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Réponse du PCI

Parti Communiste International
(Il Comunista, le Prolétaire, El Programma Comunista, Proletarian)
leproletaire@pcint.org

Le 26/09/2009
Au CIM (Montréal)
Chers camarades,

Nous avons bien reçu votre brochure «Du nationalisme à l'internationalisme« et votre «Proposition d'un site Web de discussion au sein de la Gauche communiste» du 31 août dernier. Vous adressez votre proposition au CCI, au BIPR (Bureau International pour le Parti Révolutionnaire, dont la principale composante est le groupe italien Battaglia Comunista, mais qui comprend aussi la Communist Workers Organisation en Grande-Bretagne, le Groupe Internationaliste Ouvrier au Canada et Bilan et Perspectives en France), à la FICCI (Fraction Interne du CCI, groupe exclu de cette dernière organisation il y a quelques années) et au groupe brésilien OPOP (Opposition Ouvrière, groupe avec lequel le CCI dit avoir des liens)

Vous présentez ce «lieu d'échange virtuel» comme devant avoir pour but de «Favoriser la discussion entre les groupes de la Gauche communiste afin que ces groupes: participent au renforcement des assises du camp prolétarien par la mise en place d'un point de rencontre permanent où les groupes peuvent échanger fraternellement; contribuent à la clarification du programme communiste face aux luttes que mène le prolétariat aujourd'hui; tentent au plus grand rapprochement possible de ses éléments, sans pour autant mettre de côté les divergences entre ses participants, pour éventuellement intervenir conjointement au sein des luttes du prolétariat». Selon vous: «Puisque la Gauche Communiste est très faible numériquement et divisée sur certaines questions, elle intervient peu et de façon dispersée dans la classe. (...) Nous pensons qu'un espace de débat théorique et pratique peut être un pas vers une plus grande unité et un plus grand éclaircissement du programme politique prolétarien».

Vous estimez qu'il y a «le besoin urgent d'un lieu de débats théorique et pratique compte tenu de l'ampleur de la crise actuelle et d'un prolétariat qui lutte sans aucune orientation politique révolutionnaire à long terme, c'est-à-dire le communisme». Vous souhaitez «grâce à ce lieu d'échange, voir des groupes de la GC évoluer fraternellement vers une relative homogénéité - lorsque c'est possible de le faire - ou de les voir se détacher du camp prolétarien lorsque les discussions verront certains de ceux-ci surgir avec des notions complètement étrangères aux intérêts de notre classe». En appui de votre proposition vous citez des déclarations du CCI, du BIPR et de la FICCI en faveur du débat avec d'autres groupes et contre le «sectarisme».

Nous ne partageons pas cette position, ni votre analyse ou votre objectif; c'est pourquoi nous ne pouvons que répondre négativement à votre proposition.

Les partis ou organisations auxquels vous adressez votre proposition ne sont pas des organisations nouvelles-nées qui par mégarde, par manque de réflexion ou par ignorance, pourraient avoir inclus dans leur programme quelques positions erronées ou incertaines qu'il suffirait de discuter pour les rectifier. A l'exception de OPOP que nous ne connaissons pas, ce sont des organisations qui existent depuis des années ou des dizaines d'années et qui ont mené entre elles des polémiques sur tous les points litigieux: c'est même de la rupture avec Battaglia Comunista qu'est né notre parti au débutr des années cinquante! Leurs positions politiques, théoriques et programmatiques sont fixées depuis longtemps, de même que leur action pratique: bien naïf serait celui qui s'imaginerait qu'une «discussion fraternelle» sur un forum internet pourrait tout à coup convaincre les uns ou les autres de modifier leur position!

Mais en réalité il s'agit de toute autre chose et la méthode que vous nous proposez est tout sauf nouvelle.

Excepté le recours au média internet, il s'agit, à une échelle sans doute microscopique, de l'éternelle méthode opportuniste qui fait passer la recherche du nombre ou des résultats immédiats avant la défense intransigeante des principes et du programme. L'expérience historique a tragiquement démontré que cette méthode aboutissait invariablement à la défaite du prolétariat et à la victoire de la contre-révolution. Les militants de notre courant ont été taxés de «sectarisme» parce qu'ils combattaient cette méthode dans l'Internationale Communiste dès ses premières années comme dans le regroupement des communistes oppositionnels que tentait de réaliser Trotsky: les faits sont là pour montrer que les «sectaires» avaient vu clair...

Nous nions absolument que les différents groupes auxquels vous adressez votre proposition ne soient séparés que par des questions secondaires et qu'ils fassent tous partie d'une supposée «Gauche communiste» destinée à être le creuset du futur parti. Ils sont au contraire séparés par des questions cruciales qui demain pourront déterminer le sort de la révolution et qui dès aujourd'hui les placent de façon différente par rapport aux premières manifestations du processus de réapparition de la lutte de classe: la question du parti et de son rôle, la question de l'Etat et la conception de la dictature du prolétariat, la question de la violence, l'attitude par rapport aux luttes de défense économique et immédiate des prolétaires, par rapport aux luttes partielles de certaines catégories de prolétaires, etc.

Quel sens pourrait avoir un rapprochement avec des organisations qui défendent les conceptions idéalistes classiques du préalable de la «prise de conscience» des prolétaires avant qu'ils puissent faire la révolution et qui donc bornent le rôle du parti à celui d' éclaireur des consciences? Quelle unité d'action pourrait-il y avoir avec des organisations qui nient tout intérêt aux luttes de défense économiques des prolétaires et qui donc s'opposent à toute organisation de type syndical pour ces luttes? Ces deux exemples pour montrer que ces organisations soi-disant de Gauche communiste se trouvent en fait sur une série de points en dehors du marxisme...

L'extrême faiblesse du nombre de militants communistes, leur isolement à peu près complet par rapport à la classe ouvrière et ses luttes sont malheureusement des données de fait qui caractérisent la situation actuelle où le prolétariat est encore sous la domination d'influences bourgeoises et prisonnier des réseaux de collaboration de classe mis en place dans tous les pays depuis des décennies. Sans aucun doute des crises économiques importantes comme celle actuelle tendent objectivement à affaiblir cette sujétion et à pousser les prolétaires à se révolter contre leur condition; mais il faudra encore du temps pour que sur la base de ces poussées élémentaires surgissent des minorités prolétariennes décidées à oeuvrer à la solution de la crise bien plus grave et bien plus décisive: la crise du mouvement ouvrier révolutionnaire qui depuis plus de 80 ans a réduit le prolétariat à l'impuissance en détruisant son parti et ses organisations de classe. Il est impossible de travailler à résoudre cette crise, c'est-à-dire de travailler à la reconstitution du parti de classe internationaliste et international qui aura pour tâche de diriger la lutte des prolétaires de tous les pays pour la révolution communiste internationale, au moyen d'expédients démocratiques comme des discussions politiques et programmatiques visant à rassembler des partis et groupes aux positions politiques différentes afin d'augmenter le nombre des militants révolutionnaires et leurs possibilités d'action.

La voie à suivre est exactement l'inverse de celle que vous proposez: c'est la voie de la lutte politique intransigeante contre toutes les tentatives pour estomper les divergences programmatiques et de principes, les orientations politiques et tactiques, qui en réalité divisent profondément les différentes organisations que vous voudriez rassemblez dans votre «Gauche communiste». Les rares prolétaires qui sont aujourd'hui et qui plus nombreux seront demain poussés à rompre avec toutes les variétés de réformisme ont avant tout besoin de clarté politique: il ne faut pas leur cacher les divergences au moyen de débats démocratiques, mais au contraire les rendre plus nettes et plus manifestes pour que les orientations correctes puissent l'emporter sur celles qui ne le sont pas.

Quelles que soient les intentions bonnes ou mauvaises, tout ce qui entrave la clarification politique fait oeuvre anti-prolétarienne car cela revient à faire obstacle à la reconstitution de l'organe suprême de la lutte ouvrière: le parti.

Fraternellement


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