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- chapitre 24 -
Le 14e congrès international est dessaisi à son tour :
le processus de liquidation politique des acquis du CCI est maintenant ouvert et irréversible.

Deux faits sans précédent dans toute l'histoire du CCI ouvrent son 14e congrès international des 5, 6 et 7 mai 2002 :

-il est retardé de plusieurs heures à cause de la réunion du BI sortant ;

-le rapport de la "Délégation" d'enquête ou d'investigation, la CI, inconnue pour le congrès, est présenté avant le rapport d'activités qui doit normalement tracer le bilan, donner le cadre des activités à venir et définir les perspectives. En fait, ce rapport se substitue au rapport de l'organe central nommé, mandaté et responsable devant le congrès.

Il faut se mettre en tête que, à l'exception des membres du BI - et nous avons vu le faible degré de connaissance et de compréhension qu'ils ont de la situation - et de certains membres du SE et de la CE de RI, les autres militants et délégués au congrès sont officiellement, et dans les faits pour leur plus grande majorité, dans l'ignorance complète de ce qui se passe, y inclus de l'existence d'une commission d'investigation (et a fortiori de son rapport). Pour eux, à la lecture des bulletins, des contributions individuelles et des rapports publiés jusque là, quelques militants (Louise et Bruno) ont exprimé des divergences politiques qui sont incompréhensibles et ils semblent s'enfermer dans une logique de démission pour Louise, et dans la confusion et "l'entêtement" pour Bruno, tout cela sur fond de contestation des organes centraux. Pour Peter, seule la première partie de sa «fameuse» contribution qu'il a fini par écrire, est alors connue, celle qui est très générale et qui s’arrange pour ne pas prendre position sur les questions essentielles du débat. La deuxième partie  -qui développe sur les militants qui s'usent et sur ceux qui « personnalisent » le "fil rouge", tels Marx, Lénine, Rosa Luxemburg, MC... - vient juste de paraître et n'est pas encore connue de tous. De très nombreux militants s’en tiennent encore à ce que la réalité des dernières années a montré jusque là, c’est-à-dire qu'une grande partie des difficultés est liée au fait que Peter est partagé entre, d’une part, ses convictions politiques et, d’autre part, l'avenir de son couple, voire même la défense de sa femme dont le comportement provoque un malaise croissant parmi un nombre chaque fois plus grand de membres de l’organisation.

1 - L'explication du retard pour le début du congrès

Voilà comment commence le congrès :

Présidium : "Avant la proposition de l'ordre du jour pour ce congrès, le présidium voudrait faire un point pour l'ensemble du congrès pour expliquer le retard de son ouverture, de son début, retard qui est tout de même une expression tout à fait extraordinaire dans la vie des congrès du CCI. Ce n'est pas l'habitude du congrès du CCI de commencer avec trois heures de retard par rapport à l'ordre du jour prévu. Le présidium veut informer le congrès que ce retard est en particulier lié à des difficultés sérieuses au sein du secrétariat international, difficultés qui ont exigé une réunion du Bureau International sortant, réunion préliminaire à l'ouverture du congrès. La réunion du BI a en particulier servi à prendre connaissance d'un rapport présenté par une délégation que le BI avait nommé pour faire des investigations, rechercher, prendre des témoignages de camarades sur les difficultés qui touchaient entre autres le secrétariat. Cette réunion du BI, et c'est important, s'est unanimement prononcée en faveur d'une résolution, résolution que je vais vous lire, résolution qui est plus particulièrement destinée à la délégation du BI mais qui, je pense, est importante pour l'orientation générale du congrès.

Lecture de la résolution en trois points :

« 1)Le BI donne mandat à sa délégation pour le 14° congrès du CCI d'être très vigilante sur la tenue des débats sur la question de fonctionnement afin que ceux-ci s'inscrivent et participent à l'unité de l'organisation. Il est particulièrement important que le congrès soit un moment d'unité, et non de dispersion et de division.

2)Dans ce sens, et dans la mesure où le débat sur le fonctionnement ne pourra être tranché à ce congrès, dans la mesure où il faudra le poursuivre et l'approfondir, dans la mesure où de graves tensions personnelles l'accompagnent, il importe que le congrès ne se focalise pas sur cette question et qu'il puisse dégager des orientations générales claires, y compris sur les activités du CCI. Sinon le congrès risque d'être un moment de désorientation des délégations et de confusion pour l'ensemble de l'organisation, de ses sections et de ses militants.

3)Le projet de résolution d'activités et la présentation du rapport de la délégation constituent le cadre d'un accord auquel tous les militants du CCI peuvent adhérer malgré les divergences actuelles. Dans ce sens, ils doivent être considérés comme le cadre de l'intervention de la délégation du BI au cours du 14° congrès. Aller au-delà, c'est-à-dire soit spéculer sur des conclusions que la délégation ne fait pas à ce jour, soit sur les responsabilités des uns et des autres dans le développement des tensions, ne pourrait qu'être facteur de désorientation pour le congrès [souligné par nous].

Les notes de la session du BI qui vient de se tenir, n'indiquent pas le résultat du vote de cette résolution. Néanmoins, notre souvenir est qu'elle a été votée à l'unanimité. C'est-à-dire que l'ancien SI, y inclus Michel, Olivier et Juan, qui sont présents, l'a aussi adoptée. Pire même, ces camarades l'ont proposée (1) ! Et que ressort-il de cette résolution ?

D'une part, les problèmes graves qui affectent le SI sont présentés, pour l'essentiel, comme liés à des tensions personnelles ce qui est mensonger et ce avec quoi ils sont en désaccord.

Ensuite, la présentation du rapport de la CI et la résolution d’activités qu’elle soutient sont présentées comme le cadre adéquat et le seul possible pour la discussion ! C'est-à-dire que d'ores et déjà la résolution définit la présentation du rapport de la CI comme... la position de l'organisation.

Et enfin, conséquemment avec ce qui précède, elle affirme que « aller au-delà », c’est-à-dire, en fait, remettre en cause la présentation du rapport ou avoir des désaccords ou des questions serait ne pas respecter la résolution et donc être la manifestation d’une volonté "anti-organisationnel".

Cette résolution est faite pour museler le congrès avant même qu'il ne commence et afin qu'il ne puisse s'exprimer.

Comment expliquer cet aveuglement général du BI et surtout celui des trois membres du SI présents à cette session qui servent de plus en plus de boucs-émissaires ? Trois facteurs au moins y ont contribué, facteurs qui ont été habilement exploités par Peter et ses acolytes :

- d’abord la volonté de sauvegarder l’unité apparente de l’organisation même quand celle-ci est totalement factice, même quand elle est une coquille vide ; cette volonté absurde et sans fondements est la manifestation d’une conception erronée de l’organisation que le mouvement communiste a depuis longtemps rejetée et qui semble s’être sournoisement développée ces dernières années dans le CCI : le "patriotisme de parti" ;

- puis, l’expression d’un manque de courage politique largement partagé qui a amené nombre de militants de l’OC du CCI à étouffer leurs désaccords et à éviter, voire à redouter, toute confrontation claire et ouverte ;

- enfin, la naïveté, pour ne pas dire la bêtise politique de la majorité des camarades du BI et du SI qui ne voient pas (ou se refusent à voir) la manoeuvre mise en place par les liquidationnistes depuis plusieurs mois ; ainsi, par exemple, au début du congrès, les 3 boucs émissaires du SI, et sans doute d'autres membres du BI, se sont contentés de "lutter" sur l’aspect superficiel de la forme de la présentation qui devait être faite en introduction au congrès : à savoir que la mention "relents du clan-pavillon" n’apparaisse pas explicitement. Ils sont persuadés qu’ils préservent ainsi l'essentiel en empêchant une prise de position « précipitée » de l’OC sur laquelle l'organisation aurait le plus grand mal à revenir.

Il est vrai que la faction liquidationniste fait maintenant le forcing sur toutes les questions en poussant à des prises de position précipitées, sans discussion et dans la confusion la plus totale. Elle rend ainsi plus difficile une remise en cause des votes, les militants se sentant engagés par leur vote initial. Et quand quelques-uns essaieront de revenir sur leur vote, ils seront traités de "girouette" et autres noms d'oiseau. C'est ce qu'elle vient d'inaugurer lors du vote "aveugle" sur la confiance dans la CI et son rapport. Elle va systématiser cette "méthode" du coup de force dans les mois à venir, arrachant les votes des militants au nom de l'urgence et de la panique qu'elle-même provoque. Et quand ce ne sera pas suffisant, par les pressions individuelles.

Mais les trois membres du SI se bercent d'illusions en croyant avoir obtenu un sursis et avoir repoussé l'adoption de leur soi-disant clanisme comme explication à la crise. Dans les faits, ils participent de sacrifier toute discussion sur la validité du rapport de la CI.

L'autre raison politique est l'oubli de leur part des principes organisationnels et, en particulier, du rôle du congrès comme organe souverain, comme "assemblée générale" de l'organisation.

Mais surtout, et de manière plus fondamentale, ils sont pris par le mal politique du centrisme. Ils se réfugient, une fois de plus, dans le refus du combat politique sur les questions de principe - et s'auto-illusionnent, se contentent, du combat qu'ils livrent au sein du BI. Ce combat n'est pas dans le bon cadre : ce n'est pas dans les sessions du BI qu'il fallait affirmer son désaccord et assumer le combat politique contre le liquidationnisme, mais dans le congrès. Et surtout, il est sur le mauvais terrain, celui de la discussion du rapport de la CI, au lieu de rejeter celle-ci au nom de la défense des principes organisationnels du CCI.

Pris depuis des mois par le souci de l'unité du SI, puis du BI, maintenant du congrès et de l'organisation, les membres du SI tombent encore plus dans le centrisme politique au nom d'une unité qui n'est plus que formelle. La faction liquidationniste, elle, sait qu'il n'y a plus d'unité et qu'un combat à mort est engagé alors. Elle sait qu'une des deux tendances politiques sera nécessairement éliminée.

L'adoption de cette résolution et sa présentation au congrès est l'issue inévitable de la dynamique centriste du SI depuis des mois, pour le moins depuis le SI mensuel de janvier 2001 et la constitution de la CI. Elle manifeste la faillite complète de l'ancien SI et, à sa suite, du BI, et de son mandat de défense de l'organisation, de son unité et surtout de ses principes.

Le sort du congrès est déjà scellé par le SI et le BI avant même qu'il ne commence.

Cette faillite catastrophique de l'ancien SI et du BI est tout aussi importante comme leçon à tirer que la dénonciation de la faction liquidationniste et de ses pratiques, ainsi que des comportements de Louise. En fait, la faillite du SI et du BI est l'expression de l'affaiblissement politique général du CCI et de ses militants. Et c'est cet affaiblissement du CCI et de ses militants qui a permis à la faction liquidationniste et aux magouilles de Louise de s'affirmer et de prendre le dessus sur l'ensemble de l'organisation. Et non le contraire. C'est d'ailleurs ce que met en évidence toute la première partie de cet Historique.

2 - La présentation de la CI dès l’ouverture du congrès, après la première réunion du BI

Suit dans la foulée, avant même la présentation du rapport d'activités (ce qui vient confirmer que le sort du congrès est scellé), la présentation – dite "neutre" - du rapport de la CI.

Délégation du BI (la CI), François  (extraits) :

"Le but de ce rapport est d'informer les membres du congrès, d'informer le congrès et surtout de donner des éléments pour la réflexion à poursuivre après le congrès étant donné que nous ne rentrons pas encore dans des détails concrets.

[Bien sûr aucun élément n'est donné, tout comme à la réunion du BI qui vient de se tenir ; mais surtout on laisse à entendre de manière plus catégorique qu'il y a "des détails concrets" et qu'on les a fournis au BI ce qui est faux comme l'attestent les deux chapitres précédents et le rapport lui-même. Le rapporteur ment donc sciemment au congrès en laissant croire que le BI a pris une position sur la base de faits réels. C'est un appel déjà implicite au congrès pour qu'il fasse à son tour "confiance" au BI comme celui-ci a fait "confiance" à la... CI ! Ensuite, il annonce devant le congrès l'existence de cette CI :]

La constitution de cette délégation a été décidée par le SI mensuel de janvier 2001 sur proposition du camarade Peter (...). Dans ces conditions, ces problèmes touchant notamment l'organe central du CCI constituent donc une menace pour l'ensemble de l'organisation, il était justifié de nommer une délégation pour les traiter. L'histoire du CCI nous a régulièrement mis en évidence que lorsque des divergences politiques qui ne sont pas en elles-mêmes un problème, puisque faisant partie de la vie d'une organisation se traduisent par des tensions, des problèmes de fonctionnement touchant le tissu organisationnel, cela est le signe d'autres problèmes qu'il faut immédiatement identifier et traiter (...).

[Trois observations : d'une part les problèmes qui causent des tensions au sein du SI sont pourtant pour une grande part d'entre eux déjà identifiés par l'organisation depuis longtemps : les manquements et difficultés de Peter et le refus de présenter ouvertement leur divergence politique par Louise, Peter et Bruno. Ensuite, la CI reconnaît qu'il y a des divergences politiques ce qui sera nié par la suite pour justifier la non-reconnaissance de la fraction, son exclusion et la condamnation publique de ses membres. Enfin s'il y a des tensions d'ordre personnel liées à un débat, ces tensions doivent être identifiées et traitées par l'ensemble de l'organisation et non par une commission spéciale]

Aujourd'hui il y a donc, c'est un constat, des désaccords de la part de certains camarades qui débouchent sur des conflits. Donc des désaccords et des conflits [pour le congrès à ce moment-là, ces désaccords ne peuvent être que ceux de Peter, Louise et de Bruno et les conflits le produit de ces derniers. La présentation ne veut surtout rien dire au congrès qui puisse apparaître comme allant clairement et franchement dans un sens opposé au rapport d'activités et au bilan qu'il tire, car la question serait alors ouvertement posée].

Sans faire une chronologie précise, on a pu constater que la contribution du SI sur le fonctionnement, le travail collectif et la centralisation paru dans le BII 274 [la contribution du SI rédigée en mars 2000 et sur laquelle tout le monde s'est prononcé en accord] a occasionné un certain nombre de désaccords [ce que découvre pour la première fois le congrès et ce qui est faux comme le prouve notre Historique au chapitre 9 (2)] de la part de certains camarades, désaccords qui ont glissé vers des conflits et des tensions au sein des commissions, SI, BI, et à ceux de RI. Les désaccords ont été de différents types : question de suivisme, cela a été abandonné actuellement, démocratisme, monolithisme, mais aussi méthode avec laquelle le débat a été lancé. Nous ne voulons pas nous pour l'instant nous étendre sur l'analyse de ces aspects (...) [il continue à laisser entendre que la CI reste sur la même ligne politique que le SI, le BI et toute l'organisation en mentionnant les soi-disant désaccords politiques exprimés par Louise et Bruno et surtout en mentionnant qu'ils ont été par la suite abandonnés - ce qui est vrai et connu de tous les militants. C'est particulièrement hypocrite, manoeuvrier, et malhonnête devant le congrès. Il dit le contraire de ce qu'il pense, de ce que la CI pense, et a écrit dans son rapport. Suit l'appel à l'unité :] Cela pose immédiatement la question de l'unité et de la vie collective de l'organisation. L'ensemble de l'organisation [sous-entendu la CI aussi] pense que le SI, en posant la question du fonctionnement, de la centralisation, du travail collectif et de la confiance, posait une vraie question. Pourquoi alors les désaccords ont-ils dégénéré en conflit ?".

[Il laisse maintenant entendre que c'est l'expression de désaccords qui a provoqué des tensions. Alors que c'est justement la non-expression des désaccords par Louise, Bruno et Peter, comme le prouvent sans aucune contestation possible les notes du SI (cf. les chapitres de la première partie) et comme le rapporteur vient de le reconnaître lui-même en mentionnant leur abandon, qui ont participé de "pourrir" l'ambiance et la confiance entre camarades. Il s'agit là donc encore une fois d'un renversement complet de la réalité et d'un mensonge grossier de la part du rapporteur de la CI que les membres du SI présents au congrès laisseront passer sans démenti de leur part].

Suit alors tout un rappel historique sur les crises du CCI sans aucun réel contenu politique sauf la fin :

"Ce texte [il s’agit du texte d'orientation de 1993 publié dans la Revue internationale 109] disait aussi : le rejet ou la contestation de la centralisation n'ont pas été les seules formes de la remise en cause du caractère unitaire de l'organisation lors des différents moments de difficultés qu'on vient d'évoquer. Il faut y ajouter les manifestations d'une dynamique qu'on pourrait appeler comme Lénine en 1903, de cercles ou bien de clans, c'est-à-dire le regroupement, même informel, entre un certain nombre de camarades sur la base non pas d'un accord politique mais sur des critères hétéroclites comme les affinités personnelles, le mécontentement vis-à-vis de telle orientation de l'organisation ou la contestation d'un organe central. En fait, toutes les tendances qui à ce jour se sont formées dans le CCI obéissaient peu ou prou à une telle dynamique"

[Devant le congrès encore, tout n'est pas complètement réduit au "clanisme". Mais on introduit l'idée qui a commencé à être instillé par les liquidationnistes dans les couloirs du CCI. Il s'agit maintenant de tout réduire au clanisme qui est le seul terrain sur lequel les liquidationnistes peuvent jouer pour imposer la substitution de la CI aux autres organes centraux et au congrès lui-même.

Mais le terrain du "tout réduit au clanisme" se substitue inexorablement au terrain du débat et de la confrontation des positions politiques, c'est-à-dire de la vie politique qui est l'oxygène des organisations politiques du prolétariat].

Suit alors un long développement abstrait - n'oublions pas qu'il s'agit pourtant du rapport d'une commission d'investigation - sur la subjectivité des militants en général, sur le danger permanent de ce type de problèmes et la nécessité de se référer à l'histoire du mouvement ouvrier et que le CCI est le seul groupe politique qui puisse affronter et surmonter ce type de problèmes. Tout cela en général et sans aucun élément ou référence concrète à la situation présente alors.

La référence obligatoire à la phase actuelle de décomposition du capitalisme n'est pas oubliée. La décomposition pèse sur la classe ouvrière (et donc sur le militantisme) :

" (...) dans la vie quotidienne du travail, se répand un phénomène qui, s'il a toujours plus ou moins existé, prend des proportions aujourd'hui dues à la décomposition. Les intellectuels bourgeois l'étudient [cette référence aux études des intellectuels bourgeois - voilà à quoi sont rendus les liquidationnistes ! - est là pour "asseoir", fonder la réalité du phénomène et le sérieux du propos], il peut en effet rendre de grands services aux managers. On appelle ce phénomène le « mobing ». Les employés ou ouvriers se regroupent en bande pour en persécuter d'autres" (3).

[Cette question du "mobing" qui apparaît à tout le monde incompréhensible - pourquoi soulever cette question qui n'a jamais été abordée auparavant ? - vient introduire la question du clanisme d'une part et, d'autre part, c'est la section de Paris - et donc le SI et le SE - qui est visée : l’introduction inopinée du « mobing » prépare le CCI à l’idée selon laquelle les militants parisiens se sont ligués pour persécuter Louise. Mais ce n'est qu'une fois le "coup d'Etat" réussi et avalisé, après le congrès, que cette "innovation" théorique abstraite empruntée à la bourgeoisie et sanctionnée par le vote de confiance aveugle sur le rapport de la CI, deviendra "concrète". Il sera trop tard alors pour rejeter le "mobing" de Paris et sa notion même au sein des organisations révolutionnaires.

La présentation continue encore de manière très générale sur le poids de la décomposition sur les révolutionnaires, surtout ceux qui seraient atteints d'immédiatisme et qui tomberaient dans la démoralisation. Mais toujours rien de concret ni en tant que rapport d'une commission d'investigation, ni en tant que rapport d'activités alternatif, ce qu'est, en fait, cette présentation au congrès.]

Puis il semble que le rapport va commencer à entrer dans le concret :

"Il y a dans l'organisation des tendances à l'immédiatisme, expression d'un doute et d'impatience face à la classe qui n'est pas aujourd'hui telle qu'on l'attendrait [notons au passage que même si cela reste très général, ce n'est pas d'immédiatisme - c'est alors clair pour tout le monde sauf à reconnaître que tous les dangers sont toujours présents à tout moment - dont le CCI a souffert dans la période récente, mais plutôt d'attentisme et de frilosité par rapport aux quelques expressions de lutte ouvrière d'une part, et surtout par rapport aux nouveaux éléments révolutionnaires qui apparaissent. Mais juste ou pas juste, toujours est-il que cette généralité s'inscrit en contradiction avec les rapports précédents et celui du congrès. Et surtout elle semble sortie de nulle part, sans aucune discussion, ni faits concrets qui viennent confirmer la réalité de ce danger - la seule manifestation claire d'immédiatisme qui a été relevée, est le fait de la section en Belgique vis-à-vis d'une expression particulière de lutte ouvrière. Et non pas sur le plan organisationnel comme le défend, depuis quelque temps, Peter qui, lui, parle d'euphorie. Une des tactiques des liquidationnistes, Peter en particulier, tout au long de ce congrès et dans les mois qui vont suivre, est de faire passer par la bande, en sous-main, des positions et des orientations qui ne sont pas discutées ouvertement et de faire voter systématiquement les points sur lesquels il y a des désaccords sans discussion préalable et dans la confusion la plus totale]. Il y a un besoin de sécuriser parfois qui fait resurgir l'affinitaire. Il y a des problèmes organisationnels à identifier et la délégation pense qu'il y a une manifestation actuellement d'esprit clanique qu'il faut continuer à investiguer".

[Il n'y a aucune référence concrète à l’appui d’une telle affirmation et le seul exemple auquel le congrès et les militants peuvent penser à ce moment-là est le couple Peter-Louise.]

La seule critique éventuelle qui est porté contre le SI est la suivante. Elle est bien générale :

"Dans la façon de traiter ces problèmes, des erreurs ont certainement été commises et il faudra les analyser. La délégation ne rend pas compte de tous ces aspects de façon précise maintenant mais le fera plus tard (...). Pour conclure, la délégation promet de donner assez rapidement des conclusions beaucoup plus précises mais elle pense préférable pour l'instant de ne livrer que ces éléments [c'est-à-dire rien du tout sinon toute une série d’allusions volontairement confuses]. Ce faisant la délégation demande au congrès de lui faire confiance comme cela s'est déjà pratiqué dans l'organisation". [la délégation, avec l'aval du BI, cache délibérément au congrès la réalité de sa position et de la gravité de ses accusations afin que ce dernier ne s'empare pas de cette question centrale qui doit déterminer toute l'orientation du CCI pour les années à venir. En effet, le congrès va tirer un bilan positif du travail du BI et du SI alors que l'analyse qui lui est cachée est que ce bilan est négatif puisqu'il est mené par un clan, et pas n'importe lequel, le "pire des clans et le plus dangereux" de toute l'histoire du CCI, "une secte fanatique aux méthodes nazies et staliniennes". La CI ment sciemment au congrès et exige un blanc-seing et une confiance que personne ne va oser lui contester]

3 - Résumé très court de la discussion sur les activités

La discussion qui suit est complètement hétérogène. D'une part, la délégation allemande, en tout cas celui qui intervient en son nom, David, a visiblement été tenu au courant de "l'orientation" à tenir par Krespel d'une part - il est même au courant du dernier texte de Louise qu'il présente au congrès comme excellent alors que personne ne l'a lu, ne sait même pas qu'il existe. D'autre part, plusieurs délégations sont assez déboussolées et ne savent pas bien quels sont les termes du débat. Ces dernières ressentent un profond malaise devant le non-dit et l'ambiance de pression et de manoeuvre qui prévaut. Et puis, certaines délégations (dont RI, RZIZ et RM) essaient de défendre leur conviction et le rapport d'activités officiel (celui fait par le SI sortant) qu’elles connaissent et qu’elles ont discuté et approuvé dans leur section. Elles sont plus ou moins conscientes de l'opposition masquée et souterraine qui se dessine contre l'orientation passée. En tout cas, elles perçoivent la contradiction politique sous-jacente.

RZIZ : "Disons que nous voulons intervenir dans le même sens que le camarade qui nous a précédé [RM du Mexique, Ldo] parce qu'à un certain moment, nous n'avons plus compris la démarche du débat. Notamment nous n'avons pas compris pourquoi des camarades [c'est au premier chef de Peter dont il s'agit] en sont venus à mettre en garde contre l'euphorie (4) parce que c'est évident que les révolutionnaires doivent se garder de l'euphorie qui serait en dehors de l'histoire (...). Les exemples que donne le camarade Peter [étaient] dans l'histoire. Mais nous pensons qu'aujourd'hui, nous devons nous exprimer sur un rapport d'activités, sur une résolution d'activités qui fait le bilan de l'activité de l'organisation depuis deux ans. Est-ce que c'est ce rapport, cette résolution, qui risquent d'amener l'organisation vers une attitude euphorique ? On ne comprend pas, on ne l'a pas entendu, mais on ne comprend pas (...). Nous avons l'impression qu'à travers toute une série de petites choses, de petits points, c'est le bilan global que tire le rapport qui vient d'être remis en discussion" [en cause].

Délégation d'Internationalism (USA) : "Nous partageons le souci des camarades italiens et nous avons discuté exactement le même point dans la section. (...) Nous nous demandons où est-ce que ça se trouve l'euphorie (...). Il y a très peu d'euphorie et au contraire, il y a beaucoup d'avertissements sur la situation (...)".

Délégation de RI : "Si d'une façon générale, il faut mettre en garde l'organisation contre le risque d'euphorie, la plupart des camarades ont du mal à voir pourquoi cette euphorie serait un danger qui guette l'organisation dans les deux ans qui viennent ou qui guettent déjà l'organisation"

La question de l'euphorie n'est citée ici que comme exemple de la méthode utilisée par la faction liquidationniste pour poser les termes d'un débat le plus confus possible afin de déboussoler et affoler les camarades. Peu importe les arguments et les positions utilisées, elles sont aussi vite abandonnées qu'elles sont adoptées selon les besoins du combat pour le pouvoir qu'ils ont engagé. Le tout est de saboter le travail du SI et d'instiller la méfiance à son égard. Et pour cela, ils sont prêts à saboter le congrès, comme Peter a saboté le travail de Revue internationale 104 (cf. le chapitre 21 de cet historique) et le travail du SI durant des mois. C'est la poursuite de la politique de destruction qui s'est menée depuis des mois contre l'organisation et au profit de la défense des intérêts personnels d’une faction familiale, affinitaire et liquidatrice.

La majorité des délégations des sections territoriales s'opposent aux amendements présentés par Peter qui seront pour une grande part rejetés par le congrès. Elles sont néanmoins bloquées dans leur opposition par la confiance qu’elles ont accordée « par principe » à la CI. A l'issue de cette discussion, c'est un grand flou qui reste. Seule certitude : la CI est reconnue et autorisée à continuer son investigation ; et son rapport "intermédiaire" dont les conclusions sont cachées est adopté par confiance.

Dans les séances plénières, aucun des membres du SI en désaccord ne va oser interpeller le congrès. C'est une erreur gravissime et un manque de courage politique manifeste. Ils se sentent aussi liés par la "discipline" du BI - et la résolution adoptée et présentée au tout début du congrès -qui a décidé de ne pas exposer les divisions et la teneur de la crise devant le congrès, c'est-à-dire devant toute l'organisation. C'est aussi la manifestation que les faiblesses politiques, et en particulier l'oubli des principes organisationnels, touchent tous les militants - encore une fois, y compris nous-mêmes. Il s'agit bien d'un affaiblissement politique général.

4 - La fin du congrès (le dernier jour)

Présidium : "De plus, nous allons commencer cette séance de congrès par une communication du BI sortant, une communication que tout le congrès attend (...). Maintenant, nous allons expliquer cette situation, les difficultés que nous avons eues, la sortie de ces difficultés".

Délégué du BI sortant (François) qui est également membre de la CI et, le plus souvent, son porte-parole :

"Les camarades ont peut-être eu l'impression que d'une certaine façon se déroulait deux congrès parallèles. Ce n'est pas le cas évidemment [François se sent obligé de répondre à ce que tout le monde ressent et dont il est, lui, clairement conscient : il y a bien eu deux congrès, un pour la "forme"qui s’est tenu lors des séances plénières et un autre parallèle mais néanmoins véritable et décisionnel, celui qui a défini, dans le dos du précédent, l'orientation politique à venir pour tout le CCI]. Mais pourquoi ces réunions ? Ces réunions parce qu'un problème grave se pose : à savoir des difficultés importantes dans le secrétariat international qui se traduisent par un blocage. La responsabilité du BI était engagée, cela fait partie de son mandat [derrière cette affirmation générale et floue, il y a, pour le moins, une interprétation abusive de nos statuts ; en effet, lors de cette échéance organisationnelle, seul le congrès est habilité à traiter tous les problèmes de l’organisation ; l’organe central sortant peut et doit le soutenir dans cette tâche mais ne peut, en aucune manière, se substituer à lui, ce qui a été, en réalité, le cas] (...). Des décisions [ont été prises] pour assurer la continuité de l'unité de l'organisation et assurer la continuité du travail de l'ensemble de l'organisation, travail, nous le rappelons, très positif.

Il explique alors que "l'instance qui devra assumer l'essentiel du travail [sera] un SI mensuel (...). Le BI dans ses réunions de travail a pris la mesure du fait qu'il existe un problème grave [qu'il a délibérément caché tout au long du congrès]. Nous répétons que la nature même du problème reste à déterminer plus précisément et c'est de la responsabilité de la délégation d'investigation [la CI] qui remettra son mandat devant le BI lors d'un BI plénier prochain, dés qu'elle aura des conclusions à présenter".

[C'est en rupture complète avec toute la tradition du CCI : il n'appartient pas à une commission d'investigation de "déterminer plus précisément la nature même du problème" mais de fournir des éléments pour que soit le congrès, soit l'organe central, détermine "la nature même du problème". Mais le congrès mis devant le fait accompli, après trois jours de réunion, au nom de la "Confiance" qu'il a accordée sans aucune vérification, et au nom de l'"Unité", déjà brandies comme des icônes, des catégories absolues, va de fait entériner cette trahison des principes du CCI. Ne s'est-il pas laissé dessaisir de son rôle d'organe souverain durant trois jours ?].

"Pour le moment, nous demandons au congrès sa confiance. Je pense que vous le savez, cette confiance, nous pensons qu'elle est fondée [sur quoi ? Sur rien sinon par "principe" 5]. Nous voulons aussi dire, et là c'est un motif de satisfaction, que ces réunions ont montré la capacité du BI à fonctionner comme un corps et à assumer sa pleine responsabilité [cette insistance vise à cacher au congrès qu’en fait la majorité du BI n'en sait pas plus que lui sur les éléments concrets].

"Nous appelons les camarades à ne pas se laisser aller à avoir des spéculations dans leur tête et à imaginer des hypothèses, ou on ne sait quoi, qui ne sont jamais très bonnes. Nous demandons que le congrès, que les camarades, fassent confiance sur la base de ce que nous communiquons" [c'est-à-dire sur rien].

La rapide discussion qui suit vient avaliser cette "méthode" et cette reconnaissance finale de la CI au nom de la confiance. Les intervenants réaffirment tous leur "confiance". C'est une déclaration de principe, une approbation formelle qui est indispensable à la politique des liquidationnistes. Son absence ou le refus de la donner vont être, dans les jours qui vont suivre, considérée et dénoncée comme une marque de contestation et de "méfiance" vis-à-vis du congrès, donc vis-à-vis de l’organisation. Très rapidement, dans les semaines et les mois d'été qui suivent, le "doute et la suspicion" vont s’abattre sur un certain nombre de militants opposés à la CI et sur leur loyauté envers l’organisation, bien qu’ils avaient tous fait leurs preuves pendant des décennies.

Délégation de Welt (Allemagne) : "On se trouve dans un congrès qu'entoure un esprit de confiance (...). Donc le mot d'ordre est la confiance qui est liée à la patience au lieu de la panique et de la spéculation".

Délégation de RI (France) : "dans la pratique, nous avons illustré que nous avons quand même une compréhension de cette confiance, nous l'avons mise en pratique à l'occasion de ce congrès".

La confiance est ici en train de devenir une catégorie absolue, acquise par "principe" et d'avance. C'est le contraire de la définition qu'en donne Lénine dans "Un pas en avant, deux pas en arrière" qui parle de confiance qui doit être vérifiée (6). C'est le contraire de la tradition de la Gauche communiste des années 1920-30 et 1940. C’est le contraire de la vision marxiste prolétarienne. C'est par contre le propre de la méthode de la"spéculation idéaliste" critiquée et dénoncée par Marx et Engels dans "La Sainte famille".

Néanmoins, un certain malaise et certains doutes habitent les délégations. C'est un camarade de la délégation italienne qui l'exprime le mieux et le plus conséquemment.

Délégation de Rivoluzione Internazionale-Italie (Polo) : "(...) alors je ne parle que pour une partie de la délégation [italienne]. Je ne suis pas sûr que mettre la question en terme de confiance soit la meilleure façon de faire, car la confiance n'est pas en discussion. J'ai absolument confiance dans l'organisation, dans le BI sortant et dans ce congrès. Mais, par exemple, l'autre camarade de la délégation [italienne] a dit : « je n'ai rien à dire car j'ai confiance ». Moi aussi j'ai confiance, mais cela peut favoriser la passivité du camarade [il touche là à une question importante qui est au coeur de la crise du CCI : l'absence de vigilance et de rigueur dans la défense des principes organisationnels].

Quelle est la question que je me pose ?Ce n'est pas la question d'un congrès parallèle, que quelqu'un a fait quelque chose dans le dos du congrès. Mais la question est : qu'est-ce qu'un congrès ? Suivant nos statuts, c'est l'instance majeure de l'organisation, c'est-à-dire le lieu et le moment où l'organisation prend sa décision. Elle ne le prend pas, camarades, sur la base de la confiance, mais sur la base d'analyses que le congrès va faire, sur la base de discussions et de débats qui peuvent faire sortir des positions divergentes, etc. C'est cela le problème, camarades. Parce que nous venons d'approuver un rapport d'activités, moi je l'ai approuvé. Mais aujourd'hui, nous savons qu'il y a une partie de ce rapport ou du moins qu'il y a un manque important dans ce rapport. C'est-à-dire la situation de blocage de la permanence de notre organe central. C'est quelque chose qui doit nous faire réfléchir (...). J'ai beaucoup de perplexité sur le fait qu'on a développé le congrès de cette manière-là".

Le camarade Polo est la voix qui, jusqu’au bout, a fait preuve de lucidité et de courage. Dans son intervention, il résume bien ce qu'a été le 14e congrès du CCI : un congrès où deux rapports d'activités contradictoires ont été adoptés.

L'un, celui présenté par l'ancien SI sur les activités, et bien que largement insuffisant, rempli de concessions à la tendance liquidationniste, donc "centriste", porte un jugement positif du bilan des activités du CCI et de son organe central. Il est adopté sur la base d'une continuité politique, d'une orientation et d'une discussion dans tout le CCI, dans toutes les sections, et de laquelle aucun militant n'a été exclu. L'adoption de ce rapport écrit et lu par tous, la confiance qui lui est apporté par le congrès est une confiance discutée et vérifiée par l'ensemble de l'organisation, de ses militants et par le congrès.

L'autre, le rapport de la CI non lu et inconnu, est adopté sans aucune discussion puisque les militants, les sections, le congrès, le BI et même le SI en sont exclus au nom de la "Confiance". Il est adopté sans aucune vérification et il porte un jugement complètement négatif sur le bilan des activités du CCI, et en particulier de son organe central.

Tout le monde sent bien que le deuxième rapport, celui de la CI, est en contradiction avec le premier, que c’est lui qui détermine les orientations et perspectives qui ressortiront de ce congrès. Mais presque personne, sauf le camarade Polo, le pose ouvertement au congrès. Malheureusement, personne ne reprendra à son compte les questions posées par Polo. Il est vrai que le congrès était piégé dès son ouverture.

5 -Le bilan du congrès ?

Quand ce congrès s’achève, la grande majorité des participants n'est toujours pas au courant de ce qui s’est passé et encore moins de ce qui se trame. Les liquidationnistes ont réussi à mettre en place une "machine infernale" qui a en son centre, la Commission d'Investigation. Ils préparent déjà l'après-congrès et les justificatifs "théoriques" à leurs comportements et à la nouvelle politique. Ce sera les textes de Peter sur les militants plus aptes que les autres à assurer la continuité historique - ce que nous avons appelé les "militants-fil-rouge" et dont l'expression actuelle est censée être Peter lui-même -, les innovations théoriques brillantissimes du "Texte d'orientation" sur la confiance et de celui sur l'indignation révolutionnaire, les multiples rapports de la CI et ses "avancées théoriques" sur le clanisme, le "mobing" et les militants dont les cicatrices claniques ne disparaissent jamais et qui ne peuvent être sauvés que par l'esprit de parti incarné par les militants-fil-rouge, aujourd'hui la faction Peter-Louise-Bruno-Krespel-François.

Le congrès se termine donc par un déboussolement collectif et individuel colossal. Dans cette situation de désorientation et d'inquiétude, le congrès et, avec lui, toute l'organisation et la très grande majorité de ses militants en plein désarroi, vont se réfugier dans une confiance aveugle dans ceux qui parlent le plus fort et qui vont commencer à provoquer scandale sur scandale en affolant les militants dans l'ignorance de ce qui se passe.

Pouvait-il en aller autrement ? Depuis l'acceptation de la CI en janvier 2001 par le SI, il ne pouvait en aller autrement sauf à rompre avec cette CI, c'est-à-dire à rompre avec la discipline formelle et contraire à l'esprit et même la lettre des statuts du CCI, contraire à la tradition de la Gauche communiste qui s'est opposée justement à l'usage par l'opportunisme des Commissions de contrôle des PC en voie de stalinisation.

S'ouvre alors pour nous, et à un degré moindre pour d'autres qui finiront par abandonner le combat politique, une nouvelle bataille dès le lendemain du congrès.

Il s'agit pour les liquidationnistes de poursuivre leur offensive contre le CCI et pour "asseoir définitivement leur pouvoir" complet sur l'organisation. Ils ont en main la CI et il n'y a plus de SI à Paris. C'est donc la CI et ses "réseaux" qui vont "diriger et contrôler" toute l'organisation. C'est à travers elle et la bande du couple Peter-Louise que les relations se font entre membres du BI et avec les sections territoriales.

Reste la section en France, l'organe central, la CE, et son SE, et surtout Paris qui échappent encore à la mainmise des liquidationnistes. Dès le lendemain du congrès, la section de Paris, la seule au courant des pratiques des Louise, Peter et Bruno, reste le principal foyer de résistance à l'opportunisme des liquidationnistes. A l'exception de la seule Elise, tous les autres camarades vont se maintenir dans une opposition politique à la nouvelle orientation. Dès le 9 mai en section de Paris, le combat va prendre un tour violent : pour les liquidationnistes il va s'agir de faire taire par tous les moyens et toutes les provocations les opposants et de les faire soit capituler (par la reconnaissance de leurs soi-disant torts claniques), soit les éliminer par un moyen (démission) ou un autre (l'exclusion).

Pour nous, il va s'agir d'imposer le débat politique le plus large et le plus ouvert possible mais s'il est très en retard. Et il va s'agir de prendre conscience de la nouvelle situation qui prévaut maintenant dans le CCI : le combat devient un combat contre l'opportunisme ouvert, déclaré, en matière organisationnelle. Pour certains d'entre nous déjà, sauf retournement de situation hautement improbable, ce combat devra prendre dès que possible une forme organisée pour la défense des principes organisationnels et de l'orientation passée qui vont être inévitablement remis en question : c'est exactement ce que Juan annonce dès le 9 mai en réunion de section de Paris et qu'il écrit dans un texte. La forme organisée pour la défense des principes, organisationnels ou autres, face à une dérive et une faction opportuniste ? L'histoire du mouvement ouvrier n'en connaît qu'une : la fraction.

Dans la nouvelle phase de cette bataille politique, tous les coups bas et manoeuvres deviennent alors "auto-permis" pour les liquidationnistes - n'est-ce pas la CI qui décide alors de ce qui est permis et pour qui c'est permis, et de ce qui est interdit et de pour qui c'est interdit ? - au nom de la sauvegarde et de l'unité de l'organisation contre le clanisme. C'est alors que le parallèle entre les méthodes utilisées et les méthodes utilisées par l'opportunisme bolchévisateur des Zinoviévistes, puis des staliniens, au début des années 1920, va nous apparaître clairement. Ce processus et cette bagarre politique sont en partie connus au travers de nos bulletins et prises de position d'une part, et par les insultes, les immondices et les calomnies lancées contre nous dans la presse du CCI.

Juillet/décembre 2002


Notes:

1 . Nous avons juste un doute sur la rédaction que l'ancien SI a proposée. A-t-il proposé que la "résolution d'activités et la présentation du rapport de la délégation constituent le cadre d'un accord" dans lequel tous les militants puissent se reconnaître ? Ou bien est-ce un rajout proposé lors de la session et qu'ils ont accepté ? Ce n'est pas précisé dans les notes. Toujours est-il que la stupidité politique n'en reste pas moins manifeste.

2 . Cf. le chapitre 9 de la première partie. SI du 14/3/00 : « Plus même, il [Peter] affirme son accord avec le texte du SI et pense que Louise et Bruno sont d'accord sur le fond du texte et que leurs désaccords sont tout à fait secondaires :"Il y a eu homogénéité totale sur deux questions :Accord avec le fond du texte soumis par le SI ; deux critiques faites par Bruno et Louise sur les faits relatés sur l'histoire de l'an dernier, sur le fait que le SE n'avait pas posé en ces termes : de 'minorité positive', et qu'à cette occasion, la critique de ne pas associer la CE aux décisions et réflexions n'était pas valable (la CE avait été mise au courant) – mais accord sur le fond [de Bruno et de Louise]. Et désaccord sur fait que ressemble à 'minorité positive' (Louise) ; et Bruno a dit qu'il n'avait pas confiance dans le CR sur sa capacité à sortir le journal à l'heure (pas capacité politique) et aussi sur capacités du SI sur certaines questions. Mais accord sur le sens du texte : façon de poser problème de centralisation, de confiance etc."» [citation de Peter au SI du 14/3/00]. Bruno et Louise ont juste émis deux critiques sur des faits particuliers qu'ils "interprétaient" différemment ce qui ne justifiaient en rien leur nombreuses et très longues contributions et ce qui explique pourquoi personne n'y comprenait quoique ce soit.

Aujourd'hui, refaisant une fois de plus l'histoire réelle à sa manière, la faction liquidationniste affirme dans la presse du CCI qu'elle avait exprimé des désaccords sur ce texte (cf. la Revue internationale 110) : "Cette dérive clanique a pris son essor lorsque le SI a adopté en mars 2000 un document concernant des questions de fonctionnement qui a fait l'objet de critiques d'un tout petit nombre de camarades qui, tout en reconnaissant la pleine validité de la plupart des idées de ce texte, notamment la nécessité d'une plus grande confiance entre les différentes parties de l'organisation, y ont décelé des concessions à une vision démocratiste, une certaine remise en cause de nos conceptions concernant la centralisation". L'extrait des notes du SI, une fois de plus, est particulièrement révélateur des "arrangements" avec la véritable histoire que la faction liquidationniste à la tête du CCI depuis mai 2001 est constamment obligée d'utiliser. C'est le propre de l'opportunisme. Staline faisait disparaître les vieux bolchéviks des vieilles photos. Le CCI actuel utilise le tippex

3 . Pour la CI et la faction liquidationniste, l’organisation des communistes a pour référence de fonctionnement, le fonctionnement des organisations et des institutions de la bourgeoisie !

4 . Peter - et Louise qui curieusement s'oppose très souvent à toute nouvelle intégration, cf. le chapitre 14 - met en cause l'euphorie sur le plan organisationnel qui gagnerait l'organisation du fait de ses succès en matière d'intégrations et de perspectives d'intégration de nouveaux camarades. Dans les faits, c'est plutôt le pessimisme et la passivité qui a marqué l'organisation sur ce plan. Sans le dire ouvertement, c'est délibérément masqué de sa part, il vise à remettre en cause toute l'intervention de l'organisation menée avec succès - relatif bien évidemment -, en particulier sous l'impulsion du SI. Comme le congrès et tous les militants défendent l'orientation sur ce plan, il entoure son "souci" du plus grand flou au point que la délégation belge croira qu'il s'agit de l'euphorie sur le plan des luttes ouvrières - travers dans lequel elle a eu tendance à tomber quelques temps auparavant. Il n'y a pas que sur ce plan, qu'il jouera à ce petit jeu au mépris du congrès et des délégués, et au profit de son coup d'Etat et de ses magouilles. Bien évidemment, il se garde bien de poser le problème ouvertement, franchement, devant le congrès comme tel. C'est ce qu'expriment les délégations.

5 . Or dans les organisations communistes tout comme au sein de la lutte prolétarienne, la confiance n'est pas en soi, ni par principe. Dans une organisation communiste, elle doit être motivée par une résolution et un document politique qui fixe les limites de tout blanc-seing.

6. Si bien souvent l'application à la lettre de certaines formules - malheureuses si elles sont prises hors de leur contexte comme il en arrive de toute formule ou expression tranchée - de Lénine conviennent tout à fait aux liquidationnistes du CCI -tout comme à l'opportunisme zinoviéviste lors de la bolchévisation et le stalinisme par la suite -, par contre l'esprit qui anime Lénine sur la question organisationnelle est volontairement oublié. L'absence de discussion, voire le silence et la gêne - les notes du SI de l'époque relevent certaines réticences de... Peter - qu'y avaient suivi la publication dans la Revue internationale 96 et 97 (1999) de l'article "Sommes-nous devenus léninistes ?" sont une expression de cette difficulté et de cette réticence opportunistes latentes déjà à l'époque au sein du CCI. Tout en rejetant le "léninisme" comme opposé à Lénine et manifestation de l'opportunisme croissant, l'article se revendique complètement - et avec raison à notre avis - des apports et du combat de Lénine et de la fraction bolchévique sur le plan organisationnel - fraction dont l'existence détruit la nouvelle théorie du CCI sur le sujet. Nous aurons l'occasion d'y revenir.


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