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PLUS QUE JAMAIS ET TOUS ENSEMBLE,
SUIVONS LA VOIE QUE NOUS MONTRE LE PROLÉTARIAT EN GRÈCE

Ce sont des centaines de milliers de manifestants qui ont crié leur colère contre la misère organisée et planifiée dans les rues grecques le 12 février. En fait, la classe ouvrière en Grèce et, derrière elle, la plus grande partie de la population, refuse obstinément, depuis 4 ans, d'accepter les différents plans d'austérité barbares qui se sont succédés les uns après les autres. A ce jour, loin de diminuer, la mobilisation n'a fait que continuer à croître, à s'étendre et à s'approfondir. Si, cette fois pour la journée du 12 février, les médias internationaux n'ont pu passer sous silence et ignorer la révolte ouvrière, ils se sont évertués à en travestir la réalité – en focalisant l'attention sur les incendies dans le centre d'Athènes1 – afin d'en atténuer, autant que possible, l'exemple aux yeux des populations ouvrières des autres pays. De même, ils ont passé complètement sous silence, véritable censure, les centaines de milliers de manifestants qui ont défilé le même jour au Portugal contre les mêmes attaques sur leurs conditions de vie et de travail. Une semaine plus tard, le 19, c'était au tour des grandes villes espagnoles d'être envahies par autant de manifestants contre les mesures d'austérité et de misère que la bourgeoisie met en place dans tous les pays. Si on y ajoute les multiples expressions de luttes ouvrières plus ou moins partielles et locales dans tous les pays européens et sur les autres continents – Chine, USA par exemple -, il doit être clair pour tous que le prolétariat international sous le coup d'attaques terribles contre ses conditions d'existence tend à développer une riposte générale au capitalisme en crise.

A ce jour – et depuis maintenant plusieurs mois -, le prolétariat en Grèce est à l'avant-garde de cette riposte ouvrière internationale. Non seulement la colère, la combativité et l'ampleur de la résistance ouvrière dans le pays sont des exemples à suivre pour tous2, mais surtout les ouvriers en Grèce tendent de plus en plus à s'opposer directement à l'État de la classe bourgeoise en essayant de le paralyser. Outre les occupations de mairie et autres lieux de pouvoir, les différentes tentatives – dont l'une fut violemment réprimée par la milice stalinienne du syndicat FAME – d'empêcher l'accès des députés au Parlement afin que les plans d'austérité ne puissent être votés, expriment la volonté et la nécessité de s'opposer directement et par la force au pouvoir d'État bourgeois. En lien direct avec cette dynamique politique d'affrontement de classe avec l'État, l'organisation autonome de différentes luttes particulières, mais toutes inscrites dans le combat général, - comme dans la sidérurgie, dans les hôpitaux, dans l'enseignement... - tout comme l'organisation de distribution collective de vivres pris dans les magasins tendent aussi à se développer.

Dans ce sens, nous continuons à défendre que Le prolétariat en Grèce nous montre la voie !

Si, à l'heure actuelle, les ouvriers ne s'affrontaient qu'à la seule bourgeoisie grecque, il y a de forte chance que la force de leur mouvement aurait obligé celle-ci à reculer, au moins momentanément, sur les dernières attaques économiques afin de ménager son pouvoir d'État. Mais le prolétariat en Grèce se confronte à la bourgeoisie internationale, européenne au premier chef. C'est vrai au plan économique : il n'est que de voir les pressions que les principaux pays européens exercent sur la bourgeoisie grecque pour la mise en place rapide et brutale de l'austérité généralisée. C'est encore plus vrai au plan politique car la classe dominante internationale ne peut ignorer ni laisser une telle lutte, au fur et à mesure qu'elle s'exprime et se développe, prendre un caractère exemplaire majeur pour les prolétaires du monde entier. Voilà pourquoi tout est fait pour maintenir isolée la classe ouvrière grecque et, dans la mesure du possible, la conduire rapidement à une lourde défaite. Mais, en cherchant à provoquer cette défaite, ce n'est pas seulement le prolétariat grec que la bourgeoisie veut atteindre mais l'ensemble du prolétariat. L'enjeu essentiel de la situation ne se situe pas à Athènes et Salonique ; il est surtout entre les mains du prolétariat international et tout spécialement européen.

Dans ce sens, nous appelons les classes ouvrières des différents pays européens, déjà massivement mobilisées, non seulement à suivre l'exemple grec, à le soutenir, mais surtout à en prendre le relais en s'engageant résolument dans le combat. Pour imposer un rapport de forces plus favorable à la classe ouvrière dans tous les pays, pour que les différentes bourgeoisies commencent à craindre la propagation généralisée d'un incendie de lutte qui mettrait en question ouvertement non seulement leur politique économique de misère et de mort mais aussi leur propre pouvoir de classe, les ouvriers ne peuvent pas se contenter de manifester leur colère et leur combativité derrière les syndicats et les forces politiques de gauche du capital. Ils doivent hisser leurs différents combats au moins au niveau de celui de leurs frères de classe en Grèce en s'opposant aux sabotages de ces forces et en leur disputant la direction et l'organisation de la lutte.

Car c'est bel et bien tous les "politiciens" qu'il faut "jeter", comme le crient les manifestants en Grèce ; c'est bel et bien toute la machine de l'État bourgeois qu'il faut paralyser comme s'essaient à le faire les ouvriers en Grèce ; c'est bel et bien dans la lutte massive et dans son organisation à partir des lieux de travail que le combat doit se mener et se développer ; c'est bel et bien la seule voie qui puisse dégager la perspective de la destruction de l'État bourgeois et du capitalisme.

De manière immédiate, c'est le seul moyen de venir en aide aux ouvriers grecs et de leur permettre de s'engager avec le maximum de fermeté, de décision et de conviction dans la voie politique de l'affrontement de classe avec l'État. C'est le seul moyen de faire que les luttes s'internationalisent et opposent au front uni des différents bourgeoisies nationales le front international de classe du prolétariat. Car nous n'y trompons pas : la bourgeoisie qui a déclaré la guerre ouverte aux ouvriers de tous les pays, est fort capable de vouloir faire du "cas grec" un exemple sanglant pour l'ensemble du prolétariat international si on laisse nos frères de classe isolés.

Aux prolétaires dans tous les pays : rejoignez et reprenez le combat de nos frères de classe en Grèce, contre votre propre bourgeoisie !

Aux prolétaires en Grèce : votre combat contre la bourgeoisie passe par le renforcement de l'unité de tous les secteurs et son organisation en assemblées, en comités de grève et de lutte, centralisé au plan national !

Partout, dans tous les pays, refusons l'austérité et la misère !

Au front de classe international de la bourgeoisie, opposons le front de classe international du prolétariat !

A bas le capitalisme !

22 février 2012.

Nota bene : nous remettons sur les premières pages, française, anglaise et espagnole, de notre site le tract que nous avions distribué en octobre dernier. Pour l'essentiel, il nous semble encore valables et les commentaires qui précèdent viennent, nous semble-t-il l'actualiser et donner les éléments pour définir une orientation d'intervention politique pour les communistes et des mots d'ordre tant au plan international qu'en Grèce même.

1Nous invitons nos lecteurs à prendre connaissance du témoignage publié par la revue Controverses En Grèce, la bourgeoisie déclare la guerre au prolétariat sur la réalité des manifestations du 19 février et sur la dynamique de la lutte ouvrière en cours dans le pays.

2C'est ce que nous soulignions dans notre tract d'octobre dernier Suivons la voie que nous montre le prolétariat en Grèce que nous remettons en première page de notre site internet.


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