n'est totalement juste et que c'est uniquement par la discussion et la polémique que les positions se précisent, s'affinent et même peuvent être dépassées.

L'atmosphère qui domine au sein du CCI devient insupportable ; c'est le règne des accusations gratuites, des mises au pas forcées et des sanctions ; c’est le régime de la méfiance, de l'encouragement à la délation, des accusations et des manœuvres pour décrédibiliser les camarades et leurs contributions politiques afin d'éviter toute réflexion autour de ces textes ; c'est le régime des jugements à l’emporte-pièce et psychologiques sur des camarades. Tout ce qui est dit n'allant pas dans un sens "politiquement correct" est déformé, rejeté sans la moindre argumentation politique sérieuse et retourné contre les camarades. C'est ce type de méthodes que nous avions dénoncé comme étant celui de Simon et du “ Clan-Pav. ”. Maintenant nous pouvons effectivement parler de l’existence d’une politique destructrice - en premier lieu vis-à-vis de la section de Paris et de ses militants - qui étouffe tout débat et toute vie interne. Les derniers événements (15) confirment totalement ce diagnostic et ce qui avait justifié l'alerte que nous avions lancée en août dernier s'est non seulement vérifié mais surtout aggravé avec une extraordinaire rapidité.

Face à cette situation, notre Fraction reprend à son compte l'Adresse du collectif et se propose de :

- combattre la dérive "révisionniste" actuelle qui ne s'exprime pas seulement sur le plan du fonctionnement, mais aussi sur le plan théorico-politique ;

- développer la réflexion théorique, notamment par un travail approfondi sur l'histoire du mouvement ouvrier, afin d'amener l'organisation à se réapproprier ses propres fondements, ceux du marxisme révolutionnaire, dont s'écarte de plus en plus la politique qui est menée actuellement ;

- remettre l'analyse de la situation internationale au premier plan des discussions et notamment lutter contre une tendance "démoralisatrice" qui tend à marquer notre compréhension de la situation et du rapport de force entre les classes, et cela en vue de renforcer notre intervention dans la classe ouvrière ;

- pousser l'organisation à ne se concevoir que comme une partie du MPP et donc à développer une politique unitaire, plus courageuse et plus déterminée en direction de celui-ci.

Nous appelons tous les militants du CCI à réfléchir à la situation que connaît aujourd'hui l'organisation, qui se manifeste notamment par la mise à l'écart, voire l'élimination, de plusieurs camarades ayant, pour le moins, une expérience militante de plusieurs décennies.

Nous les appelons à mener le combat politique contre la "révision" des principes organisationnels du CCI telle qu'elle apparaît clairement dans le Texte d'orientation "sur la confiance" et dans la proposition de modification des Statuts instituant une "CI permanente" telle qu'elle figure dans le rapport d'activités adopté par le BI plénier extraordinaire de septembre dernier.

Enfin, nous appelons tous les camarades en accord avec cette Déclaration à rejoindre les rangs de notre Fraction.

Aglaé, Juan, Olivier, Sarah. Le 9/10/2001.

P.S. Parce que le droit de fraction est totalement reconnu et revendiqué par nos statuts, nous espérons que cette Déclaration ne sera pas le prétexte mis en avant par les O.C. du CCI pour justifier la sanction ultime, c'est-à-dire notre exclusion. Si, par malheur, tel était le cas, nous demandons à tous les camarades de prendre la mesure d'une telle décision et d'en tirer toutes les conclusions.


Notes:

1 Nous réaffirmons notamment notre accord profond avec la démarche qui soutendait tant la contribution du SI de mars 2000 sur les problèmes de l'OC de RI que la décision de publier le BII 276, et notre conviction qu'à travers elles, l'OC du CCI ne visait pas autre chose que de mettre en oeuvre le mandat que lui avait confié le 13e congrès.

2 cf le point 6 du texte d'orientation sur la confiance.

3 en particulier avec l'assimilation du concept de conscience à celui de "confiance", et avec la réduction de l'organisation et du collectif à la somme des individualités qui les composent.

4 désaccord qui s'explique selon nous, non pas par un prétendu "clanisme RINordiste", mais tout simplement par le fait que tous les camarades de la section Nord ont vécu la même histoire concrète dans la section durant ces dernières années et notamment depuis un an. Il n'y a là aucune idéologie - "localiste" ou autre-, mais simplement un fait objectif.

5cf la présentation du bii 283

6 Certains seraient "trop jeunes", d'autres "trop vieux" ( usés ?), d'autres "trop près" (parisiens), d'autres "trop loin" , etc...., pour que leurs arguments méritent qu'on s'y attarde.

7Ainsi, de notre point de vue, la vision idéaliste qui tend à pénétrer le CCI ne touche pas uniquement les questions organisationnelles, mais aussi des questions politiques et théoriques générales. Nous y reviendrons certainement ultérieurement.

8 A ce sujet, nous pouvons nous référer à l'expérience historique. C'est ainsi que Rosa Luxemburg et Mehring avaient pris l'initiative de constituer, après 1910 une "communauté de travail" au sein de la social-démocratie allemande, prémisses des efforts de la gauche pour se regrouper et résister à la gangrène opportuniste, qui allait déboucher sur la constitution de Spartacus.

9 Cf. BII 286

10 . C'est ce type de loyauté qu'a eu Karl Liebknecht envers le SPD quand, le 4 août 1914, il a voté les crédits de guerre ; quand il s'est clairement engagé contre la guerre et qu'il s'est opposé totalement à la politique de la direction du parti, c'est par rapport à la classe ouvrière et aux principes du marxisme qu'il a été loyal.

11 . “ si des divergences s’approfondissent jusqu’à donner naissance à une forme organisée, il convient de comprendre la situation comme une manifestation : soit d’une immaturité de l’organisation ;soit d’une tendance à sa dégénérescence . Face à une telle situation, seule la discussion peut : soit résorber les divergences ; soit qu’apparaissent clairement des divergences de principes pouvant conduire à une séparation organisationnelle. En aucune façon, des mesures disciplinaires ne peuvent se substituer à cette discussion pour résoudre les désaccords… ” point 48 des Statuts du CCI.

12 Evénement rapporté dans le Texte d'Orientation de 93, cf. le BII 284, p.16

13 . “ plus généralement, tout débat a pour but de renforcer l’organisation par une meilleure compréhension de ses tâches. En ce sens, l’ensemble de l’organisation est intéressé à la poursuite et à l’approfondissement de ce débat, autant que la minorité ”. Point 50 des Statuts du CCI.

14 L'organisation a toujours eu le souci opposé. C'est ce qu'elle a montré même avec des éléments comme Simon et SK qui lui étaient pourtant particulièrement hostiles. Sa politique fut non pas de les faire taire mais, au contraire, d'exiger d'eux qu'ils s'expriment clairement.

15 Cf. les nouvelles sanctions de suspension contre des camarades (Olivier et Juan) qui veulent prendre des notes lors des entretiens auxquels ils participent avec des délégations de l'organisation.


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