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Nous reproduisons ici le tract que le BIPR, Battaglia Comunista, a diffusé en Italie suite à la tentative de fermeture du « centre social COX 18 » et de la librairie Calusca. Non seulement nous voulons à notre tour affirmer notre solidarité, mais aussi souligner l'importance politique de cette tentative de fermeture. Il serait erroné de n'y voir qu'une simple opération municipale et immobilière. Il s'agit d'une attaque visant à fermer un lieu, un espace où les organisations authentiquement communistes et les éléments en recherche de ces positions, pouvaient se retrouver, se rencontrer et discuter. Il s'agit donc d'un lieu de débat et de regroupement des énergies révolutionnaires qui est attaqué. Au moment où la crise vient frapper et où les réactions ouvrières tendent déjà à s'affirmer, la bourgeoisie se doit de prendre toutes les mesures en sa possession pour renforcer la répression et éteindre au maximum les voix révolutionnaires et communistes. Cela passe aussi par la fermeture des derniers lieux et espaces ouverts à une vie prolétarienne et communiste. A ce jour, et suite aux manifestations de rue s'opposant à la fermeture, le centre et la librairie ont été réouverts. Les autorités ayant reporté, provisoirement, la mesure d'expulsion. |
Le scénario est toujours le même, selon les meilleures traditions du pouvoir : les forces de l'ordre en tenue anti-émeute, évacuation forcée et mises des scellés, pendant que les habituels bien-pensants, « fans de la main dure », dénoncent des épisodes de « guérilla urbaine, des quartiers mis à feu et à sang par des jeunes violents et des chiens déchaînés ». Ainsi « a été libéré » Cox18 [Outre des concerts, des expositions, des rencontres, ce centre social ouvert en 1976 accueille une librairie et l'important fonds Primo Moroni, du nom du libraire-écrivain, acteur et narrateur des mouvements des années 60 et 70 qui lui a confié ses archives il y a 10 ans, ndt] par la police prête à mettre à l'ombre les « têtes brulées » qui, semble-t-il, entravent la réalisation des « justes causes » de la citoyenneté guidée des légitimes gardiens de l'ordre et… du « décorum ». Une partie de celles-ci, des membres de la Ligue et des apôtres des libertés berlusconiennes s'insurgent contre la « honte que représentent ces manifestations et ces cortèges sauvages, instrumentalisés par ceux qui cherchent uniquement à créer des désordres et à élever la tension sociale ». En somme, ils chassent les dangereux extrémistes qui ne veulent pas rendre aux citoyens (encore ceux qui sont « bien-pensants ») des lieux abusivement occupés.
Comme l'affirme le membre de la Ligue, Salvini (toujours dernier au niveau des présences dans les réunions communales) : « Milan doit retrouver la normalité », qui sied à la bourgeoisie « laborieuse », laquelle possède des milliers de locaux libres, de maisons de luxe inhabitées, des appartements gigantesques, des centaines de mètres carrés qu'elle occupe et qui lui permettent de se promener et de faire des achats dans les artères centrales et lumineuses de la cité, de s'asseoir dans les beaux salons après avoir rejeté la misère envahissante vers les banlieues.
Ces derniers jours, la parquet milanais a fait savoir que, dans les caisses du Palais Marino, il y a un « trou » supérieur à 96 millions d'euro (voir même de 162 millions) versés en plus aux Établissements de crédit et autres magouilleurs. Une gigantesque escroquerie, une énième collusion entre les affaires et la politique et, quoi qu'il en soit, l'union de tout le bric-à-brac de la classe bourgeoise toujours prêt à faire la morale et à demander des sacrifices aux prolétaires, pour ensuite trafiquer et bouffer de façon indécente sur leur dos. Sont directement impliqués des administrateurs de Banques, ceux qui sont chargés de réorganiser la dette de la Commune, ainsi que des personnages de l'administration citadine qui se sont appropriés des « profits illicites » qu'ils ont ajoutés à l'escroquerie. En fait, il semble que, dans aucun autre pays européen comme en Italie, il n'y ait ainsi une telle utilisation de magouilles concernant les Communes, les Provinces et les Régions qui sont endettées jusqu'au cou. Ces derniers temps on en voit de belles ! Par ailleurs, la messe autour de la vente aux enchères de la Via Conchetta (ce ne sont pas des appartements pour prolétaires indigents !) ne serait qu'un élément de la nécessaire politique qui permet de « faire des économies » pour couvrir la dette.
L'objectif est clair : éliminer - à des fins de razzia communale et privée – les derniers lieux non homologués et ce qu'il reste de centres sociaux. Dans ce cadre s'inscrit l'attaque contre la Librairie Calusca, qui est un lieu de débats qui ne sont surement pas en phase avec la « pensée unique dominante ». À souligner, en outre, que le centre social Cox18 a été, depuis des décennies, un lieu parmi les « plus tranquilles » en ville, toujours bien vu par les habitants du quartier, tout en gardant constamment et orgueilleusement son identité.
La vaste mobilisation contre cette évacuation a débouché sur l'occupation des lieux et, au moins pour l'instant, les institutions ont fait contre mauvaise fortune bon coeur en maintenant le statu-quo. Cependant, camarades, il ne faut pas se faire d'illusions, la crise économique et sociale qui étrangle le capitalisme frappe et frappera toujours plus dur les travailleurs et tous les prolétaires.
La bourgeoisie veut créer préventivement les conditions de contrôle social en empêchant et, si nécessaire, en réprimant la possible reprise de la lutte de classe. Riposter au désastre social auquel le capital mène est une nécessité urgente. En ce sens, nous exprimons notre solidarité avec la librairie Calusca et Cox18, en souhaitant que les mobilisations en cours ne soient que le point de départ d'un plus vaste et plus généralisé mouvement de reprise de l'initiative politique et de bataille du prolétariat.
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