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DEBAT AU SEIN DU CAMP PROLETARIEN
A PROPOS DU TEXTE : VERS LA SECTION ALLEMANDE DU BIPR (BC – juin 2004)

Sur le site du Bureau International pour le Parti Révolutionnaire (BIPR, http://ibrp.org) figure un document titré "Vers la section allemande du BIPR" (de Battaglia Comunista – Juin 2004). Ce document présente un intérêt politique certain par son contenu immédiat, mais surtout pour la signification politique des faits relatés. Nous encourageons donc vivement les lecteurs qui seraient passé à côté de ce texte, à en prendre connaissance.

Ce texte rend compte brièvement de l'intervention du BIPR à Berlin où il a tenu dernièrement deux réunions publiques consacrées essentiellement à la situation internationale. Mais surtout, ce fut pour lui l’occasion d'une discussion avec le Gruppe Internationaler Sozialistinnen (GIS), groupe en rupture avec le trotskisme et qui est en cours de rapprochement des positions de la Gauche communiste, plus précisément du BIPR. Le document salue cette démarche qui contient la possible constitution d'une nouvelle section du BIPR en Allemagne.

Quelle que soit l’issue de ce processus, on peut d’ores et déjà souligner la signification et l’importance politique de l’événement relaté.

La constitution d'une nouvelle section du BIPR en Allemagne, c'est-à-dire la possibilité que puissent avoir un écho plus large les positions internationalistes défendues par cette organisation, l'élargissement de ses capacités d'intervention est, en soi, une perspective enthousiasmante.

Le phénomène est d’autant plus important qu’il se déroule en Allemagne, pays clef pour l’avenir de la classe ouvrière (et pour celui de l'humanité), par sa situation géographique au cœur du monde capitaliste développé, par l’expérience qu’y a développé cette fraction du prolétariat avant que la contre-révolution ne le prenne pour cible privilégiée à la fin des années 1920. Une fraction de la classe ouvrière qui a dernièrement exprimé son mécontentement par des grèves et des manifestations au moment où la bourgeoisie choisissait, comme dans toute l'Europe, de remettre en cause lourdement ses emplois, ses conditions de vie, ses retraites, etc. Une fraction de la classe ouvrière dont une partie s'est à nouveau manifestée par des grèves massives de plusieurs semaines (juin-juillet 2004) chez le constructeur automobile germano-américain DaimlerChrysler qui menaçait de "délocaliser" (donc supprimer) quelques 6000 emplois. Une zone géographique centrale dans laquelle la classe ouvrière n'entend pas se soumettre aux multiples attaques que tentent de lui porter la bourgeoisie et qui commence à le manifester dans la foulée des luttes engagées depuis quelques trois ans (Argentine, France, Grande-Bretagne, Italie…). Que dans ce contexte, des questions aussi fondamentales que l'évolution de la situation actuelle, la perspective pour la classe ouvrière rassemblent autour d'une même table à Berlin, une cinquantaine d'éléments pour débattre à partir des positions du BIPR, voilà qui donne une idée assez précise du besoin de clarification qui existe parmi les ouvriers de cette région d'Europe "En février, le thème était « Crise, tendance à la guerre et perspectives du prolétariat ». Le rapporteur a présenté les positions du Bureau et du Parti sur le sujet. S'en est suivi un débat riche et articulé avec une assistance active d'une cinquantaine de camarades, sur tous les arguments, mais surtout sur le thème de la nouvelle composition de classe et sa perspective." (id.)

Le BIPR, contacté par des éléments en recherche, a, sans a priori, répondu à ce besoin de discussion et de clarification ; il soutient et contribue activement à la volonté de rapprochement des positions révolutionnaires de la part de ces éléments ; tout cela constitue un témoignage concret que le BIPR demeure bien le pôle essentiel de regroupement autour des positions de la Gauche communiste. Il démontre ici sa volonté et sa capacité à rassembler et orienter la réflexion au sein des minorités qui émergent actuellement sous l’effet de l’aiguisement de la situation. "La priorité actuelle est de construire avec les avant-gardes prolétariennes spécifiques un point de référence politique international qui puisse commencer à agir efficacement au sein de la classe ouvrière mondiale. L'actuelle dispersion des forces de l'avant-garde se dépasse en construisant le parti international du prolétariat". (Id.)

La démarche entamée par les camarades du GIS confirme, quant à elle, qu'une réflexion politique est bien en train de se développer sur les questions essentielles concernant la classe ouvrière, dans la perspective d'un renversement du capitalisme. Elle exprime surtout le fait que cette réflexion, au lieu de se cantonner dans les strictes limites d'une réflexion isolée, est amenée à se poser rapidement comme objectif d'être partie prenante du combat pour le regroupement et conduit à envisager et à poser comme vital le besoin de se rassembler autour des organisations porteuses d'une analyse sérieuse de l'alternative historique. "La réunion qui a suivi la réunion publique a porté sur la définition d'un plan de travail des camarades sympathisants en Allemagne, comprenant des réunions régulières avec des représentants du BIPR, qui devra amener à la constitution d'une nouvelle organisation, la section allemande du Bureau." (Id.).

Le rapprochement vers les positions de la Gauche communiste de la part du GIS constitue un pas en avant d’autant plus remarquable qu’on sait à quel point la rupture avec le trotskisme est difficile. En même temps elle constitue le chemin incontournable et la condition pour joindre et renforcer le camp du prolétariat.

A tous les pourfendeurs de la notion de Parti, à tous les troublions qui s'évertuent à faire passer l'idée contre-nature qu'il serait superflu pour le prolétariat de s'organiser pour lutter, qu'il est bien plus efficace de réfléchir seul dans son coin entre "initiés", que la confrontation ouverte et publique des positions politiques n'est que superflue, que la révolution est avant tout affaire de volonté individuelle, et qui invariablement en concluent à l'impuissance de la classe ouvrière et à l'inutilité des organisations révolutionnaires, à tous ceux là qui traditionnellement s'agitent dès que la lutte de classe pointe son nez, l'histoire est en train de donner une leçon magistrale.

Oui, l'évolution de la situation internationale, ses enjeux immédiats et historiques, s'inscrivant plus que jamais dans l'alternative de "guerre ou révolution", suscitent mille questions. Et ces questions ne peuvent trouver un champ d'expression, de développement qu'autour et dans une structure militante et combattante, expérimentée et capable de regrouper ces minorités, de leur fournir les repères historiques indispensables non seulement pour comprendre cette situation mais également pour être à même d'y intervenir, de contribuer activement à favoriser la dynamique propre du prolétariat. "Nous pensons qu'il est nécessaire et possible de construire un frein à cette marée montante de l'idéologie de guerre" (Id.). C'est aussi cela que, à leur échelle, viennent mettre en évidence les faits relatés dans le texte.

Il ne s'agit, à travers nos propos que de saluer un pas, mais un pas qui est le seul possible et sûr en direction de la construction du parti.

Juillet 2004

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