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En vacances à l'été 99, le couple Peter-Louise explose. C'est l'apogée de la crise du couple qui atteint là son paroxysme après des années de déterioration continue comme le montre la période antérieure. Nous allons essayer dans cette partie de rendre le plus lisible et compréhensible possible pour tous les camarades la dynamique de la situation à partir des notes. Pour chaque citation et pour les différents positionnements retranscrits ici, il y a plusieurs autres interventions qui vont dans le même sens. Il y a plus de vingt pages de notes du SI sur ce sujet jusqu'à décembre 99. Nous allons d'abord aborder les éléments de la crise puis nous aborderons la politique du SI face à cette situation.
SI du 3/8/99
C'est le camarade François (1) qui alerte le SI et demande à avoir une discussion rapide avec celui-ci.
Olivier :" coup de fil [téléphone] de François. Il a expliqué que c'était l'enfer entre eux deux, [Peter-Louise] se polarisent sur les relations Peter-Louise. Ils s'auto-détruisent. A un moment François s'est fâché (...).François a dit que c'était très grave (...). François pense qu'il faut avoir une discusssion rapide à Paris. Il faut nommer une délégation pour discuter avec François."
Le SI réagit immédiatement et 4 jours plus tard se tient une première réunion en pleine période de vacances avec François. Quelle est la situation du couple et l'attitude et la compréhension de François ?
Réunion délégation SI-SE du 07/08/99 (Olivier, François, Aglaé)
François :"C'est aussi tout ce que Louise m'a confié. Peter m'a confié très peu. Le fait [est] que tous les éléments que je vais développer touche la vie de couple des camarades mais aussi leur militantisme. Il me semble avoir compris où est la racine des problèmes organisationnels de Peter qui ont nécessité tant de résolutions et de motions (...). A travers ces raisons deux niveaux qui se manifestent : leur vie de couple et leur militantisme".
Sans rejeter l'idée de la nécessité de l'intervention que je suis en train de faire, Louise a exprimé 2 préoccupations : étant donné le caractère délicat de certains aspects et le fait de tout faire pour ne pas discréditer politiquement Peter, Louise souhaitait que ces informations restent dans le cadre du SI. Et surtout elle souhaitait que je ne prenne pas partie dans cette discussion, disant qu'elle avait aussi ses torts, etc.".
François insiste sur l'atteinte au militantisme des camarades. Notons au passage qu'il fait cette constatation après avoir passé ses vacances avec eux, donc d'une expérience personnelle et intime. Et non par une politique de "discrédit" mené par le SI contre Peter. Et en particulier, il souligne une fois de plus les problèmes organisationnels de Peter comme déjà relevés par l'organisation, particulièrement par le BI. Et surtout on constate que dans ses discussions particulières, Louise continue elle-aussi à critiquer le comportement organisationnel de Peter. Elle a déjà largement "discrédité" Peter tout au long de l'année 98-99 au sein du SE et dans ses confidences dans les couloirs aux uns et aux autres. Elle "souhaite" que François ne prenne pas partie parce qu'elle sait qu'il a déjà pris partie pour elle suite à leurs discussions particulières comme la suite des notes le prouve, et qu'il va donner sa version à elle et ainsi influencer le SI.
"Il m'a semblé que je ne pouvais pas avoir le niveau d'implication que j'ai eu dans cette affaire.
Je vais dire les discussions et les faits mais je dis aussi comment je les comprends [c'est à dire comme Louise lui a présentés alors]. Effectivement je suis OK avec Louise" .[Ici suit tout un tas de détails personnels –que nous ne voulons pas pour l'instant porter à la connaissance de tous les camarades - particulièrement édifiants sur les pressions constantes de Louise sur Peter au plan familial, sur le mélange constant et la confusion entre vie privée et vie militante, avec une psychologie de cuisine sur les causes du problème du couple, confusion à laquelle François participe allégrement même s'il fait le gêné dans les notes. Il sent bien que ce n'est pas très correct du point de vue de l'organisation].
"Louise m'a dit qu'elle ne pensait pas démissionner. Avant elle n'arrivait plus à le [Peter] supporter même en réunion de section." Le chantage à la démission continue, pourquoi en parler à François si ça ne se pose pas ? Et si la question de la démission se pose, c'est la faute de Peter. Pas encore celle de la section de Paris soi-disant liguée contre Peter. Mais il y a pire dans cet extrait : dire cela à Peter, c'est chercher à l'atteindre dans ce qui est sa "raison de vivre, sa "fierté", son "honneur", son "domaine". Elle ne cherche pas seulement à enfoncer l'individu mais aussi le militant.
Enfin, c'est Louise qui insiste sur la séparation – on verra comment et pourquoi par la suite.
"Dans le dernier coup de téléphone de chez sa soeur, Louise m'a demandé si je pensais que le moment de la séparation était venu ou au moins d'un éloignement. Il me semble qu'elle en ressentait le besoin [elle cherche à faire de François son complice...]. J'ai répondu que c'était difficile à dire mais que si Peter ne changeait pas et ne clarifiait pas son rapport à la famille, c'était nécessaire (...)." [... et ça marche !].
A ce moment, Louise utilise son influence personnelle, à coup de discussions particulières et personnelles, sur François, dans son combat contre Peter. C'est encore une preuve que c'est bien Louise qui pose la question de la séparation et non le SI.
Réunion commune SE-SI sur le problèmes du couple du 19/8/99
Cette "politique" de pression sur Peter par le chantage de la séparation est largement confirmée par son intervention le 19/8/99. Précisons d'abord quelques faits.
Au cours des vacances, elle quitte Peter et va chez sa sœur. C'est de là qu'elle téléphone à François. Une fois à Paris, il faut essayer de lui trouver un appartement libre car elle ne veut pas rester à la maison avec Peter. Au cours d'une réunion du SE à laquelle participe Peter [et Louise], il est décidé – contre l'avis du SI – qu'il y ait séparation. Finalement, c'est Peter qui ira loger deux ou trois jours chez Olivier alors qu'il est contre. "Pour se séparer , il faut ce désir, il suffit qu'il en y ait un seul qui l'ait , moi je ne l'ai pas" dit-il à cette réunion. C'est donc bien elle qui pose dans les faits la question de la séparation. Et pas le SI.
Il s'agit là d'un résumé sommaire de l'enchaînement des faits. Mais ce qu'il importe de prendre conscience, c'est la situation dramatique et dangereuse dans laquelle se trouvent Peter et… l'organisation.
Louise : "je comprends la discussion. J'étais convaincue que c'était à cette solution que vous arriveriez quand François est venu [c'est elle qui a amené le SI à cette "solution" comme le prouve l'entrevue avec François, comme le prouve ses différents abandons temporaires de la maison commune tout au long de l'année précédente, et comme elle le confirme ensuite :]. Pour moi, la question de la séparation s'est posée de manière périodique. On [Peter et Louise] n'est pas OK [d'accord] complètement sur l'origine des problèmes. Je n'ai pas l'intention de démissionner, mais [le mais s'adresse à Peter] il faut que les choses dans notre conception de la vie quotidienne, dans les rapports avec la famille,["changent" ? les notes sont mal prises]. On n'est pas OK ; Je pense que la séparation ce serait la solution la plus simple comme ça mais c'est la plus compliquée. Il faut tenir compte de M [leur enfant]. Moi j'insiste sur la séparation c'est le psy qui ramène l'impossibilité [il semblerait que c'est faux]. Pour M [leur enfant], un drame quand on parle de séparation. Si on lui en parle, il ne faut pas que ce soit une demi-mesure, et je ne me vois pas dire à M. on se sépare mais peut être pas définitif. Je ne vais pas lui dire c'est l'organisation qui me demande [autre chantage et culpabilisation sur Peter vis-à-vis de son enfant et en claire contradiction avec ce qu'elle dit auparavant] parce que ce serait l'hostilité. En tout cas, ce qui est clair c'est que je ne vais pas y laisser ma peau [une menace sur Peter : y "laisser la peau" veut dire en français "y laisser la vie"]. Ca veut dire que chacun se remette en question, soit capable d'aborder le problème à la racine même si ce n'est pas facile. Là je vais mieux, bonne ambiance en famille, on arrive à se parler mais on n'a pas résolu la question de fond.
Je ne perds pas espoir et je ne veux pas trancher une bonne fois pour toutes".
Traduction : elle sait que Peter ne veut pas de la séparation et elle lui donne encore une chance de "changer". Changer certes. Mais quoi ? Ses manquements familiaux, organisationnels ou bien son appui et sa participation à la politique du SI contre la dynamique de contestation du SE ? En tout cas, le chantage à la séparation qui dure depuis plus d'un an au moins continue sur Peter à la fin de la réunion. Louise : "je pensai envisager la possibilité de prendre un studio [un appartement], et quand il y a crise cela me permettrait de m'isoler".
Et afin que le message soit clairement reçu par Peter, elle a rajouté juste avant : "je suis claire avec Peter, il n'est plus question que certaines choses persistent" (Louise).
Il est clair que Louise situe alors l'origine des difficultés du couple et de ses propres difficultés personnelles – réelles ou (et ?) simulées comme moyen de pression sur Peter – sur ce dernier et non sur l'organisation, non sur la section de Paris, et encore moins sur le SI puisque c'est elle qui veut que "tout cela reste au sein du SI afin de ne pas discréditer Peter" (François le 7/8/99). A ce moment-là, son objet est de gagner Peter par le chantage affectif sur la vie familiale et de couple, à sa propre "politique" qui n'est pas celle du CCI.
Nous verrons par la suite que le SI (inconscient de ce qui se passe réellement) a recommandé à Peter et Louise de se séparer temporairement afin que chacun puisse mener une réflexion la plus sereine possible.
SI du 9/9/99 :
Peter est parti vivre chez Olivier quelques jours alors que le SI avait demandé que Louise et Peter réflechissent avant de prendre toute décision précipitée.
Michel:"il y a 15 jours, on a dit on vous donne un mois pour réfléchir sur l'éventualité d'une séparation. Pourquoi les camarades se sont lancés sans réfléchir (...) On avait dit "pas de précipitation", et dès le lendemain, on se lance, alors que vous étiez d'accord "
Peter: "une information : j'ai passé 2-3 jours chez Olivier. Mais cette mesure a été discutée au sein du SE, et c'est le SE qui m'a demandé de prendre cette mesure. Il a dit qu'il fallait se séparer dans l'immédiat, et mieux que ce soit Peter qui parte" [encore et toujours cette politique du SE contestant les décisions du SI].
Louise: "Maintenant sur l'histoire de «cuisine dans notre coin» [de s'être arrangé tout seuls dans leur coin]. Le camarade Peter était d'accord pour prendre un mois de réflexion. C'est moi qui n'étais pas d'accord, qui pensais qu'il fallait utiliser la période de congé de [l'enfant]".
Que constatons-nous ?
1) que le SI a une politique très mesurée ;
2) que c'est donc bien Louise, via le SE, qui précipite la séparation contrairement à la recommandation du SI. (Il serait intéressant de lire les notes du SE pour savoir comment cette décision a été prise) 2.
SI du 23/9/99 :
Nous avons vu comment Louise intervenait dans les réunions, dans le cadre de l'organisation, dans les réunions du SI. Et comment elle y responsabilise Peter de ses propres difficultés et de celles du couple. Mais elle tient un autre langage beaucoup plus offensif à ses "confidents". Il y a donc chez elle une fois de plus un langage face à l'organisation et un autre langage pour les "initiés", ses "adeptes". Un double langage.
Olivier: "j' ai reçu coup de téléphone de François mardi; il est retourné après avoir téléphoné à Louise. Ce qu'on savait, que Louise [était] très perturbée et ne comprenait pas nos orientations". [on voit là la poursuite des discussions parallèles. Sans doute alors, François appelle par solidarité et amitié. Mais très rapidement c'est une discussion politique très dangereuse]. Olivier poursuit :
"Il [François] m'a dit 2 points importants: Peter-Louise ont dû discuter de ce que le SI a proposé; [ils, Peter-Louise] ont dû se demander si le CCI n'était pas stalinien, le CCI impose une orientation. Peter ayant dit le CCI n'est pas stalinien ; cette dernière idée est restée dans la tête de Louise."
François continue à relater à Olivier, le contenu de ce que lui a dit Louise :
"Deuxièmement : au SI ils ne sont pas d'accord sur les orientations, chaque question individuelle: Michel est le plus terrible, il veut notre séparation, Olivier lui a une autre vision selon laquelle Peter et moi on pourrait aller un mois en vacances et peut-être on pourrait se retrouver. [accusation sur Michel démentie par les notes. Pourquoi cette fixation troublante sur lui ?]
"Et [Louise] n'aurait pas dû discuter avec François et il [François] n'aurait pas dû aller à Paris. Idée que ils [le SI] sont inhumains, ne veulent pas savoir les problèmes". [ici il apparaît clairement que le SI est la cible].
Ensuite c'est Olivier qui poursuit sur l'attitude contradictoire de Louise.
La CO [l'OC de la section-nord de RI] est aussi embêtée car la semaine dernière elle a dit que Louise ne viendra pas à des RS [réunions de section] à cause de problèmes personnels ; et puis hier, Louise assiste [à la réunion de section]. Donc aucune suite, aucune logique.
Moi, je propose une autre orientation : on ne traite plus une seule fois des problèmes des camarades. Qu'ils se débrouillent, qu'ils règlent leurs problèmes personnels, c'est dangereux, cela va finir par «c'est l'organisation qui est responsable de tout ça»" [prophétique non ?].
Louise commence alors une offensive à long terme contre le SI et Michel. Une offensive souterraine visant à convaincre petit à petit que la prétendue "racine" des problèmes du couple ne se situe pas chez Peter – ce qu'elle a amplement diffusé dans le SE et même dans le SI jusqu'à l'été 99. La "racine" des difficultés se trouve dans l'organisation, dans le SI et particulièrement chez Michel.
Il y a là plusieurs points à relever dans cet incident. D'abord on constate que François résiste encore tout comme Peter. Mais si François en informe l'organisation, Peter ne dit rien de lui-même sur le contenu de ces discussions particulièrement graves contre l'organisation et un camarade, Michel. On voit là clairement les habitudes de cercle et le dysfonctionnement permanent, parallèle, à celui de l'organisation. Ces pratiques sont surtout de la responsabilité de Louise (cf. son clash après le SI élargi du 31/1/99 et ses conséquences sur Peter. Elles sont en contradiction flagrante avec les acquis de 93. Ca ne semble pas gêner Peter, ni même François d'ailleurs. Ce qui trouble ce dernier, c'est la dérive qu'il voit chez Louise. Pas le manquement organisationnel et le caractère dangereux de cette pratique.
Ensuite, Louise fait une première tentative de retrait de la section de Paris. Mais Peter résiste à cela. Même si sur le plan du couple, il tend déjà à se situer sur le terrain de Louise, à succomber à ces diktats (cf. les extraits de notes précédentes), il n'est pas encore gagné à la vision d'un CCI stalinien et sans doute d'une section de Paris au tissu pourri. Il est trop tôt pour que Louise puisse mener la politique qu'elle va mener à partir d'octobre 2000 sinon elle risque de se couper de Peter. Il ne céde pas non plus sur le "méchant Michel" malgrè les efforts de Louise :
Peter:" je n'ai pas de grief quelconque envers des camarades de l'organisation ou du SI. [J'ai eu un] moment de faiblesse à l'issue de la réunion du SI. J'avais fait la remarque que dans le SE, tous les camarades retourneraient chez eux... Bon commentaire con [stupide]. Louise m'avait demandé qui étaient les plus insistants [sur les critiques à ses retards] et j'avais dit Olivier et Jonas. Bon mais voilà, je ne dis pas de mal des camarades en général" (le 9/9/99).
Peter reconnaît que l'attitude de Louise est contradictoire : "ça se contredit tout le temps, avec des mélanges complets (l'organisation, nos relations, notre fille, ma famille, les vacances, les discussions avec François: tout cela fait un micmac)". En fait, c'est un micmac dans la tête de Peter surtout. Louise continue sa politique contre l'organisation. L'impression de micmac est donné par le fait qu'elle mélange le politique et le personnel afin de faire pression politiquement et de culpabiliser Peter au plan personnel et familial d'une part, et par le fait, que quand elle pousse un peu trop loin – le stalinisme du CCI, son retrait des réunions de Paris, les accusations sur Michel –, elle revient en arrière car Peter ne la suit pas encore.
Enfin, le SI commence à céder à la pression et au découragement.
Michel : "D'accord avec Olivier, qu'on se désengage de tout ce merdier, ça ne sert à rien, on passe pour des cons derrière. Les camarades déforment -involontairement- nos préoccupations et nos propos (Peter y compris car il ne nous fait pas confiance, mais le fait [confiance] à Louise). Donc je propose que nous retirions nos billes [de ne plus intervenir sur ce sujet]".
Jonas : "Ce que je retiens, c'est que les deux camarades expriment quelque chose de gravissime : un manque de confiance dans l'organisation. Louise, c'est clair. Mais le malheur, c'est que Peter aussi (...) Moi je n'écouterai plus. On adopte ce qu'on veut. De toutes façons, c'est ras-le-cul [ça suffit]".
Juan: "donc on revient comme avant avec les conséquences que ça peut avoir. Cette discussion sur le CCI stalinien ou pas : je ne doute pas que Peter voit clair. Mais déjà [le fait] que cette discussion ait lieu ! Ca veut dire que les discussions dans le couple de la question d'organisation, il ne faut pas. Vous séparer ou pas, ok, mais les discussions sur l'organisation, non ! (...). Je veux bien qu'on dise qu'on ne veut plus en entendre parler. Mais de fait on va en entendre parler. Il ne faut pas se faire d'illusion. Je propose qu'on maintienne [l'orientation précédente]"
Peter: "il faut répercuter ce qu'a posé Olivier. La position reste valable mais puisque les camarades [c'est-à-dire lui-même] ne veulent pas appliquer, on arrête".
SI du 14/10/99 :
Malgrè la critique faite sur les discussions parallèles, en dehors de tout contrôle de l'organisation, Peter continue sur ce terrain. Il commence à céder de plus en plus à l'affinitaire vis-à-vis de Louise au détriment des intérêts de l'organisation. Le chantage à la séparation commence à donner des résultats.
Olivier: "autre point : Louise a posé la question sur ce qu'a dit François à Olivier. Elle est gênée... Ce n'est pas correct que Peter ait posé la question à Louise. Ca n'aide pas Louise à remonter la pente. Il faut tenir compte qu'elle était dans un état difficile. Elle n'a plus confiance, en particulier en moi puisque j'en avais pas parlé [on voit là que c'est très destructeur pour la confiance entre militants et en eux-mêmes].Je ne vois pas pourquoi Peter a posé cette question...
Peter:...
Michel : "non, je ne veux pas qu'on en parle au SI. On a autre chose à faire. Si le SE veut quelque chose, qu'il convoque Peter (...) C'est une attitude indigne et honteuse de la part des camarades, en particulier de Louise. On pourrit l'atmosphère entre camarades pour des affaires personnalisées (3). Tout se passe dans les couloirs, par coups de téléphone personnels, vous n'êtes pas d'accord, mais vous ne dites rien par écrit, vous n'exprimez pas votre désaccords, et vous n'en faîtes qu'à votre tête". [notons que Peter ne dément pas, il confirme cette pratique] :
Peter:" Olivier a rapporté ce que François lui avait dit, sur mes supposés propos sur le «stalinisme» du SI, et je lui ai demandé..."
Michel: "voilà, ce qu'il ne fallait pas faire !"
La démarche de l'organisation et du SI est faussée par le fait qu'elle s'appuie sur la prise en compte uniquement de la "dépression" de Louise. Alors qu'il s'agit d'une politique destructrice.
SI du 30/11/99
Suite à la CE plénière de novembre, le SI décide de lire les notes de cette réunion. En effet, la contestation du SI s'est encore exprimée, portée par des membres du SE, et surtout l'offensive de Louise contre Michel a été relayée en particulier pas Bruno. Nous y reviendrons par la suite. Dans la discussion de ces notes de la CE, Peter reconnaît que Louise et le SE ont des "cibles", des "têtes de turc".
Peter: "Je suis d'accord qu'il y a un blocage, une crispation" [du SE par rapport au SI].
Jonas:"le défoulement politique [du SE] se tourne vers une même cible : c'est le SI (...). C'est le SI qui est en cause. Pour Louise, le camarade Michel n'est pas très fiable politiquement car il a participé pendant des années au clan, et [il a des] cicatrices dont il ne se défaira pas. Toi Peter, tu le sais. Manque de confiance vis-à-vis de certains camarades. En tous cas, le camarade Michel, il revient souvent sur l'idée que pour elle, c'est sûrement pas limpide tout ce qu'il a dans la tête. J'ai honte, dit Jonas, d'avoir retenu ça depuis longtemps par rapport à Michel : je le savais. La méfiance est vis-à-vis du SI et de membres du SI".
Peter: oui, je sais qu'il y a des têtes de turcs; j'avais précisé que ce n'était pas untel ou untel, mais d'autres."
Est-il besoin de commenter ces propos ? On voit que Peter reconnaît que les problèmes politiques se situent au niveau du SE, de sa dynamique de contestation du SI. Ils ne sont toujours pas au SI, ni en section de Paris. Jonas qui a discuté beaucoup avec Louise, met clairement en évidence comment elle a semé chez lui la méfiance vis-à-vis de Michel. Peter ne dément pas. Il reconnaît la véracité de ce que dit Jonas mais si c'est d'une manière biaisée, essayant de noyer la question "untel ou untel". Si ce n'était pas le cas, il aurait démenti. Il faudrait demander à Jonas quand Louise menait cette politique à son égard car à ce moment-là, novembre 99, ils ne doivent plus avoir beaucoup de discussions Louise-Jonas.
Enfin, dernière observation sur cette partie des notes. On voit très clairement que c'est de Louise qu'a été reprise un an et demi plus tard l'incroyable théorie sur les cicatrices éternelles des anciens du clan-pavillon. C'est-à-dire de Michel. Et que c'est justement les "confidents", ceux qui, François au premier chef, mais aussi Krespel (comme le verrons dans les notes du 30/3/00 suite au BI plénier d'avril 2000), ceux à qui Louise conte ses ragots, ses dénigrements, et ses "malheurs", qui reprendront exactement la même thèse, sans aucun élément concret, lors du rapport préliminaire de la Commission d'enquête constitué en janvier 2001.
Nous avons vu que le SI tend à se décourager, à baisser les bras.
Que fait Peter dans cette situation ? Il veut sauver son couple. Il le reconnaît :
Peter: "évident que j'ai des retombées des difficultés du SE via Louise. Elle me rapporte ses sentiments [ses sentiments à elle, partiaux et partisans. Et les leçons du débat et du combat politique lors de la crise de 1993 ? Comment avions-nous qualifié ces pratiques ? Si on se souvient bien, nous les avions qualifiées de pratiques destructrices]. Deux choses différentes : ce que je peux exprimer au SI et ce que j'ai pu exprimer à la réunion commune [pour convenance personnelle, et justement parce qu'on mélange dans la vie quotidienne le politique et le personnel, on tient deux langages devant l'organisation]. Je suis quand même intervenu sur le fait que Louise ne voulait pas faire le rapport d'activités pour le congrès à cause d'un point de désaccord. Et j'ai critiqué cela. Je vais rédiger un texte sur ma position."
Michel : "juste une remarque. La critique que je te porte, n'est pas sur Louise, mais sur le fait que tu restais en retrait sur la question du SE. On sentait que tu étais tendu..."
Peter: "oui, vrai que Louise était particulièrement branchée contre le SI, et donc [je suis] pour la paix du ménage..."
Traduction : il n'a rien dit car il est pour la "paix de son ménage". N'est-ce pas la preuve des pressions de Louise sur Peter sur le plan politique ? N'est-ce pas la preuve de la déchirure qu'il vit entre les intérêts de l'organisation et ses intérêts, ou ce qu'il croit être ses intérêts, personnels ? N'est-ce pas la preuve que les menaces de Louise que nous avons relevées (cf. les notes du SI du 19/8/99 : "je suis claire avec Peter, il n'est plus question que certaines choses persistent") ont porté ?
La crise du couple est passée. Une autre phase commence. Louise n'attaque plus Peter à partir de là. Par contre, elle a commencé son travail de sape contre le SI et Michel. L'attaque contre Michel devient évidente. Pour Louise, c'est l'ennemi à abattre. Il y a là une question très importante. Que redoute-t-elle de la part de Michel ? (4)
Mais il est encore trop tôt pour une offensive frontale du fait des réticences et des hésitations de Peter et des confidents tels François, voire même encore Bruno. Elle va maintenant s'atteler à affaiblir le SE comme tel et à attaquer et discréditer ses membres un à un. D'abord par son retrait du SE. C'est l'épisode suivant.
Notes:
1 [François vient de passer ses vacances avec Peter et Louise]
2 [c'est tout ce passage des notes qui est consciemment ignoré par la réunion du SI mensuel de juillet 2001 et dont il est interdit, sinon à "enfreindre la discipline", de faire mention devant l'organisation alors même que ce passage dément une des deux seules accusations, la plus grave alors, contre le soi-disant clan. Le seul fait concret à charge qui est porté contre le SI et le camarade Michel est d'avoir voulu la séparation du couple. Ces notes présentées et discutées devant toute l'organisation à ce moment-là, et alors que la majorité des camarades du CCI ne croit pas au "nouveau clan", toute l'offensive des "liquidationnistes" s'écroulerait et leur pustch échouerait. Mais, et nous aurons l'occasion d'y revenir dans l'épilogue, ils disposeront à ce moment de la Commission d'investigation, véritable "commission de contrôle", qui interdira l'accès et et la présentation de ces notes - faits concrets, vérifiables, et inconstestables - au nom de la "confiance" et de la "discipline". Au-delà de la "nouvelle discipline" imposée et qui n'a rien de la "discipline communiste", cette négation, ce rejet conscient, de regarder la réalité des faits et leur évidence est un moment crucial dans la "compromission", la "corruption", et la destruction des militants - présents à cette réunion en particulier - en terme de conscience communiste et de conviction militante. Ce renoncement des militants est un signe particulièrement fort du degré d'affaiblissement politique et militant dont souffrait le CCI depuis un certain temps sans doute.]
3 [comme nous le verrons par la suite, beaucoup de camarades vont poser dans le cadre formel de l'organisation, ouvertement, dans ses réunions - et non dans les couloirs - la question de l'indignité politique de Louise. C'est pour l'avoir fait dans une réunion "extraordinaire" de Paris en septembre 2001, que Juan sera suspendu... à vie]
4 [Depuis lors, nous avons recueilli certains éléments, concrets, vérifiables et inconstestables, qui donnent quelques indications sur ce que Louise craint de Michel. Ces éléments n'appartenant pas à cette histoire, nous ne les évoquons pas ici. Néanmoins, ils confirment totalement notre appréciation sur le caractère indigne, voire pire, de Louise comme militante communiste.]
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