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Nous reproduisons ci-après un document rédigé par la « Commissione de Lavoro » de Rome en Italie que les camarades de la TCI ont publié dans leur presse internationale. Il nous apparaît que les propositions avancées par cette commission ouvrière représentent justement les orientations à suivre si les mouvements actuels du type des « indignés » veulent pouvoir se développer et présenter une véritable perspective de combat et d'affrontement victorieux à la bourgeoisie. En particulier, les méthodes, formes, mots d'ordre et revendications avancées ici s'opposent catégoriquement et d'un point de vue de classe avec les orientations et mots d'ordre avancés par tous les regroupements et organisations soi-disant spontanés, en particulier ceux et celles utilisant les réseaux internet et sur lesquels les médias bourgeois font tant de publicité en vantant leur vertu démocratique et... bourgeoise.
Nous appuyons donc les efforts de cette « commission ouvrière » et ce document. Il est la réalisation concrète des orientations classistes que les camarades de la TCI ont mises en avant dans le précédent texte : La vraie colère de classe manque aux "indignés".
La FGCI, 22 juin 2011.
Comme “Commission ouvrière” du mouvement romain de la “Révolution italienne…”, nous établissons que la crise est le moteur du mouvement des indignés d’Espagne et des autres pays européens. Cela s’exprime dans les attaques aux conditions de vie et de travail portées par des gouvernements de toutes couleurs, de Berlusconi à Zapatero, contre la classe ouvrière. De ce fait, nous pensons que la question du travail doit être placée au centre du débat dans le mouvement tant au niveau des analyses que de l’action. Nous pensons en effet que, sans l’élargissement du mouvement à tous les exploités qui paient le prix de la crise du système de production capitaliste, le mouvement ne pourra avoir aucun impact réel sur la société.
La Commission a pour but de mener à bien le travail suivant :
Organiser la collecte de données concernant les conflits les plus importants en cours sur les lieux de travail, concernant les licenciements, le nombre de prolétaires au chômage et les précaires.
D’analyser les conditions d’exploitation dans tous ces secteurs ainsi que l’aggravation des conditions de vie.
Développer des formes d’agitation qui peuvent étendre notre mouvement d’assemblées à tous les secteurs, comme l’a fait l’assemblée de la Puerta del Sol.
Dans nos discussions précédentes, nous avons considéré que les causes de l’exploitation se rapportaient au conflit fondamental entre le capital et le travail et au fait que le mode de production capitaliste est, à ce jour, en crise, obsolète et dépassé, qu’il n’est plus en état d’offrir quoi que ce soit de progressif aux nouvelles générations. En outre, nous pensons que les crises sont un fait inévitable dans le capitalisme et que, pour en sortir, il est nécessaire de dépasser le capitalisme.
Nous voulons recueillir des informations sur les luttes en cours, sur les lois qui rendent de jour en jour nos conditions de vie toujours plus précaires, exténuantes, une forme de chantage permanent, sur les données chiffrées qui permettent de savoir combien il y a d’ouvriers avec leur famille aujourd’hui en Italie et comment ils vivent.
Nous voulons aussi recueillir des témoignages et récits qui éclairent les conditions réelles d’exploitation vécues au quotidien par les prolétaires, surtout les jeunes, en commençant par ceux qui lisent ce texte.
Nous pensons qu’il est nécessaire d’étendre nos assemblées aux travailleurs, aux précaires, aux chômeurs et à tous ces secteurs qui paient pour la crise du capitalisme. Pour ce faire, nous devons partir de la dénonciation des conditions réelles d’exploitation supportées sur les lieux de travail.
Nous avons cherché à renverser la logique avec laquelle on aborde la «question du travail» de la part des syndicats, des partis et des politiciens divers. Trop souvent, nous avons vu des mouvements de lutte s’engager à partir de leurs propositions politiques (sur lesquelles ils sont souvent divisés), allant du revenu citoyen au salaire européen, des travaux socialement utiles au travailler moins, du travail pour tous, etc. La politique proposée a toujours été mise en avant vis-à-vis des ouvriers sans tenir compte de leurs conditions, presque comme si l’ouvrier n’était utile que comme appui à tel ou telle proposition. Nous ne voulons pas discuter de la validité de telle ou telle solution qui permettrait de résoudre les problèmes de ce système (nous n’en sortirions pas !). Nous voulons au contraire combattre l’exploitation et la division des ouvriers pour les inviter à s’unir et à lutter.
Agitation. Nous voulons mettre au coeur de notre intervention l’ouvrière et l’ouvrier, les invitant à se soulever contre les conditions de misère et d’exploitation qu’ils vivent au quotidien. Pour cela, les mots d’ordre d’agitation que nous utilisons sont simples et immédiats:
non aux salaires de famine;
non à l’absence de sécurité, aux accidents et aux morts sur les lieux de travail;
non aux cadences et aux charges de travail exténuantes;
non au travail précaire, flexible, où le travailleur est utilisable et jetable à souhait;
non aux licenciements et au chômage;
non à la vie chère;
oui à la lutte collective pour défendre nos conditions de vie;
oui aux vraies luttes pour avoir de meilleures conditions de vie et de travail.
Sur les lieux de travail et dans les quartiers. Nous brandissons les mots d’ordre de la lutte sur nos lieux de travail et dans nos quartiers ! Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons étendre la lutte au plus grand nombre de secteurs de la société, du public au privé, des industries aux secteurs commerciaux, etc.
Méthodes de lutte. Concernant les formes de lutte, il y a peu à inventer. Ce sont nécessairement les grèves ouvertes, les piquets de grève, la solidarité et le soutien actif aux divers conflits, jusqu’à l’occupation des entreprises menacée de fermeture et aux blocages des routes. C’est l’histoire de la lutte ouvrière qu’il faut se réapproprier. En général, nous soutenons toutes les formes de mobilisation qui visent à bloquer la production et le flux des marchandises, donc les sources du profit. Nous pensons finalement que ce son les travailleurs eux-mêmes qui savent quelles sont les formes de lutte les plus efficaces dans chaque situation particulière. C’est dans ce sens que nous devons les encourager, les appuyer, afin que prévale la défense de leurs intérêts réels et non l’intérêt de tel ou tel regroupement syndical ou politique.
Formes d’organisation. Nous pensons que l’unique forme d’organisation qui puisse permettre aux travailleurs de relever la tête et de stimuler leur capacité au combat est ce type d’assemblées. Assemblées de base qui:
dépassent les divisions et les différences de race, de sexe, de catégorie, de niveau et de fonction, entre les travailleurs;
unissent les ouvriers au travail et les chômeurs;
dépassent la tendance à déléguer la défense de nos intérêts aux syndicalistes et aux politiciens;
prennent les décisions; c’est-à-dire qu’elles décident des formes, des modalités et des dates des mobilisations. Elles décident si elles acceptent ou non les propositions des autres.
Selon nous, il s’agit de nous défendre contre les violentes attaques que les patrons déclenchent, de sortir de l’isolement, de transformer les luttes particulières en une seule et grande lutte collective; il s’agit de sortir de l’apathie pour commencer à reprendre nos vies en mains.
Ce n’est qu’en faisant de notre malaise et de notre mal-être individuel un problème social que nous obligerons le système à mettre en avant des solutions qui lui soient compatibles (mais c’est à nous de les accepter ou de les refuser) ou, plus probablement, à déclarer qu’il ne peut pas le faire, démontrant ainsi sa propre faillite.
Ce texte est une contribution — qui est en constante actualisation — pour l’assemblée centrale. La “Commission ouvrière” est ouverte à tout ceux qui veulent y participer. Nous invitons tout le monde à participer aux discussion online en s’inscrivant sur la mailing list: commlavoro_italianrevolution@googlegroups.com
E-mail de la commission ouvrière: commissione.lavoro@email.it
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