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INTERVENTION DES COMMUNISTES DANS LA SITUATION ACTUELLE

Nous publions deux des tracts publiés récemment par le BIPR. Le premier est un tract distribué lors du mouvement étudiant au Québec (tract d'Internationalist Notes, section du BIPR au Canada), le second est le tract distribué à l'occasion du 1er mai 2005 dans plusieurs pays d'Europe ainsi qu'au Canada, au Mexique et en Argentine. En publiant ces tracts, nous voulons bien sûr contribuer à mieux faire connaître les positions internationalistes de cette organisation, mais aussi saluer la qualité de ses interventions au sein des luttes et montrer ainsi comment doit se manifester la responsabilité des véritables communistes par rapport à leur classe, ce qui est, malheureusement et de plus en plus souvent, à l'opposé de ce que fait le CCI, l'organisation qui nous a exclus.

 

Grève étudiante
À la croisée des chemins

Tract diffusé lors de diverses manifestations étudiantes ce printemps.

Ce texte vise à saluer le fort mouvement de grève des étudiants et des étudiantes, déclenché il y a maintenant trois semaines à travers le Québec. Cette lutte est justifiée ! Les 103 millions de dollars coupés à l’aide financière aux études constituent un assaut frontal contre la possibilité de mener leurs études à terme pour des dizaines de milliers de jeunes de la classe exploitée. Leur colère légitime bénéficie de la sympathie d’une très grande majorité des travailleurs et des travailleuses, frappés eux aussi par des politiques de plus en plus réactionnaires. Il y a à peine un an, la loi 31 s’attaquait aux prolos du secteur privé en les exposant encore davantage aux effets de la sous-traitance. La loi 30 en faisait de même pour les employés du secteur public en ouvrant la porte, autant à la sous-traitance qu’à la privatisation. Au même moment, les familles travailleuses voyaient le coût de leurs services de garde augmenté de 40%. De plus, les sans-emploi ont été victimes de compressions atteignant presque 60 millions à l’Aide sociale et les 3800 travailleurs et travailleuses de la SAQ se sont vus imposer des conditions de travail pourries ; ce qui annonce des temps difficiles pour les centaines de milliers d’autres employés des secteurs public et parapublic en fin de contrat.

Tous coupables !

C’est donc contre un gouvernement profondément anti-ouvrier et méprisable que ce mouvement de grève se bat. Mais est-il si différent des gouvernements qui l’ont précédé ? Certes, la coupure de 103 millions est une attaque au revenu direct des étudiants et des étudiantes et, en ce sens, elle fait très mal. Cependant, nous trouvons indispensable de rappeler que le gouvernement précédent celui de l’actuel Parti Libéral, celui dirigé par le Parti Québécois, y avait largement ouvert la voie. Alors qu’on voit souvent flotter des drapeaux fleurdelisés dans les manifs et que les ténors nationalistes ont la belle place dans les médias et à l’Assemblée nationale pour clamer leur appui «au mouvement étudiant» (quand ce n’est pas pour évoquer leurs anciennes fonctions de «dirigeants étudiants»), que faisaient-ils donc alors qu’ils étaient responsables du gouvernement ? Pauline Marois, critique de l’Opposition en matière d’Éducation, peut bien vociférer contre la coupure des 103 millions aujourd’hui mais, en 1995-96, c’est elle qui a coupé 553,4 millions au budget de ce même ministère ! Bernard Landry peut bien vous offrir ses bons vœux hypocrites maintenant, mais alors qu’il était Ministre des Finances de 1997 à l’an 2000, il présida à une coupure totale de 20% des budgets de la Santé, de l’Éducation, de l’Aide sociale et de l’Environnement. Ceux et celles qui croient que les coupures actuelles des libéraux peuvent être renversées par un changement de «régime» au profit du PQ, de l’ADQ ultra-libérale ou même de la soi-disant gauche de l’UFP ou d’Option-Citoyenne prennent leurs rêves pour des réalités. Les mêmes coupures, à quelques nuances près, frappent les travailleurs et les travailleuses dans tous les pays, au cœur même du capitalisme. Ainsi, depuis le 10 février, un fort mouvement de grève lycéen s’oppose au plan Fillon en France. Les coupures des libéraux aujourd’hui, comme celles des péquistes auparavant ne sont que l’expression locale d’une classe capitaliste aux prises avec une profonde crise économique internationale, dont elle espère bien nous faire payer les effets. C’est ça l’explication véritable des coupures du salaire direct, comme celles qui viennent d’être imposées aux milliers de travailleurs montréalais de Bombardier. C’est aussi ça le fondement des coupures au salaire social que constituent les attaques contre les pensions, et les divers programmes sociaux. Le problème est donc structurel, il est social et il est international. De plus en plus, «la société est en contradiction insoluble avec elle-même» écrivait Engels.

Sur le terrain, nous sentons qu’il y a de plus en plus de jeunes, de plus en plus d’étudiants et d’étudiantes, provenant principalement de la classe ouvrière, qui non seulement s’insurgent contre la coupure de 103 millions et contre les autres mesures de crise mais voient aussi le malaise ambiant et s’intéressent grandement aux difficultés de ce monde à la dérive. Nous comptons sur ces nouveaux camarades de combat pour qu’ils approfondissent leur critique du monde actuel et qu’ils s’associent aux petites forces qui, comme la nôtre, ont pour but de le transformer. Nous comptons aussi sur eux pour qu’ils ne cèdent en rien aux manœuvres politiciennes et bureaucratiques des diverses officines de la classe dominante qui prétendent, soit agir pour leur bien, soit parler en leur nom.

Une semaine cruciale…

Et des manœuvres, on risque fort d’en voir pas mal cette semaine ! Après trois semaines de grèves, un rapport de force social s’est graduellement développé. De 30.000 grévistes à la fin février, à 85.000 vendredi, la mobilisation a atteint 100.000 personnes lundi et on en annonce 200.000 pour aujourd’hui. L’opinion «publique» évolue dans le même sens. Le ministre Fournier, conscient qu’un accusé de non-recevoir de sa part serait sans doute le dernier clou dans le cercueil de son gouvernement fragilisé et largement discrédité, semble prêt à un minimum de concessions. Depuis plusieurs jours déjà cependant, on voit les «dirigeants étudiants représentatifs» de la FECQ et de la FEUQ -véritable vivier des politiciens, des politiciennes et des boss syndicaux de demain - multiplier les combines pour reprendre le contrôle d’un mouvement qui les dépasse et s’asseoir à «la grande table» pour «négocier» les miettes que Fournier voudra bien leur proposer.

Il faut être vigilant. Une grève de trois semaines dans le milieu étudiant, c’est très long. Il est à craindre que même une entente au rabais trouve preneur auprès d’une partie des apprentis-bureaucrates ; ce qui aura peut-être pour effet d’affaiblir le mouvement. Plus que jamais, les grévistes doivent baser leur lutte sur des assemblées générales souveraines et une liaison étroite à l’intérieur de chaque région et entre celles-ci. Ce sont ces assemblées de base qui devront décider si la grève a atteint ses objectifs en fonction du rapport de force disponible. Ce sont elles qui devront alors décider les conditions d’un éventuel retour. Mais, plus encore, la liaison la plus importante est celle qui devra un jour nécessairement s’établir avec l’ensemble des travailleurs et des travailleuses en lutte contre toutes les mesures de crise ! Car, ce qui s’impose pour cette nouvelle génération de futures exploitées et de futurs prolétaires, c’est de poursuivre et de rejoindre le mouvement des générations qui les ont précédées ici, comme dans tous les pays, pour en finir avec ce système inique, rapace, polluant, sanglant et décidément obsolète - le capitalisme. Dans leurs combats d’aujourd’hui comme de demain, nous marcherons avec eux.

Montréal, le 16 mars 2005


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