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Guerre au Mali,
En Afrique, la France est le gendarme de l'Europe contre les USA et leurs acolytes

L'intervention militaire de la France au Mali marque une étape importante dans l'évolution des relations entre les principales puissances impérialistes du monde. Cette guerre exprime l'aggravation brutale des rivalités impérialistes que la crise économique du capitalisme impose à toutes les bourgeoisies nationales. Incapable de résoudre les contradictions économiques de leur système, chaque capital national, chaque Etat, chaque bourgeoisie, est inévitablement jeté contre tous les autres dans une course effrénée et barbare pour sa propre survie sur l'arène mondiale. La seule et unique « réponse » à la crise que le capitalisme puisse apporter est la perspective de la guerre impérialiste généralisée.


Les ouvriers, prolétaires et autres exploités, de France, d'Europe et d'ailleurs, auraient tort de se laisser convaincre, et surtout de se laisser entraîner, par l'argumentaire « humaniste » et « démocratique » d'une « guerre contre le terrorisme ». Les terroristes en question, les groupes islamistes, ont été créés et sont entretenus surtout par les grandes puissances depuis maintenant plusieurs décennies via les financements et autres appuis de pays comme l'Arabie Saoudite (qui, on peut en être certain, travaille pour Washington), l'Algérie, le Qatar et autres. Les « terroristes » et les barbares, ce sont les uns et les autres ! En matière de terrorisme, les grandes puissances impérialistes sont comme les pompiers pyromanes qui crient au feu après l'avoir mis !


En prenant l'initiative d'une intervention militaire au Mali au nom de « la guerre contre le terrorisme », l'impérialisme français reprend à son compte, et dans une autre situation, la politique américaine de Bush père et fils en Irak – initiative d'une guerre « morale » pour défendre leurs sordides intérêts impérialistes, en obligeant les principaux rivaux à se ranger derrière eux et à les soutenir. Fondamentalement, la France vise à profiter de l'affaiblissement actuel de la bourgeoisie américaine – au plan impérialiste et économique – pour regagner les positions qu'elle était en train de perdre en Afrique au profit justement des USA et d'autres puissances comme la Chine – cette dernière étant incapable d'intervenir militairement dans cette région. Outre les intérêts économiques directs – mainmise sur des ressources et richesses de cette région -, la bourgeoisie française vise aussi à poursuivre sa contre-offensive initiée par la guerre en Libye et à s'assurer ainsi d'un alignement généralisé des pays africains du pourtour méditerranéen à sa politique impérialiste. D'ores et déjà, elle semble atteindre certains de ses objectifs.

L'intervention au Mali est en train de contraindre l'Algérie à abandonner sa politique impérialiste autonome dans la région – elle "tolérait" jusqu'alors, pour ne pas dire qu'elle utilisait pour son propre compte, certains groupes islamistes – et à se ranger au côté de l'intervention française. L'autorisation de survol de son territoire par l'aviation française a marqué son lâchage des groupes islamistes. La réaction de ces derniers a été brutales et sanglantes – la prise d'otage à In Amenas – et a accéléré encore plus l'alignement de la bourgeoisie algérienne sur la politique française.

Les bourgeoisies américaines, anglaises et japonaises ne s'y sont pas trompées et la reprise sanglante par l'armée algérienne du site gazier leur a fourni l'occasion – une petite occasion – de manifester leur opposition à l'intervention française.


Mais la bourgeoisie française ne vise pas seulement à regagner le terrain perdu en Afrique subsaharienne et à consolider l'alignement des pays méditerranéens de l'Afrique du Nord autour de sa politique impérialiste... En défendant ses intérêts, elle défend aussi les intérêts des bourgeoisies de l'Europe « continentale » dont l'axe central est l'Allemagne. Cette dernière avec l'Italie, l'Espagne, la Belgique – pour n'en citer que les principaux pays – appuient politiquement et militairement l'intervention militaire française. Certes, il est vrai que la bourgeoisie française essaie aussi de renforcer son poids politique au sein de l'Union Européenne. Il est tout aussi vrai qu'elle essaie de rééquilibrer un peu en sa faveur la relation franco-allemande en utilisant son atout militaire unique en Europe et en poussant à une « défense européenne » dans laquelle elle ne pourrait avoir qu'un rôle primordial. Il n'en reste pas moins que le fait politique majeur est que les autres bourgeoisies européennes s'associent complètement à la bourgeoisie française dans l'affirmation impérialiste d'une Europe continentale contre ses rivaux – au premier chef les USA.

Tout comme le refus de ces pays de participer à la 2e guerre américaine en Irak en 2003, l'affirmation des intérêts impérialistes européens portés par la France sur le continent africain et dans le bassin méditerranéen, tout comme les discussions autour d'une défense européenne, marque un moment supplémentaire de la dynamique à la polarisation impérialiste autour de deux axes : l'un américain, l'autre germano-européen.


Pour les prolétaires, pour les ouvriers, il n'y a rien de bon dans cette dynamique d'affrontements impérialistes croissants : outre les guerres et les massacres, outre l'utilisation de la terreur et du terrorisme – les médias et spécialistes bourgeois n'ont de cesse de clamer qu'il va y avoir encore plus d'attentats et de prise d'otage, y compris au cœur même des principaux pays capitalistes –, la militarisation croissante et le développement de la production d'armement – la mise en place d'une « défense européenne » par exemple – viendront encore plus s'ajouter au fardeau de la crise du capitalisme que la classe ouvrière doit payer au prix d'une exploitation accrue et épuisante, du chômage et de la misère, de la répression et de la terreur d'Etat. Pour les prolétaires, rien de bon sinon la perspective de la guerre généralisée, de la barbarie tout azimut, et des sacrifices en tout genre jusqu'à l'ultime, celui de leur vie.


Qui est barbare et terroriste ? Le capitalisme. Aux prolétaires de s'y opposer en refusant les sacrifices de tout ordre afin d'en finir avec lui et d'établir leur propre pouvoir. Seule la révolution prolétarienne, la destruction de l'Etat capitaliste et l'exercice du pouvoir politique de la classe ouvrière, bref la guerre de classe contre la bourgeoisie terroriste et barbare, ouvrira la voie à une autre société sans misère et sans guerre : le communisme !


La FGCI, le 20 janvier 2013.


Bulletin Communiste International