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L'opportunisme à l'œuvre
Fête de LO 2005 :
Désertification politique croissante ; impotence du CCI actuel

Le week-end des 14, 15 et 16 mai l'organisation trotskiste "Lutte ouvrière" tenait sa grande "fête" annuelle dans la région parisienne.

Le "grand thème" de la fête cette année c'était, comme on devait s'y attendre, le référendum français sur le projet de constitution européenne. A son niveau, en fonction de ses moyens et de sa place sur l'échiquier politique de la bourgeoisie, LO participe de dévoyer le mécontentement, palpable parmi les ouvriers, vers les urnes, de les enfermer dans l'impasse des "citoyens-électeurs". Rien de bien surprenant !

Si LO s'enorgueillit d'être un espace où toutes les expressions ouvrières ont libre cours1, il faut remarquer que cette année, l'espace dédié à la politique (la "Cité politique" selon les termes de cette organisation) tenait presque dans un mouchoir de poche, fermé sur lui-même et à l'écart du reste des "espaces de festivité".

Il aurait fait beau voir que quelques voix discordantes viennent mettre en cause la belle unanimité des partisans du "non"(de gauche, évidemment) !

Cette situation n'a rien d'étonnant et ne fait que confirmer notre point de vue sur la nature de ce courant. Ce qui nous a semblé, par contre, particulièrement significatif, cette année, c'est l'attitude du CCI liquidationniste lors de cette fête.

Où sont la conviction et la passion révolutionnaires d'antan ?

Tous ceux qui ont assisté, ne serait-ce qu'une seule fois, à une "fête de LO" se souviendront qu'il y a quelques années encore le CCI impulsait un réel combat politique au sein de cette enceinte, qu'il mobilisait ses militants de France et au-delà, qu'il intervenait le plus possible dans tous les débats, qu'il faisait en sorte de diffuser sa presse (interdite de séjour, elle aussi), qu'il profitait de l'aubaine pour débattre avec les autres organisations du camp prolétarien, qu'il proposait à ces organisations des débats de groupe à groupe, que les interventions de ses militants étaient préparées collectivement et axées en fonction de la situation du moment, de l'état du rapport de forces entre les classes. A cette époque, le CCI parvenait à se poser – et à être reconnu, bien souvent – comme un pôle dynamique autour duquel les discussions s'articulaient, comme une référence pour des ouvriers qui, dégoûtés par les manigances des groupes trotskistes, cherchaient une expression politique correspondant à leurs attentes.

Qui ne se souvient des interventions de militants portant la contradiction dans tous les lieux de débat, avançant des réponses et des propositions claires face aux problèmes soulevés ? Qui n'a assisté, voir participé, aux discussions qui se prolongeaient après la fin des forums et où les militants du CCI étaient partie prenante, quand ils n'en étaient pas les initiateurs ?

Cette année, quelques militants du CCI étaient présents. Plus exactement, on devrait dire qu'ils faisaient acte de présence. Pas de demande de dépôt de presse auprès du BIPR ou du PCI-Le Prolétaire par exemple, quasiment pas de discussions avec les camarades de ces organisations. Quelques interventions dans un ou deux forums, mais des interventions convenues, très générales et sans relief ; pas de camarade arborant la presse de son organisation ; une présence épisodique et discrète dans la "cité politique". On ne peut voir, dans cet état de fait, que les effets dévastateurs d'une politique opportuniste de la direction liquidationniste du CCI. Des effets dramatiques à nos yeux !

Dans un tel contexte, le CCI tel que nous l'avons connu et auquel nous avons contribué durant plusieurs décennies, aurait su faire exploser le "parcage" volontaire des organisations politiques dans un espace réduit et, pour le moins, aurait fait preuve de la plus grande détermination pour faire de ce "ghetto" un lieu de débat permanent, un espace de discussion, de clarification, de vie prolétarienne.

Les forces militantes dont dispose aujourd'hui encore le CCI lui auraient permis, si la volonté politique de sa direction n'avait pas été ailleurs, de se manifester comme pôle de regroupement des forces combattantes, authentiquement communistes, dans cette enceinte hostile au prolétariat.

Mais la volonté politique des dirigeants liquidationnistes n'est plus qu'anéantissement politique de cette organisation et destruction de ses dernières forces militantes ; quant à sa fonction de pôle de réflexion et de regroupement, ils l'enterrent chaque jour un peu plus. Malheureusement, malgré l'évidence de cette dramatique réalité, seuls les militants sincères du CCI ne s'en rendent pas compte et laissent faire.


Notes:

1. Relevons, cependant, que le groupe dont nous nous revendiquons, le CCI, est exclu depuis une quinzaine d'année de ces réjouissances pour cause de dénonciation politique, voir de manque de "fair-play" !


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