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Présentation du bulletin 31

Les résultats du référendum français sont tombés, le "non" l'a emporté . Et, depuis, nous assistons à un redoublement du battage médiatico-politique bourgeois, celui-ci devenant de plus en plus assourdissant, délirant, et surtout mensonger et mystificateur. Pour les fractions bourgeoises qui étaient pour le "oui", c'est un "séisme", une "catastrophe", un "recul", une "crise profonde" pour la France et l'Europe ; et pour celles qui ont appelé à voter "non", c'est une "motion de censure sociale", une "revanche sociale" contre les élites, "la lutte de classe dans les urnes". Prise de panique, une éditorialiste de France Soir est même allée jusqu'à affirmer au lendemain du référendum : "Ce que les français veulent, c'est une révolution. Une vraie !" Des 2 côtés, on ne cherche qu'à tromper la classe ouvrière et surtout à l'affaiblir dans cette période où elle a repris le chemin de ses luttes :

- Le "non" n'est en rien une "catastrophe" ou une "crise profonde" pour la France et l'Europe ; comme nous l'avons souligné, en nous plaçant réellement du point de vue des intérêts de la classe ouvrière, dans la prise de position ("Campagne référendaire en France") que nous avons faite (disponible sur notre site Internet depuis près d'un mois) et que nous publions dans ce bulletin : "Les grandes tendances et orientations, celles qui touchent à l'évolution de l'économie dans le sens de la crise et de la misère grandissante, sont le fruit des contradictions internes du système capitaliste comme un tout. L'Europe communautaire, à travers ses différentes évolutions et péripéties, n'a jamais été capable d'apporter des solutions à la crise capitaliste et, encore moins, n'a été favorable aux intérêts des ouvriers. Au contraire ! Quant aux décisions essentielles sur les plans diplomatique, stratégique et militaire, elles ne sont pas prises dans ce cadre-là mais dans le cadre d'alliances auxquelles la bourgeoisie et ses médias ne font pas beaucoup de publicité. Il en est ainsi, par exemple, du pôle impérialiste qui se constitue, depuis quelques années, derrière le tandem franco-allemand pour s'opposer à la surpuissance américaine." .

Concernant le changement de gouvernement et les différents mouvements et péripéties qui se produisent dans les grands (et même petits) partis politiques de la classe capitaliste française, qu'on veut nous présenter comme des soubresauts de crise, ce sont pour l'essentiel des mouvements liés à la réorganisation volontaire de l'appareil politique bourgeois afin de faire face aux nécessités actuelles de la lutte des classes.

- Le "non" (et plus largement le vote "démocratique") est encore moins l'expression de "la lutte de classe dans les urnes" ; il est même un des plus efficaces moyens qu'utilise la bourgeoisie pour la rendre stérile. De façon plus immédiate, ce "non" est, par contre, l'occasion pour la bourgeoisie de redonner du crédit, auprès des ouvriers, à la gauche, en particulier à travers ses fractions les plus "sociales" et "radicales". Ce sont ces mêmes fractions qui ont la charge, de la part de la classe exploiteuse et à son profit, de contrôler, dévoyer et défaire les luttes ouvrières de demain.

Ce qui ressort de plus en plus clairement de cette situation, c'est la volonté affichée de la classe dominante, à travers l'utilisation de ce référendum, de (re)mettre en place le dispositif politico-idéologique anti-ouvrier le plus efficace. C'est ce qui se manifeste avec la vigoureuse relance actuelle du "jeu droite-gauche", mettant en avant la prétendue "différence fondamentale" entre ces 2 fractions capitalistes (l'une défendant le Capital et l'autre le Travail), ainsi qu'avec la (re)mobilisation de tout ce qui est la gauche "sociale" et "radicale", représentée par les tenants du "non" soi-disant "ouvrier" qui se sont opposés aux tenants du "oui", stigmatisés comme des "défenseurs du capitalisme", voire du "capitalisme le plus sauvage".

Croire aujourd'hui que ce processus est spécifique à la situation en France et n'intéresse que les deux classes antagoniques de ce pays tient, pour le moins, de l'aveuglement devant ce qui est de plus en plus évident au niveau international. En effet, en ce moment même, dans un autre pays du centre du capitalisme et pas des moindres, en Allemagne, on retrouve, de la part de la classe dominante, la même volonté qu'en France de mettre en place le même type de dispositif anti-prolétarien. Depuis son dernier échec dans des élections partielles, le SPD au pouvoir est, semble-t-il, en train de voir son sort scellé. En appelant à des élections anticipées pour septembre prochain et en refusant par avance toute alliance électorale avec les verts (contrairement à ce qu'il avait fait pour arriver au gouvernement), Schröder peut difficilement faire mieux pour se saborder. Et comme pour se préparer à une prochaine place dans l'opposition, il se permet, dès aujourd'hui, de chercher à donner à son parti un profil de "gauche" et un langage "social" plus adaptés ("Nous voulons une société solidaire qui se distancie nettement des positions radicales sur le marché du Parti libéral FDP et d'une partie de la CDU", ose déclarer un de ses acolytes, alors que son gouvernement n'a jamais cessé de mener une politique ouvertement anti-ouvrière). Et pour être sûre de disposer d'une gauche crédible auprès des ouvriers, la bourgeoisie allemande va jusqu'à susciter une scission dans le SPD (derrière l'ancien dirigeant Oskar Lafontaine) et organiser autour d'elle une gauche "radicale" avec le PDS (ancien Parti stalinien de l'Allemagne de l'Est) et autres mouvances de gauche.

Cette volonté de dégager et de mettre en avant, aujourd'hui, ce type de gauche (capable de contrôler et dévoyer les luttes ouvrières) est également partagée par la bourgeoisie d'autres pays (Italie, GB…). Il s'agit, à l'évidence, d'une tendance générale, d'une politique qui tend à devenir commune à toutes les bourgeoisies nationales, notamment celles des pays du centre du capitalisme. En l'adoptant, la classe dominante révèle ce à quoi elle cherche à répondre, c'est-à-dire la combativité ouvrière montante, et confirme la réalité de ce qui a démarré depuis 2 à 3 ans, c'est-à-dire la reprise du combat ouvrier au niveau international.

Face à cette situation, il importe donc, pour les organisations communistes, de mettre en évidence les mensonges, les politiques de dévoiement de la classe exploiteuse ainsi que les pièges qu'elle concocte contre la classe ouvrière et de donner à leur classe des perspectives de lutte. C'est ce qu'ont fait deux des grands courants du camp prolétarien : le BIPR et le PCI (Le Prolétaire). Nous renvoyons le lecteur de ce bulletin aux publications de ces groupes et à leurs sites Internet. Ces deux groupes ont aussi publié et diffusé un tract à l'occasion du 1er mai. Deux tracts en phase avec la situation, selon nous, et appelant les prolétaires à la lutte.

Notre fraction s'est associée à la diffusion du tract du BIPR (voir dans ce bulletin). Ce document, pour nous, a le grand mérite de se situer d'emblée comme un tract international et d'avoir été diffusé internationalement. Ainsi, il fut distribué par le BIPR en Italie, en Angleterre, au Canada et en France, là où cette organisation a une présence politique, mais aussi en Allemagne, au Mexique et à Paris avec la collaboration de notre fraction, enfin en Argentine grâce aux camarades du Circulo Communista Internacionalista. Cette diffusion internationale d'un tract est une nouvelle démonstration du fait que le BIPR est bien devenu le véritable pôle de regroupement des forces communistes. Nous nous en réjouissons.

Nous publions aussi un tract de Internationalists Notes, représentant au Canada du BIPR.

La présence politique du BIPR est aussi illustrée par la réunion publique qui s'est tenue à Paris le 19 févier dernier. Nous renvoyons le lecteur au compte-rendu de cette réunion dans ce bulletin.

La dynamique de regroupement des forces politiques révolutionnaires est une nécessité vitale pour le prolétariat, évidemment pour son combat historique mais aussi pour le développement de ses luttes actuelles. Cette dynamique passe aussi par le débat et la confrontation des points de vue au sein du camp prolétarien. A la suite d'autres documents de réflexion et de discussion, nous soumettons aux camarades et aux lecteurs un nouveau document sur la question de la décadence. Si nous rejetons la vision délirante de la décomposition et du chaos, dont l'actuel CCI a fait son unique cadre d'"analyse", nous restons fermement ancré sur la question de la décadence, fondement, d'après nous, d'une compréhension globale de la situation du capitalisme depuis près d'un siècle.

Enfin, nous publions quelques correspondances de lecteurs et camarades ainsi que notre réponse au camarade LL. Concernant la lettre de G, nous voulons simplement souligner que nous partageons le souci et la démarche du camarade. Sa clairvoyance sur ce que signifient les luttes des ouvriers en Allemagne et sa lucidité courageuse à propos de la dérive du CCI "officiel" concernant ces luttes sont symptomatiques des réactions que les ouvriers combatifs auront, demain, face au travail de démoralisation qu'adopte de plus en plus cette organisation. Nous laissons aux lecteurs le soin de juger de la question.

Nous en profitons pour inciter, une fois encore, nos lecteurs à nous faire part de leurs points de vue et critiques. Même si nous ne sommes pas toujours en mesure de répondre rapidement et à tous les courriers1, ces points de vue et critiques participent de la réflexion générale dans le camp révolutionnaire, de notre propre réflexion et de nos prises de positions. Ils nous sont utiles mais ils sont surtout utiles à notre classe.

La Fraction Interne du CCI


Notes:

1. Certaines des correspondances qui nous sont envoyées le sont aussi au CCI. La chose est très positive car elle montre une volonté de clarté de la part des correspondants, un refus des petites politiques cachées. Il semblerait que le CCI actuel ait pris prétexte de ces échanges entre notre fraction et un camarade pour nous accuser de je ne sais quel nouveau "crime". Nous nous réjouissons que les chefs actuels de cette organisation s'intéressent à nos débats ! Si seulement ils en profitaient pour s'exprimer sur les véritables questions politiques !


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