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Le document que nous publions ci-après est la traduction en français du tract que la fraction a distribué au Mexique lors de la marche du 31 janvier 2007 à Mexicó contre les récentes mesures antiouvrières du nouveau gouvernement de Calderón. Ce tract, très favorablement accueilli par les participants à la marche, a été distribué à 3000 exemplaires dans cette manifestation. La version en espagnol a pu être consultée sur notre site depuis fin janvier. |
Le nouveau gouvernement de Calderón s'est à peine installé et déjà il donne des preuves claires et frappantes de ce que la classe bourgeoise au Mexique, comme dans le monde entier, réserve aux travailleurs exploités : plus de misère, plus de répression. Et comme seule perspective, tant qu'existe le système capitaliste, la barbarie d'une nouvelle guerre impérialiste mondiale.
La récente augmentation du prix des produits de première nécessité constitue une attaque ouverte et frontale de la classe capitaliste contre les conditions de vie des travailleurs, pourtant déjà exploités au maximum. Alors que les capitalistes "réussissent" - grâce aux syndicats - à imposer des "augmentations" ridicules des salaires de 3 ou 4%, certaines marchandises de première nécessité - tortillas, viande, oeuf, lait... - ont augmenté en quelques jours de 30 à 40% (sans compter que d'autres, comme le gaz et l'électricité continuent d'augmenter mois après mois). En même temps, le gouvernement fait tout son possible pour réduire les lignes du budget qui concernent le salaire "indirect" comme l'éducation et autres services. Tout cela signifie une réduction subite et brutale du salaire de l'ensemble de la classe ouvrière ce qui se traduit dans des conditions de vie aggravées, une misère croissante, la malnutrition pour les travailleurs et leurs familles, tout cela pour maintenir les profits des capitalistes.
Face au mécontentement croissant - du fait de ces hausses de prix - qui a déjà commencé à se manifester dans des manifestations spontanées en plusieurs endroits, tout l'appareil idéologique de la bourgeoisie, tous ses médias, se sont donnés pour tâche de faire que les travailleurs acceptent de manière résignée cette attaque brutale. Premièrement, les hauts fonctionnaires de l'économie nous "expliquent" que tout cela est le produit des "lois naturelles" du marché, de l'offre et de la demande, et de la "mondialisation". Et que, donc, il n'y a pas d'autre solution que d'accepter les augmentations de prix. Les partis politiques du capital, autant ceux de gauche que ceux de droite - PAN, PRI, PRD - nous "avertissent" qu'une augmentation générale des salaires conduirait à une "inflation incontrôlée" et que le mieux est "d'exiger" que le gouvernement "contrôle les prix". C'est ainsi que, dans un acte digne du cirque, le président Calderón s'est réuni avec les représentants des grands monopoles du maïs soi-disant pour "contrôler le prix" de la tortilla. Mais la seule chose qu'il a faite a été... d'officialiser l'augmentation de 40% de son prix !
Il doit être clair, pour les prolétaires, que rester passif et résigné face à cette attaque ne peut qu'ouvrir la porte à de nouveaux coups portés par la classe capitaliste contre leurs conditions de vie. Il doit être clair aussi qu'une augmentation de salaires pour limiter leur diminution réelle face aux hausses de prix ne sera pas cause d'inflation ; elle ne fera que modérer - et cela momentanément - la voracité des capitalistes. Enfin, il doit être clair qu'une augmentation de salaires ne s'obtiendra pas par des "négociations" entre les syndicats et le gouvernement mais uniquement par une lutte massive, une lutte de l'ensemble de la classe prolétarienne.
C'est ce que la bourgeoisie craint réellement : une poussée de lutte de classe du prolétariat à grande échelle, comme c'est déjà arrivé ces dernières années dans d'autres pays (Argentine, France, Italie, Allemagne...). Et pour cela, elle anticipe non seulement en redoublant ses campagnes idéologiques de fausses promesses sur un "futur meilleur" mais aussi en renforçant ses instruments de répression : l'appareil judiciaire, la police, l'armée.
Le gouvernement de Calderón a "débuté" avec la sanglante répression de la Police Fédérale Préventive (PFP) en coordination avec la police de l'Etat [régional] contre les travailleurs en lutte d'Oaxaca et l'instauration d'un état de siège dans cette région.
L'acte suivant a été d'augmenter le budget de l'armée et de la police, et de déployer la PFP et l'armée dans plusieurs Etats du pays (Michoacan, Guerrero, Basse Californie...). Ne disposant pas immédiatement de l'épouvantail du "terrorisme" - qui est utilisé dans les autres pays -, l'Etat capitaliste mexicain utilise comme prétexte le "trafic de drogue" et "l'insécurité" pour que la surveillance permanente, les caméras dans les rues, les lois plus sévères... soient acceptées et deviennent "normales" pour la population ouvrière ; comme si le pays était entré subitement dans un état de guerre. Mais la véritable intention de l'Etat bourgeois n'est pas d'en finir avec le "trafic de drogue", ni avec "l'insécurité", mais de terroriser les travailleurs et de paralyser leurs éventuelles poussées de mécontentement, de manifestation et de lutte. Comme l'a déclaré Calderón lui-même, son intention est de montrer qu'"aucune force peut être au-dessus de la force de l'Etat". Et la bourgeoisie sait que la seule "force" sociale capable de remettre en question sa domination, c'est le prolétariat en lutte.
La répression à Oaxaca, la militarisation croissante du pays et même l'instauration du gouvernement de "droite" de Calderón, laissant le PRD de "gauche" dans l'opposition, ne sont pas des faits isolés ni accidentels ; au contraire, ils font partie d'une orientation politique que la bourgeoisie nationale a adopté depuis un certain temps en vue d'écraser toute tentative de protestation sociale dans les années à venir. Tout cela a pour but de vaincre toute résistance de la classe prolétarienne et de l'enchaîner définitivement aux "intérêts nationaux" qui ne sont pas autre chose que les intérêts de la bourgeoisie elle-même. Mais le prolétariat ne doit pas se laisser intimider. Il est évident que les protestations individuelles, ou même celles de groupes de travailleurs isolés et dispersés, offrent peu de perspectives face à l'appareil judiciaire et répressif de l'Etat. Mais un mouvement massive, étendu, combatif et uni des travailleurs réussirait à imposer un rapport de forces plus favorable, pourrait freiner et faire reculer les attaques de la classe capitaliste. C'est vers ce mouvement que doit tendre l'ensemble de la classe ouvrière !
Telle est la seule perspective vers laquelle le prolétariat doit avancer. Se laisser entraîner derrière les desseins de la bourgeoisie, sans résister, équivaudrait non seulement à se laisser plonger dans une misère chaque fois plus épouvantable mais, à terme, se laisser amener au massacre d'une guerre impérialiste généralisée.
De fait, l'orientation politique actuelle de la bourgeoisie mexicaine n'est que la forme adaptée aux conditions nationales de l'orientation politique que l'ensemble des bourgeoisies du monde entier (Etats-Unis, Allemagne, France, Russie, Chine...) est en train de prendre dans la perspective de la marche vers une nouvelle guerre impérialiste mondiale comme seule issue que la classe capitaliste a face à la crise de son propre système.
Il ne faut pas oublier que déjà en deux occasions (1914-1918 et 1939-1945) la crise du capitalisme a débouché dans une guerre impérialiste mondiale, la seconde plus étendue, plus longue et plus meurtrière que la première, entraînant dans l'horreur et la mort des millions et des millions de prolétaires. Actuellement, la bourgeoisie marche vers une troisième guerre mondiale généralisée d'un niveau et aux conséquences imprévisibles : les conflits et les tensions impérialistes ne cessent de s'aiguiser et de s'exprimer ici ou là en de constants mouvements stratégiques et de guerres "régionales" ; un nouveau jeu de blocs impérialistes (autour des Etats-Unis-Grande-Bretagne d'un côté, et de l'Allemagne-France-Russie de l'autre) se dessine de plus en plus nettement ; les armées se préparent et se modernisent ; la course aux armements (missiles, satellites, avions...) se déchaîne entre les grandes puissances ; l'économie de tous les pays, à commencer par les plus puissants, s'oriente de nouveau vers une "économie de guerre" contrôlée par l'Etat...
Mais la bourgeoisie ne pourra pas se lancer dans la guerre généralisée tant qu'elle n'arrivera pas à écraser définitivement et à entraîner derrière elle le prolétariat. C'est la seule force sociale capable non seulement de freiner et d'arrêter définitivement la marche de la bourgeoisie vers une nouvelle guerre mondiale, mais aussi la seule capable de mettre à bas ce système d'exploitation et d'oppression déjà en faillite. C'est pour cela que les luttes actuelles de résistance des travailleurs sont cruciales.
Face aux attaques actuelles contre nos conditions de vie, il faut développer une lutte de l'ensemble de la classe prolétarienne : ouvriers de l'industrie et des services, journaliers agricoles, employés publics, enseignants, travailleurs de la santé, étudiants de familles salariées, retraités, chômeurs, précaires... Une lutte véritablement massive, combative et unie qui, au moyen de manifestations de rue, de rassemblements, de grèves du prolétariat, impose un rapport de forces qui empêche la répression et arrive à arracher une augmentation salariale mettant un frein à l'avidité de la classe capitaliste.
C'est dans cette lutte de résistance que la classe ouvrière se préparera, acquerra l'expérience nécessaire pour les futurs combats décisifs en vue de mettre à bas définitivement le capitalisme.
Prolétaires, face à la perspective que nous offre le capitalisme de nous plonger dans la plus grande misère, l'oppression, la barbarie et finalement la guerre, la seule solution est de lutter massivement et tous ensemble !
31 janvier 2007.
Fraction Interne du CCI – Bulletin Communiste.
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