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Face au péril prolétarien grandissant, la bourgeoisie oppose le poison démocratique

Il est maintenant évident pour tous, ouvriers, prolétaires, comme bourgeois et gouvernements capitalistes, que le prolétariat international se lève et s'insurge en masse contre les conséquences de classe de la crise économique du capitalisme. Des luttes de l'automne dernier dans les principaux pays d'Europe occidentale – pour ne citer que celles-ci -, aux mouvements prolétariens dans les pays arabes, jusqu'aux luttes des « indignés » espagnols et au rejet massif et persistant des mesures d'austérité en Grèce, la classe ouvrière internationale refuse de payer la crise et d'accepter sans lutter la misère dramatique que le capitalisme essaie d'imposer partout.

Face à cette situation, la bourgeoisie, au niveau international, mène une offensive anti-prolétarienne d'envergure en donnant un grand coup d'accélérateur à sa campagne de mystification "démocratique" ; aujourd'hui elle l'exerce en permanence et de façon plus concentrée qu'elle le faisait ces dernières années, en la déclinant de toutes les manières possibles et à différents niveaux correspondant à l'intensité et aux conditions immédiates de la lutte des classes. En particulier, les campagnes actuelles s'appuyant essentiellement sur le mensonge et la déformation de la réalité, cherchent à faire croire que :
- la "révolution démocratique" est le seul combat à mener (Tunisie, Egypte, pays arabes...) ;
- les luttes actuelles dans les pays "démocratiques" sont en fait des luttes pour "plus de démocratie", que ce soit au niveau de leur forme comme de leur objectif et contenu (l'organisation « Democracia real ya ! » dans le mouvement des « Indignés » espagnols cherche, à l'évidence, à se mettre à la tête du combat du prolétariat pour le détourner vers le terrain bourgeois de la "démocratie réelle" - sic !).

Toutes les fractions de la bourgeoisie, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, sont engagées  chacune à son niveau - et se partagent les tâches dans cette offensive politique contre la classe ouvrière. Les fractions de gauche et d'extrême-gauche (staliniens, gauchistes, anarchistes...) ont, elles, pour rôle spécifique d'empoisonner la classe ouvrière au sein même de ses luttes en essayant de faire de celles-ci des impasses et des pièges mortels.

Aujourd'hui, la classe ouvrière riposte clairement et de plus en plus contre les attaques. Elle se pose de plus en plus la question de la remise en cause du capitalisme et de la classe qui en bénéficie. Voilà pourquoi la bourgeoisie s'évertue à persuader les ouvriers de diriger leur colère et leur combativité vers des « réformes démocratiques », voire des « révolutions démocratiques ».

La démocratie aujourd'hui, tant que le capitalisme existe, tant que les classes sociales existent, c'est la dictature de la bourgeoisie, c'est la forme la plus efficace de son pouvoir de classe. Se battre pour cela, c'est se battre pour maintenir le capitalisme, c'est se battre au profit de l'ennemi. Les ouvriers doivent au contraire reprendre le slogan d'une banderole aperçue lors de la manifestation du 15 juin en Grèce 1 : you got the disease, we got the solution : REVOLUTION [Vous avez la maladie, nous avons le remède : LA REVOLUTION].

Les organisations d'avant-garde de la classe ouvrière, notamment celles de la Gauche communiste, ont la lourde responsabilité d'alerter leur classe, de la prévenir du danger et de la détourner de ce piège de la quête illusoire d'une démocratie « réelle », « pure », dans le capitalisme. Cette illusion est mortelle et elle est sciemment mise en avant par la classe dominante. Ces organisations de l'avant-garde politique se doivent, aujourd'hui plus que jamais, de pousser le combat du prolétariat vers le seul but qui lui donne son sens : la destruction du capitalisme et la construction d'une société sans exploitation et sans classe.

La FGCI, le 19 juin 2011.

1. Il convient de relever que le refus obstiné et croissant du prolétariat en Grèce d'accepter de subir les brutales et dramatiques mesures d'austérité mises en place par le gouvernement socialiste de Papandreou, a contraint ce dernier à un remaniement ministériel dans une relative urgence, le jour même de la manifestation du 15 juin. En particulier, significatif se trouve être le remplacement du ministre de l'économie. Les louanges internationales sur la gestion économique du remplacé étaient unanimes. Le remplaçant par contre aurait plus de qualités « politiques ». Outre la nécessité pour la bourgeoisie grecque de bénéficier d'une équipe gouvernementale plus soudée et d'un soutien plus large au sein de l'appareil d'Etat et de la bourgeoisie, alors même que des dissensions se faisaient jour en son sein, cet épisode révèle que le véritable affolement qui a saisi la bourgeoisie internationale, gouvernements, politiques, médias, milieux financiers, etc., n'était pas tant dû à un risque financier – l'insolvabilité de la Grèce et le non-remboursement de sa dette -, donc d'ordre économique en soi, mais bel et bien à un risque politique : la difficulté, voire l'impossibilité, de faire accepter au prolétariat l'austérité et la perspective d'une aggravation de la confrontation des classes.


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"… tous ces cris en faveur de la démocratie ne servent en réalité qu'à défendre la bourgeoisie et ses privilèges de classe exploiteuse. (…) Les marxistes ont toujours répété que plus la démocratie était développée, plus elle était "pure", plus aussi devait être vive, acharnée la lutte des classes, et plus apparaissait "purement" le joug du capital et la dictature de la bourgeoisie." (Thèses sur la démocratie bourgeoise et la dictature du prolétariat – 1er congrès de l'IC – 4/3/1919)


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