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MESSAGE DU CAMARADE RIC (14/11/2005)

Camarades,

Merci pour l'envoi de votre tract. J'avais entendu dire que vous aviez été interdits aux réunions du CCI. A l'origine, je leur ai écrit en leur exprimant mon accord. Mais cela était avant que je me renseigne sur la FICCI par moi-même ; tandis que précédemment j'acceptais, sans poser de question, leurs affirmations.

Je suis désolé d'apprendre leur tentative pour vous empêcher de distribuer vos tracts à l'entrée de leur salle de réunion. Ont-ils réussi ? Ou avez-vous réussi à passer ? Il semble que le CCI se constitue comme une sorte de "force de police prolétarienne". Comment pensez-vous que la FICCI et les autres puissent combattre ce non-sens ? Si le CCI veut être une force de police prolétarienne, il ferait mieux d'aller dans les banlieues parisiennes plutôt que de se battre contre la FICCI. Cela montre juste quelles sont leurs priorités.

Fraternellement, Ric.

 

NOTRE REPONSE

Nous voulons saluer le sens politique des questions posées par le camarade. D'abord, il convient de relever qu'il ne nous propose pas d'abandonner le combat contre l'opportunisme du CCI, et en particulier contre une de ses manifestations concrètes, l'utilisation de l'agression physique, de la force et de la répression contre... les autres groupes communistes. Qu'on le veuille ou non, qu'on l'ignore ou non, qu'on veuille fermer les yeux dessus ou non, la politique sectaire de provocations, d'accusations en tout genre et de violences physiques du CCI d'aujourd'hui visant à détruire le camp prolétarien, est un fait concret qui s'impose, et va inévitablement continuer à s'imposer à tous sous une forme ou une autre. Qu'elle soit aujourd'hui dirigée principalement, mais pas uniquement, contre notre fraction est dû au fait que nous sommes en pointe, à l'avant du combat contre la liquidation opportuniste de cette organisation.

Ensuite, le camarade pose une question politique importante : que faire contre la répression et l'intimidation physiques violentes exercées par les services d'ordre des groupes politiques - ou par des syndicats - contre la présence et l'intervention des communistes ? Quelle a été notre attitude ce samedi 12 novembre 2005 face à la milice du CCI ? Et quelles leçons politiques militantes en tirer ?


Fallait-il essayer de passer physiquement malgré la milice du CCI ?

Nous n'avons pas essayé de franchir le service d'ordre qui nous avait été envoyé à la sortie du métro. Et cela pour deux raisons politiques.

La première, la moins importante du point de vue politique, était que le rapport de forces physiques immédiat - qui, pour des marxistes révolutionnaires, fait partie de l'appréciation politique d'une situation - n'était pas, très loin de là, en notre faveur et ne nous permettait donc pas d'assumer notre intervention dans ces conditions : au-delà des 5 "gorilles" que nos 2 camarades avaient face à eux, plus d'une dizaine devaient les attendre un peu plus loin (1).

La deuxième raison, beaucoup plus importante et durable, était éminemment politique. Par la multiplication des insultes, des provocations et maintenant des agressions physiques, le CCI actuel cherche à l'évidence à nous amener sur son terrain – qui est le terrain pourri de la "liquidation" – et à utiliser les mêmes moyens frelatés que lui. Mais surtout, de cette façon, il nous détournerait du terrain de classe qui est celui de la confrontation politique ouverte, du débat d'idées public et sincère en vue de la délimitation et du regroupement des forces communistes. Le résultat quasi certain auquel aurait abouti une affrontement physique violent, si nous avions répondu sur ce terrain, aurait été de provoquer, dans le camp prolétarien, un sentiment de dégoût ("ils sont tous devenus fous" et "c'est leur histoire interne, leur petite cuisine") ou pire d'indifférence par rapport au combat politique. D'autant que le CCI aurait, bien sûr, tiré profit de cette situation pour donner de ce camp prolétarien l'image d'un "panier de crabes" en relançant une nouvelle campagne internationale contre "les flics et égorgeurs" que nous sommes supposés être tout en essayant de se faire passer pour la victime. (2)

Donc, nous ne pensons pas que nous aurions obtenu un quelconque résultat politique positif tant au niveau de notre intervention immédiate qu'au plan de la clarification de l'indispensable combat politique contre la liquidation du CCI. Nous pensons, au contraire, que notre dénonciation actuelle est beaucoup plus efficace et "clarificatrice".


Fallait-il, sur place, accepter sans réagir la politique de répression ?

Néanmoins, nous partageons le souci du camarade selon lequel il n'est pas question d'accepter cette attitude policière et qu'il nous faut absolument défendre les principes communistes en la matière, quelles que soient les circonstances. Ce jour-là, nous avons donc essayé de discuter avec les... camarades du CCI et de les convaincre de leur "erreur". Nous n'avons donc pas accepté la situation et, malgré leur volonté permanente de nous faire taire, nous avons au contraire développé le combat sur le plan politique pour imposer la véritable attitude des communistes. Visiblement nos arguments politiques les rendaient encore plus nerveux et agressifs car sans doute mal à l'aise, voire fermés... politiquement. Face à cette fermeture politique et à une agressivité redoublée (l'une expliquant l'autre)   consistant à nous porter des bourrades de plus en plus appuyées et accompagnées d'insultes -, nous avons, à juste raison, pris la décision de quitter le lieu.

Cependant, l'importance et l'efficacité de ce type d'intervention ne peuvent être réduites à leur résultat immédiat. C'est aussi et surtout en l'inscrivant dans un combat à long terme, tant vis-à-vis des militants impliqués, que plus largement face à l'ensemble du camp prolétarien.


Quelle est l'expérience du CCI ?

Le CCI, notre CCI, a en effet développé toute une expérience sur ce type de situation. En particulier quand les staliniens nous pourchassaient, nous interdisaient d'approcher de la porte des usines et exerçaient une répression physique agressive contre nous lorsque nous intervenions, comme militants du CCI, en direction des ouvriers, dans les grèves ou assemblées ouvrières, dans des meetings et dans les manifestations de rue, dans les diffusions aux usines.

La tactique des communistes dans ce type de situation est à la fois de défendre les principes prolétariens, donc de refuser cette attitude, d'autant plus quand elle est le fait de militants qui se réclament du communisme ; et pour cela de prendre en compte les possibilités concrètes d'imposer leur respect. Par exemple, dans les années 1970-1980, quand il nous était vraiment difficile - et dangereux - d'intervenir à la porte de certaines usines, telle l'usine Renault de Billancourt-Paris (aujourd'hui disparue) ou bien au port de Marseille, face aux nervis staliniens de la CGT, nous avions compris qu'il nous fallait nous présenter avec la "masse" des travailleurs pour ne pas être refoulés, et cela nous permettait aussi notamment d'en appeler à eux pour nous défendre contre la répression stalinienne. Et, en général, cela marchait. Au point que les staliniens ont rapidement compris qu'ils ne pouvaient nous frapper devant les ouvriers, sauf à risquer des déconvenues politiques, et qu'ils attendaient que les ouvriers soient rentrés dans l'usine pour nous chasser. Pour notre part, - évidemment en fonction de notre compréhension politique de la situation immédiate - nous anticipions cette rentrée des ouvriers et quittions le lieu avant.

Et, nous avons pu constater que les fois où nous nous sommes réellement fait casser la figure par les staliniens, cela était dû à une mauvaise appréciation politique du moment et du lieu, soit que nous nous retrouvions physiquement isolés, soit que nous nous retrouvions politiquement isolés car le rapport de forces et la dynamique de telle ou telle assemblée ou manifestation avaient changé au fil des heures et des minutes. Ce qui, précisons-le quand même, ne nous empêchait pas d'essayer de nous défendre physiquement par nous-mêmes.

Voici donc quelques éléments politiques de réflexion pour pouvoir développer une attitude et une "tactique" pour réaffirmer le principe tout en considérant les possibilités concrètes de le défendre, à défaut de pouvoir l'imposer, à chaque moment.

Un dernier mot sur le sujet et sur la situation à laquelle nous nous confrontons avec le CCI. Ce n'est pas la première fois que nous subissons un rapport physique de violence. La lamentable et ridicule agression du militant Peter contre notre camarade Jonas en 2002 (cf. bulletin 9, avril 2002) avait exigé de notre part une réaction de défense physique qui avait vu notre Peter et sa "délégation de militants" quitter les lieux de manière assez piteuse. L'agression d'un militant du PCI-Le Prolétaire (cf. bulletin 13, octobre 2002) était sans aucun doute plus liée à un "dérapage personnel", même si ce dérapage était le résultat des effets de la politique "liquidatrice" et destructrice qui se mettait en place dans le CCI. Depuis, nous avons dû subir, soit au Mexique soit à Paris, diverses provocations physiques lors de nos interventions aux réunions dites "publiques" dont nous avons régulièrement fait mention dans notre bulletin. Jusqu'où peuvent-il aller aujourd'hui ? N'ont-ils pas déjà arraché nos tracts des mains de nos militants au Mexique ? Il s'agit donc pour notre fraction, et nous pensons pour l'ensemble du camp prolétarien, d'une question concrète qu'il faut prendre à bras le corps, d'autant que ce type de pratiques et d'attitudes peuvent amener les parties les plus faibles de la classe sur ce plan, ici les membres les plus "fragiles" du CCI, à "se sentir investis" d'une mission et d'un droit d'agression physique contre d'autres militants. L'incroyable violence des écrits du CCI contre tous ceux qui s'opposent à sa politique, contre les camarades argentins du NCI par exemple, contre le BIPR à un degré moindre, font partie de la volonté consciente et destructrice, par la clique des liquidateurs du CCI, d'établir une atmosphère irrespirable et des pratiques inacceptables au sein du camp prolétarien. Inévitablement, la logique et la dynamique du CCI portent en elles des agressions physiques sérieuses de la part du CCI contre nos militants ou contre d'autres militants communistes. Nous en avons déjà averti dans nos bulletins (3).

Car n'en doutons pas, l'exacerbation de la lutte des classes qui est inévitable, porte en elle aussi ce type de situation de répression et de violence, soit directement étatique, soit par des milices de tout genre, y compris de forces se revendiquant faussement du communisme. Les communistes d'aujourd'hui doivent aussi se préparer à cela. Cette dimension particulière du combat politique, la confrontation à la violence physique de la répression, fait partie intégrante de l'expérience et du processus de formation du parti communiste.

La fraction interne du CCI, novembre 2005.


Notes:

1. Evidemment, ce type d'action policière, sans fondement politique d'un point de vue prolétarien et donc sans conviction politique profonde chez les militants, amène avec elle, inévitablement, ceux qui y participent à "rouler des mécaniques" et à se "comporter comme des petites frappes et des voyous" à la hauteur de leur propre peur et lâcheté politiques. Faire participer les membres du CCI à ce type d'action au nom de "la défense de l'organisation", est un moyen, un moment, de leur processus de destruction comme militant communiste.

2. En passant, précisons que nous sommes convaincus que la petite faction familiale qui a pris le pouvoir au sein du CCI, ceux que nous appelons les liquidateurs, cherche la bagarre violente et souhaite que nous cédions aux provocations physiques. De toute évidence, elle a "conditionné" en conséquence les membres du service d'ordre qui étaient particulièrement nerveux et tendus, pour dire le moins. Cette faction a un intérêt personnel, sectaire, voire sordide et inavouable, à ce que l'affrontement physique dégénère encore plus entre nous et les militants du CCI. Ce n'est pas la première fois que nous subissons des provocations de ce type qui, n'hésitons pas à le dire, s'apparentent tout à fait à de la manipulation policière.


3. Cf. par exemple dans nos bulletins 26 et 30.


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