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Nous reproduisons ci -après un article de Lénine qui "répond" à tous ceux qui reprochaient aux bolcheviques de n'avoir pas respecté le "vote démocratique du peuple" pour l'Assemblée Constituante et d'y avoir substitué la dictature des conseils ouvriers. Outre le rappel de l'expérience historique du prolétariat et la défense de l'insurrection ouvrière et de la dictature du prolétariat, c'est-à-dire de l'Octobre russe de 1917, l'intérêt de l'article réside aussi dans le rappel de l'importance fondamentale pour le combat du prolétariat de la lutte contre l'opportunisme. Celle-ci n'est pas une dimension secondaire, annexe, du combat des communistes mais bel et bien une dimension centrale, fondamentale et permanente. Et elle ne se limite pas seulement à la "simple" réflexion théorique et à la "simple" défense des principes développés par l'arme théorique du prolétariat, le marxisme, mais elle s'étend et prend toute son ampleur dans le combat réel, concret, de la lutte des classes, lorsque les courants opportunistes et ceux qui restent fidèles au communisme se matérialisent et s'opposent dans la réalité historique, à savoir dans la lutte des classes, les deux se positionnant de chacun des deux côtés opposés de la barricade de classe.
Nous avons étudié, en nous basant sur les données fournies par les élections à l'Assemblée Constituante trois conditions de victoire du bolchévisme : 1) l'écrasante majorité bolchevik au sein du prolétariat ; 2) la moitié environ de l'armée acquise au bolchevisme ; 3) la certitude d'avoir au point décisif, à l'instant décisif - c'est-à-dire dans les capitales et aux fronts rapprochés des centres - une supériorité écrasante.
Mais ces conditions n'eussent pu nous donner qu'une victoire précaire et momentanée, si les bolcheviks n'avaient pas su mettre de leur côté la majorité des masses laborieuses non prolétariennes, s'ils n'avaient pas su les conquérir sur les SR et sur les autres partis petits-bourgeois.
C'est là l'essentiel.
Et la raison principale de l'incapacité des "socialistes" (lisez : des démocrates petits-bourgeois) de la 2e Internationale de comprendre la dictature prolétarienne, c'est précisément qu'ils ne comprennent pas que le pouvoir politique peut et doit devenir entre les mains d'une classe - du prolétariat - le moyen d'attirer de son côté les masses laborieuses non-prolétariennes, le moyen de conquérir ces masses sur la bourgeoisie et sur les partis petits-bourgeois.
Bourrés de préjugés petits-bourgeois, ayant oublié l'essentiel de l'enseignement de Marx sur l'État, Mrs les "socialistes" de la 2e Internationale considèrent le pouvoir gouvernemental comme un objet tabou - l'idole du suffrage formel - équivalent à l'absolu "de la démocratie conséquente" (comme on appelle ces sortes de balivernes). Ils ne voient pas que le pouvoir n'est qu'une arme dont différentes classes peuvent et doivent se servir (et savoir se servir) selon leurs objectifs de classe.
La bourgeoisie s'est servie du pouvoir gouvernemental comme d'une arme de la classe capitaliste dirigée contre tous les travailleurs. Il en fut ainsi dans les républiques bourgeoises les plus démocratiques. Les renégats du marxisme l'ont seuls oublié.
Le prolétariat doit (ayant organisé pour cela suffisamment de "troupes d'assaut" politiques et militaires) renverser la bourgeoisie et lui arracher le pouvoir politique pour mettre cette arme au service de ses buts de classe.
Et quels sont les buts de classe du prolétariat ?
- Écraser la résistance de la bourgeoisie.
- "Neutraliser" la classe paysanne et, dans la mesure du possible, l'attirer à soi (et en tout cas, attirer à soi sa majorité laborieuse).
- Organiser la grande industrie dans les fabriques expropriées à la bourgeoisie, et, d'une façon générale, en se servant de tous les moyens de production.
- Organiser le socialisme sur les ruines du capitalisme.
MM les opportunistes - et avec eux les gens de l'acabit de Kautsky - "enseignent" au peuple, tout au contraire de l'enseignement de Marx, que le prolétariat doit d'abord conquérir - au moyen du suffrage universel - la majorité, recevoir ensuite, en se fondant sur les votes de la majorité, le pouvoir politique, et établir alors sur cette base de démocratie conséquente (d'aucuns disent "pure") le socialisme.
Quant à nous, nous disons en nous basant sur l'enseignement de Marx et sur l'expérience de la révolution russe :
Le prolétariat doit d'abord renverser la bourgeoisie et conquérir pour lui le pouvoir politique ; ce pouvoir politique, c'est-à-dire la dictature prolétarienne, il doit ensuite s'en servir comme d'un moyen pour s'attirer la sympathie de la majorité des travailleurs.
De quelle façon le pouvoir gouvernemental peut-il devenir entre les mains du prolétariat un moyen d'affermir - par la lutte des classes - son influence sur les masses laborieuses, afin de les attirer à soi, afin de les arracher à la bourgeoisie ?
Le prolétariat atteint son but non en mettant en action l'ancien mécanisme gouvernemental, mais en le brisant, en n'en laissant pas pierre sur pierre (quelles que soient les jérémiades des petits-bourgeois épouvantés et les menaces des saboteurs) et en créant un nouvel appareil. Ce nouvel appareil gouvernemental est adapté à la dictature du prolétariat et à la lutte qu'il doit soutenir contre la bourgeoisie pour gagner les masses laborieuses non-prolétariennes. Ce nouvel appareil n'a pas été imaginé par qui que ce soit : il est produit par la lutte des classes, par son élargissement et son approfondissement. Ce nouveau mécanisme de gouvernement, ce nouveau type de pouvoir politique1, c'est le pouvoir des Soviets.
Le prolétariat russe, ayant conquis le pouvoir politique, proclama aussitôt - après quelques heures - la dissolution de tout l'ancien appareil de l'État (adapté par les siècles, comme l'a démontré Marx, à servir, même dans les républiques les plus démocratiques, les intérêts de la bourgeoisie) et transmit tout le pouvoir aux Soviets. Et dans les soviets ne sont autorisés que les travailleurs et les exploités, à l'exclusion des exploiteurs de toutes sortes.
De cette façon, d'un seul coup, immédiatement après la conquête du pouvoir d'État par le prolétariat, le prolétariat arrache à la bourgeoisie une énorme masse de ses partisans aux partis petit-bourgeois et «socialistes» ; car cette masse laborieuse et exploitée - que la bourgeoisie (y compris ses laquais, Tchernov, Kautsky, Martov et Cie) a trompée -, en recevant le pouvoir soviétique, reçoit la première arme de lutte de masse pour défendre ses intérêts contre la bourgeoisie.
En second lieu, le prolétariat peut et doit tout de suite conquérir sur la bourgeoisie et sur la petite-bourgeoisie démocrate "leurs" masses - c'est-à-dire les masses qui les suivent -, les conquérir en satisfaisant révolutionnairement leurs besoins économiques essentiels au prix de l'expropriation des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie.
Cela, quelle que soit la puissance du pouvoir gouvernemental dont elle dispose, la bourgeoisie ne peut le faire.
Le prolétariat, dès le lendemain de la prise du pouvoir, peut le faire, possédant l'appareil nécessaire (les soviets) et les moyens économiques (l'expropriation de la bourgeoisie et des propriétaires fonciers).
C'est précisément de cette façon que le prolétariat russe a conquis la classe paysanne et l'a conquise littéralement en quelques heures, après s'être emparé du pouvoir politique. Car, quelques heures après sa victoire sur la bourgeoisie, le prolétariat vainqueur, à Petrograd, publia le "décret sur la terre", décret qui satisfaisait immédiatement, en bloc, avec une rapidité, une énergie, une résolution toute révolutionnaire, tous les besoins essentiels de la majorité des paysans, en expropriant totalement et sans indemnité les propriétaires fonciers.
Pour prouver aux paysans que les prolétaires, loin de vouloir les gouverner, veulent les aider en amis, les bolcheviks victorieux n'introduisirent dans le décret sur la terre pas un mot qui leur fût propre, se bornant à le copier mot à mot des cahiers de revendications des paysans (les plus révolutionnaires, bien sûr) publiés par les socialistes-révolutionnaires dans leur journal.2
Les SR en furent indignés, dépités, exaspérés ; ils crièrent que les bolcheviks leur avaient "dérobé leur programme", mais ils ne faisaient que prêter à rire : il est beau le parti qu'il faut vaincre et chasser du gouvernement pour réaliser tout ce qu'il y a de révolutionnaire, tout ce qu'il y a d'utile pour les travailleurs dans son programme !
Cette dialectique, les représentants de la 2e Internationale n'ont jamais pu la comprendre : le prolétariat ne peut pas vaincre sans avoir conquis la majorité de la population. Mais limiter ou conditionner cette conquête à l'acquisition électorale, sous la domination bourgeoise, témoigne ou d'une inguérissable indigence intellectuelle ou, tout bonnement, du désir de tromper les travailleurs. Pour mettre de son côté la majorité de la population le prolétariat doit, tout d'abord, renverser la bourgeoisie et s'emparer du pouvoir gouvernemental, introduire ensuite le système des Soviets, après avoir brisé l'ancien appareil de l'État, ce qui anéantit instantanément la domination, l'autorité de la bourgeoisie et des petits-bourgeois-conciliateurs sur les masses laborieuses non-prolétariennes. Il doit enfin, en troisième lieu, achever de détruire l'influence de la bourgeoisie et des conciliateurs petits-bourgeois sur la majorité des masses laborieuses non prolétariennes en réalisant révolutionnairement leurs desiderata économiques, aux dépens des exploiteurs.
La possibilité de ces faits est naturellement conditionnée par un certain degré d'évolution capitaliste. Sans cette condition fondamentale il ne peut y avoir ni formation du prolétariat en une classe distincte, ni succès de sa longue préparation, de son éducation, de son aguerrissement par des années de grèves, de manifestations, de lutte contre les opportunistes chassés et déshonorés. Sans cette condition fondamentale, on ne peut concevoir le rôle économique et politique des centres, dont la conquête équivaut, pour le prolétariat, à celle de tout le pouvoir politique, ou plus exactement de son nœud vital, de son nerf essentiel. Sans cette condition fondamentale, cette proximité, cette parenté de situation du prolétariat et des classes laborieuses non prolétariennes qui est indispensable à l'influence du prolétariat sur ces masses, un succès de son action à leur égard ne peut exister.
Voyons plus loin.
Le prolétariat peut conquérir le pouvoir politique, réaliser l'organisation sociale des Soviets, satisfaire, en économie, l'ensemble des travailleurs au détriment des exploiteurs.
Est-ce suffisant pour que sa victoire soit complète et définitive ? Non.
Seules les illusions des petits bourgeois démocrates, des "socialistes" et des "social-démocrates", de même que de leurs leaders actuels les plus marquants, peuvent faire croire qu'en régime capitaliste les masses laborieuses peuvent atteindre un degré de conscience assez élevé, une fermeté de caractère, une perspicacité, une largeur de vues politiques suffisante pour avoir la possibilité de décider à l'avance par le seul vote ou, d'une façon générale, pour décider de quelque manière que ce soit, sans une longue expérience de lutte, de suivre telle classe, tel parti défini.
Illusion. Fable douce et plaisante des pédants et des socialistes mielleux du genre des Kautsky, des Longuet, des MacDonald.
Le capitalisme ne serait pas le capitalisme s'il ne condamnait d'une part les masses à un état d'abrutissement, d'intimidation, d'éparpillement (voyez la campagne !), d'ignorance ; et si, d'autre part, il ne mettait à la disposition de la bourgeoisie un gigantesque appareil de mensonge et de duperie pour tromper et abrutir les masses ouvrières et paysannes.
C'est pourquoi le prolétariat seul peut conduire les travailleurs du capitalisme au communisme. Que les masses laborieuses petites-bourgeoises ou à demi petites-bourgeoises puissent résoudre à l'avance le plus grave des problèmes historiques : "être avec la classe ouvrière ou avec la bourgeoisie", il n'y faut pas penser. Les hésitations des masses laborieuses non prolétariennes sont inévitables ; il est inévitable aussi qu'elles aient besoin de leur propre expérience pratique afin de comparer le gouvernement de la bourgeoisie et celui du prolétariat.
Les adorateurs de la "démocratie conséquente" qui s'imaginent que les questions politiques les plus importantes peuvent être tranchées par des votes perdent constamment cette circonstance de vue. En fait, ces questions, si la lutte les rend très aiguës et très âpres, sont tranchées par la guerre civile ; et, dans cette guerre civile, l'expérience des masses laborieuses non prolétariennes (celle des paysans en premier lieu) joue un rôle énorme : elles ont à comparer le pouvoir du prolétariat et celui de la bourgeoisie.
(...)
Les partisans de la démocratie "conséquente" n'ont pas réfléchi à la signification de ce fait historique. Ils se sont imaginés, et ils s'imaginent un conte enfantin : que le prolétariat peut sous le capitalisme convaincre la majorité des travailleurs et les attirer solidement de son côté au moyen des votes. La réalité démontre que seule l'expérience d'une lutte longue et cruelle amène la petite bourgeoisie hésitante à conclure de la comparaison entre la dictature du prolétariat et celle des capitalistes que la première est préférable à la seconde.
En théorie, tous les socialistes qui ont étudié le marxisme et se soucient de tenir compte de l'expérience de l'histoire politique des pays avancés au cours du XIXe siècle, reconnaissant l'inéluctabilité des hésitations de la petite bourgeoisie entre le prolétariat et la classe capitaliste. Les racines économiques de ces hésitations sont montrées avec évidence par la science économique dont les socialistes de la seconde Internationale ont répété des millions de fois dans leurs journaux, leurs manifestes et leurs brochures, les vérités élémentaires.
Mais les gens ne savent pas appliquer ces vérités à la période si spéciale de la dictature prolétarienne. Les illusions et les préjugés démocratiques petits-bourgeois (sur l' "égalité" des classes, sur la démocratie "conséquente" ou "pure", sur la décision des grandes questions historiques par le vote, etc.) ils les mettent en lieu et place de la lutte des classes. Ils ne veulent pas comprendre que le prolétariat ayant conquis le pouvoir politique, ne termine pas ainsi sa lutte des classes, mais la continue sous une autre forme et par d'autres moyens. La dictature du prolétariat c'est la lutte des classes menée par le prolétariat au moyen d'une arme qui est le pouvoir politique, c'est la lutte des classes dont l'une des tâches est de démontrer par une longue expérience, par une longue série d'exemples pratiques aux masses laborieuses non prolétariennes qu'il leur est plus avantageux de se prononcer pour la dictature prolétarienne que pour la dictature bourgeoise et qu'il n'y a pas de moyens termes.
(...)
"Le parti du prolétariat ne peut s'emparer du pouvoir que si, en régime de propriété privée, c'est-à-dire d'oppression capitaliste, la majorité de la population se prononce en sa faveur", ainsi s'expriment les démocrates petits-bourgeois, larbins véritables de la bourgeoisie, mais qui s'intitulent encore "socialistes".
"Que le prolétariat révolutionnaire renverse d'abord la bourgeoisie, se libère du joug du capital, détruise le mécanisme gouvernemental de la bourgeoisie et il saura s'attirer le concours et la sympathie des masses laborieuses non prolétariennes, en satisfaisant leurs besoins au détriment des exploiteurs", ainsi nous exprimons-nous. Le contraire serait dans l'histoire une exception rare (et la bourgeoisie pourrait encore, dans ce cas, recourir à la guerre civile, comme le prouve l'exemple de la Finlande).
6- Ou, en d'autres termes :
"Proclamons d'abord l'obligation de reconnaître le principe égalitaire — ou celui de la démocratie conséquente — en conservant la propriété privée et le joug du capital (c'est-à-dire l'égalité officielle et l'inégalité de fait) ; ensuite, efforçons-nous d'obtenir sur ces bases les suffrages de la majorité", ainsi s'expriment la bourgeoisie et les démocrates petits-bourgeois qui s'intitulent socialistes et social-démocrates.
"La lutte des classes du prolétariat détruit d'abord, par la conquête du pouvoir politique, les bases de l'inégalité de fait ; puis, le prolétariat, ayant vaincu les exploiteurs, conduit les masses laborieuses à l'abolition des classes, c'est-à-dire à la seule égalité socialiste qui ne soit pas un leurre", disons-nous.
7- Dans tous les pays capitalistes, à côté du prolétariat ou de cette portion du prolétariat qui, consciente de ses devoirs révolutionnaires, était capable de combattre pour les accomplir, on observe des masses nombreuses, inconscientes, prolétariennes, à demi prolétariennes, à demi petites-bourgeoises, qui suivent la bourgeoisie et la petite bourgeoisie démocrate (et notamment les "socialistes" de la 2e Internationale) ; trompées par la bourgeoisie, ne croyant pas en leurs propres forces et en celles du prolétariat, elles ne se rendent pas compte de la possibilité d'obtenir, par l'expropriation des exploiteurs, la satisfaction de leurs besoins essentiels.
Ces couches des masses laborieuses fournissent des alliés à l'avant-garde du prolétariat ; mais le prolétariat ne peut conquérir ces alliés que par l'exercice du pouvoir politique, c'est-à-dire après avoir renversé la bourgeoisie et détruit son mécanisme de gouvernement.
8- Dans tout pays capitaliste les forces du prolétariat sont incomparablement plus grandes que sa puissance numérique par rapport à l'ensemble de la population. Le prolétariat domine économiquement le centre et les nerfs du système économique capitaliste, tout entier. Et il représente en même temps, économiquement et politiquement les intérêts véritables de l'immense majorité des travailleurs.
C'est ainsi que le prolétariat, même quand il ne forme, dans la population, qu'une minorité (ou quand l'avant-garde consciente et véritablement révolutionnaire du prolétariat ne forme qu'une minorité dans la population) peut renverser la bourgeoisie et attirer ensuite de son côté, du sein des demi-prolétaires et des petits-bourgeois, de nombreux alliés qui ne se prononceraient jamais, par anticipation, pour la dictature du prolétariat (dont ils ne peuvent comprendre ni les conditions, ni les tâches), s'il ne leur était facile de se convaincre par leur propre expérience de l'inéluctabilité, de la légitimité et de la rectitude de la dictature prolétarienne.
9- Il y a enfin, dans tout pays capitaliste, de larges couches de la petite-bourgeoisie, inévitablement ballottées entre le capital et le travail. Afin de vaincre, il appartient au prolétariat de bien choisir le moment de son agression décisive contre la bourgeoisie en tenant compte notamment des désaccords entre la bourgeoisie et ses alliés petits-bourgeois, ou de l'instabilité de leur accord, etc. Après sa victoire il appartient au prolétariat de tirer parti des hésitations de la petite bourgeoisie, afin de la neutraliser, afin de l'empêcher de se ranger du côté des exploiteurs, afin de se maintenir pendant quelque temps en dépit de ses hésitations.
10- Une lutte constante, opiniâtre, impitoyable contre l'opportunisme, le réformisme, le social-chauvinisme et toutes tendances ou influences bourgeoises, inévitable tant que le prolétariat milite dans le cadre de l'ordre capitaliste, est la condition de sa préparation à la victoire totale.
Sans cette lutte et sans avoir préalablement remporté une victoire complète sur les tendances opportunistes du mouvement ouvrier, il ne peut être question de dictature du prolétariat. Le bolchévisme n'eût pas vaincu la bourgeoisie en 1917-1919 s'il n'avait d'abord appris en 1903-1917 à vaincre et à bannir impitoyablement de l'avant-garde prolétarienne, les menchéviks, — c'est-à-dire les opportunistes, les réformistes, les social-chauvins.
Et nous voyons la plus dangereuse duperie de soi-même, ou l'intention de filouter les travailleurs, dans l'attitude des "indépendants" allemands, des longuettistes français, etc., qui admettent en paroles la dictature du prolétariat mais continuent en fait leur habituelle politique de petites et de grandes concessions à l'opportunisme, de conciliation et de servile respect envers les préjugés de la démocratie bourgeoise ("démocratie conséquente" ou "démocratie pure", dit-on) de parlementarisme bourgeois, etc.
N. Lénine
16. XII. 1919
1. Note du traducteur. Nous avons quelquefois employé l'expression consacrée en terminologie marxiste française de pouvoir politique là où il eût été plus littéral de traduire pouvoir gouvernemental. C'est ici le cas.
2. En parlant des revendications paysannes publié dans le journal SR, Lénine a en tête l'article "Modèle de mandat. Compilé à partir des 242 mandats donnés sur place aux députés pour le premier congrès panrusse des députés paysans à Petrograd en 1917", paru dans les Izvestia du soviet panrusse des députés paysans n° 88 et 89 du 19 et 20 août (1er et 2 septembre) 1917. Cet article a également été utilisé par Lénine dans son article "Pages du journal d'un publiciste – Paysans et ouvriers" (Note de la 5ème édition russe des Œuvres).
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